dimanche 26 janvier 2020

Obéir ...ou pas, au pouvoir politique

Au croisement de plusieurs de nos cours, il y a cette question de l'obéissance. Comme nos collègues de SES et de Philo, j'utilise souvent la référence à l'expérience de Milgram pour expliquer les processus d'obéissance : il s'agit donc de montrer qu'il est difficile pour un individu "normalement" socialisé de désobéir à une autorité, surtout s'il la juge légitime. C'est pourquoi la démocratie dans laquelle l'autorité de l'Etat dérive de la Loi, qui elle-même est censée être l'expression de la volonté générale, réclame et obtient des citoyens une obéissance quasi générale.

Dans l'ancien programme, on pouvait filer ce thème sur plusieurs cours, l'installation de la République en France et à contrario, les régimes totalitaires. Désormais, les cours sont "explosés" sur les deux années de Première et de Terminale. Cependant, je propose dans le même post les ressources que j'utilisais.

Sur les processus d'obéissance :


vidéo "le jeu de la mort" (disponible sur Youtube) pour présenter l'expérience de Milgram => la 1ere heure. Puis discussion avec les élèves et cette fiche pour fixer une trace écrite.

OBEIR : COMPRENDRE LES RESULTATS DE L’EXPERIENCE DE MILGRAM
Stanley Milgram qualifie les résultats de : "inattendus et inquiétants", car aucun des participants n'a eu le réflexe de refuser et de s'en aller. Et une proportion importante d'entre eux (60%) a continué jusqu'au niveau de choc le plus élevé du stimulateur.
S. Milgram en déduit que :
1.      Le mal pouvait être perçu comme banal et que ceux qui avaient administré les chocs les plus élevés l'ont fait car ils s'y croyaient contraints moralement de par l'idée qu'ils se faisaient de leur obligation. Il a considéré que les pulsions agressives étaient en la circonstance peu en cause.
S. Milgram consacre quelques pages à démontrer que l'agression n'est pas à la source des comportements des sujets (205 à 208) ; qu'ils n'ont pas profité de l'expérience pour assouvir des pulsions sadiques.  
2.     Le conditionnement de chaque personne, avec toutes ses inhibitions s'oppose à la révolte et arrive à maintenir chacun au poste qui lui a été assigné.
3.     La mise en scène et les moyens exposés ont suffi à neutraliser efficacement les facteurs moraux.
=> Qu'est-ce qui rend le sujet aussi obéissant ?


  1.    Le désir de tenir la promesse faite au début à l'expérimentateur et d'éviter tout conflit.
Le sujet perçoit l'expérimentateur comme ayant une autorité légitime au regard de sa position socioprofessionnelle, des études qu'il est censé avoir faites... => souhait de se montrer "digne" de ce que l'autorité attend de lui... + Refuser d'obéir, serait un manquement grave aux règles de la société, une transgression morale. Il éprouve une forte angoisse à l'idée de rompre ouvertement avec l'autorité.
=>La perspective de cette rébellion  et du bouleversement d'une situation sociale bien définie qui s'en suivra automatiquement constitue une épreuve que beaucoup d'individus sont incapables d'affronter.

 2.  La tendance pour l'individu à se laisser absorber par les aspects techniques immédiats de sa tâche, lui faisant perdre de vue ses conséquences lointaines.

3. Le besoin ressenti de continuité de l'action : le fait de poursuivre jusqu'au bout rassure le sujet sur le bien fondé de sa conduite antérieure. Il neutralise ainsi son sentiment de malaise (sa mauvaise conscience) vis à vis des précédentes actions avec les nouvelles. 
C'est ce processus fragmentaire qui entraîne le sujet dans un comportement destructeur. La facilité à nier sa responsabilité quand on est un simple maillon intermédiaire dans la chaîne des exécutants d'un processus de destruction et que l'acte final est suffisamment éloigné pour pouvoir être ignoré.  La fragmentation de l'acte humain total permet à celui qui prend la décision initiale de ne pas être confronté avec ses conséquences. 
La fragmentation de l'acte social est le trait commun le plus caractéristique de l'organisation sociale du mal. L'individu ne parvient pas à avoir une vue d'ensemble de la situation, il s'en remet à l'autorité supérieure.

=>  l'abandon de toute responsabilité personnelle en se laissant instrumentaliser par le représentant de l'autorité. = état « agentique »
Certains voient les systèmes érigés par la société comme des entités à part entière. Ils se refusent à voir l'homme derrière les systèmes et les institutions. Quand l'expérimentateur dit : "l'expérience exige que vous continuiez", le sujet ne se pose pas la question : "l'expérience de qui ? ". Pour certains "l'Expérience" était vécue comme ayant une existence propre.

