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mardi 21 novembre 2023

Alexandre le grand

 Carte mentale à partir de la vidéo de l'émission de P. Boucheron, Quand l'Histoire fait date.





Cette séance peut se faire en début d'année de seconde, dans l'objectif de familiariser les élèves à la méthodologie de la prise de notes et pour présenter la méditerranée antique (hors programme) ou en 1ere, en exercice sur la notion d'empire (thème de la puissance)

samedi 26 septembre 2020

Le monde grec, proposition de cours

 J'ai choisi cette année, post confinement, de "saucissoner" ce gros 2e chapitre. H2 est donc une introduction-présentation de la Méditerranée antique, pour montrer les emprunts culturels et les assimilations, sous l'effet des contacts marchands, guerriers et des stratégies impériales. Et H4 sera consacrée à Rome. Dans le nouveau programme, il est plus légitime de séparer Athènes et Rome car le programme insiste moins sur la démarche comparative.


Le manuel utilisé est le Hachette

Chapitre H3 : L’Antiquité gréco-latine : Le modèle grec 

I/ Un ensemble de cités-Etats

A)  La Grèce est un monde morcelé

sans doute du fait du relief montagneux. Si tous les Grecs parlent la même langue et ont plus ou moins les mêmes croyances, la même culture (ils lisent tous l’Iliade et l’Odyssée) ils ne sont pas unis en un seul Etat.

Carte p. 32 : Grèce, Asie mineure, Grande Grèce …= le monde grec est composé de cités indépendantes les unes des autres qui ont leurs propres institutions. Les colonies (en mer noire et Grande Grèce) sont fondées par une cité qui y envoie une partie de sa population, mais elles n’en sont pas moins indépendantes. => le monde grec s’étend sur toute la méditerranée orientale. L’Italie du Sud est appelé « la Grande Grèce »

Doc 2 p. 32 et 3 p. 33 : Une cité-Etat est une ville qui contrôle la région avoisinante, comme Athènes domine et dirige l’Attique. Sparte est une autre grande cité de Grèce continentale. Ces villes sont dirigées par des assemblées oligarchiques. Les gros propriétaires terriens de la campagne, riches et influents, contrôlent le pouvoir politique.

 

ð  Quelle unité, malgré tout, du monde grec ?

B)  La religion, un ciment du monde grec

1)      1- Les sites panhélléniques

Delphes pour l’oracle d’Apollon et exemple du sanctuaire panhellénique d’Olympie : Prise de notes video sur 30 minutes avec questionnaire fourni.

https://www.youtube.com/watch?v=__dt_EVYpBw&feature=youtu.be

A la fois sanctuaire religieux et site sportif, le site grec d'Olympie a accueilli pendant plus de 1000 ans les athlètes venus participer aux Jeux au nom de leur cité.  Ces jeux apparus en 776 avant J.-C. et sont inspirés de pratiques guerrières (cf course en armes, coure d’endurance, lancer de disque et de javelot, lutte). Tous les quatre ans, une grande trêve d’un mois permet aux athlètes de toute la Grèce de se rendre à Olympie.

A travers les jeux se jouent encore des enjeux de rivalité, de gloire et de puissance entre les cités (voir Alcibiade), mais de façon pacifique (DIAPO 8) . Les sites panhélleniques où les Grecs se rencontrent, et singulièrement les JO, sont l’occasion donnée aux Grecs de renforcer un sentiment d’appartenance commune à une même civilisation. D’ailleurs ces jeux étaient réservés aux seuls Grecs.

Toutes les épreuves sportives et artistiques (théâtre pour les fêtes de Dionysos), d’ailleurs toujours sous la forme d’un concours, sont faites à l’occasion de cérémonies religieuses pour une divinité particulière (Zeus/Olympie). Adeptes de la perfection esthétique, considérée comme un reflet de la perfection divine (kalos kagatos : le beau est le bon), les Grecs offraient ces spectacles aux Dieux.

             Les critères de beauté de l’art grec pour la représentation des corps ont été repris dans l’art européen ultérieur : ce sont devenus des « canons de beauté ». (vocab = l’origine de l’expression « canon de beauté vient du sculpteur grec Polyclète qui écrivit un traité de la beauté idéale appelé Le Canon, ce qui en grec veut dire « modèle, règle »)

Ils correspondent à une harmonie des proportions et de la symétrie + la beauté extérieure doit refléter la beauté intérieure (= la vertu) qui va s’exprimer par la grâce des gestes + la douceur du regard pour les femmes tandis que les hommes se caractérisent par la force maîtrisée et le dynamisme du geste.

Que ces jeux soient profondément religieux, c’est ce que démontre la fin des jeux à partir de 393 : les Romains ont adopté ces jeux et les ont perpétués mais quand l’empereur Théodose interdit les cultes païens en 390 car il est un empereur chrétien, alors les JO ont rapidement disparu.

