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mardi 9 juin 2020

Les révoltes contre le roi de France et sa noblesse : un exemple médiéval

Dans la cadre du chapitre de Seconde sur l'affirmation de l'Etat et les contestations de la monarchie absolue

Partie 1 : la progressive construction de la monarchie absolue en France

B) Les révoltes contre le roi de France et sa noblesse.

 (Grandes Chroniques de FranceBnFms. français 2813 fº409v, vers 1375-1380).

(Temps long) L’année 1358

C’est une période difficile pour la monarchie française. Déjà affaiblie par le choc de la peste noire (1348), le royaume de France est dans une mauvaise phase de la guerre qui l’oppose aux Anglais (guerre de cent ans).  L’armée française connaît une série de défaites et à Poitiers en septembre 1356, le roi français Jean II dit le Bon est prisonnier des Anglais. C’est son fils, le dauphin Charles (futur Charles V), duc de Normandie, qui tente de rétablir l’ordre dans le pays, menacé de surcroît de guerre civile par Charles le mauvais, roi de Navarre qui revendique le trône de France. Dans le mois qui suivirent l’événement rapporté par ce texte, les paysans du Beauvaisis se soulèvent contre les seigneurs féodaux qui échouent à les protéger des bandes armées anglaises : c’est la Grande Jacquerie qui est réprimée par les nobles avec une extrême violence.

 

« Le jeudi 22 février de l’an 1357* au matin, second jeudi de Carême, le prévôt des marchands** fit assembler à St-Eloi près du palais tous les métiers de Paris, en armes, si bien qu’on estime qu’ils étaient près de 3000.[…] Le prévôt et quelques autres montèrent dans la chambre de monseigneur le duc, au palais, au-dessus de la galerie des Merciers et là, ils trouvèrent le duc et le prévôt lui dit en substance : « Sire, ne vous étonnez pas de ce que vous voyez car [ces choses] ont été ordonnées et qu’il convient que ce soit fait. ». A peine avait-il dit ceci que certains de sa compagnie se précipitèrent sur monseigneur Jean de Conflans, maréchal de Champagne et le tuèrent quasi sur le lit de monseigneur le duc et en sa présence. D’autres coururent sur le maréchal du duc, monseigneur Robert de Clermont, lequel se réfugia dans une autre pièce, mais ils le suivirent et là le tuèrent. [Au dauphin resté seul, le prévôt dit] « Sire, vous ne risquez rien ». Il lui donna son chaperon, celui de la ville, partie rouge et partie bleu. Le duc prit le chaperon et le porta tout le jour. Ceux de la compagnie du prévôt traînèrent fort inhumainement les corps des deux chevaliers devant le duc jusque dans la cour du Palais, devant le perron de marbre où ils demeurèrent étendus et découverts à la vue de tous ceux qui le voulaient jusque tard après l’heure du dîner, et personne n’osa les enlever.

Le prévôt des marchands et sa compagnie se rendirent dans leur maison de Grève, que l’on appelait la maison de la ville. A sa fenêtre, le prévôt parla à la foule assemblée et armée, leur dit que ce qui avait été fait l’avait été pour le bien du royaume et que ceux qui avaient été tués étaient faux, mauvais et traîtres. […] Le lendemain […] le prévôt [dénonce ceux] qui empêchent tous les bons conseils auprès de monseigneur le duc, [disant] qu’à cause d’eux la délivrance du roi de France avait été empêchée. [Sur le sujet de] la délivrance*** du roi avaient été assemblés l’Université, le clergé et la ville de Paris et tous ils s’étaient mis d’accord, [rejoints sur cette opinion par] les 44 membres du Conseil, mais les [traitres] avaient tout empêché. […] Le samedi, monseigneur le duc se rendit en la chambre du Parlement avec ceux de son conseil qui restaient. Le prévôt et d’autres, armés ou non, y réclamèrent que le duc valide et garde sans les modifier toutes les ordonnances qui avaient été faites par les trois Etats l’année précédente, et qu’il les laisse gouverner, comme autrefois ils faisaient. »

*L’année commençait en mars

** Il s’agit d’Etienne Marcel.

*** Les Etats généraux avaient été rassemblés pour discuter des modalités de collecte de l’énorme rançon due au roi anglais pour libérer Jean II et son fils Philippe. Ils profitent de la situation pour proposer un vaste plan de réformes visant à contrôler l’administration et les décisions royales.

 

Source : Chronique de Jean II le Bon et Charles V, ed Delachanal, SHF, t.1. Français modernisé.

 

Montrer qu’il s’agit d’une révolte politique :

1)      Relever les indices de l’aspect politique du soulèvement.

2)      Montrer en utilisant la présentation du contexte que le pouvoir royal est affaibli.

3)      Quelles sont les revendications des parisiens ?

4)      Comment et pourquoi obtiennent-ils satisfaction ?

Vous pouvez répondre aux questions 1 à 3 dans l'ordre qui vous semble le plus logique.

lundi 1 juin 2020

L'économie de l'Europe à la Renaissance

Une petite carte faite par mes soins, avec mes faibles moyens, mais j'en ai besoin pour le cours sur l'ouverture atlantique et je n'ai pas trouvé l'équivalent mieux fait.


mercredi 27 mai 2020

Les Antilles françaises et l'esclavage (XVIIIe siècle)

Etude d'un dossier documentaire

Montrez, en utilisant les documents que la société coloniale française tire sa richesse de l’organisation institutionnalisée et généralisée d’une inégalité des races. 

Doc 1 : Présentation de la structure des échanges entre la France et les Antilles

C'est au 17e siècle pour que la France s’engage véritablement dans l’aventure coloniale, et singulièrement le règne de Louis XIV.

A l’échelle nationale, le commerce américain profitait à quelques ports qui ont l’accord du roi : Calais, Dieppe, Le Havre, Rouen, Honfleur, Saint-Malo, Morlaix, Brest, Nantes, La Rochelle, Bordeaux, Bayonne et Sète. L’essentiel du trafic est assuré par Bordeaux, Nantes, Marseille, Rouen-Le Havre-Honfleur. Bordeaux est le premier d’entre eux avec 41% du commerce antillais de la France à la fin de l’ancien régime. L’arrière-pays bordelais produit la farine et le vin dont les Antilles ont besoin et Bordeaux contrôle les liaisons commerciales avec l’Europe du Nord. Nantes est le second grand port colonial en raison de sa spécialisation rapide dans la traite négrière. L’arrière-pays produit des cotonnades qui restent le principal article d’exportation vers les colonies. Les ports de la Basse-Seine profitent de la croissance textile après 1750 pour développer la traite négrière et le commerce colonial. 

La France à la fin de l’ancien régime est un pôle de redistribution des produits tropicaux qui représentent près de 40% de son commerce extérieur. Des grandes fortunes se sont bâties sur la traite négrière et le commerce colonial comme celles des Bouteiller, les Bertrand de la Clauserie, les Chaurand. Par contre, le commerce avec le Canada est beaucoup moins profitable, d’où sa perte en quelque sorte en 1763. Ce commerce colonial est en croissance pendant tout le XVIII° siècle et son impact sur l’économie nationale a donc été réel. Ce sont les fortunes du royaume qui s’investissent dans ce grand commerce en acquérant des parts dans l’armement des navires. Il stimule les constructions navales. Les Antilles sont un débouché pour les productions nationales : le tiers du vin de Bordeaux, le blé d’Aquitaine, le textile du Maine, de l’Anjou, de Cholet. Il fournit enfin des emplois de matelots et les Antilles par leurs matières premières soutiennent l’emploi métropolitain : soixante centres cotonniers et plus de cent raffineries en dépendent à la fin du siècle. Economie et colonisation sont donc intimement liées.

Document 2 : Texte extrait du Père Labat " Nouveau voyage aux Isles de l'Amérique ", Martinique, début du XVIIIème siècle

     "Je laissai la compagnie au presbytère pendant que j'allais confesser un nègre d'une habitation (1) de Mr. Roy, car il en avait deux très considérables dans ma paroisse et d'autres encore dans différents endroits. On ne peut sans étonnement penser à la fortune de cet homme. Il était venu aux îles en qualité d'engagé (3), dans les premières années que la colonie commença à se former ; il était de Bordeaux, tailleur ou chaussetier de son métier. Le temps de son engagement étant achevé, il se mit à torquer (3) du tabac, et quand la saison de torquer était passée, il travaillait de son métier. Il s'associa avec un autre torqueur, dont il hérita. Quelques années après il fit quelques voyages en course (4), si heureusement qu'en très peu de temps il se vit en état d'établir une sucrerie et de faire des établissements. Quand j'arrivai à la Martinique, il avait six sucreries où l'on comptait plus de huit cent nègres. Son fils aîné, avec lequel j'étais venu de France, était capitaine de milice (5), et une de ses filles avait épousé un capitaine de vaisseau de roi

  1.  Exploitation agricole d'une superficie variable = Plantation
  2. Un engagé n'a pas les moyens de payer la traversée pour les Antilles et "engage" donc ses futurs salaires pour rembourser le prix de son voyage
  3.  Mettre le tabac en rouleau.
  4.  La course, c'est-à-dire la piraterie
  5. Les colons, répartis en compagnies et régiments, constituaient à côté des troupes royales une troupe auxiliaire jouant d'ailleurs un rôle très important, la milice.


Document 3 : La journée d'un " pauvre Blanc " à Saint Domingue

     "Le métier est rude, mais s'il plaît à Dieu de me conserver la santé, aimant naturellement tout ce qui s'appelle culture de la terre, j'en prendrai bientôt le dessus, mais il y a bien du mauvais temps à passer sous un économe qui la plupart du temps vous regarde comme un chien ou tout au moins comme son valet. Pour la culture des cannes, je l'aurai bientôt apprise, ayant de la bonne volonté et connaissant déjà un peu la terre et les nègres. Mais ce qu'il y a de plus difficile, c'est la fabrication du sucre. Il y a le quart à faire à la sucrerie qui est 6 heures du soir jusqu'à minuit ou depuis minuit jusqu'à 6 heures du matin, et on fait une semaine le premier quart et une autre le second quart, tour à tour.

