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samedi 20 janvier 2024

Les JO, c'est politique !

 Notes sur l’émission « Concordance des temps » (samedi 20/01/2024)

Le sport entre deux blocs 

 Jeux Olympiques modernes : Le 23 juin 1894, à la Sorbonne (Paris), les délégués de neuf pays fondent le Comité International Olympique (CIO). De ce jour date la renaissance des Jeux Olympiques. A l’origine, il s’agissait de rassembler, dans des événements sportifs, une sorte d’aristocratie des sportmen, sur le modèle des jeunes anglais des bonnes écoles. D’où l’accent qui est mis au départ sur l’amateurisme des sportifs qui participent aux JO. Mais il y a une évolution cf : Pierre de Coubertin, le fondateur des JO modernes affirme que « l’athlète moderne exalte sa patrie, sa race, son drapeau » (1935).

1921-1931 : Internationale rouge du sport => spartakiade (1927, Moscou)

1936 : JO de Berlin. Utilisés comme la vitrine du régime nazi

 

Après 1945, on voit renaître l’olympisme. Il y a une tension entre une défense d’un internationalisme pacifique et en même temps, une promotion de la compétition entre Etats, à travers le décompte des médailles. Les soviétiques entrent dans le circuit international du sport : l’URSS y voit la possibilité de s’engager dans une « diplomatie populaire » et de s’adresser à des opinions publiques qu’ils ne touchaient pas avant. L’URSS entre au CIO en 1951. Le pays investit dans le sport en créant le statut d’ « amateur d’Etat » càd des athlètes payés par l’Etat pour pouvoir s’entraîner (Rq/ dans le camp d’en face, on a le même style de torsion du principe de l’amateurisme avec la participation des militaires américain dans les compétitions sportives).

Les JO ont constitué entre 1945 et 1990 le champ de bataille d’une guerre d’influence entre les deux blocs, sans compter que les nations du Tiers-Monde tentaient de jouer leur partie.

 

1952 : JO de Helsinki (pays neutre)

2 villages olympiques. Les athlètes du bloc de l’est ont leur propre village olympique séparé. Espace clos, mais à mesure que les compétiteurs soviétiques font preuve, sur les stades, de fraternisation avec les autres compétiteurs, le village du bloc de l’est s’ouvre => repas organisé par les soviétiques entre rameurs de tous pays, avec toasts portés à l’amitié entre les peuples.

Le bloc soviétique utilise les athlètes pour mettre en avant son modèle cf Zatopek, le tchécoslovaque, qui a remporté successivement le 10 000 mètres, le 5 000 mètres et le marathon fait des conférences publiques où il vante le modèle communiste.

 

1956 : JO de Melbourne

Village olympique commun

Insurrection en Hongrie et sa répression par les soviétiques => plusieurs pays boycottent les JO. (ex. Pays-Bas. Un match de Water-Polo entre équipe soviétique et équipe hongroise donne lieu à une photo d’un nageur hongrois le visage couvert de sang à la suite d’un coup de crosse hongrois. Cette photo est titrée dans la presse « le bain de sang » avec une référence explicite à la répression.

https://www.dailymotion.com/video/x7r2bnp

A l’issue de ces jeux, 38 membres de la délégation du bloc de l’est décident de ne pas rentrer dans leur pays : ils « font le choix de la liberté » (référence au transfuge soviétique Kravtchenko et au titre de son livre publié en 1946 à New York). Une opération est montée par les dirigeants de Sports Ilustrated (magazine de sport, très populaire aux EUA, fondé par Henri Luce – Fortune, Time …- en 1954) pour les aider à émigrer aux Etats-Unis. En Janvier 1957, Freedom tour : ces transfuges font une série de réunions publiques pour lever des fonds pour aider les exilés hongrois.

Cf “Sports Illustrated and the Melbourne Defection”, Toby C. Rider, in  Cold War Games: Propaganda, the Olympics, and U.S. Foreign Policy , 2016, Pages 103–121. https://doi.org/10.5406/illinois/9780252040238.003.0007

A partir du milieu des années 1950, de plus en plus de compétitions internationales s’organisent, qui constituent autant d’occasions de rencontre entre les  athlètes des deux blocs. Pas seulement les JO cf aussi les « mondiaux » de tel ou tel sport.

1960 : Rome  +  1964 :Tokyo


1968 : JO de Mexico

1ere fois qu’ils sont retransmis en Mondivision  et en direct.

1er contrôles antidopages

Pour la 1ere fois, pas d’équipe allde (faussement) unifiée -> 2 délégations RFA/RDA

Dans le contexte de la lutte pour les droits civiques aux EUA, des athlètes mettent en scène leur dénonciation de la discrimination raciale et son soutien à la cause afro-américaine ccf la photo célèbre de Tommie Smith et John Carlos, poings levés et gantés (comme les Black panthers) sur le podium du 200 m

= mise en scène des tensions internes au sein du pays, largement reprise par la propagande soviétique.

Mais de la même manière, la gymnaste tchécoslovaque Vera Čáslavská  (4 médailles d’or) baisse ostensiblement la tête sur le podium au moment où retentit l’hymne soviétique : contexte = la répression du printemps de Prague.

Les pays nouvellement indépendants issus de la décolonisation sont l’objet de la propagande sportive des deux Grands : accueil d’athlètes du Tiers-Monde dans les universités, US comme sov, et distribution de bourses, construction d’infrastructures (ex. stade de Jakartà construit en 1962 sur des fonds soviétiques), organisation d’événements sportifs…

 

1972 : JO de Munich

La prise d’otages des lutteurs israéliens par le groupe « Septembre noir » palestinien qui a tourné au carnage lors de l’assaut final. Le tout est suivi en direct par 690 millions de téléspectateurs. Les preneurs d’otages réclamaient la libération de 200 prisonniers palestiniens, mais la 1ere ministre israélienne Golda Meir est intransigeante et refuse de négocier avec les terroristes. Malgré tout, c’est l’occasion de mettre au 1er plan de la scène internationale la question palestinienne.

