dimanche 25 août 2019

Medias et conflits sociaux

Comment les acteurs des conflits sociaux ont-il accès aux médias et diffusent-ils leur message ? 


  1.  communication "Classique" 

Documentaire de Francoise Davisse , 1 h 55 min , mars 2016

C’est un grand et beau film de lutte sociale qui est sorti cette semaine en salles. « Comme des lions », de Françoise Davisse, nous plonge dans le combat harassant, haletant et intensément digne des ouvriers de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois, que la direction de Peugeot a pu fermer malgré les (molles) gesticulations du pouvoir politique en place pour s’y opposer. Délitement des responsables publics mais réaffirmation de la naissance au combat syndical d’ouvriers qui restent debout face à un pouvoir qui veut leur courber l’échine, « Comme des lions » est un film où ceux qui luttent prennent la parole. (source : le blogdocumentaire)


Je livre ici un copier/coller d'une utilisation de ce superbe documentaire par mon cher et tendre, Mehdi Limbour, qu'il utilise d'ailleurs davantage pour présenter le travail du syndicat que ses formes d'accès aux médias, mais qui témoigne en tout cas que ce documentaire est une mine à travailler avec les élèves sur ces questions ultra-contemporaines . Dans le cadre de la Spé HGGSP 1ère, l'idée serait de demander aux élèves de visionner le documentaire en étant attentif aux relations du syndicaliste avec les médias (conversations téléphoniques), au contrôle (ou pas) de l'image médiatisée de leurs actions, aux entrechoquements des stratégies médiatiques (politiques, entreprise, salariés en lutte)


Exemple : L'action syndicale dans les entreprises [=> CGT versus PSA => Usine d'Aulnay-sous-Bois => Docs : PP + film documentaire de Françoise Davisse - Comme des Lions, date de sortie 23 mars 2016] : L'objectif premier et unique d'une FTN est d'augmenter la marge bénéficiaire de ses actionnaires dans un contexte de concurrence internationale féroce. Pour cela, elles mettent en œuvre des stratégies pour maîtriser les territoires et obtenir le rendement maximal de leur chaîne de valeur ajoutée. Cela peut passer par une délocalisation d'un site de production, par la fusion-acquisition d'une autre FTN, mais aussi par la fermeture d'une usine dans le cadre d'un réaménagement / réorganisation de son espace productif local et / ou mondial.
L'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois est un site industriel du début des années 1970. C'est un immense complexe industriel qui s'étend sur 168,5 ha dont 44 pour les bâtiments, 17 km de voies ferrées, 21 km de routes internes et qui emploie plus de 3 000 employés en 2010 pour la construction d'un modèle unique la C3 II de chez Citroën (195 000 unités en 2010 / plus de 8,5 M° de véhicules depuis son ouverture). En juin 2011, une note confidentielle interne de la direction est envoyée anonymement à la CGT. Elle révèle que la direction prévoit de fermer le site d'Aulnay en 2014 (après un an de mensonges et de négations, la direction reconnaitra ce plan en juillet 2012 lors d'une présentation des résultats du groupe) après le transfert complet de la production française de la C3 II à l'usine de Poissy (78). Les arguments (officiels et officieux) de la direction pour la fermeture de ce site sont nombreux (article de l'usinenouvelle.com, Les handicaps de l'usine PSA d'Aulnay, non signé, 16/06/2011) :
- Faire un plan d'économies dans une période de vache maigre concernant les ventes du groupe. Ainsi, des 2007, la direction lance une politique de "compactage" du site qui consiste à libérer de l'espace afin de louer les espaces vides à ses fournisseurs qui se trouvent dès lors sur le site (gain de temps) + diminuer la masse salariale ; moins 8 000 emplois en France dans ce plan de restructuration industrielle dont par ex 3 300 postes à Aulnay et 1 400 à Rennes ;
- Faiblesse de la compétitivité des usines françaises face aux usines étrangères du groupe ;
- Développement de l'automatisation permet de fermer une usine sans réduction de la production (la C3 II est aussi produite à Poissy, Madrid, Trnava en Slovaquie et au Brésil) surtout que c'est nécessaire face à l'effondrement des ventes des véhicules de catégorie B (moyenne gamme citadine) à l'échelle de l'Europe : "Entre 2007 et 2013, les immatriculations de véhicules neufs en Europe sont passées de près de 17 à moins de 12 millions attendus cette année. Un niveau très largement insuffisant pour assurer la rentabilité de nombre d'usines européennes. Les constructeurs les plus vulnérables ont été forcés de réagir. Fiat a fermé son site de Termini Imerese, en Sicile. Ford, celui de Genk, en Belgique. Opel fermera celui de Bochum, en Allemagne. Et PSA décide de sacrifier une usine." (Le Figaro.fr, Emmanuel Egloff, 25/10/2013, L'usine PSA d'Aulnay a fabriqué sa dernière C3)
- Site enclavé dans un tissu urbain dense et congestionné (les autoroutes A1, A3 et A86) ce qui est préjudiciable à la livraison des composants afin de limiter les stocks ;
- Un climat social tendu : grosse grève de 6 semaines en 2007 pour des augmentations de salaires ;
- Production monoproduit incompatible avec les systèmes productifs modernes qui cherchent à maximaliser les économies-d'échelles dans la production (ex : faire un même bas de caisse pour plusieurs modèles / penser aussi au rapprochement avec GM pour mutualiser les coûts) ;
- L'intérêt foncier du site qui pourrait rapporter 300 millions d'euros à la revente après fermeture.

