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mardi 19 mars 2024

Guerre et cinéma aux Etats-Unis

 

Présentation : je vous propose une activité en classe, sur la bataille d' Iwo Jima, qui peut être utilisée dans le cadre de l'enseignement de spécialité. A priori, elle cadre mieux avec le thème Histoire et Mémoire (Spé Term)  dans l'axe 1, "Histoire et Mémoire des conflits", mais je viens de l'utiliser en Spé 1ere, dans le cadre du cours sur l'information en temps de guerre. Il s'agissait de compléter le cours qui fait une part belle à la question de la propagande par un point plus spécifique : l'image iconique et les traces qu'elle laisse dans la mémoire.

Durée : puisqu'il s'agissait pour moi d'un complément de cours, j'ai calibré pour que l'activité soit faite en 1H. Il y aurait bien des possibilités d'approfondir, en utilisant davantage le film de Clint Eastwood, "Mémoires de nos pères". J'ai indiqué aussi en fin d'article deux autres pistes pour prolonger la réflexion.

Supports : poly pour les élèves (détaillé dans la suite de l'article) + Mémoires de nos pères de Clint Eastwood + épisode 8 de The Pacific

Documentation : un article de Laurent Tessier dans Transhumances IX, p. 233-244 + Le labo 1 (publication des clionautes, auteur JP Meyniac) , nov 2007 + article du Nouvel Obs , le drapeau rouge sur le Reichstag

Déroulé
  • On commence par regarder le début du film de 3:40 à 5:10. Les élèves ont un poly. C'est leur doc 1 (image + transcript)

Transcript scène d'ouverture de Mémoires de nos pères (+/-3:40-4:40). Film de Clint Eastwood -2006

"Beaucoup de gars que j'ai connus n'ont jamais parlé de ce qui s'est passé là-bas, sans doute parce qu'ils essaient de l'oublier. Ils ne se sont jamais considérés comme des héros. Ils sont morts, sans gloire. Personne ne les a pris en photo. Seuls leurs copains savent ce qu'ils ont fait. J'ai dit à leurs parents qu'ils sont morts pour leur pays...je ne suis pas sûr que c'était le cas. D'ailleurs il y a eu plein d'autres photos prises ce jour-là, mais que personne n'a voulu voir. Ce qu'on voit et ce qu'on fait à la guerre, la cruauté, est impensable. Mais d'une façon ou d'une autre, il nous faut y trouver un sens, et pour ça il nous faut une vérité facile à comprendre. [...] La bonne photo peut faire gagner ou perdre une guerre. Regardez le Vietnam, la photo de cet officier sud-vietnamien faisant sauter à bout portant la tête de ce Viêt-Cong. C'était fini, on avait perdu la guerre."


Ensuite, présentation de la photo

Doc 2 : Une photographie pour l'Histoire

Raising the Flag on Iwo Jima est prise le 23 février 1945 par le photographe américain Joe Rosenthal pour l'agence Associated Press. Elle montre cinq Marines américains et un soldat infirmier de la Navy hissant le drapeau des États-Unis sur le mont Suribachi, lors de la bataille sur l'île japonaise d'Iwo Jima durant la Seconde Guerre mondiale. La photographie est développée à Guam et envoyée immédiatement aux Etats-Unis. Des centaines de journaux la reprennent dès le lendemain. La photographie eut donc immédiatement un immense succès. Elle devint également le seul cliché à obtenir le prix Pulitzer de la photographie l'année de sa publication. Considérée comme l'une des images les plus significatives de son époque, elle constitue également l'une des photographies les plus diffusées de tous les temps. Elle a été choisie à l'époque pour servir de support à la campagne du 7e emprunt de guerre et donc a été reproduite sur des affiches, des timbres ... Les trois soldats survivants de ce moment ont été enrôlés par l'armée pour la tournée de levée de fonds à travers les Etats-Unis.

 

Analyse rapide de la photo pour en comprendre l'efficacité

Contextualiser en expliquant aux élèves que la guerre du Pacifique contre le Japon est une guerre que les Etats-Unis ont mené seuls contre le Japon qui les avait directement attaqués. Elle a nécessité un déploiement d'hommes et de ressources bien supérieur au front européen. Les conditions extrêmement difficiles de cette guerre (sauts de puces d'archipels en archipels => carte historique) pour se rapprocher du Japon, de même que la résistance acharnée des Japonais (cf les kamikazes) ont fait du front du Pacifique le front essentiel de la Seconde Guerre mondiale pour l'opinion publique américaine.

Intérêt stratégique d'Iwo Jima = indiqué au tout début de The Pacific : carte + images d'archives + témoignage de vétéran . Visionnage de ces quelques minutes (avant le générique)

Pour mieux comprendre pourquoi cette photo et pas une autre du même événement, les élèves sont amenés à comparer avec une autre photo. Celle-ci est juste projetée, pas distribuée.

=> bilan :

  • Une bataille stratégique, filmée et reportages radio en direct. 12 000 japonais sur un îlot de quelques dizaines de km². Nombre de morts US très élevé.
  • Quant à la photo elle-même : dynamisme de la scène, des marines (corps d'élite) qui en plus forment un seul corps (coopération et esprit d'équipe = valeurs "militaires") + annonce de la victoire future/message d'espoir : la ligne négative (diagonale descendante) est en passe de basculer en ligne positive (diagonale montante)

 

Qu'est-ce qu'une image iconique ?

Elle imprègne l'imaginaire collectif => réutilisée, détournée, mentionnée ...

doc 3 : quelques exemples de l'impact de cette image

a- Felix de Weldon pose devant son oeuvre : le US Marine Corps War Memorial d'Arlington (cimetière militaire)

= plus de 6 millions de visiteurs /anBataille Iwo Jima

b- Le drapeau rouge sur le Reichstag (Berlin), la réponse soviétique ( Photo : Evgueny Khaldeï, 2 mai 1945 pour l'agence Tass)

c- Andy Singer, D-Day, 1998

l'image iconique détournée...

