LA
FRANCE DE LA RENAISSANCE
A.
JOUANNA
Coll.
Bouquins
Le sentiment de « Renaissance » =
« Renaître »
Dernier quart du XVe siècle ®
milieu XVIe (mort de Henri II)
= sentiment de vivre l’aube d’une
ère nouvelle. = renaissance de l’art de bien parler, écrire, => bien penser…
// dépréciation de la période
précédente avec bcp de mauvaise foi
Etienne Dolet – 1536 – article « literae » dans
ses Commentariorum linguae latinae tomus primus
« On cultive aujourd’hui les lettres plus que
jamais : tous les arts s’épanouissent, et grâce à la culture littéraire,
les hommes apprennent maintenant à distinguer le bien et le mal, une chose que
l’on a longtemps négligée. »
allégresse mais illusion qui
finit par être déçue devant l’évidence persistante des forces du désordre.
Chap 1 = le mythe de la barbarie médiévale
§ Ce
que les humanistes reprochent aux savants du MA :
Ø
Préférence pour les commentaires et les gloses
au lieu de l’accès aux textes originaux (antiques comme les pères de l’Eglise).
=> « savoir » prédigéré
La culture médiévale se nourrit
d’un savoir classé, raisonné. Les textes sont méthodiquement commentés et les
commentaires sont classés et logiquement ordonnés. = savoir stratifié et
collectif + humilité du savant qui se réfère tjs à la tradition.
A l’opposé, les humanistes ont
l’obsession de la pureté et de l’authenticité du texte originel (« source
non polluée » voir chap suivant)
Ø
Utilisation formelle et vaine de la logique de
raisonnement= scolastique
Selon les scolastiques (fin du MA
, courant le plus répandu = les disciples de Guillaume d’Occam), il existe des
règles techniques de raisonnement ( ex. le syllogisme) qui permettent
d’utiliser le raisonnement pour rendre compte de la réalité , sauf dans le
domaine-inaccessible à la raison- de la métaphysique. => raisonnements très
complexes + querelles de chapelle …
Erasme – 1511- in Eloge de la folie
« Ces subtilités déjà si subtiles sont rendues
encore plus subtiles par les nombreuses écoles scolastiques, en sorte qu’on
aurait plus vite fait de se sortir d’un labyrinthe que des tortuosités des
réalistes, nominalistes, thomistes, albertistes, occamistes, scotistes, et je
n’ai pas nommé toutes les écoles… »
=> les
Humanistes déplorent que l’attention portée à la technique du raisonnement
détourne l’esprit de son objet.
Ex. Dans le cas des diputatio où les jeux consistent à
soutenir une proposition contre la proposition contraire et d’arriver à déceler
la faille de ses adversaires (ex. Dieu n’existe pas) = exercices sophistes qui
visaient à stimuler l’agilité intellectuelle des étudiants.
Ø
Utilisation d’une langue latine dénaturée,
appauvrie, scandaleusement éloignée de la langue de Ciceron.
Guillaume Budé – 1508- in Annotations aux Pandectes
« Nous
(les universitaires médiévaux) aimons les mots crasseux des rues, qui ont
traîné dans les boutiques des barbiers et des cordonniers »
ð
d’une certaine façon, on pourrait dire que les
Humanistes réhabilitent la rhétorique, l’art de bien dire, au détriment de la
dialectique, l’art de bien raisonner. Dans l’ordre du trivium, la
grammaire, science secondaire pour les scolastiques, est associée à la
rhétorique et passe devant la logique. (renversement de la hiérarchie de cet
ensemble des 3 « arts libéraux » qui étaient à la base de
l’enseignement.
§ R/
Attention, la frontière [e] humanistes et universitaires est plus floue que la
polémique de l’époque, partiale, ne le reconnaît.
L’Université de Paris par ex
n’est pas toute entière cette « école de sophiste » que dénoncent les
humanistes.
CF. 1ère presse de Fra
est installée en 1470 par Guillaume Fichet, bibliothécaire de la Sorbonne.
CF. adhésion d’une minorité
d’universitaires aux courants nouveaux surtt à partir de 1530’s, quand les
théologiens vont acquérir la conviction que les militants des Belles Lettres
sont aussi les chevaux de Troie de l’hérésie.
Par ailleurs, les humanistes,
formés par le MA, ont aussi recours aux pratiques de la scolastique (habitude
du classement, du raisonnement dialectique…)
Chap .2 = Boire à la source
(historique génèse et dvlppt du modèle culturel humaniste)
§ Coïncidence
de conditions favorables
Ø
A p. de 1453 (fin guerre de 100 ans) = longue
période de paix => reconstruction dans tous les domaines = pop,
essor des villes, x° des échanges
Ø
1453 = prise de Constantinople par les Turcs
=> fuite des savants avec leurs manuscrits
Ø
Naissance à Mayence vers 1450 de l’imprimerie,
ce qui fait entrer les lettrés dans la « galaxie Gutenberg » (Marshall McLuhan),
espace désenclavé de libre circulation des idées.
Ø
Dvlppt d’une classe moyenne urbaine enrichie par
le commerce ou par le service de l’Etat, capable de lire et pleine de curiosité
intellectuelle (= les
« lisants-écrivants » P. Chaunu) env. 10 000 personnes
Ø
Naissance d’un modèle culturel neuf en Italie.
Naissance d’un modèle culturel neuf en Italie.
Précurseur XIVe s= Pétrarque avec son admiration pour le
latin classique de Cicéron. (puis Lorenzo Valla, puis Ange Politien …)
Mais même mvt (- connu) en France
avec Jean de Montreuil –1354/1418-
Ø
2e ½ du Xve siècle, les érudits
italiens essaiment en Fra, à la recherche de protecteurs et de clients. Ils
initient les fra. aux méthodes philologiques, aux thèmes pétrarquistes et au
néoplatonisme de Marsile Ficin.
Dès Charles VIII et ses
expéditions italiennes (1494-1495), les rois de Fra soutiennent les érudits
italiens et les artistes = protection éventuelle ¹ Eglise, pension
financière, achat ou « vol » de livres précieux et d’œuvres d’art…
François 1er surtt est le roi-protecteur éclairé =
- création d’
une 2e bibliothèque royale (1Blois, 2 Fontainebleau) avec Guillaume Budé en
1522 comme « gd maître de la librairie ». ® embryon de la
bibliothèque nationale de France.
