Affichage des articles dont le libellé est Démocratie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Démocratie. Afficher tous les articles

lundi 26 août 2019

Éloge de Rome

3 textes extraits du discours d'Aelius Aristide, Éloge de Rome. Les deux premiers peuvent être utilisés dans le cadre du chapitre 1 sur la Méditerranée antique, le 3e en complément, nécessite de présenter les institutions romaines un peu en détail. Il peut aussi être utilisé en SPE 1ere (thème la démocratie) pour présenter la vision aristotélicienne du meilleur gouvernement (= un système qui équilibre les tensions entre les groupes sociaux en mélangeant les 3 formes possibles de gouvernement, cet équilibre permettant d'éviter la dégénération de chaque système ). Cette approche est reprise au XIIIe par St Thomas d'Aquin et tous ceux qui, à sa suite, vont se réclamer de l'aristotélisme politique.





La constitution romaine présentée par Aelius  Aristide

Document :
« Il me semble que, dans cette cité, vous avez établi une constitution qui ne ressemble à aucune autre. Auparavant, en effet, on pensait qu’il y avait, dans la société des Hommes, trois types de constitutions. Deux étaient connues sous deux noms chacune, selon qu’on les appréciait d’après les manières d’être de ceux qui les dirigent : la tyrannie et l’oligarchie ou la royauté et l’aristocratie. Une troisième catégorie correspondait à la démocratie, que l’on pouvait conduire bien ou mal. Les cités avaient donc reçu chacune leur constitution selon les décisions du choix ou du hasard. Dans votre cité, rien de semblable : c’est comme s’il y avait un mélange de toutes les constitutions, moins l’aspect mauvais de chacune. Voici précisément pourquoi un tel type l’a emporté. Si l’on regarde la force du peuple, et comment il obtient facilement ce qu’il peut vouloir et demander, on pensera qu’il s’agit d’une démocratie complète sans les fautes de la démocratie ; quand on s’intéresse au Sénat des Anciens, où siège le conseil et qui contrôle les magistratures d’autorité, on pensera qu’il n’existe pas d’aristocratie plus parfaite que celle-ci ; quand on aura tourné les yeux vers [celui] qui préside à tout cela, cet homme à qui le peuple doit d’obtenir ce qu’il veut, de qui le petit nombre tient ses magistratures et ses pouvoirs, on verra en lui celui qui détient la monarchie la plus parfaite, qui n’a point part aux vices de la tyrannie et qui dépasse en grandeur la majesté royale. Il n’y a rien d’étonnant à ce que vous soyez les seuls à avoir fait ces distinctions, ces observations, tant au sujet du gouvernement du monde que de celui de la cité elle-même. »
Aelius Aristide, Éloge de Rome, Discours, XXVI.
Ce discours a été écrit par un philosophe grec en 143 après JC, sous le règne d’Antonin le pieux

Consignes :
Analyse du texte :
·         montrer que Rome est gouvernée selon « un mélange de toutes les constitutions » (n’oubliez pas de justifier par vos connaissances de cours)
·         que pense l’auteur du pouvoir de l’Empereur ? En quoi fait-il de l’empereur la clé de voûte des institutions romaines ?
Critique du texte : Peut-on dire de Rome qu’elle fut une cité et un empire démocratiques ?
Approfondissement : Comment expliquer que tous, au sein de l’empire, y compris les Grecs, veuillent devenir citoyen romain ?





dimanche 23 juin 2019

Fallait-il tuer Jules Cesar...

Je donne parfois quand j'ai une classe d'élèves de seconde travailleurs, motivés et plutôt de bon niveau, le sujet suivant en DM :

Fallait-il tuer Jules Cesar pour sauver la République ?

avec dossier documentaire

Jules César, un danger pour la République romaine ?

1 : RECHERCHE D’INFORMATIONS
Revoir dans le cours, le schéma des institutions de la République romaine.
Revoir dans le cours la partie sur les mécanismes régulateurs de la démocratie.

