dimanche 31 mai 2020

La révolution russe


Photo de Henri Cartier-Bresson


Des portraits de révolutionnaires et de contre-révolutionnaires :
En 2017, à l'occasion du la commémoration du centenaire de la révolution russe, Mediapart a consacré une série de portraits de personnalités internationales plus ou moins célèbres qui ont traversé l'histoire de la révolution russe et de l'URSS naissante.
Isaac Babel, Raïssa Bloch, Evguenia Iaroslaskaïa-Markon (blog "En attendant Nadeau"), Alexandra Kollontaï, Jeanne Labourbe,Victor Makno,  Larissa Reisner, Jacques Sadoul, Maria Spiridonova, Roman Von Ungern-Stenberg, David Zavlaski


Mon cours dans Pearltree :

La révolution russe, par phelippev

mercredi 27 mai 2020

Les Antilles françaises et l'esclavage (XVIIIe siècle)

Etude d'un dossier documentaire

Montrez, en utilisant les documents que la société coloniale française tire sa richesse de l’organisation institutionnalisée et généralisée d’une inégalité des races. 

Doc 1 : Présentation de la structure des échanges entre la France et les Antilles

C'est au 17e siècle pour que la France s’engage véritablement dans l’aventure coloniale, et singulièrement le règne de Louis XIV.

A l’échelle nationale, le commerce américain profitait à quelques ports qui ont l’accord du roi : Calais, Dieppe, Le Havre, Rouen, Honfleur, Saint-Malo, Morlaix, Brest, Nantes, La Rochelle, Bordeaux, Bayonne et Sète. L’essentiel du trafic est assuré par Bordeaux, Nantes, Marseille, Rouen-Le Havre-Honfleur. Bordeaux est le premier d’entre eux avec 41% du commerce antillais de la France à la fin de l’ancien régime. L’arrière-pays bordelais produit la farine et le vin dont les Antilles ont besoin et Bordeaux contrôle les liaisons commerciales avec l’Europe du Nord. Nantes est le second grand port colonial en raison de sa spécialisation rapide dans la traite négrière. L’arrière-pays produit des cotonnades qui restent le principal article d’exportation vers les colonies. Les ports de la Basse-Seine profitent de la croissance textile après 1750 pour développer la traite négrière et le commerce colonial. 

La France à la fin de l’ancien régime est un pôle de redistribution des produits tropicaux qui représentent près de 40% de son commerce extérieur. Des grandes fortunes se sont bâties sur la traite négrière et le commerce colonial comme celles des Bouteiller, les Bertrand de la Clauserie, les Chaurand. Par contre, le commerce avec le Canada est beaucoup moins profitable, d’où sa perte en quelque sorte en 1763. Ce commerce colonial est en croissance pendant tout le XVIII° siècle et son impact sur l’économie nationale a donc été réel. Ce sont les fortunes du royaume qui s’investissent dans ce grand commerce en acquérant des parts dans l’armement des navires. Il stimule les constructions navales. Les Antilles sont un débouché pour les productions nationales : le tiers du vin de Bordeaux, le blé d’Aquitaine, le textile du Maine, de l’Anjou, de Cholet. Il fournit enfin des emplois de matelots et les Antilles par leurs matières premières soutiennent l’emploi métropolitain : soixante centres cotonniers et plus de cent raffineries en dépendent à la fin du siècle. Economie et colonisation sont donc intimement liées.

Document 2 : Texte extrait du Père Labat " Nouveau voyage aux Isles de l'Amérique ", Martinique, début du XVIIIème siècle

     "Je laissai la compagnie au presbytère pendant que j'allais confesser un nègre d'une habitation (1) de Mr. Roy, car il en avait deux très considérables dans ma paroisse et d'autres encore dans différents endroits. On ne peut sans étonnement penser à la fortune de cet homme. Il était venu aux îles en qualité d'engagé (3), dans les premières années que la colonie commença à se former ; il était de Bordeaux, tailleur ou chaussetier de son métier. Le temps de son engagement étant achevé, il se mit à torquer (3) du tabac, et quand la saison de torquer était passée, il travaillait de son métier. Il s'associa avec un autre torqueur, dont il hérita. Quelques années après il fit quelques voyages en course (4), si heureusement qu'en très peu de temps il se vit en état d'établir une sucrerie et de faire des établissements. Quand j'arrivai à la Martinique, il avait six sucreries où l'on comptait plus de huit cent nègres. Son fils aîné, avec lequel j'étais venu de France, était capitaine de milice (5), et une de ses filles avait épousé un capitaine de vaisseau de roi

  1.  Exploitation agricole d'une superficie variable = Plantation
  2. Un engagé n'a pas les moyens de payer la traversée pour les Antilles et "engage" donc ses futurs salaires pour rembourser le prix de son voyage
  3.  Mettre le tabac en rouleau.
  4.  La course, c'est-à-dire la piraterie
  5. Les colons, répartis en compagnies et régiments, constituaient à côté des troupes royales une troupe auxiliaire jouant d'ailleurs un rôle très important, la milice.


Document 3 : La journée d'un " pauvre Blanc " à Saint Domingue

     "Le métier est rude, mais s'il plaît à Dieu de me conserver la santé, aimant naturellement tout ce qui s'appelle culture de la terre, j'en prendrai bientôt le dessus, mais il y a bien du mauvais temps à passer sous un économe qui la plupart du temps vous regarde comme un chien ou tout au moins comme son valet. Pour la culture des cannes, je l'aurai bientôt apprise, ayant de la bonne volonté et connaissant déjà un peu la terre et les nègres. Mais ce qu'il y a de plus difficile, c'est la fabrication du sucre. Il y a le quart à faire à la sucrerie qui est 6 heures du soir jusqu'à minuit ou depuis minuit jusqu'à 6 heures du matin, et on fait une semaine le premier quart et une autre le second quart, tour à tour.

