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lundi 13 janvier 2025

Léopold Lambert : L’ architecture, une arme coloniale en Palestine. 09/01...

Un post rapide et sans commentaire pour signaler (à partir de la minute 17) cette passionnante conférence sur les techniques de contrôle de l'espace et d'invisibilisation/destruction de la présence palestinienne en Israël.


Ce qui me fait penser à un plus vieux papier sur des processus similaires à l'œuvre à Beyrouth ou comment poursuivre la guerre en en détruisant les traces. Voici le lien pour télécharger depuis ma dropbox.

Comme quoi, il y a l'architecture et l'urbanisme colonial, mais plus globalement l'architecture et l'urbanisme de domination capitaliste. Une preuve de plus du lien consubstantiel entre capitalisme, colonialisme et ethnocide.

Il faudra que j'y revienne pour proposer quelque chose aux élèves, peut-être en tordant un peu le programme HGGSP de première sur les frontières ou de Terminale sur les constructions mémorielles.

lundi 20 mai 2024

JO : Londres 2012

 En lien, un dossier sur les JO : aspects généraux


Londres 2012 : les JO vitrine de la mondialisation ?

 (trouvé sur le site Géoconfluences)

Le slogan des jeux olympiques de Londres 2012 est : "the world in one city" (le monde dans une seule ville). Ce slogan, forgé pour la candidature au début des années 2000, fait référence au cosmopolitisme londonien : Londres est une "ville globale" (Saskia Sassen), c'est-à-dire l'une des quelques capitales de la mondialisation. A l'échelle locale, elle se caractérise par son multiculturalisme. Elle attire des populations venues du monde entier et de tout le Royaume-Uni. Et ce depuis longtemps, notamment du temps où elle était un poumon industriel de l'économie mondiale.

Le choix du site de Stratford et les aménagements qui y sont effectués témoignent de l'envers du slogan "the world in one city". Comme vous pouvez le voir sur la carte de Manuel Appert et sur les vues satellitaires, la voie ferrée sépare strictement le site olympique (anciennes friches industrielles) du Stratford habité. Ses habitants, issus des classes populaires ou moyennes, jouxteront le nouveau Stratford avec ses immeubles de standing, son centre commercial le plus grand du grand Londres, ses prouesses architecturales réalisés par des investisseurs du monde anciennement dominé par l'impériale Angleterre, comme Mittal (la tour enferrée de rouge, telle une post-tour Eiffel post-coloniale) ou la famille régnante du Qatar. Cette dernière finance la nouvelle tour Shard ("tesson"). Dessiné par Renzo Piano, d'usage mixte (résidentiel, professionnel, commerçant, de loisirs), elle vient d'être livrée : avec 310 mètres, c'est la plus haute tour d'Europe. Le monde du slogan est autant celui des richesses que des inégalités de la mondialisation. En ce sens, l'organisation des JO est le révélateur des formes contemporaines prises par la mondialisation de l'économie dont Londres était, au XVII° siècle déjà, l'un des coeurs battants.

 


Londres, métropole multiculturelle

Les cartes sont tirées de l' Atlas de Londres. Une métropole en perpétuelle mutation coécrit par Manuel Appert, Mark Bailoni, Delphine Papin, et publié aux éditions Autrement, en avril 2012.

 






Le paysage urbain en débat

Depuis 2001 plus d’une centaine de projets de tours ont été proposés. Ces projets entendent répondre à deux exigences : densifier la ville dans un contexte de développement durable et imprimer la marque de la mondialisation dans le paysage urbain. Ces projets ont déclenché de vives polémiques que la Greater London Authority n’a pas sues apaiser. Derrière ces polémiques, on retrouve un conflit entre une conception de la ville globale et une conception de la ville patrimoniale.

Manuel Appert explique en détail le débat à partir le cas de la tour Shard dans son article "Politique du skyline. Shard et le débat sur les tours à Londres", Métropolitique, 2011


 Les JO, vitrine et levier d'une capitale de la mondialisation

Le texte cité est de Manuel Appert, "Les JO 2012 à Londres : un grand événement alibi du renouvellement urbain à l'est de la capitale", Géoconfluence

À l’occasion des jeux olympiques, les édiles locaux veulent approfondir une vaste opération de renouvellement urbain. Cette opération « permet à l’État et à la municipalité de Londres de substituer à Stratford, banlieue industrielle en déclin de l’est londonien, un territoire plus compétitif dans le contexte de mondialisation et de métropolisation »

Il s’agit de « transformer physiquement un espace vaste et faiblement peuplé pour lui permettre de se conformer économiquement et socialement à celui d’une ville globale. Plus concrètement, est entendue la planification d’un ensemble de quartiers, dense, attractif et résolument tourné vers les acteurs internationaux de l’immobilier dans le contexte d’un désengagement financier des pouvoirs publics. »

Les aménagements prévus dans le cadres des jeux olympiques s’inscrivent dans un projet plus large entamé dans les années 2000 : le Grand Londres « Le programme de rénovation urbaine et d’équipement est ainsi relativement conforme aux autres opérations d’aménagement menées dans le Grand Londres depuis 2000. Depuis la publication du premier London Plan en 2004, la municipalité du Grand Londres a identifié des zones à réaménager en priorité : les opportunity areas. Ces espaces qui ont en commun un niveau élevé de précarité et/ou un niveau d’accessibilité important, doivent assurer (et/ou absorber) l’essentiel de la croissance de la ville durant les vingt prochaines années. Contrainte spatialement par une ceinture verte, Londres mise sur une croissance urbaine compacte, faiblement consommatrice d’espace et d’énergie. Le principe est alors de densifier ponctuellement les nœuds de réseaux de transports collectifs pour minimiser les déplacements motorisés (Appert, 2005 et 2009). »

Les jeux ont pour principal effet d’accélérer le processus de renouvellement notamment à Stratford, au prix parfois d’une gouvernance locale sacrifiée « Pour accélérer le processus de décision et structurer le renouvellement d’un vaste espace qui dépasse largement le seul district de Stratford, la mairie de Londres va devoir compter avec un État très présent, et tous deux dessaisiront partiellement les collectivités locales de leurs compétences d’aménagement. » 

 


site olympique 2003

site olympique 2010


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Le temps, Laurent Favre, août 2017, Edition électronique

Les JO de Londres, cinq ans après : du rêve à la dure réalité

Construit pour les Jeux olympiques de 2012, le stade olympique de Stratford accueille les Championnats du monde d’athlétisme, du 5 au 13 août prochains. L’occasion d’un bilan des JO, avec cinq ans de recul

Deux ans après Pékin et le retour au nid (d’oiseau), les Championnats du monde d’athlétisme vont se dérouler (du 5 au 13 août) dans le stade de Stratford, bâti pour les Jeux olympiques de Londres en 2012. N’y voyez aucun sentimentalisme, il s’agit simplement de rentabiliser les coûteuses infrastructures désormais en place. Paris (2003) et Berlin (2009) en avaient fait de même avec les stades construits ou rénovés pour la Coupe du monde de football.

