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samedi 21 décembre 2019

L'émancipation des femmes (France)


1) ADRESSE DES OUVRIÈRES DE LYON AUX FEMMES DU CREUSOT

Le 21 mars 1870, 1500 mineurs du Creusot se mettent en grève pour une augmentation de salaire et une diminution des heures de travail. Les femmes des mineurs en grève firent preuve alors d'une remarquable combativité : l'adresse suivante, émanant des ouvrières lyonnaises, a été publiée dans La Marseillaise, le journal de Rochefort et des sections parisiennes de l'Internationale, le 13 avril 1870. Elle valut aussitôt à cet organe des poursuites judiciaires pour « attaque au principe de la propriété et atteinte au moral de l'armée.

«  Citoyennes,
Votre attitude ferme et énergique en face des insolentes provocations de la féodalité du jour est vivement appréciée par les travailleurs de tous les pays et nous, nous éprouvons le besoin de vous adresser nos félicitations.
Ne faiblissez pas, citoyennes, montrez à cette aristocratie impudente et rapace que les exploités, aujourd'hui unis et solidaires, ne se laisseront plus intimider par ces odieux procédés ; on peut encore aujourd'hui les affamer, les emprisonner, mais non pas les dompter, car ils savent que la dernière victoire leur appartient.
Ce jour-là, les oppresseurs de toute race auront accumuler tant de griefs, soulevé tant d'indignation, que, sans être prophète, on peut prévoir une éclatante revanche.
Et cependant, nos gouvernants pouvaient parer à ces éventualités en acceptant les réformes sociales et économiques à mesure qu'elles s'imposaient. Mais non ! pour régler les différends entre les exploiteurs et les exploités, entre les parasites et les producteurs, l'empire n'a rien trouver de mieux que le chassepot [fusil] qu'il vient de mettre à la disposition de la classe des capitalistes, sa complice et son alliée, et celle-ci, derrière un rempart de 800'000 poitrines de soldats, jette insolemment le défit au monde travailleur !
Eh bien le défi est relevé, la guerre est désormais déclarée et elle ne cessera que le jour où le prolétariat sera vainqueur, où les mineurs pourront dire : à nous les mines ! - les cultivateurs : à nous la terre ! et les ouvriers de tous les métiers : à nous l'atelier !
Vous le voyez, amies, cette lutte que vous soutenez si vaillamment n'est que la première phase d'une révolution économique et sociale gigantesque dont l'histoire n'offre aucun exemple car sa devise est « plus d'exploiteurs, rien que des travailleurs ».
Permettez-nous un conseil, citoyennes : vous êtes énergiques, n'oubliez pas que vous êtes filles du peuple, mères de famille. Parlez le langage de la vérité aux soldats qui vont entourent, victimes du malheur, courbés comme vous sous le joug du despotisme. Dîtes à ces malheureux enfants du peuple, que ces hommes qu'ils ont l'ordre de poursuivre ne sont pas, comme on le leur fait entendre, des fauteurs de troubles, suspects soudoyés par un parti politique quelconque, mais bien vos pères, vos frères, vos époux, vos amis, d'honnêtes citoyens, leurs frères dans l'ordre social et n'ayant commis d'autres crimes que celui de revendiquer le droit le plus sacré de l'homme, celui de vivre en travaillant. De telles parole, soyez-en certaines, les impressionneront, les feront réfléchir sur le triste rôle qu'on leur impose vis-à-vis de vous et si vous parvenez à gagner à la cause des opprimés, qui est la leur, les cinq mille soldats campés au Creusot, vous aurez bien mérité du prolétariat.
Et maintenant, citoyennes, en attendant le triomphe de la cause des travailleurs, nous vous serrons fraternellement les mains et vous crions : courage et espoir. »
  
Cité par Pierre Ponsot, Les grèves de 1870 et la Commune de 1871 au Creusot, pp. 28 à 30. Editions sociales, 1958.






2) Hubertine Auclert et la naissance du suffragisme

« La parole est donnée à la citoyenne Hubertine Auclert, pour la lecture du rapport suivant :
Citoyens et Citoyennes,
Je viens représenter à ce Congrès deux sociétés de Paris : le Droit des femmes, groupe auquel j’appartiens et qui revendique les droits sociaux et politiques des femmes ; les Travailleuses de Belleville, association de vente et de production.
Je viens, toute pénétrée d’estime pour cette grande assemblée, le premier des corps libres élus en France de puis tant de siècles, qui permette à une femme, non parce qu’elle est ouvrière, mais parce qu’elle est femme –c’est-à-dire exploitée esclave déléguée de neuf millions d’esclaves- de faire entendre les réclamations de la moitié déshéritée du genre humain. Ecouter nos plaintes, c’est commencer à vouloir être juste. Admettre les femmes au milieu de vous, au même titre que les prolétaires, c’est faire avec elles un pacte d’alliance défensive et offensive contre nos communs oppresseurs. […]
Nous vivons une façon de République qui prouve que les mots les plus sublimes deviennent de vains titres quand, dans la société, les principes qu’ils représentent ne sont pas intégralement appliqués. Une république qui maintiendra les femmes dans une condition d’infériorité, ne pourra pas faire les hommes égaux. […] Nous proclamons, comme vous, le principe de l’égalité humaine. Nous entendons par là, non seulement l’égalité de tous les hommes entre eux, mais encore l’égalité des hommes et des femmes. Nous voulons pour elles comme pour vous, l’instruction intégrale, les mêmes facilités de développement physique, moral, intellectuel, professionnel. Nous voulons pour les femmes, comme pour les hommes, liberté de conscience, liberté d’opinion, liberté d’action. Nous réclamons pour les femmes, comme pour les hommes, l’indépendance économique, la production facile pour tous et la garantie pour chacun du produit intégral de son travail, quel que soit ce travail.
Nous voulons pour les femmes comme pour les hommes, voix délibérative dans la Commune, dans l’Etat, ou dans le groupe ; parce que les femmes comme les hommes, sont intéressées aux lois et règlements qui se font, parce que les femmes, payant des impôts, ont autant de droits que les hommes d’exiger une bonne répartition de ces impôts, parce que dans une vraie République, il n’y a plus de privilégiés, il n’y a que des intéressés qui, se soumettant aux mêmes devoirs, doivent posséder les mêmes droits. (Applaudissements prolongés)
[…] Il faut que vous, prolétaires, vous présentiez la table des droits de la femme aux candidats. Ce sera un critère pour reconnaître à l’avenir les opportunistes, les traîtres du lendemain et quiconque méconnaîtra, quand il n’en aura plus besoin pour escalader le pouvoir, les droits des prolétaires. […] »

Discours d’Hubertine Auclert au 3e Congrès national ouvrier, Marseille, octobre 1879.


Présentez le document dans son contexte. Quelle était la condition des femmes à l’époque de ce discours ?

Quelles sont les revendications du mouvement suffragiste et quelle est la stratégie d’Hubertine Auclert pour les faire aboutir ?



3) Un support qui balaye le XXe siècle utilisé avec les élèves de série techno

Disponible ici en pdf. L'analyse des documents fonctionne très bien avec les élèves. On complète par les documents du manuel (Terminale, STMG, Hatier 2013) : correction disponible ici
Et l'ensemble fait le cours, puisque la correction est réorganisée dans un plan thématique : intro def émancipation puis condition féminine et travail, condition féminine et politique, condition féminine et machisme.




R) Un approfondissement et des pistes de réflexion intéressantes sur une histoire de long terme des relations entre domination des femmes et capitalisme
notamment entre 25 min et 33 min

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