Doc 1 : La carrière politique de Jules César.
Caius Iulius Caesar, celui que nous appelons Jules César, naît à Rome le 12 juillet 100 avant J.C. Il appartient à la gens Iulia, la famille des Jules, l’une des plus prestigieuses et des plus anciennes familles romaines. Une légende prétend d’ailleurs que les Jules descendraient de Vénus. Cette famille fait partie du patriciat, la haute noblesse romaine qui a accès au gouvernement de Rome.
L’enfance d’un chef
On ne sait guère de choses de l’enfance de César. Il apprend à lire et à compter, étudie la grammaire grecque et latine, il lit les textes des grands auteurs. Le jeune homme pratique la gymnastique, l’équitation, la natation et l’escrime. A partir de seize ans, César étudie l’art de s’exprimer clairement et de bien parler.
Une époque troublée
L’époque de Jules César est assez difficile. D’un côté, les armées romaines ont conquis d’immenses territoires et Rome domine la majeure partie du bassin méditerranéen. Mais d’un autre côté, Rome traverse une grave crise politique et elle est en permanence au bord de la guerre civile.
Cursus honorum
A 27 ans, César débute sa carrière politique en s’engageant dans le cursus honorum. Il est d’abord élu au poste de tribun militaire (officier dans l’armée), puis il devient questeur (trésorier) de la province d’Espagne ultérieure. En 66 avant J.C., il est édile et s’attire la sympathie du peuple en organisant de grands jeux et des cérémonies spectaculaires. César se rapproche des deux plus puissants  personnages de l’époque : Pompée, un grand général et Crassus, l’homme le plus riche d’Italie.
Au sommet du pouvoir
César poursuit sa carrière politique. En 63 avant J.C., il obtient la charge de souverain pontife, le chef de la religion officielle de Rome. Il devient ensuite préteur, une magistrature d’importance : seuls les préteurs et les consuls peuvent recevoir le commandement militaire de légions. César part gouverner l’Espagne. Il rentre à Rome en 60 avant J.C.
César est maintenant un personnage politique de premier plan. Il a su s’entourer d’alliés de poids, notamment Pompée et Crassus. Tous trois s’entendent pour se soutenir et mener leurs projets ensemble. En 59 avant J.C., avec leur appui, César accède au consulat, la plus haute magistrature. C’est pendant le consulat de César que la loi agraire est votée permettant à vingt mille citoyens romains pauvres de recevoir des terres prises sur le domaine de l’Etat.
En quête de gloire militaire
En 58 avant J.C., César, devenu proconsul, reçoit le gouvernement des provinces de Gaule cisalpine et de Gaule transalpine. Il commande également quatre légions. César a désormais une brillante carrière politique, il ne lui reste plus que la gloire militaire. En effet, pour celui qui veut devenir un grand homme à Rome, il faut une réputation de chef de guerre victorieux et le soutien de nombreux soldats. Un général romain vainqueur peut avoir droit au triomphe, un grand défilé dans Rome avec ses soldats et son butin. Cette cérémonie lui donne le titre d’Imperator, ce qui est très prestigieux.
La guerre des Gaules (58-51 avant J.C.)
César rejoint ses provinces gauloises dans l’idée de conquérir la Gaule Chevelue. En 58 avant J.C., les hostilités avec les Gaulois débutent. La guerre dure jusqu’en 51 avant J.C. : elle s’achève par une victoire totale de César et la conquête de la Gaule. César sort de cet affrontement avec la réputation d’être un chef de guerre accompli. Il s’est considérablement enrichi et s’est attaché les soldats de son armée en leur distribuant des richesses.
A Rome, pendant ce temps …
Crassus et Pompée, venus rencontrer César, passent avec lui un nouvel accord secret : César soutient leur élection pour l’année 55 et leur obtiendra des provinces importantes l’année suivantes. En 54 avant J.C., Crassus devenu gouverneur de Syrie, subit une graves défaite contre les Parthes. Il est capturé et exécuté. Sans lui pour les réunir, Pompée et César s’éloignent progressivement. A Rome, la situation empire et le Sénat prend une mesure exceptionnelle en nommant Pompée seul consul de l’année.
Inévitable guerre civile
En 50 avant J.C., la charge de proconsul de César en Gaule touche à sa fin. Normalement, il devrait abandonner le commandement de ses armées et revenir à Rome comme simple citoyen. César demande au Sénat la permission de se présenter à nouveau au poste de consul. Mais le Sénat et Pompée refusent toutes ses propositions et exigent son retour à Rome sans ses armées.