Le 12 août 2012, lors de la cérémonie de clôture, le président du CIO d’alors, le Belge Jacques Rogge, avait qualifié les JO de Londres de «fabuleux», «extraordinaires», et n’avait pas craint de reprendre la formule préférée de son prédécesseur Juan Antonio Samaranch: «Les meilleurs Jeux jamais organisés». Qu’en reste-t-il avec cinq ans de recul?

■ Le bilan économique

L’organisation des Jeux a coûté 9 milliards de livres (12 milliards de francs avant la dévaluation de la livre sterling) aux contribuables britanniques. C’est plus du double de ce qui avait été annoncé. Très vite, le gouvernement a donc communiqué sur l’impact positif de l’opération et annoncé des recettes pour 9,9 milliards de livres. A moyen terme, le premier ministre David Cameron avait promis un objectif de 13 milliards de livres de retombées. Un rapport élaboré par un cabinet comptable parle même de 28 à 41 milliards de livres d’ici à 2020. Ces calculs sont contestés et difficilement vérifiables.

Mêmes avérées, ces retombées ne sont pas également réparties. Ainsi, la manne touristique (600 millions de livres supplémentaires enregistrées en 2012) a échappé aux commerçants locaux. Les trois millions de touristes attendus spécialement furent moins nombreux qu’espéré et se sont concentrés près des sites olympiques, dans des zones commerciales contrôlées par le CIO et ses partenaires. Les autres touristes ont préféré éviter Londres durant la période. Dans les commerces du centre et les traditionnelles attractions touristiques, les statistiques montrent des chiffres en baisse de 30%.

■ Le bilan social

«Inspirer une génération.» Plus qu’un slogan, c’était le vœu des organisateurs. Remettre la population au sport. Notamment les jeunes, de plus en plus touchés par l’obésité, un phénomène préoccupant en Grande-Bretagne. Malgré les exploits à répétition des athlètes britanniques (29 médailles d’or), aucun effet d’entraînement n’a été constaté. Le nombre de personnes de plus de 16 ans qui pratiquent une activité sportive au moins une fois par semaine a d’abord très légèrement augmenté puis est retombé à un niveau inférieur à celui de 2012. Les catégories socioprofessionnelles les plus défavorisées sont les moins enclines à faire du sport. Elles sont aussi les plus touchées par les coupes budgétaires dans les activités sportives locales.

Le soufflé est également vite retombé concernant l’ambiance. «Durant les Jeux, les gens commentaient les compétitions, se racontaient la cérémonie d’ouverture. Ils se parlaient même dans le métro, se souvient Lynne Grant, une habitante. Mais très vite, chacun a replongé la tête dans son journal.» Les étrangers, et notamment les Français, avaient été surpris de voir des musulmans à longue barbe ou des femmes portant le foulard œuvrer parmi les bénévoles, y compris à des postes clé ou exposés comme le contrôle de sécurité ou la remise de médailles. Ils participaient, dans le respect de leur identité. Le multiculturalisme à la britannique semblait donner de meilleurs résultats que le modèle d’intégration à la française. Les attentats terroristes à Londres en 2013, 2015 et surtout 2017 sont depuis venus réfuter cette chimère.

■ Le bilan urbanistique

Les coûts élevés avaient pour cause la volonté de réhabiliter l’East End de Londres. Lorsque l’on quitte la ville pour rejoindre l’aéroport de London City, on traverse aujourd’hui une zone qui n’est plus une friche industrielle contaminée mais pas encore un quartier à la mode. Beaucoup d’immeubles en construction, des plastiques à la place des vitres, attendent. Près de 6000 personnes habitent désormais dans l’ancien village olympique et 24 300 nouveaux logements sont attendus d’ici à 2031. Sont également prévus des antennes de l’University College London et du London College of Fashion, une salle de danse contemporaine, une annexe du Victoria & Albert Museum. Cette montée en grade programmée attise déjà les convoitises et fait grimper les prix de l’immobilier, un problème dans ce quartier populaire.

Les installations sportives avaient été conçues pour être très vite adaptables et utilisables à un coût raisonnable. Le parc de 150 hectares a été transformé en un lieu de promenade, la piscine et le vélodrome sont accessibles au public. Bien desservi par les transports publics, l’immense centre commercial de Westfield trouve gentiment son public.

En 2016, le club de football de West Ham a quitté Boleyn Ground et cent douze ans d’histoire pour s’installer au stade olympique. Le bail, signé en 2013 pour nonante-neuf ans, a été âprement négocié. Pour éviter le camouflet d’un stade sans club résident (comme le Maracaña de Rio, le Stade de France à Paris ou le Nid d’oiseau de Pékin), l’Etat a encore payé 257 des 272 millions de livres de travaux pour les frais d’aménagement (suppression d’un étage, couverture des gradins, déplacement des tribunes plus près de la pelouse).

■ Le bilan sportif

Au dernier jour des Jeux, le tableau des médailles sacrait les Etats-Unis (103 médailles, dont 46 en or), devant la Chine (88, 38), la Grande-Bretagne (65, 29) et la Russie (82, 24). Mais le bilan ne cesse d’évoluer au gré des révélations sur le dopage. A ce jour, 29 athlètes ont dû rendre leur médaille. Les échantillons prélevés durant les JO «parlent» a posteriori, tout comme les lanceurs d’alerte dénonçant le dopage d’Etat en Russie. Treize athlètes russes ont ainsi été déclassés. «Les JO d’été de Londres en 2012 ont été sabotés par le dopage russe», a écrit Owen Gibson, le chef du service sport du Guardian.

