lundi 1 juillet 2019

Une Etude de Cas : la Citadelle à Amiens




L’aménagement du quartier citadelle à Amiens :
Enjeux, modalités et limites du projet.


Introduction
Rapide présentation des documents + une problématique simple
Doc 1 : source officielle => document plaquette de présentation du projet avec une photographie aérienne de la citadelle dans son environnement proche et la localisation/identification des bâtiments à construire.
Doc 2 : source officielle (Amiens métropole) : texte qui présente les enjeux d’aménagement c’est-à-dire les raisons qui ont fait choisir le site de la citadelle pour y implanter une partie des activités de l’université Jules Verne.
Doc 3 : source officielle (Amiens métropole) : les chiffres clés du projet en termes de financement et de planning.
Doc 4 : Extrait d’un article du Courrier picard ( journal régional) qui fait part des problèmes de stationnement des étudiants

  L’aménagement de la citadelle tiendra t-il les objectifs fixés au départ du projet ?






Doc 3 : Financement et programme




Doc 4 : Les étudiants refusent de payer (12/02/2018)

Le stationnement résidentiel a fait officiellement son apparition ce lundi 12 février à Saint-Maurice. Cette nouvelle extension du périmètre favorisant les résidents du quartier ne fait pas que des heureux, notamment dans les rangs des étudiants de la faculté d’arts. Ceux qui disposent d’une voiture et qui pouvaient se garer gratuitement dans les alentours proches de la fac vont maintenant devoir mettre la main à la poche. Et comme la plupart ne résident pas dans le quartier, pas question de bénéficier du macaron à 1 euro sur la première voiture.
« Il va falloir payer plein pot. C’est inadmissible lorsque l’on sait que bon nombre d’étudiants disposent de faibles ressources. S’il faut payer 17 euros le ticket de 5 heures, on va vite se retrouver à dépenser 680 euros par mois pour se garer. De la pure folie par rapport au studio que je loue 250 euros », souligne Daphnée, une étudiante. « L’élu a beau jeu de nous dire que le stationnement devient payant pour inciter les gens à prendre le bus. Mais le problème, c’est qu’en même temps il augmente le prix du billet de bus. Maintenant, si on vient en voiture, avec des cours au minimum entre 3 h 30 et 4 heures d’affilée, on va être contraints de payer plein pot, donc 17 euros les 5 heures », soupire Chloé Hernandez, secrétaire générale à l’UNEF Amiens. Et elle s’attend au pire avec l’ouverture à la rentrée prochaine de la Citadelle. « Avec 4 500 étudiants et plus de 500 membres du personnel, il y aura un millier de voitures à répartir dans le secteur. »

(...) « Nous ne sommes pas des vaches à lait. Un macaron à 1 euro la semaine ou le mois, ce serait acceptable. Nous, on ne veut pas payer à longueur de journée, mais juste étudier. Et qu’on ne vienne pas nous dire ensuite qu’Amiens va être capitale européenne de la jeunesse, on ne vous croirait pas ». Une délégation d’étudiants doit être reçue par Pascal Rifflart, ce mardi en fin de matinée. Mais ils affirment ne se faire guère d’illusions quant aux solutions que pourra leur apporter l’élu.
CHRISTOPHE BERGER, Le courrier picard.



R) Un dossier plus fourni a été élaboré par un ou une collègue de Picardie

Partie 1 = Les enjeux
En matière d’urbanisme, que veut faire l’agglomération d’Amiens avec l’aménagement de la citadelle ?
1)La citadelle est un bâtiment historique (fortification de Vauban 17e siècle) laissé à l’abandon. Elle est positionnée sur un éperon rocheux en bordure de la Somme et constitue une barrière dans la circulation entre les quartiers nord d’Amiens et le centre-ville. 


2) L’objectif d’urbanisme n°1 est de percer à travers le site des axes de circulation douce (= pas des routes pour automobile mais des axes piétonniers) pour relier tous les quartiers autour de la citadelle : Quartiers nord-St Maurice-St Leu-Centre ville. À ce titre, il est aussi espéré que le désenclavement de la ZUS (zone urbaine sensible) des quartiers nord et l’offre d’un site de prestige à sa proximité permettra de régler une partie des problèmes de ce quartier. 