La journée s'emploie dans les jardins pour faire travailler les nègres ; visiter tous les jours les vivres pour que les gardeurs ne les volent pas, comme ils ont coutume tant qu'ils veulent pour les vendre ; voir s'il n'y a point de brèches dans les entourages de l'habitation ; les tailleurs de haies et les sarcleurs ; l'hôpital, si tout va bien pour les malades ; les gardeurs de boeufs, de chevaux, de moutons, si on les renferme bien tous les soirs, et si on ne les laisse point aller dans les jardins, entrer et se promener dans les cannes, pour voir si les arroseurs ne se contentent pas de mouiller les bordages ou la superficie et si tous ces gens là qui travaillent séparés de l'atelier, ne sont point à dormir au lieu de travailler et s'ils avancent assez, en un mot, je n'ai pas un moment de repos, au point que pour raccommoder un peu mes hardes je suis obligé malgré moi de faire comme les nègres, c'est-à-dire le faire le dimanche."

Source égarée


Une des plus anciennes habitations sucrières de Guadeloupe : source INRAP

Document 4 : Extraits du Code Noir (mars 1685)

"Art. 2. - Tous les esclaves qui seront dans nos îles seront baptisés et instruits dans la religion catholique, apostolique et romaine.
Art. 12 .- Les enfants qui naîtront de mariages entre esclaves seront esclaves et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves, et non à ceux de leur mari, si le mari et la femme ont des maîtres différents.
Art. 15. - Défendons aux esclaves de porter aucune arme offensive, ni de gros bâtons, à peine de fouet et de confiscation des armes.
Art. 22. - Seront tenus les maîtres de faire fournir, par chacune semaine, à leurs esclaves âgés de dix ans et au-dessus pour leur nourriture, deux pots et demi, mesure du pays, de farine de manioc, ou trois cassaves pesant deux livres et demie chacun au moins, ou choses équivalentes, avec deux livres de boeuf salé ou trois livres de poisson ou autres choses à proportion ; et aux enfants, depuis qu'ils sont sevrés jusqu'à l'âge de dix ans, la moitié des vivres ci-dessus.
Art. 28. - Les esclaves ne pourront rien avoir qui ne soit à leur maître ; et tout ce qui leur vient à quelque titre que ce soit, appartient en pleine propriété à leur maître.
Art. 38. - L'esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois (...) aura les oreilles coupées et sera marqué d'une fleur de lys sur une épaule ; et s'il recommence, aura le jarret coupé et sera marqué sur l'autre épaule ; et la troisième fois, il sera puni de mort.
Art. 42. - Les maîtres pourront, lorsqu'ils croiront que leurs esclaves l'auront mérité, les faire enchaîner et les faire battre de verge ou de cordes. "


Document 5 : Evolution de la population de la Guadeloupe dans la seconde moitié du XVIIIème siècle

Années

Blancs

Libres

Esclaves noirs

1772

12737

1175

77957

1777

12700

1350

84100

1785

13599

1969

85290

1789

13712

3058

89823




Pas à pas : 

Consigne. Quels sont les deux thèmes du sujet ?

1-

 2-

 Quelle est la question (problématique) qui est donc posée ?

 

 

Relevé des informations document par document

Texte de présentation (doc 1)

Thème => quelle partie ?

 Idée 1 : Listez les produits exportés de la métropole vers les Antilles.

 Idée 2 : Quelles activités bénéficient du grand commerce avec les Antilles ?

 Idée 3 : Quelles régions de France et quelles catégories sociales bénéficient et dépendent du grand commerce avec les Antilles ?

 

 Texte doc 2

Thème/ Partie ?

 Idée 1 : Quel est le niveau de fortune de Mr Roy ? A t-il toujours été riche ?

 Idée 2 : Quelles activités lui a permis de se constituer le capital de base nécessaire à sa réussite sociale ?

 Idée 3 : A votre avis pourquoi la milice était-elle essentielle dans les colonies ? (croiser avec tableau doc 5)

 Quelles idées vont dans les différentes parties ?

 

Texte doc 3

Thème/ Partie ?

Idée 1 : A quoi comprend-on dans le texte que ce colon est "pauvre" ? => quelle idée précédemment listée est donc nuancée par ce texte ?

 Idée 2 : De quoi se plaint cet propriétaire d'esclave ? Pourquoi n'a t-il pas d'employé pour faire le travail à sa place?

 Idée 3 : Quel est le travail à fournir dans une plantation de sucre ? Comment est-il organisé ?

 

 

Texte doc 4 = que veut dire « Code » ?

Thème/ Partie?

 Idée 1 : Qu'est-ce qu'être esclave ?

 Idée 2 : Quels sont les indicateurs de la violence des sociétés esclavagistes ?

 Idée 3 : en utilisant l'art 22 et ce qui a été vu dans le texte précédent, montrer que l'exploitation des esclaves était indispensable à la rentabilité des plantations


Tableau stat doc 5 :

Thème/ Partie ?

Idée 1 : comparer le nombre de colons blancs et le nombre d'esclaves. Par rapport à ce qu'on a dit précédemment, qu'en concluez-vous ?

Idée 2 : à qui correspond la catégorie "libre" ? Comparer les libres et les esclaves. Que concluez-vous ?

Idée 3 : Dernière ligne Pourquoi une augmentation du nombre de "libres" en 1789 ? Comparer les libres et les esclaves entre 1785 et 1789. Que concluez-vous ?


2e étape du travail préparatoire : regrouper les infos par thème

Pour organiser le plan détaillé (ordre des idées dans les différentes parties), faites une carte mentale


Bilan : phase de réponse à la problématique (en conclusion)

Quel est le lien  entre existence de l’esclavage , enrichissement des colons et racisme ?