Et les autres? Pour le moment, excepté le sprinter américain Tyson Gay, aucun sportif «de l’Ouest» n’a été destitué. Des doutes planent sur l’athlétisme kényan et éthiopien, sur le sprint jamaïcain, sur l’haltérophilie dans son ensemble (déjà quatre médailles d’or retirées à l’équipe féminine du Kazakhstan). Et les Britanniques, qui ont battu tous leurs records? Les cyclistes et le coureur de fond Mo Farrah ont été cités depuis 2012 dans des affaires de dopage, sans accusation directe ni preuve pour le moment.

■ Le bilan olympique

Londres a marqué l’histoire olympique de trois manières. D’abord en faisant exploser les codes des cérémonies d’ouverture et de clôture, confiées au réalisateur Danny Boyle, qui y a introduit de l’humour (la Reine en duo avec James Bond) et beaucoup de musique (la cérémonie de clôture ressemblait davantage à un vaste concert). Ensuite en portant à un degré de perfection jamais atteint jusque-là l’utilisation des sites historiques de la ville. Les triathlètes ont couru dans Hyde Park, les nageurs longue distance ont plongé dans The Serpentine. Le contre-la-montre cycliste s’est achevé au pied de Hampton Court, le 50 km marche devant les grilles de Buckingham. Ne cherchez pas où Paris 2024 a trouvé l’idée du beach-volley sous la Tour Eiffel.

Enfin, Londres 2012 a définitivement installé les paralympiques dans le programme olympique. Programmés quelques semaines plus tard, ces Jeux pour personnes handicapées ont battu des records: 2,42 millions de tickets vendus (sur 2,5 millions disponibles), des retransmissions quotidiennes (500 heures de direct en Grande Bretagne) et des piques d’audience historiques (11,2 millions de personnes au Royaume-Uni pour la cérémonie d’ouverture). Rio 2016, tenté pour raisons financières de brader l’événement, a été obligé de suivre.

■ Le bilan politique

Quatre ans après avoir accueilli le monde, le Royaume-Uni s’est renfermé sur lui-même en votant la sortie de l’Union européenne en juin 2016. Le Brexit a coûté son poste au premier ministre David Cameron, qui n’aura donc pas profité longtemps de l’effet JO. Devenu même l’une des personnalités les plus détestées du Royaume-Uni, il s’est retiré de la vie politique en septembre 2016. Quant à Boris Johnson - l’ancien maire de Londres omniprésent au moment des Jeux -, il s’est abstenu de briguer le 10, Downing Street après avoir ardemment soutenu le Brexit. Il a toutefois été nommé Ministre des affaires étrangères du gouvernement de Theresa May. 

Le président du Comité d’organisation des Jeux, Sebastian Coe a, lui, très vite rebondi. Le double champion olympique du 1500 mètres (1980, 1984) a été élu le 19 août 2015 président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), avec 115 voix contre 92 à Sergueï Bubka. Il dut rapidement faire face à divers scandales (athlétisme russe, corruption de l’ancien président Lamine Diack) et tente toujours de redonner une crédibilité à l’athlétisme mondial. De retour à Stratford pour les Championnats du monde d’athlétisme, il a déjà prévenu qu’il ne pouvait «pas garantir des compétitions sans dopage».

 

 


















Le site olympique vu du ciel en 2003


 


 

détail de la construction du site olympique 2010 ©G

 

 

 Légende de la galerie-diaporama ci dessous

Photo 3 : Tour d'observation Arcelor Mittal Orbit dans le site olympique de Stratford, été 2011.

Photo 4 : Nouvelles tours de logements de standing sur la grand rue de Stratford, hiver 2012

 


dimanche 19 mai 2024

Discours d'entrée en campagne de Biden contre Trump

 Dans la série des thématiques des cours consacrés à la Démocratie en Première SPé HGGSP, il y a le danger de l'illibéralisme et les dérives internes aux régimes considérés comme démocratiques. J'ai cette année effectué avec les élèves une analyse de texte d'un discours de Joe Biden, pour approfondir la méthode de l'analyse critique de texte.

Voici le discours, largement caviardé pour permettre une analyse linéaire (mettre en évidence les thématiques, la structure interne du texte et sa logique, expliquer les allusions et les présupposés) dans une durée raisonnable (une séance de 2 H)


                         7 JANVIER 2024 • L’ENTRÉE EN CAMPAGNE DE JOE BIDEN

L’élection américaine de 2024 a déjà commencé. Au centre de la campagne, il y aura une question vertigineuse : de quel côté se situe la démocratie ? Dans son premier discours fleuve, Joe Biden expose ce qui sera le cœur de sa stratégie : face à Trump, il est le vrai défenseur de l’Amérique et de la démocratie.. source : LE GRAND CONTINENT


Présentation : Trois ans après l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, Joe Biden a prononcé hier un discours fleuve marquant l’ouverture de sa campagne de réélection non loin de Valley Forge, en Pennsylvanie, haut-lieu de la guerre d’indépendance. C’est à cet endroit précis que George Washington, au cours de l’hiver 1777-1778, décida de stationner ses troupes, épuisées par la campagne, rongées par le froid, la faim, la maladie. Quelques mois plus tôt, le Congrès fuyait Philadelphie, à quelques dizaines de kilomètres, où fut signée la Déclaration d’Indépendance en 1776.

Cet exercice n’est pas anodin. Alors que le mandat de Joe Biden présente un bilan économique globalement favorable — ce qui, d’ordinaire, pourrait suffire à rallier la majorité des électeurs —, les sondages semblent majoritairement indiquer, à dix mois des élections, que Trump a le plus de chances de l’emporter. La majorité républicaine de la Chambre contribue quant à elle à faire de l’immigration l’un des principaux sujets qui détermineront la campagne, alors que la position de Biden sur le sujet est largement critiquée par les électeurs républicains — et de plus en plus dans les rangs des Démocrates. Les réussites du mandat de Biden en matière d’infrastructures, de création d’emplois ou de transition énergétique devraient quant à elles occuper une place secondaire pour une grande partie d’électeurs.