Le village olympique était ouvert à la circulation et c’est la mise au premier plan de la question de la sécurité des athlètes et des installations (ce qui alourdira considérablement la facture des JO suivants cf le fiasco budgétaire des JO de 1976 à Montréal.)

 

L’ère des boycotts

1976 : JO de Montréal

En 1976, de nombreux pays d’Afrique boycottent les Jeux olympiques organisés à Montréal. Ce boycott n’est pas le premier du genre, l’olympisme est coutumier des scandales sportifs ou politiques. À Melbourne en 1956, six pays boycottent les JO. L’Égypte, l’Irak et le Liban protestent contre l’occupation franco-anglaise du canal de Suez, tandis que l’Espagne, les Pays-Bas et la Suisse manifestent leur désaccord avec l’intervention soviétique en Hongrie. Cette fois à Montréal, le boycott est massif et sans précédent, soulignent les chercheurs Catherine et Éric Monnin, auteurs du Boycott politique des Jeux olympiques de Montréal, aux Presses Universitaires de France. C’est presque tout un continent qui refuse de participer aux épreuves olympiques. Les pays africains dénoncent l‘apartheid en Afrique du sud. 

 

La question du dopage des nageuses est-allemandes est l’occasion de remettre en cause les pratiques anti-sportives au sein du bloc de l’est. https://youtu.be/mYuzMtoOOOs

 

1980 : JO de Moscou

 


Dès 1956, les dirigeants sportifs soviétiques évoquent la possibilité d’accueillir les JO. Ils investissent dans les infrastructures pour être en mesure de les accueillir. Ces Jeux ont permis la modernisation des services et lieux d’accueil des JO. La cérémonie d’ouverture est une réussite de la propagande soviétique : grands tableaux extrêmement réussis mettant en avant l’histoire et la culture russe et les valeurs de l’olympisme, la paix dans le monde … Mise en scène grandiloquente qui va servir de modèle pour les cérémonies suivantes.

Boycott des Etats-Unis, dont le prétexte est l’invasion de l’Afghanistan par l’armée rouge en 1979, mais le principe du boycott est évoqué bien avant, dès la connaissance du choix de Moscou comme ville d’accueil des JO. La dénonciation du non-respect des droits de l’Homme sert la propagande US. Mais le boycott n’est pas généralisé, même au sein du bloc des nations dites libres et les JO ont tt de même lieu sans trop de perturbation. En Europe, seule l’Allemagne de l’Ouest et la Norvège boycotteront ces Jeux. La France, l’Italie et la Grande-Bretagne maintiennent leur participation mais à des conditions différentes. Certains pays participeront mais sous bannière olympique. D’autres, comme la France notamment, refuseront de participer à la cérémonie d’ouverture.



 1984 : JO de Los Angeles

Boycott cette fois-ci des pays du bloc de l’est, encore que les occidentaux aident les athlètes de la Roumanie et de la Yougoslavie à participer à ces jeux. Et grand retour des sportifs chinois sur la scène olympique.

Ce sont des jeux qui ont été accusés d’être vendus au privé. MacDonald finance le stade nautique et Fuji le pas de tir. Le droit de porter de la flamme olympique est monnayé 3000$ du km. Pour la 1ere fois, présence des sponsors officiels qui achètent le droit d’utiliser l’image et le logo des JO => cf Fidel Castro qui dénonce cette marchandisation du sport (en 1988 à Séoul, la délégation cubaine boycottera les JO)


Lien vers une trace écrite d'un ancien sujet d'étude JO pour les STI 

Lien vers émission : sport et diplomatie



samedi 6 janvier 2024

Compo puissance -2

 Voici le 2e sujet proposé à la réflexion de mes 1ere SPE HGGSP. Si sa formulation peut désarçonner, en fait il s'agit très largement d'une réflexion filée tout au long du 2e chapitre consacré à l'impérialisme et à l'hégémonie. La difficulté consistait à choisir dans le cours les éléments qui répondent vraiment au sujet et laisser de côté tous les éléments qui pouvaient conduire à des hors-sujets, ou du moins à des développements trop annexes par rapport au fil directeur à suivre.


Sujet : la forme impériale est-elle condamnée par l'Histoire ?

plan fourni (ce n'est que la 2e compo de l'année !): 

1- les empires sont une forme de l'Etat et de la domination la plus ancienne et la plus répandue historiquement et géographiquement

2- toutefois, la montée des nationalismes au 19e siècle en Europe  (les élèves reprennent les points utiles du jalon sur l'empire ottoman) et la reprise des principes  nationalistes dans les territoires colonisés ont conduit à la progressive disparition des empires.

3- cependant, l'impérialisme s'est recomposé au XXe siècle sous la forme de l'hégémonie occidentale, si ce n'est américaine. (les élèves reprennent les points utiles du chapitre conclusif)



jeudi 28 décembre 2023

Les civils dans la guerre. Comment le droit international peut-il agir ?

 

(L’internationalisation du droit)


 

Selon l’ONU, 90% des morts en temps de guerre sont des civils. Historiquement, cette pratique de guerre qui consiste à cibler les civils (au mépris du droit de la guerre qui les protège = tuer intentionnellement des civils est interdit) s’inscrit dans le processus de guerre totale et anomique qui débute dans certains conflits de la fin du 19e siècle, mais essentiellement qui caractérise la 2nde Guerre Mondiale.

Le DIH fait partie du droit international qui régit les relations entre États. Ce dernier est formé d'accords conclus entre États, appelés traités ou conventions (donc c’est du droit contractuel), + de la coutume internationale, constituée par la pratique des États reconnue par eux comme étant obligatoire, + ainsi que des principes généraux du droit (= principe de Jus Cogens = la caractéristique d'une règle reconnue par tous les états et à laquelle aucune dérogation n'est possible. Le terme provient du latin et signifie «droit contraignant». On parle en français de normes impératives.). Donc est considéré comme nul tout traité qui contredirait certaines règles de base, par ex l’interdiction de l’esclavage.