 

 Doc complémentaire

Les débats révolutionnaires autour de la question de l’abolition de l’esclavage

A la veille de la Révolution, l'abolitionnisme est défendu en France par la Société des Amis des Noirs, fondée en février 1788 par Brissot. Elle compte parmi ses 130 ou 140 membres, l'abbé Grégoire et Condorcet, rejoints en 1789 par La Fayette, Mirabeau, le duc de la Rochefoucauld, le comte de Clermont-Tonnerre … Elle peut également compter sur la bienveillance de Necker et sur le journal de Brissot, Le Patriote Français. Son action comme son discours sont relativement modérés car elle semble désarmée face au réalisme apparent des arguments économiques esclavagistes. Or, Benjamin Franklin et Adam Smith ont déjà souligné la moindre rentabilité de ce mode de production. Enfin, les Amis des Noirs prônent un abolitionnisme timoré et progressif, persuadés comme Voltaire que les noirs sont inférieurs aux blancs. Cependant, la Révolution proclame dans la DDHC la liberté et l’égalité comme un droit naturel de tous les Hommes. La question se pose donc avec urgence : ces droits concernent-ils les noirs et les mulâtres des Antilles ? Deux questions sont débattues aux assemblées. D'une part, celle de la citoyenneté des libres de couleur (accordée en mai 1791). D'autre part, celle de l'abolition (votée en février 1794). Entre ces deux dates, il y aura eu en 1791 la révolte de l‘île de St Domingue qui devient en 1793 la première colonie libre noire du monde et en 1804 une République indépendante. Mais Napoléon 1er rétablit l’esclavage en 1802


Pour d'autres ressources et compléments : voir ici

samedi 23 mai 2020

"Notre monde vient d'en trouver un autre" (M. de Montaigne)

Correction analyse texte Michel de Montaigne p.130 (référence = manuel Hachette)

 

La consigne : A partir de l’analyse du texte et de vos connaissances, montrez comment Montaigne décrit la société amérindienne avant l’arrivée des Européens, puis expliquez les conséquences de leur conquête sur les sociétés d’Amérique.

En jaune : il faudra donc, comme toujours dans une analyse de document, que dans chaque paragraphe, vous releviez les informations du texte qui, dans un deuxième temps, devront être explicitées et approfondies par des connaissances extérieures au document (= vos connaissances de cours)

En bleu = partie 1. Le thème de cette partie 1 est défini par le mot clef = « décrit la société amérindienne ». La période considérée = AVANT la conquête

En vert = partie 2. Le thème de cette partie 2 est défini par le mot clef « conséquence de la conquête ». Conséquences pour qui ? = les sociétés amérindiennes.

 

En introduction = présentation comme d’habitude du document étudié = Auteur (pensez à reprendre les lignes sous le doc qui présentent Montaigne), date (1588), source (Essais, livre II, chapitre VI). Puis contextualisation : rappeler les grandes dates et les principaux acteurs de la conquête du continent américain. Puis idée principale du texte (elle ne peut se définir que quand on a déjà fait tout le travail d’analyse au brouillon) = l’avis de Michel de Montaigne sur la conquête coloniale par les Espagnols et les Portugais du continent américain est originale pour son époque puisqu’il la condamne.

 

La partie 1

Que dit Montaigne ? Liste des relevés et interprétation = travail au brouillon

Les Amériques sont un « nouveau monde »  c’est-à-dire jusqu’ici inconnu des Européens ;

« grand » ; « plein et fourni de membres » = peuplé ;

 « il y a 50 ans, il ne connaissait ni lettres, ni poids et mesures, ni vêtements, ni céréales, vignes, il vivait nu dans le giron de la mère nourricière (= la nature), et ne vivait que par les moyens qu’elle lui fournissait » = chasseur/cueilleur mais pas agriculteur = non civilisé. On remarque que pourtant Montaigne ne dit pas qu’ils sont moins civilisés, il n’utilise pas le terme de civilisation ou de barbarie, il ne dit pas que les Européens sont supérieurs (comme Sépulvéda lui le faisait). Il faudra insister sur ce point dans la rédaction et expliquer pour Montaigne ne reprend pas à son compte l’opinion commune des Européens de son temps. C’est cela faire une analyse critique de document. Lui Montaigne utilise plutôt les mots suivants : « si enfant » (donc plus positif que « barbare » ou « sauvage »)

«  qu’on lui apprend encore son a.b.c » les Européens sont en train de la transformer sur leur modèle

«La stupéfiante magnificence des villes de Cuzco et de Mexico….ils ne nous cédaient pas en habileté » = la vision positive de Montaigne se confirme, il évoque la beauté des villes et des jardins, des œuvres d’art amérindiennes ; il parle de l’habileté des artistes et artisans amérindiens. Il dit aussi explicitement que les Amérindiens n’étaient pas moins habiles, moins capables de créer la beauté que les Européens. « la plus riche et la plus belle partie du monde » dit-il à la fin de l’extrait. Il dit aussi que les Indiens étaient autant capables de raison que les Européens :« La plupart de leurs réponses et des négociations faites avec eux témoignent qu’ils ne nous devaient rien en clarté et en pertinence ». Donc, contrairement à Sépulvéda, Montaigne ne croit pas à la supériorité de la civilisation européenne sur la culture amérindienne : il dit juste que c’était différent, un « autre monde » comme c’est dit dans la première phrase. Il le redit plus loin dans le texte en renversant la perspective et en se plaçant du point de vue des Indiens : « le juste étonnement qu’apportaient à ces nations-là l’arrivée inattendue de gens barbus, si différents par la langue, la religion, l’apparence et le comportement ».

 

Quelles sont donc les idées du texte qui structurent le premier paragraphe ? comment compléter avec des connaissances de cours ?

