Repère chrono : Epoque moderne = XVIe siècle jusqu’à la
révolution française. Les 15e siècle (en Italie) et 16e
siècle (pour toute l’Europe) sont appelés « Renaissance ». Comme le
nom l’indique, il s’agit d’une période où les changements de société sont
visibles pour les contemporains parce qu’ils sont importants et rapides. Les
hommes de la Renaissance se rendent compte qu’ils sont sortis des « temps
obscurs » de la fin du Moyen Age (guerres, peste, famines, troubles …)
Thèses du cours : La Renaissance est une époque de rupture avec le Moyen Age, marquée par l’idée de progrès. Pourtant, malgré les progrès intellectuels,
économiques (chapitre suivant), artistiques, la Renaissance reste une période
de crises, du fait de l’intolérance des hommes et des sociétés de l’époque.
Manuel (Hachette) pp.134 à 159 +
EDC pp.168-169
Fiche d’activité 1 : les grands repères de la Renaissance pour découvrir le chapitre dans le manuel
I/ Une nouvelle conception du monde à partir de la renaissance
A)
La philosophie humaniste : une nouvelle manière de concevoir les rapports
de l’Homme et du monde
Il y a deux grandes
« causes » à l’essor de l’humanisme
- Point
de départ = 1453, prise de Byzance par les Turcs seljoukides =>
arrivée, avec leurs manuscrits, des lettrés de l’empire byzantin => en
occident, découverte de nouveaux auteurs grecs (Platon par exemple), essor
de l’étude du grec (p.
140, Erasme, surnommé le « prince des humanistes » enseigne
le grec).
- Un
facteur d’expansion des idées nouvelles : l’imprimerie, mise au point
à Mayence par Gutenberg vers 1450. Regardez la carte p. 136 sur la diffusion des
ateliers d’imprimerie en Europe. Vous constatez qu’on les retrouve partout
où il y a des lieux d’enseignement et de diffusion des idées humanistes.
L’imprimerie rend le livre plus abordable c’est-à-dire moins rare et moins
cher. Alors qu’au MA, le livre est un objet de luxe accessible aux seuls
évêques et abbayes qui ont le quasi monopole de la culture, avec
l’imprimerie, les laïcs aisés mais pas forcément très riches, vont pouvoir
s’acheter des livres et donc accéder à la culture. La Renaissance est un
phénomène qui ne concerne qu’une élite. Mais cette élite est plus large
qu’au MA .
Naissance d’un nouveau courant de
pensée = les philosophes humanistes qui tentent de concilier les valeurs
chrétiennes avec les nouvelles idées généralement issues de la philosophie
grecque. La définition se
trouve à la page 135
Quelles sont les idées humanistes ?
1) En matière de religion, c’est la remise en
cause des certitudes catholiques
a) Par exemple beaucoup
d’humanistes sont aussi des philologues = ils recherchent des manuscrits
oubliés dans les bibliothèques, les font imprimer, étudient les textes, les
comparent et essaient de restaurer la version originale déformée par les
traductions. Comme ils ont désormais accès à des textes grecs de la Bible, ils
reprennent la traduction de St Jérôme (doc 1p.134) et ils constatent des erreurs. => la possibilité de critiquer les textes
sacrés les désacralise.
Lire
le doc 1 p. 140 sur Erasme qui entreprit de re-traduire tout le Nouveau
Testament. Quelle est sa méthode ?
Lire
la suite du texte. Erasme veut que le texte de la Bible soit traduit en
toutes les langues (jusqu’alors seul le texte en latin de St Jérôme qu’on
appelait la Vulgate était disponible, or à part le clergé et l’administration
royale, personne ne maîtrisait le latin). Pourquoi Erasme veut traduire la
Bible en « langue vulgaire » (français, anglais, allemand, italien
…). Relever la phrase de sa lettre dans laquelle il
explique pourquoi il veut que « les plus humbles lisent les
Evangiles »
« la religion chrétienne
ne peut pas se fonder sur l’ignorance », dit-il dans un autre passage
=> c’est un premier pas vers un rapport autonome, intime à Dieu et vers
la libre-pensée. Le clergé catholique n’est plus le seul à pouvoir
commenter les textes sacrés, chacun peut le faire pour lui-même. En faisant
ceci, les humanistes préparent le terrain pour la Réforme protestante, ce que
nous verrons plus tard dans le cours.
Remarque : Les bibles
traduites sont les premiers best-sellers de la toute nouvelle imprimerie.
b) Il y a aussi une nouvelle
manière de concevoir les rapports entre l’être humain et Dieu, ainsi que l’être
humain au sein de la création.
Doc
Leonard de Vinci (homme de Vitruve) image 3 p.142 + texte Pic de la mirandole
= Préparer la fiche d’activité 2
A propos du texte Pic de la Mirandole
Quelle sont les préoccupations de
ces philosophes ? Il s’agit de questions éternelles et
fondamentales : qui sommes-nous ? Que faisons-nous sur cette
planète ? Est-ce que la vie a un sens ?...
·
En premier lieu , il y a la place de l’homme
dans l’univers. Les grecs ont apporté à cette question des réponses qui n’ont
(forcément !) aucun rapport avec la vision catholique et la redécouverte
de leurs textes permet donc de renouveler le débat sur cette question.
