Ce qui me fait peur avec ces nouveaux programmes hyper-descriptifs qui choisissent même les exemples à développer, cumulés aux 3 épreuves de bac sur des sujets qu'on ne peut adapter, c'est qu'à terme, ils nous contraignent à ne faire que ce qui est indiqué dans le programme, au détriment à d' études de cas et d'exemples que l'on pouvait développer auparavant parce qu'on avait davantage de temps. Typiquement, se contentera -t-on de Louise Michel pour évoquer la Commune ?
Ce qui suit correspond à une fiche d'activité et au "cours" sur la Commune qui introduisait mon anciens cours sur la 3e République.
Ce qui suit correspond à une fiche d'activité et au "cours" sur la Commune qui introduisait mon anciens cours sur la 3e République.
La Commune de Paris désigne une période révolutionnaire qui installa, à Paris, un contre-gouvernement opposé au pouvoir officiel de la République établi à Versailles (Thiers et la Chambre) ; elle dura du 18 mars 1871 jusqu'à la «semaine sanglante» (21-28 mai).
1) Un récit
dans un manuel d'Ernest Lavisse, Histoire de France, cours moyen,
1921
La guerre civile - Nous n'étions pas au bout de nos malheurs. La
guerre contre les Allemands était à peine finie quand une guerre entre Français
commença. Les esprits étaient très troublés à Paris à la fin du siège. Des
patriotes étaient exaspérés par nos défaites. Beaucoup de républicains se
défiaient de l'Assemblée nationale, qui était venue de Bordeaux à Versailles,
et qui semblait disposée à rétablir la royauté. Des révolutionnaires voulaient
changer toute la société. Enfin, il y avait à Paris, comme dans toutes les
grandes villes, des hommes qui aimaient le désordre et les violences. En mars
1871, les Parisiens nommèrent un gouvernement révolutionnaire qui s'appela la
Commune.
Le second
siège - Un second siège commença. Cette fois, ce fut une armée française
qui assiégea Paris. Mac-Mahon la commanda.
L'armée entrée dans Paris le 21 mai. Les insurgés se défendirent
derrière les barricades. Ce fut une affreuse guerre de rues. Vaincus, les
insurgés fusillèrent l'archevêque de Paris et plusieurs autres personnes que la
Commune avait emprisonnées. Les insurgés incendièrent des maisons et des
monuments. L'Hôtel de Ville et
le palais des Tuileries (Voir photo ci-dessus) furent brûlés. Les Allemands
occupaient encore les environs de Paris. Ils entendirent avec joie la fusillade
et la canonnade. la nuit, ils regardèrent la flamme et la fumée des incendies.
La France semblait se détruire elle-même
dans un accès de folie furieuse. Beaucoup de soldats périrent pendant la
bataille dans les rues. Un plus grand nombre de Parisiens furent tués en
combattant ou après un jugement de conseil de guerre. La répression fut
terrible.
L'année terrible, c'est le nom que Victor Hugo
a donné à cette année qui vit la guerre étrangère et cette criminelle guerre
civile faite sous les yeux de l'étranger. Ce fut un des moments les plus
tristes de toute notre histoire.
éd. Armand Colin, 1921,
p. 232
2) Une
explication dans une Histoire de France de 1987
La Commune. La question du régime
reste pendante. Devant une Assemblée en majorité monarchiste, Thiers s'est
engagé à ne pas prendre parti sur le régime. La crainte d'une restauration,
l'humiliation de la défaite, les misères du siège, l'effervescence
révolutionnaire de la capitale depuis la fin de l'Empire, tels sont les aspects
du malaise de Paris, dont les élections de février avaient montré les
sentiments républicains. L'Assemblée nationale s'installe à Versailles et non à
Paris, supprime la solde des gardes nationaux et le moratoire des loyers : ces
maladresses mettent le feu aux poudres. Le 18 mars, les émeutes éclatent à
Montmartre. Thiers, instruit par l'expérience de la monarchie de Juillet, préfère
quitter Paris pour Versailles, abandonnant la ville à l'insurrection.