 

2)      Compléter avec Panathénées pour définir 2- « religion civique » : PWPT + p.49

Point sur les sources : sources textuelles , les décrets de l’ecclesia qui organisent le culte et notamment quel citoyen riche d=sera en charge du rituel et du paiement des frais

Liturgie : Charge confiée à un citoyen riche et dont il assume les frais sur sa fortune personnelle. Il s’agit de n’importe quel type de dépense utile à la cité (mil, religieuse…)

 

C’est souvent pour les riches une occasion de gagner en popularité. Si bien qu’ils pratiquaient aussi l’évergétisme : dépense volontaire d’un riche citoyen qui offre à sa cité quelque chose qui lui est utile (souvent = art ou jeux. C’est comme ça qu’avaient lieu par ex les jeux du cirque)

 

Les sources iconographiques

Fête connue par la frise des panathénées  => sur les murs du Parthénon, temple principal qui domine la ville=> fête majeure de la ville

 

En quoi les Panathénées sont un bon exemple de religion civique ?

Religion civique : les rituels religieux sont utilisés pour renforcer la communauté politique

 

Les Panathénées sont des festivités annuelles en l’honneur d’Athéna, la déesse protectrice de la cité.

Le cortège traverse la cité en passant par les lieux du pouvoir politique et religieux. Tous les habitants d’Athènes participent à la procession de façon hiérarchisée (= magistrats en tête, métèques à la fin). Cette fête montre une population soudée autour de sa divinité et de son régime politique. Les Panathénées permettent d’intégrer les non-citoyens à la vie de la cité. A la fin de la journée, les bêtes sacrifiées (payées par la liturgie) sont distribuées à la population et grands banquets (occasion de convivialité)

 def religion civique = l'utilisation des rituels religieux pour des fins politiques (au sens large ) ici = 

 Les Panathénées sont le reflet de l’idéal démocratique athénien parce que…

  •          l’organisation des festivités est débattue par l’Assemblée du peuple ;
  •          tous les habitants, qu’ils soient citoyens ou non, peuvent participer à la fête ;
  •          cette fête honore Athéna, protectrice de la cité et garante de la démocratie ;
  •          le parcours des Panathénées dessert les lieux des grandes institutions démocratiques.
  •          L’organisation est faite par dème (place dans la procession, repas ) : c’est donc la cité organisée, hiérarchisée qui rend hommage à sa déesse.

 Dème/démos/démocratie

Dème = Division administrative du territoire athénien. Les dèmes tenaient à jour les listes de citoyens.

 

 C)  L’unité contre un ennemi commun ?

1-    1-   Les guerres médiques

Les cités grecques s’unissent parfois, face à un ennemi commun = guerres médiques contre l’empire perse

On distingue deux grandes phases dans ces guerres. La première débute par la révolte des cités grecques d’Asie Mineure contre l’Empire Perse. A la suite de cet événement, le roi Darius lance une expédition punitive : il est bloqué devant Athènes par la bataille de Marathon en 490 avant J-C. L’alliance des cités d’Athènes et de Platée l’emporte de façon spectaculaire. Dix ans plus tard, dans l’optique de venger cet affront et d’envahir de façon définitive la Grèce, le roi Xerxès lance une des plus grandes expéditions militaires de l’histoire. Une grande union panhellénique est prônée par Athènes et Sparte qui décident de s’unir, suivis par 29 autres cités. L’armée et la flotte athénienne remportent une victoire définitive à  Salamine (-480)

=> popularité qui lui permet de constituer la ligue de Délos (autour mer Egée) avec un trésor de guerre financé par toutes les cités qui finance la sécurisation de la mer Egée par les trières athéniennes. Dossier pp. 36/37 (mission 1) : La thalassocratie athénienne

 Def hégémonie : pour un Etat, position dominante auprès d'états alliés qui acceptent et reconnaissent cette domination.

2-     2-  La division interne : La guerre du Péloponnèse 

suite dossier du manuel sur la thalassocratie athénienne : le détournement de l'argent de la ligue de Delos, les clérouquies, la repression des révoltes => Athènes passe de l'hégémonie à l'impérialisme

def impérialisme : la domination par la force

Cependant, les alliés de la ligue sont mécontents de l’utilisation de cet argent au profit exclusif d’Athènes. Plusieurs révoltes eurent lieu, toutes châtiées sans pitié par l’armée athénienne.

ð  Sparte se met à la tête des mécontents et déclare la guerre à Athènes : guerre du Péloponnèse (-431 ;-404) et la gagne. C’est la fin de la période de gloire d’Athènes  (le siècle d'or / le siècle de Périclès) et aussi la fragilisation de la démocratie. Voir PWPT 


3- La fin de la liberté des Grecs

Une génération plus tard, les cités grecques sont incapables de réagir devant la volonté de Philippe de Macédoine de les dominer (défaite de Chéronée -338) puis en -146, ce sera la domination romaine.