Contrairement à ses précédents discours des 6 janvier 2022 et 2023, Joe Biden a décidé cette année d’adopter une posture beaucoup plus agressive vis-à-vis de Donald Trump. Ce dernier, qui devrait certainement être investi par le Parti républicain, est présenté comme le plus grand danger qui pèse sur l’essence même des États-Unis : la démocratie, mentionnée à 27 reprises dans le discours. « Le choix est clair. La campagne de Donald Trump est centrée sur lui, pas sur l’Amérique, pas sur vous. La campagne de Donald Trump est obsédée par le passé, pas par l’avenir. Il est prêt à sacrifier notre démocratie pour prendre le pouvoir. » 

Après avoir auparavant mobilisé Abraham Lincoln ou Franklin Delano Roosevelt, Biden a choisi de se rattacher à la figure de George Washington pour lancer sa campagne présidentielle. Bien que peu apprécié par les Démocrates, raviver la mémoire du premier président américain offre un argument de choix pour s’attaquer à la candidature de Donald Trump. Tandis que Washington annonça dans sa Farewell Address du 19 septembre 1796 ne pas briguer un troisième mandat, Donald Trump encouragea la foule à entraver le transfert pacifique du pouvoir le 6 janvier 2021, accomplissant ainsi ce contre quoi George Washington mettait en garde lui-même 225 ans auparavant.

 

 

Biden à la tribune, janvier 2023

Le sujet de mon discours aujourd’hui est extrêmement sérieux, et c’est pour cela qu’il doit être prononcé dès le début de cette campagne. Durant l’hiver 1777, l’armée continentale marchait vers Valley Forge dans un froid intense. Le général George Washington savait qu’il était confronté à la tâche la plus ardue qui soit : mener et gagner une guerre contre l’empire le plus puissant du monde à l’époque. Sa mission était claire. La liberté, pas la conquête. La liberté, pas la domination. L’indépendance nationale, pas la gloire individuelle. L’Amérique a fait un vœu. Plus jamais nous ne nous inclinerions devant un roi. 

(…) Aujourd’hui, nous sommes ici pour répondre à la plus importante des questions. La démocratie est-elle toujours la cause sacrée de l’Amérique ? Je ne plaisante pas. Ce n’est pas une question rhétorique, académique ou hypothétique. La question de savoir si la démocratie est toujours la cause sacrée de l’Amérique est la question la plus urgente de notre époque, et c’est l’enjeu de l’élection de 2024.

Le choix est clair. La campagne de Donald Trump est centrée sur lui, pas sur l’Amérique, pas sur vous. La campagne de Donald Trump est obsédée par le passé, pas par l’avenir. Il est prêt à sacrifier notre démocratie pour prendre le pouvoir. (…) Il y a trois ans demain, nous avons vu de nos propres yeux la foule violente prendre d’assaut le Capitole des États-Unis. Lorsque vous avez allumé votre télévision et découvert ces images, vous avez eu du mal à y croire. Pour la première fois de notre histoire, des insurgés étaient venus empêcher le transfert pacifique du pouvoir en Amérique en brisant des vitres, en fracassant des portes, en attaquant la police. (…) Plus de 140 policiers ont été blessés. Jill et moi avons assisté aux funérailles des policiers décédés à la suite des événements de ce jour-là. C’est à cause des mensonges de Donald Trump qu’ils sont morts ; parce que ces mensonges ont poussé la foule vers Washington. Il avait promis que ce serait « sauvage », et ça l’a été. Il a dit à la foule de « se battre comme l’enfer », et l’enfer s’est déchaîné. 

(…) La nation entière a regardé avec horreur. Le monde entier a regardé avec incrédulité. Et Trump n’a rien fait. Les membres de son équipe, les membres de sa famille, les dirigeants républicains qui étaient attaqués — à ce moment précis — ont plaidé en sa faveur : « Agissez. Rappelez la foule ». Imaginez s’il était sorti et avait dit « Arrêtez ». Et pourtant, Trump n’a rien fait. C’est l’un des pires manquements au devoir de la part d’un président dans l’histoire des États-Unis : une tentative de renverser une élection libre et équitable par la force et la violence.

Un nombre record de 81 millions de personnes ont voté pour ma candidature et pour mettre fin à sa présidence. Trump a perdu le vote populaire de 7 millions de voix. Les affirmations de Trump concernant l’élection de 2020 n’ont jamais pu être défendues devant un tribunal. Trump a perdu 60 affaires judiciaires — 60. Trump a perdu les États contrôlés par les républicains. Trump a perdu devant un juge nommé par Trump — puis devant d’autres juges. Et Trump a perdu devant la Cour suprême des États-Unis. Il a perdu sur toute la ligne.

(…) M. Trump a épuisé toutes les voies légales à sa disposition pour renverser l’élection. Mais la voie juridique n’a fait que ramener Trump à la vérité, à savoir que j’avais gagné l’élection et qu’il était un perdant. Eh bien, sachant comment son esprit fonctionne maintenant, il ne lui restait qu’un acte — un acte désespéré — à sa disposition : la violence du 6 janvier.  Depuis ce jour, plus de 1 200 personnes ont été inculpées pour avoir attaqué le Capitole. Près de 900 d’entre elles ont été condamnées ou ont plaidé coupable. Collectivement, à ce jour, elles ont été condamnées à plus de 840 ans de prison. Et qu’a fait Trump ? Au lieu de les appeler « criminels », il a appelé ces insurgés « patriotes ». Ce sont des « patriotes ». Et il a promis de les gracier s’il revenait au pouvoir.  (…) En essayant de réécrire les faits du 6 janvier, M. Trump tente de voler l’histoire de la même manière qu’il a essayé de voler l’élection.