1-      Montaigne décrit un autre monde

Grand, peuplé, sans agriculture, de culture totalement différente de celle des Européens. Nuancer : on sait grâce au cours que tous les peuples amérindiens n’étaient pas des tribus de chasseurs-cueilleurs, mais qu’il y avait de grands empires (Incas, Mayas) avec des techniques complexes de gestion de l’eau, d’administration …

2-      Montaigne le décrit de façon positive

Beauté de ses villes et de ses jardins, richesse (or, perles et pierrerie, poivre…) Montaigne fait une allusion => utiliser le doc 1 p. 116 pour décrire la complexité et la beauté de la ville de Mexico

3-      Montaigne ne souscrit pas à l’idée de la supériorité de la civilisation européenne sur les cultures amérindiennes.

Citer les éléments du texte qui le prouvent. PUIS Il faut donc amener les infos vues dans l’EDC sur la controverse de Valladolid et exposer l’opinion de Sépulvéda qui est l’exact inverse de la position de Montaigne.

Bilan partie 1 : un monde « enfant » dit Montaigne qu’il présente positivement. En fait c’est presque un monde idyllique, un paradis terrestre.(cette idée a été dans l’étude de cas valladolid, mythe du bon sauvage)

 

La partie 2

Que dit Montaigne ? Liste des relevés et interprétation = travail au brouillon

« Je crains bien que nous n’ayons hâté son déclin … et que nous lui aurons bien cher vendu nos opinions et nos arts ». La suite du texte va apporter les arguments de Montaigne pour justifier cette phrase. C’est donc une thèse. Je propose de ne pas annoncer cette thèse tout de suite en début de partie 2,mais de l’utiliser comme bilan et ceci afin de ne pas créer une rupture dans le raisonnement la fin de la partie 1.

Nous avons terminé la partie 1 sur l’idée que Montaigne réfute la prétendue supériorité européenne. Or voici ce qu’il dit juste après : « nous ne l’avons pas soumis (…) par la supériorité de notre valeur et de nos forces naturelles », mais dit-il plus loin « ce qui les a vaincus, ce sont les ruses et les mensonges avec lesquels les conquérants les ont trompés ». « Nous nous sommes servis de leur ignorance et de leur inexpérience » = ignorance de la duperie et de la trahison doit-on comprendre => Donc Montaigne renverse l’équation Européens > Amérindiens. Dans son texte les Amérindiens sont supérieurs moralement aux Européens (il dit « nous » et pas « les conquistadors »). Il rejoint par là la position de Bartolomé de Las Casas, qu’il a sûrement lu.

La suite du texte confirme cette idée. Les Européens ont apporté (« nous les avons pliés …à l’exemple et sur le patron de nos mœurs ») en Amérique « la trahison, la luxure, l’avarice et toute sorte d’inhumanité et de cruauté ». Les phrases qui suivent apportent des exemples de ces cruautés « tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l’épée. »

 

« Notre monde vient d’en trouver un autre » + « qui fit jamais payer un tel prix pour les profits du commerce et du trafic ? » « la plus belle partie du monde bouleversée pour la négociation des perles et du poivre ». Avec ces dernières phrases Montaigne rappelle de façon allusive les raisons de la découverte puis de la conquête du continent américain : le commerce des épices et des richesses amérindiennes que mettent en place les colons.

 

 

Quelles sont donc les idées du texte qui structurent le 2eme paragraphe ? comment compléter avec des connaissances de cours ?

1-      MAIS Les Européens ont apporté la violence et la destruction dans le paradis terrestre (cette phrase servira de transition entre les deux parties.

Conquête par la force et la ruse, massacres, destruction des cités, monde bouleversé. Il faudra donner des exemples précis pour illustrer ces allusions de Montaigne. Reprendre les exemples du manuel évoqués en cours : pour la cruauté, doc 2p.116 et 2 p.117. Compléter avec le travail forcé (3 et 4p123) et le choc épidémiologique/microbien (cours)

Bilan = un ethnocide (« déclin et ruine »)

2-      Ils l’ont fait pour l’argent

Citations texte + rappels des causes des voyages d’exploration et rappel mise en place de l’exploitation économique des richesses naturelles du continent américains / commerce transatlantique

3-      Ils sont moralement inférieurs aux amérindiens.

Citations du texte.

 

Conclusion

Bilan = critique de la conquête car destruction d’une culture autre, de peuples moralement bien supérieurs aux Européens qui les dominent. Les positions de Montaigne rejoignent celles de B. de Las Casas

Ouverture = Montaigne annonciateur des philosophes des Lumières avec l’idée que différences ne veut pas dire infériorité, l’idée de la tolérance et du refus de la cruauté, fut-ce au nom de la religion et du progrès « nous leur avons fait payer bien cher nos opinions et nos arts »

Un point d’étonnement. Montaigne ne dit rien des esclaves africains. Peut-être ailleurs dans les Essais ?


dimanche 17 mai 2020

Vers la question problématisée : L' Europe de la Renaissance, une nouvelle culture européenne ?

Travail sur l'introduction
  • Définissez les termes du sujet : Quoi ? (culture, Renaissance, Europe) => quelles sont les bornes géographiques et chronologiques du sujet ? Quel est le thème du sujet ? Quelles sont les composantes de ce thème ? A partir de ces composantes, comment organiser un plan d'ensemble ?
  • Quel mot porte la problématique ? Comment formuler la problématique à partir du sujet ?
Rédigez l'introduction en suivant l'ordre logique d'organisation d'une intro : 1) Délimitation et caractérisation du sujet 2) Raisonnement qui permet de poser la problématique 3) Annonce du plan qui permettra de réaliser l'objectif fixé

Travail sur le développement
Rappel : chaque partie = un paragraphe = une démonstration

Comment passer des thématiques aux thèses ? C'est le plus difficile et encore un eu trop tôt, même en fin de seconde.
Je vous propose 