GROS EXO METHODO (analyse texte 1H30 travail de groupe) 3e Philippique de Démosthène. => incapacité des cités grecques à s’unir, même devant un danger commun + rôle de la parole en politique (le discours pour convaincre)

TRACE ECRITE DIAPO 11

+ les critiques que l’on peut faire (dès l’époque) à la démocratie => démocratie en crise

Démagogie : attitude en politique qui consiste à flatter le peuple avec des discours contenant ce que le peuple veut entendre, et non pas ce qui serait conforme à l’intérêt commun / les démagogues

Point sur les sources : C’est par les textes de discours, les textes des philosophes (Platon) et le théâtre que nous connaissons les débats politiques de l’époque

 

II/ L’éclat tout particulier d’Athènes

A)  L’exception démocratique

La démocratie est née à Athènes à la fin d’un long processus commencé avec le magistrat Dracon qui en 624, alors que Athènes, comme toutes les autres cités, était dirigée par une assemblée oligarchique, a fait voter que les lois devaient être écrites pour être connues de tous, ce qui constitua une première limite au pouvoir des nobles. Ce sont les réformes de Clisthène entre 507 et 501 (bio p.283) qui parachèvent le système démocratique athénien en divisant le territoire athénien en dèmes (circonscription administrative qui gère toute la vie locale. Un citoyen est obligatoirement inscrit dans un dème) et en basant sur les dèmes un système égalitaire de vote aux assemblées. Le système de tirage au sort permet de lutter contre le clientélisme*. Sauf trucage, n'importe quel nom peut sortir au hasard. Mais,

Clientélisme : est un système par lequel un puissant appelé patron, assure protection et aide à un plus faible et à sa famille, le client. En échange, le client rend des services notamment politiques et judiciaires. (DIAPO 12)

 Dossier pp. 34/35 modifié => connaître les caractéristiques d’un système démocratique

 Correction, schéma évolutif (colonne de gauche, puis colonne de droite, enfin ligne du dessous) qui au final  donne ça :

 

La démocratie est directe = participation de tous requise à l’ecclesia (vote et discussion des lois DIAPO13 ) comme pour les magistratures => tirage au sort pour les magistratures (sauf Stratèges et archontes -organisation fêtes religieuses) Pourquoi ? + Périclès pour inciter les citoyens à s’engager davantage dans la vie politique fait la réforme du misthos en -454 cf Périclès p. 40/41

Mais cette démocratie est limitée aux seuls citoyens athéniens masculins (soit 1/10e de la population doc 1 p.45) ce qui exclut les femmes, les étrangers (métèques) résidant à Athènes et la masse des esclaves. Périclès durcit encore davantage les conditions requises pour pouvoir être citoyen en -451 (doc 3 p. 41) en en faisant une citoyenneté basée exclusivement sur le droit du sang (transmission par les deux parents eux-mêmes citoyens). La citoyenneté athénienne est donc un statut privilégié (ouvre des droits éco et civiques propres, une protection car isonomie égalité devant la loi…mais des devoirs aussi, impôts et éphébie) pour une toute petite minorité repliée sur elle-même. Il na jamais été dans l’intention des Athéniens de propager leur système politique, même s’ils le considéraient comme le meilleur (voir éloge de la démo par Périclès p. 48), de la même manière que la notion des droits de l’Homme leur était étrangère (exclusion des femmes, esclavage, domination sur les autres cités)


 Enfin, malgré les précautions, ce régime n’empêche pas tout à fait le pouvoir d’un seul : cas de Périclès 1 et 4 p. 40/41 => 15 fois stratège car il avait la faveur du peuple . Comment l’a-t-il obtenu ? L’exemple de Périclès montre qu’en démocratie, l’homme politique doit flatter le peuple s’il veut être élu, lui être agréable en lui offrant sur ses deniers des spectacles et des infrastructures urbaines (liturgies), lui redistribuer une partie de l’argent public (misthos), flatter la fierté nationale (embellissement et grands travaux de l’Acropole) … Cet aspect peut être négatif, si l’homme politique n’agit pas pour le Bien Commun, mais pour son intérêt personnel (cf critiques de Démosthène)

Démagogie* = politique et discours qui consistent à flatter/terroriser la foule pour la manipuler et la faire voter comme le souhaite l’orateur. Le vote est obtenu en faisant appel à ses émotions ou à ses idées reçues plutôt qu’à sa raison.


B) Le siècle d'or d'Athènes 

1- L'art au service de l'hégémonie

C'’est le contrôle et l’argent de la ligue de Délos qui permit le « siècle d’or athénien » : période

de prospérité et d’embellissement de la cité (travaux de l’Acropole) Athènes était la cité la plus puissante de Grèce. L’argent prélevé sur les cités représentait tous les ans 12M de jours de travail d’un ouvrier athénien : il servait à payer les dépenses militaires (bateaux, rameurs, garnisons athéniennes dans toutes les cités de la ligue), l’installation des citoyens pauvres sur des terres achetées, les indemnités des magistrats (misthos) et même les citoyens qui participaient aux assemblées, mais surtout les fêtes, banquets et œuvres d’art qui ont fait dès cette époque la renommée de la ville. En Art, le Ve siècle correspond à l’âge classique et c’est à Athènes qu’on vient admirer les merveilles de l’architecture et de la sculpture de Phidias. Le Parthénon, beaucoup copié à partir du 19e siècle et notamment aux Etats-Unis qui y voient une forme d’architecture symbole de la démocratie


2- A l'origine de la civilisation européenne
La culture européenne a bénéficié, via la transmission des Romains, de beaucoup d'approches culturelles (on a déjà évoqué les canons de beauté dans la sculpture grecque) et de disciplines scientifiques/ sociales inventées par les Grecs.