La journée s'emploie dans les jardins pour faire travailler les nègres ; visiter tous les jours les vivres pour que les gardeurs ne les volent pas, comme ils ont coutume tant qu'ils veulent pour les vendre ; voir s'il n'y a point de brèches dans les entourages de l'habitation ; les tailleurs de haies et les sarcleurs ; l'hôpital, si tout va bien pour les malades ; les gardeurs de boeufs, de chevaux, de moutons, si on les renferme bien tous les soirs, et si on ne les laisse point aller dans les jardins, entrer et se promener dans les cannes, pour voir si les arroseurs ne se contentent pas de mouiller les bordages ou la superficie et si tous ces gens là qui travaillent séparés de l'atelier, ne sont point à dormir au lieu de travailler et s'ils avancent assez, en un mot, je n'ai pas un moment de repos, au point que pour raccommoder un peu mes hardes je suis obligé malgré moi de faire comme les nègres, c'est-à-dire le faire le dimanche."

Source égarée


Une des plus anciennes habitations sucrières de Guadeloupe : source INRAP

Document 4 : Extraits du Code Noir (mars 1685)

"Art. 2. - Tous les esclaves qui seront dans nos îles seront baptisés et instruits dans la religion catholique, apostolique et romaine.
Art. 12 .- Les enfants qui naîtront de mariages entre esclaves seront esclaves et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves, et non à ceux de leur mari, si le mari et la femme ont des maîtres différents.
Art. 15. - Défendons aux esclaves de porter aucune arme offensive, ni de gros bâtons, à peine de fouet et de confiscation des armes.
Art. 22. - Seront tenus les maîtres de faire fournir, par chacune semaine, à leurs esclaves âgés de dix ans et au-dessus pour leur nourriture, deux pots et demi, mesure du pays, de farine de manioc, ou trois cassaves pesant deux livres et demie chacun au moins, ou choses équivalentes, avec deux livres de boeuf salé ou trois livres de poisson ou autres choses à proportion ; et aux enfants, depuis qu'ils sont sevrés jusqu'à l'âge de dix ans, la moitié des vivres ci-dessus.
Art. 28. - Les esclaves ne pourront rien avoir qui ne soit à leur maître ; et tout ce qui leur vient à quelque titre que ce soit, appartient en pleine propriété à leur maître.
Art. 38. - L'esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois (...) aura les oreilles coupées et sera marqué d'une fleur de lys sur une épaule ; et s'il recommence, aura le jarret coupé et sera marqué sur l'autre épaule ; et la troisième fois, il sera puni de mort.
Art. 42. - Les maîtres pourront, lorsqu'ils croiront que leurs esclaves l'auront mérité, les faire enchaîner et les faire battre de verge ou de cordes. "


Document 5 : Evolution de la population de la Guadeloupe dans la seconde moitié du XVIIIème siècle

Années

Blancs

Libres

Esclaves noirs

1772

12737

1175

77957

1777

12700

1350

84100

1785

13599

1969

85290

1789

13712

3058

89823




Pas à pas : 

Consigne. Quels sont les deux thèmes du sujet ?

1-

 2-

 Quelle est la question (problématique) qui est donc posée ?

 

 

Relevé des informations document par document

Texte de présentation (doc 1)

Thème => quelle partie ?

 Idée 1 : Listez les produits exportés de la métropole vers les Antilles.

 Idée 2 : Quelles activités bénéficient du grand commerce avec les Antilles ?

 Idée 3 : Quelles régions de France et quelles catégories sociales bénéficient et dépendent du grand commerce avec les Antilles ?

 

 Texte doc 2

Thème/ Partie ?

 Idée 1 : Quel est le niveau de fortune de Mr Roy ? A t-il toujours été riche ?

 Idée 2 : Quelles activités lui a permis de se constituer le capital de base nécessaire à sa réussite sociale ?

 Idée 3 : A votre avis pourquoi la milice était-elle essentielle dans les colonies ? (croiser avec tableau doc 5)

 Quelles idées vont dans les différentes parties ?

 

Texte doc 3

Thème/ Partie ?

Idée 1 : A quoi comprend-on dans le texte que ce colon est "pauvre" ? => quelle idée précédemment listée est donc nuancée par ce texte ?

 Idée 2 : De quoi se plaint cet propriétaire d'esclave ? Pourquoi n'a t-il pas d'employé pour faire le travail à sa place?

 Idée 3 : Quel est le travail à fournir dans une plantation de sucre ? Comment est-il organisé ?

 

 

Texte doc 4 = que veut dire « Code » ?

Thème/ Partie?

 Idée 1 : Qu'est-ce qu'être esclave ?

 Idée 2 : Quels sont les indicateurs de la violence des sociétés esclavagistes ?

 Idée 3 : en utilisant l'art 22 et ce qui a été vu dans le texte précédent, montrer que l'exploitation des esclaves était indispensable à la rentabilité des plantations


Tableau stat doc 5 :

Thème/ Partie ?

Idée 1 : comparer le nombre de colons blancs et le nombre d'esclaves. Par rapport à ce qu'on a dit précédemment, qu'en concluez-vous ?

Idée 2 : à qui correspond la catégorie "libre" ? Comparer les libres et les esclaves. Que concluez-vous ?

Idée 3 : Dernière ligne Pourquoi une augmentation du nombre de "libres" en 1789 ? Comparer les libres et les esclaves entre 1785 et 1789. Que concluez-vous ?


2e étape du travail préparatoire : regrouper les infos par thème

Pour organiser le plan détaillé (ordre des idées dans les différentes parties), faites une carte mentale


Bilan : phase de réponse à la problématique (en conclusion)

Quel est le lien  entre existence de l’esclavage , enrichissement des colons et racisme ?

 

 Doc complémentaire

Les débats révolutionnaires autour de la question de l’abolition de l’esclavage

A la veille de la Révolution, l'abolitionnisme est défendu en France par la Société des Amis des Noirs, fondée en février 1788 par Brissot. Elle compte parmi ses 130 ou 140 membres, l'abbé Grégoire et Condorcet, rejoints en 1789 par La Fayette, Mirabeau, le duc de la Rochefoucauld, le comte de Clermont-Tonnerre … Elle peut également compter sur la bienveillance de Necker et sur le journal de Brissot, Le Patriote Français. Son action comme son discours sont relativement modérés car elle semble désarmée face au réalisme apparent des arguments économiques esclavagistes. Or, Benjamin Franklin et Adam Smith ont déjà souligné la moindre rentabilité de ce mode de production. Enfin, les Amis des Noirs prônent un abolitionnisme timoré et progressif, persuadés comme Voltaire que les noirs sont inférieurs aux blancs. Cependant, la Révolution proclame dans la DDHC la liberté et l’égalité comme un droit naturel de tous les Hommes. La question se pose donc avec urgence : ces droits concernent-ils les noirs et les mulâtres des Antilles ? Deux questions sont débattues aux assemblées. D'une part, celle de la citoyenneté des libres de couleur (accordée en mai 1791). D'autre part, celle de l'abolition (votée en février 1794). Entre ces deux dates, il y aura eu en 1791 la révolte de l‘île de St Domingue qui devient en 1793 la première colonie libre noire du monde et en 1804 une République indépendante. Mais Napoléon 1er rétablit l’esclavage en 1802


Pour d'autres ressources et compléments : voir ici

samedi 23 mai 2020

"Notre monde vient d'en trouver un autre" (M. de Montaigne)

Correction analyse texte Michel de Montaigne p.130 (référence = manuel Hachette)

 

La consigne : A partir de l’analyse du texte et de vos connaissances, montrez comment Montaigne décrit la société amérindienne avant l’arrivée des Européens, puis expliquez les conséquences de leur conquête sur les sociétés d’Amérique.

En jaune : il faudra donc, comme toujours dans une analyse de document, que dans chaque paragraphe, vous releviez les informations du texte qui, dans un deuxième temps, devront être explicitées et approfondies par des connaissances extérieures au document (= vos connaissances de cours)

En bleu = partie 1. Le thème de cette partie 1 est défini par le mot clef = « décrit la société amérindienne ». La période considérée = AVANT la conquête

En vert = partie 2. Le thème de cette partie 2 est défini par le mot clef « conséquence de la conquête ». Conséquences pour qui ? = les sociétés amérindiennes.

 

En introduction = présentation comme d’habitude du document étudié = Auteur (pensez à reprendre les lignes sous le doc qui présentent Montaigne), date (1588), source (Essais, livre II, chapitre VI). Puis contextualisation : rappeler les grandes dates et les principaux acteurs de la conquête du continent américain. Puis idée principale du texte (elle ne peut se définir que quand on a déjà fait tout le travail d’analyse au brouillon) = l’avis de Michel de Montaigne sur la conquête coloniale par les Espagnols et les Portugais du continent américain est originale pour son époque puisqu’il la condamne.

 

La partie 1

Que dit Montaigne ? Liste des relevés et interprétation = travail au brouillon

Les Amériques sont un « nouveau monde »  c’est-à-dire jusqu’ici inconnu des Européens ;

« grand » ; « plein et fourni de membres » = peuplé ;

 « il y a 50 ans, il ne connaissait ni lettres, ni poids et mesures, ni vêtements, ni céréales, vignes, il vivait nu dans le giron de la mère nourricière (= la nature), et ne vivait que par les moyens qu’elle lui fournissait » = chasseur/cueilleur mais pas agriculteur = non civilisé. On remarque que pourtant Montaigne ne dit pas qu’ils sont moins civilisés, il n’utilise pas le terme de civilisation ou de barbarie, il ne dit pas que les Européens sont supérieurs (comme Sépulvéda lui le faisait). Il faudra insister sur ce point dans la rédaction et expliquer pour Montaigne ne reprend pas à son compte l’opinion commune des Européens de son temps. C’est cela faire une analyse critique de document. Lui Montaigne utilise plutôt les mots suivants : « si enfant » (donc plus positif que « barbare » ou « sauvage »)

«  qu’on lui apprend encore son a.b.c » les Européens sont en train de la transformer sur leur modèle

«La stupéfiante magnificence des villes de Cuzco et de Mexico….ils ne nous cédaient pas en habileté » = la vision positive de Montaigne se confirme, il évoque la beauté des villes et des jardins, des œuvres d’art amérindiennes ; il parle de l’habileté des artistes et artisans amérindiens. Il dit aussi explicitement que les Amérindiens n’étaient pas moins habiles, moins capables de créer la beauté que les Européens. « la plus riche et la plus belle partie du monde » dit-il à la fin de l’extrait. Il dit aussi que les Indiens étaient autant capables de raison que les Européens :« La plupart de leurs réponses et des négociations faites avec eux témoignent qu’ils ne nous devaient rien en clarté et en pertinence ». Donc, contrairement à Sépulvéda, Montaigne ne croit pas à la supériorité de la civilisation européenne sur la culture amérindienne : il dit juste que c’était différent, un « autre monde » comme c’est dit dans la première phrase. Il le redit plus loin dans le texte en renversant la perspective et en se plaçant du point de vue des Indiens : « le juste étonnement qu’apportaient à ces nations-là l’arrivée inattendue de gens barbus, si différents par la langue, la religion, l’apparence et le comportement ».