4.   La capacité à justifier psychologiquement l'acte cruel en dévalorisant la victime
Beaucoup de sujets trouvaient nécessaire de déprécier la victime "qui s'était elle-même attiré son châtiment par ses déficiences intellectuelles et morales".

5. La difficulté à transformer convictions et valeurs en actes.
Certains sujets étaient cependant hostiles dans une certaines mesure à l'expérience. Ils protestaient sans cesser toutefois d'obéir. Les manifestations émotionnelles observées en laboratoire (tremblements, ricanements nerveux, embarras évident) prouvent que le sujet envisage d'enfreindre les règles. 
D'autres éléments sont à prendre en compte dans le processus de l'obéissance :
Les causes profondes de l'obéissance sont inhérentes aussi bien aux structures innées de l'individu qu'aux influences sociales auxquelles il est soumis depuis sa naissance. Stanely Milgram renvoie à différentes approches comme la thèse évolutionniste et l'adaptation, la théorie sur les effets de groupe. Et notamment :

  •          La définition claire du statu de chacun pour maintenir la cohésion de la bande.
  •        La propension de chaque individu à se rallier au groupe même quand il a irréfutablement tort. (S. Milgram renvoie ici aux expériences menées par E. Asch).
  •          La volonté des personnes à vouloir s'intégrer dans la hiérarchie, et les modifications conséquentes de comportements qui vont s'en suivre. Ce processus est en rapport avec une structure de récompense. La docilité rapporte à l'individu une récompense, alors que la rébellion entraîne le plus souvent un châtiment.
S. Milgram rappelle aussi que parmi les nombreuses formes de récompenses décernées à la soumission inconditionnelle, la plus ingénieuse reste celle qui consiste à placer l'individu dans une niche de la structure dont il fait partie. Cette "promotion" a pour but principal d'assurer la continuité de la hiérarchie. 

  •      L'identification de l'autorité à la norme.
La légitimation d'un contrôle social par une 'idéologie justificatrice. "Lorsqu'on est à même de déterminer le sens de la vie pour un individu, il n'y a qu'un pas à franchir pour déterminer son comportement". Tout en accomplissant une action, le sujet permet à l'autorité de décider à sa place de sa signification. Cette abdication idéologique constitue le fondement cognitif essentiel de l'obéissance.


Tension et désobéissance : Quelles ont été les sources de tension chez les sujets ?
- les cris de douleurs de « l'élève » provoquant une réaction spontanée,
- la violation des valeurs morales et sociales inhérente au fait d'infliger des souffrances à un innocent,

- la menace implicite de représailles par la victime, certains sujets craignant que leur conduite soit répréhensible sur le plan légal,
- la dualité provoquée par la contradiction des exigences reçues simultanément par l'expérimentateur et l'élève (la victime),
- l'incompatibilité de l'image qu'ils ont d'eux même pendant l'action avec celle qu'ils se font d'eux même.

La tension éprouvée par les sujets ne montre pas la puissance de l'autorité mais au contraire sa faiblesse. Pour certains la conversion à l'état agentique n'est que partielle. Si son intégration dans le système d'autorité était total, le sujet n'éprouverait pas d'anxiété en exécutant les ordres aussi cruels soient-ils.

Tout signe de tension est la preuve manifeste de l'échec de l'autorité à convertir le sujet à un état agentique absolu. Le pouvoir de persuasion du système d'autorité mis en place au laboratoire est évidemment sans commune mesure avec ceux des systèmes tout-puissants, comme les structures totalitaire d'Hitler et de Staline. Dans ces structures les subordonnés s'identifiaient avec leurs rôles.
 S. Milgram compare l'absence de conscience des sujets pendant l'expérience, à un sommeil dans lequel les perceptions et réactions sont considérablement diminuées, mais pendant lequel un fort stimulus peut faire sortir l'individu de sa léthargie.

Quels sont les mécanismes qui permettent la résolution de la tension ?

- Le refus d'obéissance. Mais peu d'individus en sont capables car ils choisissent des moyens moins radicaux et plus faciles pour réduire leur tension. 
- La dérobade est le plus primitif de ces mécanismes. C’est le plus répandu car le plus facile. = Le sujet tente de se dissimuler les conséquences de ses actes. + se désintéresser de la victime. Elle vise l'élimination psychologique de la victime comme source de malaise.  + le refus de l'évidence. Proche de la dérobade, ce mécanisme a pour but de prêter une fin plus heureuse aux évènements. C'est une force de persuasion aussi bien pratiquée par les bourreaux que par les victimes.

