dimanche 5 janvier 2020

Le roi et le système féodal

Texte trouvé sur éducation.francetv.fr

Dans le principe, de vassal en suzerain, si l'on remonte la pyramide, le roi est au sommet, suzerain des suzerains, il est le « seigneur suprême ».


Enluminure du Maître de la Cité des Dames  -  Le roi adoubant le narrateur, Le Chevalier errant, roman de Thomas D’Aleran– Paris, début XVe siècle © BnF

Au-dessus des seigneurs dans la hiérarchie de la société, il incarne une fonction ultime d’intérêt général regroupé, nouée par une fonction symbolique : le roi est sacré, il n’existe que par un rite religieux, qui prend forme dans le sacre et le serment qu’il prête devant Dieu de défendre son « peuple chrétien ». Cependant, de l’effondrement de l’empire carolingien à la consolidation du système féodal, toute une période voit se renforcer la « société seigneuriale » et son réseau de « principautés », au détriment de la notion « d’état » et de royauté. Dès le début du Xème siècle, le paysage politique du domaine français est dominé par des princes qui, partout où c’est possible, relaient à leur profit les prérogatives royales, trament un maillage local où ils se placent en interlocuteurs premiers. Autour de l’an mil, la hiérarchisation des pouvoirs fonctionne mal et l’autorité royale n’est plus en état de défendre localement les sujets. Ces derniers se tournent, pour une protection rapprochée, vers les comtes et vicomtes, les ducs et les marquis, et la magistrature du roi devient essentiellement morale, insuffisante à empêcher le système des clientèles locales en train de se consolider. Le XIème siècle sera celui des seigneurs, les rois s’efforçant de contenir les excès du système, au milieu de l'éclatement de la souveraineté en une multitude de principautés indépendantes. Au XIIème siècle, Louis VI, dès le début de son règne, portera les premiers coups au système féodal en encourageant les pouvoirs communaux, s’en servant comme levier royal contre la puissance des vassaux ; les Croisades, de même, forceront les seigneurs à engager leurs pouvoirs à la couronne. Puis au XIIIème siècle, de Philippe Auguste à Philippe le Bel, les progrès du pouvoir royal arriveront à réimposer un gouvernement central. Le roi exige l’hommage de ses vassaux, intervient dans les fiefs, taxe de félonie ses vassaux indisciplinés, joue pour lui-même des sentiments de fidélité qui doivent s’attacher à la personne du seigneur. Se met alors en place une monarchie féodale, usant des obligations vassaliques pour faire plier principautés et seigneurs territoriaux. Par la force des armes, par des jugements, des achats, des jeux de succession, les souverains réuniront au domaine royal le plus grand nombre possible de fiefs, démembreront les privilèges des feudataires. Au-delà des Croisades, la guerre de Cent Ans posera la même contradiction entre la « mobilisation générale » d’un royaume et l’atomisation féodale. La question militaire se résoudra alors en arrachant la guerre aux seigneurs de la guerre et à leurs chevaliers, et en constituant une armée de métier à partir d’impôts centralisés : la question de fond est bien celle du passage de la féodalité à l’état royal.


Exercice : 
Transformez ce texte en frise chronologique

Grands repères chronologiques et notionnels sur le Moyen Age



L'expression « moyen âge » date du XVIIe siècle. De même au XVIe siècle, on nomma la nouvelle période « Renaissance » et le MA « les temps obscurs ». Ces termes suggèrent que la période de mille ans, archaïque et barbare, qui a rompu avec les modèles classiques de l'Antiquité, n'est que l'attente obscure des prestiges de la Renaissance et des Temps modernes. Cette longue période est pour la première fois réhabilitée au XIXe siècle, mais dans une vision simpliste (l’ère « gothique ») campée de caricatures romantiques, le preux chevalier et le serf. Depuis les années 1930, les historiens s'attachent à rendre son identité à cette longue période de lentes mutations, au cours de laquelle une société complexe s'est épanouie en Occident.
La longue période et le cadre spatial du continent rendent difficile une vision claire et simple de la chronologie et des périodes (durée dans laquelle il y a une certaine unité civilisationnelle) du MA.