 

Quelles sont donc les idées du texte qui structurent le premier paragraphe ? comment compléter avec des connaissances de cours ?

1-      Montaigne décrit un autre monde

Grand, peuplé, sans agriculture, de culture totalement différente de celle des Européens. Nuancer : on sait grâce au cours que tous les peuples amérindiens n’étaient pas des tribus de chasseurs-cueilleurs, mais qu’il y avait de grands empires (Incas, Mayas) avec des techniques complexes de gestion de l’eau, d’administration …

2-      Montaigne le décrit de façon positive

Beauté de ses villes et de ses jardins, richesse (or, perles et pierrerie, poivre…) Montaigne fait une allusion => utiliser le doc 1 p. 116 pour décrire la complexité et la beauté de la ville de Mexico

3-      Montaigne ne souscrit pas à l’idée de la supériorité de la civilisation européenne sur les cultures amérindiennes.

Citer les éléments du texte qui le prouvent. PUIS Il faut donc amener les infos vues dans l’EDC sur la controverse de Valladolid et exposer l’opinion de Sépulvéda qui est l’exact inverse de la position de Montaigne.

Bilan partie 1 : un monde « enfant » dit Montaigne qu’il présente positivement. En fait c’est presque un monde idyllique, un paradis terrestre.(cette idée a été dans l’étude de cas valladolid, mythe du bon sauvage)

 

La partie 2

Que dit Montaigne ? Liste des relevés et interprétation = travail au brouillon

« Je crains bien que nous n’ayons hâté son déclin … et que nous lui aurons bien cher vendu nos opinions et nos arts ». La suite du texte va apporter les arguments de Montaigne pour justifier cette phrase. C’est donc une thèse. Je propose de ne pas annoncer cette thèse tout de suite en début de partie 2,mais de l’utiliser comme bilan et ceci afin de ne pas créer une rupture dans le raisonnement la fin de la partie 1.

Nous avons terminé la partie 1 sur l’idée que Montaigne réfute la prétendue supériorité européenne. Or voici ce qu’il dit juste après : « nous ne l’avons pas soumis (…) par la supériorité de notre valeur et de nos forces naturelles », mais dit-il plus loin « ce qui les a vaincus, ce sont les ruses et les mensonges avec lesquels les conquérants les ont trompés ». « Nous nous sommes servis de leur ignorance et de leur inexpérience » = ignorance de la duperie et de la trahison doit-on comprendre => Donc Montaigne renverse l’équation Européens > Amérindiens. Dans son texte les Amérindiens sont supérieurs moralement aux Européens (il dit « nous » et pas « les conquistadors »). Il rejoint par là la position de Bartolomé de Las Casas, qu’il a sûrement lu.

La suite du texte confirme cette idée. Les Européens ont apporté (« nous les avons pliés …à l’exemple et sur le patron de nos mœurs ») en Amérique « la trahison, la luxure, l’avarice et toute sorte d’inhumanité et de cruauté ». Les phrases qui suivent apportent des exemples de ces cruautés « tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l’épée. »

 

« Notre monde vient d’en trouver un autre » + « qui fit jamais payer un tel prix pour les profits du commerce et du trafic ? » « la plus belle partie du monde bouleversée pour la négociation des perles et du poivre ». Avec ces dernières phrases Montaigne rappelle de façon allusive les raisons de la découverte puis de la conquête du continent américain : le commerce des épices et des richesses amérindiennes que mettent en place les colons.

 

 

Quelles sont donc les idées du texte qui structurent le 2eme paragraphe ? comment compléter avec des connaissances de cours ?

1-      MAIS Les Européens ont apporté la violence et la destruction dans le paradis terrestre (cette phrase servira de transition entre les deux parties.

Conquête par la force et la ruse, massacres, destruction des cités, monde bouleversé. Il faudra donner des exemples précis pour illustrer ces allusions de Montaigne. Reprendre les exemples du manuel évoqués en cours : pour la cruauté, doc 2p.116 et 2 p.117. Compléter avec le travail forcé (3 et 4p123) et le choc épidémiologique/microbien (cours)

Bilan = un ethnocide (« déclin et ruine »)

2-      Ils l’ont fait pour l’argent

Citations texte + rappels des causes des voyages d’exploration et rappel mise en place de l’exploitation économique des richesses naturelles du continent américains / commerce transatlantique

3-      Ils sont moralement inférieurs aux amérindiens.

Citations du texte.

 

Conclusion

Bilan = critique de la conquête car destruction d’une culture autre, de peuples moralement bien supérieurs aux Européens qui les dominent. Les positions de Montaigne rejoignent celles de B. de Las Casas

Ouverture = Montaigne annonciateur des philosophes des Lumières avec l’idée que différences ne veut pas dire infériorité, l’idée de la tolérance et du refus de la cruauté, fut-ce au nom de la religion et du progrès « nous leur avons fait payer bien cher nos opinions et nos arts »

Un point d’étonnement. Montaigne ne dit rien des esclaves africains. Peut-être ailleurs dans les Essais ?


dimanche 17 mai 2020

Vers la question problématisée : L' Europe de la Renaissance, une nouvelle culture européenne ?

Travail sur l'introduction
  • Définissez les termes du sujet : Quoi ? (culture, Renaissance, Europe) => quelles sont les bornes géographiques et chronologiques du sujet ? Quel est le thème du sujet ? Quelles sont les composantes de ce thème ? A partir de ces composantes, comment organiser un plan d'ensemble ?
  • Quel mot porte la problématique ? Comment formuler la problématique à partir du sujet ?
Rédigez l'introduction en suivant l'ordre logique d'organisation d'une intro : 1) Délimitation et caractérisation du sujet 2) Raisonnement qui permet de poser la problématique 3) Annonce du plan qui permettra de réaliser l'objectif fixé

Travail sur le développement
Rappel : chaque partie = un paragraphe = une démonstration

Comment passer des thématiques aux thèses ? C'est le plus difficile et encore un eu trop tôt, même en fin de seconde.
Je vous propose 

1- Une culture qui se laïcise
Définissez le mot clef de la thèse
Trouvez au moins deux exemples pour prouver cette thèse
Apportez les éléments d'explication que l'on a donné dans le cours à ce phénomène de laïcisation

2- Une culture qui redéfinit la place de l'Homme dans la nature
Précisez la place de l'Homme dans la création et par rapport à Dieu avant/pendant la Renaissance
Illustrez par plusieurs exemples ayant trait à la fois à la culture humaniste, à l'art et aux sciences les nouvelles manières d'appréhender l'Homme.
Expliquez cette nouvelle approche en mettant en lien avec le paragraphe 1, avec le contexte (voir partie 1 du cours sur l'Ouverture atlantique) et sur le temps long (philosophies de la raison existent déjà au Moyen-Age)

3- Une culture qui pense le progrès et embrasse la nouveauté
Commencez par prouver cette thèse avec des exemples de progrès et nouveautés techniques, culturelles, religieuses à l'époque...
Montrez ensuite que l'idée de progrès est liée à des savoirs qui remettent en cause les anciens savoirs ou anciennes croyances
Enfin, expliquez en quoi l'éducation pour les hommes de la Renaissance est une des conditions du progrès.

Travail sur la conclusion
La phase de bilan est la plus compliquée : répondez en 1er lieu à la problématique = en quoi cette culture est nouvelle et marque une rupture par rapport au Moyen Age ? puis nuancez = est-ce le résultat d'une rupture voulue, organisée, acceptée  par tous ?

En ouverture : quelle période suivante et quel mouvement de pensée est influencé/conditionné par l'esprit des hommes de la Renaissance ?








vendredi 10 avril 2020

Un exemple d'agriculture durable : cacao en Cote d'Ivoire (video + questionnaire)

Petite activité vidéo pour les élèves de seconde sur le commerce équitable

L'exemple est la culture du cacao : la vidéo est disponible ici

Le questionnaire est le suivant :


Le commerce équitable (« fairtrade » en anglais), un outil du développement durable
Analyse de la video : cacao équitable en Côte d’Ivoire

1)      Présentez le marché du commerce équitable ? (type de produits, taille du marché, évolution du marché, pays leaders)
2)      En Côte d’Ivoire, on cultive principalement les fèves de cacao pour produire le chocolat. Dans quel type de pays se déroule la transformation des fèves en chocolat ? Quel type d’entreprise la réalise ? Un ivoirien trouve t-il facilement du chocolat ? Pourquoi ?
3)      Pourquoi ne trouve-t-on des cacaoyers que dans les régions tropicales ?
4)      Qu’est-ce qu’une plantation agricole (recherchez la définition dans un dictionnaire) ? Pourquoi le système de production des plantations n’est-il pas adapté à la production des fèves de cacao ?
5)      Pourquoi les petits producteurs de fèves de cacao se détournent-ils de cette activité ? Avec quelles conséquences ?
6)      Combien d’étapes (et de temps) faut-il pour produire cette matière première ?
7)      Quel est l’importance de la culture du cacao pour la Côte d’Ivoire ?
8)      Quels sont les avantages de produire du cacao pour une coopérative du commerce équitable plutôt que de vendre directement sa production à un grossiste d’Abidjan ?
9)      Qui travaille sur les petites exploitations familiales ?
10)  Proposez une définition de « commerce équitable »

BILAN ORGANISE
Expliquez pourquoi et comment la production de cacao en système de commerce équitable permet d’appliquer chacun des trois piliers du développement durable. Rédigez une petite introduction, un développement organisé en 3 paragraphes et une petite conclusion.