Le rôle et l'efficacité du cinéma dans la fabrication et la transmission d'une mémoire "officielle"

"Mon boulot, c'est juste de raconter cette histoire. Et ensuite, quand le public viendra, j'espère que ça lui donnera une idée de ce qu'était cette génération : la famille, la camaraderie, le fait de pouvoir compter sur son voisin et ce que ça veut dire dans la vie" (extrait interview Eastwood dans les bonus du DVD, édition collector)

Doc 4 : présentation et exploitation de la série The Pacific

Après Band of brothers (2001) qui retraçait l'histoire d'une compagnie américaine du débarquement jusqu'à la fin de la guerre en Europe, Steven Spielberg et Tom Hanks récidivent en 2010 et co-produisent The Pacific. HBO est une chaîne du câble, connue pour ses programmes de très haute qualité. La série a reçu 8 Emmy Awards.

Basée sur deux livres de vétérans, Eugène Sledge et Robert Leckie la série entretient le flou entre la fiction et la réalité : les vétérans sont joués à l'écran par des acteurs, les scènes de bataille sont minutieusement reconstituées...

Comment le dispositif de la série joue-t-il sur cet aller-retour entre réalité et fiction ? Quel est le but recherché ? On pose ces deux questions aux élèves et on repasse le début (images d'archives et témoignage jusqu'au début du previously = 2min 32). Puis visionner la scène de bataille d'Iwo Jima à partir de 44min 18.

Ce n'est pas utile d'aller jusqu'au bout.

L'objectif est de comparer les images de la guerre filmées à l'époque et les images de la bataille dans la série.

Bilan =

  • une reconstitution apparemment fidèle (cf la butte et les soldats qui se font mitrailler en haut = quasiment identique entre archives et série). Le fait de commencer par les films de l'armée de l'époque et par le témoignage d'un vétéran légitime la fiction. Cela lui octroie une sorte de certificat d'authenticité.
  • une efficacité de la narration : focalisation interne (on entre directement dans la scène de combat, on est perdu, on ne comprend pas d'où viennent les tirs et on découvre l'ennemi en même temps que le personnage principal) + suspense (vont-ils réussir à tuer le japonais dans son bunker ?) (le héros va t-il finir étripé comme tous les autres ?)
  • des émotions multiples (horreur, stress, tristesse...) qui impriment en nous cette représentation de la guerre.
  • un message : l'héroïsme des soldats ordinaires => un modèle ?
En cette fin de séance, il reste à indiquer aux élèves que :

Comme le fait remarquer Pierre Conesa, géopoliticien français qui travaille sur les mêmes thématiques qu'Alford, les Etats-Unis n'ont pas un système unifié pour l'enseignement de l'Histoire. Les programmes scolaires relèvent de la compétence des États et non pas de l'état fédéral. C'est donc Hollywood qui fabrique et transmet aux différentes générations d'américains la mémoire commune de l'Histoire . Cette mémoire n'est pas unifiée, mais on distingue de nombreux points communs dans tous les récits de guerre à destination du public américain.

Par ailleurs, Laurent Tessier dans son article indique que : "en interrogeant les vétérans du Vietnam, nous avons pu constater que les soldats américains qui se sont battus lors de conflit sont souvent partis à la guerre avec, en tête, le fantasme de reproduire le modèle héroïque de leurs pères (la génération de la 2nde guerre mondiale) et de leurs grands-pères (celle de la 1ere guerre mondiale). [...] De même, les films se répondent comme si chaque génération de boys était représentée en référence à la précédente. [...] On constate depuis les années 60 (Vietnam) une sorte de blocage dans cette filiation".

Remarque 1: sur un idée de Lionel Chevassus, les élèves approfondiront en autonomie. J'ai repris son questionnaire de l'interview de Matthew Alford sur Le Media : "Hollywood, la machine à propagande".

Remarque 2 : sur le fait qu'il est devenu plus difficile de faire des films de guerre ouvertement héroïques depuis le Vietnam et que les films se répondent les uns aux autres, on pourrait évoquer une autre mini-série de HBO, Generation Kill de David Simon. Ce fut un flop médiatique et la série fut annulée à la fin de la première saison, ce qui est très rare avec HBO. Or, cette série refuse précisément toute héroïsation des soldats et montre une guerre profondément absurde.

vendredi 1 mai 2020

Activités autour du cours sur la 1ere guerre mondiale

Proposition de série : The village. 1ere guerre mondiale et après guerre dans un village anglais


Fiche de lecture : l'engagement dans la guerre








Fiche d'activité dans le cadre du cours : une génération sacrifiée

Doc 1 : L’assaut
«  Personne ne croirait que dans ce désert tout déchiqueté, il puisse y avoir encore des êtres humains ; Mais maintenant des casques d’acier surgissent partout dans la tranchées et à cinquante mètres de nous, il y a déjà une mitrailleuse qui , aussitôt, se met à crépiter.
Les défenses de fil de fer sont hachées. Notre artillerie fulgure. Les mitrailleuses ronflent, les fusils grésillent. Nous voyons les assaillants venir. Les gens d’en-face font tous leurs efforts pour avancer […]. Nous reconnaissons les visages crispés et les casques : ce sont des Français. Ils atteignent les débris de barbelés et ont déjà des pertes visibles. Toute une file est fauchée par la mitrailleuse qui est à coté de nous ; Puis nous avons une série d’enrayages et les ennemis se rapprochent. Je vois l’un d’eux tomber sur un cheval de frise, la figure haute. Le corps s’affaisse sur lui-même comme un sac, les mains restent croisées comme s’il voulait prier. Puis le corps se détache tout entier et il n’y a plus que les mains coupées par le coup de feu, avec des tronçons de bras qui restent accrochés dans les barbelés [..] Nous sommes devenus des animaux dangereux. Nous ne nous combattons pas, nous nous défendons contre la destruction. Ce ne sont pas contre des humains que nous lançons nos grenades, car à ce moment-là, nous ne sentons qu’une chose : c’est que a mort est là qui nous traque, sous ces mains et sous ce casque. La fureur qui nous anime est insensée : nous ne pouvons plus que détruire et tuer, pour nous sauver…pour nous sauver et nous venger.»
E.M. Remarque A l’Ouest, rien de nouveau

