LETTRE
67, Mars 1463 "au duc de
Nemours"
"…vous
connaîtrez clairement qu'il y a trahison conspirée en la ville de Perpignan et
pour ce, incontinent ces lettres vues, si vous n'y êtes, allez-y hâtivement. Et
si la matière est disposée que vous en puissiez trouver la vérité et atteindre
cette trahison, comme ainsi ferez, si vous voulez, gardez que incontinent vous
fassiez prendre ceux que l'on soupçonnera, et si vous trouvez que ainsi soit,
faites-en faire justice du plus grand jusques au plus petit. Et si vous ne
pouvez trouver nuls langages ni nulle apparence -combien qu'il est bien fort
que la chose se puisse celer, car on saura bien ceux qui la peuvent avoir
menée, et aussi il faut qu'ils en aient parlé à plusieurs et, s'ils n'en ont
parlé, si faut-il considérer ceux qui ont le peuple si à commandement qu'ils le
pourraient faire émouvoir sans leur en parler- vous pourrez aviser ceux de qui
vous aurez suspection, et incontinent les m'envoyer sous ombre de se venir
excuser d'aucunes choses dont on les aura accusés. …."
Source : l'édition de certaines des lettres de Louis XI par Henri Dubois, Livre de poche, 1996
Lettre à Imbert de Batarnay et à Yvon du Fou
(1474) sur la répression de l'émeute de Bourges qui s'est dressé contre les
dépenses des fortifications de la ville (source Louis XI, de Gaussin)
"Comme vous le savez ceux qui se sont rebellés ne doivent jouir de l'impunité…en ce qui concerne vos prisonniers, je vous prie de les punir si rigoureusement que cela serve d'exemple aux autres et de n'épargner personne…j'entends que ceux qui auront mérité d'être exécuté soient exposés sur leurs portes…de plus tâchez de savoir q'il n'y a pas de gros bonnets qui aient pris part à la révolte , car les pauvres n'ont pu le faire d'eux-mêmes"
(Lettres, V,
DCCXCVII )
Des révoltes fréquentes
A Angers,
les "pauvres gens de métiers", armés de "gros tricots et autres
bâtons" pillèrent durant 3 jours les maisons des officiers, des bourgeois
et des prêtres. Les autorités furent débordées. La répression contre les
pillards fut rude. Cf Guillaume Oudin " Bien peu de temps après, plusieurs
furent punis pour leur forfait, car les uns furent noyés, les autres décapités,
les bras et jambes coupés, et les corps mis au gibet". Comme à Alençon, les habitants tinrent
"plusieurs et diverses assemblées sans aucune autorité de justice, dans
lesquelles ils ont conclu de ne pas obéir aux mandements des
commissaires".
La miquemaque de Reims se place un
mois environ après le sacre de Louis XI, qui avait donné aux gens quelque
espérances quant à la levée des taxes. Assi lorsque les officiers des finances
"firent mettre à l'encan les gabelles et autres impositions habituelles
pour les adjuger (aux) conditions les plus avantageuses", l'émeute éclata.
