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mardi 28 novembre 2023

La transition, un changement global

 Une proposition d'étude de cas pour introduire le programme de 2nde en Géographie et apporter le vocabulaire utile  (acteur,  développement et développement durable, enjeu, risque, transition, démocratie participative) ainsi qu'un rappel des indicateurs les plus communément utilisés (mesure du peuplement, de la richesse, de la forme de structure économique). 


Il se base sur cette émission de radio  (à faire écouter par les élèves chez eux) dont on fait le bilan en classe en s'aidant de la fiche ci-dessous.



lundi 1 juillet 2019

Une Etude de Cas : la Citadelle à Amiens




L’aménagement du quartier citadelle à Amiens :
Enjeux, modalités et limites du projet.


Introduction
Rapide présentation des documents + une problématique simple
Doc 1 : source officielle => document plaquette de présentation du projet avec une photographie aérienne de la citadelle dans son environnement proche et la localisation/identification des bâtiments à construire.
Doc 2 : source officielle (Amiens métropole) : texte qui présente les enjeux d’aménagement c’est-à-dire les raisons qui ont fait choisir le site de la citadelle pour y implanter une partie des activités de l’université Jules Verne.
Doc 3 : source officielle (Amiens métropole) : les chiffres clés du projet en termes de financement et de planning.
Doc 4 : Extrait d’un article du Courrier picard ( journal régional) qui fait part des problèmes de stationnement des étudiants

  L’aménagement de la citadelle tiendra t-il les objectifs fixés au départ du projet ?






Doc 3 : Financement et programme




Doc 4 : Les étudiants refusent de payer (12/02/2018)

Le stationnement résidentiel a fait officiellement son apparition ce lundi 12 février à Saint-Maurice. Cette nouvelle extension du périmètre favorisant les résidents du quartier ne fait pas que des heureux, notamment dans les rangs des étudiants de la faculté d’arts. Ceux qui disposent d’une voiture et qui pouvaient se garer gratuitement dans les alentours proches de la fac vont maintenant devoir mettre la main à la poche. Et comme la plupart ne résident pas dans le quartier, pas question de bénéficier du macaron à 1 euro sur la première voiture.
« Il va falloir payer plein pot. C’est inadmissible lorsque l’on sait que bon nombre d’étudiants disposent de faibles ressources. S’il faut payer 17 euros le ticket de 5 heures, on va vite se retrouver à dépenser 680 euros par mois pour se garer. De la pure folie par rapport au studio que je loue 250 euros », souligne Daphnée, une étudiante. « L’élu a beau jeu de nous dire que le stationnement devient payant pour inciter les gens à prendre le bus. Mais le problème, c’est qu’en même temps il augmente le prix du billet de bus. Maintenant, si on vient en voiture, avec des cours au minimum entre 3 h 30 et 4 heures d’affilée, on va être contraints de payer plein pot, donc 17 euros les 5 heures », soupire Chloé Hernandez, secrétaire générale à l’UNEF Amiens. Et elle s’attend au pire avec l’ouverture à la rentrée prochaine de la Citadelle. « Avec 4 500 étudiants et plus de 500 membres du personnel, il y aura un millier de voitures à répartir dans le secteur. »

(...) « Nous ne sommes pas des vaches à lait. Un macaron à 1 euro la semaine ou le mois, ce serait acceptable. Nous, on ne veut pas payer à longueur de journée, mais juste étudier. Et qu’on ne vienne pas nous dire ensuite qu’Amiens va être capitale européenne de la jeunesse, on ne vous croirait pas ». Une délégation d’étudiants doit être reçue par Pascal Rifflart, ce mardi en fin de matinée. Mais ils affirment ne se faire guère d’illusions quant aux solutions que pourra leur apporter l’élu.
CHRISTOPHE BERGER, Le courrier picard.