Mais le comportement le plus répandu durant l'expérience est :
- Le refus de leur propre responsabilité. C'est le comportement de rationalisation par excellence, qui s'exprime par différentes voix pour justifier de la légitimité de l'expérience,
- Certains sujets ont utilisé des subterfuges afin de diminuer leur tension.
Cette façon d'aménager l'ordre reçu n'est en fait qu'un baume sur la conscience du sujet. C'est une action symbolique révélant l'incapacité du sujet à choisir une conduite en accord avec ses convictions humanitaires, mais qui l'aide à préserver son image.
Sans rejeter les ordres, certains sujets ont essayé d'en diminuer la portée, par exemple, en envoyant quand même la décharge électrique ordonnée, mais en diminuant le temps, ou l'intensité. D'autres essayaient de faire comprendre à l'élève quelle était la bonne réponse par des intonations de voix.

En réduisant à un degré supportable l'intensité du conflit que le sujet éprouve, ces mécanismes lui permettent de conserver intacte sa relation avec l'autorité.

Processus de la désobéissance :
 Désobéir est un acte très anxiogène, il implique non seulement le refus d'exécuter un ordre, mais de sortir du rôle qui a été assigné à l'individu (ici au sujet). Ce qui crée à une petite échelle une forme d'anomie.
 Alors que le sujet obéissant rejette sur ce dernier la responsabilité de son action, le sujet rebelle accepte celle de détruire l'expérience. Il peut avoir l'impression corrosive de s'être rendu coupable de déloyauté envers la science.
Ce processus est le difficile chemin que seule une minorité d'individu est capable de suivre jusqu'à son terme. S. Milgram insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une démarche négative, mais au contraire d'un acte positif, d'une volonté délibérée d'aller à contre-courant : "La désobéissance exige non seulement la mobilisation des ressources intérieures, mais encore leur transformation dans un domaine situé bien au-delà des scrupules moraux et des simples objections courtoisement formulées : le domaine de l'action.
On ne peut y accéder qu'au prix d'un effort psychique considérable."
Conclusions
Tout être possède une conscience qui endigue avec plus ou moins d'efficacité le flot impétueux de ses pulsions destructrices. Mais quand il s'intègre dans une structure organisationnelle, l'individu autonome cède la place à une créature nouvelle privée des barrières dressées par la morale personnelle, libérée de toute inhibition, uniquement préoccupée des sanctions de l'autorité.
Pour le promoteur de l'expérience les résultats sont perturbants. Ils incitent à penser qu'on ne peut faire confiance à l'homme en général ou, plus spécifiquement au type de caractère produit par la société démocratique pour mettre les citoyens à l'abri des cruautés et des crimes contre l'humanité dictés par une autorité malveillante.
A une très grande majorité, les gens font ce qu'on leur demande de faire sans tenir compte de la nature de l'acte prescrit et sans être réfrénés par leur conscience dès lors que l'ordre leur paraît émaner d'une autorité légitime



Pour l'Allemagne nazie :

en complément du cours sur les Régimes totalitaires, une étude des mécanismes de propagande dans un discours d'Hitler et un cours spécifique de synthèse et d'approfondissement sur l'appareil d'Etat nazi dont la trame était celle-ci :

Rétrospectivement, l’impasse du régime et de la politique nazie saute aux yeux : un éminent historien biographe de Hitler (Ian Kershaw Hitler) souligne à raison que Hitler n’a jamais rien fait d’autre que détruire, jusqu’à mener son pays et son peuple dans une impasse autodestructrice à la fin de la 2nde GM. C’est pourquoi la question se pose : comment et pourquoi les Allemand, peuple civilisé s’il en est, se sont-ils laissé entraîné dans de telles folies meurtrières ? Pourquoi et comment les garde-fous de la raison et de l’intérêt n’ont-ils jamais fonctionné ? Pour répondre à cette interrogation qui est sans doute la cause de la fascination qu’exerce cette période chez le plus grand nombre, il nous faut comprendre les processus d’obéissance mis en place par le régime nazi.