Pic de la Mirandole, l’homme qui
représente sans doute le mieux l’esprit de la renaissance humaniste, place l’être
humain au sommet de la création : « Je t’ai placé au centre du monde ». Conçu en dernier, l’Homme
est la plus parfaite des créatures de Dieu parce qu’elle possède « (le) désir et (le) jugement »
c’est-à-dire la volonté et la raison. Elle est donc sur terre pour dominer le
reste de la création divine, c’est-à-dire le monde. L’Homme peut user du monde
(la nature) comme il lui plaira : « ...afin que tu puisses avoir et posséder, selon ton désir et ton
jugement, la place, la forme et les fonctions que tu désireras ». On
retrouve les 2 mêmes idées chez L. de Vinci. Lui aussi cherche à
comprendre « le mystère de la nature
humaine » et lui aussi pense que l’Homme peut, par sa curiosité, par
sa réflexion, satisfaire sa « volonté
de puissance » et « dompter le monde ».
·
De ce premier point découle logiquement
l’analyse des rapports entre l’Homme et Dieu.
Comme Pic de la Mirandole le dit
, « l’Artisan voulut une créature
capable de concevoir le plan d’une si grande création, d’aimer sa beauté et
d’admirer sa grandeur ». Les humanistes pensaient que puisque l’être
humain est capable de comprendre le fonctionnement de la nature, qui est une
création de Dieu, il est alors aussi capable de comprendre une petite partie
des volontés de Dieu. De plus il doit être capable d’atteindre l’élément divin
qui est en lui. D’ailleurs, à l’image de Dieu, il crée lui aussi des mondes et
des machines. Dans son Traité de la peinture, L. de Vinci se voit
lui-même comme un petit dieu : « Si
le peintre veut voir des beautés capables de lui inspirer l’amour, il a la
faculté de les créer, et s’il veut voir des choses monstrueuses qui font peur,
ou bouffonnes pour faire rire, ou encore propres à inspirer la pitié, il est
leur maître et leur dieu ».
Bilan de la fiche d’activité. Pour les humanistes, l’espèce humaine n’est
plus écrasée par le péché et par sa petitesse face à Dieu. L’Homme est à
l’image de Dieu, le monde est son royaume. Platon et d’autres philosophes ont
montré la voie d’une démarche rationnelle, quasi mathématique pour comprendre
et dominer le monde. La foi religieuse devient une préoccupation déconnectée de
la
démarche scientifique de compréhension et de conquête du monde.
C’est ce qui permet les progrès scientifiques nombreux à partir de la
Renaissance (voir suite du cours)
2) Les humanistes rêvent d’un
monde idéal = C’est une philosophie positive qui croit au progrès
Naissance des utopies : cf L’Utopie (en
grec = le lieu qui n’existe pas) est un livre de Thomas More paru en 1516 =>
invention d’un monde qui n’existe pas mais qui propose un autre modèle de
société. Il y a donc une dimension critique de la société du temps de l’auteur
et une réflexion sur ce que doit être un bon gouvernement.
Le Prince (par le florentin Machiavel en 1513) prétend dresser la
liste des règles pour un bon gouvernement. Le bon prince doit être efficace et savoir
prendre en compte les rapports de force pour les équilibrer afin de protéger
son Etat et son peuple, au besoin en ne respectant pas la morale chrétienne.
Machiavel justifie le pouvoir des tyrans du XV et XVIe siècle (la fin justifie
les moyens => machiavélisme). Il est
le premier penseur à dissocier le pouvoir de la religion et de la morale.
Au contraire Erasme insiste sur la nécessité morale du pouvoir (dans Eloge de la folie, 1514 et surtout L’institution du prince chrétien,
1516).
Contextualisation : comme
nous le verrons dans le thème 3, le XVIe siècle est une période où les Etats
royaux (et donc le pouvoir royal) s’affermissent en prônant de plus en plus l’absolutisme,
organisent une administration plus ample et surtout développent une société de
cour : le prince est aidé dans sa tâche par les courtisans (def de « cour » p. 174),
nouvelle élite qui n’est pas forcément noble, mais qui se met au service de
l’Etat.
ð Les humanistes réfléchissent sur la réalité politique qui les entoure et les causes de la floraison des mauvais gouvernements et ils proposent aussi des modèles de gouvernement idéal.
Les humanistes se préoccupent aussi
d’enseignement : comment former des esprits libres pour bâtir la
société idéale ?
Texte Rabelais + doc 3p.147 : L’éducation humaniste est
extrêmement ambitieuse et s’adresse aux futurs courtisans. C’est une rupture
avec la méthode médiévale qui était essentiellement faite de commentaires de
textes préexistants et d’apprentissage par cœur et qui divisait les domaines
d’enseignement. Ici, il s’agit de former l’esprit critique par une culture plus
universelle (langues antiques parfaitement maîtrisées, sciences de la nature,
médecine, philosophie, théologie…), par l’accompagnement de la curiosité de
l’enfant et par une éducation qui cherche à former un lien harmonieux entre le
corps et l’esprit (mens sana in corpore sano : c’est une citation
de Juvenal, auteur latin) tout en respectant la morale (« science sans
conscience n’est que ruine de l’âme », Rabelais dans Pantagruel)
Mais attention, seuls les fils de
bonne famille (nobles ou bourgeoises) profitent de cette éducation.
Remarque : cette préoccupation se retrouve dans le discours
de François 1er sur l’utilité de l’enseignement. « Nous sommes
persuadés que ces bonnes études produiront dans notre royaume des théologiens
qui enseigneront les saines doctrines de la religion ; des magistrats qui
exerceront la justice non avec passion mais avec un sentiment d’équité
publique ; enfin des administrateurs habiles (...) qui sauront sacrifier
leur intérêt privé à l’amour du bien public ». En bref, François Ier
affirme qu’en protégeant les humanistes et en développant leur enseignement
auprès des jeunes élites du royaume, il travaille au bien de la France en la
dotant de futurs agents de l’Etat capables et dévoués.