Doc 2 : Un martyre absurde
« […] Deuxième journée ici, après dix jours de première ligne dont trois de combat. Les pertes n’approchent pas celle du dernier mois. Et pourtant …
Je devrais me taire, refouler ça au fond de moi ; je ne peux pas : ça monte…Il va bien falloir que ça crève. J’ai vu trop de choses dégoûtantes pour être dupe encore des mots. Pourquoi nous battons-nous, maintenant, et de cette façon ? Pour défendre quoi ? Gagner quoi ? Ces « gens-là se leurrent volontairement, j’en suis sûr ! Il ne peut pas en être autrement.
Des milliers de morts pour ce lambeau de colline dont le sommet nous échappe toujours ! L’affaire de Noël, en cent fois plus coûteux : charretée par charretée, mais beaucoup de charretées à la file J’aurais tant, tant à vous dire ! Mais je ne peux pas : c’est trop tumultueux, trop loin de vous, si loin que vous ne pourriez pas comprendre…Ce n’était pas la peine ; J’aurais mieux fait, réellement, de me taire.
Tuer des Allemands ? Les user ? On ne peut tuer ainsi des hommes qu’en en faisant tuer d’autres, autant d’autres ou davantage. Alors ?... Déloger les Allemands d’une crête stratégique importante ? D’un bastion avancé sur la Woëvre ? Mais les Hures, qu’est-ce qu’elles sont ? Et le Montgirmont ? Derrière la colline des Eparges, la montagne de Combres se dressera fac à nous. Et derrière Combres, d’autres collines…Dix mille morts par colline, est-ce cela que l’on veut ? Alors ?
Le pire, le terrible, c’est la clairvoyance des hommes. Lente à s’éveiller mais qui s’éveille…Est-ce qu’on s’aperçoit qu’elle s’éveille ? »
Lettre de Maurice Genevoix à sa famille, depuis Verdun

«  Ma chère mère,
Par quel miracle me suis-je sorti de cet enfer ?[…] pense donc, nous sommes montés 1200 et nous sommes redescendus 300 ; pourquoi suis-je de ces 300 qui ont eu la chance de s’en tirer […] Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup souffert. A la souffrance morale de croire chaque instant la mort nous surprendre s’ajoutent les souffrances physiques de longues nuits sans dormir : huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours au milieu d’un chantier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille. […] nous porton dans notre cœur le deuil de tous nos camarades tombés à Verdun… »
Lette de Gaston B., citée dans Paroles de poilus, librio, 1998.


Doc 3 = La propagande de guerre dans la presse
Les blessures causées par balles ne sont pas dangereuses […] Les balles traversent les chairs de part en part sans faire de déchirure ( L’intransigeant, 7 Août 1914)

Doc 4 = Le traumatisme
« Je ne peux oublier la guerre…Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L’horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marque. »

J. Giono, Refus d’obéissance.

Chiffres utiles :
600 000 morts français d’Août 1914 à février 1917. 1/3 des soldats mobilisés en Août 14 étaient morts en Août 15. Offensive de la Somme (1916)= tentative de percée échouée = 40 000 blessés français en 3 jours.1,2 millions de morts entre juin et novembre 1916. 500 000 morts à Verdun (Français et Allemands) entre Février et Juillet 1916. L’armée française envoie une division nouvelle (10 000 hommes) tous les deux jours pour la relève. 60% des mobilisés français pdt la 1ère GM a été soit tué, soit blessé. 

A partir des thématiques et des informations contenues dans le dossier documentaire et vos connaissances sur le déroulement de la 1ere guerre mondiale, établir pour quelles raisons cette guerre apparue aux gens de l'époque différente des guerres précédentes, plus terrible et comme devant être "la der der der".



Correction analyse de document : affiche "destroy this mad brute"

Introduction :
-          (Présentation doc) : affiche de propagande de l'américain datée de 1917, année de l’entrée en guerre des EUA, dont l’objectif est de recruter des hommes dans l’armée américaine (« enlist »), car il n’y a pas de conscription aux EUA. Une autre affiche célèbre de cette époque montre l’oncle Sam pointant son doigt sur le « spectateur »
-          (Contextualisation) : A l’encontre de l’opinion publique américaine qui est traditionnellement isolationniste, le psdt américain G. Wilson était favorable à l’entrée en guerre des EUA et il l’annonce en avril 1917. Son discours au congrès témoigne de sa volonté de justifier la nécessité de la guerre, au nom d’arguments qui ne peuvent que flatter les américains, convaincus de leur « destinée manifeste » : défense du droit, de la liberté, de la paix. Il faut toutefois réussir à retourner l’opinion publique et à recruter des volontaires pour aller se battre dans la lointaine Europe.
-          (idée directrice et problématisation) : l’affiche représente l’ennemi allemand sous la forme d’un singe énorme, bavant (de rage ?) tenant dans un bras une femme à moitié dévêtue et évanouie, sur fond de ville en ruine. Ce monstre a réussi à passer l’océan pour arriver sur le sol américain, au premier plan. La propagande américaine utilise donc le ressort de la diabolisation de l’ennemi. Pourquoi est-ce si efficace à cette époque ?.

Analyse :
1- Les allemands, des barbares qui ne respectent pas les lois de la guerre
a) « this mad brute »
Partir de la description de la bête => rage (bave qui dégouline), force brutale => sauvagerie et barbarie allemande.

b) Qui sème la destruction
Partir de l’arrière plan => ville en ruine => bombardements de l’artillerie allemande (la puissance industrielle au service de la guerre) et les exactions contre les civils (ville + femme enlevée par la bête) Rappeler la campagne de dénonciation des crimes de l’armée allemande contre les civils belges (viols, tueries d’enfants = déjà un thème de propagande avant l’entrée en guerre US) => aucun respect des conventions de Genève, protégeant la population civile + pas de déclaration de guerre à la Belgique, pourtant neutre, quand l’armée allemande l’a envahie.

c) Personne n’est à l’abri
Partir du mot america sur le terre en 1er plan => rappeler la guerre sous-marine et Lusitania = des civils américains ont déjà eu à souffrir de la guerre. La guerre peut-elle se propager aux EUA ? (propagande = jouer sur la peur, mais en réalité, c’est peu probable. Efficace toutefois 2 millions d’américains vont s’engager). + Rappeler le discours de Wilson sur l’entrée en guerre des EUA en avril 1917 => les EUA entrent en guerre pour sauver la paix mondiale, la liberté de circulation sur les mers et au nom du droit international.

