Correction analyse
texte Michel de Montaigne p.130 (référence = manuel Hachette)
La consigne : A partir de l’analyse du texte et de vos connaissances,
montrez comment Montaigne
décrit la société amérindienne avant l’arrivée des Européens, puis expliquez les conséquences de
leur conquête sur les sociétés d’Amérique.
En jaune : il faudra donc, comme
toujours dans une analyse de document, que dans chaque paragraphe, vous
releviez les informations du texte qui, dans un deuxième temps, devront être
explicitées et approfondies par des connaissances extérieures au document (=
vos connaissances de cours)
En bleu = partie 1. Le thème de
cette partie 1 est défini par le mot clef = « décrit la société
amérindienne ». La période considérée = AVANT la conquête
En vert = partie 2. Le thème de cette
partie 2 est défini par le mot clef « conséquence de la conquête ».
Conséquences pour qui ? = les sociétés amérindiennes.
En introduction = présentation comme d’habitude du
document étudié = Auteur (pensez à reprendre les lignes sous le doc qui présentent
Montaigne), date (1588), source (Essais, livre II, chapitre VI). Puis
contextualisation : rappeler les grandes dates et les principaux acteurs
de la conquête du continent américain. Puis idée principale du texte (elle
ne peut se définir que quand on a déjà fait tout le travail d’analyse au
brouillon) = l’avis de Michel de Montaigne sur la conquête coloniale par
les Espagnols et les Portugais du continent américain est originale pour son
époque puisqu’il la condamne.
La partie 1
Que dit Montaigne ? Liste des relevés et
interprétation = travail au brouillon
Les Amériques sont un « nouveau
monde » c’est-à-dire jusqu’ici inconnu des Européens ;
« grand » ;
« plein et fourni de membres » = peuplé ;
« il y a 50 ans, il ne connaissait ni
lettres, ni poids et mesures, ni vêtements, ni céréales, vignes, il vivait nu
dans le giron de la mère nourricière (= la nature), et ne vivait que par
les moyens qu’elle lui fournissait » = chasseur/cueilleur mais pas
agriculteur = non civilisé. On remarque que pourtant Montaigne ne dit pas
qu’ils sont moins civilisés, il n’utilise pas le terme de civilisation ou de
barbarie, il ne dit pas que les Européens sont supérieurs (comme Sépulvéda lui
le faisait). Il faudra insister sur ce point dans la rédaction et expliquer
pour Montaigne ne reprend pas à son compte l’opinion commune des Européens de
son temps. C’est cela faire une analyse critique de document. Lui Montaigne
utilise plutôt les mots suivants : « si enfant » (donc
plus positif que « barbare » ou « sauvage »)
« qu’on lui apprend
encore son a.b.c » les Européens sont en train de la transformer sur
leur modèle
«La stupéfiante magnificence
des villes de Cuzco et de Mexico….ils ne nous cédaient pas en habileté »
= la vision positive de Montaigne se confirme, il évoque la beauté des villes
et des jardins, des œuvres d’art amérindiennes ; il parle de l’habileté
des artistes et artisans amérindiens. Il dit aussi explicitement que les
Amérindiens n’étaient pas moins habiles, moins capables de créer la beauté que
les Européens. « la plus riche et la plus belle partie du monde »
dit-il à la fin de l’extrait. Il dit aussi que les Indiens étaient autant
capables de raison que les Européens :« La plupart de leurs
réponses et des négociations faites avec eux témoignent qu’ils ne nous devaient
rien en clarté et en pertinence ». Donc, contrairement à Sépulvéda,
Montaigne ne croit pas à la supériorité de la civilisation européenne sur la
culture amérindienne : il dit juste que c’était différent, un « autre
monde » comme c’est dit dans la première phrase. Il le redit plus loin
dans le texte en renversant la perspective et en se plaçant du point de vue des
Indiens : « le juste étonnement qu’apportaient à ces nations-là
l’arrivée inattendue de gens barbus, si différents par la langue, la religion,
l’apparence et le comportement ».
Quelles sont donc les idées du
texte qui structurent le premier paragraphe ? comment compléter avec des connaissances de
cours ?
1-
Montaigne décrit un autre monde
Grand, peuplé, sans agriculture,
de culture totalement différente de celle des Européens. Nuancer : on sait grâce
au cours que tous les peuples amérindiens n’étaient pas des tribus de
chasseurs-cueilleurs, mais qu’il y avait de grands empires (Incas, Mayas) avec
des techniques complexes de gestion de l’eau, d’administration …
2-
Montaigne le décrit de façon positive
Beauté de ses villes et de ses
jardins, richesse (or, perles et pierrerie, poivre…) Montaigne fait une allusion => utiliser le
doc 1 p. 116 pour décrire la complexité et la beauté de la ville de Mexico
3- Montaigne
ne souscrit pas à l’idée de la supériorité de la civilisation européenne sur
les cultures amérindiennes.