Face à la casse sociale annoncée par ce redéploiement industriel, le syndicat CGT (les autres sont anecdotiques) va mener une bataille au long cours pour la préservation de l'emploi sur le site, puis quand cette cause sera perdue, pour une juste indemnisation des travailleurs licenciés ainsi que leur reclassement (soit dans une autre usine du groupe soit dans un autre groupe industriel s'installant sur le site). Ce qui est particulièrement intéressant dans le film documentaire de Françoise Davisse, c'est qu'il nous montre une classe ouvrière fière qui lutte pour la préservation de l'emploi :

Lutter pour préserver son emploi
Démocratiquement
- Proposer, débattre et voter les actions lors d'AG des grévistes (syndiqués et non syndiqués)




Avec détermination
- Faire grève : certains pendant 4 mois (16 janvier 2013 au 17 mai 2013)
- Manifester : dans l'usine, dans la ville, à Paris
- Faire pression sur les décisionnaires (interpellation des politiques [Hollande avant le débat du 2eme tour de 2012], occupation des locaux du MEDEF, de l'UIMM, du Ministère du Travail...)
- Communiquer pour faire connaître la situation en utilisant les médias (interview sur Europe 1) ou en produisant des tracts, des affiches, des banderoles ou des T-shirts

De façon solidaire
- Mise en place d'une caisse de grève pour compenser les pertes de salaire
- Activation de l'aide juridique du syndicat (avocats) pour réintégrer les 4 ouvriers licenciés pour faute grave




Pacifiquement
- Rejeter la violence verbale et physique, l'occupation de l'usine, le sabotage de l'appareil productif et le chantage (poser des bombes artisanales pour menacer de faire sauter le site comme les GM&S dans la Creuse)
- Négocier avec la direction pour son emploi, son reclassement, sa juste indemnisation, mais aussi avec le pouvoir politique pour obtenir un médiateur, la ré-industrialisation du site...
- Convaincre les non-grévistes et les "jaunes" par le dialogue

Bilan :

- La dernière C3 est produite en octobre 2013.
- L'usine est fermée en avril 2014.
- 1 227 employés se retrouvent sans emploi car non reclassés.
- La revitalisation de la friche industriel en nouvel espace productif, mais pas que :
         - La Société du Grand Paris a acquis 29 hectares de l'ancien site de PSA afin d'y loger le centre d'exploitation des lignes 16 et 17 du Grand Paris Express (maintenance + poste de contrôle et de commandement) pour 29 millions d'euros. L'achat a été réalisé en mars 2017 pour une ouverture en 2023 et devrait permettre la création de 350 emplois.
         - Le promoteur SEGRO a acquis un terrain de 18 hectares afin d'y implanter des entrepôts logistiques (pour Carrefour et Chronopost) => mars 2017
         - Le 30 novembre 2017, l'Établissement Public Foncier d'Île-de-France (opérateur public de l'État)  acquiert les 105 hectares de terrains restant à PSA pour 110 millions d'euros pour construire environ 2 500 logements, mais aussi des commerces, des équipements et des activités comme un "campus des métiers" qui associerait un centre de formation et une pépinière d'entreprises.

