mardi 24 septembre 2019

Venise au Moyen Age

La Sérénissime



Une page du Livre des Merveilles de Marco Polo, dicté à Rusticien de Pise en 1299. Exemplaire du duc de Bourgogne. Les marchands arrivent à  Ormuz. Cet exemplaire est consultable sur le site de la BNF (ici) avec notices et extraits de texte.



Une République "qui se gouverne à la romaine" disait-on au Moyen Age



Le doge est un magistrat élu à vie, choisi dans un groupe étroit de familles dirigeantes, conservant une influence certaine en dépit de toutes les précautions prises pour qu'il ne puisse jouer aucun rôle personnel. Il dépend étroitement de ses mandants : les conseils qu'il présidait était les véritables centres de la direction collégiale de la ville et de sa politique. Le grand conseil (consiglio maggiore) est devenu au XIIIe siècle le rouage essentiel du système constitutionnel vénitien, aux mains des vieilles familles (case vecchie) qui rivalisent avec les nouvelles familles (case nuove), d'autant plus qu'à partir de 1297 s'instaure un système aboutissant à la proclamation de l'hérédité qui définit en 1323 un patriciat par une noblesse de fonction. 
Trop nombreux pour débattre des affaires de l'Etat, le Maggior Consiglio dut déléguer ses pouvoirs à des commissions restreintes, comme la Quarantia (1179) qui s'agrégea en 1327 à l'assemblée des Pregadi (les "priés"). En fonction des problèmes à résoudre, le travail du Sénat était confié à des commissions de sages qui, devenues permanentes, se réunirent à la Signoria dans le Collegio.
A partir du XIVe siècle, la classe politique tranche ses liens avec la classe populaire et concentre les pouvoirs des assemblées entre les mains du Conseil des Dix qui de surcroît, au cours de la seconde moitié du XVe siècle dépossède le Sénat de ses prérogatives diplomatiques et financières (frappe des monnaies ...)


La puissance de Venise en Méditerranée
Emission d'histoire (que de l'audio)



Venise au Moyen Age, un redoutable guerrier économique : lien vers vidéo France 24



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Un exercice 

(recyclage d'un ancien travail fait avec les secondes dans les années 1990's !!)


Venise au XIIe siècle / synthèse de documents.

Objectif 1) Présenter les documents

documents
Auteur et date
Nature
Contexte spatial
Contexte temporel
Thème
1





2





3





4






A
B
C
D
E
-          Rédigez les phrases A,B,C,D,E qui correspondent à chaque étape de la présentation des documents


Objectif 2) Faire l’analyse des documents
-          Pour chaque document, sélectionner les idées et les faits qui correspondent aux questions posées et remplissez sur votre feuille le tableau suivant 

document  
question
Eléments repérés dans les textes
paragraphe
1 et 3
Quels sont les inconvénients du milieu naturel de Venise ?

A
Quelles activités Venise a-t-elle développé pour
s’enrichir ?

2
Montrer que Venise se trouve au centre du commerce entre l’Orient et l’Occident.

B
1; 3; 4
Quels facteurs ont facilité le développement économique de Venise ?

C
4
Quel événement sert de prétexte à la prise de Constantinople en 1204 ?

D
Quel est l’intérêt politique pour les vénitiens de provoquer la prise de Constantinople ?

-          Puis rédigez les 4 paragraphes A,B,C,D qui correspondent à l’analyse de chaque texte.

Objectif 3) Rédiger la synthèse en une page maximum
Rédigez la synthèse en reprenant la présentation des dos pour faire une introduction, les 4 paragraphes de la question précédente et en soignant les liens logiques et phrases de transition ainsi que les annonces de point. Vous devez montrer qu’au XIIe siècle, Venise est une grande puissance en Méditerranée (= Thèse)



Le dossier documentaire

Texte 1 : Les premiers pas de Venise
" Venise, sur sa soixantaine d'îles et îlots, est un univers étrange, un refuge certes, mais incommode : pas d'eau douce, pas de ressources alimentaires, du sel, trop de sel ! On disait du Vénitien : "il ne laboure pas, ne sème pas, ne vendange pas". [...] Sa population entière se situe hors de ce secteur primaire d'ordinaire si largement représenté à l'intérieur même des villes préindustrielles. Venise déploie son activité dans les secteurs que les économistes d'aujourd'hui appellent "secondaire" et "tertiaire" : l'industrie, le commerce, les services, secteurs où la rentabilité du travail est plus élevée que dans les activités rurales. [...] C'est dès leurs premiers pas que Venise ou Amalfi, ou Gênes, toutes villes sans vrais territoires, ont été condamnées à vivre sur ce ped-là. Elles n'avaient pas d'autres choix. [...] La chance de Venise, c'est [...] placée sous la domination assez théorique de l'empire grec, elle a pénétré plus commodément qu'une autre l'énorme marché [...] de Byzance, rendu à l'empire des services nombreux, contribué même à sa défense. En échange, elle obtint des privilèges exorbitants. [...] Cependant, c'est sans erreur possible, l’aventure fantastique des croisades qui accélère l'essor marchand de la Chrétienté et de Venise. Voici que des hommes venus du nord prennent le chemin de la Méditerranée, s'y transportent avec leur chevaux, offrent le prix de leur passage à bord des navires des villes italiennes, se ruinent pour assurer leurs dépenses. Du coup les navires de transport grandissent, deviennent des géants, à Pise, à Gênes et à Venise? En Terre sainte, des Etats chrétiens s'implantent, ouvrent une brèche vers l'Orient et ses marchandises prestigieuses, le poivre, les épices, la soie, les drogues. Le tournant décisif pour Venise a été l'affreuse 4e croisade."
Extrait de Fernand Braudel, Civilisation matérielle, Economie et capitalisme. Le temps du monde, Paris, 1979.