La correction :

Correction : Le commerce équitable (« fairtrade » en anglais), un outil du développement durable
 1)      Présentez le marché du commerce équitable ? (type de produits, taille du marché, évolution du marché, pays leaders)
Un marché qui augmente. Plus de 30 000 produits référencés « commerce équitable », la plupart du temps vendus en supermarché. La plupart de ces produits sont des produits agricoles. Les principaux marchés se trouvent au RU, en All, en France et en Suisse.
2)      En Côte d’Ivoire, on cultive principalement les fèves de cacao pour produire le chocolat. Dans quel type de pays se déroule la transformation des fèves en chocolat ? Quel type d’entreprise la réalise ? Un ivoirien trouve t-il facilement du chocolat ? Pourquoi ?
Le cacao est commercialisé par quelques grandes entreprises exportatrices car les principaux marchés sont en Occident (par ex, 11 kg /habitant et par an en Allemagne). Le cacao est produit localement et subit une première transformation (pâte et beurre de cacao), mais la fabrication du chocolat ne se fait pas sur place. Elle se fait en usine en Europe ou dans d'autres pays du « Nord ». C'est ce qui explique qu'il est difficile de trouver du chocolat en Côte d'Ivoire, pourtant premier pays producteur de fèves de cacao. 
3)      Pourquoi ne trouve-t-on des cacaoyers que dans les régions tropicales ?
Il faut des températures chaudes et constantes toute l'année et des pluies bien réparties.
4)      Qu’est-ce qu’une plantation agricole (recherchez la définition dans un dictionnaire) ? Pourquoi le système de production des plantations n’est-il pas adapté à la production des fèves de cacao ?
D'ordinaire, les produits tropicaux sont cultivés dans de grandes exploitations agricoles qui pratiquent la monoculture qu'on appelle des plantations. Le système des plantations a été introduit par les Français et les Britanniques dans leurs colonies au 19e siècle. Aujourd'hui, le cacao est cultivé à 90 % par de petits producteurs. Le cacaoyer nécessite des soins constants toute l'année sinon, l'arbre tombe malade. Ces soins nécessitent l'oeil humain et aucune machine n'est capable de le remplacer. La production n'est donc pas très bonne sur une plantation. Pour une productivité maximale, il faut que le cacaoyer soit sur un terrain où d'autres arbres le protège des rayons du soleil, des caféiers et des palmiers.
5)      Pourquoi les petits producteurs de fèves de cacao se détournent-ils de cette activité ? Avec quelles conséquences ?
La production de fèves de cacao pour les petits agriculteurs ne permet pas de gagner suffisamment pour vivre convenablement. Dans le village pris en exemple dans la vidéo, un habitant sur deux vit avec moins de 20€ par mois. Le travail du cacao est dur, dangereux et n'offre pas de répit. De plus, les prix sont faibles et fluctuent sans arrêt.En 1980, une T de fèves rapportait 5000$. En 2000, le prix avait chuté à 1200$, puis a remonté jusqu'à 3000 en 2014-2015. C'est la conséquence de la spéculation internationale. Beaucoup , surtout les jeunes, arrêtent donc d'entretenir les terres et partent à la ville (exode rural).
6)      Combien d’étapes (et de temps) faut-il pour produire cette matière première ?
Cueillette qui dure plusieurs mois car les fruits ne mûrissent pas au même rythme. Puis il y a le cabossage = les fèves sont détachées des cabosses. Puis elles sont mises à fermenter à la chaleur pendant plusieurs jours. Pendant cette étape, la chair se détache des fèves en libérant leur jus. La qualité de la fermentation donne la qualité du chocolat. Les fèves sont ensuite séchées au soleil, puis triées.
7)      Quelle  est l’importance de la culture du cacao pour la Côte d’Ivoire ?
Pour ce pays, c''est le 2e produit d'exportation après le pétrole. 2/3 des Ivoiriens travaillent dans l'agriculture et la culture du cacao fait vivre 6 millions de personnes en Côte d'Ivoire.
8)      Quels sont les avantages de produire du cacao pour une coopérative du commerce équitable plutôt que de vendre directement sa production à un grossiste d’Abidjan ?
Dans l'exemple donné par la vidéo, la dame qui cultive le cacao sur une toute petite exploitation familiale (3,5 ha) gagne 115€ par mois, ce qui est un bon revenu pour les agriculteurs de Côte d'Ivoire. Avec ce revenu, elle fait vivre toute sa famille (6 enfants et 10 petits-enfants). Elle produit pour la coopérative équitable qui lui donne des formations pour apprendre les bons soins, ainsi que des jeunes plants pour remplacer les vieux arbres (20 ans environ, c'est la durée de vie d'une cacaoyer). Gràce à la coopérative, la production a quasiment triplé de 500 kg à près de 1,5 tonne. Au moment des récoltes, les producteurs de la coopérative s'entraident. Il n'y a donc pas à engager des travailleurs saisonniers.
Au lieu de vendre à un grossiste peu cher, Emma livre ses fèves à la coopérative pour 1/3 de plus que le prix du marché libre. De plus, elle n'a pas à livrer ses sacs (de presque 70 kg chaque). La coopérative revend ces fèves à des chocolatiers en Europe.
  9)      Qui travaille sur les petites exploitations familiales ?
Les familles. Les enfants sont au travail de façon occasionnelle (le mercredi, le samedi, les vacances) quand ils ne sont pas à l'école. En Côte d'Ivoire, l'école est obligatoire et gratuite. Mais, même si tous les parents préfèrent voir leurs enfants à l'école, chez les plus pauvres, les enfants doivent travailler au champs. Les spécialistes estiment que des dizaines de milliers d'enfants sont dans ce cas. C'est une main d'oeuvre non payée, indispensable.
10)   Proposez une définition de « commerce équitable »
En supprimant certains intermédiaires et en vendant plus cher sur les marchés consommateurs grâce au label « commerce équitable », le commerce équitable permet de faire  vivre les petits producteurs. En plus d'être avantageux économiquement, c'est aussi intéressant socialement car les conditions de travail sont meilleures. Enfin, le travail des producteurs équitables est plus respectueux de l'environnement. Les coopératives de commerce équitable s'engage aussi dans des actions de sensibilisation des populations sur d'autres sujets que la production agricole : comme le respect des femmes, la scolarisation ….= soutien aux projets communautaires.
Mais les coopératives sont limitées par un marché de produits équitables qui n'augmente pas très vite. En Allemagne, le chocolat équitable représente 0,15% de marché.

BILAN ORGANISE
Expliquez pourquoi et comment la production de cacao en système de commerce équitable permet d’appliquer chacun des trois piliers du développement durable. Rédigez une petite introduction, un développement organisé en 3 paragraphes et une petite conclusion.

Organisé sur la base des 3 piliers du DD = croissance économique, limitation des inégalités sociales, protection de l'environnement.
Idées principales : 
Le commerce équitable en permettant aux petits producteurs de vivre décemment limite l'exode rural. L'aide technique permet d'augmenter les productions. Il soutient donc la croissance économique des zones rurales. De plus, l'augmentation des revenus permet aux enfants d'aller à l'école , ce qui profitera économiquement au pays quand ces enfants devenus grands seront une main d'oeuvre mieux formée.
En soutenant des projets communautaires, il contribue au développement social. Il développe l'entraide et la vie communautaire. Les coopératives ont un rôle d'éducation populaire.
Enfin, grâce au revenus garantis, les petits paysans ne délaissent pas leurs terres, pas plus qu'ils ne se lancent dans l'aventure des pesticides ou des OGM.

jeudi 9 avril 2020

Humanisme et réforme : cours 2nde

Repère chrono : Epoque moderne = XVIe siècle jusqu’à la révolution française. Les 15e siècle (en Italie) et 16e siècle (pour toute l’Europe) sont appelés « Renaissance ». Comme le nom l’indique, il s’agit d’une période où les changements de société sont visibles pour les contemporains parce qu’ils sont importants et rapides. Les hommes de la Renaissance se rendent compte qu’ils sont sortis des « temps obscurs » de la fin du Moyen Age (guerres, peste, famines, troubles …)

Thèses du cours : La Renaissance est une époque de rupture avec le Moyen Age, marquée par l’idée de progrès. Pourtant, malgré les progrès intellectuels, économiques (chapitre suivant), artistiques, la Renaissance reste une période de crises, du fait de l’intolérance des hommes et des sociétés de l’époque.
Manuel (Hachette) pp.134 à 159 + EDC pp.168-169

Fiche d’activité 1 : les grands repères de la Renaissance pour découvrir le chapitre dans le manuel

I/ Une nouvelle conception du monde à partir de la renaissance
A) La philosophie humaniste : une nouvelle manière de concevoir les rapports de l’Homme et du monde
Il y a deux grandes « causes » à l’essor de l’humanisme
  • Point de départ = 1453, prise de Byzance par les Turcs seljoukides => arrivée, avec leurs manuscrits, des lettrés de l’empire byzantin => en occident, découverte de nouveaux auteurs grecs (Platon par exemple), essor de l’étude du grec (p. 140, Erasme, surnommé le « prince des humanistes » enseigne le grec).
  • Un facteur d’expansion des idées nouvelles : l’imprimerie, mise au point à Mayence par Gutenberg vers 1450. Regardez la carte p. 136 sur la diffusion des ateliers d’imprimerie en Europe. Vous constatez qu’on les retrouve partout où il y a des lieux d’enseignement et de diffusion des idées humanistes. L’imprimerie rend le livre plus abordable c’est-à-dire moins rare et moins cher. Alors qu’au MA, le livre est un objet de luxe accessible aux seuls évêques et abbayes qui ont le quasi monopole de la culture, avec l’imprimerie, les laïcs aisés mais pas forcément très riches, vont pouvoir s’acheter des livres et donc accéder à la culture. La Renaissance est un phénomène qui ne concerne qu’une élite. Mais cette élite est plus large qu’au MA .
Naissance d’un nouveau courant de pensée = les philosophes humanistes qui tentent de concilier les valeurs chrétiennes avec les nouvelles idées généralement issues de la philosophie grecque. La définition se trouve à la page 135
Quelles sont les idées humanistes ?