Le 28 octobre 2022, le mari de l’ancienne speaker démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a été attaqué à son domicile par David DePape, un extrémiste armé d’un marteau adepte de théories conspirationnistes qui cherchait ce jour-là à enlever Nancy Pelosi. Cette attaque d’une violence rare dirigée contre un homme âgé de 82 ans qui n’était alors qu’une « victime collatérale » de DePape a fait l’objet de moqueries par Donald Trump lors d’un meeting fin septembre. Après avoir demandé sur un ton sarcastique « comment se portait le mari de Nancy Pelosi » devant un public hilare, l’ancien président ajoutait : « elle s’oppose à la construction d’un mur à notre frontière, alors qu’elle a un mur autour de sa maison — qui n’a manifestement pas fait du très bon travail ». 

L’attaque de Trump contre la démocratie ne fait pas seulement partie de son passé. C’est ce qu’il promet pour l’avenir. Il est direct. Il ne cache pas son jeu. (…) Il a ajouté qu’il serait un dictateur dès le premier jour. Il a appelé cela, et je cite, la « suppression de toutes les règles, de tous les règlements et de tous les articles, même ceux qui se trouvent dans la Constitution des États-Unis », si c’est sa volonté. (…) Avec d’anciens collaborateurs, Trump prévoit d’invoquer l’Insurrectionist Act — ce qu’il n’est pas autorisé à faire dans des circonstances ordinaires —, qui lui permettrait de déployer des forces militaires américaines dans les rues de l’Amérique. Il l’a dit.

Il qualifie de « vermine » ceux qui s’opposent à lui. Il parle du sang des Américains comme étant empoisonné, reprenant le même langage que celui utilisé dans l’Allemagne nazie. Les propos tenus par Trump le 11 novembre dernier lors du Veterans Day, un jour férié commémorant les sacrifices des anciens combattants américains, ont fait couler beaucoup d’encre dans les journaux et diverses publications en raison de leur proximité avec les discours tenus par Adolf Hitler ou Benito Mussolini. Devant des militants tenant des affiches sur lesquelles était inscrit « la paix à travers la force », Donald Trump a comparé « les communistes, les marxistes, les fascistes et les voyous de la gauche radicale » à des « vermines », avant d’accuser les immigrants « d’empoisonner le sang de notre pays ». (…)

[…]. Lorsque l’attentat du 6 janvier s’est produit, la vérité n’a fait aucun doute. À l’époque, même les membres républicains du Congrès et les commentateurs de Fox News ont condamné publiquement et en privé l’attentat. Comme l’a dit un sénateur républicain, « le comportement de Trump était embarrassant et humiliant pour le pays ». Mais aujourd’hui, ce même sénateur et ces mêmes personnes ont changé de discours. Au fil du temps, la politique, la peur, l’argent sont intervenus. Et maintenant, ces voix de partisans MAGA (make America great again) qui connaissent la vérité sur Trump le 6 janvier ont abandonné la vérité et la démocratie.

Le 6 janvier 2021 a longtemps conduit à penser qu’une partie importante des dirigeants et des électeurs du Parti républicain allaient se détourner de Donald Trump en raison du rôle joué par celui-ci lors de l’insurrection. Trois ans jour pour jour après les faits, il apparaît que seule une minorité du GOP (Grand old party = le parti républicain) a emprunté ce chemin. Selon la recension du site FiveThirtyEight, 162 élus et responsables républicains ont à ce jour publiquement annoncé leur soutien à Donald Trump, contre seulement 18 pour Ron DeSantis (son adversaire au sein du parti républicain). Mercredi 3 janvier 2024, le chef de la majorité républicaine à la Chambre, Tom Emmer, a annoncé qu’il voterait pour Donald Trump en 2024, tandis que ce dernier le qualifiait quelques mois plus tôt de « Globalist RINO [Republican In Name Only] » : un Républicain considéré déloyal envers le Parti. Ils ont fait leur choix. Maintenant, le reste d’entre nous — Démocrates, indépendants, Républicains traditionnels — doit faire son choix.

(…) Sans démocratie, aucun progrès n’est possible. Pensez-y. L’alternative à la démocratie est la dictature — la règle d’un seul, pas la règle de « Nous, le peuple ». C’est ce qu’avaient compris les soldats de Valley Forge, c’est ce que nous devons également comprendre. Nous avons eu la chance de bénéficier pendant si longtemps d’une démocratie forte et stable. Il est facile d’oublier pourquoi tant de personnes avant nous ont risqué leur vie pour renforcer la démocratie, et ce que serait notre vie sans elle.

La démocratie, c’est la liberté de dire ce que l’on pense, d’être qui l’on est, d’être qui l’on veut être. La démocratie, c’est la possibilité d’apporter des changements pacifiques. La démocratie, c’est la façon dont nous avons ouvert les portes de l’opportunité de plus en plus largement à chaque génération successive, et ce malgré nos erreurs. Mais si la démocratie disparaît, nous perdrons cette liberté. Nous perdrons le pouvoir de « nous, le peuple » de façonner notre destin.

Si vous doutez de moi, regardez autour de vous. Voyagez avec moi lors de mes rencontres avec d’autres chefs d’État dans le monde entier. Regardez les dirigeants autoritaires et les dictateurs que Trump dit admirer — il dit tout haut qu’il les admire. Je ne vais pas tous les citer. Ce serait trop long. (…) Et regardez ce que ces autocrates font pour limiter la liberté dans leurs pays. Ils limitent la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté de réunion, les droits des femmes, les droits des personnes LGBTQ, les gens vont en prison…

(…) Il ne peut y avoir de compétition si l’on considère la politique comme une guerre totale plutôt que comme un moyen pacifique de résoudre nos différends. La guerre totale, c’est ce que veut Trump.

C’est pourquoi il ne comprend pas la vérité la plus fondamentale sur ce pays. Contrairement à d’autres nations sur Terre, l’Amérique n’est pas fondée sur l’ethnicité, la religion ou la géographie. Nous sommes la seule nation dans l’histoire du monde construite sur une idée : « Nous tenons ces vérités pour évidentes, que tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux ». C’est une idée énoncée dans la Déclaration, créée de manière à ce que nous considérions que tout le monde est égal et doit être traité de la même manière tout au long de sa vie.