Le haut Moyen Âge (fin du Ve-IXe siècle)
Caractéristiques :
·         ruralisation de l’économie, passage de l’esclavage au servage.
·         L'assimilation des Barbares : les rois barbares adaptent leurs lois au droit romain, maintiennent la langue latine, les villes antiques … MAIS la notion de droit public s'estompe, civil et militaire ne se distinguent plus, la valeur guerrière du chef, élu et mythifié devient essentielle. C’est lui qui distribue les terres et les pouvoirs à ses chefs militaires. Ceux-ci deviennent une noblesse







·         Le véritable ciment des communautés antiques et barbares est le christianisme. : le christianisme devient en Occident le passage obligé vers le pouvoir, car l’Eglise catholique est la seule force organisée, unie et présente dans toute l’Europe, qui a survécu à la disparition de l’empire romain.


Vers un grand empire chrétien : des Mérovingiens aux Carolingiens
Le sacre du roi Pépin le Bref à Saint-Denis, par le pape Étienne II en 754, confirme le prestige franc et marque un nouveau pas vers la sacralisation d'une famille : celle des Carolingiens. Le principe dynastique complète désormais l'élection coutumière et finit par la remplacer.
Le secours apporté par Charlemagne au pape, menacé par la noblesse romaine, fait du Carolingien le candidat à la restauration de l'empire d’Occident : son couronnement sanctionne cette évolution. Lors de la cérémonie romaine à la Noël 800, le pape Léon III, couronne l'empereur avant qu'il ne soit acclamé ce qui fait de Charlemagne un « empereur couronné par Dieu ». On sort définitivement des anciennes conceptions barbares du pouvoir.



Alors même que s'édifie une civilisation nouvelle, l'Empire carolingien révèle ses faiblesses. Toujours unifié sous Louis le Pieux, il profite encore un temps des conquêtes de Charlemagne.
Divisé par les fils de Louis le Pieux en trois royaumes rivaux, l'Empire carolingien n'a plus qu'une unité théorique. En « France », les invasions et l’affaiblissement du pouvoir amènent à la naissance de la féodalité. Mais en Germanie, où le roi a conservé le contrôle des duchés régionaux, l'idée d'empire et les structures carolingiennes sont assez vigoureuses pour que le roi Otton Ier de Germanie prenne à son tour la couronne impériale, en 962. Toutefois, l'Empire ressuscité n'est plus que strictement germanique, et bientôt appelé Saint Empire romain germanique.

Un monde dominé par le manque
Une économie agricole : Pendant tout le "Moyen Âge", c'est-à-dire du Ve au XVe siècle, les campagnes ont occupé une place prépondérante, essentielle, en Europe occidentale.= Un peu plus de 90% de la pop au XIe siècle, un peu moins au XVe siècle.
L'analyse d'ossements provenant de cimetières mérovingiens montre que l'espérance de vie variait entre 25 et 45 ans ; cependant si l'on survivait aux premières années, il n'était pas rare d'atteindre, voire de dépasser, l'âge de 65 ans.(…) Au cours de trois siècles de troubles continus, beaucoup de terres jadis cultivées étaient retournées à la friche, de sorte qu'il ne restait plus que des îlots cultivés dans un océan de forêts, de landes et de marécages. Dans les grands domaines mérovingiens, dont certains s'étendaient sur plusieurs milliers d'hectares, les cultures en occupaient au plus quelques dizaines. Cultures médiocres au demeurant, car il semble que les paysans ne disposaient généralement que d'outils en bois. Pourtant, l'iconographie de l'époque mérovingienne montre déjà des hommes cultivant la terre à l'aide d'outils ferrés, bêches ou socs d'araire. En définitive, à l'époque mérovingienne, les hommes demandaient donc l'essentiel de leurs moyens de subsistance à la forêt, aux friches de toute nature, aux rivières et aux étangs : la chasse, l'élevage, la pêche et la cueillette l'emportaient, et de loin, sur l'agriculture. Avec l'avènement des Carolingiens commence une ère relativement plus paisible, et donc plus propice au développement des campagnes. C'est le moment majeur du passage au servage.


L'âge féodal (Xe-XIIIe siècle)
Problématisation : Comment une société sans pouvoir central (Etat) peut-elle fonctionner et se développer ? Cette période correspond aussi à un moment (XIIe-XIIIe s) que l’on a appelé le « Beau Moyen-Age ». C’est la période étudiée à l’école, au collège et au lycée.