         => À terme, le site devrait employer mille personnes et a rapporté à PSA à peu près 160 millions d'euros (1 million de l'hectare) contre les 300 escomptés par la firme.




2. méfiance vis-à-vis des médias classiques et communication hors système : la ZAD de Notre Dame des Landes


C'est quoi la ZAD ?

Une ZAD (Zone à défendre) s’établit sur un espace dont on conteste un futur aménagement. Les ZAD-istes occupent illégalement un lieu pour empêcher sa transformation.
Notre–Dame-des-Landes, petite commune de Loire-Atlantique d’un peu moins de deux mille habitants, est depuis près d’un demi-siècle, le théâtre d’une lutte entre partisans et opposants, du projet de construction d’un nouvel aéroport international, dit du «Grand Ouest».
C’est en effet dans les années 1960 que cette idée est née, à la suite d’une série de travaux de la DATAR, pour ensuite être reprise par les autorités départementales en 1965. Ils confirment le choix de la petite localité en 1968, en raison de sa faible densité de peuplement, ainsi que de sa proximité avec l’agglomération Nantaise.
Le projet commence à décoller dans les années 1970, à travers les premières expertises effectuées. Il est présenté comme étant une entreprise interrégionale, concernant la Bretagne et le Pays de la Loire – d’où son nom d’«Aéroport International du Grand Ouest» - même s’il est soutenu quasi -exclusivement par les autorités Nantaises et de Loire-Atlantique. La création d’une ZAD (Zone d’Aménagement Différée) en 1974, pour acquérir les 1250 hectares de terrains, nécessaires à la construction des infrastructures aéroportuaires, témoigne alors de la détermination des gouvernants de l’époque de voir cet ambitieux projet se concrétiser, mais les chocs pétroliers de 1973 et 1979 ralentiront fortement cette dynamique, qui reprendra timidement à l’aube des années 1990. Le premier et seul débat public a lieu en 2003 : il révèle l’importance des oppositions qui depuis 1974 (date de la fondation d’une association d’agriculteurs opposés au projet) n’ont cessé de se renforcer et de s’organiser. cependant, l’arrêté ministériel d’Octobre 2003 et le décret d’utilité publique publié en Février 2008 confirment la légitimité politique du projet. Après des années d'opposition et de lutte de terrain, le projet est cependant abandonné officiellement par E. Macron en janvier 2018.

Si une ZAD s'est établie durablement dans ce territoire, c'est sous l'effet d'une conjonction de facteurs :
Une consultation publique mal conduite ou, à tout le moins, trop ancienne + Pas de processus de médiation territoriale => Un décalage entre des considérations purement techniques et la réalité géographique de la perception des nuisances.
La proximité d’une ville importante avec une population sensible aux questions environnementales, ce qui permet de disposer d’un « vivier » de personnes mobilisables contre le projet (néo-ruraux, jeunes, etc.)
L’alliance entre opposants historiques/locaux et ZAD-istes pour des raisons d’efficacité et pour des valeurs. 
Le sentiment de certaines personnes sensibles aux causes environnementales d’un recul politique sur le sujet avec par exemple l’abandon de l’Ecotaxe, le débat sur la circulation alternée, la phrase-polémique de Nicolas Sarkozy au Salon de l’agriculture – « l’environnement ça suffit » etc + Les crises répétitives au sein des Verts puis d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) alimentent l’idée qu’il ne faut pas attendre de changements de la part de la politique, et que cette action politique doit se passer sur le terrain.
Imprécisions du dossier =  sur les interconnexions, sur la nature même d’aéroport international et de son aire de chalandise. +Les concessionnaires ne sont pas connus à la date du projet (le projet sera une délégation de service public à un opérateur privé) et d’une manière plus générale l’absence d’anticipation dans les documents d’urbanisme.