R) Un dossier plus fourni a été élaboré par un ou une collègue de Picardie

Partie 1 = Les enjeux
En matière d’urbanisme, que veut faire l’agglomération d’Amiens avec l’aménagement de la citadelle ?
1)La citadelle est un bâtiment historique (fortification de Vauban 17e siècle) laissé à l’abandon. Elle est positionnée sur un éperon rocheux en bordure de la Somme et constitue une barrière dans la circulation entre les quartiers nord d’Amiens et le centre-ville. 


2) L’objectif d’urbanisme n°1 est de percer à travers le site des axes de circulation douce (= pas des routes pour automobile mais des axes piétonniers) pour relier tous les quartiers autour de la citadelle : Quartiers nord-St Maurice-St Leu-Centre ville. À ce titre, il est aussi espéré que le désenclavement de la ZUS (zone urbaine sensible) des quartiers nord et l’offre d’un site de prestige à sa proximité permettra de régler une partie des problèmes de ce quartier. 

3) L’objectif d’urbanisme n°2 est de se réapproprier le site pour proposer aux habitants de la ville d’Amiens un lieu de promenade et de loisirs (parc, salle de spectacle…), dans le prolongement que quartier St-Leu qui fournit déjà des services de loisirs (bars, restaurants …) 

4) L’objectif principal est néanmoins une opération de communication urbaine. En effet, Amiens, comme toutes les grandes villes régionales veut devenir une métropole. Elle a donc besoin d’un lieu emblématique avec des réalisations de prestige pour se créer une image positive. Elle a fait appel, pour le projet, à l’architecte mondialement renommé Renzo Piano. Le choix de localiser sur ce site le pôle littéraire de son université n’est pas non plus innocent : dans le cadre de la métropolisation, l’économie du futur repose sur le savoir et sur la culture. Le projet a été adapté en ce sens. 



Partie 2 = les réalisations
Comment les bâtiments et leur agencement  traduisent-ils les enjeux d’aménagement ?
Pour répondre à l’objectif de « rétablissement des liens et des continuité nécessaires entre quartiers urbains » :
-          Ouverture de portes dans les murs de la forteresse + toutes les « rues » convergent sur la place centrale du complexe universitaire
-          Création d’une ligne de tramway avec arrêt prévu au pied de la citadelle sur le boulevard existant à l’est du site (reliant autoroute, quartier nord, quartier St-Leu et centre ville)
Pour répondre à l’objectif de « réappropriation du site par les habitants » :
-          Création d’un jardin promenade (nécessitant la destruction du CHU existant)
-          Création sur le campus de salles polyvalentes pour des spectacles ou des séminaires (= 2 salles dont une en hauteur, vitrée, dominant toute la ville) + amphi aussi transformable en salle de spectacle.
Pour répondre à l’objectif de conquête d’une image positive de la ville :
-          L’aspect historique du site est maintenu (les bastions et les murs d’époque + la place centrale est appelée la place d’arme pour rappeler la vocation militaire de la citadelle à l’origine)
-          L’architecture correspond aux normes HQE (haute qualité environnementale), les toits sont végétalisés, une utilisation intelligente de la pente vise à limiter l’impact visuel des bâtiments universitaires pour qu’ils s’intègrent harmonieusement avec les vieilles pierres….
-          Au centre de la place, en revanche, la tour, peinte en rouge, d’architecture futuriste, se verra de toute la ville et constituera vraisemblablement le nouveau « visuel » de la ville.

Partie 3 = les limites
Quelles sont les limites prévisibles et les problèmes liés au projet ?
Le coût du projet est énorme : les travaux dépasseront certainement les 200 millions d’euros (budget initial = 163), coût supporté par les décideurs à savoir la Région, l’agglomération, l’Etat et le département. La Région est le premier financeur puisqu’elle est en charge, avec l’Etat, de la politique d’enseignement supérieur et de recherche. Mais il faut ajouter à ces coûts les coûts annexes : la ligne de tramway et la destruction/reconstruction du CHU.
Certains condamnent une gabegie financière. Pourquoi détruire et reconstruire un hôpital entier ! Pourquoi construire une université alors que les locaux actuels (au sud de l’agglomération) semblent tout à fait convenir (voir doc 4 : « stationnement aisé », « service de restauration jugé satisfaisant ») ?
Enfin et surtout, les usagers de l’université (professeurs et étudiants) ne semblent pas voir d’un bon œil le projet qui ne présente, à leurs yeux, que des désavantages :
-          Les problèmes de stationnement : aucun parking prévu. Les usagers doivent emprunter les transports en commun et monter à la citadelle à pied. Ceux qui viennent en voiture sont invités à se garer sur les parkings des supermarchés et à prendre le bus.
-          Des locaux d’ores et déjà sous-dimensionnés : salles de classe, caféteria …
-          Des difficultés accrues de logement pour les étudiants qui n’auront pas les moyens de se loger en centre ville du fait des prix des loyers. Les étudiants pauvres risquent d’être pénalisés.