1- Une culture qui se laïcise
Définissez le mot clef de la thèse
Trouvez au moins deux exemples pour prouver cette thèse
Apportez les éléments d'explication que l'on a donné dans le cours à ce phénomène de laïcisation

2- Une culture qui redéfinit la place de l'Homme dans la nature
Précisez la place de l'Homme dans la création et par rapport à Dieu avant/pendant la Renaissance
Illustrez par plusieurs exemples ayant trait à la fois à la culture humaniste, à l'art et aux sciences les nouvelles manières d'appréhender l'Homme.
Expliquez cette nouvelle approche en mettant en lien avec le paragraphe 1, avec le contexte (voir partie 1 du cours sur l'Ouverture atlantique) et sur le temps long (philosophies de la raison existent déjà au Moyen-Age)

3- Une culture qui pense le progrès et embrasse la nouveauté
Commencez par prouver cette thèse avec des exemples de progrès et nouveautés techniques, culturelles, religieuses à l'époque...
Montrez ensuite que l'idée de progrès est liée à des savoirs qui remettent en cause les anciens savoirs ou anciennes croyances
Enfin, expliquez en quoi l'éducation pour les hommes de la Renaissance est une des conditions du progrès.

Travail sur la conclusion
La phase de bilan est la plus compliquée : répondez en 1er lieu à la problématique = en quoi cette culture est nouvelle et marque une rupture par rapport au Moyen Age ? puis nuancez = est-ce le résultat d'une rupture voulue, organisée, acceptée  par tous ?

En ouverture : quelle période suivante et quel mouvement de pensée est influencé/conditionné par l'esprit des hommes de la Renaissance ?








samedi 2 mai 2020

Prendre des notes de lecture

Ce billet de blog est plutôt destiné aux élèves de 2nde qui, par la filière 1ere et Terminale générale, se destinent à des études supérieures dans les filières de sciences humaines et sociales.

Vous serez amenés, au lycée ou à la fac, à faire des fiches de lecture. Les méthodes sont les mêmes que celles que nous avons vues ensemble pour prendre des notes de cours : sélectionner l'information, la reformuler, organiser la prise de note par la mise en page, l'utilisation de codes (code couleur par ex) et abréviation des mots.
Cependant, comme c'est un travail qui se fait sans contrainte de temps, il FAUT prendre un temps au départ, une fois lu la page, le chapitre, l'article (si c'est un livre entier, "saucissonner" la lecture/prise de notes en plusieurs étapes) pour RÉFLÉCHIR A LA LOGIQUE DE LA SÉLECTION D'INFO ET A LA MISE EN PAGE.
Dans le cadre d'une fiche de lecture en Histoire, il faut faire apparaître les grandes étapes chronologiques et les grandes idées explicatives (celles qui expliquent les faits historiques). En Géo, il s'agira de bien caractériser l'espace étudié en 1er lieu.
L'exercice que je vous ai proposé de fiche de lecture à partir du site de la BNF sur les cartes marines est un premier entraînement sur cette méthode essentielle à maîtriser pour la réussite de vos études.
Analyse d'un exemple
  
Vous constatez sur cette image qui correspond à ma prise de notes que :
  • faire apparaître le titre de  la source dont on fait ​une fiche de lecture
  • indiquer dans quel cadre cette fiche de lecture va servir : ici = le chapitre sur l'ouverture atlantique
  • indiquer les subdivision de la fiche. Elles correspondront aux chapitres du livre, aux paragraphes de l'article...ici = les différentes pages du site que je vous ai demandé de ficher
  • l'organisation de la mise en page doit faciliter la compréhension rapide des étapes chronologiques, des évolutions du phénomène étudié. C'est pourquoi ici, j'ai fait des décalages dans la  page.
  • utiliser les flèches pour montrer comment les faits sont liés entre eux par des rapports de cause/conséquence (la base du raisonnement historique)
  • utiliser un code couleur (ici des fluos, mais ça peut être des stylos de couleurs différentes) pour faire apparaître les idées principales (en vert) et les faits/exemples/repères spatiaux ou chrono à retenir (en jaune)
  • remarque : hors du programme du chapitre, les deux dernières lignes, que j'ai écrites en bleu. Je les ai tout de même retenues comme "ouverture" (ce qu'on vous demande de faire dans une conclusion) = pour indiquer les répercussions du phénomène étudié sur les périodes postérieures.

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copié/collé du billet de blog de 2nde rappelant les règles de base de la prise de notes, telles que vues en classe