R) C’est le traité de Vienne de 1969 qui codifie les règles des traités. Par exemple, tout traité conclu par un Etat doit être ratifié : le processus de ratification vaut pour manifestation de la volonté nationale et vaut donc pour approbation.

R) Les Etats et les organisations internationales (ex. ONU ; ex. l’UE à partir du traité de Lisbonne) sont les sujets du droit international car eux seuls ont la personnalité juridique adéquate : ils peuvent entretenir des relations diplomatiques ; ils peuvent conclure des traités ; ils peuvent présenter une réclamation internationale ; ils ont des droits ET des obligations reconnus par l’ordre international.

En revanche, les individus sont objets du droit international : on leur reconnaît des droits et une protection, mais ils n’ont pas le pouvoir de changer les règles et ils n’ont pas d’engagements vis-à-vis des autres Etats.

Le DIH s'applique dans les situations de conflit armé (Jus in bello).

Il ne détermine pas si un État a ou non le droit de recourir à la force (Jus ad bellum). Cette question est régie par une partie importante mais distincte du droit international, contenue dans la Charte des Nations unies. C’est inscrit dans l’article 2§4 de la charte de l’ONU de 1945 (que tous les Etats membres ont signée et acceptée donc théoriquement qu’ils respectent). Il s’agit d’une interdiction générale de recours à la menace ou à la force dans les relations entre Etats, soit contre l’intégrité territoriale, soit contre l’indépendance politique d’un Etat. Il y a une exception (charte art. 51) : c’est la légitime défense, la réponse à un crime d’agression. Pour autant, cette réponse doit être temporaire, nécessaire et proportionnelle. Ainsi, seul le Conseil de sécurité de l’ONU, théoriquement, peut habiliter l’usage de la force (donc la guerre) par une résolution, même en dehors d’une situation de légitime défense si il considère qu’il y a une menace pour la paix et la stabilité internationale. Enfin, on peut recourir à la force avec le consentement de l’Etat qui réclame l’usage de la force (cf l’intervention française au Mali)

 

1-      Historique et textes du DIH

1863 création d’un Comité international de secours aux blessés sur les théâtres de guerre (future croix rouges)

1864 – 1906- 1929= 3 conventions de Genève (ne réglementaient que les conflits interétatiques) pour la protection des soldats et des prisonniers de guerre.

4e convention de Genève  de 1949 : pour la protection des civils + 1977 :  protocoles additionnels pour des situations de guerre civile : ils postulent que la distinction entre les civils et les combattants doivent se faire en temps réel et pas a postériori. Le DIH réfute la notion de combattant hybride : on est soit civil, soit combattant.

R) La Section 3 de la 4e convention de Genève : règles sur les territoires occupés. Israël est une puissance occupante en Cisjordanie, Gaza et le Golan. Même si depuis 2005, l’armée s’est retirée de Gaza, elle contrôle par les mers et les frontières le territoire, elle administre indirectement le territoire en contrôlant eau/énergie/déplacement/ monnaie …Elle a donc un devoir de protection vis-à-vis des habitants de Gaza.

- le Protocole facultatif de 2000 se rapportant à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés.

De nombreuses règles de DIH sont désormais considérées comme appartenant au droit coutumier, c'est-à-dire comme règles générales s'appliquant à tous les États.

 

D'autres textes interdisent l'emploi de certaines armes et tactiques militaires ou protègent certaines catégories de personnes ou de biens. Il s'agit notamment de :

- la Convention de la Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé et ses deux Protocoles;

- la Convention de 1972 sur les armes biologiques;

- la Convention de 1980 sur certaines armes classiques et ses cinq Protocoles;

- la Convention de 1993 sur les armes chimiques;

- la Convention d'Ottawa de 1997 sur les mines antipersonnel;

Le DIH est connu et intégré dans tous les manuels militaires de toutes les armées du monde. Les armées régulières développent des stratégies pour justifier leurs actions au regard du DIH et protéger leurs soldats d’éventuelles poursuites. De plus, tous les Etats développent des argumentaires pour justifier leurs actes en argumentant (de façon plus ou moins convaincante) par rapport au DIH existant. Seuls les EUA ont essayé d’imposer leurs règles, en dehors du droit international quand, en réaction aux attentats de 2001, ils ont invoqué la « guerre préventive » et le statut de « combattant illégal », qui n’existent ni l’une ni l’autre en droit international.

 

2-      Les règles qui encadrent le droit de la guerre

Aucune partie à un conflit armé n’est au-dessus des règles du droit humanitaire international. Ce sont des obligations qui s’imposent aux parties belligérantes en temps de guerre.

Les règles de base = protéger les non-combattants = civils, prisonniers + Droit des civils à l’assistance humanitaire

Par csq, le DIH comporte aussi des restrictions aux moyens de guerre, principalement les armes, et aux méthodes de guerre, comme certaines tactiques militaires. Par ex, cibler spécifiquement des civils est interdit = principe de distinction entre civil et militaire. En cas de doute sur la qualité d’une personne, elle doit être considérée comme civile. Le civil est toute personne qui n’appartient à aucune des catégories suivantes :

·         Membre d’une force armée régulière, même si celles-ci se réclament d’un gouvernement ou d’une autorité non reconnue par la puissance adverse

·         Membre de forces armées, de milices, de corps de volontaires

·         Membre de tout groupe armé placé et organisés sous un commandement responsable de la conduite de ses subordonnés. (guerilla, gropuscules armés...)