- fondation du
corps des lecteurs royaux en 1530 ® à l’origine du clg de Fra. But = instituer en Fra une
sorte de séminaire de savants, versés dans la connaissance des 3 langues
(latin, grec, hébreu) et chargés de les promouvoir. Puis d’autres savants
illustres seront recrutés pour les langues orientales (Guillaume
Postel), les mathématiques, la médecine, la rhétorique et la philosophie
(Pierre Ramus). Les leçons étaient publiques et
se faisaient dans divers locaux d’accueil, en dehors de l’université.
§ Le
modèle culturel s’appuie sur la philologie = « restitution des bonnes
lettres »
Ø Chasse
aux manuscrits les plus anciens et les plus authentiques, pas seulement à
l’extérieur de la chrétienté mais aussi ceux oubliés dans les bibliothèques des
monastères.
Ø
Publication de dictionnaires latin/fra,
latin/latin, grec/latin…
R/ les études grecques ne
furent possibles qu’avec l’arrivée des savants byzantins. Hébreu très mal et très
peu connu.
Ø
Méthode encore balbutiante =
tentatives de recensement critique des manuscrits (sur des critères qui
manquent parfois de rigueur), détection des erreurs de transcription ou des
interpolations intempestives. Les savants les plus érudits, comme Guillaume
Budé par exemple, dépassent la simple réflexion philologique et éclaire le
texte par leurs connaissances multiples, historiques, juridiques …
Ø
Diffusion la plus large grâce à l’imprimerie des
auteurs antiques restaurés dans leur pureté originelle (best seller = Platon,
Aristote, Ciceron, Sénèque…)
R/ L’imprimerie n’est pas
exclusivement réservée à l’humanisme. La plus grande part des œuvres imprimées
= textes religieux. Puis au XVIe siècle, de plus en plus d’ouvrages
laïcs , du roman à l’almanach.
R/ en Fra, les 2 capitales
de l’imprimerie sont Paris et Lyon.
R/ Les sources des
humanistes ne sont pas aussi pures qu’on pourrait le croire = leur vision de
l’Antiquité est teintée de romanesque (ex. 1499 l’Hypnerotomachia
de Francesco Colonna, adapté en 1546 en fra sous le titre le songe de
Polyphile) ou d’ésotérisme ( multiples
traductions et publications du Corpus Hermeticum. Ce groupe de 14 livres
attribués à Hermes trismégiste et datant du II-IIIe s, a aussi pris le nom de Pimandre)
§ L’application
de la méthode philologique à la Bible
La parole de Dieu n’a t-elle pas
été dénaturée par des erreurs de transcriptions ou de traduction ? i.e. Le
texte de la Vulgate (IVe s , St Jérôme) est-il fiable ?
=> 1509 : Lefebvre
d’Etaples publie 5 versions du Psautier, mises en parallèle et commentées par
lui
=> 1516 : Erasme, nelle
trad latine du Neau Testament
Avec une disposition = le texte grec est placé en face de
la traduction proposée par Erasme.
Dans la dissert liminaire, Erasme
affirme sa méthode : un théologien ne peut bien travailler que s’il
connaît le grec et l’hébreu et s’il est prêt à remettre en cause les erreurs de
ses prédécesseurs (=> de l’Eglise elle-même qui a validé la Vulgate)
=> 1523 = trad en fra du Neau
Testament par Lefebvre d’Etaples
Chap .3 = Des « humanités » à « l’humanité »
Le
plein épanouissement des qualités qui font la dignité de l’Homme. Les
« humanité »s sont censées fournir le moyen sûr d’y accéder en les
aidant à dominer leurs passions et atteindre la sagesse.
§ La
dignité de l’Homme
= exaltation de la grandeur de
l’homme, « placé
au centre de l’univers » et qui peut, selon la décision de son
esprit, se « régénérer
en créature divine « ou « dégénérer en animal » (Pic
de la Mirandole Discours sur la dignité de l’homme, 1490’s)
Ce thème s’appuie sur l’influence
des tx (neo)platoniciens, du corpus hermétique et de certains pères de
l’Eglise.
Ce thème est inséparable de celui de
la misère humaine : ce sont les 2 faces antagonistes et complémentaires de
l’esprit de la Renaissance = orgueil et exaltation de la liberté humaine //
angoisse devant cette liberté, sentiment de solitude et de petitesse. Il y a eu
une « mélancolie de
la Renaissance » (Delumeau)
=
Vive cs de la précarité de la condition humaine, de la fragilité des
réalisations d’ici-bas.
§ La
fiction de l’inspiration pré chrétienne des païens => passage progressif de
l’hellénisme au christianisme
Quête de la sagesse païenne que
les humanistes veulent croire inspirée par le Dieu des Chrétiens. => Conviction
des premiers humanistes (jusque vers 1520’s) que la sagesse de l’Antiquité est
en harmonie avec celle des Chrétiens (voir L’Ecole
d’Athènes de Raphaël –1508/1511- peinte pour la chambre de la signature au
Vatican face à la Dispute du St Sacrement, qui figure la foi de l’Eglise)
R/ Déjà au MA, les penseurs chrétiens ont
recherché les aspects récupérables de la pensée antique (voir Aristote)
=> plusieurs argumentations
- les Anciens les plus éminents ont été touchés sans
le savoir par la grâce divine.
- «
« « « « « « « « « « « « «
ont subi l’influence des Hébreux
- la prisca theologia = l’antique théologie = idée
que les sages de l’antiquité ont capté une part des reflets de l’unique
Vérité divine. On a même pu faire de la prisca thologia une révélation
d’origine égyptienne et transmise au fil des âges aux initiés, qui eux
seuls peuvent apercevoir le point où se dissolvent toutes les apparentes
contradictions entre les différentes sagesses
R/ Il y a presque autant
d’humanismes que d’humanistes
Peu à peu se manifeste la cs des pièges que recèle pour
les Chrétiens une immersion trop complète dans la lecture des textes antiques. Une réflexion sur les enjeux
de l’aventure humaniste apparaît plus
clairement.
Erasme, Manuel du
soldat Chrétien, 1504
« Mieux vaut être moins savant et aimer plus,
qu’être savant et ne pas aimer » (Dieu)
Guillaume Budé fixe en qque sorte
le débat. Pour lui (épilogue du De Asse –1515),
les études d’humanités ne sont qu’une voie, une méthode pour parvenir au
« nid de la vérité et de la sagesse ». Il ne faut absolument se
laisser arrêter en chemin et prendre au piège de la connaissance pour la
connaissance.