Citer les éléments du texte qui
le prouvent. PUIS Il
faut donc amener les infos vues dans l’EDC sur la controverse de Valladolid et
exposer l’opinion de Sépulvéda qui est l’exact inverse de la position de
Montaigne.
Bilan partie 1 : un monde
« enfant » dit Montaigne qu’il présente positivement. En fait c’est presque un
monde idyllique, un paradis terrestre.(cette idée a été dans l’étude de
cas valladolid, mythe du bon sauvage)
La partie 2
Que dit Montaigne ? Liste des relevés et
interprétation = travail au brouillon
« Je crains bien que nous
n’ayons hâté son déclin … et que nous lui aurons bien cher vendu nos opinions
et nos arts ». La suite du texte va apporter les arguments de
Montaigne pour justifier cette phrase. C’est donc une thèse. Je propose de ne
pas annoncer cette thèse tout de suite en début de partie 2,mais de l’utiliser comme
bilan et ceci afin de ne pas créer une rupture dans le raisonnement la fin de
la partie 1.
Nous avons terminé la partie 1
sur l’idée que Montaigne réfute la prétendue supériorité européenne. Or voici
ce qu’il dit juste après : « nous ne l’avons pas soumis (…) par la
supériorité de notre valeur et de nos forces naturelles », mais dit-il
plus loin « ce qui les a vaincus, ce sont les ruses et les mensonges
avec lesquels les conquérants les ont trompés ». « Nous nous
sommes servis de leur ignorance et de leur inexpérience » = ignorance
de la duperie et de la trahison doit-on comprendre => Donc Montaigne
renverse l’équation Européens > Amérindiens. Dans son texte les Amérindiens
sont supérieurs moralement aux Européens (il dit « nous » et
pas « les conquistadors »). Il rejoint par là la position de
Bartolomé de Las Casas, qu’il a sûrement lu.
La suite du texte confirme cette
idée. Les Européens ont apporté (« nous les avons pliés …à l’exemple et
sur le patron de nos mœurs ») en Amérique « la trahison, la luxure,
l’avarice et toute sorte d’inhumanité et de cruauté ». Les phrases qui
suivent apportent des exemples de ces cruautés « tant de villes rasées,
tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de
l’épée. »
« Notre monde vient d’en
trouver un autre » + « qui fit jamais payer un tel prix pour les
profits du commerce et du trafic ? » « la plus belle partie du
monde bouleversée pour la négociation des perles et du poivre ». Avec
ces dernières phrases Montaigne rappelle de façon allusive les raisons de la
découverte puis de la conquête du continent américain : le commerce des
épices et des richesses amérindiennes que mettent en place les colons.
Quelles sont donc les idées du
texte qui structurent le 2eme paragraphe ? comment compléter avec des connaissances de
cours ?
1-
MAIS Les Européens ont apporté la violence et la
destruction dans le paradis terrestre (cette phrase servira de transition entre
les deux parties.
Conquête par la force et la ruse,
massacres, destruction des cités, monde bouleversé. Il faudra donner des exemples précis pour
illustrer ces allusions de Montaigne. Reprendre les exemples du manuel évoqués
en cours : pour la cruauté, doc 2p.116 et 2 p.117. Compléter avec le
travail forcé (3 et 4p123) et le choc épidémiologique/microbien (cours)
Bilan = un ethnocide (« déclin et
ruine »)
2- Ils
l’ont fait pour l’argent
Citations texte + rappels des causes des
voyages d’exploration et rappel mise en place de l’exploitation économique des
richesses naturelles du continent américains / commerce transatlantique
3- Ils
sont moralement inférieurs aux amérindiens.
Citations du texte.
Conclusion
Bilan = critique de la
conquête car destruction d’une culture autre, de peuples moralement bien
supérieurs aux Européens qui les dominent. Les positions de Montaigne
rejoignent celles de B. de Las Casas
Ouverture = Montaigne
annonciateur des philosophes des Lumières avec l’idée que différences ne veut
pas dire infériorité, l’idée de la tolérance et du refus de la cruauté, fut-ce
au nom de la religion et du progrès « nous leur avons fait payer bien cher
nos opinions et nos arts »
Un point d’étonnement.
Montaigne ne dit rien des esclaves africains. Peut-être ailleurs dans les Essais ?