dimanche 5 janvier 2020

Grands repères chronologiques et notionnels sur le Moyen Age



L'expression « moyen âge » date du XVIIe siècle. De même au XVIe siècle, on nomma la nouvelle période « Renaissance » et le MA « les temps obscurs ». Ces termes suggèrent que la période de mille ans, archaïque et barbare, qui a rompu avec les modèles classiques de l'Antiquité, n'est que l'attente obscure des prestiges de la Renaissance et des Temps modernes. Cette longue période est pour la première fois réhabilitée au XIXe siècle, mais dans une vision simpliste (l’ère « gothique ») campée de caricatures romantiques, le preux chevalier et le serf. Depuis les années 1930, les historiens s'attachent à rendre son identité à cette longue période de lentes mutations, au cours de laquelle une société complexe s'est épanouie en Occident.
La longue période et le cadre spatial du continent rendent difficile une vision claire et simple de la chronologie et des périodes (durée dans laquelle il y a une certaine unité civilisationnelle) du MA.


Le haut Moyen Âge (fin du Ve-IXe siècle)
Caractéristiques :
·         ruralisation de l’économie, passage de l’esclavage au servage.
·         L'assimilation des Barbares : les rois barbares adaptent leurs lois au droit romain, maintiennent la langue latine, les villes antiques … MAIS la notion de droit public s'estompe, civil et militaire ne se distinguent plus, la valeur guerrière du chef, élu et mythifié devient essentielle. C’est lui qui distribue les terres et les pouvoirs à ses chefs militaires. Ceux-ci deviennent une noblesse







·         Le véritable ciment des communautés antiques et barbares est le christianisme. : le christianisme devient en Occident le passage obligé vers le pouvoir, car l’Eglise catholique est la seule force organisée, unie et présente dans toute l’Europe, qui a survécu à la disparition de l’empire romain.


Vers un grand empire chrétien : des Mérovingiens aux Carolingiens
Le sacre du roi Pépin le Bref à Saint-Denis, par le pape Étienne II en 754, confirme le prestige franc et marque un nouveau pas vers la sacralisation d'une famille : celle des Carolingiens. Le principe dynastique complète désormais l'élection coutumière et finit par la remplacer.
Le secours apporté par Charlemagne au pape, menacé par la noblesse romaine, fait du Carolingien le candidat à la restauration de l'empire d’Occident : son couronnement sanctionne cette évolution. Lors de la cérémonie romaine à la Noël 800, le pape Léon III, couronne l'empereur avant qu'il ne soit acclamé ce qui fait de Charlemagne un « empereur couronné par Dieu ». On sort définitivement des anciennes conceptions barbares du pouvoir.



Alors même que s'édifie une civilisation nouvelle, l'Empire carolingien révèle ses faiblesses. Toujours unifié sous Louis le Pieux, il profite encore un temps des conquêtes de Charlemagne.
Divisé par les fils de Louis le Pieux en trois royaumes rivaux, l'Empire carolingien n'a plus qu'une unité théorique. En « France », les invasions et l’affaiblissement du pouvoir amènent à la naissance de la féodalité. Mais en Germanie, où le roi a conservé le contrôle des duchés régionaux, l'idée d'empire et les structures carolingiennes sont assez vigoureuses pour que le roi Otton Ier de Germanie prenne à son tour la couronne impériale, en 962. Toutefois, l'Empire ressuscité n'est plus que strictement germanique, et bientôt appelé Saint Empire romain germanique.

Un monde dominé par le manque
Une économie agricole : Pendant tout le "Moyen Âge", c'est-à-dire du Ve au XVe siècle, les campagnes ont occupé une place prépondérante, essentielle, en Europe occidentale.= Un peu plus de 90% de la pop au XIe siècle, un peu moins au XVe siècle.
L'analyse d'ossements provenant de cimetières mérovingiens montre que l'espérance de vie variait entre 25 et 45 ans ; cependant si l'on survivait aux premières années, il n'était pas rare d'atteindre, voire de dépasser, l'âge de 65 ans.(…) Au cours de trois siècles de troubles continus, beaucoup de terres jadis cultivées étaient retournées à la friche, de sorte qu'il ne restait plus que des îlots cultivés dans un océan de forêts, de landes et de marécages. Dans les grands domaines mérovingiens, dont certains s'étendaient sur plusieurs milliers d'hectares, les cultures en occupaient au plus quelques dizaines. Cultures médiocres au demeurant, car il semble que les paysans ne disposaient généralement que d'outils en bois. Pourtant, l'iconographie de l'époque mérovingienne montre déjà des hommes cultivant la terre à l'aide d'outils ferrés, bêches ou socs d'araire. En définitive, à l'époque mérovingienne, les hommes demandaient donc l'essentiel de leurs moyens de subsistance à la forêt, aux friches de toute nature, aux rivières et aux étangs : la chasse, l'élevage, la pêche et la cueillette l'emportaient, et de loin, sur l'agriculture. Avec l'avènement des Carolingiens commence une ère relativement plus paisible, et donc plus propice au développement des campagnes. C'est le moment majeur du passage au servage.


L'âge féodal (Xe-XIIIe siècle)
Problématisation : Comment une société sans pouvoir central (Etat) peut-elle fonctionner et se développer ? Cette période correspond aussi à un moment (XIIe-XIIIe s) que l’on a appelé le « Beau Moyen-Age ». C’est la période étudiée à l’école, au collège et au lycée.