 La prise de notesPar PHELIPPEAU VALERIE le mardi 07 janvier 2020

Le but de la prise de notes est de permettre de prendre un maximum d'informations alors que le prof parle. C'est une opération difficile puisque le cerveau est occupé à plusieurs taches en même temps :
Ecouter et comprendre
​Sélectionner l'information qui paraît utile et donc qui doit être écrite
​Reformuler cette information de la façon la plus courte possible
​Ecrire
Donc il faut écrire vite et pour cela, il existe des techniques. Il est INDISPENSABLE d'apprendre à abréger les mots sans réfléchir, spontanément.
Ecrire seulement le début des mots
​pol. = politique
​mil. = militaire
On peut combiner les abréviations : ainsi, mettre un petit "t" en l'air après pol. signifie que c'est l'abréviation de "politiquement".
Autre exemple, le petit o en l'air à la fin du mot indique que le mot abrégé se termine par -tion => poll.º = pollution
Un petit "té" en l'air...c'est le même principe : ainsi maj.té   ​peut signifier majorité ou majesté, cela dépend du contexte.
​On peut créer ses propres systèmes d'abréviation : ainsi, pour moi, 
cô = connaissance
​|e| = entre
​N'écrire que quelques consonnes significatives
​tjs = toujours
​mtn = maintenant
​svt = souvent
​cstto  = constitution
On peut aussi mélanger avec des systèmes personnels abréviation : ĉ veut dire : comme
​Utiliser des symboles
♀ : femme 
​=> donc   et l'inverse est logiquement  <= car. CES DEUX ABRÉVIATIONS SONT TRÈS IMPORTANTES CAR ELLES INDIQUENT LE RAISONNEMENT. ON LES UTILISE TRÈS SOUVENT
† :  mort et donc † = mortalité
↑ : tout phénomène qui augmente
≠ : contraire, s'oppose à ​
​Ou ici encore, inventer ses propres abréviations. Ainsi, pour moi ↔ veut dire invasion/envahit
​Utiliser quelques lettres grecques
​Σ = système
​Χ = Jésus Christ et donc Χisme  = christianisme et Χ = chrétienté
​Quelques conseils
​Ne pas tout abréger, car cela rendrait le cours très désagréable à lire
Quand vous inventez une abréviation, la première fois écrire l'abréviation et le mot en entier
Enfin, il faut aussi indiquer visuellement, PAR LA MISE EN PAGE, la structure du cours et les raisonnements.
Pour cela, le système le plus courant et le meilleur consiste à décaler dans la page :
​On écrit à la marge le plan et les idées principales : thèse, bilan
On décale les argumentations de plusieurs carreaux. De plus, comme les arguments s’additionnent et constituent une liste, on utilise un système de "puces" devant les arguments, par exemple le gros point.
Les exemples qui s'intercalent entre les arguments, on les décale vers le milieu de la page, et on utilise aussi une "puce", une flèche par exemple.
QUAND QUELQUE CHOSE DOIT ETRE APPRIS PAR COEUR, on le fluote, ou on change de couleur. Si pas le temps, moi je dessine un oeil stylisé dans la marge en face.
​Et le dernier conseil, mais le principal : s'entraîner, s'entraîner, sans se décourager....car c'est un long processus.

vendredi 1 mai 2020

Activités autour du cours sur la 1ere guerre mondiale

Proposition de série : The village. 1ere guerre mondiale et après guerre dans un village anglais


Fiche de lecture : l'engagement dans la guerre








Fiche d'activité dans le cadre du cours : une génération sacrifiée

Doc 1 : L’assaut
«  Personne ne croirait que dans ce désert tout déchiqueté, il puisse y avoir encore des êtres humains ; Mais maintenant des casques d’acier surgissent partout dans la tranchées et à cinquante mètres de nous, il y a déjà une mitrailleuse qui , aussitôt, se met à crépiter.
Les défenses de fil de fer sont hachées. Notre artillerie fulgure. Les mitrailleuses ronflent, les fusils grésillent. Nous voyons les assaillants venir. Les gens d’en-face font tous leurs efforts pour avancer […]. Nous reconnaissons les visages crispés et les casques : ce sont des Français. Ils atteignent les débris de barbelés et ont déjà des pertes visibles. Toute une file est fauchée par la mitrailleuse qui est à coté de nous ; Puis nous avons une série d’enrayages et les ennemis se rapprochent. Je vois l’un d’eux tomber sur un cheval de frise, la figure haute. Le corps s’affaisse sur lui-même comme un sac, les mains restent croisées comme s’il voulait prier. Puis le corps se détache tout entier et il n’y a plus que les mains coupées par le coup de feu, avec des tronçons de bras qui restent accrochés dans les barbelés [..] Nous sommes devenus des animaux dangereux. Nous ne nous combattons pas, nous nous défendons contre la destruction. Ce ne sont pas contre des humains que nous lançons nos grenades, car à ce moment-là, nous ne sentons qu’une chose : c’est que a mort est là qui nous traque, sous ces mains et sous ce casque. La fureur qui nous anime est insensée : nous ne pouvons plus que détruire et tuer, pour nous sauver…pour nous sauver et nous venger.»
E.M. Remarque A l’Ouest, rien de nouveau

Doc 2 : Un martyre absurde
« […] Deuxième journée ici, après dix jours de première ligne dont trois de combat. Les pertes n’approchent pas celle du dernier mois. Et pourtant …
Je devrais me taire, refouler ça au fond de moi ; je ne peux pas : ça monte…Il va bien falloir que ça crève. J’ai vu trop de choses dégoûtantes pour être dupe encore des mots. Pourquoi nous battons-nous, maintenant, et de cette façon ? Pour défendre quoi ? Gagner quoi ? Ces « gens-là se leurrent volontairement, j’en suis sûr ! Il ne peut pas en être autrement.
Des milliers de morts pour ce lambeau de colline dont le sommet nous échappe toujours ! L’affaire de Noël, en cent fois plus coûteux : charretée par charretée, mais beaucoup de charretées à la file J’aurais tant, tant à vous dire ! Mais je ne peux pas : c’est trop tumultueux, trop loin de vous, si loin que vous ne pourriez pas comprendre…Ce n’était pas la peine ; J’aurais mieux fait, réellement, de me taire.
Tuer des Allemands ? Les user ? On ne peut tuer ainsi des hommes qu’en en faisant tuer d’autres, autant d’autres ou davantage. Alors ?... Déloger les Allemands d’une crête stratégique importante ? D’un bastion avancé sur la Woëvre ? Mais les Hures, qu’est-ce qu’elles sont ? Et le Montgirmont ? Derrière la colline des Eparges, la montagne de Combres se dressera fac à nous. Et derrière Combres, d’autres collines…Dix mille morts par colline, est-ce cela que l’on veut ? Alors ?
Le pire, le terrible, c’est la clairvoyance des hommes. Lente à s’éveiller mais qui s’éveille…Est-ce qu’on s’aperçoit qu’elle s’éveille ? »
Lettre de Maurice Genevoix à sa famille, depuis Verdun

«  Ma chère mère,
Par quel miracle me suis-je sorti de cet enfer ?[…] pense donc, nous sommes montés 1200 et nous sommes redescendus 300 ; pourquoi suis-je de ces 300 qui ont eu la chance de s’en tirer […] Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup souffert. A la souffrance morale de croire chaque instant la mort nous surprendre s’ajoutent les souffrances physiques de longues nuits sans dormir : huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours au milieu d’un chantier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille. […] nous porton dans notre cœur le deuil de tous nos camarades tombés à Verdun… »
Lette de Gaston B., citée dans Paroles de poilus, librio, 1998.