Nous n’avons jamais été à la hauteur de cette idée. Nous avons encore un long chemin à parcourir. Mais nous n’avons jamais renoncé à cette idée. Nous ne l’avons jamais abandonnée auparavant. Je vous promets que je ne laisserai pas Donald Trump et les Républicains MAGA nous forcer à nous éloigner maintenant.

(…) Permettez-moi de conclure par ceci. […] En Amérique, les vrais dirigeants — les dirigeants démocratiques — ne s’accrochent pas au pouvoir sans relâche. Nos dirigeants rendent le pouvoir au peuple. Et ils le font de leur plein gré, car c’est ainsi que les choses se passent. (…) je refuse de croire qu’en 2024, les Américains choisiront de renoncer à ce qui a fait d’eux la plus grande nation de l’histoire du monde : la liberté. La démocratie est toujours une cause sacrée. Et aucun pays au monde n’est mieux placé que l’Amérique pour mener le monde.  (…) Que Dieu vous bénisse tous. Et que Dieu protège nos troupes.

Je vous remercie.


mercredi 22 novembre 2023

Colonisation et migration

 Le cours de François Héran au Collège de France de cette année (2023-24)  est parfait pour les professeurs qui voudraient actualiser leurs données (nombreux doc) et leurs problématiques de leur cours de 1ere Tronc commun sur la colonisation et l'empire colonial.



mardi 21 novembre 2023

Alexandre le grand

 Carte mentale à partir de la vidéo de l'émission de P. Boucheron, Quand l'Histoire fait date.





Cette séance peut se faire en début d'année de seconde, dans l'objectif de familiariser les élèves à la méthodologie de la prise de notes et pour présenter la méditerranée antique (hors programme) ou en 1ere, en exercice sur la notion d'empire (thème de la puissance)

jeudi 16 novembre 2023

L'indépendance de la Grèce

Dans le cadre du cours de 1ere HGGSP sur le thème de la Puissance, je fais un chapitre consacré aux Etats et à leur forme de domination et d'expansion (titre Empire et Hégémonie cf l'activité qui introduit la notion d'hégémonie). Après une première partie sur les empires qui se termine par l'étude du jalon sur l'empire ottoman, une 2e partie est consacrée à la forme des Etats-Nation. Elle débute par l'étude de cas de la Grèce des années 1820-1830. Puisqu'il ne faut pas empiéter sur le programme du tronc commun (PPO la liberté de la Grèce), on passe très vite sur le courant philhellène qui constitue une opinion publique en Europe de l'Ouest favorable à l'intervention aux côtés des Grecs révoltés contre les Ottomans, on fait une analyse du tableau de Delacroix , scènes de massacre de Scio, pour en montrer les procédès visant à créer du pathétique, 



puis et surtout, on analyse le texte suivant :

    L'insurrection qui va conduire la Grèce à l'indépendance débute le 25 mars 1821, après 400 ans de domination ottomane. Un premier congrès national est réuni à Épidaure pour rédiger une Constitution (1/13 janvier 1822). Il adopte également un Acte d'indépendance pour expliquer les raisons du soulèvement et les difficultés du pays.
Source : La traduction a été publiée par Dufau dans le supplément à la collection des constitutions, chez Pichon et Didier, 1830.

Déclararation d'indépendance de la Grèce. 

Donné à  Épidaure, le 15 (27) janvier 1822, et l'an 1er de l'indépendance.

signé : Alexandre Mavrocordato, président du Congrès. 

La nation grecque prend le ciel et la terre à témoin que, malgré le joug affreux des Ottomans qui la menaçait d'une ruine entière, elle existe encore. Pressée par les mesures aussi iniques que destructives que ces tyrans féroces, après avoir violé leurs capitulations ainsi que tout esprit d'équité, rendaient de plus en plus oppressives, et qui ne tendaient à rien moins qu'à l'anéantissement du peuple soumis, elle s'est trouvée dans la nécessité absolue de courir aux armes pour mettre à l'abri sa propre conservation. Après avoir repoussé la violence par le seul courage de ses enfants, elle déclare aujourd'hui devant Dieu et devant les hommes, par l'organe de ses représentants légitimes réunis dans le congrès national, convoqué par le peuple, son indépendance politique.

Descendants d'une nation distinguée par ses lumières et pas la douce civilisation, vivant à une époque où cette même civilisation répand, avec une profusion vivifiante, ses bienfaits dur les autres peuples de l'Europe, et ayant sans cesse le spectacle du bonheur dont les peuples jouissent sous l'égide protectrice de la loi, les Grecs pouvaient-ils rester plus longtemps dans un état aussi affreux qu'ignominieux, et voir avec apathie le bonheur qu'ils sentaient que la nature a également réservé à tous les hommes ! Des motifs si puissants et si justes ne pouvaient sans doute que presser le moment du réveil, où la nation, pleine de ses souvenirs et de son indignation, devait réunir ses forces pour revendiquer ses droits et venger la patrie d'une tyrannie dont rien n'égale l'horreur.

Telles sont les causes de la guerre que nous avons été forcés d'entreprendre contre les Turcs. Loin d'être fondée sur des principes de démagogie et de rébellion, loin d'avoir pour motifs les intérêts particuliers de quelques individus, cette guerre est une entreprise nationale et sacrée ; elle n'a pour but que la restauration de la nation et sa réintégration dans les droits de propriété, d'honneur et de vie ; droits qui sont le partage des peuples policés nos voisins, mais qui étaient arrachés aux Grecs par une puissance spoliatrice.
Des clameurs publiques, peu dignes d'hommes nés libres et élevés au sein de l'Europe chrétienne et civilisée, dirigées contre notre cause, sont parvenues jusqu'à nous. Mais quoi ! les Grecs seuls, de toutes les nations européennes, devraient-ils être exclus comme indignes de ces droits que Dieu a établis pour tous les hommes ? ou bien étaient-ils condamnés par leur nature, à un esclavage éternel qui perpétuait chez eux la spoliation, les violences et les massacres ? Enfin la force brutale de quelques hordes barbares qui, sans être jamais provoquées, vinrent, précédées du carnage et suivies de l'esprit de destruction, s'établir au milieu de nous, pouvait-elle jamais être légalisée par le droit des gens de l'Europe ? Les Grecs, sans l'avoir jamais reconnue, n'ont jamais cessé de la repousser par les armes, toutes les fois qu'une espérance ou des circonstances favorables se sont présentées.