2- Un objectif est fixé : l’anéantissement total de la menace
a) Une attaque en règle contre le militarisme allemand
Repartir du texte de Wilson : « libérer les allemands » est un des buts de guerre. L’ennemi qui est désigné est le militarisme allemand (inscrit sur le casque de la bête), incarné par l’empereur Guillaume II (d’où les moustaches) => l’ennemi désigné n’est pas le peuple allemand mais un système qui prône la guerre et la force comme valeur suprême (d’où Kultur sur la massue) et un régime antidémocratique : l’empire.

b) Une affiche qui fait partie d’un « plan –média » plus large
Comité Creel => cf les films de Hollywood mettent l’accent sur la menace « boche », sur la barbarie du « Hun » (rappeler les Huns/empire romain) => Les subtilités de la propagande officielle sont dépassées par cette propagande de masse : naît le thème de l’ennemi intérieur. Les immigrés et descendants germaniques sont inquiétés, parfois violentés. On s’achemine doucement vers des phénomènes qui s’épanouiront tout au long du XXe siècle = guerre d’anéantissement.

Conclusion :
(Bilan) Déshumanisation/diabolisation en lien avec la guerre totale

(Ouverture) on a l’embarras du choix pour ouvrir sur guerre d’anéantissement ou traité de Versailles avec responsabilité allemande du déclenchement de la guerre ou postérité de cette image (King Kong)


Correction Question problématisée : le Front et l'arrière


La 1GM, de 1914 à 1918 est souvent considérée comme la première guerre moderne ou la première guerre totale selon la définition suivante du philosophe Clausewitz « une guerre qui ne se cantonne pas au domaine militaire mais s’étend au domaine économique, politique, scientifique et culturel ». C’est sans doute car pour la première fois, la guerre est longue, intense et statique sur le front. Ce dernier, soit la ligne imaginaire de confrontation séparant les armées ennemies, ou par extension les soldats ; devient associé à l’idée de tranchées, ces longs fossés creusés de part et d’autre du no man’s land dans lequel vivent les soldats. Mais, surtout, c’est l’arrière çàd les différents acteurs qui ne combattent pas directement l’ennemi, qui participe pleinement à la guerre, ce qui n’est jamais arrivé auparavant. En effet, bien que les combats aient lieu au front, celui-ci n’aurait pu tenir sans l’apport considérable de l’arrière. D’un autre côté, si l’arrière est tellement occupé, c’est bien parce qu’il y a la guerre au front. 

Ainsi, dans quelle mesure le front et l’arrière participent-ils autant à la guerre et en quoi dépendent-ils l’un de l’autre pendant la grande guerre ? Nous étudierons dans une première partie, comment le front et l’arrière ont été acteurs de cette guerre puis comment ils ont été victimes de celle-ci avant de nous concentrer sur les liens précis de dépendance entre le front et l’arrière.

I)Etre acteur de la guerre 

a)quelles armes utilisées (gaz, mitrailleuses) par els combattants et par qui sont-elles fabriquées ?
b)conditions de vie (à l’arrière mais surtout au front)
c)refuser la guerre (surtout au front par els mutineries, les fraternisations, mais aussi à l’arrière par les grèves, le pacifisme)


II)Etre victime de la guerre

a)victime au front (nb de soldats tués + blessés)
b)victimes à l’arrière (bombardements civils + génocide)
c)front et arrière rassemblés par la douleur (orphelins, veuves de guerre, chocs psychologiques des soldats et répercussions sur les familles, sur l’art…)

III) le front et l’arrière en lien

a)le soutien de l’arrière (lettres, petits colis avec denrées à l’intérieur, permissions)
b)L’arrière qui vit à l’heure du front grâce à l’Etat (demande s’engager aux USA, UK, emprunts pour financer la guerre, manuels modifiés…)
c)La déconnexion entre le front et l’arrière (car censure, permission où les soldats se rendent compte que l’arrière ne sait rien des horreurs du front : cf A l’ouest rien de nouveau d’Eric Maria Remarque)



Correction Question problématisée :  participer à la 1GM ? 


Intro : Selon l’historien George Mosse, les personnes –soldats ou civils- ayant participé à la 1GM de 1914 à 1918, s’accoutumeraient à la violence physique et psychologique des combats. Ils deviendraient alors eux-mêmes plus violents et adopteraient un nouveau comportement jusqu’à parfois dans les 1930’s. Il parle de « brutalisation » pour évoquer ce processus. La 1GM mondiale   semble avoir été particulièrement choquante et donc complètement différentes des précédentes guerres pour les  civils ou les soldats.  Mais tous les acteurs n’ont pas eu le même rôle dans cette guerre. Dans quelle mesure l’ensemble de la société a-t-elle pris part de manière différente à la 1GM ? Nous verrons dans un premier temps la participation des soldats puis la participation des civils. Dans une dernière partie, nous verrons que certaines personnes ont aussi refusé de plusieurs de participer à cette guerre.

I)Participer à la guerre en tant que soldat

a)Engagement de masse (qui participe ?)
b)conditions de vie du soldat (comment on participe ?)
c)le bilan (physique, psychologique) (quelles sont les marques de la participation ?

II)Participer en tant que civil à l’arrière
a) mobilisation dans les usines (femmes…)
b)soutenir l’effort de guerre (demande d’envoyer colis, prêts…)
c)participer contre son gré (en être victime: bombardements + génocide)

III)Refuser de participer à la guerre
a)refuser avant qu’elle en commence (pacifistes de Jaurès à Rosa Luxembourg)
b)refuser lorsqu’on est soldat (mutineries + fraternisations)
c)Refuser lorsqu’on est civil (grève, révolution russe, ne pas s’engager lorsqu’on a le choix)

CCL :
Ainsi, prendre part à la 1GM revêt des aspects très différents selon qu’on soit soldat ou civil, qu’on subisse cette guerre ou qu’on l’ait choisi. On peut participer directement en se battant, ou indirectement en finançant, fabriquant des armes ou encore en étant victime. La guerre ne fait d’ailleurs pas consensus car beaucoup sous différentes formes refusent de prendre part à la guerre. On observe également une participation multiscalaire à ce conflit : continents, états et être humains. Il serait intéressant de comparer cette participation très diverse avec celle encore plus complexe et hétéroclite de la seconde guerre mondiale


 Autre proposition de plan détaillé

I)Participer en tant que soldat

a)les conditions de vie dans les tranchées
b)se battre (armes, blessures, victimes)
c)une culture combattante (soldats tenaient grâce à la cohésion, le patriotisme, l’alcool)

II) Participer en tant que civil

a)mobilisation de l’arrière (ds les usines : munitionettes, vêtements, femmes, vieillards : entraîne inversion des rôles
b)mobilisation des esprits
c)malgré soi (en être victime). Ex : génocide