Avec le début de la crise
protestante (Affaire des Placards en Fra en 1534),
l’angoisse devant les périls qui menacent l’Eglise rend plus difficile et moins
confiant le périlleux chemin des humanistes vers la cô.
Chap .4 = Pédagogies
Une conviction fondamentale unit
les humanistes par-delà leurs divergence = la qualité d’être humain n’est pas
donnée par la naissance, elle se conquiert par l’instruction.
§
Façonner des hommes
Quel est le rôle de
l’éducation pour les humanistes ?
= Cultiver une « bonne
nature » pour faire naître l’ « être de qualité »
=
sensibilité, fierté d’homme libre, appétence pour les activités
intellectuelles, répugnance pour les grossièreté, brutalité et bêtise
Docilité, maniabilité, souplesse
, goût de l’effort et de la rigueur, opiniâtreté = absence d’obstacles à
l’action éducative.
Qui est susceptible de bénéficier
de l’éducation humaniste ?
= en théorie, tous les enfants
(Erasme, Budé…) mais en pratique le programme éducatif n’est adapté qu’aux
familles aisées : besoin d’un précepteur, cherté des clg urbains…
R/ Jacques
Sadolet, évêque de Carpentras (1533), pense au ¹ que rien ne peut être fait sans les semences naturelles
dont la naissance sociale supérieure dote les enfants
§
Contenu et finalité de l’éducation idéale
Erasme, Déclamation contenant
la manière de bien instruire les enfants, 1529, trad fra 1537
Ø
Bannir les coups qui ne font qu’engendrer une
crainte servile de l’âme.
Ø
Savoir éveiller progressivement et de façon
adaptée l’enfant au désir et au plaisir d’apprendre
Ø
Faire appel aux sens et à l’observation, au jeu
(= amicale compétition =>émulation entre élèves)
Ø
Former à la politesse et aux bonnes manières (=
contrôle accru sur le corps)
Ø
Habituer l’enfant à se déplacer avec agilité
dans un univers culturel peuplé de réf classiques ou bibliques = gymnastique
intellectuelle (jeu de la référence et des symboles)
Rabelais,
Gargantua, chap XXIII, vers 1535
Il
s’agit de façonner un homme au savoir bien assimilé (mais encyclopédique), au
corps harmonieux, à l’esprit bien exercé, à la parole facile et élégante, au
caractère bien trempé, courtois envers les autres et sachant rendre grâce à Dieu.
+
transmission d’un rang, d’une hérédité à perfectionner d’une génération à
l’autre.
Jean
Bodin, discours devant les capitouls de Toulouse / candidature pour un poste de
régent au clg de Toulouse, 1559
Préconise
une éducation commune et identique pour tous les enfants afin de transmettre
aux plus doués cette sagesse, faite de culture intellectuelle, de vertu morale
et de santé physique qui les rendra aptes à exercer les plus hautes charges.
R/ La conception
humaniste de l’éducation place très haut l’humanitas. Le rôle qui est donné à
des études littéraires poussées renvoie à un idéal élitiste. Il y a, malgré
le désir affiché d’ouvrir l’éducation à tous une source possible de mépris à
l’égard de tous ceux qui ne peuvent y accéder.
§
Clg et universités
Avt la Renaissance, plusieurs
solutions s’offraient aux pères de famille qui voulaient préparer leurs fils en
vue d’une entrée à l’université et qui n’avaient pas les moyens de se payer un
précepteur à domicile.
Ø
Il existait dans les villes universitaires, des
clg fondés par de riches bienfaiteurs. Au départ destinés à héberger les
étudiants boursiers qui suivaient des cours à la faculté des arts (sorte
d’école intermédiaire qui prenait la suite de l’école élémentaire et préparait
les élèves à l’enseignement supérieur), la coutume s’y était peu à peu établie
d’y donner un enseignement sous la direction d’un « principal » qui
recrutait des « régents » = des maîtres : on disait alors que le
clg était d’exercice
Ø
Les plus petites villes avaient parfois créé des
écoles de grammaire, sous la lointaine tutelle de l’Eglise. Les corps de ville
embauchaient des régents par contrat et leur versaient leurs salaires.
Modif de la Renaissance
Ø
1509, clg de Montaigu =
répartition des élèves en classes de niveau numérotées (syst < Pays Bas,
frères de la vie commune) => renouvellement du contenu des études = MODUS
PARISIENSIS
Ø
1527, Lyon, fondation
du clg de la Trinité. En 1532 = gratuité pour les élèves les plus pauvres ,
accueillis en pensionnat.
Ø
1533, Bordeaux, clg de
Guyenne (clg de Montaigne) introduit les idées pédagogiques de Juan Luis Vives,
auteur d’un traité d’éducation célèbre dans tte l’Europe, « Comment
transmettre le savoir » => introduction de l’enseignement des
langues vulgaires + observation directe de la nature.
R/ Un des signes de la
pénétration de l’humanisme dans les milieux urbains est l’ardeur avec laquelle
les notables financent le clg dont ils souhaitent la fondation.
R/ L’ouverture au nouveau
savoir est plus inégale à l’université (=arts + théologie + droit + médecine)
C’est la fac de théologie la plus
réticente ®
fac de droit accueillent plus largement le renouveau.
Chap .5 = La ronde des muses
= Image qui symbolise la secrète
harmonie unissant les divers champs du savoir et du génie humain. Idem = le
corps humain
§
Ecoles et genres littéraires
Evolution pour
genre poétique:
Début du siècle = chants royaux,
ballades, soties…Epoque des « grands rhétoriqueurs », historiens et
propagandistes, qui font preuve de virtuosité dans leurs vers à la gloire de
leurs rois « au point que le fond paraît étouffé par la forme ».
1ère évolution avec
Clément Marot (1496-1544), secrétaire de Marguerite d’Angoulême, sœur de Frçois
1er = simplicité, l’artifice
doit donner l’impression du naturel et de la spontanéité + aspirations
spirituelles. Pièces brèves (rondeaux, chansons…)
Pléïade (se forme en 1549 – Défense
et illustration de la langue française-, son nom lui est donné en 1556 par
Ronsard) < 7 auteurs , élèves de Jean Dorat :
Pierre de Ronsard
Joachim du Bellay
Pontus du Tyard
Etienne Jodelle, Jean-Antoine de
Baïf, Jean de La Péruse, Guillaume des Autels, Rémi Belleau (en remplacement de
La Péruse à p. de 1556)
= art poétique devient l’
« invention jaillissante dictée par la fureur divine »
//t à
Lyon groupe formé de Maurice Scève (Délie, 1544), Louise Labé…
Renouvellement
également du genre narratif.
