Dans
le principe, de vassal en suzerain, si l'on remonte la pyramide, le roi est au
sommet, suzerain des suzerains, il est le « seigneur suprême ».
Enluminure du Maître de
Au-dessus des seigneurs dans la hiérarchie de la
société, il incarne une fonction ultime d’intérêt général regroupé, nouée par
une fonction symbolique : le roi est sacré, il n’existe que par
un rite religieux, qui prend forme dans le sacre et le serment qu’il prête
devant Dieu de défendre son « peuple chrétien ». Cependant, de
l’effondrement de l’empire carolingien à la consolidation du système féodal,
toute une période voit se renforcer la « société seigneuriale » et
son réseau de « principautés », au détriment de la notion
« d’état » et de royauté. Dès le début du Xème siècle, le paysage
politique du domaine français est dominé par des princes qui, partout où c’est
possible, relaient à leur profit les prérogatives royales, trament un maillage
local où ils se placent en interlocuteurs premiers. Autour de l’an mil, la
hiérarchisation des pouvoirs fonctionne mal et l’autorité royale n’est plus en
état de défendre localement les sujets. Ces derniers se tournent, pour une
protection rapprochée, vers les comtes et vicomtes, les ducs et les marquis, et
la magistrature du roi devient essentiellement morale, insuffisante à empêcher
le système des clientèles locales en train de se consolider. Le XIème siècle
sera celui des seigneurs, les rois s’efforçant de contenir les excès du
système, au milieu de l'éclatement de la souveraineté en une multitude de
principautés indépendantes. Au XIIème siècle, Louis VI, dès le début de son
règne, portera les premiers coups au système féodal en encourageant les
pouvoirs communaux, s’en servant comme levier royal contre la puissance des
vassaux ; les Croisades, de même, forceront les seigneurs à engager leurs
pouvoirs à la couronne. Puis au XIIIème siècle, de Philippe Auguste à Philippe
le Bel, les progrès du pouvoir royal arriveront à réimposer un gouvernement
central. Le roi exige l’hommage de ses vassaux, intervient dans les fiefs, taxe
de félonie ses vassaux indisciplinés, joue pour lui-même des sentiments de
fidélité qui doivent s’attacher à la personne du seigneur. Se met alors en
place une monarchie féodale, usant des obligations vassaliques pour faire plier
principautés et seigneurs territoriaux. Par la force des armes, par des
jugements, des achats, des jeux de succession, les souverains réuniront au
domaine royal le plus grand nombre possible de fiefs, démembreront les
privilèges des feudataires. Au-delà des Croisades, la guerre de Cent Ans posera
la même contradiction entre la « mobilisation générale » d’un royaume
et l’atomisation féodale. La question militaire se résoudra alors en arrachant
la guerre aux seigneurs de la guerre et à leurs chevaliers, et en constituant
une armée de métier à partir d’impôts centralisés : la question de fond
est bien celle du passage de la féodalité à l’état royal.
Exercice :
Transformez ce texte en
frise chronologique