3) La République des Lettres
Les nouvelles idées circulent
grâce à l’emploi par tous d’une langue commune, le latin et à l’imprimerie qui
permet l’accès aux livres nouveaux plus facilement. Les humanistes et hommes de
science circulent aussi à travers l’Europe, allant de villes en villes (souvent
là où se trouvent des imprimeurs comparer carte p. 136 et carte des voyages d’Erasme
p. 140) et de cour en cour, invités par des princes mécènes. Cette
circulation des hommes et des idées, qu’on a appelé « république des
lettres » permet l’émergence de débats contradictoires et animés qui sont
facteurs de progrès intellectuel et scientifique.
B) Une
nouvelle manière de représenter le monde
1) un art plus réaliste : l’art comme
témoignage
Représentation réaliste du corps humain , des paysages, des
situations
Comment ?
= nouvelles techniques (voir
le dossier p.137 : art médiéval/art de la Renaissance . A compléter par le Fra Angelico et ses predelles -fiche
wikipedia ici-
pour le passage de l’art médiéval « Gothique International » à l’art
de la Renaissance, passage qui se fait en Italie avec les innovations picturales
des Siennois et des Florentins)
- Plusieurs plans dans l’image =
perspective (d’où de nombreux décors architecturaux qui permettent les
lignes de fuite), sfumato (perspective chromatique : un paysage en
arrière-plan dans les tons froids renforce l’illusion de la profondeur)
Explication des
techniques de la perspective à partir du tableau de Piero della Francesca, la
ville idéale, 1485-1492 ?
R) Ce tableau est intéressant à plus d’un titre : il permet de
montrer les procédés de perspective, le retour à l’antiquité latine (temple
central /baptistère, intérêt pour la ville comme lieu de la civilisation et du
progrès : policie/policé/politeia/ polis) et d’évoquer l’essor urbain qu’a
connu l’Italie puis toutes les villes européennes ayant profité, à partir du XIIIe
siècle, du grand commerce international. Il montre aussi les transformations
des villes (palais urbains, comme sur le tableau cf palais des Medicis à
Florence), pavage des rues, élargissement des voies … Enfin, c’est une ville
idéale, donc cela renvoie aux utopies de la renaissance + cf la ville de
Pienza, réorganisée par le cardinal Piccolomini, futur pape Pie II (1464)
- Une
représentation plus dynamique = des mouvements, des jeux de regards…. Les
tableaux comme les sculptures identifient des individualités et racontent
une histoire grâce à une composition savante.
Tableau de L. de Vinci, Ste Anne, vers 1500
Faire repérer aux élèves la perspective colorée, la perspective
mathématique (ligne de fuite => arbre plus petit que les personnages du 1er
plan), la composition en triangle du groupe de personnage (symbolisme du
triangle = perfection des proportions par l’utilisation du nombre d’or, renvoi
à la Sainte Trinité, élévation de la terre vers le ciel donc symbole du sacré
et de l’élévation de l’âme)
Ensuite repérer les jeux de
regards, les gestes => quelle est la scène représentée ?
Ensuite identifier les
personnages (expliquer que la Vierge est, depuis le Moyen Age, identifiée par
sa robe rouge et sa cape bleue) : Ste Anne, mère de la Vierge, la Vierge
et l’enfant Jesus.
Enfin, comparer les
expressions, les gestes de la Vierge avec une représentation médiévale d’une madonna
col bambino
Duccio di Buoninsegna pour la cathédrale de Sienne, Maesta
(Vierge en majesté) 1308-1311.
Alors qu’au MA, l’objectif
des peintres est de montrer à travers cette scène à la fois l’adoration de
Jésus en tant que fils de dieu mais aussi la prescience chez Marie et chez l’enfant
Jésus de la crucifixion => attitude hiératique et regard triste + Jésus n’est
pas représenté en enfant, mais comme un adulte en miniature.
- Peinture à
l’huile. Son adoption permet un plus grand réalisme grâce aux ombres et
aux nuances. Sur le tableau de L. de Vinci (Ste Anne comme la Joconde), l’utilisation
de la peinture à l’huile permet de ne pas dessiner les contours des
personnages, mais de les modeler par le jeu des ombres et des lumières.
Les artistes s’attachent à
montrer les sentiments humains et les passions sur les visages, ce qui est
nouveau par rapport au MA. et même à l’Antiquité. « Nous autres peintres, nous voulons par les mouvements du corps, montrer
les mouvements de l’âme » ( Léon Battista Alberti 1435). Dans ce
domaine, les artistes du XVIe siècle dépassent en réalisme ceux du XVe s. Leur
peinture est plus expressive.
2) Des nouveaux thèmes (quelques exemples)
On comprend avec les exemples qui
précèdent que l’art se libère des codes religieux : si l’on n’hésite plus
à représenter Jésus comme un charmant bambin ordinaire, alors tout devient
possible !
- L’Antiquité est une source
d’inspiration nouvelle. Les artistes de la Renaissance reprennent volontiers
des images, des personnages, des situations issus de la mythologie. Dans le célèbre
tableau de Botticelli, la primavera
(le printemps) réalisé à Florence entre 1478 et 1482, on retrouve cette
influence antique. Un petit amour
volette au centre du tableau , 3 jeunes femmes qui font penser aux 3 Grâces sont en train de danser ; à
l’extrémité droite du tableau, un homme bleu, les joues gonflées (sans doute un
dieu du vent, un vent d’hiver...) tente d’enlever une autre jeune femme.