La société féodale repose sur des engagements d’homme à homme, les relations de fidélité et contractuelles, et une organisation stricte de la place de chacun dans la société. Tout le monde contrôle tout le monde. Les punitions sont publiques et vexatoires. Ainsi, chacun fait ce à quoi il s’est engagé.
L'engagement vassalique et la richesse foncière constitue le fondement de la puissance des aristocrates. Les mieux nantis (vassaux royaux) disposent de terres en toute propriété (les alleux, issus d'héritages familiaux), mais aussi d'honneurs, concédés pour la durée d'exercice d'une charge (comtale par exemple), et de bénéfices accordés en échange de services (surtout militaires). Devenu héréditaire, par transmission familiale des fidélités, le bénéfice ne tarde pas à être la cause même de l'engagement vassalique.

« L'arbre de la société médiévale » selon Adalbéron de Laon  (vers1015) => vers une société d’ordres
A la tête de la hiérarchie, un conflit se noue entre le Pape et l'empereur : la réforme grégorienne en marque le commencement. Les choses ne se règlent pas avant la fin du MA (antipape, grand schisme, affirmation de la supériorité du concile sur le pape sont autant d'étapes qui jalonnent les relations complexes, jusqu'au XVe siècle, entre l'Eglise et les pouvoirs temporels).



Toutefois, la naissance des Etats
Entre le XIe et le XIIIe siècle, la notion d'État n'est encore qu'en gestation, mais l'idée que le roi doit gouverner pour le bien commun s'affirme de plus en plus. La notion de pouvoir public progresse au cours du XIIIe siècle ; ainsi s'explique le rôle croissant des assemblées de contrôle (états, parlements, Cortes), qui, selon les pays, équilibrent un pouvoir monarchique consolidé par le principe dynastique, légitimé par le sacre et appuyé sur l'Église.
En Angleterre, l'équilibre des pouvoirs s'instaure au milieu de violents conflits. La victoire de Guillaume le Conquérant à Hastings en 1066 ouvre l'île saxonne à la colonisation et à la féodalité normandes.
Hugues Capet
En France, les succès de la monarchie capétienne se confirment tardivement. Hugues Capet, encore aux prises avec les féodaux, n'a pour lui que l'aura de son sacre. Il faut attendre Philippe II Auguste et ses victoires sur l'Angleterre et le Saint Empire (→ bataille de Bouvines en 1214) pour voir s'affirmer l'indépendance du royaume de France.
En Espagne, les petits royaumes chrétiens du Nord – Asturies, Castille, Aragon et Navarre – poursuivent depuis le VIIIe siècle la lutte contre les musulmans, maîtres du califat de Cordoue et du royaume de Grenade. La Reconquista, croisade des chrétiens de la péninsule Ibérique, marque des progrès décisifs au début du XIIIe siècle, malgré la résistance de Grenade. L'Espagne chrétienne, divisée en royaumes, ne parvient pas à réaliser son unité.
En Italie, l'explosion urbaine et les forces économiques donnent le pouvoir et le contrôle du territoire à quelques villes : Gênes, Milan, Florence et surtout Venise, grande bénéficiaire de la quatrième croisade (1202-1204), véritable « thalassocratie » dans laquelle le doge contrôle l'aristocratie marchande, dont seules quelques familles constituent le Grand Conseil. Ces Etats sont parfois des Républiques, contrôlés par les grandes familles. Le Pape, chef religieux est aussi chef d’Etat. Il contrôle Rome et les territoires de l’Italie centrale.


La prospérité favorise la liberté
A partir de la 2e moitié du XIe siècle, sous l’effet de la croissance démographique, et sous l’impulsion des seigneurs (et des monastères) défrichement de la forêt et mise en culture de nouvelles terres (cf. assèchement des marais): les paysages agricoles changent. L’augmentation des productions grâce à l’augmentation des surfaces cultivées permet de soutenir la croissance démog. Des mouvements de pop ont lieu dans les campagnes vers ces nvx terroirs. De nouveaux villages voire des villes se développent. Pour attirer les pop, les seigneurs concèdent des chartes de franchises* = exemption de certains impôts et obligations. Les redevances en argent remplacent la corvée.
 => XIIIe siècle = majorité de paysans libres 

Pour compléter ces idées générales: deux plans détaillés travaillés il y a quelques années avec des classes de 2nde : Violence et autorité au MA et Vivre au village au MA .


Le bas Moyen Âge (XIVe-XVe siècle)
Le temps des calamités
Aux deux siècles d'expansion économique que sont les XIIe et XIIIe siècles succèdent deux siècles de crise profonde. Les famines, l’épidémie de la Grande Peste noire qui débarque en Europe en 1348, les guerres (la guerre de Cent Ans -1337/1453-, les guerres en Italie) sont autant de catastrophes qui dépeuplent l’Europe.



Les hommes sont rares, épuisés de travail pour payer des taxes toujours plus lourdes. Les crises sociales, explosion de violence et révoltes (ligues nobiliaires contre les rois, jacqueries paysannes), mouvements hérétiques, chasse aux sorcières…se multiplient

Vers l'Europe moderne
Le triomphe des hommes d'argent, la réforme religieuse et la conquête du monde.
La limite entre le fin du MA et le début de l'époque moderne est floue.

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