La société féodale repose sur des engagements d’homme à homme, les relations de fidélité et contractuelles, et une organisation stricte de la place de chacun dans la société. Tout le monde contrôle tout le monde. Les punitions sont publiques et vexatoires. Ainsi, chacun fait ce à quoi il s’est engagé.
L'engagement vassalique et la richesse foncière constitue le fondement de la puissance des aristocrates. Les mieux nantis (vassaux royaux) disposent de terres en toute propriété (les alleux, issus d'héritages familiaux), mais aussi d'honneurs, concédés pour la durée d'exercice d'une charge (comtale par exemple), et de bénéfices accordés en échange de services (surtout militaires). Devenu héréditaire, par transmission familiale des fidélités, le bénéfice ne tarde pas à être la cause même de l'engagement vassalique.

« L'arbre de la société médiévale » selon Adalbéron de Laon  (vers1015) => vers une société d’ordres
A la tête de la hiérarchie, un conflit se noue entre le Pape et l'empereur : la réforme grégorienne en marque le commencement. Les choses ne se règlent pas avant la fin du MA (antipape, grand schisme, affirmation de la supériorité du concile sur le pape sont autant d'étapes qui jalonnent les relations complexes, jusqu'au XVe siècle, entre l'Eglise et les pouvoirs temporels).



Toutefois, la naissance des Etats
Entre le XIe et le XIIIe siècle, la notion d'État n'est encore qu'en gestation, mais l'idée que le roi doit gouverner pour le bien commun s'affirme de plus en plus. La notion de pouvoir public progresse au cours du XIIIe siècle ; ainsi s'explique le rôle croissant des assemblées de contrôle (états, parlements, Cortes), qui, selon les pays, équilibrent un pouvoir monarchique consolidé par le principe dynastique, légitimé par le sacre et appuyé sur l'Église.
En Angleterre, l'équilibre des pouvoirs s'instaure au milieu de violents conflits. La victoire de Guillaume le Conquérant à Hastings en 1066 ouvre l'île saxonne à la colonisation et à la féodalité normandes.
Hugues Capet
En France, les succès de la monarchie capétienne se confirment tardivement. Hugues Capet, encore aux prises avec les féodaux, n'a pour lui que l'aura de son sacre. Il faut attendre Philippe II Auguste et ses victoires sur l'Angleterre et le Saint Empire (→ bataille de Bouvines en 1214) pour voir s'affirmer l'indépendance du royaume de France.
En Espagne, les petits royaumes chrétiens du Nord – Asturies, Castille, Aragon et Navarre – poursuivent depuis le VIIIe siècle la lutte contre les musulmans, maîtres du califat de Cordoue et du royaume de Grenade. La Reconquista, croisade des chrétiens de la péninsule Ibérique, marque des progrès décisifs au début du XIIIe siècle, malgré la résistance de Grenade. L'Espagne chrétienne, divisée en royaumes, ne parvient pas à réaliser son unité.
En Italie, l'explosion urbaine et les forces économiques donnent le pouvoir et le contrôle du territoire à quelques villes : Gênes, Milan, Florence et surtout Venise, grande bénéficiaire de la quatrième croisade (1202-1204), véritable « thalassocratie » dans laquelle le doge contrôle l'aristocratie marchande, dont seules quelques familles constituent le Grand Conseil. Ces Etats sont parfois des Républiques, contrôlés par les grandes familles. Le Pape, chef religieux est aussi chef d’Etat. Il contrôle Rome et les territoires de l’Italie centrale.


La prospérité favorise la liberté
A partir de la 2e moitié du XIe siècle, sous l’effet de la croissance démographique, et sous l’impulsion des seigneurs (et des monastères) défrichement de la forêt et mise en culture de nouvelles terres (cf. assèchement des marais): les paysages agricoles changent. L’augmentation des productions grâce à l’augmentation des surfaces cultivées permet de soutenir la croissance démog. Des mouvements de pop ont lieu dans les campagnes vers ces nvx terroirs. De nouveaux villages voire des villes se développent. Pour attirer les pop, les seigneurs concèdent des chartes de franchises* = exemption de certains impôts et obligations. Les redevances en argent remplacent la corvée.
 => XIIIe siècle = majorité de paysans libres 

Pour compléter ces idées générales: deux plans détaillés travaillés il y a quelques années avec des classes de 2nde : Violence et autorité au MA et Vivre au village au MA .


Le bas Moyen Âge (XIVe-XVe siècle)
Le temps des calamités
Aux deux siècles d'expansion économique que sont les XIIe et XIIIe siècles succèdent deux siècles de crise profonde. Les famines, l’épidémie de la Grande Peste noire qui débarque en Europe en 1348, les guerres (la guerre de Cent Ans -1337/1453-, les guerres en Italie) sont autant de catastrophes qui dépeuplent l’Europe.