1) En matière de religion, c’est la remise en cause des certitudes catholiques
a) Par exemple beaucoup d’humanistes sont aussi des philologues = ils recherchent des manuscrits oubliés dans les bibliothèques, les font imprimer, étudient les textes, les comparent et essaient de restaurer la version originale déformée par les traductions. Comme ils ont désormais accès à des textes grecs de la Bible, ils reprennent la traduction de St Jérôme (doc 1p.134) et ils constatent des erreurs. => la possibilité de critiquer les textes sacrés les désacralise.
Lire le doc 1 p. 140 sur Erasme qui entreprit de re-traduire tout le Nouveau Testament. Quelle est sa méthode ?
Lire la suite du texte. Erasme veut que le texte de la Bible soit traduit en toutes les langues (jusqu’alors seul le texte en latin de St Jérôme qu’on appelait la Vulgate était disponible, or à part le clergé et l’administration royale, personne ne maîtrisait le latin). Pourquoi Erasme veut traduire la Bible en « langue vulgaire » (français, anglais, allemand, italien …). Relever la phrase de sa lettre dans laquelle il explique pourquoi il veut que « les plus humbles lisent les Evangiles »
« la religion chrétienne ne peut pas se fonder sur l’ignorance », dit-il dans un autre passage => c’est un premier pas vers un rapport autonome, intime à Dieu et vers la libre-pensée. Le clergé catholique n’est plus le seul à pouvoir commenter les textes sacrés, chacun peut le faire pour lui-même. En faisant ceci, les humanistes préparent le terrain pour la Réforme protestante, ce que nous verrons plus tard dans le cours.
Remarque : Les bibles traduites sont les premiers best-sellers de la toute nouvelle imprimerie.
b) Il y a aussi une nouvelle manière de concevoir les rapports entre l’être humain et Dieu, ainsi que l’être humain au sein de la création.
Doc Leonard de Vinci (homme de Vitruve) image 3 p.142 + texte Pic de la mirandole = Préparer la fiche d’activité 2

[ Comme pour la fiche d'activité 1, je suis partie de la base fournie par Corine Mathieu sur le site de l'académie de Guyanne. Corine Mathieu est la reine des powerpoint, je vous recommande ++ ses productions qui sont à la fois hyper-soignées et très efficaces]

A propos du texte Pic de la Mirandole
Quelle sont les préoccupations de ces philosophes ? Il s’agit de questions éternelles et fondamentales : qui sommes-nous ? Que faisons-nous sur cette planète ? Est-ce que la vie a un sens ?...
·      En premier lieu , il y a la place de l’homme dans l’univers. Les grecs ont apporté à cette question des réponses qui n’ont (forcément !) aucun rapport avec la vision catholique et la redécouverte de leurs textes permet donc de renouveler le débat sur cette question.
Pic de la Mirandole, l’homme qui représente sans doute le mieux l’esprit de la renaissance humaniste, place l’être humain au sommet de la création : « Je t’ai placé au centre du monde ». Conçu en dernier, l’Homme est la plus parfaite des créatures de Dieu parce qu’elle possède « (le) désir et (le) jugement » c’est-à-dire la volonté et la raison. Elle est donc sur terre pour dominer le reste de la création divine, c’est-à-dire le monde. L’Homme peut user du monde (la nature) comme il lui plaira : « ...afin que tu puisses avoir et posséder, selon ton désir et ton jugement, la place, la forme et les fonctions que tu désireras ». On retrouve les 2 mêmes idées chez L. de Vinci. Lui aussi cherche à comprendre « le mystère de la nature humaine » et lui aussi pense que l’Homme peut, par sa curiosité, par sa réflexion, satisfaire sa « volonté de puissance »  et « dompter le monde ».
·      De ce premier point découle logiquement l’analyse des rapports entre l’Homme et Dieu.
Comme Pic de la Mirandole le dit , « l’Artisan voulut une créature capable de concevoir le plan d’une si grande création, d’aimer sa beauté et d’admirer sa grandeur ». Les humanistes pensaient que puisque l’être humain est capable de comprendre le fonctionnement de la nature, qui est une création de Dieu, il est alors aussi capable de comprendre une petite partie des volontés de Dieu. De plus il doit être capable d’atteindre l’élément divin qui est en lui. D’ailleurs, à l’image de Dieu, il crée lui aussi des mondes et des machines. Dans son Traité de la peinture, L. de Vinci se voit lui-même comme un petit dieu : «  Si le peintre veut voir des beautés capables de lui inspirer l’amour, il a la faculté de les créer, et s’il veut voir des choses monstrueuses qui font peur, ou bouffonnes pour faire rire, ou encore propres à inspirer la pitié, il est leur maître et leur dieu ».

Bilan de la fiche d’activité. Pour les humanistes, l’espèce humaine n’est plus écrasée par le péché et par sa petitesse face à Dieu. L’Homme est à l’image de Dieu, le monde est son royaume. Platon et d’autres philosophes ont montré la voie d’une démarche rationnelle, quasi mathématique pour comprendre et dominer le monde. La foi religieuse devient une préoccupation déconnectée de la démarche scientifique de compréhension et de conquête du monde. C’est ce qui permet les progrès scientifiques nombreux à partir de la Renaissance (voir suite du cours)



2) Les humanistes rêvent d’un monde idéal = C’est une philosophie positive qui croit au progrès
Naissance des utopies : cf L’Utopie (en grec = le lieu qui n’existe pas) est un livre de Thomas More paru en 1516 => invention d’un monde qui n’existe pas mais qui propose un autre modèle de société. Il y a donc une dimension critique de la société du temps de l’auteur et une réflexion sur ce que doit être un bon gouvernement.
Le Prince (par le florentin Machiavel en 1513) prétend dresser la liste des règles pour un bon gouvernement. Le bon prince doit être efficace et savoir prendre en compte les rapports de force pour les équilibrer afin de protéger son Etat et son peuple, au besoin en ne respectant pas la morale chrétienne. Machiavel justifie le pouvoir des tyrans du XV et XVIe siècle (la fin justifie les moyens => machiavélisme). Il est le premier penseur à dissocier le pouvoir de la religion et de la morale. Au contraire Erasme insiste sur la nécessité morale du pouvoir (dans Eloge de la folie, 1514 et surtout L’institution du prince chrétien, 1516).
Contextualisation : comme nous le verrons dans le thème 3, le XVIe siècle est une période où les Etats royaux (et donc le pouvoir royal) s’affermissent en prônant de plus en plus l’absolutisme, organisent une administration plus ample et surtout développent une société de cour : le prince est aidé dans sa tâche par les courtisans (def de « cour » p. 174), nouvelle élite qui n’est pas forcément noble, mais qui se met au service de l’Etat.

ð  Les humanistes réfléchissent sur la réalité politique qui les entoure et les causes de la floraison des mauvais gouvernements et ils proposent aussi des modèles de gouvernement idéal. 


Les humanistes se préoccupent aussi d’enseignement : comment former des esprits libres pour bâtir la société idéale ?
Texte Rabelais + doc 3p.147 : L’éducation humaniste est extrêmement ambitieuse et s’adresse aux futurs courtisans. C’est une rupture avec la méthode médiévale qui était essentiellement faite de commentaires de textes préexistants et d’apprentissage par cœur et qui divisait les domaines d’enseignement. Ici, il s’agit de former l’esprit critique par une culture plus universelle (langues antiques parfaitement maîtrisées, sciences de la nature, médecine, philosophie, théologie…), par l’accompagnement de la curiosité de l’enfant et par une éducation qui cherche à former un lien harmonieux entre le corps et l’esprit (mens sana in corpore sano : c’est une citation de Juvenal, auteur latin) tout en respectant la morale (« science sans conscience n’est que ruine de l’âme », Rabelais dans Pantagruel)
Mais attention, seuls les fils de bonne famille (nobles ou bourgeoises) profitent de cette éducation.
Remarque : cette préoccupation se retrouve dans le discours de François 1er sur l’utilité de l’enseignement. « Nous sommes persuadés que ces bonnes études produiront dans notre royaume des théologiens qui enseigneront les saines doctrines de la religion ; des magistrats qui exerceront la justice non avec passion mais avec un sentiment d’équité publique ; enfin des administrateurs habiles (...) qui sauront sacrifier leur intérêt privé à l’amour du bien public ». En bref, François Ier affirme qu’en protégeant les humanistes et en développant leur enseignement auprès des jeunes élites du royaume, il travaille au bien de la France en la dotant de futurs agents de l’Etat capables et dévoués.

3) La République des Lettres
Les nouvelles idées circulent grâce à l’emploi par tous d’une langue commune, le latin et à l’imprimerie qui permet l’accès aux livres nouveaux plus facilement. Les humanistes et hommes de science circulent aussi à travers l’Europe, allant de villes en villes (souvent là où se trouvent des imprimeurs comparer carte p. 136 et carte des voyages d’Erasme p. 140) et de cour en cour, invités par des princes mécènes. Cette circulation des hommes et des idées, qu’on a appelé « république des lettres » permet l’émergence de débats contradictoires et animés qui sont facteurs de progrès intellectuel et scientifique.





B) Une nouvelle manière de représenter le monde
1) un art plus réaliste : l’art comme témoignage
Représentation réaliste du corps humain , des paysages, des situations
Comment ? = nouvelles techniques (voir le dossier p.137 : art médiéval/art de la Renaissance . A compléter  par le Fra Angelico et ses predelles -fiche wikipedia ici- pour le passage de l’art médiéval « Gothique International » à l’art de la Renaissance, passage qui se fait en Italie avec les innovations picturales des Siennois et des Florentins)
  • Plusieurs plans dans l’image = perspective (d’où de nombreux décors architecturaux qui permettent les lignes de fuite), sfumato (perspective chromatique : un paysage en arrière-plan dans les tons froids renforce l’illusion de la profondeur)

Explication des techniques de la perspective à partir du tableau de Piero della Francesca, la ville idéale, 1485-1492 ?