Le théâtre nait à l’âge archaïque (VIIIe s) lors de concours sacrés d’art pour honorer les dieux ou des héros mythologiques et notamment les Dyonisies à Athènes, qui avaient lieu tous les ans. Au Ve s, Eschyle propose des tragédies historiques, comme les Perses en -472, qui honore la cité en présentant les victoires athéniennes vues du côté des Perses. Le théâtre antique proposait aussi des comédies, comme à Athènes, celles d’Aristophane, qui étaient souvent l’occasion de tourner en dérision les travers des Athéniens ou les ratés de la politique athénienne. => Le théâtre antique n’est pas seulement religieux. Il se penche sur la société humaine (les passions, la politique …) .
R) En -325, le 1er théâtre aux gradins en hémicycle et en pierre pouvait accueillir jusqu’à 17 000 spectateurs (théâtre dit de Lycurgue)

L'Histoire, la Géographie, la Philosophie, les Mathématiques...ont des origines grecques.

dimanche 10 novembre 2019

La démocratie antique en débat

Le dossier documentaire pour les élèves




Doc 5 : Périclès jugé par Thucydide
Le gouvernement d’Athènes par Périclès

« -Les Athéniens- s’affligeaient de leurs souffrances : le peuple se voyait privé des maigres ressources qu’il possédait ; les riches avaient perdu leurs beaux domaines de la campagne (…).
On se plaignait surtout d’avoir la guerre au lieu de la paix. Leur colère à tous ne cessa que lorsqu’ils eurent infligé une amende à Périclès. Pourtant, peu de temps après, par un revirement dont le peuple est coutumier, ils le réélurent stratège en lui confiant la mission suprême des affaires ; (…) on l’estimait le plus capable de remédier à la situation critique de l’Etat. Tout le temps que, pendant la paix, il fut à la tête des affaires, il avait fait preuve de modération et de fermeté dans la conduite de l’Etat, qui sous lui parvint au comble de sa puissance : la guerre une fois déclarée, on constata qu’il avait évalué exactement la puissance d’Athènes. Après sa mort, on vit mieux encore l’exactitude de ses prévisions. Il avait prédit le succès aux Athéniens s’ils donnaient tous les moyens à la marine, s’ils renonçaient à augmenter encore leur empire (…). Mais sur tous ces points, on fit juste le contraire. D’autres entreprises (…) furent menées avec la seule préoccupation de la gloire et de l’intérêt personnels ; elles furent désastreuses pour les Athéniens et leurs alliés. (…)
Voici la cause de ce changement : Périclès avait de l’influence en raison de la considération qui l’entourait et de la profondeur de son intelligence ; il était d’un désintéressement absolu ; il contenait la multitude qu’il menait, beaucoup plus qu’elle ne le menait. (…) il n’avait pas à flatter la foule (…), il pouvait lui tenir tête et même lui montrer son irritation. (…) Mais ses successeurs, dont aucun n’avait sa supériorité et qui voulaient tous se hisser au premier rang étaient portés, pour flatter le peuple, à lui abandonner les affaires. De là tant de fautes, explicables dans un Etat puissant et possesseur d’un empire étendu. »

Thucydide, historien athénien (vers 460-vers 395 av. J.-C.), Guerre du Péloponnèse, II, 65, trad. Jean Voilqui, 1966, Garnier-Flammarion



Doc 6 : Extrait de Plutarque, Vie des hommes illustres, 100-110 après JC
"César, pour reconnaître la bonne volonté des Grecs, plaida contre Antoine, qu'ils accusaient de malversations, devant Marcus Lucullus, préteur de la Macédoine.  Il parla avec tant d'éloquence qu'Antoine, qui craignit d'être condamné, en appela aux tribuns du peuple, sous prétexte qu'il ne pourrait obtenir justice contre les Grecs dans la Grèce même.  À Rome, les grâces de son éloquence brillèrent au barreau, et lui acquirent une grande faveur. En même temps que son affabilité, sa politesse, l'accueil gracieux qu'il faisait à tout le monde, qualités qu'il possédait à un degré au-dessus de son âge, lui méritaient l'affection du peuple ; (5) d'un autre côté, la somptuosité de sa table, et sa magnificence dans toute sa manière de vivre, accrurent peu à peu son influence et son pouvoir dans le gouvernement.  D'abord ses envieux, persuadés que, faute de pouvoir suffire à cette dépense excessive, il verrait bientôt sa puissance s'éclipser, firent peu d'attention aux progrès qu'elle faisait parmi le peuple.  Mais, quand elle se fut tellement fortifiée qu'il n'était plus possible de la renverser, et qu'elle tendait visiblement à ruiner la république, ils sentirent, mais trop tard, qu'il n'est pas de commencement si faible qui ne s'accroisse promptement par la persévérance, lorsqu'en méprisant ses premiers efforts on n'a pas mis obstacle à ses progrès.  Cicéron paraît avoir été le premier à soupçonner et à craindre la douceur de sa conduite politique, qu'il comparait à la bonace de la mer, et à reconnaître la méchanceté de son caractère sous ces dehors de politesse et de grâce dont il la couvrait. (9) « J'aperçois, disait cet orateur, dans tous ses projets et dans toutes ses actions des vues tyranniques ; mais quand je regarde ses cheveux si artistement arrangés, quand je le vois se gratter la tête du bout des doigts, je ne puis croire qu'un tel homme puisse concevoir le dessein si noir de renverser la république. » Mais cela ne fut dit que longtemps après."