La ZAD présentée par un de ses occupants (débat Mediapart):

En investissant et en occupant les territoires de projet, puis en en faisant des lieux de vie et de lutte, les opposants s’approprient l’espace, en changent parfois la toponymie, essaient d’en garder le contrôle et d’en maîtriser les accès… Le développement sur les ZAD de l’agriculture vivrière, de modes de vie collectifs fondés sur l’autogestion sont aussi, pour les opposants, une manière de mettre en pratique un autre projet de société. A leurs yeux, la contestation des projets d’aménagement et le mode de vie expérimenté sur les lieux témoigneraient d’un nouveau rapport au territoire, à la nature et à l’environnement. Aussi, ils ont agi pour médiatiser leur lutte.

Le site internet de la ZAD : animer le réseau





Mobiliser par des événements festifs, moments de rencontre des membres du réseau et de médiatisation "mainstream"



Se jouer des images des medias traditionnels



Le rapport de force évolue favorablement pour les opposants: En effet, qui dit évacuation des lieux dit résistance, et donc des images qui font sensation… La production d’image est rapide et simplifie la réalité. L’image de fond qui reste et frappe est donc celle de jeunes qui résistent à mains nues contre les « robocop » armés. Le déséquilibre des forces est clairement affiché et utilisé. L’issue du conflit se joue devant l’opinion publique et donc à travers les médias, ce qui représente un coût politique et médiatique pour les maîtres d’ouvrage et les pouvoirs publics.


La subversion des codes des médias classiques avec notamment le refus du "porte-parolat"


(extrait émission du site Arrêt sur Images du 19 janvier 2019, excellente émission, comme toujours sur ce site payant, mais que je recommande fortement)

R) On peut aussi utiliser l'exemple plus récent des Gilets jaunes et leur refus d'avoir un leader qui parle en leur nom.

Prendre l'exemple de la ZAD de NDDL est intéressant car c'est là qu'ont été expérimentés de nouvelles manières de se passer des médias traditionnels ET de "manipuler" les codes traditionnels de communication médiatique.

3. Comment faire parler de soi ? 

Un problème fréquemment rencontré est l'accès même aux médias d'information. Or sans visibilité médiatique, un mouvement de contestation et de revendication ne peut pas faire jouer le rapport de force et de ce fait, est sans doute condamné à échouer.


a- la question de la violence. 
Exemple de l'action des salariés de GMS
Pour comprendre le contexte, voici un extrait de l'article de Mediapart du 26/07/2017 intitulé "Patrons voyous de GM&S". Cette usine d'emboutissage, sous-traitante pour les firmes automobiles, est basée à La Souterraine dans la Creuse.
"L'entreprise de La Souterraine risque la liquidation. Entre 2009 et 2014, le sous-traitant automobile était détenu par Altia Industry. Un juge d'instruction enquête sur les méthodes des trois anciens dirigeants de ce groupe, qui ont multiplié les manières de faire remonter jusqu'à eux la trésorerie de l'entreprise. La justice soupçonne des faits d'abus de biens sociaux et d'escroquerie. [...] Mais les éléments accumulés par les enquêteurs, dont Mediapart a pris connaissance, ainsi que les documents et témoignages que nous avons réunis, mettent très sérieusement en cause les pratiques des ex-dirigeants d’Altia. À tel point qu’il est curieux qu’aucun commentateur se penchant sur la santé de GM&S n’ait cru bon de rappeler certains faits. Le 23 mai sur France Inter, le directeur de la rédaction des Échos, Dominique Seux, s’inquiétait par exemple du manque de « stratégie de long terme » et du « capitalisme désincarné » que représenterait l’entreprise. Mais il a oublié de mentionner la gestion très discutable des dirigeants. Comme il a négligé de dire que la Banque publique d’investissement (BPI), qui détenait 20 % du groupe Altia, a porté plainte contre « X » pour abus de bien sociaux. Car si  l’usine de La Souterraine va mal, elle le doit en  partie à ses anciens propriétaires, qui ont vidé les caisses. Et qui, pour deux d’entre eux, sont toujours les propriétaires des murs et du terrain de GM&S,   et à ce titre perçoivent encore des loyers tous les mois ! Certains médias, comme L’Humanité (...), ont raconté des pans du dossier. Mais le tableau d’ensemble, révélé aujourd’hui par Mediapart, est encore plus éclairant. [...]
 Devant l’ampleur des griefs qui leur sont reprochés, on pourrait penser que les anciens dirigeants du groupe se font aujourd’hui très discrets. Il n’en est rien, au moins pour Patrice Durand. Ce dernier fait officiellement partie de la « cellule liquidative » chargée de recouvrir un maximum d’argent sur les anciens sites du groupe ou chez ses fournisseurs. Il est en effet l’unique associé de l’entreprise Audrand Capital, nommée en mai dernier par le liquidateur, Stéphane Gorrias, pour intervenir, en complément d’une autre société. Durand travaille aux côtés d’un ancien responsable financier du groupe, dont la visite récente dans une des usines qui appartenaient au groupe a déclenché la fureur des salariés. Les travaux de cette cellule liquidative, qui ont cours actuellement et ne devraient pas durer plus de quelques mois, sont facturés la bagatelle  de  67  500  euros  par mois, pour un travail de quatre personnes « en moyenne ». (...) Les travaux de ladite cellule auraient « permis de recouvrer 7,5 millions d’euros, qui seront affectés   en totalité au désintéressement des créanciers ». Le communiqué souligne que Patrice Durand « avait un intérêt majeur à faire diminuer l’insuffisance  d’actifs, dans la mesure il est poursuivi avec les autres dirigeants dans le cadre de la défaillance du groupe Altia ». Pas sûr que cette évidence saute aux yeux de ses anciens salariés, qui paient aujourd’hui encore les pots cassés d’une gestion pour le moins inadaptée."