- Le corps humain : Le même Botticelli est l’auteur du 1er
nu féminin de la période (La
naissance de Venus, 1485). En grandeur nature, au centre du tableau, la
déesse de l’amour, Aphrodite, née de l’écume de la mer, s’apprête à poser pied
sur la terre. Elle est représentée comme une statue grecque (même pâleur de la
peau qui évoque la pierre blanche des statues, même posture déhanchée). Le nu
devient un thème majeur des artistes de la Renaissance, leur permettant de
mettre en valeur la perfection du corps humain et la précision de leur
technique picturale (encore une fois, on retrouve cette volonté d’un art
réaliste, d’un art du détail : carnation, musculature …)
=>Même si la Bible reste
une source privilégiée d’inspiration, l‘art se libère partiellement de
l’emprise de la religion catholique.
- L’art du portrait (voir p. 143). Alors qu’au
Moyen Age, les portraits sont rares et réservés aux princes et princesses
(portraits de fiançailles et mariage, scènes enluminées de dédicace des livres,
profils royaux sur les monnaies …), le portrait se démocratise et se
transforme. Qui est la Joconde par exemple ? Une jeune épouse qui vient de
donner un fils à son marchand de mari et celui-ci est si content qu’il demande
à Léonard de Vinci de peindre sa femme. Alors que seuls les dieux et les
rois pouvaient être représentés de face et que le commun des mortels était
forcément représenté de profil, les portraits de la renaissance se tournent de ¾
puis finissent par regarder le regardeur (nous) directement dans les yeux. D’ailleurs,
on trouvera souvent dans les compositions de groupe un ou plusieurs personnages
qui accrochent du regard le regardeur de la fresque (cf Ecole d’Athènes). Ce
jeu regardeur/regardé est comme une main tendue, un lien entre les deux
réalités, celle du tableau et celle du monde réel dans lequel se tient le
regardeur. Ce jeu fait du cadre du tableau une fenêtre vers une autre réalité
qu’on nous invite à regarder.
3) Liens privilégiés entre les
artistes et leurs commanditaires => début du mécénat
En ce qui concerne les
« clients » des humanistes et des artistes, les documents nous
permettent de dire qui ils sont : soit des princes comme François Ier et
Laurent le Magnifique à Florence, soit de riches bourgeois. Curieux, amateurs
d’art, ils cherchent à embellir leur vie quotidienne, à fixer les images des
moments importants de leur vie ou des êtres chers. L’art et la culture sont
aussi pour eux un moyen d’affirmer leur position sociale. C’est un signe de
leur richesse et de leur éducation. Les artistes sont, et ce n’est pas nouveau,
au service des princes pour en exalter le pouvoir. L’artiste est au service
de la propagande des hommes de pouvoir. Du point de vue des princes, patronner
des artistes (leur passer des commandes, les avoir à leur service) est une
manière incontournable d’affirmer ses vertus personnelles (magnificence, sagesse,
science…). La représentation de la cour est une mise en scène qui affirme au
reste du monde la gloire de son prince et renforce sa légitimité. Ainsi les
princes s’arrachent les meilleurs artistes : ce qui est donc nouveau à la Renaissance,
c’est le statut de l’artiste qui devient une « célébrité » : ils
signent leurs œuvres et n’hésitent pas à se représenter eux-mêmes dans leurs
tableaux (cf Ecole d’Athènes). De plus en plus nombreux sont les grands
artistes qui, à partir du XVIe siècle,
sont anoblis par leur mécène, tel le Titien anobli par Charles Quint en 1533.
= Peut-on comprendre le monde ? retour à l’Antiquité, ouverture aux sciences
+ mécénat + évolution des codes artistiques
C) L’essor d’un nouvel esprit scientifique et
technique – XVI°->XVIII° siècle
De façon logique, le 16e siècle marque aussi le
début de progrès scientifiques et techniques qui vont propulser la civilisation
européenne au rang de civilisation dominante au niveau mondial car ils
permettent la colonisation (voir leçon suivante)
1) Méthodes
et domaines de recherches
Ici encore, il s’agit d’une
rupture avec le Moyen Age, car dans la droite ligne des idées humanistes, les
savants du XVIe s privilégient l’étude de la nature et du corps humain, selon
une méthode empirique (partir des observations pour déduire les éléments de
compréhension) et sans a priori religieux.
Par exemple, en médecine, l’anatomie
profite des dissections des cadavres, en bravant les interdits religieux, ainsi
que de la médecine de guerre sur les blessés.
Exemple
développé : Vésale, père de la médecine moderne ?
Eléments biographiques
- 1533-1536 : Etudie la médecine à Paris. Y reçoit l’enseignement strictement inspiré de Galien.
- 1537 : Est reçu Docteur de l’Université de Padoue, est nommé professeur d’anatomie et de chirurgie. L’Université de Padoue soutient les innovations et idées nouvelles.
- 1543 : Publie à Bâle du livre De humani corporis fabrica (663 pages). Il y dénonce environ 200 erreurs de Galien.
- 1544 : Devient médecin de l’empereur Charles Quint et l’accompagne dans ses déplacements.
Doc 1: Une critique
des pratiques traditionnelles
L’abandon aux barbiers de
toute la pratique fit non seulement perdre aux médecins toute connaissance
réelle des viscères, mais aussi toute habileté dans la dissection. Cependant,
les barbiers à qui ils avaient abandonné la technique étaient tellement
ignorants qu’ils étaient incapables de comprendre les écrits des professeurs de
dissection […]. Dans les Ecoles*, on confie aux uns la dissection du
corps humain pendant que les autres commentent les particularités des organes.