Les hommes sont rares, épuisés de travail pour payer des taxes toujours plus lourdes. Les crises sociales, explosion de violence et révoltes (ligues nobiliaires contre les rois, jacqueries paysannes), mouvements hérétiques, chasse aux sorcières…se multiplient

Vers l'Europe moderne
Le triomphe des hommes d'argent, la réforme religieuse et la conquête du monde.
La limite entre le fin du MA et le début de l'époque moderne est floue.

samedi 28 décembre 2019

Analyse extrait discours Che Guevara

Cuba si, Yankee no (10 juillet 1960)


Camarades,
Nous sommes […] réunis dans ce lieu […] qui, de toutes les tribunes révolutionnaires de Cuba, symbolise le mieux la dignité et l’ardeur militante de son peuple.[…] Le peuple réuni ici a dit NON à l’intrusion étrangère […]jusqu’à faire de Cuba l’avant-garde de l’Amérique. Et à ce moment-là, l’Amérique lâcha ses fauves qui étaient, malheureusement les fils de ce même peuple et qui, de Floride, se jetèrent sur une Havane sans défense.[…][Alors] nous nous sommes trouvés en présence de l’avertissement du Premier Ministre de l’URSS (Applaudissements) qui bouleverse le caractère de notre propre avertissement. Envahir Cuba maintenant ne signifierait nullement la destruction de tous ses édifices par les bombes ennemies, cela ne signifierait pas seulement le massacre sans pitié de nos fils, de nos femmes, de tout notre peuple par les forces aériennes et par l’énorme supériorité de l’ennemi, cela signifierait quelque chose de plus qui doit faire réfléchir les hiérarques du Nord : l’invasion signifierait que les missiles atomiques peuvent effacer une fois pour toutes la nation qui incarne aujourd’hui la misère du colonialisme.(Applaudissements)
Ces fils du Pentagone et des monopoles nord-américains qui ont promené jusqu’à présent, sur les champs d’Amérique, leur arrogance, doivent prendre garde et bien penser à cela : Cuba n’est plus l’île solitaire au milieu de l’océan, ayant pour seule défense les poitrines de ses fils et les poitrines généreuses de tous les déshérités du monde. Cuba est aujourd’hui une île glorieuse au centre des Caraïbes, défendue par les missiles de la plus grande puissance militaire de l’Histoire.[…] Aujourd’hui, [les Etats-Unis] se trouvent face à une situation mondiale extrêmement neuve. La balance du pouvoir s’est inclinée définitivement dans le monde et les forces partisanes de la paix et de la coexistence pacifique ont triomphé et ces forces augmentent de jour en jour, et leur pouvoir de représailles devient de plus en plus redoutable.[…] Comme message à notre chef suprême qui n’est pas parmi nous en cette occasion, comme expression globale de la volonté d’un peuple, je vous demande de faire vibrer dans l’appareil récepteur de Fidel un seul cri lancé par toutes les bouches cubaines : « Cuba si, Yankee no ! » (La foule reprend le cri)

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Éléments d'analyse

Che Guevara = archétype du révolutionnaire moderne, symbole de la lutte des pays d’Amérique latine pour leur indépendance vis-à-vis de la domination américaine. Médecin argentin, marxiste, il abandonne tout pour soutenir le gouvernement du Guatemala en pleine réforme agraire en 1953, mais celui-ci est renversé par la CIA. Puis il s’associe à la révolution cubaine contre Batista, dictateur corrompu  soutenu par les EUA. Ancienne colonie espagnole, Cuba est libre depuis 1901, mais les Américains y contrôlent le pouvoir politique et exploitent les principales ressources économiques (plantations de tabac, de canne à sucre + tourisme). Cuba est aussi l’arrière-cour des opérations mafieuses qui ont pour débouché le marché US.
La révolution aboutit au début de l’année 1959. Castro devint le 1er ministre du nouveau régime, reconnu par les EUA. Mais la rupture entre les deux pays a lieu très vite et se voit dans le doc qui date de juillet 1960. 
En quoi celui-ci est typique d’un discours de guerre froide tout en comportant des spécificités propres aux préoccupations de l’Amérique latine ?