Et un article de France-Soir

Creuse: les salariés de GM&S menacent de faire sauter leur usine

Mise à jour : 
Jeudi 11 Mai 2017 - 15:08

Les salariés de GM&S reprochent à Renault et Peugeot d'être en partie responsable de leur situation.©Thomas Samson/AFP
Les salariés de l'usine GM&S de La Souterraine (Creuse) ont menacé ce jeudi 11 de faire exploser le site avec des bonbonnes de gaz. Menacés par un redressement judiciaire, les salariés occupent les lieux et ont déjà commencé à détruire certaines de leurs machines. Ils en appellent à leur principaux clients PSA et Renault ainsi qu'à Emmanuel Macron.

Menace en l'air, "intox" ou geste désespéré, difficile de dire ce jeudi à la mi-journée si un vrai risque d'explosion plane sur l'usine GM&S de La Souterraine, dans la Creuse. Mais les salariés affirment en tout cas avoir piégé les lieux avec des bonbonnes de gaz et menace de faire sauter l'installation, rapporte franceinfoCes salariés occupent l'usine, qui fabrique notamment des pièces de voitures comme sous-traitant pour PSA et Renault, face à la menace qui pèse sur leurs emplois. Le site est en effet en redressement judiciaire depuis décembre 2016. Il reste désormais moins de deux semaines pour trouver un repreneur avant la date butoir du 23 mai. Ils avaient déjà fait part de leur intention d'occuper le site 24 heures sur 24 et de détruire des machines chaque jour, menace qu'ils auraient déjà mise à exécution selon La Montagne en démolissant un outil d'emboutissage produisant des pièces pour PSA, d'une valeur de 250.000 euros. Les salariés souhaitent également poursuivre en justice les deux géants français de l'automobile, leurs principaux clients, qu'ils accusent d'être en partie responsables de cette situation. Ils avaient déjà manifesté devant leurs boutiques des Champs-Elysées fin avril. Deux mois auparavant, ils recevaient le soutien de Bernard Cazeneuve. Au micro de franceinfo, le délégué syndicale CGT de l'usine se dit "ouvert à la discussion" et envisage un déplacement à Paris notamment pour "sensibiliser le nouveau président de la République". Selon lui, Emmanuel Macron "ne peut pas dire qu'il n'est pas au courant, car nous avions eu des échanges avec son cabinet lorsqu'il était au gouvernement, et, plus récemment, nous lui avons remis un dossier en main propre".




 Extrait du documentaire On va tout péter de Lech Kowalski, 2019, durée 1H49




Et enfin, la réaction du chef de l'Etat




=> Aux élèves de préparer un débat/ une reflexion argumenté et contradictoire qui s'appuiera sur des exemples précis qu'ils seront allés rechercher dans l'actualité ou l'histoire sur le traitement médiatique des violences sociales. Ils pourront s'aider des exemples préparés en classe de façon non exhaustive.