Ces derniers, à la façon des geais, parlent de choses qu’ils n’ont jamais
abordées de près, mais qu’ils ont prises dans les livres […]. Les autres sont
tellement ignorants des langues** qu’ils ne peuvent fournir aux
spectateurs des explications sur les pièces disséquées. Ainsi tout est enseigné
de travers ; les journées passent à des questions ridicules et, dans tout
ce tumulte, on présente aux assistants moins de choses qu’un boucher, à
l’abattoir, ne pourrait en montrer à un médecin.
André Vésale, La
Fabrique du corps humain, 1543
* Ecole de médecine **
langues anciennes : latin, grec
1) Relever dans le texte les deux critiques essentielles de
Vesale sur l’enseignement de la médecine du corps humain. (Pour vous aider, la
critique repose sur le constat d’une séparation des domaines de compétences
entre théoricien -professeurs- et praticiens -barbiers-)
Doc 2 : Planches
anatomiques
1) Comparer
les deux planches anatomiques (à gauche, médecine traditionnelle / à droite
médecine nouvelle) : que constatez-vous ?
2) Comment
expliquait-on le fonctionnement du corps humain au Moyen Age (planche de
gauche)
Doc 3 : la leçon d’anatomie du Dr. Tulp, Rembrandt,
1632 (manuel p.224)
Ce
tableau montre que le public bourgeois est curieux de ces innovations
scientifiques. L’intérêt pour les sciences est le même que celui pour les arts
(c’est aussi un moyen de distinction sociale par exemple). Aussi les
publications scientifiques se développent et il est bon de posséder des livres
de science dans sa bibliothèque.
Les rois et princes soutiennent
le plus souvent la recherche scientifique et au XVIIe siècle, ils l’organisent
en créant des Académies. Par exemple, sur le modèle italien, Louis XIV fonde l’Académie de danse (1661), l’Académie de musique (1669),
l’Académie d’architecture (1671) s’ajoutent à l’Académie française (1635) et à
l’Académie de peinture et de sculpture, créée en 1648, réformée par Colbert en
1663. La création de l’Académie des
sciences en 1666 s’intègre dans ce grand projet de la monarchie absolue visant
à placer l’ensemble de la vie culturelle sous sa tutelle, d'autant que Colbert
a compris que les progrès scientifiques pouvaient se traduire en progrès
techniques capables d’accroître la puissance de la France tout en exaltant la gloire du roi. manuel p.232
Exemple
n° 2 : les cartes géographiques
Doc
1 : Le monde connu en 1492 : Le globe de Martin Behaim (1492)
Réalisé en 1492, le globe de
Martin Behaim, commerçant et cartographe allemand, est le plus ancien globe
terrestre connu. Il reflète la vision du monde des Européens à la fin du Moyen
Âge, avant la découverte de l’Amérique. A consulter en 3D dans Gallica => https://c.bnf.fr/CnE
Les Globes étaient à la
fois des objets de science et des objets de luxe : Objets coûteux et
prestigieux, les globes terrestres peints sont produits majoritairement en
Hollande au XVIIe siècle et en Italie. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle,
profitant de l'engouement pour les voyages d'exploration, le globe devient un
objet plus familier.
Jusqu'au milieu du XVIe
siècle, plusieurs concepts de Terre coexistent sans fusionner : à la fois un
élément qui, avec le feu, l'eau, l'air, entre dans la composition de toute
chose et une création de Dieu donc objet de la théologie; enfin, comme la
demeure des hommes, elle est souvent représentée de façon carrée (les 4 points
cardinaux). Le XVIe siècle voit l'apparition d'une conception géographique unifiée
de la Terre. Celle-ci est à la fois pensée, décrite et perçue comme Terre
universelle, comme surface parcourable et mesurable. Les cartes se précisent
et utilisent de plus en plus des outils mathématiques : lire par exemple la détermination de la latitude et de la longitude sur la fiche wikipedia :
(= doc 2)
Remarque : compléter le cours en lisant le manuel
pour les progrès scientifiques aux XVII et XVIIIe siècles = à partir de la p.
225
Cependant, les progrès scientifiques se heurtent parfois à l’intolérance
de l’Eglise catholique. Certes, il y a des cardinaux, comme d’autres grands
seigneurs, qui sont mécènes et très favorables aux innovations dans les
Sciences et les Arts. Mais l’Eglise catholique est sur la défensive (voir suite
du chapitre) car elle répond aux critiques du Protestantisme. Elle utilise donc
les outils traditionnels, hérités du Moyen Age, de lutte contre l’hérésie pour
condamner les idées scientifiques ou humanistes qui contredisent le dogme. Le
tribunal de l’Inquisition est à la manœuvre (il a été créé en 1233) pour
intimider les savants et la censure permet de réduire la diffusion des idées
nouvelles (ouvrages interdits sont mis à l’Index = catalogue
de l’Eglise qui recense les livres interdits)
fiche d'activité Galilée ou manuel p.228-229
1564 :
naissance de Galilée à Pise
1592 :
enseigne à l’université de Padoue les mathématiques et l’astronomie selon le
système de Ptolémée.
1609 :
perfectionne une lunette apportée par un artisan hollandais.
1610 :
publie le résultat de ses observations dans Le messager des étoiles.
1632 :
défend la thèse de Copernic dans son livre Dialogue sur les deux grands
systèmes du monde, celui de Ptolémée et celui de Copernic écrit en italien.