·         En revanche, pour les groupes armés non étatiques (ne relevant d’aucun Etat ou assimilé comme tel), le droit international ne dit rien sur eux (= groupes considérés comme terroriste ex ISIS, Al Qaïda…) Par défaut, ils sont considérés comme des civils criminels du fait de leur usage de la force, qui ne perdent leur protection que pendant la durée de la participation directe aux hostilités (Genève protocole additionnel de 1977 , GPI, art 45.1 et 51.2 et GPI II art 13.3

=> La prise d’otage est interdite, les biens civils ne doivent pas être ciblés…

Cette obligation de distinguer entre civils et combattants est un des fondements du droit humanitaire

Principe de précaution pour ne pas faire peser des risques sur les civils : prévenir les civils, permettre l’évacuation par les civils …

R) le siège n’est pas interdit spécifiquement dans le droit international humanitaire. En revanche, ttes les csq du siège conduisent nécessairement à une violation du droit international humanitaire (DIH) = impossibilité d’exercer son droit à l’assistance humanitaire.

Mais aussi, principe de proportionnalité = les armées doivent dans le choix de leurs cibles et de leur stratégie, éviter des pertes excessives de vies civiles. Il faut donc pouvoir évaluer des objectifs militaires et estimer si les pertes civiles sont acceptables au regard du gain militaire recherché. C’est compliqué à mettre en œuvre car ce doit être évalué à chaque fois pour toutes les opérations militaires.

 

3-      Les qualifications pénales : Crimes de guerre, crime contre l’humanité, génocide

On trouve la liste exhaustive des qualifications pénales en DIH dans le texte du statut de Rome (1998) créant la Cour Pénale Internationale. = Art 6, 7 et 8

R) il n’y a pas de définition internationale et reconnue par tous les Etats d’un crime de terrorisme => ce n’est pas une qualification pénale. C’est un mot de la politique, pas du droit. Mais il y a interdiction des actes qui ont pour but de répandre la terreur auprès de la population civile.

La vraie déf de ces crimes = crime de guerre, voire pour certains d’entre eux, crime contre l’humanité.

A l’origine, on a défini des crimes de guerre = limitation de qu’il est possible de faire en temps de guerre et de ce qui est interdit. (art 8) = homicide, torture, traitement inhumain, déportation, détention illégale, prise d’otages, attaques contre le personnel humanitaire, attaque contre des biens à caractère civil, viol, prostitution forcée ou esclavage sexuel, utilisation de bouclier humain, mutilation, prise d’otage, déni de quartier …

Cette liste a été progressivement étoffée. Elle protège mieux en cas de conflit international que interne (guerre civile).

Puis il a été ajouté après la 2nde guerre mondiale :

Génocide (art.6)

Ce sont les mêmes faits, mais on va les qualifier autrement si on arrive à prouver l’intentionnalité de détruire, tout ou partie d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux, ciblé comme tel.

R) On qualifie une notion de tentative. Il n’y a pas besoin qu’il y ait eu complétement commission de génocide. Ainsi, quelqu’un peut être poursuivi pour génocide, même s’il y a eu peu de victimes.

 

Crime contre l’humanité (art 7)

= attaque généralisée ou systématique contre une population civile, même en dehors d’une guerre, avec commission multiple d’actes. Il est entendu qu’il doit y avoir une politique ayant pour but une telle attaque càd que la poursuite d’une politique d’un Etat encourage ou favorise une telle attaque contre une population civile.

R) Tous ces crimes sont imprescriptibles

En fonction de la qualification du conflit, le DIH peut varier. On distingue :

- Les conflits armés internationaux sont ceux qui opposent au moins deux États. Ces conflits sont régis par un vaste éventail de règles, dont celles inscrites dans les conventions de Genève et le Protocole additionnel I.

- Les conflits armés non internationaux opposent, sur le territoire d'un seul État, les forces armées régulières à des groupes armés dissidents, ou des groupes armés entre eux. Un ensemble plus limité de règles sont applicables à ce type de conflit. Celles-ci sont définies à l'article 3 commun aux quatre conventions de Genève et dans le Protocole additionnel II.

Dans la plupart des conflits actuels = conflits asymétriques et internes à un pays.

Cependant, même si les groupes armés n’ont pas signé un traité international, ils sont tt de même soumis au droit humanitaire, en tant que « partie au conflit ». Quelle que soit la qualification du conflit, en général, les civils sont protégés par le DIH.

 

4-      Dans les conflits actuels, le DIH peut-il s’appliquer ? Comment faire du droit secondaire, càd juger et sanctionner un manquement au DIH

C’est la Cour Internationale de Justice qui poursuit les Etats (si ceux-ci reconnaissent la compétence de cette cour) C’est rare/jamais fait dans le cas de la guerre. Il y a eu un essai de codification par la CDI (Commission du Droit international de l’ONU) sur la responsabilité pénale des Etats et cela a été repris dans une résolution de l’assemblée générale de l’ONU (qui n’a pas valeur contraignante, mais peut être considéré comme du droit coutumier) Dans l’art 1, il est dit que tout fait internationalement illicite engage la responsabilité internationale de l’Etat. Pour pouvoir traîner un Etat devant la CIJ, il faut se demander si l’action reprochée peut être imputable à l’Etat ou à une entité disposant des prérogatives de puissance publique.

Poursuivre les criminels de guerre (on ne poursuit pas les Etats, mais des individus qui peuvent être des chefs d’Etat) : principe de complémentarité

·         On considère que les crimes en temps de guerre relèvent de la compétence des tribunaux nationaux

·         La Cour pénale internationale (CPI, siège à La Haye) pour les crimes les plus graves et pour juger les plus « gros perpétrateurs » (= les plus hauts responsables)

R) Israël n’est pas partie prenante au statut de Rome, donc la CPI n’a pas juridiction sur elle. En revanche, la Palestine, si. Et en 2019 , le procureur de la CPI a accepté de se reconnaître compétent et en 2020  d’ouvrir une instruction et les actes commis à Gaza relèvent de la compétence de la CPI => Karim Khan est le procureur actuel

Quand le procureur décide d’ouvrir une enquête (il ne faut pas qu’il y ait une procédure en cours sur la même chose dans la juridiction nationale), des ONG documentent les crimes de guerre et collaborent avec la CPI pour transformer la documentation en éléments de preuves valables dans un procès pénal.