La Commune s'installe,
affirmation de l'autonomie parisienne. Le Conseil général de la Commune est élu
le 26 mars avec 50% d'abstentions, mais la Commune n'a guère le temps
d'accomplir une œuvre en profondeur car toutes les énergies sont absorbées par
la guerre entre versaillais et communards (ou fédérés - car les
combattants parisiens de la Commune s'étaient constitués en une fédération des
gardes nationaux de la Seine en février 1871) qui commence en avril. Elle
s'achève de façon atroce par la "semaine sanglante" du 22 au 28 mai.
De 20 000 à 35 000 insurgés sont exécutés sans jugement-; le reste est condamné
à l'exil ou à la déportation.
Les communards sont issus du
vieux Paris des métiers qualifiés et de l'artisanat, pour leur majorité. Ils
représentent des courants très divers : patriotes déçus, jacobins
révolutionnaires, blanquistes, proudhoniens, socialistes de l'Internationale.
Proche des sans-culottes et des insurgés de 1848, dernier avatar des
soulèvements parisiens venus de la Révolution française, la Commune est
interprétée par Marx comme la première des révolutions futures. Mais l'essor du
mouvement ouvrier n'en est pas moins brisé pour dix ans en France. La première
conséquence de la Commune est de démontrer qu'aucun régime autre que la
République n'est tolérable pour la capitale et pour les grandes villes de
province, Lyon, Marseille, Toulouse, qui ont connu elles aussi d'éphémères
Communes.
Histoire de France,
dir. Jean Carpentier et François Lebrun, Seuil, 1987, p. 291-292.
CE TABLEAU
EST EXPOSE A L'ASSEMBLEE NATIONALE
Au début de la IIIe République, Adolphe Thiers achève
une longue carrière politique commencée sous la Restauration. Appelé à la tête
du gouvernement provisoire en février 1871, il conclut la paix de Francfort
avec l’Allemagne, le 10 mai 1871, se résignant à l’abandon de l’Alsace et d’une
partie de la Lorraine, et réprime la Commune parisienne, donnant à la
République son assise à la fois nationale et internationale. En 1873, les
séquelles de la guerre sont définitivement réglées : le succès de deux emprunts
successifs permet le paiement des 5 milliards de francs-or d’indemnités exigés
par la Prusse pour l’évacuation des départements encore occupés. En prônant une
république conservatrice, Thiers se heurte cependant à la majorité monarchiste
de la Chambre qui, bien que divisée, reste en quête d’une restauration. Aussi
Thiers doit-il démissionner et céder la place au maréchal de Mac-Mahon.
La scène se passe le 18 juin 1877 à
la Chambre des députés, installée alors à Versailles, deux jour après le
renversement du gouvernement Broglie, royaliste. Suivons le compte rendu de la
séance tel qu’il a été donné au Journal officiel : « Le ministre de l’Intérieur : “Les
hommes qui sont au gouvernement aujourd’hui sortaient des élections de 1871 et
faisaient partie de cette Assemblée nationale dont on peut dire qu’elle a été
la pacificatrice du pays et la libératrice du territoire !” (“Très bien”, à droite).
Plusieurs membres, désignant M. Thiers : “Le voilà, le libérateur du territoire
!” (À ce moment, les membres de la gauche et du centre se lèvent et, se
tournant vers M. Thiers, le saluent des plus vives acclamations et des plus
chaleureux applaudissements.) »
4) Manifeste du Comité central de la Commune
(26 mars 1871)
"La Commune est la base de tout État politique comme la famille est l'embryon de la société.
Elle implique comme force politique la République, seule compatible avec la liberté et la souveraineté populaire. La liberté la plus complète de parler, d'écrire, de se réunir, de s'associer, la souveraineté du suffrage universel.
Le principe de l'élection appliqué à tous les fonctionnaires et magistrats (...).
Suppression quant à Paris, de l'armée permanente. Propagation de l'enseignement laïque intégral, professionnel.
Organisation d'un système d'assurances communales contre tous les risques sociaux y compris le chômage.
Recherche incessante et assidue de tous les moyens les plus propres à fournir au producteur le capital, l'instrument de travail, les débouchés et le crédit, afin d'en finir avec le salariat et l'horrible paupérisme."