1633 :
condamnation de Galilée à Rome par le tribunal de l’Inquisition. Menacé de
torture, Galilée abjure.
1642 :
mort de Galilée, en résidence surveillée à Florence.
+ texte abjuration manuel p.242 + peinture procès p.245
BILAN
La science moderne est
caractérisée par une nouvelle méthode qui privilégie l’expérience et
l’induction. Elle adopte un langage spécifique, les mathématiques,
qui permettent de rendre compte du mouvement de phénomènes naturels. Des
instruments sont nécessaires pour préciser et quantifier les résultats des
expériences. Il en découle une nouvelle conception de la science qui est
déclarée autonome et non plus soumise au contrôle de la théologie. Cependant, l’Eglise
qui reste puissante s’inquiète de ces progrès scientifiques et tente d’en limiter
la diffusion.
II/ Une
période de crises : Les guerres de
religion et guerres civiles
A) La réforme protestante
1)
Luther
Dossier manuel pp148-149
Qui est
Luther ? Moine de l’ordre des Augustins => un clerc de l’église catholique.
Révolté par les Indulgences et la corruption de l’Eglise.
Doc : Une indulgence de 1521
Une indulgence est un "bout de papier" officiel, délivré par les clercs de l'Eglise catholique et qui vaut rémission de péchés (les péchés sont pardonnés et donc le temps de purification que l'âme du fidèle aurait dû passer au Purgatoire est réduit). Vous observez que le texte se compose d’une partie qui est stéréotypée avec des zones laissées blanches et complétées au moment de la « vente » avec le nom du « vendeur » et celui du fidèle qui a acheté l’indulgence.
Doc 1p.148 :
les 95 thèses sont affichées sur la porte de l’Eglise de Wittenberg (Allemagne).
Le texte circule rapidement
La
dénonciation d’une pratique pontificale
«
Les prédicateurs de l’indulgence sont dans l’erreur quand ils disent que les
indulgences du pape délivrent l’homme de toutes les peines et le sauvent. Pourquoi le pape dont le sac est aujourd’hui plus gros
que celui des plus riches, n’édifie-t-il pas au moins la nouvelle basilique
Saint Pierre de Rome avec ses propres deniers, plutôt qu’avec l’argent
de ses fidèles […]. Tout vrai chrétien vivant ou défunt, participe à tous les
biens de l’Église par la grâce de Dieu et sans lettre d’indulgence. Le
véritable trésor de l’Église, c’est le sacro-saint Evangile… »
Citation de Luther dans « thèse sur
les indulgences » (1517)
Comment
croire ?
«
C’est la foi seule, sans aucun concours des
œuvres qui confère la justice, la liberté, la
félicité. Si tu crois, tu obtiendras, si tu ne crois pas, tu
n’obtiendras pas. Tu dois t’abandonner [à Dieu] avec une foi robuste et lui
faire hardiment confiance, alors, à cause de cette foi, tous tes péchés seront
pardonnés. »
Citation de Luther extraite de « De
la liberté du chrétien » (1520)
Citation
1 : Luther critique le fait que le
pape vende des indulgences afin de financer la construction de l’église
Saint-Pierre de Rome. Il considère que c’est contraire aux Evangiles car, selon
lui, Dieu accorde sa grâce « sans lettre d’indulgence ». Les sources de
l’enrichissement de l’Eglise catholique sont menacées.
ð Citation 2 :
Luther affirme que seule la foi du chrétien va lui permettre d’obtenir son
salut. Les « œuvres » dénoncées par Luther sont : l’achat
d’indulgences mais aussi les messes, les pèlerinages, les cultes des saints. Mais
si seule la foi sauve, le contrôle de l’Eglise catholique sur la vie
quotidienne des fidèles est lui aussi menacé.
MAIS ce
n’est pas une nouveauté. Déjà au MA, il y a eu d’importants mouvements
réformateurs qui voulaient revenir à ce qu’ils estimaient être la pureté
originelle de l’Eglise : pauvreté, vie communautaire, vie conforme à la
morale chrétienne, autonomie par rapport à la hiérarchie de l’Eglise. Certains parviennent à négocier une place AU SEIN de l’Eglise
catholique ex. L’ordre cistercien qui se crée contre l’ordre clunisien (Robert
de Molesmes 1098)+ ex l’ordre mendiant mineur (= dit aussi ordre Franciscain du
nom de son fondateur St François d’Assise 1210) ; mais d’autres mouvements
sont considérés comme hérétiques et sont persécutés : c’est le cas des cathares,
laïcs du sud de la France qui refusaient les sacrements catholiques, écrasés
par l’armée royale au début du XIIIe siècle (bataille de Muret 1213) , le
mouvement des bégards et des béguines, laïcs qui vivaient en commun dans la
pauvreté, condamnés en 1311 par le pape …
Qu’est-ce
qui change avec Luther ? Pourquoi Luther réussit la Réforme, alors que les
mouvements précédents du MA ne l’avaient pas réussi ? = Texte 2 p.148
Relevé
d’information :
appui des humanistes + un message rassurant pour les fidèles car le message
luthérien est simple (il suffit d’avoir la foi pour gagner le paradis) + une
diffusion plus large des idées dans le peuple grâce à l’imprimerie et aux
écrits en langue vernaculaire. Et je rajoute ce qui n’est pas dans le texte, l’appui
de certains princes (cf courte bio de la p.148 : Luther, alors qu’il est
excommunié, est protégé par l’électeur de Saxe, Fredéric III qui refuse de le
livrer à l’empereur Charles Quint, au risque de déclencher une guerre.