R) Pour que le Procureur puisse ouvrir une enquête, il ne faut pas qu’il y ait une procédure en cours sur la même chose devant une juridiction nationale.

R) C’est une minorité de pays qui reconnaissent la compétence de la CPI. (voir une carte sur Internet)

·         Principe de compétence universelle, reconnu par certains Etats

= l’Etat est compétent pour la poursuite et le jugement d’une infraction même lorsque celle-ci n’a pas été commise sur son territoire et qu’elle a été commise par une personne étrangère sur une personne étrangère et sans que l’Etat soit victime de cette infraction. Bref aucun lien.

Peu de pays s’accordent la compétence universelle absolue. En revanche, certains s’accordent la compétence universelle relative = s’estiment compétent s’il existe un rattachement juridique avec l’infraction, par exemple si le commettant réside de façon permanente ou temporaire dan le pays en question. Un exemple marquant est l’arrestation d’Augusto Pinochet, ex-dictateur chilien, au Royaume-Uni en 1998. En France, un cas dans le cadre du conflit syrien. La loi confie le monopole des poursuites au Parquet, cela supprime la possibilité pour une victime ou une association de déclencher les poursuites.

 

samedi 30 septembre 2023

Compo puissance -1


Sujet : Depuis la fin de la guerre froide, assiste-t-on à un chaos mondial lié à des affrontements entre les grandes puissances ?


Comme il s'agit de la première composition de l'année avec les 1ere HGGSP, le travail préparatoire a été mené en classe et avec mon aide, puis les élèves se sont répartis par groupes de travail pour élaborer collectivement le plan détaillé des trois grandes parties. Ils ont ensuite divisé leur groupes en unités de travail pour rédiger les paragraphes. 

Cet exercice fait suite à une série d'exposés (avec de grosses reprises) qui ont permis de dresser un tableau assez complet, sans être exhaustif, de l'état des relations internationales depuis les années 1980. Le vocabulaire, les grandes notions et les principaux repères étant acquis, il s'agit dans un 2e temps d'organiser la masse d'informations et de connaissances. C'est l'objet de cette composition.


La liste des exposés est disponible ici

Les grandes idées élaborées en classe :

1) la vidéo de P Bulher (les experts du Dessous des cartes) sur les nouveaux visages de la puissance

    la carte mentale de synthèse élaborée en classe

    la vidéo du dessous des cartes sur l'ONU, un  système à bout de souffle

2) le bilan des exposés


Grands axes de l'intro

  • Historiquement, les Etats ont mené des politiques d'affirmation de leur puissance, ce qui les conduisait éventuellement à des affrontements (def puissance)
  • Il est courant de dire que la Guerre froide, par le contrôle que les deux super-Grands exerçaient sur leur bloc et par l'équilibre de la terreur, a eu un effet de stabilisation (def super-grands)
  • Sur quelles bases de régulations s'organise le monde actuel et comment expliquer la multiplication, en apparence chaotique, des conflits ces 30 dernières années ?

Grands axes du plan
  • L'effondrement du bloc communiste et la disparition de l'URSS fin 1991 a laissé les Etats-Unis seuls à pouvoir prétendre réguler la scène internationale. Ils sont de plus en plus isolés, contestés et donc affaiblis. 
  • De nouveaux Etats s'affirment soit en tant que grande puissance, soit en tant qu'ils ont une capacité de nuisance. Les tensions et conflits sont nombreux et l'Occident se trouve souvent seul et contesté.
  • Le droit international et les règles élaborées par l'ONU sont certes toujours valables et elles ont le mérite d'exister, mais elles peinent à encadrer les nouvelles formes de conflit et de tensions.

Conclusion
 - basculement du monde
- réinventer le multilatéralisme en sortant des logiques de puissance, mais comment ? peut-on tabler sur de nouveaux acteurs, les peuples / les opinions publiques ?


dimanche 16 avril 2023

Le christianisme évangélique : mutations et rapports au pouvoir politique

 En m'appuyant sur la série de 3 documentaires d'Arte sur les Evangéliques américains, je vous propose une fiche d'activité qui s'insère dans un cours de 1ere SPE HGGSP, thème Etats et Religions.


Le christianisme évangélique

 

I) Une diffusion mondiale récente

 = cas d'une église en expansion. Montrez en vous aidant des documents ci-dessous que cette expansion est le fruit d'une action volontariste et organisée.

 

Chronologie

1942 : création de la NAE (Association nationale des Evangéliques) aux Etats-Unis

1945-fin des années 1970 :

       campagnes mondiales d'évangélisation, nommées "Croisades", du pasteur Billy Graham : 185 pays visités en tout. A chaque fois, B. Graham réunit des foules dans des stades ou des gymnases. Par exemple, la plus grande = 1973 en Corée du Sud (3 millions d'auditeurs en 5 jours)

      Emission hebdomadaire aux Etats-Unis dans les années 1950 et 1960, "l'heure de la décision". 20 millions d'auditeurs/ semaine. + Il fonde le magazine Christianity Today et World Wide Pictures pour la production de films : cf "Welcome USA" sur un entrepreneur du pétrole converti par un télévangéliste interprété par Billy Graham lui-même et cf "Jesus" en 1979

1973 : 1er Congès international pour l'évangélisation mondiale à Lausanne (Suisse) : 2750 représentants évangéliques venant de 150 nations. 10 jours de conférences et élaboration d'une Déclaration de Lausanne, qui définit l'identité et la mission de l'Evangélisme.

1980's à nos jours :

       Développement des mega-churches. Actuellement plus de 2000 dans le monde, dont 1750 aux Etats-Unis

                                            


 Lakewoood (Colorado)


Brooklyn Tabernacle (NY)
 

       Nouveau chef : Jerry Falwell. Les évangéliques américains investissent dans la création de C.B.N. (Christian broadcast netwok) qui diffuse dans plus de 100 langues des programmes religieux. Ils possèdent plusieurs journaux (par ex. Charisma Media). Ils ont fondé des universités pour former leurs cadres dirigeants et les futurs cadres dirigeants des entreprises et des institutions US = Liberty University(1971-1985 ...) et Regent University (1977...). Des cursus sont disponibles totalement en ligne.