R) Ce tableau est intéressant à plus d’un titre : il permet de montrer les procédés de perspective, le retour à l’antiquité latine (temple central /baptistère, intérêt pour la ville comme lieu de la civilisation et du progrès : policie/policé/politeia/ polis) et d’évoquer l’essor urbain qu’a connu l’Italie puis toutes les villes européennes ayant profité, à partir du XIIIe siècle, du grand commerce international. Il montre aussi les transformations des villes (palais urbains, comme sur le tableau cf palais des Medicis à Florence), pavage des rues, élargissement des voies … Enfin, c’est une ville idéale, donc cela renvoie aux utopies de la renaissance + cf la ville de Pienza, réorganisée par le cardinal Piccolomini, futur pape Pie II (1464)

  • Une représentation plus dynamique = des mouvements, des jeux de regards…. Les tableaux comme les sculptures identifient des individualités et racontent une histoire grâce à une composition savante.
Tableau de L. de Vinci, Ste Anne, vers 1500
Faire repérer aux élèves la perspective colorée, la perspective mathématique (ligne de fuite => arbre plus petit que les personnages du 1er plan), la composition en triangle du groupe de personnage (symbolisme du triangle = perfection des proportions par l’utilisation du nombre d’or, renvoi à la Sainte Trinité, élévation de la terre vers le ciel donc symbole du sacré et de l’élévation de l’âme)
Ensuite repérer les jeux de regards, les gestes => quelle est la scène représentée ?
Ensuite identifier les personnages (expliquer que la Vierge est, depuis le Moyen Age, identifiée par sa robe rouge et sa cape bleue) : Ste Anne, mère de la Vierge, la Vierge et l’enfant Jesus.
Enfin, comparer les expressions, les gestes de la Vierge avec une représentation médiévale d’une madonna col bambino






Duccio di Buoninsegna pour la cathédrale de Sienne, Maesta (Vierge en majesté) 1308-1311.
Alors qu’au MA, l’objectif des peintres est de montrer à travers cette scène à la fois l’adoration de Jésus en tant que fils de dieu mais aussi la prescience chez Marie et chez l’enfant Jésus de la crucifixion => attitude hiératique et regard triste + Jésus n’est pas représenté en enfant, mais comme un adulte en miniature.

  • Peinture à l’huile. Son adoption permet un plus grand réalisme grâce aux ombres et aux nuances. Sur le tableau de L. de Vinci (Ste Anne comme la Joconde), l’utilisation de la peinture à l’huile permet de ne pas dessiner les contours des personnages, mais de les modeler par le jeu des ombres et des lumières.



Les artistes s’attachent à montrer les sentiments humains et les passions sur les visages, ce qui est nouveau par rapport au MA. et même à l’Antiquité. « Nous autres peintres, nous voulons par les mouvements du corps, montrer les mouvements de l’âme » ( Léon Battista Alberti 1435). Dans ce domaine, les artistes du XVIe siècle dépassent en réalisme ceux du XVe s. Leur peinture est plus expressive.

2) Des nouveaux thèmes (quelques exemples)
On comprend avec les exemples qui précèdent que l’art se libère des codes religieux : si l’on n’hésite plus à représenter Jésus comme un charmant bambin ordinaire, alors tout devient possible !
- L’Antiquité est une source d’inspiration nouvelle. Les artistes de la Renaissance reprennent volontiers des images, des personnages, des situations issus de la mythologie. Dans le célèbre tableau de Botticelli, la primavera (le printemps) réalisé à Florence entre 1478 et 1482, on retrouve cette influence antique. Un petit amour volette au centre du tableau , 3 jeunes femmes qui font penser aux 3 Grâces sont en train de danser ; à l’extrémité droite du tableau, un homme bleu, les joues gonflées (sans doute un dieu du vent, un vent d’hiver...) tente d’enlever une autre jeune femme.

- Le corps humain : Le même Botticelli est l’auteur du 1er nu féminin de la période (La naissance de Venus, 1485). En grandeur nature, au centre du tableau, la déesse de l’amour, Aphrodite, née de l’écume de la mer, s’apprête à poser pied sur la terre. Elle est représentée comme une statue grecque (même pâleur de la peau qui évoque la pierre blanche des statues, même posture déhanchée). Le nu devient un thème majeur des artistes de la Renaissance, leur permettant de mettre en valeur la perfection du corps humain et la précision de leur technique picturale (encore une fois, on retrouve cette volonté d’un art réaliste, d’un art du détail : carnation, musculature …)

=>Même si la Bible reste une source privilégiée d’inspiration, l‘art se libère partiellement de l’emprise de la religion catholique.

- L’art du portrait (voir p. 143). Alors qu’au Moyen Age, les portraits sont rares et réservés aux princes et princesses (portraits de fiançailles et mariage, scènes enluminées de dédicace des livres, profils royaux sur les monnaies …), le portrait se démocratise et se transforme. Qui est la Joconde par exemple ? Une jeune épouse qui vient de donner un fils à son marchand de mari et celui-ci est si content qu’il demande à Léonard de Vinci de peindre sa femme. Alors que seuls les dieux et les rois pouvaient être représentés de face et que le commun des mortels était forcément représenté de profil, les portraits de la renaissance se tournent de ¾ puis finissent par regarder le regardeur (nous) directement dans les yeux. D’ailleurs, on trouvera souvent dans les compositions de groupe un ou plusieurs personnages qui accrochent du regard le regardeur de la fresque (cf Ecole d’Athènes). Ce jeu regardeur/regardé est comme une main tendue, un lien entre les deux réalités, celle du tableau et celle du monde réel dans lequel se tient le regardeur. Ce jeu fait du cadre du tableau une fenêtre vers une autre réalité qu’on nous invite à regarder.



3) Liens privilégiés entre les artistes et leurs commanditaires => début du mécénat
En ce qui concerne les « clients » des humanistes et des artistes, les documents nous permettent de dire qui ils sont : soit des princes comme François Ier et Laurent le Magnifique à Florence, soit de riches bourgeois. Curieux, amateurs d’art, ils cherchent à embellir leur vie quotidienne, à fixer les images des moments importants de leur vie ou des êtres chers. L’art et la culture sont aussi pour eux un moyen d’affirmer leur position sociale. C’est un signe de leur richesse et de leur éducation. Les artistes sont, et ce n’est pas nouveau, au service des princes pour en exalter le pouvoir. L’artiste est au service de la propagande des hommes de pouvoir. Du point de vue des princes, patronner des artistes (leur passer des commandes, les avoir à leur service) est une manière incontournable d’affirmer ses vertus personnelles (magnificence, sagesse, science…). La représentation de la cour est une mise en scène qui affirme au reste du monde la gloire de son prince et renforce sa légitimité. Ainsi les princes s’arrachent les meilleurs artistes : ce qui est donc nouveau à la Renaissance, c’est le statut de l’artiste qui devient une « célébrité » : ils signent leurs œuvres et n’hésitent pas à se représenter eux-mêmes dans leurs tableaux (cf Ecole d’Athènes). De plus en plus nombreux sont les grands artistes qui,  à partir du XVIe siècle, sont anoblis par leur mécène, tel le Titien anobli par Charles Quint en 1533.

 Activité groupe pour réinvestir et approfondir en classe (virtuelle en l’occurrence) : Analyse de l'école d'Athènes de Raphaël. Comptez 1H30

= Peut-on comprendre le monde ? retour à l’Antiquité, ouverture aux sciences
+ mécénat + évolution des codes artistiques


C) L’essor d’un nouvel esprit scientifique et technique – XVI°->XVIII° siècle
De façon logique, le 16e siècle marque aussi le début de progrès scientifiques et techniques qui vont propulser la civilisation européenne au rang de civilisation dominante au niveau mondial car ils permettent la colonisation (voir leçon suivante)

1)    Méthodes et domaines de recherches
Ici encore, il s’agit d’une rupture avec le Moyen Age, car dans la droite ligne des idées humanistes, les savants du XVIe s privilégient l’étude de la nature et du corps humain, selon une méthode empirique (partir des observations pour déduire les éléments de compréhension) et sans a priori religieux.

Par exemple, en médecine, l’anatomie profite des dissections des cadavres, en bravant les interdits religieux, ainsi que de la médecine de guerre sur les blessés.
Exemple développé : Vésale, père de la médecine moderne ?
Eléments biographiques
  •        1533-1536 : Etudie la médecine à Paris. Y reçoit l’enseignement strictement inspiré de Galien.
  •      1537 : Est reçu Docteur de l’Université de Padoue, est nommé professeur d’anatomie et de chirurgie. L’Université de Padoue soutient les innovations et idées nouvelles.
  •      1543 : Publie à Bâle du livre De humani corporis fabrica (663 pages). Il y dénonce environ 200 erreurs de Galien.
  •     1544 : Devient médecin de l’empereur Charles Quint et l’accompagne dans ses déplacements.