Conclusion
Un projet pour l’élite, qui instrumentalise l’université  ou un nouveau souffle pour le développement de la ville ?



dimanche 9 juin 2019

Europacity et le Grand Paris

Dans le cadre de la construction du cours de 1ere sur la métropolisation en France, une réflexion engagée sur la signification paradigmatique d'un projet comme EuropaCity.

Mais tout d'abord, un reportage récent :




EUROPA CITY : un projet architectural en France portant ce nom interpelle fatalement. L’expression évoque la ville s’installant dans les champs du Triangle de Gonesse, en région parisienne. Elle nous parle d’une Europe des loisirs dans la langue anglaise des affaires, avec, selon la communication de ses promoteurs, « un montant d’investissement privé de 3,1 milliards d’euros ».

Membre du collectif Plicontrib, qui publie régulièrement des articles sur ce « projet inutile », Marco Papetti partage ici une enquête et une réflexion. Au fil de sa pensée, exprimée « à voix haute », sur cette « nouvelle destination des loisirs du Grand Paris », il insiste sur les limites de cette analyse théorique. «Il s’agit là d’une intuition vis-à-vis d’un événement symbolique : telle hypothèse, qui implique une distinction formelle entre deux types de capitalisme, reste à prouver et à vérifier, et nécessite un travail de recherche approfondi. »
par Marco Papetti. Source Visioncarto.net



Le triangle de Gonesse (paris-luttes.info)
Quand on arrive à Gonesse par le sud-est on traverse un paysage urbain bétonné qui enveloppe une des dernières terres agricoles fertiles cultivées de la région, sorte de zone tampon à l’écart du centre. On peut y ressentir une atmosphère de désolation, d’abandon et d’isolement. Un no man’s land, apparemment sans vie sociale. Ces non-lieux qui encerclent le Triangle sont des axes routiers, des centres commerciaux, des bureaux, des hangars et des entrepôts. Une grisaille et une intense laideur s’en dégagent. C’est au milieu de ce décor qu’Europa City devrait voir le jour sur les 700 hectares de terres cultivées qu’on appelle « Triangle de Gonesse ». Le projet, à vocation commerciale, touristique, culturelle et surtout écoresponsable, est emblématique du développement du capitalisme financier et mondialisé sur le territoire de l’Île de France dans le cadre du Grand Paris, dont l’ambition d’étalement vise à intégrer les banlieues du 93 et du 95.



Depuis le Triangle de Gonesse, la vue s’étend sur la plaine environnante. Par un ciel sans nuage et sans pollution, on aperçoit Paris au loin. Puis les yeux se posent sur la friche industrielle de PSA Aulnay qui a définitivement fermé en 2013. Le site est aujourd’hui un monument historique de la modernité : ruine du passé, cadavre d’un temps révolu, épave industrielle abandonnée à son destin rouillé. On peut voir dans cette opération une sorte de passage de témoin entre l’usine automobile désaffectée et Europa City, un symbole des métamorphoses profondes du capitalisme.

