J'emprunte évidemment le titre de ce post au médiéviste J Le Goff
Sur la périodisation et sa pertinence, voici quelques propositions d'activité pour les Seconde. (que j'étofferai en cours d'année)
Sur la périodisation et sa pertinence, voici quelques propositions d'activité pour les Seconde. (que j'étofferai en cours d'année)
En revanche, je ne suis pas convaincue du tout de l'intérêt de régler la question en début d'année dans un chapitre introductif qui risque de se réduire à un indigeste cours détaché de tout enjeu. On devrait pouvoir, à plusieurs reprises, intégrer cette approche dans les cours du programme.
Cependant ...
Une proposition de trace écrite qui sera complétée par une étude de cas sur la transition entre le bas empire et le haut Moyen Age
L'Histoire est l'étude des sociétés
passées et de leurs évolutions. Dès lors, le temps est le cadre de la réflexion des Historiens, et ils ont donc
besoin de le structurer pour le rendre intelligible. La chronologie est ainsi étroitement associée à l'Histoire afin
d'ordonner entre eux les faits/évènements auxquels les historiens donnent du
sens par leur analyse.
Au
cours du XIXe siècle, les historiens français ont découpé le temps en périodes
en s'appuyant sur l'état de la société, de l'économie, de la politique, de la
culture... Ils ont abouti à un compromis en 4 périodes qui est devenu le cadre des programmes d'Histoire dans
l'enseignement secondaire en 1863 :
Les 4 périodes
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Bornes chronologiques
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Événements
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L'Antiquité
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- 3500 à 476
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De
l'apparition de l'écriture à la fin de l'empire romain d'Occident
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Le Moyen Âge
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476 à 1492
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De
la fin de l'empire romain d'Occident à la "découverte" de
l'Amérique
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Les Temps modernes
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1492 à 1789
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De
la "découverte" de l'Amérique à la Révolution française
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L'époque contemporaine
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1789 à Nos jours
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De
la Révolution française à aujourd'hui
|
Pour
donner du sens aux périodes, un découpage plus précis se met en place,
associant chaque époque à des éléments emblématiques. C'est ce que l'on appelle
les chrononymes comme "le siècle
de Périclès", "le temps des cathédrales" ou "la Belle
époque". Il est à noter qu'en Histoire, un siècle correspond rarement à une durée de 100 ans. En effet, pour
les historiens ce qui marque le passage d'un siècle à un autre est le plus
souvent un évènement marquant. Ainsi, si le XIXe siècle chronologique va de
1801 à 1900, en Histoire, il débute avec le Congrès de Vienne de 1815 qui met
fin à l'aventure Napoléonienne et se termine en 1914 à la veille de la Première
Guerre mondiale.
Pour
finir, les dates-césures qui
délimitent les périodes sont des choix arbitraires des universitaires français
et sont donc le reflet d'une construction sociale et politique à un moment
donné (1789 sert avant tout à
affirmer le caractère universel du modèle politique français). Dès lors, il
n'existe pas de consensus historique sur les césures, ni en France ni dans le
monde :
- En
France, par exemple, selon les historiens, il existe au moins 4 dates de fin du
Moyen Âge : 1453 (Prise de Constantinople
par les Turcs et bataille de Castillon qui met fin à la guerre de Cent ans), 1454 (découverte de l'imprimerie à
caractères mobiles par Gutenberg), 1492
(découverte de l'Amérique par Colomb et prise de Grenade par les chrétiens) et 1517 (promulgation des 95 thèses de Luther). D'ailleurs, un
historien comme Jacques Le Goff préfère évoquer un "long Moyen Âge"
qui intègre toute la période moderne et se termine au milieu du XVIIIe siècle
avec la machine à vapeur et les Lumières.
-
Dans les autres pays, les dates-clés de l'histoire de France apparaissent comme
dénuées de sens pour leur propre histoire nationale. Ainsi, pour débuter
l'époque contemporaine, les Britanniques utilisent l'année 1914 (Première
Guerre mondiale), les Russes l'année 1917 (Révolutions de février et d'octobre)
et les Chinois l'année 1919 (mouvement étudiant du 4 mai contre les prétentions
japonaises sur la Chine).
BAS-EMPIRE/HAUT MOYEN-AGE : LA DISPARITION DE L’EMPIRE ROMAIN ?
Doc 1 :
Biographies de Stilicon et de Ricimer
·
Stilicon né vers 360 près de Constantinople,
mort le 22 août 408 à Ravenne,
est un militaire et homme politique romain d'origine
vandale sous les règnes de Théodose, empereur
d'Orient de
376 à 395, et de ses fils Honorius(Occident)
et Arcadius (Orient). Entré tôt dans l'armée, Stilicon devient un des principaux généraux
de Théodose,
dont il épouse la nièce en 384. Nommé généralissime en
394, il prétend, à la mort de Théodose, avoir reçu la régence de l'Empire. Il
ne réussit cependant pas à imposer son autorité à l'Empire romain d'Orient. De 395 à 408,
il exerce donc la régence de
l'Empire romain d'Occident, Honorius devenant son gendre en 398.