Influence du Décaméron (Boccace) ®
recueil de nouvelles : Heptaméron de Marguerite de Navarre publié en 1559.
Thème = l’amour
R/ Permanence de la
littérature reflet de la « société conteuse » sans séparation [e]
culture pop et culture savante. Ex. Noel du Fail,
1547, Propos rustiques et Baliverneries ou contes d’Eutrapel.
Large public pour les romans.
Voir le succès des romans de Rabelais : Pantagruel (1532), Gargantua
(1535 ?), Tiers Livre (1546), Quart Livre (1548-1552). Voir
le succès des romans de chevalerie notamment autour du cycle du roi Arthur
§
Nouveaux horizons, nouveaux savoirs
Récits de voyage :
merveilleux + exotisme + curiosités (voir mode des histoires naturelles) +
fascination pour le « sauvage » qui suscite des questions sur sa
place dans l’histoire humaine et dans l’économie du salut : le sauvage ne
représenterait-il pas l’état de nature, non encore perverti par la civilisation
même s’il est encore privé des lumières de la vraie foi ?
Médecine : la
connaissance du corps humain progresse grâce aux travaux et aux livres
de :
-
André Vésale (1543, De corporis humani fabrica)
= il préconise l’observation directe
-
Jean Fernel (1554, Medicina) = il fonde la “physiologie”
càd l’étude des fonctions des organes du corps humain
-
Ambroise Paré (1545, Méthode de traiter les plaies
faites par les arquebuses et autres bâtons de feu)
Astrologie : elle
fait partie de l’ enseignement universitaire. On ne la distingue pas encore
de l’astronomie qu’un Polonais encore inconnu des Français, Nicolas Copernic,
renouvelle par le De revolutionibus orbium coelestium (1543)
Droit et Histoire :
domaine par excellence de l’érudition humaniste.
L’étude du droit romain est
renouvelée par la méthode française caractérisée par l’analyse des textes
juridiques à la lumière de la connaissance de l’histoire, de la langue et de la
civilisation romaines. (Guillaume Budé + André Alciat,
juriste italien, prof à Bourges en 1529)
Nouveauté en histoire =
ordonnancement du récit en un ensemble cohérent où se manifeste souci du
document et l’esprit critique. Prédilection pour les origines supposées du
peuple français ( Robert Gaguin , Précis sur
l’origine et l’histoire des Francs, 1495 + Paul Emile, Des hauts faits
des Francs, 1517/1518)
Dans le domaine géographique
et cartographique, les portulans italiens et allemands sont remplacés par
des cartes plus complètes. La 1ère description géographique du
royaume de Fra daterait de 1525
§
Aux origines du génie français : Gaulois
et Francs
Tout ce foisonnement culturel est aussi animé par une
fierté nationale soucieuse de prouver que la France n’est pas inférieure à
l’Italie => quête de l’histoire du royaume pour en mettre en valeur le génie
méconnu.
=> Dans les années 1550, le
souci de faire l’éloge des Gaulois devient une véritable gallomanie. En
ce qui concerne les envahisseurs germains ( les Francs), certains historiens
trouvent une parade pour éviter de reconnaître des origines étrangères au génie
français. Ils en font des Gaulois qui après avoir séjourné en Germanie seraient
ensuite retournés dans leur patrie.
R/ Paradoxe des humanistes
fra qui après avoir dénigré des siècles obscurs, les scrutent avec une
attention croissante afin d’y trouver les origines de l’excellence fra
R/ Les humanistes fra se
heurtent aussi au mépris des historiens allemands qui ont redécouvert tacite à
la fin du XVe siècle et se plaisent à opposer les vaillants Germains aux
Gaulois mous et indolents.
ð
Des historiens revendiquent les origines
franques du peuple français = composante guerrière, fière et libre, valeur
militaires et aristocratiques plutôt que lettrées et urbaines.
+ Idée d’une translatio studii,
= déplacement du centre de la culture de Athènes à Rome puis de Rome en France.
R) Tout ceci n'est pas nouveau : voir Patrick Gilli, Au miroir de l'humanisme. Les représentations de la France dans la culture savante italienne à la fin du Moyen-Age (1360-1490), Ecole française de Rome, 1997.
§
La diffusion de la culture humaniste :
les cercles lettrés
Les bibliothèques privées.
Si l’on met à part celles des
grands mécènes à qui l’on offre des livres (ex.
connétable de Montmorency), les bibl. les plus fournies sont celles des
ecclésiastiques et des hommes de loi. Celles des marchands et artisans sont
moins nombreuses : ce st surtt des ouvrages professionnels ou de piété.
Ex. a
Paris, le clergé totalise 73% des livres inventoriés mais les possesseurs du plus gd nbre de titres st
les homme de robe. ®
ex. 790 ouvrages différents en 1552 dans la bibl de Gaston Olivier.
Les cercles lettrés
Ø
Paris autour de la cour
Ø
Lyon, actif centre éco
et d’imprimerie (à p. de 1473) autour des Bellièvre sur la colline de Fourvière
(début du siècle)
Ø
Toulouse, dans
l’entourage de l’évêque de Rieux
La culture savante se répand
donc chez les notables urbains. Elle développe leur goût pour les jeux
d’esprit ésotériques et pour les référence mythologiques. Elle explique en
particulier leur prédilection pour les ouvrages d’emblèmes. Elle développe chez
eux un certain mépris pour les spectacles populaires traditionnels, tels que
les mystères ou les farces et soties
Chap .6 = L’épanouissement artistique
Les arts ne st pas un domaine
séparé des lettres ; ils leur sont reliés par des correspondances . Ex.
Poésie = peinture parlante => Les œuvres d’art contiennent des messages
symboliques qu’il faut savoir déchiffrer.
L’épanouissement artistique,
moins somptueux qu’en Italie, illustre néanmoins la puissance du mécénat des
grands et la fécondité des artistes.
§
Architecture etc. : tradition et
nouveauté
Extraordinaire activité
bâtisseuse.
Les rois et les grands nobles
donnent l’exemple, imités par les riches citadins.