En complément




b- Les nouvelles formes d'action radicales, mais non violentes.

Lors d'une semaine de "rébellion internationale", Extinction rebellion, pourtant créé il y a seulement un an, est parvenu à bloquer des sites emblématiques dans une soixantaine de villes. (Crédits : Reuters)
Extraits d'un article de Giuletta Gamberitti, La Tribune, 11-10-2019

A Paris, ils ont occupé la place du Châtelet, le Pont aux Change puis la rue de Rivoli. A Londres, les alentours de Westminster et même l'aéroport de London City. Et d'autres sites stratégiques ou symboliques dans une soixantaine de villes, de New York à Sydney. En une semaine de "rébellion internationale", les quelque 100.000 militants d'Extinction Rebellion (XR), mouvement créé au Royaume-Uni il y a à peine un an, ont imposé leur présence sur la scène mondiale du combat écologique. Ils ont également suscité le débat sur l'efficacité et la pérennité d'un nouveau modèle de lutte environnementale. Qu'ils incarnent et partagent avec de nombreux autres mouvements émergents, tels que Youth for climate ou Citoyens pour le climat.

De nouvelles formes d'organisation

Par rapport au modèle associatif traditionnel des ONG, ces mouvements insistent en effet sur leur caractère "ouvert", permettant à toute personne motivée par leur combat et adhérente à leurs valeurs (parfois définis par des chartes) de les rejoindre librement lors d'événements partagés sur les réseaux sociaux. Ils revendiquent également une "structure la plus horizontale possible", fondée sur le travail de comités locaux indépendants, de groupes thématiques, ainsi que sur une coordination nationale et internationale purement informelles.
Extinction Rebellion, qui en France compte environ 10.000 militants, va jusqu'à limiter au nombre de trois les interviews aux médias que chacun peut délivrer. Youth for climate, qui n'a pas non plus de porte-parole, tient à considérer même Greta Thunberg, qui l'a pourtant directement inspiré, comme une "militante comme les autres", qui "fait passer un message mais n'est pas un gourou", souligne Camille, membre du mouvement. Une telle horizontalité est une force, explique Emilie de Youth for climate, puisqu'elle met en valeur "à quel points les militants sont nombreux". Et les protège face au risque d'harcèlement lié à la médiatisation.
"Ne plus se limiter à déléguer responsabilise tout chacun", souligne par ailleurs Sophia d'Extinction Rebellion.
Cela rend en revanche "la prise de décision parfois difficile", admet Emilie.  "Mais nous avons toujours le souci de garantir la représentativité et de chercher un consensus le plus légitime possible", note la jeune femme, pour qui la "discussion, la démocratie et l'ouverture d'esprit" suffisent également à éviter que les plus actifs du mouvement finissent par en prendre le contrôle. "L'organisation en groupes locaux et thématiques" sont aussi des remparts contre ce dernier danger, souligne, plus pragmatique, Sophia.
[...] Extinction Rebellion mise en revanche sur la "massification de la désobéissance civile": un modèle très différent de celui d'ONG comme Greenpeace, capables de mener des actions spectaculaires grâce à de petits groupes d'activistes très formés. [...]Cette approche radicale qui préoccupe Bruno Léchevin, délégué général du Pacte Finance Climat - association qui milite auprès des décideurs pour obtenir un traité européen réorientant la finance au profit de la transition énergétique.
"La rue est nécessaire pour créer le rapport de forces", convient-il. "Mais attention: en face il y a du pouvoir, des gens structurés. Il faut donc maintenir le dialogue malgré les différences entre mouvements et associations si on veut éviter que le momentum actuel ne retombe", met-il en garde.
et aussi ...

Extinction Rebellion veut paralyser un aéroport de Londres pendant trois jours


autre exemple récent :


Ces exemples peuvent être utilisés pour montrer les points communs avec l'ex de NDDL : refus du porte-parolat  (pourquoi ? comment ?), sélection des médias qui pourront rendre compte (dans le cas de l'action d'ATTAC à la tour Total, pourquoi passer par CLPress plutôt que par un média généraliste ?)
Mais on pourrait aussi initier une reflexion sur le message : quels symboles sont utilisés pour signifier l'urgence et l'universalité de l'action climatique ? Pourquoi faut-il produire une image "choc" ?

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