Doc 1: Une critique des pratiques traditionnelles
L’abandon aux barbiers de toute la pratique fit non seulement perdre aux médecins toute connaissance réelle des viscères, mais aussi toute habileté dans la dissection. Cependant, les barbiers à qui ils avaient abandonné la technique étaient tellement ignorants qu’ils étaient incapables de comprendre les écrits des professeurs de dissection […]. Dans les Ecoles*, on confie aux uns la dissection du corps humain pendant que les autres commentent les particularités des organes. Ces derniers, à la façon des geais, parlent de choses qu’ils n’ont jamais abordées de près, mais qu’ils ont prises dans les livres […]. Les autres sont tellement ignorants des langues** qu’ils ne peuvent fournir aux spectateurs des explications sur les pièces disséquées. Ainsi tout est enseigné de travers ; les journées passent à des questions ridicules et, dans tout ce tumulte, on présente aux assistants moins de choses qu’un boucher, à l’abattoir, ne pourrait en montrer à un médecin.
André Vésale, La Fabrique du corps humain, 1543
* Ecole de médecine ** langues anciennes : latin, grec
1) Relever dans le texte les deux critiques essentielles de Vesale sur l’enseignement de la médecine du corps humain. (Pour vous aider, la critique repose sur le constat d’une séparation des domaines de compétences entre théoricien -professeurs- et praticiens -barbiers-)

Doc 2 : Planches anatomiques
1)      Comparer les deux planches anatomiques (à gauche, médecine traditionnelle / à droite médecine nouvelle) : que constatez-vous ?
2)      Comment expliquait-on le fonctionnement du corps humain au Moyen Age (planche de gauche)

  
Doc 3 : la leçon d’anatomie du Dr. Tulp, Rembrandt, 1632 (manuel p.224)



Ce tableau montre que le public bourgeois est curieux de ces innovations scientifiques. L’intérêt pour les sciences est le même que celui pour les arts (c’est aussi un moyen de distinction sociale par exemple). Aussi les publications scientifiques se développent et il est bon de posséder des livres de science dans sa bibliothèque.
Les rois et princes soutiennent le plus souvent la recherche scientifique et au XVIIe siècle, ils l’organisent en créant des Académies. Par exemple, sur le modèle italien, Louis XIV fonde l’Académie de danse (1661), l’Académie de musique (1669), l’Académie d’architecture (1671) s’ajoutent à l’Académie française (1635) et à l’Académie de peinture et de sculpture, créée en 1648, réformée par Colbert en 1663.  La création de l’Académie des sciences en 1666 s’intègre dans ce grand projet de la monarchie absolue visant à placer l’ensemble de la vie culturelle sous sa tutelle, d'autant que Colbert a compris que les progrès scientifiques pouvaient se traduire en progrès techniques capables d’accroître la puissance de la France tout en exaltant la gloire du roi. manuel p.232

Exemple n° 2 : les cartes géographiques

Doc 1 : Le monde connu en 1492 Le globe de Martin Behaim (1492)




Réalisé en 1492, le globe de Martin Behaim, commerçant et cartographe allemand, est le plus ancien globe terrestre connu. Il reflète la vision du monde des Européens à la fin du Moyen Âge, avant la découverte de l’Amérique. A consulter en 3D dans Gallica => https://c.bnf.fr/CnE 
Les Globes étaient à la fois des objets de science et des objets de luxe : Objets coûteux et prestigieux, les globes terrestres peints sont produits majoritairement en Hollande au XVIIe siècle et en Italie. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, profitant de l'engouement pour les voyages d'exploration, le globe devient un objet plus familier.

Jusqu'au milieu du XVIe siècle, plusieurs concepts de Terre coexistent sans fusionner : à la fois un élément qui, avec le feu, l'eau, l'air, entre dans la composition de toute chose et une création de Dieu donc objet de la théologie; enfin, comme la demeure des hommes, elle est souvent représentée de façon carrée (les 4 points cardinaux). Le XVIe siècle voit l'apparition d'une conception géographique unifiée de la Terre. Celle-ci est à la fois pensée, décrite et perçue comme Terre universelle, comme surface parcourable et mesurable. Les cartes se précisent et utilisent de plus en plus des outils mathématiques : lire par exemple la détermination de la latitude et de la longitude sur la fiche wikipedia :
(= doc 2)

Fiche d’activité en autonomie à partir du site : (Questionnaire : activité Magnard)


Remarque : compléter le cours en lisant le manuel pour les progrès scientifiques aux XVII et XVIIIe siècles = à partir de la p. 225

 2) La confrontation avec l'Eglise

Cependant, les progrès scientifiques se heurtent parfois à l’intolérance de l’Eglise catholique. Certes, il y a des cardinaux, comme d’autres grands seigneurs, qui sont mécènes et très favorables aux innovations dans les Sciences et les Arts. Mais l’Eglise catholique est sur la défensive (voir suite du chapitre) car elle répond aux critiques du Protestantisme. Elle utilise donc les outils traditionnels, hérités du Moyen Age, de lutte contre l’hérésie pour condamner les idées scientifiques ou humanistes qui contredisent le dogme. Le tribunal de l’Inquisition est à la manœuvre (il a été créé en 1233) pour intimider les savants et la censure permet de réduire la diffusion des idées nouvelles (ouvrages interdits sont mis à l’Index = catalogue de l’Eglise qui recense les livres interdits)

fiche d'activité Galilée ou manuel p.228-229

1564 : naissance de Galilée à Pise

1592 : enseigne à l’université de Padoue les mathématiques et l’astronomie selon le système de Ptolémée.
1609 : perfectionne une lunette apportée par un artisan hollandais.
1610 : publie le résultat de ses observations dans Le messager des étoiles.
1632 : défend la thèse de Copernic dans son livre Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, celui de Ptolémée et celui de Copernic écrit en italien.
1633 : condamnation de Galilée à Rome par le tribunal de l’Inquisition. Menacé de torture, Galilée abjure.
1642 : mort de Galilée, en résidence surveillée à Florence.
 + texte abjuration manuel p.242 + peinture procès p.245


BILAN
La science moderne est caractérisée par une nouvelle méthode qui privilégie l’expérience et l’induction. Elle adopte un langage spécifique, les mathématiques, qui permettent de rendre compte du mouvement de phénomènes naturels. Des instruments sont nécessaires pour préciser et quantifier les résultats des expériences. Il en découle une nouvelle conception de la science qui est déclarée autonome et non plus soumise au contrôle de la théologie. Cependant, l’Eglise qui reste puissante s’inquiète de ces progrès scientifiques et tente d’en limiter la diffusion.


II/ Une période de crises :  Les guerres de religion et guerres civiles
A)    La réforme protestante
1)                  Luther
Dossier manuel pp148-149
Qui est Luther ? Moine de l’ordre des Augustins => un clerc de l’église catholique. Révolté par les Indulgences et la corruption de l’Eglise.

Doc : Une indulgence de 1521
Une indulgence est un "bout de papier" officiel, délivré par les clercs de l'Eglise catholique et qui vaut rémission de péchés (les péchés sont pardonnés et donc le temps de purification que l'âme du fidèle aurait dû passer au Purgatoire est réduit). Vous observez que le texte se compose d’une partie qui est stéréotypée avec des zones laissées blanches et complétées au moment de la « vente » avec le nom du « vendeur » et celui du fidèle qui a acheté l’indulgence.
(p.135)Pourquoi cette pratique peut scandaliser le fidèle ?


Doc 1p.148 : les 95 thèses sont affichées sur la porte de l’Eglise de Wittenberg (Allemagne). Le texte circule rapidement
La dénonciation d’une pratique pontificale
« Les prédicateurs de l’indulgence sont dans l’erreur quand ils disent que les indulgences du pape délivrent l’homme de toutes les peines et le sauvent. Pourquoi le pape dont le sac est aujourd’hui plus gros que celui des plus riches, n’édifie-t-il pas au moins la nouvelle basilique Saint Pierre de Rome avec ses propres deniers, plutôt qu’avec l’argent de ses fidèles […]. Tout vrai chrétien vivant ou défunt, participe à tous les biens de l’Église par la grâce de Dieu et sans lettre d’indulgence. Le véritable trésor de l’Église, c’est le sacro-saint Evangile… »
Citation de Luther dans « thèse sur les indulgences » (1517)
Comment croire ?
« C’est la foi seule, sans aucun concours des œuvres qui confère la justice, la liberté, la félicité. Si tu crois, tu obtiendras, si tu ne crois pas, tu n’obtiendras pas. Tu dois t’abandonner [à Dieu] avec une foi robuste et lui faire hardiment confiance, alors, à cause de cette foi, tous tes péchés seront pardonnés. »
Citation de Luther extraite de « De la liberté du chrétien » (1520)
Citation 1 : Luther critique le fait que le pape vende des indulgences afin de financer la construction de l’église Saint-Pierre de Rome. Il considère que c’est contraire aux Evangiles car, selon lui, Dieu accorde sa grâce « sans lettre d’indulgence ». Les sources de l’enrichissement de l’Eglise catholique sont menacées.
ð  Citation 2 : Luther affirme que seule la foi du chrétien va lui permettre d’obtenir son salut. Les « œuvres » dénoncées par Luther sont : l’achat d’indulgences mais aussi les messes, les pèlerinages, les cultes des saints. Mais si seule la foi sauve, le contrôle de l’Eglise catholique sur la vie quotidienne des fidèles est lui aussi menacé.

MAIS ce n’est pas une nouveauté. Déjà au MA, il y a eu d’importants mouvements réformateurs qui voulaient revenir à ce qu’ils estimaient être la pureté originelle de l’Eglise : pauvreté, vie communautaire, vie conforme à la morale chrétienne, autonomie par rapport à la hiérarchie de l’Eglise. Certains parviennent à négocier une place AU SEIN de l’Eglise catholique ex. L’ordre cistercien qui se crée contre l’ordre clunisien (Robert de Molesmes 1098)+ ex l’ordre mendiant mineur (= dit aussi ordre Franciscain du nom de son fondateur St François d’Assise 1210)  ; mais d’autres mouvements sont considérés comme hérétiques et sont persécutés : c’est le cas des cathares, laïcs du sud de la France qui refusaient les sacrements catholiques, écrasés par l’armée royale au début du XIIIe siècle (bataille de Muret 1213) , le mouvement des bégards et des béguines, laïcs qui vivaient en commun dans la pauvreté, condamnés en 1311 par le pape …

Qu’est-ce qui change avec Luther ? Pourquoi Luther réussit la Réforme, alors que les mouvements précédents du MA ne l’avaient pas réussi ? = Texte 2 p.148
Relevé d’information : appui des humanistes + un message rassurant pour les fidèles car le message luthérien est simple (il suffit d’avoir la foi pour gagner le paradis) + une diffusion plus large des idées dans le peuple grâce à l’imprimerie et aux écrits en langue vernaculaire. Et je rajoute ce qui n’est pas dans le texte, l’appui de certains princes (cf courte bio de la p.148 : Luther, alors qu’il est excommunié, est protégé par l’électeur de Saxe, Fredéric III qui refuse de le livrer à l’empereur Charles Quint, au risque de déclencher une guerre.

+ agitation sociale en Allemagne (ce qui n’est pas nouveau non plus): soulèvement paysan entre 1524 et 1526, à l’initiative de Thomas Münzer, prédicateur allemand en Bohème qui s’inspire des idées de Luther mais va encore plus loin que lui dans la rupture avec le catholicisme (Son texte = Protestation date de 1522) et il appelle à détruire les « souverains impies ». => répression


2)                  Une nouvelle religion ?
Doc 3 p. 149
Cette gravure rehaussée de couleurs de Lucas Cranach est clairement anti-catholique
Qu’est ce qui est reproché à l’Eglise catholique ?
A l’inverse, quelles sont les grandes caractéristiques de la vie religieuse protestante ?