5) témoignages sur les massacres après la défaite de la Commune
Marie Mercier
«J’ai vu fusiller à la barricade du faubourg Saint-Antoine une femme qui avait son enfant dans les bras. L’enfant avait six semaines et a été fusillé avec la mère. Les soldats qui ont fusillé cette mère et son enfant étaient du 114e de ligne. On l’a fusillée pour avoir dit : "Ces brigands de Versailles ont tué mon mari". On a fusillé la femme d’Eudes, enceinte de sept mois. Elle avait une petite fille de quatre ou cinq ans qui a disparu. On la dit fusillée aussi. À la petite Roquette, on a fusillé environ deux mille enfants trouvés dans les barricades et n’ayant plus ni père ni mère.»
Témoignage de Marie Mercier, extrait des archives de Victor Hugo. Marie
Mercier, dix-huit ans, était la compagne de Maurice Garreau, directeur de la
prison de Mazas sous la Commune, fusillé à la fin de la Semaine sanglante.
Marie deviendra la maîtresse de Hugo à Vianden.
George Sand
«Tout est bien fini à Paris. On démolit les barricades ; on enterre les cadavres ; on en fait, car on fusille beaucoup et on arrête en masse. Beaucoup d’innocents, ou tout au moins de demi-coupables, paieront pour les plus coupables qui échapperont. Hugo est tout à fait toqué. Il publie des choses insensées et, à Bruxelles, on fait des manifestations contre lui.»
«Tout est bien fini à Paris. On démolit les barricades ; on enterre les cadavres ; on en fait, car on fusille beaucoup et on arrête en masse. Beaucoup d’innocents, ou tout au moins de demi-coupables, paieront pour les plus coupables qui échapperont. Hugo est tout à fait toqué. Il publie des choses insensées et, à Bruxelles, on fait des manifestations contre lui.»
Le bilan
total de la Semaine sanglante est d'environ 20.000 victimes, sans
compter 38.000 arrestations. C'est à peu près autant que la guillotine sous la
Révolution.
À cela s'ajoutent les sanctions judiciaires. Les tribunaux
prononceront jusqu'en 1877 un total d'environ 50.000 jugements. Il y aura
quelques condamnations à mort et près de 10.000 déportations (parmi les
déportées qui rejoindront les bagnes de Nouvelle-Calédonie figure une célèbre
institutrice révolutionnaire, Louise Michel). L'amnistie (pardon et oubli) ne
viendra qu'en 1879 et 1880.
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1. Quand a été déclenchée la Révolution de la Commune ? Quel était le contexte ? Quelle en fut la raison ? Quel en était le but ?
1. Quand a été déclenchée la Révolution de la Commune ? Quel était le contexte ? Quelle en fut la raison ? Quel en était le but ?
2.
Pourquoi et comment les "Versaillais" se sont-ils opposés au «
mouvement du 18 mars » ?
3. Présenter et expliquer :
– les
aspirations politiques de la Commune.
– les
références aux événements historiques dont la Commune se veut l’héritière.
4. Montrer l'évolution de la présentation de
cet événement dans les manuels scolaires (doc 1 et 2)
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Pour approfondir
R) Bon nombre des décrets de la Commune sont
devenus par la suite des lois de la IIIe République : liberté de la presse
(1881), liberté de réunions (1881), enseignement gratuit et obligatoire (1882),
droit d’association (syndicat, 1884), interdiction du travail des enfants de moins
de 13 ans (1892), journée de travail limitée à 10 heures par jour (1900),
séparation de l’Église et de l’État (1905), repos hebdomadaire obligatoire
(1906). Certaines ont attendu plus d’un siècle (abolition de la peine de mort,
1981),d'autres encore attendent peut-être toujours.
R) Le souvenir de la Commune. La Commune a été marquée par une
prolifération de journaux et d’illustrations et son souvenir a été entretenu
par tout un répertoire de chansons. Le célèbre Temps des cerises de
Jean-Baptiste Clément (chansonnier socialiste), dont on voit la tombe au
cimetière du Père Lachaise, est devenu associé à la mémoire de la Commune.
Victor Hugo (1802-1885), a chanté ses martyrs dans L’année terrible.
Gustave Courbet (1819-1877), qui fut membre du Conseil de la Commune de Paris,
a laissé toute une série de dessins, surtout de la répression. Jules Vallès
(1832-1883), lui aussi membre du Conseil, a dédié « aux morts de 1871 » le
troisième volume de son autobiographie romancée L’insurgé.