III)Refuse de participer

a)refuser la guerre avant qu’elle ne commence
b)refuser de se battre une fois la guerre commencée (mutineries et fraternisation)
c) refuser de participer à l’effort de guerre (grève, exaspération)



mercredi 12 février 2020

La Guerre en Yougoslavie (1991 ‐ 1999)

Etude documentaire : La Guerre en Yougoslavie (1991 ‐ 1999) : 
Notions étudiées : Nationalisme, guerre civile, purification ethnique, génocide, minorité nationale, crime de guerre, TPI


Introduction : Les guerres de Yougoslavie sont une série de conflits violents dans les territoires de l'ancienne République fédérale socialiste de Yougoslavie entre 1991 et 1999. Deux séries de guerres se succèdent, avec la chute du communisme en Europe et l'éclatement de la Yougoslavie. Cette guerre opposa différents groupes ethniques ou nations de l’ex‐Yougoslavie. Les guerres furent les plus meurtrières en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. On estime que le bilan humain de ces guerres s'élève à 300 000 morts dont deux tiers de civils, s'accompagnant de 4 millions de personnes déplacées. Beaucoup des principaux personnages clés impliqués furent ou sont poursuivis pour crimes de guerre.

SI temps (mais on en a rarement), possibilité de projeter la vidéo suivante dans son intégralité -29 min- sinon à partir de 7 min 27 pour le siège de Sarajevo jusqu'à 22min 40 (doc 3)  : https://www.dropbox.com/home/VAL%20TSTMG%20Hist%20RI/documentation%20RI?preview=guerre+en+ex+yougoslavie+29+min.mp4


Quelles sont les causes et quelles sont les caractéristiques du dernier conflit majeur européen ?

Doc 2 : « L’implosion de la Yougoslavie (1991‐1999)  le réveil des nationalités  

Document 3 : Le siège de Sarajevo en 1992. Vidéo
Contexte : Après les opérations menées contre les Slovènes, puis les Croates, les Serbes portent la guerre en en Bosnie‐ Herzégovine, accentuant le processus de décomposition de la Yougoslavie. La capitale bosniaque, Sarajevo, est plus particulièrement visée.

Document 4. "Ce qui est reproché à Ratko Mladic" (infographie)
 


Doc 5 : caricature de Plantu après les accords de paix de Dayton (1995) sous l'égide des Etats-Unis d'Amérique (OTAN)





Questionnaire
1. A l'aide des documents 1 et 2, présentez les principales causes des conflits yougoslaves. Quelle est l'intention de Plantu dans cette caricature (document 1) ?
2. Qui sont les principales victimes de la guerre de Bosnie ? Justifiez votre réponse avec des éléments précis. (doc 3;4;6)
3. Quels  crimes de guerre ont été commis ? Qui en est responsable ? (doc 3;4;6)
4. Quels sont, d’après vous (cf carte 2) les buts de guerre des milices serbes ? *
5. Quelles sont les conséquences pour Ratko Mladic et Slobodan Milosevic ? La justice rendue permet-elle de régler définitivement les tensions entre les communautés ? (doc 4 et 5)

Vocabulaire : 

Nationalisme : Volonté d'un peuple d'obtenir ou de défendre une nation, c'est à dire un territoire appartenant à son peuple. Le nationalisme peut se traduire par une volonté de domination des autres peuples et peut entraîner des conflits.
Génocide : crime extrême qui consiste en l'élimination physique volontaire et programmée, totale ou partielle, d'un groupe national, ethnique ou religieux
Purification ethnique : Violences physiques (massacres, viols, pillages) et psychologiques pour chasser d'un territoire des populations considérées comme étrangères et homogénéiser la population d'une région.
Crime de guerre : Violation grave des lois de la guerre. Ceci inclut les cas où une des parties en conflit s'en prend volontairement à des objectifs civils (aussi bien humains que matériels) et les prisonniers de guerre.
Tribunal pénal international (TPI) : Tribunal chargé, à l'échelle mondiale, de condamner les crimes de guerres et les crimes contre l'humanité commis durant des conflits. Il se trouve à La Haye (Pays‐Bas).



*c'est la question principale si l'on donne cette étude dans la cadre du cours de 1ere SPE sur les frontières.

vendredi 27 décembre 2019

Le monde en 1945

(très vieux cours de Terminale)




Bien plus que la 1ère GM, ce conflit a affecté et transformé pdt 5 ans toute la planète (théâtres de guerre en Europe, Asie, Pacifique et Afrique)(nations et colonies mises à contribution dans l’effort de guerre). => Nvx rapports de puissance + les anciennes colonies ont vu la domination européenne s’effondrer => les empires coloniaux pourront-ils se reconstruire ?
Il fut le conflit de l’affrontement à mort de deux coalitions hétéroclites basées sur des oppositions idéologiques (et non plus simple conflit d’intérêt et de puissance comme les guerres précédentes) = les adversaires du fascisme et du nazisme (les Alliés) contre les adversaires du communisme (Axe). => que va devenir la Grande Alliance ? Ces clivages ont d’ailleurs traversé les pays eux-mêmes (cf . la France) créant des tensions qui peuvent survivre à la guerre ( = Croates fascistes – Oustachis- contre Serbes résistants !) => les identités nationales pourront-elles survivre à ces tensions ?
2ème GM = véritable rupture créant de nouvelles conditions économiques et politiques. Un monde nouveau est en train de naître.