L’art est marqué à la fin du XVe
et au début du XVIe par une assimilation lente et progressive des modèles
italiens au goût fra. Les campagnes d’Italie ont servi d’accélérateur (Charles
VIII pille les palais et ramène avec lui des artistes italiens).
Mais la trad gothique continue de
manifester une étonnante vitalité dans l’architecture religieuse =
ornementation flamboyante.
1540/1560 : mélange mais pas
encore synthèse des 2 goûts dans certaines cathédrales
Dans l’architecture civile,
l’invention d’une synthèse originale est bcp plus précoce. Elle est le fait des
grands argentiers de la cour au tt début du XVIe .= reconstruction de châteaux
anciens (Ex. Thomas Bohier à Chenonceaux, Jean Breton
à Villandry) dans le nouveau style avec un tel luxe que le roi en prend
ombrage et en 1527, il place ces bâtiments sous la coup royale.
Elts nouveaux typiques du nouveau
style :
Ø
Jardins ornés de copies de statues antiques, de
pergola, de terrasses
Ø
Grottes artificielles
Ø
Murs ornés de médaillons à l’antique
Ø
Galeries ( éventuellement à arcades si dans les
jardins)
Ø
Symétrie de la construction et utilisation des
ordres
Ø
Escalier droit « rampe sur rampe »
intégré dans le corps de logis
§
Fontainebleau,
palais de François Ier, résidence principale du roi en Ile de France, vitrine
du prestige monarchique.
F. Ier a
recours à une équipe d’artistes italiens pour mener à bien le projet :
-
Le Rosso de 1530 à 1540
-
Le Primatice après 1540
-
Nicolo Dell’Abbate en
1552 …
Rencontre
entre le goût fra et les elts décoratifs venus d’Italie.
Ex.
la galerie de F. Ier, au dessus des
appartements des bains (étuve sèche, bain chaud, bain froid, 3 salles de
repos). Lieu fermé, F. Ier avait la clef et la faisait visiter à ses hôtes de
marque.
Programme
décoratif en partie altéré.
Boiseries
où alternent la lettre F et la salamandre.
Répertoire des motifs décoratifs
d’une virtuosité étonnante = guirlandes de fleurs et de fruits, putti,
grotesques…
Fresques et stucs en relief.
Allégories (= Ignorance chassée,
Unité de l’Etat) + symboles (= Eléphant fleurdelysé ) + réf mythologiques (=
éducation d’Achille, mort d’Ajax, Vénus éveillant l’amour, combat des centaures
et des lapithes…)
La galerie est composée de 7
travées dont on peut supposer qu’elles se lisent d’est en ouest : dans
chacune des travées, la scène du nord répond à celle du sud. => message exprimé
= victoire de la concorde sur la discorde, de la culture sur la barbarie ,
de l’âme sur le corps, par la médiation du prince et la bénédiction divine.
§
La naissance d’un premier classicisme fra
Après 1540, les modèles antiques sont bien connus, grâce aussi
à la vulgarisation par des ouvrages récemment traduits
Ex. les 6 livres d’architecture
de l’architecte italien Serlio, lequel arrive en Fra en 1541
Ex. La traduction du De
Architectura de Vitruve par Jean Martin en 1547
4 noms résument la splendeur esthétique de cette période
d’une trentaine d’année qui s’achève vers 1570 avec la brutalité des guerres
civiles de religion :
-
Pierre Lescot (Louvre)
-
Jean Goujon (Louvre / Fontaine des Innocents / Château
d’Ecouen du connétable Anne de Montmorency)
-
Philibert Delorme (Château d’Anet, tombeau de F. Ier et
de Claude de Fra)
-
Germain Pilon
.=> perfection pleinement maîtrisée de l’architecture
fra.
R/ En comparaison, la peinture est plus pauvre
Jean et François Clouet, portraitistes de la cour
§
La mise en scène d’un art de vivre :
fêtes et musique
Les chefs d’œuvre de la Renaissance sont le décor et la
source d’inspiration d’une œuvre plus immatérielle = la définition d’un nouveau
style de vie aristocratique. ¹ politesse et bienséance (le Renaissance est aussi un
siècle qui ne se choque ni de violence ni de plaisanteries scatologiques, même
si les auteurs de traités de civilité tentent de formuler les principes d’un
comportement policé)
Le nouvel art de vivre relève plutôt d’un idéal
esthétique, sur le modèle du Courtisan de Castiglione, publié à Venise
en 1528 et traduit en fra en 1537.
-
subtilité et culture dans la conversation
-
capacité à goûter la beauté
-
talents de musicien, chanteur, danseur
-
courtoisie
-
grâce du maintien
Dans ce cadre de vie dont l’artifice est délibérément
accentué, chacun se compose un rôle.
Ex. Diane de Poitiers est
à la fois Artemis, grande chasseresse capturent le gd cerf royal et Artémise,
veuve éplorée du roi Mausole => château d’Anet construit entre 1547
et 1552 pour elle par Philibert Delorme = parsemé de ses symboles , l’arc et de
croissant (Diane est aussi assimilée à Séléné, déesse de la lune). Un automate
dans le corps d’entrée indiquait les heures, frappée par un gd cerf de ses
sabots tandis que les chiens de la meute se mettaient à aboyer. Mais ce château
est consacré aussi à la mémoire de Louis de Brézé, gd sénéchal de Normandie, 1er
mari de Diane, dont elle conserva le deuil tte se vie.
R/ Le goût du déguisement et des mascarades est
révélateur Cf. les dessins de costumes laissés par Le Primatice (héros,
allégories …)
R/ dvllpt de la musique instrumentale + école fra
de la chanson polyphonique (Clement Janequin) : chansons mettant en scène
les exploits des rois, mettant des poèmes en musique, chansons pittoresques (le
chant des oiseaux …)
La musique religieuse est en revanche peu originale en
Fra j’1540’s
Le royaume
La renaissance intellectuelle et artistique a été
favorisée en Fra par une conjoncture propice :
Chap 7 = le pays le plus peuplé d’Europe
Après les ravages de la peste et de la guerre, la Fra
aborde une période de spectaculaire croissance de la pop pour récupérer la
perte de près de la moitié de sa pop
=> 1570 : Fra = 18 M d’hbts dans les frontières
du Cateau Cambresis soit presque le 1/3 de la pop européenne, que l’on estime à
60 M, Rie exclue.
Péninsule
italienne ±
12 M / Péninsule ibérique ± 9 M / îles Britanniques ± 4 M / Empire @ 15 M
§
La « copiosité du populaire » (Claude de Seyssel,
Louanges du roy Louis XII, Paris 1508)
Les contemporains ont tous été frappés par cette
croissance démog
Pb des sources :
Les registres
-Dans qques diocèses, les êv
ont demandé à leurs curés de tenir registre des baptêmes en indiquant les noms
des parrains. Ils ont été peu obéis.