3) L’objectif d’urbanisme n°2 est de se réapproprier le site pour proposer aux habitants de la ville d’Amiens un lieu de promenade et de loisirs (parc, salle de spectacle…), dans le prolongement que quartier St-Leu qui fournit déjà des services de loisirs (bars, restaurants …) 

4) L’objectif principal est néanmoins une opération de communication urbaine. En effet, Amiens, comme toutes les grandes villes régionales veut devenir une métropole. Elle a donc besoin d’un lieu emblématique avec des réalisations de prestige pour se créer une image positive. Elle a fait appel, pour le projet, à l’architecte mondialement renommé Renzo Piano. Le choix de localiser sur ce site le pôle littéraire de son université n’est pas non plus innocent : dans le cadre de la métropolisation, l’économie du futur repose sur le savoir et sur la culture. Le projet a été adapté en ce sens. 



Partie 2 = les réalisations
Comment les bâtiments et leur agencement  traduisent-ils les enjeux d’aménagement ?
Pour répondre à l’objectif de « rétablissement des liens et des continuité nécessaires entre quartiers urbains » :
-          Ouverture de portes dans les murs de la forteresse + toutes les « rues » convergent sur la place centrale du complexe universitaire
-          Création d’une ligne de tramway avec arrêt prévu au pied de la citadelle sur le boulevard existant à l’est du site (reliant autoroute, quartier nord, quartier St-Leu et centre ville)
Pour répondre à l’objectif de « réappropriation du site par les habitants » :
-          Création d’un jardin promenade (nécessitant la destruction du CHU existant)
-          Création sur le campus de salles polyvalentes pour des spectacles ou des séminaires (= 2 salles dont une en hauteur, vitrée, dominant toute la ville) + amphi aussi transformable en salle de spectacle.
Pour répondre à l’objectif de conquête d’une image positive de la ville :
-          L’aspect historique du site est maintenu (les bastions et les murs d’époque + la place centrale est appelée la place d’arme pour rappeler la vocation militaire de la citadelle à l’origine)
-          L’architecture correspond aux normes HQE (haute qualité environnementale), les toits sont végétalisés, une utilisation intelligente de la pente vise à limiter l’impact visuel des bâtiments universitaires pour qu’ils s’intègrent harmonieusement avec les vieilles pierres….
-          Au centre de la place, en revanche, la tour, peinte en rouge, d’architecture futuriste, se verra de toute la ville et constituera vraisemblablement le nouveau « visuel » de la ville.

Partie 3 = les limites
Quelles sont les limites prévisibles et les problèmes liés au projet ?
Le coût du projet est énorme : les travaux dépasseront certainement les 200 millions d’euros (budget initial = 163), coût supporté par les décideurs à savoir la Région, l’agglomération, l’Etat et le département. La Région est le premier financeur puisqu’elle est en charge, avec l’Etat, de la politique d’enseignement supérieur et de recherche. Mais il faut ajouter à ces coûts les coûts annexes : la ligne de tramway et la destruction/reconstruction du CHU.
Certains condamnent une gabegie financière. Pourquoi détruire et reconstruire un hôpital entier ! Pourquoi construire une université alors que les locaux actuels (au sud de l’agglomération) semblent tout à fait convenir (voir doc 4 : « stationnement aisé », « service de restauration jugé satisfaisant ») ?
Enfin et surtout, les usagers de l’université (professeurs et étudiants) ne semblent pas voir d’un bon œil le projet qui ne présente, à leurs yeux, que des désavantages :
-          Les problèmes de stationnement : aucun parking prévu. Les usagers doivent emprunter les transports en commun et monter à la citadelle à pied. Ceux qui viennent en voiture sont invités à se garer sur les parkings des supermarchés et à prendre le bus.
-          Des locaux d’ores et déjà sous-dimensionnés : salles de classe, caféteria …
-          Des difficultés accrues de logement pour les étudiants qui n’auront pas les moyens de se loger en centre ville du fait des prix des loyers. Les étudiants pauvres risquent d’être pénalisés.

Conclusion
Un projet pour l’élite, qui instrumentalise l’université  ou un nouveau souffle pour le développement de la ville ?



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