Partant de ces principes et sûrs de nos droits, nous ne voulons, nous ne réclamons que notre rétablissement dans l'association européenne où notre religion, nos moeurs et notre position nous appellent à nous réunir à la grande famille des chrétiens et à reprendre, parmi les nations, le rang qu'une force usurpatrice nous a ravi injustement. C'est dans cette intention aussi pure que sincère que nous avons entrepris cette guerre, ou plutôt que nous avons concentré les guerres particulières que la tyrannie musulmane a fait éclater sur les diverses provinces et sur nos îles, et nous marchons d'un commun accord à notre délivrance, avec la ferme résolution de l'obtenir ou d'ensevelir enfin à jamais nos malheurs sous une grande ruine digne de notre origine qui, dans ces calamités, ne fait que peser davantage sur nos coeurs.

[...]


 Deux axes d'analyse sont donnés aux élèves 

1) Quelles sont les justifications de la révolte apportées par ce texte ? Autrement dit comment la domination ottomane est-elle qualifiée ?

2) Relever toutes les occurrences du mot "nation" et le champ lexical qui lui est associé. Comment peut-on distinguer "nation", "peuple", "patrie" ? Quelles sont, dans ce texte, les fondements de la nation grecque ?

dimanche 30 juillet 2023

Frontières, les cours de Didier Fassin au Collège de France

 la vidéo de la leçon introductive est accessible ici

Leçon 1

les 50 premières minutes sont consacrées à trois récits, récits fictifs mais inspirés par l'expérience de Didier Fassin résultant de 5 années d'enquête de terrain auprès des migrants/exilés/réfugiés. Ces récits sont simplifiés pour être exemplaires : une famille de migrants/exilés/réfugiés afghans qui traversent les Alpes depuis l'Italie, un groupe de maraudeurs qui cherche à venir en aide aux migrants et une patrouille de policiers surveillant la frontière. Dans ces récits, dit-il il est une protagoniste omniprésente et invisible : c'est la frontière "car elle n'est pas une simple ligne tracée sur une carte elle a une vie propre elle se meut et qu'elle soit montagneuse comme ici, ou maritime ou désertique comme ailleurs, elle violente, elle blesse, elle tue. C'est pourquoi c'est par ces géographies que je débuterai la prochaine séance".

R) le vocabulaire utilisé pour désigné le groupe des migrants change selon le point de vue. Le gouvernement français parle de migrants, eux-mêmes se nomment réfugiés et les humanitaires insistent sur le vocable d'exilés pour insister sur le caractère subi de la migration.

Sur ce sujet, une parfaite neutralité est illusoire et même pas souhaitable car la question de la frontière, en ce moment, pose des questions morales avec des enjeux politiques. Dans cette première leçon, Didier Fassin fait le point sur "d'où il parle".

 

Leçon 2

Etienne Balibar, Qu'est-ce qu'une frontière ?, 1997 (publication  et notes ) : il n'est pas possible de donner une def univoque de la frontière. C'est une notion complexe.

Les 5 dimensions de la frontière :

- une ligne déterminant la souveraineté sur un territoire. On ne peut donc la franchir qu'avec une autorisation. Il y a donc contrôle à la frontière.

Pourtant, dans le cas de la France, du fait de Schengen, il ne devrait plus y avoir de contrôle à la frontière : le traité créant l'espace Schengen, signé et par la France et l'Italie, ne prévoit que des dérogations temporaires (c'est la clause de sauvegarde) pour une durée allant de 10 jours à 6 mois si  accord des autres Etats membres, et ce en cas de menace grave pour la sécurité intérieure. Cette clause de sauvegarde a néanmoins été utilisée par la France à de nombreuses reprises, en 1995 ( éventualité de la circulation de stupéfiants depuis les Pays-Bas), en 1999 (pour s'opposer à la venue d'Italiens désireux de venir manifester à Paris dans un mouvement de soutien aux sans-papiers), en 2011 (pour empêcher des Tunisiens migrants d'entrer sur le sol français). Depuis 2015, arguant du danger terroriste, la France renouvelle tous les 6 mois cette dérogation. A la frontière italienne, particulièrement étudiée par Didier Fassin, la frontière intérieure est rétablie de facto et militarisée : actuellement 230 membres des forces de l'ordre gardent cette frontière alpine. A se demander si Schengen, contrairement à sa promesse d'un monde ouvert, ne sert pas uniquement à supprimer les contrôle sur les échanges de marchandises qui ralentissent le marché unique européen. Si bcp peuvent continuer à franchir cette frontière sans qu'on ne vérifie leur identité, sur la bonne foi de leur visage, de leur voiture, de la présomption qu'ils sont touristes, d'autres ne peuvent le faire qu'en s'aventurant dans la montagne à leurs risques et périls => la frontière est raciale : elle discrimine en fonction de l'origine. R) "Frontières raciales", c'est l'intitulé du colloque qui a accompagné cette première saison de cours.

- la frontière est aussi une zone = celle dans laquelle les contrôles peuvent être effectués. La loi fixe l'épaisseur de cette zone à 20 km au-delà et en-deçà de la ligne frontalière. Ce fut ajouté au code de procédure pénale dès 1993 donc "au moment où la vérification fixe et systématique devait être supprimée sur la ligne-frontière, le gouvernement instaurait un contrôle mobile et aléatoire dans la zone-frontière"  (Sara Casella Colombeau), ce pour quoi le gouvernement français fut par deux fois condamné par la Cour de Justice de l'Union Européenne qui considéra par deux arrêts en 2010 que la nouvelle procédure de contrôle  ne changeait pas fondamentalement la nature du contrôle aux frontières ce qui contrevenait donc aux dispositions de Schengen.

L'exemple de la surveillance des frontières française montre donc que paradoxalement, Schengen a renforcé les contrôles des frontières françaises avec deux dispositifs, l'un fixe, par dérogation, sur la ligne-frontière et l'autre mobile, par extension, dans la zone-frontière.

R) les frontières-point aux aéroports (et autour avec une auréole de 10 km) ont essaimé la frontière sur tout le territoire.