-En 1539, ordonnance de
Villers Cotterêts : obligation faite aux curés de remplir registre des
baptêmes et des sépultures ® 1579, ordonnance de Blois : registre des mariages.
Ces ordonnances furent très mal appliquées.
On possède peu de véritables séries ( Cf.
paroisses bretonnes)
Les Rôles (registre de la Taille)
Ne concerne
que les roturiers non privilégiés.
Les livres de raison où sont notés les naissances,
mariages et décès parfois sur plusieurs générations.
Les actes notariés (contrats de mariage, testaments,
partage de succession…)
ð
tendance partout à la hausse
ð
mais certaines provinces entrent plus vite dans
la course EX. Ile de France (cf. Guy Fourquin : Les campagnes de la
région parisienne à la fin du MA, PUF, 1964)
ð
dans d’autres provinces, l’élan est précoce mais
il s’essouffle vite EX. Normandie + 70% entre milieu
du XVe siècle et 1500 mais
se ralentit entre 1500 et 1530, freinée par les épidémies et les crises
de subsistance.
ð
lorsque
la
est plus tardive, elle reste vigoureuse tt au long de la 1ère ½ du
XVIe . EX. Bretagne + 70% entre 1500 et 1560 (cf.
Alain Croix, L’âge d’or de la Bretagne, Rennes, 1993)
§
Les facteurs démog de la croissance
Ø
Recul de la mort
J’ vers 1520 = famines moins nbreuses car les terres
remises en culture sont les meilleurs + élevage abondant => viande + fumure
/ corps mieux nourris. //t manque de md’o => bien payée => les
salariés peuvent consacrer un part suffisante de leurs gains à leur alimentation.
Cependant, malgré son relatif recul, la > reste omniprésente, surtt pour les
enfants : la ½ voire les 2/3 >
avant d’avoir atteint l’âge adulte " le milieu social.
R/ La lèpre disparaît dans la 2nde ½ du
XVe
L’ergotisme (maladie due à un champignon sur le seigle et
provoquant la gangrène et l’avortement) ¯
En revanche, la peste est toujours là, propagée par les
puces des rats. Mais elle n’est plus présente à l’état endémique. + Les
autorités urbaines st plus efficaces dans leur lutte ¹ le fléau avec les mesures
d’hygiène et d’isolement.
R/ De nvelles maladies apparaissent = typhus,
transmis par les poux à p. de 1470. Il frappe surtt les marins, les soldats,
les prisonniers, les pauvres.
=
syphilis, à la fin du XVe. Elle se répand en Fra avec les armées de Ch. VII revenues
d’Italie et devient endémique.
Ø
natalité
<= âge précoce au 1er mariage : en Ile de France, ♀ = 16/20 ans. ♂
= 24/25 ans ®
soit 4 à 6 ans plus tôt qu’au siècle dernier => 2 naissances suppl. =>
une famille peut compter entre 3 et 5 enfants survivants..
Les familles de notables urbains st sûrement plus
prolifiques puisqu’une pratique répandue veut que les mères n’allaitent pas et
confie leurs nouveau-nés à des nourrices => allongement de la période de
fertilité. EX. à Senlis, norme = familles de 6/
enfants parvenus à l’âge adulte (Cf. B. Guenée, Tribunaux et gens de
justice dans le bailliage de Senlis à la fin du MA, Paris, 1963)
R/ Les bâtards st plus nbreux et bien acceptés en
général.
Ø
Rôle des migrations
-
Immigration de reconquête qui a contribué à repeupler
les zones dévastées par la guerre de 100 ans.
-
Migrations dues à la misère, qui chassent les pop des
régions difficiles vers les terres plus accueillantes qui ont besoin de bras ou
vers les villes (EX. Lyon)
§
La fin précoce du « beau XVIe siècle »
= 1520’s
La croissance demog a eu des effets pervers qui ont
accéléré la fin de la période de prospérité =
Ø
Emiettement des biens familiaux à cause des
partages successoraux
Ø
L’agriculture atteint vite ses limites du fait
de son incapacité à
les rendements
R/ à la différence de ce qui se passe en
Angleterre ou en Hollande
=>
Ø
Nécessité de remettre en culture de nvx
terroirs, plus ingrats + avancée des terres consacrées aux grains => ¯
élevage =>¯
prod de viande et de fumure.
A p. de 1520 et parfois plus tôt, les crises démog
deviennent plus fréquentes : EX. région parisienne , crises de forte amplitude en 1522,
1531, 1546, 1557
EX .
en Languedoc, peste de 1530, l’une des plus violentes du siècle
Chap 8 = les paradoxes de l’élan économique
§ Innovations
agricoles et manufacturières
Ø
Agr essentiellement vivrière mais tt un secteur
en pleine expansion :
-
cultures spéculatives : olivier (midi méditerranéen), vigne (côte atl et autour des
villes), pommier à cidre (normandie, picardie, bretagne), murier (Cevennes,
Avignon), pastel et safran (Toulouse).
-
Dans certains riches terroirs (Beauce,
Brie), les céréales jouent aussi un rôle spéculatif en alimentant les
marchés parisiens
-
Introduction de nvx produits horticoles (Languedoc, Loire, région parisienne…) = artichaut, melon, ananas, aubergine ® fin XVIe = produits américains comme la tomates, la
cartoufle ou truffe blanche (pdt), haricot et maïs… et dvlppt de la
culture du chanvre et du lin (plantes de jardin à l’époque)
R/ la littérature agronomique qui connaît un
certain succès montre que les propriétaires terriens humanistes se préoccupent
de la manière d’
la fertilité du sol
=> amélioration des techniques culturales existantes
(EX. dans le midi , adaptation d’un versoir sur l’araire trad.), dvllpt de
l’irrigation en Provence.