I/ Un pouvoir charismatique
A) Hitler, un homme providentiel
Hitler, un médiocre nationaliste allemand 

                        Mais qui sut tirer parti d’un contexte troublé pour l’Allemagne 
Démocratie en crise, attaquée par les élites
Pop touchée de plein fouet par la crise économique

Un programme « attrape-tout’ : Nationalisme + parti ouvrier + parti autoritaire (autorité de l’Etat)

B) Une idéologie qui répond aux peurs des Allemands
Une population invitée à se confier à la toute puissance de l’Etat  et du parti 
Activisme agressif de la pol etr
Pol sociale et economique à l’impulsion de l’Etat

                        Une population valorisée pour ce qu’elle est = la communauté nationale
Race aryenne
Lebensraum

                        Les ennemis désignés comme bouc-émissaires 
Faibles, fragiles, malades, étrangers mais surtt les juifs
Idéologie et propagande antijuive + cf. les pseudo justifications scientifiques
Progressivité des lois antijuives qui les excluent progressivement de la communauté nationale

C) Un charisme renforcé par une propagande omniprésente
                        Culte du chef 
Homme providentiel cf les grands rassemblements de Nuremberg, scénographie
Serment de fidelite pour tous les fonctionnaires => légitimité de l’Etat remplacée par des liens personnels

                        Pop embrigadée 
Propagande scolaire
Associations/organisations nazies qui remplacent les organisations syndicales, de jeunesse (socialistes et catholiques ou protestantes)

                        Pop à qui l’on ment
Les décisions les plus graves sont cachées : « solution finale » , « figure » au lieu de mort…

II/ Un pouvoir dictatorial
A) qui récompense ses fidèles
                        Une structure originale de pouvoir qui tire parti des initiatives autonomes de ses acteurs 
Cf fuhrerprinzip
= Compétition entre « grands » du régime pour se faire écouter de Hitler (Goering contre Von Ribbentrop)
Résultat de la dissolution de toutes les autres structures d’autorité (les Lander notamment)

                        Avec la promesse d’avancement, d’enrichissement pour les serviteurs zélés 
Ex Goering
Cf les privilèges de la SS
+ « colifichet »

B)  et condamne ses opposants 
                        Quoi ?
Procès politiques
Exil /Camp de travail dits de réhabilitation (Dachau 1933)

                        Qui ?
Arrestations massives et dissolution/interdiction de tous les partis d’opposition
Ouvriers/ syndicalistes ….tous suspects de bolchévisme
Juifs

R) En revanche, n’ont jamais été inquiété les milieux économiques , l’armée, les églises, les paysans, ni même véribalement les intellectuels (même si autodafé des œuvres de « l’art dégénéré » …)
 150 000 morts dans les années 30 (procès politiques) et 180 000 pdt 2nde GM


Sur la possibilité de désobéir en démocratie,

je faisais une rapide présentation de la désobéissance civile, suivie d'un débat avec les élèves à partir d'une étude de cas, en fonction de l'actualité, de plus en plus, récemment, sur les lanceurs d'alerte.


L’EXERCICE DE LA CITOYENNETE
Obéir, désobéir : jusqu’où ?
Doc 1

Extrait de l’introduction du livre Pourquoi désobéir en démocratie ? , Ogien  et Laugier, La Découverte ed.
"Les appels à la désobéissance civile se sont mis à proliférer dans la France de la fin des années 2000. Le refus délibéré de suivre les prescriptions d’une loi, d’un décret ou d’une circulaire tenus pour indignes ou injustes semble devenu une forme courante d’action politique. Et, sans que personne ne sache si ce phénomène n’est qu’un effet de mode, ou s’il va transformer durablement les pratiques de la démocratie représentative, le recours à la désobéissance civile s’étend.
La liste des groupes d’individus qui s’engagent dans ce genre de protestation s’allonge : travailleurs sociaux et professionnels de santé qui refusent de livrer leurs secrets professionnels aux maires dans le cadre de la politique de « Prévention de la délinquance » ; membres du Réseau Éducation sans frontières (RESF) qui cachent ostensiblement les élèves étrangers menacés d’expulsion ; militants associatifs qui viennent en aide aux clandestins dans la « zone de transit » de Calais ; arracheurs volontaires d’OGM cultivés en plein champ ; agents de l’ANPE qui refusent de se plier à l’obligation qui leur est faite de contrôler la régularité du séjour en France d’un étranger demandeur d’emploi et d’en informer la préfecture de police ou qui refusent de communiquer des noms de chômeurs afin de procéder à leur radiation ; citoyens qui refusent de se soumettre à un prélèvement ADN à la suite d’une interpellation par la police ; inspecteurs du travail qui n’acceptent pas de traquer les étrangers en situation irrégulière sur leur lieu de travail ; enseignants qui « retiennent » les notes ou suspendent leur participation aux instances d’évaluation ; parents, proches et médecins qui déclarent ouvertement avoir pratiqué l’euthanasie. Et cette liste pourrait encore comprendre ces « jeunes » qui se réunissent dans les halls d’immeubles et dans les cages d’escalier ou portent des cagoules en signe de défi à la police…
Les raisons qui poussent à contrevenir délibérément à une loi, un décret, une circulaire ou un article de règlement en faisant de leur refus d’obtempérer un acte politique sont différentes. Mais, au-delà de leur disparité, ces actes posent une même question :  EST-IL LEGITIME DE DESOBEIR EN DEMOCRATIE ?"