- la frontière est aussi une présence incorporée pour les exilés qui vivent constamment sous la menace d'un contrôle d'identité. "La frontière est cette chose que les exilés portent en eux", même quand ils ne sont pas dans les zones où les contrôles d'identité sont possibles. Pour eux, la probabilité du contrôle de police est constante et élevée. En plus du contrôle policier qui rappelle toujours la frontière (par la procédure de l'expulsion), les institutions mêmes du pays d'accueil opèrent ce rappel incessant de la frontière.


samedi 13 mai 2023

Les premiers temps de l'Islam

Pour le cours de 1ere SPE HGGSP consacré au thème "Etat et religion", j'ai accumulé quelques fiches de notes sur l'Islam et le monde musulman médiéval, en me basant essentiellement sur le Coran des Historiens et des heures de conférences spécialisées que l'on peut trouver sur Youtube : ici  ( Dye le Coran et le problème synoptique et quelques questions sur les contextes du Coran ), ici (Amir-Moezzi évolution depuis les origines) ici (la leçon inaugurale de François Deroche au Collège de France) ou ici (Les Almohades), ici (le Coran des Pierres) par exemple.

Je partage par ce post mon plan de cours et les photos de mes notes, en espérant qu'elles pourront servir.

Lien vers une timeline que j'ai créée sur Genialy

Axe 2 : Pouvoirs politiques et pouvoirs religieux autour de la Méditerranée au Moyen Age 

I) Le Basileus et le Patriarche  III) L'occident entre Restauration impériale carolingienne et Réforme grégorienne

II) La question du pouvoir politique dans l'Islam des origines

1) Question complexe car :

- Muhammad annonce la fin des temps : L'Heure est imminente. Donc il n'y a pas de nécessité de penser un royaume musulman installé dans la durée. (encore qu'on trouve dans les Hadiths officiels une annonce de la succession des régimes jusqu'à la fin des temps : prophétie, califat selon la voie prophétique / "bien guidé", la royauté mordante / succession , la royauté imposée, retour du califat sur la voie prophétique)

- Muhammad ne prévoit pas de règles de succession => 3 siècles de guerres civiles (fitna) et de conflits de succession (ce point a été abordé lors des exposés)

- Muhammad ne vit pas l'expansion de l'Islam hors d'Arabie, la conquête de territoires étendus et la question de la conversion, ou pas (pour les Chrétiens et les Juifs), des populations à l'Islam. Cela a deux conséquences : Tout d'abord, la fin des temps se fait attendre et il faut s'adapter à la durée donc effacement autant que faire se peut des aspects eschatologiques. De plus, Muhammad s'inscrit nettement dans la tradition juive et chrétienne (Jesus Messie, mais pas fils de Dieu d'où le fait qu'il est appelé dans le Coran comme "fils de Marie") donc pas tant de différences que cela avec les communautés religieuses de l'empire byzantin.

R) cela pose le problème des temps de rédaction de la Sunna.

 








2) Il a donc fallu s'adapter = c'est ce que font les califes du 1er siècle de l'hégire et les premiers Omeyyades.

- L'influence byzantine

se mesure par le personnel de l'empire omeyyade qui reste en place et ne se convertit pas (dans un premier temps)

R) Cela explique en partie la facilité de l'imposition du pouvoir arabo-musulman sur ces territoires : l'empire sassanide était en phase de profonde décomposition. L'empire byzantin était affaibli par sa guerre contre l'empire sassanide, mais surtout les élites acceptent facilement la domination musulmane car elle en tire profit (autre exemple, le retour des Juifs à Jérusalem)

se voit par quelques signes extérieurs : cf le programme décoratif et iconographiques des palais du désert...

- l'islamisation de l'empire à partir d'Abd-el-Malik

Titre de calife et utilisation du mot "islam" pour désigner les croyants / Monnaie avec le texte de la sourate 112 


/ Dôme du rocher de Jérusalem

La version définitive du Coran est fixée (Coran attribué à Othman) et largement diffusée : le projet est d'accentuer les caractères propres de l'Islam pour le distinguer du judéo-christianisme + diluer les aspects apocalyptiques sans les renier : "En inscrivant sa profession de foi au cœur d’un complexe monumental qui préfigure l’apocalypse, ‘Abd al-Malik s’affirme comme le seul garant d’une foi islamique dont il définit l’orthodoxie. Ainsi les longues citations coraniques qui font référence aux chrétiens (BI) n’entendent-elles pas seulement réfuter le dogme de la Trinité, mais aussi mettre en garde contre l’éventuelle division de la communauté : les chrétiens, bien qu’ils aient « reçu la science », « se sont opposés les uns aux autres » (Coran 3 : 19) en raison de leurs divergences théologiques. Pour éviter que la fitna n’aboutisse à un résultat similaire, ʻAbd al-Malik invite les adeptes de sa religion à s’unir autour du dogme qu’il proclame. Avant même de se présenter, sur ses monnaies, comme le « lieutenant de Dieu » (khalīfat Allāh), il se veut le guide suprême des musulmans, celui qui permettra à tous les membres de la communauté – la umma mentionnée sur la porte orientale – de se présenter devant Dieu au jour du Jugement et de gagner leur salut éternel."

R) Certains historiens de l'Islam parlent d'Abd-el-Malik comme du véritable fondateur de l'Islam, de la même manière qu'on peut faire de Paul le fondateur du Christianisme.


3) Les contestations du pouvoir califal

- le Shiisme (vu en exposé)

   

     



2 études de doc :
La révolution abbasside
Une audience califale

 La mina, l’épreuve par laquelle le calife avait tenté d’imposer son autorité théologique contre les savants traditionalistes, achève de ternir l'image du calife abbasside.

- Un empire fragmenté et difficilement contrôlé => des califats concurrents
ex. Des Omeyyades à Cordoue après 750 / les Fatimides au Caire (969) / Le califat Almohade




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vendredi 23 août 2019

Ressources pour le chapitre sur la Méditerranée dans l'Antiquité

Les JO, unité du monde grec et lien religion/société



Socrate, Platon, Aristote


Expansion et déclin de l'Empire romain : l'Histoire par les cartes