I/ Les conséquences économiques et territoriales
Photos all année 0
A) L’Europe, un immense champ de ruines.
·         Déjà affaiblie par la 1ère GM, l’Europe sort de la seconde GM totalement détruite. 5 pays seulement ont pu conserver leur neutralité et sortir indemnes du conflit = Suède, Suisse, Espagne, Portugal et Turquie. Les autres ont subi d’énormes destructions :
En URSS, 1700 villes furent entièrement détruites ainsi que 70% des usines et 65 000 km des voies ferrées.
En Allemagne, les grandes villes furent toutes bombardées de façon intensive => 75% de Berlin est détruit/ 90% pour Dresde. 3 000 ponts de chemin de fer sont à reconstruire. En revanche, le potentiel industriel de l’All n’a subi que 20 à 30% de pertes grâce à l’enterrement des usines protégées par une défense anti-aérienne puissante.
Le Royaume-Uni a perdu près de la moitié de sa flotte de commerce. Des quartiers entiers de Londres ont été rasés.
En Italie et en France, la circulation est difficile de régions à régions : 25% des lignes ferroviaires et 35% des routes endommagées en Italie. 55% des voies ferrées en France. Dans ses Mémoires de guerre, paru en 1954, le général Charles de Gaulle dressait le tableau suivant de la France à la libération : « aucun train partant de Paris ne peut atteindre Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille ou Nancy. Aucun ne traverse la Loire entre Nevers et l’Atlantique, ni la Seine entre Mantes et la Manche, ni le Rhône entre Lyon et la Méditerranée. »
Tout est à reconstruire ! L’économie entière du continent européen est désorganisée. La partie orientale de l’Europe fut la plus affectée.
R/ Des destructions similaires affectent certains pays asiatiques et notamment la Chine et le Japon (bombardement us)

·         Or, la 2de GM a englouti des sommes énormes et les pays européens n’ont plus aucune réserve. De plus, ils sont couverts de dettes :
ainsi le RU se retrouve en 1945 avec la dette la plus élevée du monde (3,5 milliards de £ essentiellement envers les EU et le Commonwealth.
L’Europe est ruinée. L’inflation est galopante.
En All, la cigarette us remplace un moment le mark comme moyen de paiement !


B) Le déclin de l’Europe
·         L’enrichissement de certains pays éloignés des zones de combat et donc surtt des EU contraste avec la ruine de l’Europe.
Grâce à un effort de guerre sans précédent, le PNB us en 1945 a augmenté de 82% par rapport à 1939. Il représente 40% du PNB mondial. Les EU détiennent 80% du stock d’or mondial. Leur production industrielle a été multipliée par 2. Ils sont les principaux bénéficiaires du conflit.
Le dollar avec la Conférence de Bretton Woods (juillet 44) devient la monnaie internationale d’échanges et de réserve.

·         Entre 1945 et 1947, Les EU accordent des prêts importants aux pays européens pour qu’ils se reconstruisent
(3,7 MM de $ pour le RU ; 2MM de $ pour la Fra)
mais cette aide s’avère insuffisante. Etant donné que le redressement de l’Europe est crucial pour l’économie us (à qui exporter sinon ?) le gvt us propose alors le 5 juin 1947 une aide économique de grande ampleur à tous les pays européens qui l’accepteront.
Doc
C’est le plan Marshall qui bénéficie à l’Europe de l’Ouest : RU, Fra, Ita, All de l’Ouest reçoivent 6 MM de $. Cette aide contribuera toutefois à faire entrer durablement l’Europe de l’O dans une dépendance économique vis-à-vis des EU

Bilan = La guerre a modifié les rapports de force internationaux : déclin de l’Europe, émergence de l’URSS, confirmation de la puissance des EU qui ne peuvent plus retourner à une politique isolationniste. La guerre laisse les 2 « grands » face à face.

C) La nouvelle carte de l’Europe
doc

·         Pour l’essentiel, on reprit les frontières de 1937 = avant les premières agressions nazies. Toutefois, les frontières de l’Europe orientale connurent des modifications importantes.
L’URSS obtient :       
o   Au détriment de la Finlande = la Carélie
o   Les 3 Etats Baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie)
o   Au détriment de l’All = une partie de la Prusse orientale avec Koenigsberg, rebaptisée Kaliningrad
o   Au détriment de la Pologne = tous les territoires situés à l’est de la ligne Curzon (nom d’un diplomate anglais qui avait été chargé après la 1ère GM de fixer les frontières polonaises)
o   Au détriment de la Tchécoslovaquie = la Ruthénie
o   Au détriment de la Roumanie = la Moldavie
L’ensemble forme un « glacis protecteur » pour le territoire soviétique.

La Pologne reçut l’autre partie de la Prusse orientale ainsi que les régions allemandes de Poméranie et de Silésie jusqu’aux fleuves Oder et Neisse.

R/ L’Italie perd toutes ses colonies qui sont placées sous l’administration de l’ONU (Conseil de tutelle) = Libye, Somalie, Erythrée.
Le Japon perd toutes ses dominations sur la Chine et les îles au S de son archipel.
R/ Les changements territoriaux furent moins importants que ceux décidés après la 1ère GM, mais ils s’accompagnèrent d’énormes transferts de population.
Allemands quittant les territoires annexés par l’URSS et la Pologne = environ 10 millions. Japonais quittant la Chine et la Corée = 6 millions

·         L’All et l’Autriche furent divisés par les Alliés en 4 zones d’occupation. Soumis à une politique de dénazification ( criminels de guerre jugés, sympathisants nazis actifs chassés de l’administration) + démilitarisés + les soviétiques démantèlent les usines dans leurs zones d’occupation pour les transférer en URSS.
R/ Japon idem, sous administration militaire us

II/ Les conséquences politiques du conflit
A) « La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie » (A. Camus)
·         Plus encore que la 1ère GM, cette guerre fut une guerre totale*. On n’avait encore jamais vu une telle puissance de destruction, une telle mobilisation économique, scientifique et technologique au service de la guerre. Les affrontements, d’une ampleur inégalée, ont dévasté des zones considérables et provoqué la mort de 50 millions d’êtres humains.
Doc
La guerre a tué plus de civils que de militaires sous l’effet des bombardements, des déportations, du génocide, des famines …
Exception = l’All. La pop all a été relativement épargnée durant la majeure partie de la guerre et cela se retrouve dans les chiffres = 6 millions de morts, 8% de la pop mais 2/3 = des militaires (R/ Ces militaires toutefois n’étaient pas des militaires de carrière !!)
Les civils devinrent un enjeu de guerre, soit qu’on les bombarda pour les terroriser et saper leur résistance ou leur soutien à leur gvt comme les Alliés le firent pour les Allemands, soit qu’ils s’organisèrent pour résister à l’occupation ennemie comme les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur), soit qu’on les mobilisa pour soutenir l’effort de guerre (STO …).
La population sov est celle qui a le plus souffert de l‘horreur de la guerre (18 M de morts civiles soit près de 70% du total des pertes soviétiques, lesquelles représentent 14% du total = également la plus forte proportion –juifs exceptés-)


