samedi 24 août 2019

La carte du bonheur

Un exercice du défunt programme de Terminale Générale, "Des cartes pour comprendre le monde" : lecture critique de carte

Source L'Atlas global, Christian Grataloup et Gilles Fumey, Les Arènes, 2014




La consigne ; Faites l'analyse critique de cette carte pour établir une typologie des inégalités des conditions de vie dans le monde.

Des éléments de correction

L’intro d’une analyse de carte :
·         présentation classique du doc (auteur, source, date, indicateur et mesures, échelle).
·         Il faut définir le phénomène géographique illustré par la carte, en montrant que l’indicateur choisi est pertinent. Ici = notion de développement => à définir. (conditions de vie et satisfaction des besoins de la population est la def minimale)
Or ici, l’indicateur est original. Qu’est-ce que l’indice de bonheur ? Vous devez prendre le temps de présenter comment il est calculé (IDH, obésité, malnutrition, morts violentes, morts liées à la pollution, chômage, respect des libertés, sécurité, stabilité politique. A partir de là, il faut vous questionner : pourquoi autant de mesures ? pourquoi un nouvel indicateur et pas simplement l’IDH pour mesurer l’inégal développement dans le monde ? On croise les deux questions pour aboutir à une hypothèse : sans doute l’IDH est trop partiel pour mesurer efficacement la différence de qualité de vie des populations mondiales.

L’analyse (= le développement) . 
MÉTHODOLOGIE GÉNÉRALE :
·         PARTIR DE LA CARTE POUR DÉTERMINER DES CATÉGORIES DE PAYS, QUI SONT PRÉSENTÉES ET EXPLIQUÉES LES UNES APRES LES AUTRES.

·         POUR CHAQUE CATÉGORIE, SIGNALER D’ABORD LES GÉNÉRALITÉS puis  ALLER VOIR LES DÉTAILS, MONTRER LES SITUATIONS SINGULIÈRES.

A)      ensemble des pays des pays bien notés. Qui sont-ils ? (localisez + indiquez rang de classement = 37 pays) Quels sont leurs points communs ? pays du « Nord » càd riches et développés Pourquoi sont-ils bien notés ? des niveaux de vie importants grâce à de bonnes performances économiques = Triade, ancienneté du développement industriel et capitaliste + des Etats ayant un modèle social fort avec redistribution des richesses, normes environnementales et sécuritaires, respect des libertés individuelles, fonctionnement démocratique. Avec des cas particuliers cf les Emirats Arabes Unis, pas une démocratie.
B)      Les Etats en situation intermédiaire = 2e catégorie (37e rang au 50e) dans laquelle on trouve aussi bien les EUA que le Brésil ou le Maroc. + 7 pays en vert clair (Chine, Asie du SE, Turquie). Quels problèmes sont pointés par l’indicateur pour justifier ce rang intermédiaire ? On doit proposer des hypothèses. On peut/doit réfléchir sur le cas américain (Etats-Unis-Brésil quels points communs) : obésité, nombre de morts par armes à feu, environnement dégradé, inégalités sociales fortes ? On en déduit qu’au-delà de l’économie, les auteurs insistent, par leur choix d’indicateurs, sur les aspects sociaux et environnementaux, qui sont d’habitude écrasés dans l’IDH par le poids du PIB/hbts. Sur une carte d’IDH, les EUA et le Brésil ne sont pas dans la même catégorie.
C)      Le dernier groupe de pays est double (orange et rouge) = 33 pays. Le choix de la projection / du centrage et le code couleur ont tendance à les faire ressortir sur la carte. Qui ? Caractéristiques ? Pourquoi ? Ils correspondent à des PMA (Afrique, Haïti, Asie centrale) ce qui est logique au vu des problèmes économiques (pauvreté, inégalités sociales, absence de protection sociale …) et politiques (Etats en faillite, guerres civiles, corruption). Ce sont aussi les pays du Moyen-Orient, en crise actuellement (guerre en Irak, au Yemen, terrorisme en Afghanistan) ou des dictatures (Myanmar, Arabie Saoudite). Approfondissement = plus de pays en rouge et orange que de PMA. Pourquoi ? Le poids des facteurs socio-économiques et politiques est important dans une mesure plus fine du développement. On ne se contente pas de la satisfaction ou non des besoins essentiels (accès aux soins, scolarisation) comme avec l’IDH. Avec cette mesure, l’Inde et la Russie, qui sont souvent dans la même catégorie que la Chine et le Brésil (BRICS) sont sur notre carte dans deux catégories différentes (et pourtant la Chine est une dictature communiste). C’est justement la multiplicité des mesures qui permet d’avoir un regard plus juste.
D)      La critique de la carte (on peut aussi la réserver pour une grande conclusion) : les seuils posent pb : pourquoi passe-t-on du bleu au vert foncé ? Pourquoi une catégorie vert clair avec seulement 7 pays ? Rien ne l’explique sur la carte, la légende ne fournit pas les chiffres des seuils. Or, l’opposition des couleurs veut signifier que le monde est coupé en deux : les peuples qui vivent mal et ceux qui s’en sortent. L’écart entre vert clair et orange est-il plus important qu’entre les 3 nuances de couleurs froides ?
CCL = BILAN : Ce n’est pas une carte du développement. C’est une carte de développement durable (justifier) qui vise à montrer que le chemin de l’humanité est encore long sur la route du bonheur.

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