Il mène plusieurs campagnes contre les Barbares. En 403,
il repousse les Wisigoths d'Alaric Ier en Italie,
puis est vainqueur en 406 des Ostrogoths près
de Florence
· Fils d'un Suève, Ricimer est par sa mère petit-fils du roi Wisigoth Wallia. Il commande les forces armées d'Italie, une victoire en Corse sur une flotte vandale le rend populaire.De 456 à 472, date de sa mort, sa carrière comme patrice illustre l'impasse de la politique de germanisation totale des armées romaines : pendant 16 ans il contrôle ce qui reste d'empire en Occident, mais son origine barbare lui interdit l'accession au titre impérial et l'oppose aux autres barbares Goths et Burgondes. Et son opportunisme pour se maintenir son pouvoir l'amène à faire et défaire les empereurs. A Plaisance en 456, Ricimer, commandant des forces armées romaines renverse l'empereur Avitus. Il épargne Avitus et lui permet de devenir évêque de Plaisance. Il soutient l'ascension de Majorien en 456, se brouille avec lui en 461. Il impose Libius Severus en 461, et profite à sa mort en 465 d'un interrègne de deux ans en attendant l'arrivée Anthémius, nommé par l'empereur d'Orient. Anthémius reconnait l'importance de Ricimer en lui donnant sa fille en mariage. En 472, Ricimer proclame Olybrius contre Anthémius, assiège Anthémius dans Rome et le tue. Il décède peu après de mort naturelle, ayant totalement dévalué le titre impérial.
Les troupes
auxiliaires étaient des unités de l'armée romaine, à l'origine composée de
soldats qui n'étaient pas des citoyens romains.
Leur but principal était de soutenir les légions romaines,
composées exclusivement, en principe - mais pas toujours, de citoyens
romains. Les troupes auxiliaires étaient généralement recrutés parmi les pérégrins,
c'est-à-dire les habitants des provinces de l'Empire romain qui
n'étaient pas des citoyens romains jusqu’à
l’édit de Caracalla. Puis elles furent recrutées
parmi les barbares,
nom donné aux habitants des territoires hors de l'empire (on
parle aussi de gentiles). Leur nombre a fluctué au
cours de la période
impériale, en augmentant progressivement jusqu’à représenter les 2/3 de
l’armée. Ils fournirent aussi à l'armée romaine de
la cavalerie et
des troupes spécialisées comme des archers.
BILAN : DEUX
BARBARES AU POUVOIR : EN QUOI LEURS ACTIONS CONFORTENT-ELLES OU
DÉSORGANISENT-ELLES L’EMPIRE ROMAIN ?
Doc 2 : Grégoire de Tours, Histoire des Francs, livre 2
(possibilité aussi de passer en classe cette vidéo un peu compliquée de l'Histoire par les cartes)
Doc 3 : (extraits de textes) Le sentiment anti-barbare dans la littérature romaine des IV et Ve siècle.
« Les Huns étant donc sortis de la Pannonie vinrent, dépeuplant le pays, à la ville de Metz, où ils arrivèrent, ainsi que quelques-uns le rapportent, la veille du saint jour de Pâques. Ils livrèrent la ville aux flammes, passèrent les habitants au fil de l’épée, et égorgèrent même les prêtres du Seigneur devant les autels sacrés. Rien n’échappa à l’incendie, que l’oratoire de saint Étienne, premier martyr et diacre. (..) Cependant Attila, roi des Huns, ayant quitté la ville de Metz, et ravageant impunément les cités des Gaules, vint mettre le siège devant Orléans, et tâcha de s’en emparer en l’ébranlant par le choc puissant du bélier. Vers ce temps-là, cette ville avait pour évêque le bienheureux Anian, homme d’une éminente sagesse et d’une louable sainteté, dont les actions vertueuses ont été fidèlement conservées parmi nous. Et comme les assiégés demandaient à grands cris à leur pontife ce qu’ils avaient à faire, celui-ci, mettant sa confiance en Dieu, les engagea à se prosterner tous pour prier et implorer avec larmes le secours du Seigneur toujours présent dans les calamités. Ceux-ci s’étant mis à prier, selon son conseil, le pontife dit : Regardez du haut du rempart de la ville si la miséricorde de Dieu vient à notre secours. (…) Cependant les remparts, ébranlés déjà sous les coups du bélier, étaient au moment de s’écrouler lorsque voilà Aetius (Sénateur et général romain) qui arrive, voilà Théodoric, roi des Goths, ainsi que Thorismund son fils, qui accourent vers la ville à la tête de leurs armées, renversant et repoussant l’ennemi. La ville ayant donc été délivrée par l’intercession du saint pontife, ils mettent en fuite Attila. »
R) En 451, les Huns sont défaits aux Champs Catalauniques par l'armée des fédérés de Rome sous la conduite de Aetius avec le renfort des contingents Burgondes qui lui permettent de l'emporter dans la phase finale du combat. Attila, vaincu, se retire vers l'actuelle Hongrie.