La désobéissance civile est le refus de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent. Le terme fut créé par l'américain Henry David Thoreau dans son essai Résistance au gouvernement civil, publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique.
Q/ Historiquement, dans quels cas la désobéissance au pouvoir a-t-elle été pratiquée ?
………………………………………………………………………………………………………………………………

R/La désobéissance civile est une forme d'action non-violente qui s'est développée au cours du XX° siècle à partir d'expériences de luttes socio-politiques comme l’action non-violente de Gandhi contre le colonisateur anglais, les marches des afroaméricains dirigées par Martin Luther King pour réclamer leurs droits civiques ….


Q/Pourquoi le principe de la désobéissance civile pose un problème en démocratie ?
………………………………………………………………………………………………………………………………

R/ Dans un régime politique où l’organisation de la société civile et le dialogue social sont des réalités  et où les alternances politiques existent, le fait qu’une partie de la population refuse d’appliquer une loi ou un texte réglementaire porte en lui une menace pour le principe même de la démocratie. C’est la raison pour laquelle il est si difficile d’y reconnaître un droit à la désobéissance civile, c’est-à-dire d’octroyer aux citoyens la liberté de se soustraire à la « loi républicaine » en revendiquant la légitimité de leur décision.

Q/ A quelles conditions la désobéissance civile est-elle acceptable en démocratie ?
...................................................................................................................................................................

R/Six éléments sont caractéristiques d'un acte de désobéissance civile :
  •   Une infraction consciente et intentionnelle
  • Un acte public
  •     Un mouvement à vocation collective
  • Une action pacifique
  • Un but : la modification de la règle
  • Au nom de principes supérieurs
Y a-t-il un droit à la désobéissance civile ?

Elle n'est pas explicitement reconnue juridiquement dans la hiérarchie des normes françaises. Toutefois l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que :
« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. »
Or, le Préambule de la Constitution de 1958 est très court mais il renvoie à deux textes fondamentaux dans notre histoire juridique : la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, et le préambule de la Constitution de 1946. Ces deux textes ont valeur normative.
Cependant l'affirmation de ce droit reste quelque peu théorique et n'est pas directement utilisée par les magistrats lors de jugement de personne ayant commis un acte de désobéissance. Une autre norme du droit français interprétée a contrario (article 433-6 du code pénal) accorde une certaine protection aux personnes faisant des actes de rébellion à l'égard de fonctionnaires publics qui agiraient sans titre (par exemple dans le cas d'une perquisition sans autorisation du Juge des Libertés et de la Détention). D'autre part, lorsqu'un fonctionnaire reçoit un ordre manifestement illégal, il lui appartient d'y opposer un refus d'obéissance (article 122-4 du code pénal).

 De plus, un même argument politique fonde toujours le recours à la désobéissance civile  : une démocratie se grandit en œuvrant à élargir l’espace de liberté et à garantir l’exercice des contre-pouvoirs dont les citoyens disposent ; elle s’affaiblit lorsqu’elle cherche à étouffer les revendications d’extension des droits individuels au nom de la règle majoritaire, de la raison d’État ou en décrétant que la légalité ou la sécurité sont en péril 
Ceux qui décident de pratiquer la désobéissance civile tablent sur la force de l’exemple personnel pour sensibiliser leurs concitoyens à une cause dont ils pensent qu’elle devrait les concerner, en comptant parfois sur le fait que cet acte inhabituel mobilisera des médias friands de ce genre d’événement et donnera écho à leur revendication. C’est peut-être ce qui leur permet de tenir un engagement qui réclame de s’investir dans un combat qui risque de durer longtemps avant qu’il ne débouche sur une fin satisfaisante.

Printfriendly