samedi 23 mai 2020

"Notre monde vient d'en trouver un autre" (M. de Montaigne)

Correction analyse texte Michel de Montaigne p.130 (référence = manuel Hachette)

 

La consigne : A partir de l’analyse du texte et de vos connaissances, montrez comment Montaigne décrit la société amérindienne avant l’arrivée des Européens, puis expliquez les conséquences de leur conquête sur les sociétés d’Amérique.

En jaune : il faudra donc, comme toujours dans une analyse de document, que dans chaque paragraphe, vous releviez les informations du texte qui, dans un deuxième temps, devront être explicitées et approfondies par des connaissances extérieures au document (= vos connaissances de cours)

En bleu = partie 1. Le thème de cette partie 1 est défini par le mot clef = « décrit la société amérindienne ». La période considérée = AVANT la conquête

En vert = partie 2. Le thème de cette partie 2 est défini par le mot clef « conséquence de la conquête ». Conséquences pour qui ? = les sociétés amérindiennes.

 

En introduction = présentation comme d’habitude du document étudié = Auteur (pensez à reprendre les lignes sous le doc qui présentent Montaigne), date (1588), source (Essais, livre II, chapitre VI). Puis contextualisation : rappeler les grandes dates et les principaux acteurs de la conquête du continent américain. Puis idée principale du texte (elle ne peut se définir que quand on a déjà fait tout le travail d’analyse au brouillon) = l’avis de Michel de Montaigne sur la conquête coloniale par les Espagnols et les Portugais du continent américain est originale pour son époque puisqu’il la condamne.

 

La partie 1

Que dit Montaigne ? Liste des relevés et interprétation = travail au brouillon

Les Amériques sont un « nouveau monde »  c’est-à-dire jusqu’ici inconnu des Européens ;

« grand » ; « plein et fourni de membres » = peuplé ;

 « il y a 50 ans, il ne connaissait ni lettres, ni poids et mesures, ni vêtements, ni céréales, vignes, il vivait nu dans le giron de la mère nourricière (= la nature), et ne vivait que par les moyens qu’elle lui fournissait » = chasseur/cueilleur mais pas agriculteur = non civilisé. On remarque que pourtant Montaigne ne dit pas qu’ils sont moins civilisés, il n’utilise pas le terme de civilisation ou de barbarie, il ne dit pas que les Européens sont supérieurs (comme Sépulvéda lui le faisait). Il faudra insister sur ce point dans la rédaction et expliquer pour Montaigne ne reprend pas à son compte l’opinion commune des Européens de son temps. C’est cela faire une analyse critique de document. Lui Montaigne utilise plutôt les mots suivants : « si enfant » (donc plus positif que « barbare » ou « sauvage »)

«  qu’on lui apprend encore son a.b.c » les Européens sont en train de la transformer sur leur modèle

«La stupéfiante magnificence des villes de Cuzco et de Mexico….ils ne nous cédaient pas en habileté » = la vision positive de Montaigne se confirme, il évoque la beauté des villes et des jardins, des œuvres d’art amérindiennes ; il parle de l’habileté des artistes et artisans amérindiens. Il dit aussi explicitement que les Amérindiens n’étaient pas moins habiles, moins capables de créer la beauté que les Européens. « la plus riche et la plus belle partie du monde » dit-il à la fin de l’extrait. Il dit aussi que les Indiens étaient autant capables de raison que les Européens :« La plupart de leurs réponses et des négociations faites avec eux témoignent qu’ils ne nous devaient rien en clarté et en pertinence ». Donc, contrairement à Sépulvéda, Montaigne ne croit pas à la supériorité de la civilisation européenne sur la culture amérindienne : il dit juste que c’était différent, un « autre monde » comme c’est dit dans la première phrase. Il le redit plus loin dans le texte en renversant la perspective et en se plaçant du point de vue des Indiens : « le juste étonnement qu’apportaient à ces nations-là l’arrivée inattendue de gens barbus, si différents par la langue, la religion, l’apparence et le comportement ».

 

Quelles sont donc les idées du texte qui structurent le premier paragraphe ? comment compléter avec des connaissances de cours ?

1-      Montaigne décrit un autre monde

Grand, peuplé, sans agriculture, de culture totalement différente de celle des Européens. Nuancer : on sait grâce au cours que tous les peuples amérindiens n’étaient pas des tribus de chasseurs-cueilleurs, mais qu’il y avait de grands empires (Incas, Mayas) avec des techniques complexes de gestion de l’eau, d’administration …

2-      Montaigne le décrit de façon positive

Beauté de ses villes et de ses jardins, richesse (or, perles et pierrerie, poivre…) Montaigne fait une allusion => utiliser le doc 1 p. 116 pour décrire la complexité et la beauté de la ville de Mexico

3-      Montaigne ne souscrit pas à l’idée de la supériorité de la civilisation européenne sur les cultures amérindiennes.