Quelles sont les différences de croyances ?
Répondre à la question posée par le titre : le Luthérianisme est-elle une nouvelle religion ?


Bilan
Dans les milieux humanistes où règne une liberté d’esprit et un esprit de plus en plus critique vis-à-vis de l'église catholique, des voix s’élèvent réclamant une réforme de l'Eglise. L’humanisme a préparé la Réforme. Les Protestants condamnent certains éléments du culte catholique qu’ils considèrent comme quasiment païens. Ainsi, le culte rendu aux saints (et à leurs reliques) les gêne énormément car cela revient pour eux à des pratiques quasi magiques. Les Protestants reprennent aussi  les idées humanistes autour le libre-arbitre : c’est à lui de décider de conformer ses actes à sa Foi, qui seule sauve. Obéir aux rituels de l’Eglise catholique sans comprendre véritablement le sens de ce que l’on fait n’a aucun intérêt. Pour lutter contre cette déviation de la croyance, ils comptent sur l’instruction des fidèles qui doit être, selon eux, plus poussée. Ceci est obtenu par la prédication du texte même de la Bible, faite par le Pasteur. Cette étude du texte sacré directement par les fidèles est centrale dans le culte protestant. Mais la volonté de réforme est surtout motivée par les nombreux abus auxquels se livrent les gens d’Eglise à commencer par le premier d’entre eux : le Pape. C’est ce qui explique que pour la première fois, le peuple (une grosse minorité) approuvait et soutenait les réformateurs et que  les critiques débouchent sur un schisme, sur la création d’une nouvelle Eglise qui se présente comme Eglise réformée.
A la suite de Luther, le mouvement protestant se divise en deux
Le calvinisme : il est fondé par le français Jean Calvin, un humaniste qui se rallie aux idées de Luther. Il s’exile en 1534 à Genève, où il élabore sa propre doctrine. Elle reprend l’essentiel des idées luthériennes, mais s’en distingue par la croyance en la prédestination (croyance selon laquelle Dieu aurait choisi dès l’origine la destination finale de chaque homme : l’enfer ou le paradis). A partir de 1541, Calvin organise et dirige l’Église de Genève. Celle-ci est indépendante du pouvoir civil et impose aux fidèles une discipline de vie à la fois stricte et austère : surveillance de la moralité de chacun, interdiction des jeux et représentations théâtrales.

3)                 La réaction catholique : la contre-réforme
Dossier p. 150-151 : Pour contrer l’expansion protestante, l’Eglise catholique va aussi entreprendre de se réformer par le Concile de Trente (1545-1563) tout en gardant ses dogmes et en considérant les protestants comme des hérétiques.


Les décisions du concile visent à moraliser et discipliner le clergé de l’Eglise catholique, à accentuer l’instruction religieuse des fidèles, confiée aux jésuites (La Compagnie de Jésus est fondée en 1534 par Ignace de Loyola). Pour contrer l’austérité protestante, l’Eglise catholique réaffirme que la splendeur des églises est des œuvres d’art, par analogie, est le reflet de la gloire divine au ciel.



B) Les guerres de religion
1) Massacres et intolérances religieuses
Au XVIe siècle, des guerres de religion opposent les souverains catholiques aux populations protestantes dans l’Empire allemand, en France et dans les Pays-Bas espagnols. Le principe largement admis à l’époque c’est que les peuples doivent avoir la religion de leur prince : aussi, il n’y a pas de tolérance religieuse. La France est un pays catholique avec une minorité de protestants

Deux exemples : le sac de Rome et le massacre de la St Barthélémy



Deux exemples : le sac de Rome et le massacre de la St Barthélémy


Le massacre de la St Barthélémy (manuel pp. 168-169) est un des épisodes des guerres de religion françaises. C’est le point culminant de la guerre civile et religieuse qui déchirait le royaume depuis 1562 : il y avait eu des tensions et des massacres avant, mais à partir des 1562, les Huguenots, organisés et ont l’appui des grandes familles nobles dont la famille de Navarre qui appartient à la famille royale s’opposent militairement au parti catholique, la Ligue, dirigée par Henri de Lorraine, duc de Guise, proche du roi et de la reine.
Que s’est-il passé ? Comment interpréter cet événement ?
Regarder les extraits de la reine Margot + faire l’activité du manuel (fiche à compléter ici)

Durant l'été 1572, les princes protestants, qui, à l'image de Coligny, préféraient se tenir éloignés de la cour où ils craignaient d'être assassinés, se réunirent à Paris pour assister au mariage d'Henri de Navarre avec Marguerite de Valois, soeur de Charles IX.
Le 22 août au matin, un attentat fut perpétré contre l'amiral de Coligny, auquel celui-ci réchappa. On a longtemps cru que Catherine de Médicis était le commanditaire de l'attentat, mais la responsabilité du duc de Guise, chef de la ligue catholique, et derrière lui de l'Espagne, pays leader du monde catholique, est plus vraisemblable. Ce qui est certain, c'est qu'ensuite plus personne ne paraît avoir été en mesure de contrôler la situation, et les événements se précipitèrent. L'attentat attisa l'inquiétude légitime des protestants et la crainte de la famille royale, alimenta le bruit d'une conjuration huguenote, et fit se multiplier les critiques contre le roi, accusé d'avoir commandité l'assassinat de Coligny. La décision du massacre des chefs protestants aurait été prise par le roi (et Catherine de Médicis) en son Conseil.

La première partie du massacre se déroula au Louvre et dans les hôtels des princes protestants. Au Louvre, certains, tels Henri de Navarre et Henri de Condé, princes du sang, furent contraints d'abjurer et ne furent épargnés qu'à cette condition. Quant à Coligny, il fut assassiné par des hommes du duc de Guise.
Par la suite, les hommes de l'ancien prévôt des marchands, Claude Marcel, un catholique guisard, poursuivirent l' œuvre des tueurs mandatés par le roi, et ils multiplièrent les assassinats non commandités par quelque autorité que ce soit. Tous les contemporains insistent sur le caractère inattendu d'une «fureur incroyable», brusquement surgie du peuple et impossible à contrôler. Les massacres ne cessèrent pas avant le 29 août. Pour comprendre la dimension populaire du massacre, il convient de rappeler l'atmosphère parisienne en cette fin du mois d'août 1572 : la cherté des prix renforcée par l'afflux d'aristocrates venus pour le mariage royal ; des sermons violemment antiprotestants dans les églises, dénonçant en particulier «l'accouplement exécrable» entre Marguerite de Valois et Henri de Navarre ; des pamphlets annonçant la colère de Dieu pour punir les hommes pécheurs ; des bruits et des rumeurs suivant lesquels le roi lui-même «voulait se faire huguenot» ; enfin de fortes chaleurs et une ville surpeuplée. Bref, Paris était virtuellement en état d'émeute dès le 23 août. Aussi, dès que la nouvelle se répandit du massacre des chefs protestants, une partie de la population passa à l'action. Partout le pillage accompagna le massacre, et aucun ordre ni aucune force ne semblent avoir été en mesure de pouvoir l'arrêter.
Bilan : En province aussi des massacres eurent lieu. Peut-on établir un bilan ? Les historiens contemporains parlent de 5'000 (chiffre minimal) à 100'000 (chiffre maximal) victimes pour la France, dont sans doute 2'000 à Paris, ce qui représente environ 1 % de la population de la capitale.


Le mardi 26 août, devant le parlement de Paris, lors d'un solennel lit de justice, Charles IX déclara que «ce qui est ainsi advenu a été son exprès commandement (...) pour obvier et prévenir l'exécution d'une malheureuse conspiration faite par ledit amiral et sesdits adhérents et complices». Ainsi, le souverain décidait de prendre officiellement en charge la responsabilité du massacre.
Désormais, et pour longtemps, le fondement même de la monarchie - c'est-à-dire la conception d'un roi de justice institué par Dieu pour l'ensemble de ses sujets, bouclier protecteur de tout son peuple contre les ennemis, intouchable parce que résolument situé au-dessus de tous les partis - se trouvait fragilisé. Après le massacre, de nombreux et violents pamphlets huguenots dénoncèrent, par le texte et par la gravure, la barbarie catholique et royale. Ainsi l'événement fit-il resurgir la théorie de la résistance à l'Etat, une résistance qui pouvait aller jusqu'au régicide si le souverain outrepassait certaines limites.
Mais dans le même temps, Charles IX, en invoquant l'imminence du péril pour justifier le massacre, mit en pratique une notion nouvelle, qui sera théorisée à peine quinze ans plus tard, et dont l'histoire n'est toujours pas close : la «raison d'Etat», par laquelle justifier l'abus de pouvoir peut se faire au nom même de l'exercice du pouvoir. En cela, la Saint-Barthélemy est l'un des événements fondateurs de la modernité en politique.



2) La division de l’Europe
Carte p.138 : la division religieuse de l’Europe.
Cas particulier de la France, qui depuis l’édit de Nantes de 1598 (manuel pp.170-171 et notamment le doc 1) est un pays qui non seulement tolère l’existence et la pratique religieuse d’une minorité protestante (les Huguenots), mais leur fournit les instruments de sa protection (place-fortes…). Cependant, Louis XIV met fin à cette exception en révoquant l’édit de Nantes en 1685. A nouveau, la France est un Etat où il n’y a qu’une seule foi et qu’une seule loi

Persécutées par le roi d’Espagne, les provinces protestantes des Pays-Bas espagnols fondent un nouvel Etat, les Provinces-Unies en 1578. Cette République est donc le seul Etat à pratiquer la liberté religieuse. Beaucoup de Huguenots français iront s’y installer. Voir carte p.171

Entre 1618 et 1648, c’est la guerre de Trente ans entre les Etats catholiques et Etats protestants du Saint-Empire. En 1648, les guerres de religion prennent fin. A cette date, la chrétienté occidentale se partage « définitivement » entre Etats catholiques et Etats protestants.




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