+ agitation sociale en Allemagne (ce
qui n’est pas nouveau non plus): soulèvement paysan entre 1524 et 1526, à l’initiative
de Thomas Münzer, prédicateur allemand en Bohème qui s’inspire des idées de
Luther mais va encore plus loin que lui dans la rupture avec le catholicisme
(Son texte = Protestation date de 1522) et il appelle à détruire les « souverains
impies ». => répression
2)
Une
nouvelle religion ?
Doc 3 p. 149
Cette gravure rehaussée de
couleurs de Lucas Cranach est clairement anti-catholique
Qu’est ce qui
est reproché à l’Eglise catholique ?
A l’inverse, quelles
sont les grandes caractéristiques de la vie religieuse protestante ?
Quelles sont
les différences de croyances ?
Répondre à la
question posée par le titre : le Luthérianisme est-elle une nouvelle
religion ?
Bilan
Dans les milieux humanistes où règne
une liberté d’esprit et un esprit de plus en plus critique vis-à-vis de
l'église catholique, des voix s’élèvent réclamant une réforme de l'Eglise. L’humanisme
a préparé la Réforme.
Les Protestants condamnent
certains éléments du culte catholique qu’ils considèrent comme quasiment païens.
Ainsi, le culte rendu aux saints (et à leurs reliques) les
gêne énormément car cela revient pour eux à des pratiques quasi magiques. Les Protestants reprennent aussi
les idées humanistes autour le libre-arbitre :
c’est à lui de décider de conformer ses actes à sa Foi, qui seule sauve. Obéir aux
rituels de l’Eglise catholique sans comprendre véritablement le sens de ce que
l’on fait n’a aucun intérêt. Pour lutter contre cette déviation de la croyance,
ils comptent sur l’instruction des fidèles qui doit être, selon eux, plus
poussée. Ceci est obtenu par la prédication du texte même de la Bible, faite
par le Pasteur. Cette étude du texte sacré directement par les fidèles est
centrale dans le culte protestant. Mais la volonté de réforme est surtout
motivée par les nombreux abus auxquels se livrent les gens d’Eglise à commencer
par le premier d’entre eux : le Pape. C’est ce qui explique que pour la
première fois, le peuple (une grosse minorité) approuvait et soutenait les
réformateurs et que les critiques
débouchent sur un schisme, sur la création d’une nouvelle Eglise qui se
présente comme Eglise réformée.
A la suite
de Luther, le mouvement protestant se divise en deux
Le
calvinisme : il est fondé
par le français Jean Calvin, un humaniste qui se rallie aux idées de Luther. Il
s’exile en 1534 à Genève, où il élabore sa propre doctrine. Elle reprend
l’essentiel des idées luthériennes, mais s’en distingue par la croyance en la prédestination
(croyance selon laquelle Dieu aurait choisi
dès l’origine la destination finale de chaque homme : l’enfer ou le paradis). A partir de
1541, Calvin organise et dirige l’Église de Genève. Celle-ci est indépendante
du pouvoir civil et impose aux fidèles une discipline de vie à la fois stricte
et austère : surveillance de la moralité de chacun, interdiction des jeux et
représentations théâtrales.
3)
La réaction catholique : la
contre-réforme
Dossier p.
150-151 : Pour contrer
l’expansion protestante, l’Eglise catholique va aussi entreprendre de se
réformer par le Concile de Trente (1545-1563) tout en gardant ses dogmes et en
considérant les protestants comme des hérétiques.
Les décisions du concile visent à moraliser et discipliner le clergé
de l’Eglise catholique, à accentuer l’instruction religieuse des fidèles,
confiée aux jésuites (La Compagnie de Jésus est fondée en 1534 par Ignace de
Loyola). Pour contrer l’austérité protestante, l’Eglise catholique réaffirme que
la splendeur des églises est des œuvres d’art, par analogie, est le reflet de
la gloire divine au ciel.
B) Les guerres de religion
1)
Massacres et intolérances religieuses
Au XVIe siècle, des guerres de religion opposent les
souverains catholiques aux populations protestantes dans l’Empire allemand, en
France et dans les Pays-Bas espagnols. Le principe largement admis à l’époque c’est
que les peuples doivent avoir la religion de leur prince : aussi, il n’y a
pas de tolérance religieuse. La France est un pays catholique avec une minorité de protestants
Deux exemples : le sac de Rome et le massacre
de la St Barthélémy
Deux exemples : le sac de Rome et le massacre
de la St Barthélémy
Le massacre de la St
Barthélémy (manuel pp.
168-169) est un des épisodes des guerres de religion françaises. C’est le
point culminant de la guerre civile et
religieuse qui déchirait le royaume depuis 1562 : il y avait eu des
tensions et des massacres avant, mais à partir des 1562, les Huguenots, organisés
et ont l’appui des grandes familles nobles dont la famille de Navarre qui
appartient à la famille royale s’opposent militairement au parti catholique, la
Ligue, dirigée par Henri de Lorraine, duc de Guise, proche du roi et de la
reine.
Que s’est-il passé ? Comment interpréter cet
événement ?
Regarder les extraits de la reine Margot + faire l’activité du manuel (fiche à compléter ici)
Durant l'été 1572, les princes protestants, qui, à l'image de
Coligny, préféraient se tenir éloignés de la cour où ils craignaient d'être
assassinés, se réunirent à Paris pour assister au mariage d'Henri de Navarre
avec Marguerite de Valois, soeur de Charles IX.