I/ « L’avant-garde de l’Amérique » : la lutte contre la nation qui incarne « la misère du colonialisme »
1- La rupture progressive entre la Havane et Washington
La réforme agraire lancée par Castro en mai 1959 se heurte aux intérêts US à Cuba. Les latifundiaires amer sont expropriés. + nationalisation d’entreprises appartenant à des compagnies amer (sucreries et raffineries de pétrole).
En rétorsion, les EUA menacent de revenir sur l’accord de quotas sucrier qui permet à Cuba de vendre son sucre aux EUA au-dessus des prix du marché en échange de l’ouverture de Cuba aux produits américains. C’est chose faite en juin 1960.
Cuba se rapproche de l’URSS dès le départ pour compenser la dégradation des relations économiques avec les EUA.

2- Le soutien US aux anticastristes
Des raids contre Cuba sont organisés depuis la Floride avec la complaisance des autorités amer à partir de l’automne 1959. (ce qui explique les lignes 4 et 5)
Parallèlement, les médias US mettent l’accent sur ce qu’ils considèrent comme des dérives communistes graves (procès politiques, exécutions publiques d’opposants)
Enfin, les EUA ont refusé de fournir l’aide économique qui est demandée par Castro dans un 1er temps, sur le modèle du plan Marshall. Après la radicalisation du régime de la Havane, les EUA suspendent les importations de sucre puis décrètent un embargo total de l’île sauf les produits alimentaires et les médicaments. Dans la foulée, les EUA promettent 500 millions de dollars d’aide aux pays d’Amérique latine pour les empêcher de basculer dans le camps castriste.

3- La rhétorique anti américaine dans la droite ligne du tiers-mondisme
A Bandoung (1955)est né le concept de Tiers-Monde. Ses leaders sont la Chine, l’Inde, l’Egypte, la Yougoslavie de Tito. Aucun de ces pays n’est véritablement neutre, ni totalement « non aligné ». Ils sont proches de l’URSS sans pour autant lui obéir. Che Guevara fait le tour de ces pays pour « vendre » la révolution cubaine entre 1959 et 1960. Il prône une voie cubaine vers le socialisme, comme il y a une voie chinoise … Il devient le leader du tiers-mondisme qui se développe dans les années 1960 autour et grâce des conférences de la CNUCED (conf des nations unies pour la croissance et le développement) qui sont autant de tribune pour condamner les anciennes puissances coloniales, responsables selon les leaders du TM, de l’état catastrophique des économies des pays nouvellement indépendants donc de leur sous-développement. Ces anciens pays colonialistes sont soupçonnés de mener toujours une politique impérialiste, mais en sous-main, par le biais des agents économiques.

Dans le discours, les EUA sont assimilés à ces anciennes puissances coloniales. L’objectif de Guevara est de diffuser en Amérique latine le mouvement initié à Cuba de libération des peuples de la tutelle américaine (voir le cri « cuba si, yankee no) et c’est pour cela qu’à la fin des années 1960, il se rend en Bolivie où il sera assassiné.

II/ Le soutien soviétique
1- Un régime rapidement communiste
Au départ, mise en place d’un gouvernement de coalition dont les plus modérés sont rapidement exclus au gré des rumeurs de complot contre Castro.
Le 13 février 1960, un accord commercial et financier est signé entre Cuba et Moscou. L’île, progressivement, passe sous aide économique soviétique.

2- La protection militaire soviétique
Période de la guerre froide = coexistence pacifique, lancée par Khrouchtchev. Il s’agit d’éviter les affrontements directs entre URSS et EUA, qui se déportent sur la recherche d’alliances nouvelles. Dans ce cadre, Cuba représente un atout de poids dans le bloc contrôlé par l’URSS du fait de sa proximité des côtes des EUA. C’est ce qui expliquera la « crise des fusées » entre juillet 1961 (installation des rampes de missiles soviétiques à Cuba) et octobre 1962.
La nouvelle alliance soviétique de Cuba place donc l’île dans une position nouvelle vis-à-vis des EUA : « Cuba est aujourd’hui une île glorieuse au centre des Caraïbes, défendue par les missiles de la plus grande puissance militaire de l’Histoire », ce qui équilibre le rapport de force entre la petite île et l’ »énorme supériorité de l’ennemi ».

3- Une rhétorique classique de guerre froide 
L’URSS et son allié cubain sont présentés comme le camp de la paix qui ne font la guerre qu’en « représailles » ou pour se défendre. A l’inverse les EUA sont présentés comme des fauteurs de guerre, sans retenue et sans « honneur » : « L’Amérique lâcha ses fauves » + « massacre sans pitié de nos femmes et de nos fils ».

Conclusion
Remise en cause doctrine Monroe. Le continent américain n’est plus la chasse gardée des EUA ? cf Cuba et les autres pays d'Amérique latine => néobolivarisme.