Ø
Diffusion d’innovations dans le domaine
manufacturier
- Imprimerie
R/ Lyon (depuis
1473)nbre d’ouvrages imprimés entre 1501 et 1600 = environ 16000
Paris (depuis 1470 par vô royale) « « « 25000
(Venise « « « « « 40000)
R/ L’imprimerie mobilise des capitaux
importants : il faut du matériel coûteux, un vaste local, une md’o nbreuse
et instruite.
R/ L’atelier d’un gros imprimeur compte de 5 à 6 presses/
Chaque presse nécessite 5/6 ouvriers.
-
Industrie textile est renouvelée par l’introduction
de l’art de la soie par la vô royale (Tours 1470 ; Lyon 1536) =>
multiplication des moulins à filer mus par la force hydraulique. La draperie
est une activité florissante dans le nord et l’ouest de la Fra. Etoffes de
laine ou toiles de lin et de chanvre sont exportés en Angleterre ou en Espagne.
Elles sont souvent de qualité moyenne sauf soieries et
draps rouges ou noirs de Rouen et Paris.
La production est dispersée dans les campagnes et les
marchands des villes organisent les approvisionnements en mat 1ère,
contrôlent la finition et commercialisent.
- Dvllpt spectaculaires des mines et de la métallurgie (minerai de
fer)
Introduction dans la 2nde moitié du XVe siècle
dans les régions boisées et fluviales par la Wallonie et la Rhénanie des hauts
fourneaux, ce qui permet de produire de la fonte, coulée pour les canons et
les boulets ou affinée/décarburée dans les forges pour obtenir un fer de
meilleure qualité qu’auparavant.
Le capital nécessaire est important => sociétés
regroupant des marchands, voire des nobles, bénéficiant parfois d’un privilège
royal.
§ Les
découvertes et l’intensification des échanges
Il faut attendre 1540’s avant que le roi de Fra ne
s’intéresse au partage du monde qui a lieu dans les nvx territoires découverts
Frçs
1er, 1541 : « Le soleil luit pour moi comme pour les
autres ; je voudrais voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du
partage du monde »
Pourtant très tôt, il y eu des compagnies et sociétés en
commandite de pêcheurs, marchands qui cherchaient fortune dans le nouveau monde
(Terre-Neuve, Brésil)
Les navigateurs de Frcs 1er :
-
Giovanni et GirolamoVerrazano < colonie florentine
de Dieppe ®
expéditions de 1524/1528/1529 pour chercher un passage au nord, à travers
l’Amérique vers la Chine.
-
Jacques Cartier < St Malo ® voyages de 1534 et 1535
au St Laurent
Peu de résultats concrets et c’est encore plus
neutre à l’époque de Henri II qui confie
sa pol maritime à l’amiral Gaspard de Coligny.
Fra n’a donc pas réussi à avoir un domaine colonial.
Elle participe cependant indirectement (gonflement de la masse monétaire
européenne) ou directement (commerce) au nouveau système mondial d’échanges.
Des ports actifs ouvrent la Fra au commerce maritime =
Rouen avec la création du Havre en 1517 – St Malo, La Rochelle, Marseille.
Les autres ports malgré leur prospérité liée au commerce
européen, s’ouvrent plus timidement à l’ « économie-monde » (Immanuel Wallerstein,
Le système du monde du XVe siècle à nos jours, t.1 Capitalisme et
économie monde, Paris, 1980)
A l’intérieur du royaume = foires et marchés
EX. Lyon, le plus important, 4x 15 jours/an. Elles
captent une partie importante du gd mvt d’échange entre la Med et les pays
nordiques (qui passe sinon par Genève). Elles jouissent d’importants
privilèges. Lyon a une fonction de redistribution dans le royaume des produits
étrangers et permet l’esportation vers l’extérieur des prod fra. Le commerce
lyonnais est stimulé par une vigoureuse activité bancaire dont l’arme
essentielle est la lettre de change et qui s’appuie sur la présence dans la
ville de filiales des principales banques italiennes et dans une moindre
proportion alldes.
A côté du marché international , $ un marché national dominé
par Lyon bien sûr et par les marchands du couple Paris-Rouen
§ Les
limites de l’expansion
les handicaps technologiques
= barrière du rendement des
grains. Dans les pays de gde agr céréalière : 6 / 8 grains récoltés pour 1 semé
; dans les terres plus médiocres : 4/5 pour 1. => l'augmentation de la prod
rencontre vite ses limites. Þ dès la fin du XVe siècle, des prix des grains,
répercutée de façon plus modérée sur les autres produits.
= dépendance à l'égard de l'eau
(rivière au débit important est indispensable) + dépendance à l'égard du
combustible (le haut fourneau nécessite plus de bois que le four trad) qui
freine la diffusion de la sidérurgie + déforestation
= qualité moyenne des tissus et
draps fra. Or
des prix Þ
¯
clientèle des notables ruraux et des artisans des villes qui est indispensable
à ce marché.
= domination des italiens dans le
domaines commercial du fait de leur avance dans les techniques de comptabilité,
de l'ampleur de leurs réseaux, de l'importance de leurs capitaux disponibles,
de leur antériorité sur les marchés lointains et de leurs expérience de la
navigation Þ
ils achètent de meilleure qualité et moins cher.
Balance commerciale de la Fra =
import : produits de luxe et matières 1ères de qualité / export : denrées agricoles et objets de
consommation relativement courante. Balance déficitaire avec l'Italie et le
Levant, excédentaire avec l'Angleterre, l'Allemagne, l'Espagne et le Portugal.
facteurs mentaux et sociaux
= Imparfaite autonomisation de l'économie, encore mélée au religieux, au
social et au politique. Ce facteur a
t -il joué un rôle aussi grand que les limites technologiques dans l'absence de
mutation en profondeur de l'éco fra, absence de mutaion cachée derrière les brillant
succès de l'essor éco du premier XVIe ?
Ø
les "bourgeois", quand ils
s'enrichissent, tendent à se fondre dans la noblesse et à cesser leurs
activités marchandes. Ils adoptent les valeurs nobles, achètent des terres
(capital immobilisé) et des offices qui donnent un prestige inégalé.
Ø
prélèvement fiscal à p. 1540's
Chap 9 = Sociétés rurales
§
Les hiérarchies paysannes
Sociétés villageoises très
hiérarchisées.
Au sommet, petite aristocratie de
riches paysans, qui disposent des bonnes terres, d'un train de culture
important (matériel + attelages). Ayant de larges excédents de grains et de
fourrage, ils peuvent les vendre et se procurer des réserves monétaires. Les
plus puissants sont ceux qui prennent à bail de vastes domaines seigneuriaux de
50 à 100 ha voire plus.