 


Carte : Une religion mondialisée

Dans le monde, un chrétien sur 4 est évangélique. L'église revendique 665 millions de fidèles. Une croissance de 30% entre 2010-2020

 


 

II) Les croyances, les rites et l'attittude morale

Il s’agit de montrer et d’expliquer que la forme évangélique du protestantisme est une manière de répondre aux défis de la modernité et de la globalisation.

 

      Une église née du protestantisme américain (les mouvements baptistes et anglicans puritains) mais qui s'en sépare. C'est pourquoi on entre dans l'évangélisme par un nouveau baptême ("born again")

 => une foi totalement christianocentrée : vivre dans l'acceptation de la présence en soi de Jésus, qui s'est sacrifié pour racheter les péchés. Entrer dans l'évangélisme est vécu comme un "reset", un nouveau départ qui garantit la vie éternelle.

 => une foi basée sur une lecture de la Bible (Ancien et nouveau Testament) : "La Bible ne doit pas servir seulement le dimanche (...) elle nous commande coment vivre, comment penser ..." (Michelle Bachmann, leader du Tea Party, une composante de parti Républicain) Tout est dans la Bible qui est infaillible = la lecture littérale du texte a fini par s'imposer au sein du mouvement. L’idée est que si tout change tout le temps dans le monde, le message de Jésus, lui , est éternel et immuable . D'où le développement du mouvement millénariste = dans l'attente de la fin du monde et du retour de Jésus.

 => une foi individuelle, qui réclame un engagement personnel (évangéliser) et qui se vit sur un mode charismatique (l'effusion de la grâce) => des rituels qui incitent à extérioriser la foi.

       Un fondamentalisme

Qui s’origine dans le SE des Etats-Unis (états de la Bible Belt). Contre la sécularisation, jugée pernicieuse et s’attaquant aux racines morales de la société du fait de la déchristianisation, il s’agit de régénérer la société en revenant aux vraies pratiques et aux vraies valeurs, qui sont censées être celles de la religion. Il faut restaurer le rôle dominant de la religion dans la société pour le contrôle social qu’elle permet. En rencontrant le littéralisme biblique, cette vision pessimiste d’un déclin de la société produit le fondamentalisme : il s’agit de restaurer le monde tel qu’il est pensé par les leaders évangéliques (de façon fantasmatique) = Dieu a créé l’Homme et la Femme donc la famille doit être traditionnelle, le sexe hors mariage interdit, l’homosexualité est un péché et doit être combattue. Toute vie est sacrée puisqu’elle est le véhicule de la foi en Christ donc les évangéliques reprennent dans les années 1970 le combat catholique contre l’avortement (mouvement pro-life). Le courant principal de l’évangélisme est donc un mouvement anti-libéral. Le capitalisme n’est pas en soi un problème (de grands capitalistes sont évangéliques) mais doit être moralisé…

 

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Doc.1 : une réflexion théorique à la fois sur la nature du fait religieux et sur ses recompositions

Extrait de l’article de Raphaël Liogier, RECOMPOSITIONS RELIGIEUSES DANS UN MONDE GLOBAL THÉORIQUEMENT SÉCULARISÉ, Karthala« Histoire, monde et cultures religieuses » 2015/2 n° 34 | pages 131 à 146

 « [...] Il existe aujourd’hui une nouvelle dynamique mythique générale, un métarécit émergeant en phase avec la globalisation–l’individuo-globalisme–qui refond progressivement les traditions religieuses dans son moule imaginaire. Cette culture croyante, apanage des mouvements New-Age très minoritaires dans les années 1960, est progressivement devenue, par euphémisation successive de ses aspects les plus excentriques [...], la culture croyante dominante des sociétés industrielles avancées. La progression constante des valeurs de bien-être dans les enquêtes des valeurs européennes depuis les années 1980 ne démontre pas autre chose : c’est l’ensemble de la société qui s’est « newagisée » […]. Le New-Age généralisé, aseptisé dans le langage du développement personnel (polarité individuelle) connecté au développement durable (polarité globale), autrement dit l’individuo-globalisme, se traduit dans des styles de vie, des choix alimentaires, des comportements, des orientations politiques. Le champ religieux s’est progressivement recomposé sous l’emprise de cette force [...]

Le charismatisme est l’expression la plus émotionnelle de l’individuo-globalisme, l’émotion se caractérisant par la négation du temps (négation de la progression par étape, par degré), au profit d’une grâce immédiate, conférée sans effort, dans l’effervescence du moment. Il s’agit bien pourtant dans le charismatisme du même mythe, celui de la profondeur abyssale des ressources individuelles, et de la puissance d’un monde sans limites, où tout est possible. Même dans les mouvements évangéliques, dépendant de la tradition chrétienne et devant donc se référer à elle, Dieu finit par s’apparenter à une puissance énergétique qui traverse l’adepte et lui permet de se reconnaître lui-même, de prendre conscience de sa puissance productive. Ce Dieu vivant à travers Jésus recharge l’adepte en situation de transe, et lui permet de se connecter à ses semblables ainsi qu’au monde entier. D’après Paul Heelas, d’ailleurs, les spiritualités d’inspiration New-Age et le théisme émotionnel contemporain participent de la même dynamique. Leur point commun serait le facteur HS. HS comme Holy Spirit (Esprit Saint, pour les théistes néo-évangéliques) et comme Higher Self (Soi Supérieur, pour le New-Age au sens large). Dans les deux cas, il y a sanctification de la force de vie qui est mystérieusement lovée dans l’intimité de l’être. La surprésentation des populations les moins nanties dans ces mouvements émotionnels n’est pas très étonnante. L’émotion permet par excellence de sublimer la frustration matérielle. Par ailleurs, et c’est là toute la force du charismatisme, les signes attendus et promis par ces épreuves émotionnelles, sont d’abord matériels, financiers. Ce n’est pas la santé supérieure, un mental libéré, une créativité accomplie, qui sont promis et attendus en priorité, mais la richesse matérielle, la sortie du ghetto, de la précarité, une prospérité offerte, fruits immédiats de la foi. […]. Lorsqu’aucun horizon rationnel d’amélioration de la condition économique n’est plausible, lorsqu’aucun effort ne semble pouvoir permettre de sortir d’un tunnel opaque dont le bout n’est pas perceptible, il ne reste plus que la transe, l’abandon et la foi dans le don d’une prospérité immédiate. C’est encore cependant l’individu qui est la priorité, sa réussite personnelle, mais avant tout matérielle contrairement au spiritualisme […] Ce ne sont pas toujours les plus démunis qui adhèrent à cet évangile de la prospérité, mais ce ne sont jamais, néanmoins, les classes supérieures économiquement, ni les créatifs culturels. L’Église pentecôtiste Hillsong, étudiée par Marion Maddox, issue des Assemblées de Dieu, implantée à Sydney et qui a des ramifications mondiales, est un réseau religieux pentecôtiste adapté aux classes moyennes, dont les leaders ont poussé à son paroxysme la sacralisation de la prospérité matérielle.[...]