Le passage de témoin entre PSA Aulnay et Europa City

Dans le contexte du Grand Paris et du Triangle de Gonesse, le projet d’Europa City illustre le passage d’un vieux capitalisme ancré dans l’espace de l’État-nation à un capitalisme mondialisé. Le premier érigé sur un modèle industriel productiviste, le suivant sur la spéculation financière et immobilière, les échanges internationaux, l’emprise des multinationales, le tourisme et les loisirs, le secteur tertiaire et les services, les médias et les communications, la « culture », le travail linguistique et cognitif, les soins et de la formation. [...] 
Démantèlement de l’usine PSA
CGT PSA-Aulnay, mai 2014

Image promotionnelle, EuropaCity Flickr, licence CC
« La vie nocturne d’EuropaCity » fantasmée par ses promoteurs
« Ce nouveau quartier à 25 minutes de Paris permettra aux visiteurs de pouvoir se retrouver pour assister à de grands évènements sportifs ou à leurs rediffusions en direct, à des concerts en plein air, à des parades, à des flash mobs géants… des moments ensemble, festifs et toujours plus surprenants ! »
EuropaCity Flickr - licence CC

Le Grand Paris : l’extension de la métropole par-delà le périphérique

Or, si l’usine représentait le centre productif du capitalisme fordiste et industriel, le nouveau capitalisme néolibéral vise la métropole en tant qu’espace fondamental de production de la richesse financière. Et c’est bien l’ambition du Grand Paris et particulièrement d’Europa City qui a, selon son promoteur Immochan (filiale du groupe Auchan spécialisée dans la gestion de parcs commerciaux), vocation à devenir la living city de Gonesse. À la symbolique de l’usine solidement ancrée dans son territoire s’est substituée celle de services volatiles, de l’ubérisation et du précariat massif .
Mais en réalité, la métropole n’est pas comparable à l’usine . La métropole est un espace bien plus considérable, complexe, dense, stratifié, chaotique, contradictoire, sillonné de frontières et de flux humains, économiques, productifs, informatifs, technologiques multiples, plus rapides et plus puissants. Surtout, la métropole contemporaine n’est pas homogène, marquée par des dichotomies économiques, des fractures sociales, des diversités historiques et géographiques et des ségrégations raciales héritées du vieux monde. La valorisation de la production intensive et financière des richesses se joue désormais au centre de la métropole. Dans le contexte spécifique de la région parisienne, l’expression intra-muros décrit le rôle tenu par la ceinture du périphérique qui à la fois englobe la ville et la coupe de ses banlieues ; une ceinture qui agit comme un mur, comme une frontière. À Paris, un peu plus de 2 millions de personnes vivent dans la ville dite intra-muros tandis que la grande majorité de la population francilienne (10 millions d’habitants) vit en banlieue, c’est-à-dire extra-muros. Toutefois, la distinction entre intra-muros et extra-muros doit être considérée avec une certaine réserve. En effet, la ville intra-muros et les banlieues extra-muros sont loin d’incarner des espaces homogènes : certaines banlieues résidentielles sont très riches et il existe quelques quartiers relativement pauvres et populaires à Paris. En outre, la région parisienne intra-muros ne se réduit pas aux seuls espaces urbanisés, les frontières sont floues. Les « zones péri-urbaines », ainsi définies par les géographes, désignent les franges de la métropole longeant les campagnes. Il s’agit de territoires pleinement intégrés dans l’économie de la métropole. De ce fait, comment situer le Triangle de Gonesse ? Peut-on parler de zone hybride, mélange de banlieue (la ville de Gonesse) et de zone péri-urbaine (le Triangle lui-même) ?
Dans ce contexte, des questions fondamentales se posent : Quelle place tiennent les banlieues - et surtout les banlieues pauvres - dans le régime capitaliste d’accumulation des richesses ? Quels sont leurs rôles dans le dispositif productif de la métropole ? À quelle fonction et quelle stratégie répond l’extension en banlieue du Grand Paris ? Quelles seront les conséquences de ce processus sur les conditions de travail et les modes de vie des habitants des banlieues, notamment dans ces recoins aussi pauvres que Gonesse ?


Pour replacer cet exemple dans un contexte plus large et faire des liens avec d'autres cours

  • la bétonisation des sols agricoles




  • les moches entrées de ville : l'ex de Plan de Campagne




  • Villes et aménagement du periurbain

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