Le
22 août au matin, un attentat fut perpétré contre l'amiral de Coligny, auquel
celui-ci réchappa. On a longtemps cru que Catherine de Médicis était le
commanditaire de l'attentat, mais la responsabilité du duc de Guise, chef de la
ligue catholique, et derrière lui de l'Espagne, pays leader du monde
catholique, est plus vraisemblable. Ce qui est certain, c'est qu'ensuite plus
personne ne paraît avoir été en mesure de contrôler la situation, et les
événements se précipitèrent. L'attentat attisa l'inquiétude légitime des
protestants et la crainte de la famille royale, alimenta le bruit d'une
conjuration huguenote, et fit se multiplier les critiques contre le roi, accusé
d'avoir commandité l'assassinat de Coligny. La
décision du massacre des chefs protestants aurait été prise par le roi (et
Catherine de Médicis) en son Conseil.
La première partie du massacre se déroula au Louvre et dans les
hôtels des princes protestants. Au Louvre, certains, tels Henri de Navarre et
Henri de Condé, princes du sang, furent contraints d'abjurer et ne furent
épargnés qu'à cette condition. Quant à Coligny, il fut assassiné par des hommes
du duc de Guise.
Par
la suite, les hommes de l'ancien prévôt des marchands, Claude Marcel, un
catholique guisard, poursuivirent l' œuvre des tueurs mandatés par le roi, et
ils multiplièrent les assassinats non commandités par quelque autorité que ce
soit. Tous les contemporains insistent sur le caractère inattendu d'une «fureur
incroyable», brusquement surgie du peuple et impossible à contrôler. Les
massacres ne cessèrent pas avant le 29 août. Pour
comprendre la dimension populaire du massacre, il convient de rappeler
l'atmosphère parisienne en cette fin du mois d'août 1572 : la cherté des prix
renforcée par l'afflux d'aristocrates venus pour le mariage royal ; des sermons
violemment antiprotestants dans les églises, dénonçant en particulier
«l'accouplement exécrable» entre Marguerite de Valois et Henri de Navarre ; des
pamphlets annonçant la colère de Dieu pour punir les hommes pécheurs ; des
bruits et des rumeurs suivant lesquels le roi lui-même «voulait se faire
huguenot» ; enfin de fortes chaleurs et une ville surpeuplée. Bref,
Paris était virtuellement en état d'émeute dès le 23 août. Aussi, dès que
la nouvelle se répandit du massacre des chefs protestants, une partie de la
population passa à l'action. Partout le pillage accompagna le massacre, et
aucun ordre ni aucune force ne semblent avoir été en mesure de pouvoir
l'arrêter.
Bilan : En province aussi des massacres
eurent lieu. Peut-on établir un bilan ? Les historiens contemporains parlent de
5'000 (chiffre minimal) à 100'000 (chiffre maximal) victimes pour la France,
dont sans doute 2'000 à Paris, ce qui représente environ 1 % de la
population de la capitale.
Le mardi 26 août, devant le parlement de Paris, lors d'un
solennel lit de justice, Charles IX déclara que «ce qui est
ainsi advenu a été son exprès commandement (...) pour obvier et prévenir
l'exécution d'une malheureuse conspiration faite par ledit amiral et sesdits
adhérents et complices».
Ainsi, le souverain décidait de
prendre officiellement en charge la responsabilité du massacre.
Désormais,
et pour longtemps, le fondement même de la monarchie - c'est-à-dire la
conception d'un roi de justice institué par Dieu pour l'ensemble de ses sujets,
bouclier protecteur de tout son peuple contre les ennemis, intouchable parce
que résolument situé au-dessus de tous les partis - se trouvait fragilisé.
Après le massacre, de nombreux et violents pamphlets huguenots dénoncèrent, par
le texte et par la gravure, la barbarie catholique et royale. Ainsi l'événement
fit-il resurgir la théorie de la résistance à l'Etat, une résistance qui
pouvait aller jusqu'au régicide si le souverain outrepassait certaines limites.
Mais dans le même temps, Charles IX, en invoquant l'imminence
du péril pour justifier le massacre, mit en pratique une notion nouvelle, qui
sera théorisée à peine quinze ans plus tard, et dont l'histoire n'est toujours
pas close : la «raison d'Etat», par laquelle justifier l'abus de pouvoir peut
se faire au nom même de l'exercice du pouvoir. En cela, la Saint-Barthélemy est l'un des événements fondateurs de la modernité
en politique.
2) La
division de l’Europe
Carte p.138 : la division religieuse de l’Europe.
Cas particulier de la France, qui depuis l’édit de Nantes de
1598 (manuel pp.170-171 et
notamment le doc 1) est un pays qui non seulement tolère l’existence et
la pratique religieuse d’une minorité protestante (les Huguenots), mais leur
fournit les instruments de sa protection (place-fortes…). Cependant, Louis XIV
met fin à cette exception en révoquant l’édit de Nantes en 1685. A nouveau, la France
est un Etat où il n’y a qu’une seule foi et qu’une seule loi
Persécutées par le roi d’Espagne, les provinces protestantes
des Pays-Bas espagnols fondent un nouvel Etat, les Provinces-Unies en 1578. Cette
République est donc le seul Etat à pratiquer la liberté religieuse. Beaucoup de
Huguenots français iront s’y installer. Voir carte p.171
Entre 1618 et 1648, c’est la guerre de Trente ans entre les Etats
catholiques et Etats protestants du Saint-Empire. En 1648, les guerres
de religion prennent fin. A cette date, la chrétienté occidentale se partage
« définitivement » entre Etats catholiques et Etats protestants.