Le fondamentalisme ne se définit pas forcément contre l’Occident, comme en témoigne l’existence d’un fondamentalisme nord-américain qui entend au contraire le sauver. Comme tous les mouvements réactionnaires, il vise à protéger la « tradition » contre un mal omniprésent. Le fondamentalisme s’alimente au sentiment de faiblesse, d’injuste oppression, et se traduit toujours par une certaine paranoïa, la perception d’un complot, voire chez certains individus, dans une version plus pathologique, par des délires de persécution. C’est en tout cas la traduction d’un manque qui touche l’identité, et qui entraîne une réaction de retranchement vers des origines reconstruites, vers des racines, une communauté, et le désir de redresser le monde.

[…] Les tendances charismatistes peuvent être aussi mobilisées, comme les Églises évangéliques qui se développent surtout en Amérique latine et en Afrique subsahariennes, qui peuvent servir de réseaux d’influence de la politique américaine. Dans ce cas, le soft power religieux se met au  service d’un État, en l’occurrence les États-Unis d’Amérique. Nous avons aussi des leaders charismatistes musulmans, en Égypte avec le télécoraniste Amr Khaled et en Indonésie avec Aa Gym,ou des leaders spiritualistes comme le néo-soufi pakistanais anti-taliban Tahir ul-Qadri, à l’influence politique planétaire. Là encore, il existe aussi de nouveaux leaders qui eux opèrent sur la marché de la terreur –tels que l’hypercalife globalisé Abou Bakr al-Baghadi– qui savent susciter l’horreur des élites des sociétés industrielles avancées et, symétriquement, attirer les populations qui éprouvent des sentiments d’humiliation, de frustration sociale, et cherchent sur toute la surface du globe une occasion de revanche violente.

[...] Terminons en évoquant les révolutions arabes dont l’événement déclencheur superficiel fut l’immolation par le feu, le 17 décembre 2010, d’un bachelier tunisien au chômage. À peine plus d’un mois plus tard, le président Ben Ali dut fuir comme un voleur son palais présidentiel. Il était pourtant considéré comme un dictateur inébranlable, dont le pouvoir reposait sur un système clientéliste parfaitement huilé en interne, et le soutien des grandes démocraties occidentales en externe. À la suite de ces événements tunisiens, d’autres dictatures arabes ont été renversées ou ébranlées, en Égypte, en Libye, dans le Golfe Persique. Un vent de liberté a soudain soufflé sur l’ensemble du Moyen-Orient. Puis, comme dans toutes périodes transitoires, il y eut les lendemains qui déchantent. Les partis islamistes, en particulier issus des Frères musulmans, ont naturellement réussi à récupérer les dividendes électoraux de leur statut de résistants pendant la période de dictature. Ce qui provoqua immédiatement l’inquiétude dans certains milieux « laïques » occidentaux qui ont cherché à présenter ces victoires électorales islamistes comme l’expression de la guerre des civilisations. Pourtant, comme on le voit en Tunisie, sur le terrain, les choses ne sont pas si simples. La position des islamistes est fragile, parce que même s’ils restent une des forces les plus structurées dans cette période tourmentée, ils ne sont pas à l’origine de la révolution. Et ils n’ont pas réussi à la confisquer. L’instabilité actuelle est bien d’ailleurs le signe qu’aucune reprise en main n’a été possible. L’instabilité est le signe d’une véritable révolution, qui peut se traduire par des périodes très difficiles, parfois d’une grande violence, comme au lendemain de la Révolution de 1789, en France. Le point commun des grandes révolutions, c’est qu’elles ne sont pas le produit des événements qui les ont déclenchées officiellement, mais d’une transformation profonde de la structure des désirs. En 1789, la bourgeoisie qui détenait une part de plus en plus importante du pouvoir économique ne pouvait plus accepter les privilèges politiques et symboliques de la noblesse. En 2010 au Moyen-Orient, la nouvelle classe bourgeoise émergente, cultivée, branchée sur internet, avide de réussite économique et sociale, ne pouvait plus supporter les privilèges écrasants de la classe sociale gouvernante. C’est ce qui explique, après l’exemple tunisien, qui sonne comme un sifflet de départ, la réaction en chaîne dans l’ensemble de la région. Dans le grand bain informationnel, dans lequel chacun se raconte, transfère, partage des images et des histoires, à travers les réseaux sociaux tels que Facebook, les désirs se concentrent plus vite, plus intensément, et produisent plus vite des effets sociaux, voire politiques. S’il y a aujourd’hui risque de collision, de violence, ce n’est pas entre des civilisations enracinées sur des valeurs millénaires, mais entre des espaces déterritorialisés de désirs.