BILAN : QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES DES INCURSIONS BARBARES DANS L’EMPIRE ROMAIN ?
(possibilité aussi de passer en classe cette vidéo un peu compliquée de l'Histoire par les cartes)
Doc 3 : (extraits de textes) Le sentiment anti-barbare dans la littérature romaine des IV et Ve siècle.
« Nous avons commencé nous-mêmes
à vivre sur un sol étranger », disait Salvien de Marseille vers 440.
« Je vis au milieu de hordes chevelues, disait Sidoine Apollinaire,
j'ai à supporter leur langage germanique et à louer incontinent, malgré mon
humeur noire, les chansons du Burgonde gavé, qui s'enduit les cheveux de beurre
rance. »
« Je ne saurais vraiment dire combien je suis étonné
de la facilité avec laquelle tu as appris la langue germanique », écrit Sidoine
Apollinaire (gallo-romain) à son ami Syagrus. « Tu ne saurais croire combien nous rions, moi et les autres amis,
toutes les fois que nous apprenons qu’un barbare craint de faire, en ta
présence, un barbarisme dans sa langue.
(…) Et quoiqu’ils aient le corps et l’esprit aussi grossiers, aussi peu
façonnables, ils apprennent de toi à mieux parler leur propre langue, à porter
un cœur romain. »
Lettre
de Sidoine Apollinaire au pape possiblement en 475
« Mais, il faut
l’avouer, quoique ce roi des Goths (Euric) soit terrible à cause de ses forces,
je crains moins ses coups pour les murs des Romains que pour les lois
chrétiennes. Le seul nom de catholique lui cause une telle horreur, dit-on.
Ajoutez encore la puissance de ses armes, le feu de son courage, la vigueur de
sa jeunesse; l’unique travers de ce prince, c’est d’attribuer à la bonté de sa
religion le succès de ses entreprises, de ses desseins, tandis qu’il ne le
tient que d’une félicité temporelle. Ainsi donc, instruisez-vous promptement
des maux secrets de l’état catholique, pour y apporter en toute hâte un remède
efficace. Bordeaux, Périgueux, Rodez, Limoges, Gabale, Eause, Bazas, Comminges,
Auch, et beaucoup d’autres villes encore dont les pontifes ont été moissonnés
par la mort (…). Dans les diocèses, dans les paroisses. tout est négligé;
partout l’on voit des églises dont le faîte se dégrade et tombe; leurs portes
sont arrachées, leurs gonds enlevés, l’entrée des basiliques est fermée avec
des ronces et des épines; les troupeaux eux-mêmes viennent se coucher au milieu
des vestibules entr’ouverts, et brouter l’herbe qui croît autour des saints
autels. La solitude ne règne pas seulement dans les paroisses de la campagne,
mais encore dans les églises des villes, où les réunions deviennent si
rares. »
BILAN :
QUE REPROCHENT LES ROMAINS AUX BARBARES ?
Doc 4 : La tombe d’un roi mérovingien
Le roi Franc Childéric,
père de Clovis, meurt en 481. Sa tombe a été retrouvée par hasard en 1653 : un
maçon a éventré en creusant une fondation une bourse contenant une centaine de
sous d'or et a dégagé successivement des lambeaux de soie, des fils d'or, des
armes, des bijoux puis le corps d'un homme identifié comme étant celui de
Childéric.
Les
objets qui s’y trouvaient, après avoir été offerts à Louis XIV, ont été volés à
la Bibliothèque
Nationale en 1831. Un relevé précis de ces derniers avait
heureusement été effectué :
- les vêtements (manteau brodé d'abeilles d'or et cuirasse)
étaient ceux d’un général romain et portaient les insignes des hauts
fonctionnaires impériaux,
- l’anneau sigillaire qui servait à authentifier les actes prouve son
pouvoir royal,
- les armes richement décorées (or et pierres précieuses)
montrent qu’il voulait rivaliser avec les rois Wisigoths,
- des pendentifs et les 3 fosses
remplies de chevaux attestent ses
croyances païennes.
A venir : quelle fin pour le MA ? adaptation d'une activité manuel
Pour les italianistes en DNL, peut-être utiliser un extrait de cette vidéo