Une révolution au nom de la République et du socialisme. Au
nom de quelle partie du peuple français les insurgés entendent-ils parler ?
Souligner l’acuité de la question sociale dans la France urbaine du début des
années 1870.
Énoncer quelques-unes des composantes socialistes de la
Commune : internationaux, Blanquistes, Proudhonniens, Jacobins… En quoi
l’éclatement du mouvement socialiste constitue-t-il un frein à la dynamique
révolutionnaire ?
Quelle conception les Communards se font-ils de la
République ? Dans quelle mesure le programme, les actes et les symboles de la
Commune éclairent-ils la distance entre Républicains modérés (tel Ferry) et
socialistes ?
On peut aussi proposer une analyse comparée de textes. Par exemple :
Pourquoi la
Commune ?
Les
origines de la Commune
« Au nombre des
causes (…) déterminantes de l’insurrection, je placerai d’abord un état moral
de la population parisienne, que je qualifierais volontiers ainsi : ‘la
folie du siège’ c’est-à-dire un état d’esprit déterminé par un changement
d’habitude et de vie radicalement contraire (…) à la tenue habituelle de notre
société moderne, une société faite pour le travail qui se retrouve tout à coup,
par suite d’événements extraordinaires, jetée dans la vie militaire. Cinq mois
de cette existence, le travail interrompu, tous les esprits tournés vers la
guerre (…) et cette lutte de cinq mois aboutissant à une immense déception, une
population toute entière qui tombe du sommet de ses illusions (…)
Enfin, je considère que la
volonté exprimée par les Prussiens, et dont il fut impossible de les faire
revenir, d’entrer dans Paris et d’en occuper un quartier, fut un élément d’une
extraordinaire importance et a décidé de la violence de la crise et de la forme
particulière qu’elle a revêtue (…) »
Témoignage de Jules Ferry (maire de Paris) devant la Commission officielle
d’enquête de 1871
Des
militantes dans une ville insurgée
« La plaie sociale
qu’il faut d’abord fermer, c’est celle des patrons, qui exploitent l’ouvrier et
s’enrichissent de ses sueurs. Plus de patrons qui considèrent l’ouvrier comme
une machine qui produit. Que les travailleurs s’associent entre eux, qu’ils
mettent leur labeur en commun et ils seront heureux.
Un autre vice de la
société actuelle, ce sont les riches qui ne font que bien boire et bien
s’amuser, sans prendre aucune peine. Il faut les extirper, ainsi que les
prêtres et les religieuses. (…)
Voici le jour de la
revendication et de la justice qui arrive à grands pas (…). Les ateliers dans
lesquels on vous entasse vous appartiendront ; les outils qu’on let entre
vos mains seront à vous ; le gain qui résulte de vos efforts sera partagé
entre vous. Prolétaires, vous allez renaître. (…)
Cité dans J. Rougerie, Paris, ville libre
Déclaration de la Commune de Paris
Citoyens,
Votre commune est
constituée. Le vote du 26 mars a sanctionné la révolution victorieuse. Un
pouvoir lâchement agresseur vous avait pris à la gorge : vous avez, dans
votre légitime défense, repoussé de vos murs ce pouvoir qui voulait vous
déshonorer en vous imposant un roi.
(…) Les élus du peuple ne
lui demandent, pour assure le triomphe de la République , que de les
soutenir de sa confiance. Quant à eux, il feront leur devoir.
Hôtel de ville de Paris,
le 19/04/1871
Proclamation
de Thiers aux Parisiens, le 8 mai 1871
En présence de ce gouvernement,
la Commune ,
c’est-à-dire la minorité qui vous opprime et ose se couvrir de l’infâme drapeau
rouge, a la prétention d’imposer à la
France ses volontés. Par ses œuvres, vous pouvez juger du
gouvernement qu’elle vous destine.
(…) c’est pour cela qu’il
–le gouvernement- a réuni une armée sous vos murs. La France veut en finir avec
la guerre civile.
Pour approfondir sur les memoires de la Commune, lien vers le podcast
http://parolesdhistoire.fr/index.php/2021/03/17/185-commemorer-la-commune-avec-eric-fournier/