Démarche et déroulement de l'activité pour les élèves


·       Parmi ces 6 documents, quels sont ceux qui sont favorables à la démocratie ? Soulignez le passage de chaque texte qui exprime le mieux cette opinion.
·       Quel sont les textes hostiles ou critiques envers la démocratie ? ? Soulignez les passages qui expriment le mieux cette opinion.
·       Quel est le texte le plus impartial ? Pourquoi ?
·       Deux doc. sont des extraits de pièces de théâtre. Lesquels ?
·      Quel(s) auteur n'est/ne sont pas contemporain(s) des faits qu'il(s) relate(nt). 
·       Repérez les auteurs grecs sur la frise chronologique.
 




Les documents nous renseignent sur le fonctionnement de la démocratie athénienne et sur ses limites.
·       Dans le texte 4, Thésée définit les fondements de la démocratie. Reformulez  les 2 principes (un concerne la loi, l'autre concerne la citoyenneté)
·       Tribunal, Conseil et assemblée sont évoqués par Aristote. Donnez leurs autres noms et indiquez quelles sont leurs fonctions.
·       A quoi sert le misthos ? Quel est l'inconvénient de ce système pour Aristophane ?
·       Dans le texte 4, l'envoyé de Thèbes parle d" orateur qui flatte la foule et l'entraîne en tout sens pour son propre intérêt". Expliquez cette phrase.
·       Polybe dit que le problème de la démocratie athénienne fut qu'il n'y avait personne pour diriger la foule. En reprenant l'exemple de Périclès (doc 5), expliquez les qualités de Périclès comme homme d'Etat puis la situation d'Athènes à sa mort.
  • Plutarque raconte la crise de la République Romaine au 1er siècle avant JC. Il présente César comme un ambitieux qui, pour son ambition personnelle, a sacrifié la République et voulait se faire tyran. Comment analyse-t-il les causes de l'ascension politique de César ? En quoi est-ce une critique de la démocratie ? 



Grâce aux idées recueillies dans le travail préparatoire, vous pouvez maintenant compléter le tableau de recensement des idées.



Puis, compléter le plan thématique qui regroupe les idées et explications, non par documents, mais par arguments. L’intérêt ici est de montrer qu’ils se répondent

I/ L’intelligence collective ou la stupidité de la foule ?
II/ Des hommes politiques capables ou des démagogues ?
III/ Les mécanismes régulateurs de la démocratie pour éviter précisément les dangers pointés



mercredi 6 novembre 2019

Méthode 2nde analyse de texte à partir d'un doc sur les premières communautés chrétiennes

Ce post est la transcription d'une séance méthodo faite avec mes élèves de seconde. Le document support est tiré du nouveau manuel Hachette que nous utilisons au lycée (p.70)



Cette fiche méthode est pour l'essentiel composée de rappels du collège, pour un début d'année de seconde.

Introduire l'analyse d'un texte
1) Présentez le document pour délimiter le sujet
Première phrase rédigée à partir des informations périphériques (Nature/type + Auteur + Date + éventuellement source)

ici = Ce texte est une lettre (Epitre) écrite à la fin du IIe siècle par un auteur chrétien anonyme d'Alexandrie, probablement en Egypte.

Deuxième phrase pour indiquer le thème du document et sa thèse (idée principale affirmée). Souvent le titre donné au document par le manuel les indique, mais pas toujours. Il faut donc vérifier par la lecture du texte que recopier le titre est suffisant.
En réponse à une question d'élève : rappel le thème = ce dont on parle + un thème peut donner lieu à de nombreuses thèses i.e. on peut affirmer beaucoup de choses différentes. La thèse est une affirmation précise.

ici = L'auteur présente la vie des premières communautés chrétiennes dans l'empire romain pour montrer que les chrétiens sont maltraités par les autres habitants de l'Empire.