·         La 2nde GM provoqua un immense traumatisme car elle porta à son comble l’horreur des crimes de guerre : massacres de civils (Japonais, Allemands) , camps de concentration et surtout extermination systématique des juifs et des tziganes européens par les nazis. Dossier doc
Ce génocide si particulier porte un nom à part = holocauste/ Shoah (« catastrophe »)

Comment comprendre que des hommes ordinaires aient atteint un tel degré de barbarie ? => Invention d’un nouveau concept juridique = crime contre l’humanité, utilisé contre les dignitaires nazis lors du procès de Nuremberg (nov. 1945- oct 1946)


·         Le largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 Août 1945 prouva que la barbarie était également partagée entre les deux camps. (la phrase d’A. Camus qui sert de titre fait référence à la BA d’Hiroshima). Peu de voix s’élevèrent pour protester contre cet acte américain injustifié (le Japon était à genoux !) et les politiques us ne furent pas jugés pour crimes de guerre.
En revanche, tout le monde se rendait compte que l’humanité était rentrée dans une nouvelle ère, celle de l’atome, où quelques pays posséderaient les moyens techniques d’en rayer d’autres de la carte du monde.


B) Les bases d’une coopération future
·         Avant même la fin de la guerre, les 3 « grands » se rencontrent pour organiser le monde d’après la victoire. C’est l’objet des conférences de Téhéran (dec 43), Moscou (oct 44), mais surtt Yalta (fev 45) et Posdam (juillet août 45)
= Délimitation des futures frontières de l’Europe, décision sur le sort de l’Allemagne après la guerre, et surtt, partage des zones d’influence respectives entre les occidentaux et les soviétiques. Les pays libérés ne seront pas laissés à eux-mêmes. Les Alliés assumeront la charge de maintenir la paix intérieure. Pour ce faire = maintien le temps nécessaires d’une présence armée + aides humanitaires d’urgence + installation de gouvernements provisoires multipartites chargés d’organiser des élections libres.
MAIS En oct 44, conférence de Moscou entre les Russes et les Britanniques. Les Anglais acceptent de laisser la Pologne sous l’influence soviétique mais les Balkans font l’objet d’un étrange marchandage, relaté par Churchill dans les Mémoires :
« Réglons nos affaires des Balkans. Vos armées se trouvent en Roumanie et en Bulgarie. Nous avons des intérêts dans ces pays. Evitons de nous heurter pour es questions qui n’en valent pas la peine. En ce qui concerne la Grande –Bretagne et la Russie, que diriez-vous d’une prédominance à 90% en Roumanie pour vous, d’une prédominance de 90% en Grèce pour nous, et de l’égalité 50/50 en Yougoslavie ? (…) Staline prit son crayon bleu , y traça un gros trait en matière d’approbation et nous le rendit. »
Quelle que soit la véracité de cet extrait, il rend manifeste le fait que déjà à cette époque, les relations entre les membres de la Grande Alliance ne sont pas cordiales mais empreintes de suspicion et de marchandages. Cette alliance est de circonstances et ne peut qu’éclater après la guerre.

= Décisions de mise en place d’institutions mondiales qui organiseront et réglementeront le monde d’après guerre.
                        Le FMI (Fonds monétaire international) doit organiser le système monétaire mondial, faciliter l’expansion du commerce international, prêter des fonds aux Etats membres.
                        La BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) doit financer la reconstruction et aider les pays pauvres.
                        L’ONU (organisation des nations unies), créée à la Conférence de San Francisco le 25 avril 1945, avec l’adhésion de 51 pays.
Dossier doc
La charte des Nations-Unies, à laquelle doit adhérer tous les Etats membres, reprend les généreux principes de la charte de l’Atlantique (août 1941) = coopération internationale au niveau politique, économique, humanitaire, création et respect d’un droit international, droits de l’Homme, égalité des nations …
Mais
Le fonctionnement de l’ONU, s’il est rendu possible par l’existence du conseil de sécurité, est vicié dès l’origine car il n’est pas démocratique. Par leur présence de droit au sein du conseil de sécurité et par leur droit de veto, 5 nations dirigent en réalité l’ONU = EU, URSS, RU + Chine (à l’époque = Taiwan) et Fra.

Approfondissement = fiche ONU à distribuer et à lire

Bilan = contradictoire. Un nouveau monde se reconstruit sur les bases d’une vision généreuse de la coopération entre les nations mais, comme pour la carte de l’Europe qui fut redessinée au profit de l’URSS, les nouvelles institutions fonctionnent selon les vues américaines et au profit des vainqueurs.


C) Les germes des conflits futurs
Voir leçons suivantes
·         L’alliance de guerre américano-soviétique laisse place à la concurrence dès 1946. La situation de l’Europe de l’Est est l’occasion de la rupture.
Dans tous les territoires libérés par l’arme rouge en Europe de l’est, les partis communistes, forts du prestige de l’URSS, pays vainqueur du nazisme (Stalingrad), connaissent un essor considérable. Progressivement, les communistes éliminent toutes les autres composantes des gouvernements provisoires et s’emparent pacifiquement du pouvoir. Le principe négocié entre les alliés de créer les conditions de la démocratie en Europe n’a pas été respecté par les soviétiques.
Le 5 mars 1945, lors d’un discours à Fulton, Churchill dénonce l’expansion du communisme en Europe et déclare qu’un « rideau de fer » est descendu entre l’Europe orientale et occidentale. Début de la coupure de l’Europe en 2 parties antagonistes.
Tous ces Etats deviennent des «dDémocraties populaires » organisés sur le modèle soviétique. Pologne, Roumanie, Yougoslavie, Albanie => transition « en douceur ». Hongrie et Tchécoslovaquie = passage à la démocratie populaire nécessita une sorte de coup d’Etat = « coup de Prague » 1948.