Doc 3 = La propagande de guerre dans la presse
Les blessures causées par balles ne sont pas dangereuses […] Les balles traversent les chairs de part en part sans faire de déchirure ( L’intransigeant, 7 Août 1914)

Doc 4 = Le traumatisme
« Je ne peux oublier la guerre…Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L’horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marque. »

J. Giono, Refus d’obéissance.

Chiffres utiles :
600 000 morts français d’Août 1914 à février 1917. 1/3 des soldats mobilisés en Août 14 étaient morts en Août 15. Offensive de la Somme (1916)= tentative de percée échouée = 40 000 blessés français en 3 jours.1,2 millions de morts entre juin et novembre 1916. 500 000 morts à Verdun (Français et Allemands) entre Février et Juillet 1916. L’armée française envoie une division nouvelle (10 000 hommes) tous les deux jours pour la relève. 60% des mobilisés français pdt la 1ère GM a été soit tué, soit blessé. 

A partir des thématiques et des informations contenues dans le dossier documentaire et vos connaissances sur le déroulement de la 1ere guerre mondiale, établir pour quelles raisons cette guerre apparue aux gens de l'époque différente des guerres précédentes, plus terrible et comme devant être "la der der der".



Correction analyse de document : affiche "destroy this mad brute"

Introduction :
-          (Présentation doc) : affiche de propagande de l'américain datée de 1917, année de l’entrée en guerre des EUA, dont l’objectif est de recruter des hommes dans l’armée américaine (« enlist »), car il n’y a pas de conscription aux EUA. Une autre affiche célèbre de cette époque montre l’oncle Sam pointant son doigt sur le « spectateur »
-          (Contextualisation) : A l’encontre de l’opinion publique américaine qui est traditionnellement isolationniste, le psdt américain G. Wilson était favorable à l’entrée en guerre des EUA et il l’annonce en avril 1917. Son discours au congrès témoigne de sa volonté de justifier la nécessité de la guerre, au nom d’arguments qui ne peuvent que flatter les américains, convaincus de leur « destinée manifeste » : défense du droit, de la liberté, de la paix. Il faut toutefois réussir à retourner l’opinion publique et à recruter des volontaires pour aller se battre dans la lointaine Europe.
-          (idée directrice et problématisation) : l’affiche représente l’ennemi allemand sous la forme d’un singe énorme, bavant (de rage ?) tenant dans un bras une femme à moitié dévêtue et évanouie, sur fond de ville en ruine. Ce monstre a réussi à passer l’océan pour arriver sur le sol américain, au premier plan. La propagande américaine utilise donc le ressort de la diabolisation de l’ennemi. Pourquoi est-ce si efficace à cette époque ?.

Analyse :
1- Les allemands, des barbares qui ne respectent pas les lois de la guerre
a) « this mad brute »
Partir de la description de la bête => rage (bave qui dégouline), force brutale => sauvagerie et barbarie allemande.

b) Qui sème la destruction
Partir de l’arrière plan => ville en ruine => bombardements de l’artillerie allemande (la puissance industrielle au service de la guerre) et les exactions contre les civils (ville + femme enlevée par la bête) Rappeler la campagne de dénonciation des crimes de l’armée allemande contre les civils belges (viols, tueries d’enfants = déjà un thème de propagande avant l’entrée en guerre US) => aucun respect des conventions de Genève, protégeant la population civile + pas de déclaration de guerre à la Belgique, pourtant neutre, quand l’armée allemande l’a envahie.

c) Personne n’est à l’abri
Partir du mot america sur le terre en 1er plan => rappeler la guerre sous-marine et Lusitania = des civils américains ont déjà eu à souffrir de la guerre. La guerre peut-elle se propager aux EUA ? (propagande = jouer sur la peur, mais en réalité, c’est peu probable. Efficace toutefois 2 millions d’américains vont s’engager). + Rappeler le discours de Wilson sur l’entrée en guerre des EUA en avril 1917 => les EUA entrent en guerre pour sauver la paix mondiale, la liberté de circulation sur les mers et au nom du droit international.

2- Un objectif est fixé : l’anéantissement total de la menace
a) Une attaque en règle contre le militarisme allemand
Repartir du texte de Wilson : « libérer les allemands » est un des buts de guerre. L’ennemi qui est désigné est le militarisme allemand (inscrit sur le casque de la bête), incarné par l’empereur Guillaume II (d’où les moustaches) => l’ennemi désigné n’est pas le peuple allemand mais un système qui prône la guerre et la force comme valeur suprême (d’où Kultur sur la massue) et un régime antidémocratique : l’empire.

b) Une affiche qui fait partie d’un « plan –média » plus large
Comité Creel => cf les films de Hollywood mettent l’accent sur la menace « boche », sur la barbarie du « Hun » (rappeler les Huns/empire romain) => Les subtilités de la propagande officielle sont dépassées par cette propagande de masse : naît le thème de l’ennemi intérieur. Les immigrés et descendants germaniques sont inquiétés, parfois violentés. On s’achemine doucement vers des phénomènes qui s’épanouiront tout au long du XXe siècle = guerre d’anéantissement.