2)  Au lycée, la contextualisation devient obligatoire. Il s'agit d'aller chercher des connaissances factuelles (événements...) du cours qui se déroulent plus ou moins au moment des faits évoqués par le documents. On fait ceci pour permettre de mieux comprendre le texte et ses enjeux. Ici, le texte insiste sur les persécutions que subissent les chrétiens. On les présente donc rapidement dans l'introduction.

Depuis 64 qui correspond aux premières persécutions à Rome par l'empereur Néron, les communautés chrétiennes ont connu des épisodes de persécutions : les chrétiens parfois ont été arrêtés, exécutés parce qu'ils étaient chrétiens. Mais ces persécutions sont locales et sporadiques. le reste du temps, les chrétiens vivaient parmi les autres sans être inquiétés pour leur foi.

3) Je ne l'ai pas fait avec les élèves, car j'estime que c'est trop tôt.
  D'ici le bac, il faudra être capable de formuler une problématique à propos du texte. Par exemple, ici, on lit que l'auteur fait des chrétiens des "romains à part", ils ne sont pas comme les autres même s'ils vivent extérieurement comme les autres. C'est toute la structure du texte qui est construite sur cette opposition. On peut donc se demander ce qui distinguait les chrétiens des autres habitants de l'empire. Il y a des éléments dans le texte = les considérations sur l'âme/le corps ... et les allusions à la terre étrangère, les "citoyens du ciel"... Pour comprendre cela, il faut convoquer l'imaginaire eschatologique des premiers chrétiens. Même si ceci a été évoqué en classe, ça me semble bien compliqué à remobiliser pour mes élèves de seconde et c'est aussi pourquoi je n'en ai pas parlé pour les indications données dans la partie 2 du paragraphe 2 (voir infra)


Construire et rédiger l'analyse
Le document est accompagné d'une consigne globale, qui indique le plan : "après avoir....(paragraphe 1),  vous ....(paragraphe 2). Il faut respecter le plan proposé.

1) Le premier travail consiste à comprendre la consigne pour savoir comment s'organiser. Pour cela, on recherche le mot de la consigne et les thèmes des paragraphes.

Premier paragraphe = caractériser la place des chrétiens dans la société de l'empire.
Caractériser = répondre aux questions de base QUI?QUOI? OU ? QUAND ? COMBIEN ? COMMENT ?
Il faut donc se poser une série de questions sur les chrétiens dans la société romaine qui reprennent ces questions de base. Par exemple où vivaient les chrétiens dans l'empire romain à la fin du IIe siècle ? Combien étaient-ils ? Comment vivaient-ils ?

Deuxième paragraphe = montrer comment ils sont perçus à la fin du IIe siècle
Perçus par qui ? = par les non chrétiens.
Montrer = dans un premier temps prouver une thèse, puis dans un deuxième temps expliquer (question POURQUOI ?)
Il faut donc d'abord trouver la thèse : comment les chrétiens sont perçus par les non chrétiens, on le sait déjà puisqu'on l'a dit dès l'introduction (c'est à ça qu'elle sert, à lancer l'analyse sur de bons rails). Donc la thèse de l'auteur est : les chrétiens sont mal vus par les non chrétiens. On va le prouver puis l'expliquer (pourquoi sont-ils mal vus ?)

2) On peut maintenant reprendre le texte avec des fluos de couleur pour relever les informations qui correspondent à nos trois objectifs : 

ici = jaune paragraphe 1 / vert paragraphe 2 partie prouver / bleu paragraphe 2 partie expliquer.

3) Si besoin, on peut compléter les informations du texte par des connaissances de cours. Par exemple, ici, on ne sait pas grâce au texte où vivaient principalement les chrétiens dans l'empire romain, mais on le sait grâce au cours.

4) Pour rédiger les paragraphes, on rappelle dans la première phrase l'objectif du paragraphe (consigne). Il faut ensuite un plan pour organiser les différentes idées = les réponses aux questions qu'on s'est posées. 
ici = pour le 1er paragraphe, on liste les idées les unes après les autres. C'est une simple addition.
Les chrétiens vivent dans tout l'empire
Ils vivent comme les autres
Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyen comme les autres

Chaque idée est justifiée au fur et à mesure grâce aux relevés qu'on a fait dans le texte, qu'on cite ou qu'on reformule. On n'est pas obligé de citer tous les relevés, si ceux-ci disent plusieurs fois la même chose (c'est le cas ici, l'auteur se répète beaucoup).
Par exemple, pour justifier "ils vivent comme les autres", l'auteur dit qu'ils parlent la même langue, qu'ils s'habillent et mangent de la même manière.

Parfois, l'auteur ne justifie pas son idée ou fait une allusion. On est donc amené à compléter le texte pour illustrer, expliciter l'allusion. Par exemple ici, quand l'auteur dit que les chrétiens s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyen, ces devoirs ne sont pas précisés. Grâce au cours, on peut donner quelques exemples de ces devoirs : l’impôt, le respect des lois, le culte de l'empereur ...
remarque : pour le culte de l'empereur, il y a des débats au sein de la communauté chrétienne car c'est en contradiction avec le monothéisme chrétien.