On accusa les officier d'avoir fabriqué un édit, "poussé par leur esprit
de lucre et par leur audace". Les registres furent brûlés, leurs maisons
pillées, ils durent prendre la fuite. Les troupes royales sont envoyées et les
bourgeois de Reims arrêtèrent "quelques personnes du commun" qui
passaient pour les auteurs de la sédition. La répression fut sans aucune
commune mesure avec le mouvement : les 9 "principaux coupables" dont
3 femmes furent exécutés ; le cadavre de l'un d'eux, réputé leader du
mouvement, fut écartelé ; 25 autres personnes furent bannies du royaume, 13 de
Reims parmi lesquelles certaines furent battues et fustigées, "oreilles et
poings coupés". 57 autres qui avaient fait amende honorable eurent les
poings coupés ou furent frappées d'amendes…En tout,, plus de 180 personnes. Les
notables de Reims firent intervenir le duc de Bourgogne qui implora la grâce du
roi. => Chastellain "
A Aurillac, "cité grandement
peuplée et grandement marchande" où deux partis s'opposaient dans les
années 1472-1473 : celui du roi et celui d'Armagnac, avec Jacques, vicomte de
Carlat et de Murat et Jean, son frère, évêque de Castres et abbé d'Aurillac, à
ce titre seigneur de la ville. Entre les uns et les autres, depuis le Bien
Public, ce n'était qu'embuscade, "détrousse de marchands".cf les
propos du marchand du parti Armagnac, Bernard Salesses, qui à l'époque de
Péronne (1468) parcourait la ville en criant aux royalistes : "allez le
querir votre roi ! Il est mort ou prisonnier, au diable soit-il, mort ou vif
car tant qu'il vivra il n'y aura ni
paix ni bien dans ce royaume" Et
les Laber, bouchers de leur état renchérissaient, affirmant que sans changement
de roi, "le peuple serait opprimé et mangé" (P286) C'est l'époque où
les habitants d'Aurillac refusaient d'envoyer leurs contingents de francs
archers à Lectoure et en Roussillon (1473). LXI en eut assez et donnait comme
instruction à on commissaire, Aubert le Viste "vous n'y saurez frapper
mauvais coup, car ils m'ont toujours été traitres ou malveillants,
endommagez-les moi bien'. Mais seule la capitulation de Nemours à Carlat, le 9
mars 1476 devait faire entrer Aurillac dans l'obéissance.
L'émeute de Bourges (ville natale de Louis XI) : émeute de 1474 à
l'occasion d'un nouveau "subside des
fossés de la ville pour faire face aux dépenses de fortification de la
ville ordonnée par le roi => "foulons, vignerons , boulangers ay autres
gens de métier et menu peuple". Durant plusieurs jours, la ville appartint
aux émeutiers qui tuèrent ou blessèrent les gens du roi. Puis, le notables se
concertèrent dans la cathédrale, les uns partisans de la conciliation,
"furent de la mauvaise opinion" selon l'expression du roi, les autres
réclamèrent une action énergique "de façon à que force demeure au roi et
que justice soit obéie", et l'emportèrent.
Troubles du Puy : 1477. Féodaux,
bourgeois et peuple s'affrontaient, les premiers s'efforçant de détourner les
impôts à leur profit particulier, à l'exemple du vicomte Armand XIII de
Polignac qui se fit rigoureusement rappeler à l'ordre par LXI en 1465.
L'accaparement des fonctions consulaires par un groupe restreint de familles
riches aboutissait à faire porter sur les autres habitants l'essentiel des
charges fiscales. De temps à autre, pour arrêter la montée des mécontentements,
les hommes en place faisaient quelques concessions comme, en 1469, de permettre
à de nouvelles familles riches d'accéder au pouvoir et, en 1473, les délégués
des corps de métiers reçurent le droit de participer aux élections consulaires
mais la liste des candidats devait être dressée par "7 personnes
distinguées par leur vertu" => les plus riches en réalité. Le commun
mettait en cause l'honnêteté des dirigeants, les accusait de prélever plus que
nécessaire
Idem à Agen été
1481, peuple contre consuls. Les mécontents en appelèrent au Parlement de
Bordeaux qui leur accorda un syndic. Les consuls se tournèrent vers le roi qui
commit un conseiller concurrent du Parlement pour convoquer " la
principale et plus saine partie " des Agennais : les notables acceptaient
de ne lâcher que 3 posites consulaires et les "gens vivant noblement"
eurent le dernier mot.
Agitation aussi
rurale cf paysans de la région de Casteljaloux, contre les collecteurs
d'impôts, réunis dans un bois jurèrent
de ne rien payer, de se défendre envers et contre tous" . Le commissaire
du roi arrêta quelques séditieux, le tocsin sonna et l'insurrection locale
éclata, les manant s'étant "armés et embastonnés".