Leur prééminence se retrouve
partout où le loyer de la terre est raisonnable.
Ces riches paysans entrepreneurs
sont très souvent receveurs des droits seigneuriaux et de la dîme/ ils sont
syndics de la communauté et marguilliers de la paroisse. Ils occupent
fréquemment des offices seigneuriaux : notaires, procureurs, juges, acquérant
ainsi une compétence juridique qui les pose en conseillers de la communauté.
Ils sont instruits (alphabétisés à presque 100% en Ile de Fra)
Les fils qui ne leur succèdent
pas s'élèvent par la marchandise, la prêtrise ou les offices royaux.
Notables de village : hôteliers
et aubergistes par exemple.
Laboureurs = paysans qui
possèdent assez de terres pour en vivre, qui ont un matériel d'exploitation
bien fourni, un cheptel assez abondant. Leurs conditions de vie sont variables
selon les régions.
Métayers, qui partagent les
récoltes avec les propriétaires. R/ ont parfois du mal à se maintenir dans la
cl. moyenne, quand le partage des récoltes et strict et les impôts lourds.
Masse des paysans précaires qui
n'ont pas assez de terres pour en vivre. Ils trouvent des ressources d'appoint
dans le tissage des draps ou dans la location de leur capacité de travail. Ces
paysans sont particulièrement nbreux autour des gdes villes où commence la
dépossession paysanne au profit des élites urbaines.
Les artisans (tailleurs,
cordonniers, charrons…), minuscules propriétaires qui vivent pauvrement.
Les manouvriers ou brassiers
vivent en louant leurs bras même s'ils possèdent parfois un petit lopin de
terre. Ils commencent à être victimes du décalage entre la des
prix et celle des salaires à p. de 1520's. ils sont victimes des crises qui
reviennent alors de plus en plus svt.
§
Structures de propriété et coutumes
d'héritage
Lorsqu'ils st propriétaires, les paysans ne le st de
manière pleine et entière que lorsqu'ils possèdent des alleux. Cette situation
éminemment favorable est assez fréquente dans le sud et l'est.
Ailleurs, les paysans relèvent d'un
seigneur : ils n'ont que la propriété utile de la terre, le seigneur se
réservant la propriété éminente,
directe. Ils doivent des redevances au seigneur en tant que propriétaire de la
terre (cens en agt le plus svt et/ou champart en nature). Les paysans peuvent
vendre leurs censives moyennant le paiement de lods et ventes au seigneur (=
droit de mutation). Ils peuvent aussi le plus svt les transmettre librement en
héritage , sauf cas de mainmorte en Bourgogne par exemple et du "domaine
congéable" en Bretagne.
tenures qui ne peuvent être
transmises librement qu'aux descendants vivant et travaillant déjà avec le
tenancier.
le propr. peut congédier à tt
moment son tenancier moyennant une indemnisation.
R/ Les paysans peuvent s'associer
en communautés EX. Les frérèches lorsque frères et sœurs
vivent dans l'indivision de la tenure (Auvergne et dans les terroirs
difficiles)
Les coutumes d'héritage partagent en gros la Fra en 3
zones.
Au sud, le père a le droit de
faire "élection d'héritier" = un héritier universel reçoit le préciput ( = les 2/3 du bien ou ½
si les enfants st plus de 4). Le reste est réparti également entre tous. La
part des cadets s'appelle la légitime. Les filles dotées st exclues de la
succession.
Dans les provinces de l'ouest,
régime égalitaire de partage strict entre les héritiers.
Entre les deux = coutumes "à
option" de type mixte plus proche cpdt du régime égalitaire que de
l'élection d'héritier. = les enfants dotés peuvent choisir entre la dot ou le
partage au moment de la succession (Ile
de Fra)
§
Communauté d'hbts, paroisse et seigneurie
La communauté d'hbts constitue le
cadre administratif de la vie paysanne. Particulièrement vigoureuse dans le sud
de la Fra, elle élit un conseil ou des procureurs syndics. Leur rôle est
d'organiser la perception et la répartition de la taille, de faire respecter
les rythmes collectifs de l'assolement biennal (sud) ou triennal (nord) et du
pâturage des bêtes, de gérer les communaux et de veiller à l'ordre public. Þ La
communauté d'hbt est un puissant facteur de cohésion.
Paroisse : Les biens
matériels de la paroisse dt la propriété de la "fabrique", entité
juridique administrée par des marguilliers, élus parmi les notables.
Au village, le curé est un
personnage essentiel. Il est désigné par l'êv ou par un collateur
ecclésiastique (chapitre, monastère) ou laïc. Sa charge est avant tt
spirituelle = guide mais les curés st rarement plus instruits que leurs
ouailles et ne résident pas tjs.( il peut être en même temps chanoine dans un
chapitre urbain ou poursuivre des études dans une université) En cas de non
résidence, le curé fait administrer sa paroisse par un vicaire.
La seigneurie n'est pas présente
partt de la même manière. Certaines provinces st fortement
"seigneurialisées" tandis que dans le sud, les terres qui ne
dépendent pas d'un seigneur st nbreuses.
Les seigneurs ne st pas
nécessairement des nobles. Ils peuvent être aussi des roturiers ou des
collectivités ecclésiastiques.
Les gentilshommes campagnards
vivent le plus svt des revenus de leurs domaines (tenure + réserve exploitée en
faire valoir direct) même si l'apport des droits seigneuriaux n'est pas
négligeable lorsque ceux-ci st perçus en nature.
L'exemple
le plus connu est Gilles Picot, seigneur de Gouberville qui a tenu un journal
quotidien de 1549 à 1562 (Madeleine Foisil, Le sire de Gouberville,
Paris, 1981)
R/ Très peu vivent du service des armes = entre 5 et 15% selon les
époques.
R/ L'appauvrissement dt on les crédite parfois n'a pas un caractère
général.
R/ Les relations entre paysans et
seigneurs st variables. Elles dépendent de la qualité de l'intendant qd il y en
a, de la lourdeur des droits seigneuriaux , de la qualité de la justice
seigneuriale, du prestige régional de la noblesse (les conflits st plus
fréquents avec le seigneur dans le sud, terre d'alleux, qu'en Bretagne)
Chap. 10 : Villes et sociétés urbaines
§
Les bonnes villes