Citer les éléments du texte qui le prouvent. PUIS Il faut donc amener les infos vues dans l’EDC sur la controverse de Valladolid et exposer l’opinion de Sépulvéda qui est l’exact inverse de la position de Montaigne.

Bilan partie 1 : un monde « enfant » dit Montaigne qu’il présente positivement. En fait c’est presque un monde idyllique, un paradis terrestre.(cette idée a été dans l’étude de cas valladolid, mythe du bon sauvage)

 

La partie 2

Que dit Montaigne ? Liste des relevés et interprétation = travail au brouillon

« Je crains bien que nous n’ayons hâté son déclin … et que nous lui aurons bien cher vendu nos opinions et nos arts ». La suite du texte va apporter les arguments de Montaigne pour justifier cette phrase. C’est donc une thèse. Je propose de ne pas annoncer cette thèse tout de suite en début de partie 2,mais de l’utiliser comme bilan et ceci afin de ne pas créer une rupture dans le raisonnement la fin de la partie 1.

Nous avons terminé la partie 1 sur l’idée que Montaigne réfute la prétendue supériorité européenne. Or voici ce qu’il dit juste après : « nous ne l’avons pas soumis (…) par la supériorité de notre valeur et de nos forces naturelles », mais dit-il plus loin « ce qui les a vaincus, ce sont les ruses et les mensonges avec lesquels les conquérants les ont trompés ». « Nous nous sommes servis de leur ignorance et de leur inexpérience » = ignorance de la duperie et de la trahison doit-on comprendre => Donc Montaigne renverse l’équation Européens > Amérindiens. Dans son texte les Amérindiens sont supérieurs moralement aux Européens (il dit « nous » et pas « les conquistadors »). Il rejoint par là la position de Bartolomé de Las Casas, qu’il a sûrement lu.

La suite du texte confirme cette idée. Les Européens ont apporté (« nous les avons pliés …à l’exemple et sur le patron de nos mœurs ») en Amérique « la trahison, la luxure, l’avarice et toute sorte d’inhumanité et de cruauté ». Les phrases qui suivent apportent des exemples de ces cruautés « tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l’épée. »

 

« Notre monde vient d’en trouver un autre » + « qui fit jamais payer un tel prix pour les profits du commerce et du trafic ? » « la plus belle partie du monde bouleversée pour la négociation des perles et du poivre ». Avec ces dernières phrases Montaigne rappelle de façon allusive les raisons de la découverte puis de la conquête du continent américain : le commerce des épices et des richesses amérindiennes que mettent en place les colons.

 

 

Quelles sont donc les idées du texte qui structurent le 2eme paragraphe ? comment compléter avec des connaissances de cours ?

1-      MAIS Les Européens ont apporté la violence et la destruction dans le paradis terrestre (cette phrase servira de transition entre les deux parties.

Conquête par la force et la ruse, massacres, destruction des cités, monde bouleversé. Il faudra donner des exemples précis pour illustrer ces allusions de Montaigne. Reprendre les exemples du manuel évoqués en cours : pour la cruauté, doc 2p.116 et 2 p.117. Compléter avec le travail forcé (3 et 4p123) et le choc épidémiologique/microbien (cours)

Bilan = un ethnocide (« déclin et ruine »)

2-      Ils l’ont fait pour l’argent

Citations texte + rappels des causes des voyages d’exploration et rappel mise en place de l’exploitation économique des richesses naturelles du continent américains / commerce transatlantique

3-      Ils sont moralement inférieurs aux amérindiens.

Citations du texte.

 

Conclusion

Bilan = critique de la conquête car destruction d’une culture autre, de peuples moralement bien supérieurs aux Européens qui les dominent. Les positions de Montaigne rejoignent celles de B. de Las Casas

Ouverture = Montaigne annonciateur des philosophes des Lumières avec l’idée que différences ne veut pas dire infériorité, l’idée de la tolérance et du refus de la cruauté, fut-ce au nom de la religion et du progrès « nous leur avons fait payer bien cher nos opinions et nos arts »

Un point d’étonnement. Montaigne ne dit rien des esclaves africains. Peut-être ailleurs dans les Essais ?


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