·         Dans le reste du monde = colonies. La 2nde GM a accéléré la montée des sentiments nationalistes et indépendantistes. Pourquoi ?
<= les défaites rapides et brutales des pays européens ont achevé de prouver  qu’ils n’étaient pas invincibles. De plus, le contexte est favorable car les deux Grands, non européens, ne sont pas des puissances coloniales et prônent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Par l’intermédaire de l’ONU ou directement, ils poussent les pays européens à décoloniser.
<= la barbarie dont ont fait preuve les occidentaux, les mêmes qui, dans les colonies, justifient leur domination par leur prétention à apporter la civilisation, a fortement contribué à la ruine du prestige de l’occident. Les élites qui réclamaient l’assimilation et l’égalité des droits avant guerre veulent après guerre l’indépendance.
<= mais les pays européens veulent retrouver leur puissance et leur intransigeance, surtout française, va radicaliser les mouvements nationalistes. Malgré d’importants efforts éco. et humains consentis par les colonies pour aider leur métropole
                        2 millions d’Indiens mobilisés
les gvts anglais et fra ne consentent à aucune évolution ni au moindre assouplissement.
Le 8 mai 45, les troupes fra répriment dans le sang des manifestations nationalistes en Algérie = émeutes de Sétif
Dans les pays d’Asie, d’où ils avaient été chassés par leurs défaites devant les Japonais, les Français tentent de revenir comme si de rien n’était.

mardi 10 décembre 2019

1ere guerre mondiale : brutalisation. Un exercice d'analyse d'image


Sujet
Après avoir présenté les documents, expliquez  pourquoi et comment les civils sont affectés par le déroulement de la guerre puis montrez  les formes que prend, ici,  la propagande de guerre.







Correction 
Intro : (présentation des doc) Deux cartes postales françaises, datant de la 1ere guerre mondiale et qui font partie d’une série intitulée « graines de poilus », mettent en scène un petit garçon avec des attributs du soldat (képi, baïonette, gamelle). L’un, sur fond de village détruit, pisse dans un casque allemand, reconnaissable à la pointe ; l’autre joue à manger comme son soldat de père en s’écriant que « le lolo, ça vaut pas le rata ».
(objectif de l’étude) Dans les deux cas, la propagande passe par cet objet de la vie courante, qui sert quotidiennement aux familles pour se donner des nouvelles. Elles témoignent que les civils sont complètement affectés par la guerre en cours, au point qu’elle conditionne leur imaginaire.

(annonce de plan) Dans une première partie, nous montrons de quelle manière les civils en France (mais c’est pareil dans les autres pays) ont participé à l’effort de guerre et ont été affectés par elle.
La 1ere guerre mondiale est une guerre d’un type nouveau, que les historiens qualifient de « guerre totale ». Les pays en guerre se font totalement la guerre et mobilisent toute leur économie, entièrement transformée en économie de guerre, et toute leur population. Celle-ci est incitée par la propagande, mais aussi par la nécessité, à travailler au service de la guerre, soit en remplaçant au travail les hommes partis au front (voir les munitionnettes), soit en versant leur or dans les emprunts de guerre. On attend d’eux un enthousiasme patriotique total. Les enfants ne sont pas tenus à l’abri de la guerre : en classe, ils écrivent des lettres aux poilus, ils sont invités à imaginer des récits de guerre… Il n’est donc pas étonnant que des cartes postales mettent en scène des enfants, comme d’autres mettent en scène les femmes attendant leurs maris…
Ces cartes postales témoignent à leur manière de la brutalisation que subissent les civils. Ils sont affectés par la guerre, même s’ils ne la vivent pas au quotidien, encore que les belges et les habitants des départements du nord de la France subissent l’occupation allemande : ils connaissent les destructions, le travail forcé, les réquisitions et donc la pénurie et la faim, les exécutions arbitraires. La carte postale de droite, qui est plus violente (du fait du geste de l’enfant qui pisse dans le casque allemand) évoque surement cette situation : le village est détruit, l’enfant se venge comme il le peut. Même dans les zones non occupées, les civils vivent dans la peur des bombardements. Enfin, il y a les conséquences psychologiques liées à la mort de masse (9 millions de morts au total, tel est le bilan de la 1ere guerre mondiale) : les parents voient leurs garçons mourir, les orphelins se comptent par milliers, les vies sont brisées.
(annonce de plan) Pour tenir 4 ans de guerre dans ces conditions, il faut une motivation. C’est à quoi s’attachent les Etats et les services des armées : censure et propagande doivent permettre de maintenir une opinion publique soutenant la guerre.
D’un côté, les civils ne savent pas exactement l’enfer que vivent les soldats. Leurs lettres sont relues et censurées par l’armée. Il n’y a pas non plus d’informations libres. Les permissions des soldats ne sont pas très nombreuses, du moins au début de la guerre, et beaucoup étaient très vagues sur les combats pour ne pas affoler leurs familles. Comme cette guerre, industrielle, d’usure, était totalement nouvelle, les civils mettent du temps avant de comprendre ce qui se passe exactement. Ça commence à craquer en 1917, en France comme en Allemagne.
D’autre part, l’opinion publique est manipulée par une propagande, parfois très visible, comme dans certains communiqués de la presse « du bourrage de crâne » où l’on affirme par exemple que « les balles allemandes ne tuent pas ». Celle proposée par les deux cartes postales est plus insidieuse. Elle suggère que les enfants prendront la relève de leur père « ce sont des graines de poilus », de futurs poilus. D’une certaine manière, c’est dire que toute la population française fera la guerre jusqu’au bout, et sur plusieurs générations s’il le faut. Pour les soldats, c’est aussi un encouragement à tenir : ils se battent pour leur pays, certes, mais surtout pour défendre leurs terres (éviter la destruction) et leurs êtres aimés (leurs enfants). Comme souvent, la propagande insiste sur le fait de faire la guerre pour avoir la paix. Car on se bat pour des valeurs positives : les Français par exemple pensent se battre pour la démocratie contre un régime autoritaire et des allemands, assimilés à des « huns », des « boches » donc des barbares sanguinaires. L’ennemi est diabolisé. Sur la carte postale de gauche, plus ouvertement patriotique, il est aussi humilié, par la pisse d’un enfant sans défense. Les petits français sont patriotes et ne plieront jamais devant l’Allemagne. Ils sont meilleurs et plus braves que les Allemands. C’est ce que semble dire ce geste.
Conclusion : au final, en France, l’opinion publique a tenu, ce qui n’est pas le cas en Allemagne où l’agitation sociale et quelques défaites militaires poussent l’empereur Guillaume II à abdiquer après avoir demandé l’armistice. Mais la violence de ce qu’elle a subi explique l’esprit pacifique de toute une génération qui ne veut « plus jamais ça » et veut faire de la 1ere guerre mondiale la « der des ders ». Cela comptera en 1938 lors de la conférence de Munich quand la France et le Royaume-Uni accepteront l’inacceptable : le démantèlement de la Tchécoslovaquie par Hitler. C’est le prélude à la 2e guerre mondiale.

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