Questions pour guider dans la lecture de ce document

Lignes 1 à 12 : elles expriment la thèse de l’auteur. Une nouvelle représentation mentale (il dit « meta-récit ») de la place de l’individu dans les sociétés s’est forgé dans les années 1960 et a irrigué toutes les formes de pensée actuelles, y compris la religion : l’auteur parle de New Age ou d’individuo-globalisme pour qualifier cette nouvelle représentation. A la ligne 24/25, il le nomme ……………………………..

Repérez la structure du texte. Dans un premier temps, il explique comment, selon lui, ce New-Age a créé une tendance charismatique dans la religion (lignes …… à ……..) puis comment il peut aussi permettre d’expliquer le fondamentalisme (lignes ……..à ……….) C’est l’aspect individualisme du « New Age »

 A partir de la ligne 50, l’auteur élargit le spectre de son analyse au monde entier et à d’autres mouvements que le mouvement évangélique. Il montre comment les mouvements religieux en expansion s’appuient sur la globalisation médiatique (quels exemples ? …………………………………………………..…) C’est l’aspect globalisme du « New Age »

Lignes 61-91 : à travers son analyse des Printemps arabes et de leurs suite, l’auteur cherche à montrer comment ces mutations des désirs individuels (réalisation de soi, désir de réussite sociale, revendications des droits) touchent en profondeur les sociétés, même non-occidentale. Il parle de « révolution » des désirs. Son propos est de dire que cette révolution à l’œuvre est mal, voire peu captée, par les mouvements religieux fondamentalistes.

 

Reprenons plus en détail. L’auteur fait une typologie des formes que peut prendre l’individuo-globalisme

Ligne 13 ; 20-22 ; 25-26 ; 41 : comment le charismatisme est-il défini ?

Ligne 26-38 : qui sont, d’après l’article, prioritairement les adeptes de ces mouvements charismatiques ? Pourquoi ?

Ligne 44 : comment le fondamentalisme est-il défini ?

Lignes suivantes : quelles motivations individuelles pousseraient à adhérer à une vision du monde fondamentaliste ?

 

Le point commun de ces deux approches, si l’on en croit l’auteur, serait donc que ces mouvements prospèrent en mobilisant les frustrations d’individus qui n’acceptent pas le monde tel qu’il est, du fait de leurs propres difficultés. La religion leur donnerait un moyen de peser sur le monde et de transformer (ou de l’espérer) leur propre « être-au-monde ». C’est une explication psychologique du phénomène religieux évangélique.

 

 Doc 2 : Le Brésil de Bolsonaro, un pays fracturé (vidéo dans Pearltrees. Vous pouvez passer les passages où ne s’expriment pas les partisans de Bolsonaro)

Comment les Bolsonaristes expliquent-ils leur engagement dans la droite conservatrice ?

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Doc 3 : un exemple historique de ce qu’est le fondamentalisme : le procès « du singe » et le créationnisme.

Voir les documents dans le dossier Pearltrees. Il s’agit d’une activité de manuel

Quelle est l’attitude fondamentaliste face à la science ?

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Comment les fondamentalistes agissent-ils pour faire triompher leur point de vue ?

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III) Le lobbyisme politique 

 Doc 1 : Le Brésil de Bolsonaro (vidéo)

Quelles sont les politiques suivies par le gouvernement de Bolsonaro ?

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Le mouvement évangélique américain a des proximités anciennes avec le pouvoir politique. Ainsi, Billy Graham était très ami avec le président républicain Eisenhower (1950’s) et avec le président républicain Nixon (fin 1960’s-début 1970’s). Mais c’est surtout à la fin des années 1970 qu’a lieu le grand tournant et l’activisme politique des évangéliques traditionnalistes de droite (paradoxalement alors que le président en exercice, Jimmy Carter, était un évangélique, mais libéral et du parti démocrate)

 

Les évangéliques appuient le candidat Ronald Reagan (Républicain) -1981-1988-. Ils revendiquent être la « majorité morale ». Ils occupent la rue avec leurs manifestations pro-life (anti-avortement). Ce combat va ensuite s’élargir à d’autres combats (« les 7 montagnes ») pour prendre le pouvoir spirituel non seulement aux Etats-Unis, mais partout où l’évangélisme de droite se répand dans le monde = il s’agit de devenir des leaders d’opinion dans le divertissement et la culture populaire, l’éducation, la famille, le gouvernement, le monde des affaires, et bien sûr la religion. En 2000, ils font élire G. Bush (2001-2009, Républicain) qui manifeste clairement sa proximité avec les idées évangéliques. En 2016, ils votent Trump à 81%. En 2018, ils contribuent à l’élection de Jaïr Bolsonaro au Brésil et de Scott Morison en Australie. Trump va donner des gages aux évangéliques de droite pendant tout son mandat. Il participe à une marche pro-life et nomme 3 juges ultra-conservateurs à la Cour Suprême (ce qui permet à celle-ci en 2022 d’annuler l’arrêt Roe -vs-Wade faisant de l’avortement un droit constitutionnel). Il fait transférer l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem avec la présence de sa fille à l’inauguration. Il nomme un directeur de la foi dans chaque ministère et dans chaque agence gouvernementale. En 2019, il active le veto des EUA à l’ONU contre un projet de résolution présenté par le docteur congolais Denis Mukwege pour faciliter l’accès à l’avortement aux femmes violées pendant les guerres.

 

Pourquoi vouloir contrôler le pouvoir politique ?

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lundi 14 mars 2022

Analyser avec les élèves le discours de Poutine d'entrée en guerre

 

La mise en scène du pouvoir


Je mets ci-joint le fichier word du discours de Poutine du 24 février dans une version abrégée et vous trouverez à la suite les éléments d'analyse linéaire que l'on peut mener avec les élèves de SPE HGGSP.

J'espère que cela pourra vous être utile. C'est un document de travail préparatoire pour le professeur.

Merci aux Clionautes sur le site duquel j'ai récupéré le texte intégral ! 


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