Dans le 2e paragraphe, le début est simple : on additionne tous les relevés du texte qui illustrent la mauvaise opinion qu'avaient les non chrétiens sur les chrétiens : on les insulte, on les calomnie, on les déteste et DONC on les tue, "tout le monde les persécute".

Puis, il faut présenter en reformulant les explications qui sont apportées par l'auteur : si on les persécute, d'après l'auteur, cela semble incompréhensible "ceux qui les détestent ne peuvent pas dire la cause de leur hostilité". Mais il semble indiquer que c'est parce qu'ils sont parfaits : "leur manière de vivre est plus parfaite que les lois", "ils font le bien", "ils bénissent et ils honorent" ... . Autre explication : ils se laissent faire et même acceptent avec joie les persécutions. "tandis qu'on les châtie, ils se réjouissent comme s'ils naissaient à la vie". Vous constatez donc que c'est la partie la plus difficile à faire, car c'est à vous de formuler les idées du texte (= phrases soulignées juste au dessus)

Conclure
A terme, il y aura plusieurs parties dans la conclusion
1) le bilan qui permet de répondre à la problématique
2) la critique éventuelle de la position de l'auteur
On aurait pu le faire ici, et d'ailleurs le manuel nous invite à le faire dans les capacités indiquées. Mais comme pour la problématique, il me semble que c'est bien trop tôt. On se contentera de signaler en conclusion que ce texte exprime la vision d'un chrétien sur les persécutions et que donc le texte n'apporte pas toutes les explications possibles aux persécutions.
3) l'ouverture du sujet
Il s'agit de montrer comment le sujet qu'on vient de traiter ouvre de nouvelles pistes de réflexion. En Histoire, c'est assez simple car on peut se poser la question QUELLES CONSEQUENCES ?
ici, le texte porte sur les persécutions. On peut se demander si quelles conséquences ont eu ces persécutions ? Est-ce qu'elles ont fait disparaître le christianisme ? Or, on sait par le cours, que plus le temps passe, plsu le christianisme se renforce et les persécutions n'y changent rien. Même, au contraire, elles renforcent les chrétiens, qui ne craignent pas la mort. 
On se demande aussi ce qui se passe après la date du texte, sur le thème qui nous intéresse. Il faudra donc conclure en évoquant la conversion de Constantin et le passage d'une religion persécutée à une religion officielle dans l'empire romain.

J'insiste auprès des élèves sur le point que l'ouverture du sujet n'est pas une question, mais des phrases affirmatives. J'interdis la question d'ouverture pour limiter les risques de la question vague ou qui n'a rien à voir avec le sujet traité, ou encore la fausse question dont on connaît la réponse, du genre "on peut se demander si les persécutions ont continué ?", alors qu'on sait que non à partir de Constantin.

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BILAN
Il faut une heure pour cette séance méthodo, et ce parce que les élèves ont au préalable travaillé le texte à la maison, donc ils ne le découvrent pas.
Cela peut sembler long, mais je suis profondément persuadée que c'est nécessaire de montrer explicitement aux élèves comment on fait un travail de réflexion historique ou géographique. Les fiches méthodes théoriques ne servent pas à grand chose, à mon sens. Il faut les appuyer sur des exercices, faits avec eux.
Il est donc évident qu'à ce rythme là, je ne finis jamais les programmes. Ils sont en soi difficilement faisables, sauf à tout survoler. Ils deviennent infaisables si on s’intéresse vraiment à accompagner les élèves dans les apprentissages et les méthodes de raisonnement.


mardi 24 septembre 2019

Les premiers chrétiens à Rome

"Le sang des chrétiens est une semence" (Tertullien)


Pour les images...