Documents 2 : Venise et le commerce en Méditerranée

A/
 B/

Document 3 : Une remarquable réussite économique et politique
En 1082, Venise qui a loué sa flotte aux Byzantins afin qu'ils empêchent l'installation des Normands à Durazzo, reçoit de l'empereur le privilège d'acheter et de vendre dans tout l'empire, sans payer de taxe ni subir de contrôle douanier. Byzance renonce ainsi au monopole, qui avait fait sa puissance économique : le contrôle commercial des flux qui passe par elle puisqu'elle est située en position d'intermédiaire entre l'Orient et l'Occident. Quant à Venise, c'est le début de l'extraordinaire expansion qui peu à peu soumet le monde méditerranéen oriental à son influence, alors que le monde arabo-musulman est affaibli par les divisions politiques et religieuses et que les Latins, installés en Terre Sainte et en Syrie, ont besoin de ravitaillement par mer.
Mais les relations de Venise avec ses concurrentes italiennes (Gênes en particulier) et avec Byzance ne sont pas toujours faciles : en 1171, le quartier vénitien de Constantinople est mis à sac par les Génois. L'empereur fait arrêter tous les Vénitiens et leurs biens sont confisqués. Pourtant, en 1189, ce dernier rétablit, par un traité, les Vénitiens dans leurs privilèges ; Venise et sa flotte de guerre sont indispensables à la sécurité de l'Empire.
 D'après Y Renouard, Les villes d'Italie de la fin du Xe siècle au début du XIVe s, Paris, 1969



Document 4 :Un récit de la 4e croisade
"Elle avait pour chef  l'italien Boniface de Montferrat, mais les chefs véritables étaient le pape Innocent III et le doge de Venise Dandolo. [...] Venise exigea que le prix du voyage lui fut entièrement versé avant le départ. Comme les croisés ne purent réunir la somme nécessaire, Venise exigea d'eux que, pour faire le complément, ils commencent par s'emparer de la ville de Zara, sur la côte orientale de l'Adriatique, pour son compte. Zara était une ville chrétienne, appartenant à un prince chrétien. Malgré l'indignation du pape, les croisés acceptèrent cette singulière condition et prirent d'assaut Zara, qu'ils remirent à Venise.
La croisade avait pour objectif l'Egypte, de laquelle dépendait la Palestine. Mais en Occident se trouvait alors le fils d'Isaac II Ange, détrôné par Alexis III, le jeune Alexis Ange : celui-ci suggéra aux croisés de d'abord le rétablir sur le trône, leur montrant tout l'intérêt d'avoir sur le trône d'Orient un empereur à leur dévotion. [...] la flotte fit voile sur Byzance où elle arriva en juin 1203. Constantinople fut prise d'assaut en juillet, Alexis III détrôné, Isaac Ange et son fils rétablis sur le trône. Mais les grecs, comprenant que ces souverains ne seraient que des instruments dociles aux mains des Latins se soulevèrent et les renversèrent. Alors, les croisés décidèrent de prendre la ville pour eux (13 avril 1204) Des scènes épouvantables de carnage et de pillage se déroulèrent pendant trois jours dans la ville saccagée : des membres de clergé latin y prirent leur part aux côtés des soldats du Christ. Les richesses immenses, éblouissantes aux yeux des croisés, accumulées depuis des siècles dans la ville jusqu'alors inviolée, furent dispersées à travers tout l'Occident dans les mois qui suivirent. Le comte de Flandre Baudouin fut élu empereur et couronné à Sainte-Sophie, le vénitien Tomasso Morosini devint patriarche. Le doge Dandolo et Baudouin se partagèrent le territoire byzantin. Le vénitien, seul parmi les croisés, fut dispensé de prêter serment de fidélité au nouvel empereur. Ainsi Venise acquit Durazzo, les îles ioniennes, la plpart des îles de la mer Egée, l'Eubée, Rhodes, la Crète, des places nombreuses dans le Péloponnèse, l'Hellespont, la Thrace. Cette croisade donna à Venise un empire en Méditerranée et renforça son hégémonie économique.
 Paul Lemerle, Histoire de Byzance, Paris, 1980.


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