Conclusion :
(Bilan) Déshumanisation/diabolisation en lien avec la guerre totale

(Ouverture) on a l’embarras du choix pour ouvrir sur guerre d’anéantissement ou traité de Versailles avec responsabilité allemande du déclenchement de la guerre ou postérité de cette image (King Kong)


Correction Question problématisée : le Front et l'arrière


La 1GM, de 1914 à 1918 est souvent considérée comme la première guerre moderne ou la première guerre totale selon la définition suivante du philosophe Clausewitz « une guerre qui ne se cantonne pas au domaine militaire mais s’étend au domaine économique, politique, scientifique et culturel ». C’est sans doute car pour la première fois, la guerre est longue, intense et statique sur le front. Ce dernier, soit la ligne imaginaire de confrontation séparant les armées ennemies, ou par extension les soldats ; devient associé à l’idée de tranchées, ces longs fossés creusés de part et d’autre du no man’s land dans lequel vivent les soldats. Mais, surtout, c’est l’arrière çàd les différents acteurs qui ne combattent pas directement l’ennemi, qui participe pleinement à la guerre, ce qui n’est jamais arrivé auparavant. En effet, bien que les combats aient lieu au front, celui-ci n’aurait pu tenir sans l’apport considérable de l’arrière. D’un autre côté, si l’arrière est tellement occupé, c’est bien parce qu’il y a la guerre au front. 

Ainsi, dans quelle mesure le front et l’arrière participent-ils autant à la guerre et en quoi dépendent-ils l’un de l’autre pendant la grande guerre ? Nous étudierons dans une première partie, comment le front et l’arrière ont été acteurs de cette guerre puis comment ils ont été victimes de celle-ci avant de nous concentrer sur les liens précis de dépendance entre le front et l’arrière.

I)Etre acteur de la guerre 

a)quelles armes utilisées (gaz, mitrailleuses) par els combattants et par qui sont-elles fabriquées ?
b)conditions de vie (à l’arrière mais surtout au front)
c)refuser la guerre (surtout au front par els mutineries, les fraternisations, mais aussi à l’arrière par les grèves, le pacifisme)


II)Etre victime de la guerre

a)victime au front (nb de soldats tués + blessés)
b)victimes à l’arrière (bombardements civils + génocide)
c)front et arrière rassemblés par la douleur (orphelins, veuves de guerre, chocs psychologiques des soldats et répercussions sur les familles, sur l’art…)

III) le front et l’arrière en lien

a)le soutien de l’arrière (lettres, petits colis avec denrées à l’intérieur, permissions)
b)L’arrière qui vit à l’heure du front grâce à l’Etat (demande s’engager aux USA, UK, emprunts pour financer la guerre, manuels modifiés…)
c)La déconnexion entre le front et l’arrière (car censure, permission où les soldats se rendent compte que l’arrière ne sait rien des horreurs du front : cf A l’ouest rien de nouveau d’Eric Maria Remarque)



Correction Question problématisée :  participer à la 1GM ? 


Intro : Selon l’historien George Mosse, les personnes –soldats ou civils- ayant participé à la 1GM de 1914 à 1918, s’accoutumeraient à la violence physique et psychologique des combats. Ils deviendraient alors eux-mêmes plus violents et adopteraient un nouveau comportement jusqu’à parfois dans les 1930’s. Il parle de « brutalisation » pour évoquer ce processus. La 1GM mondiale   semble avoir été particulièrement choquante et donc complètement différentes des précédentes guerres pour les  civils ou les soldats.  Mais tous les acteurs n’ont pas eu le même rôle dans cette guerre. Dans quelle mesure l’ensemble de la société a-t-elle pris part de manière différente à la 1GM ? Nous verrons dans un premier temps la participation des soldats puis la participation des civils. Dans une dernière partie, nous verrons que certaines personnes ont aussi refusé de plusieurs de participer à cette guerre.

I)Participer à la guerre en tant que soldat

a)Engagement de masse (qui participe ?)
b)conditions de vie du soldat (comment on participe ?)
c)le bilan (physique, psychologique) (quelles sont les marques de la participation ?

II)Participer en tant que civil à l’arrière
a) mobilisation dans les usines (femmes…)
b)soutenir l’effort de guerre (demande d’envoyer colis, prêts…)
c)participer contre son gré (en être victime: bombardements + génocide)

III)Refuser de participer à la guerre
a)refuser avant qu’elle en commence (pacifistes de Jaurès à Rosa Luxembourg)
b)refuser lorsqu’on est soldat (mutineries + fraternisations)
c)Refuser lorsqu’on est civil (grève, révolution russe, ne pas s’engager lorsqu’on a le choix)

CCL :
Ainsi, prendre part à la 1GM revêt des aspects très différents selon qu’on soit soldat ou civil, qu’on subisse cette guerre ou qu’on l’ait choisi. On peut participer directement en se battant, ou indirectement en finançant, fabriquant des armes ou encore en étant victime. La guerre ne fait d’ailleurs pas consensus car beaucoup sous différentes formes refusent de prendre part à la guerre. On observe également une participation multiscalaire à ce conflit : continents, états et être humains. Il serait intéressant de comparer cette participation très diverse avec celle encore plus complexe et hétéroclite de la seconde guerre mondiale


 Autre proposition de plan détaillé

I)Participer en tant que soldat

a)les conditions de vie dans les tranchées
b)se battre (armes, blessures, victimes)
c)une culture combattante (soldats tenaient grâce à la cohésion, le patriotisme, l’alcool)

II) Participer en tant que civil

a)mobilisation de l’arrière (ds les usines : munitionettes, vêtements, femmes, vieillards : entraîne inversion des rôles
b)mobilisation des esprits
c)malgré soi (en être victime). Ex : génocide

III)Refuse de participer

a)refuser la guerre avant qu’elle ne commence
b)refuser de se battre une fois la guerre commencée (mutineries et fraternisation)
c) refuser de participer à l’effort de guerre (grève, exaspération)



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