Pour une mise au point plus rigoureuse





Les chrétiens face aux barbares

extrait de l'article Bible de l'encyclopédie  Les barbares dirigée par B. Dumezil :
La pression des barbares sur l’Empire romain connut son apogée, surtout en Occident, aux IVe et Ve siècles, époque de l’épanouissement de la patristique latine. Les Pères cherchèrent à donner un sens à ces événements et à la réalité politique de l’Empire romain. Deux tendances principales se firent jour et se succédèrent. La première identifia les barbares contemporains à un ennemi mentionné dans la Bible, Gog, le peuple envahisseur venu du Nord mentionné en Ézéchiel 38-39, tout particulièrement 39, 2, puis dans l’Apocalypse 20, 8. Ambroise de Milan identifia les Goths à Gog (De Fide, 2, 16, 137-138) : leur succès serait temporaire, leur fin annoncée dans le Livre. Quodvultdeus reprit cette interprétation, élargissant l’identification de Gog et de Magog aux Goths, Maures, Gètes et Massagètes, tous représentants du diable et persécuteurs de l’Église de son époque (Livre des promesses et des prédictions de Dieu. Le demi-temps, avec les prodiges de l’Antichrist, § 22, qui s’appuie sur Ézéchiel, Daniel et l’Apocalypse). De manière générale, ces deux auteurs interprétèrent les incursions barbares comme des signes avant-coureurs de la fin des temps prophétisée dans la Bible (Quodvultdeus, ibid. ; Ambroise de Milan, Commentaire de l’Évangile selon Luc, 10, 10). Ces lectures ne firent pas l’unanimité : Jérôme les mentionnait dans la préface du Commentaire sur Ézéchiel mais se refusa à les défendre, préférant considérer Gog comme une figure des hérétiques (ibid., à propos du chapitre 39). Augustin récusa ces interprétations historiques qui limitaient à l’excès les prophéties bibliques : selon lui, Gog et Magog étaient à comprendre comme des ennemis partout répandus, membres du corps du diable et destinés à attaquer la Cité de Dieu. Ils désignaient des réalités d’ordre spirituel et non géographique ou ethnographique (La Cité de Dieu, 20, 11). Jérôme associa pourtant les barbares de son époque à une prophétie biblique, dans le traité sur Daniel. Ce commentaire fut probablement rédigé peu après 406, année où des Germains pénétrèrent en Gaule et dans une partie de l’Italie, mais avant 410 et le sac de Rome par les Goths d’Alaric. Jérôme y employa régulièrement le terme « barbare » pour désigner les Babyloniens ou d’autres peuples bibliques, également appelés « gentils » ou « nations ». Une occurrence se rapporte à ses contemporains (Dan. 2, 31-45). Le livre de Daniel évoque en effet à plusieurs reprises le thème de la succession des empires, que Jérôme interprète en s’inspirant de la tradition historiographique gréco-latine. Daniel 2 relate la vision de la statue à tête d’or, poitrine d’argent, ventre et cuisses de bronze, jambes de fer et pieds d’argile mêlés de fer. Une pierre, détachée de la montagne, la frappe aux pieds et provoque son écroulement. Daniel explique au roi babylonien que les empires qui se succéderont après lui seront de moins en moins puissants, jusqu’à disparaître, tandis que le royaume représenté par la pierre et suscité par Dieu demeurera éternellement. Selon Jérôme, ces divers empires correspondent à l’hégémonie des Babyloniens, puis à celle des Mèdes et des Perses, suivie de celle d’Alexandre et des royaumes hellénistiques, pour finir avec l’Empire romain. La pierre est l’empire éternel du Christ, de nature céleste et non terrestre. Jérôme ne prédisait donc pas la fin très prochaine de l’Empire romain mais il considérait que sa puissance s’était amoindrie au fil du temps et en voyait la preuve dans l’emploi de fédérés et de soldats d’origine barbare, à la fois pour les « guerres civiles » et pour tenir tête à « diverses nations ». Les barbares furent ainsi identifiés à la composante argileuse des pieds de la statue, c’est-à-dire à un élément hétérogène et déstabilisant pour la puissance romaine. Une vision plus positive des barbares se développa avec Orose qui, lui aussi, se fondait sur le livre de Daniel pour évoquer la succession des grandes puissances politiques. Il utilisa non l’épisode de la statue aux pieds d’argile mais celui des quatre vents des cieux (Dan. 7, 2) d’où surgirent des bêtes monstrueuses pour évoquer ces empires (Babylone, Carthage, la Macédoine, Rome), ce qui lui permit d’éviter la dégradation chronologique de leur puissance. Face aux Romains païens qui voyaient un lien entre l’adoption du christianisme comme nouvelle religion officielle et l’affaiblissement politique de l’Empire, Augustin et surtout Orose relativisèrent les événements de leur époque, notamment le sac de Rome : ils y lirent une punition divine, comme la Bible en relate souvent, moins violente que d’autres car les Goths, christianisés, épargnèrent les églises et le pape – comparé à Loth, figure du juste (Orose, Histoires contre les païens, VII, 39, 2). Au VIIe siècle, une nouvelle étape fut franchie par Isidore, évêque de Séville, qui descendait d’une famille aristocratique hispano-romaine et qui avait vu, dans sa jeunesse, le roi des Wisigoths, jusqu’alors arien, se convertir au catholicisme. Cette alliance nouvelle entre élites barbares et romaines conduisit Isidore à intégrer les Goths dans l’histoire romaine classique et chrétienne. Il composa une Histoire des Goths et fit l’éloge de ce peuple. Isidore reprit l’assimilation entre Goths et Magog mais la dépouilla de toute empreinte négative, se fondant sur la première occurrence biblique de Magog (Gen. 10, 2) : c’est ici le fils de Japhet, lui-même fils de Noé. On considérait que tous les peuples remontaient à Noé, puisque seuls lui et sa famille survécurent au Déluge. Octroyer une si haute antiquité aux Goths leur conférait un prestige certain, accentué dans la suite de l’histoire relatée par Isidore : les Goths furent assimilés aux Scythes, bien connus de l’ethnographie antique. On voit là comment la plasticité de la Bible accompagna l’évolution des représentations patristiques des barbares, du moins les Goths, passés, en trois siècles, de l’opprobre à l’éloge. 

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