César refuse d’abandonner ses armées ; il décide de franchir avec ses légions le Rubicon, un petit cours d’eau séparant la province de Cisalpine de l’Italie et qui représente une limite dont la traversée est normalement interdite aux soldats. César lance ainsi un défi au Sénat, ce qu’il exprime avec cette formule célèbre : Alea jacta est (« les dés sont jetés »).
La guerre civile est déclarée entre les armées de César et celles de Pompée. César s’empare de l’Italie en deux mois. Pompée est contraint d’abandonner Rome et de se replier en Orient.
Le combat des chefs
Une fois l’Italie maîtrisée, César se rend en Espagne, ses armées prennent également le contrôle de la Sicile et de la Sardaigne. A la fin de l’année 49 avant J.C., afin d’avoir les mains libres, César se fait nommer dictateur par le Sénat, puis consul pour l’année suivante. Il se prépare à affronter Pompée en Grèce.
Le 9 août 48 avant J.C., César et Pompée se rencontrent à la bataille de Pharsale. Pompée est vaincu, mais il parvient à s’enfuir en Egypte. Mal lui en prend, car il est assassiné à son arrivée à Alexandrie.
César et Cléopâtre
César découvre le meurtre de Pompée en arrivant en Egypte. La situation y est explosive : le jeune roi Ptolémée XIII et sa soeur Cléopâtre VII se font la guerre pour le trône. César décide de soutenir Cléopâtre. Le 27 mars 47 avant J.C., il remporte une grande bataille sur Ptolémée XIII qui meurt au combat. Cléopâtre devient la nouvelle reine d’Egypte et l’amante de César.
La mort de Pompée n’a pas mis fin au conflit car ses anciens partisans restent actifs. A Zéla, le 2 août 47 avant J.C., César écrase Pharnase. C’est à cette occasion qu’il prononce une phrase devenue célèbre : Veni,vidi, vici (« je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu »).
Une grande partie des pompéiens s’est rassemblée en Afrique. César remporte une victoire décisive à la bataille de Thapsus, le 6 avril 46 avant J.C. Cette fois, c’est la fin de la guerre. Rentré à Rome, César célèbre quatre triomphes successifs, sur la Gaule, sur l’Egypte, sur le Pont et sur l’Afrique.
Seul maître à bord
César a réussi à éliminer ses adversaires politiques. Personne ne peut désormais s’opposer à son pouvoir. Les apparences de la République sont préservées par les titres qu’il se fait accorder par le Sénat : il est nommé consul pour dix ans, puis dictateur à vie, mais dans les faits, César règne seul sur Rome. Il cumule les pouvoirs civils, militaires et religieux et s’appuie sur son immense fortune.
Grandes réformes
En 45 et 44 avant J.C., César déploie une grande activité politique. Il offre au peuple romain de nombreux spectacles et banquets, et il embellit la ville de beaux monuments : il fait rénover le cirque, construire un théâtre, creuser un grand bassin pour des spectacles de batailles navales et il crée un nouveau forum à son nom. Il prend des mesures en faveur des plus pauvres : ventes de blé à bas prix, attribution de terres à des pauvres et à des vétérans (les retraités de l’armée).
César s’intéresse aussi à la culture et crée une grande bibliothèque d’ouvrages en grec et en latin. Il réorganise le calendrier romain qui devient le calendrier julien (à l’origine de notre calendrier actuel) avec une année de 365 jours un quart. Il donne son nom, Iulius, à son mois de naissance, notre mois de juillet.
On ne peut pas plaire à tout le monde …
Alors que César réunit ses légions en prévision d’une expédition militaire en Orient, une poignée de conjurés s’entendent pour l’éliminer définitivement. Aux Ides (le 15) de mars 44 avant J.C., en pleine réunion du Sénat, César est attaqué et frappé de plusieurs coups de couteaux.
De la République à l’Empire
Rome est bouleversée par cet assassinat et le peuple exprime sa colère. Le testament de César est une surprise : il déclare adopter son petit-neveu Octave. Après encore plusieurs années de guerre civile, la crise s’achève par la fin de la République aristocratique et la naissance d’un nouveau régime politique : en 27 avant J.C., Octave, fils adoptif de César, devient sous le nom d’Auguste le premier empereur romain.

  • Relever les différentes fonctions politiques de J. César. A partir de quel moment ne respecte-t-il plus les règles du cursus honorum ?
  • César réussit à faire passer une réforme agraire. Montrer, grâce à des recherches personnelles sur les frères Gracques que ce n’était pas une réforme facile à obtenir.
  • Montrer que, malgré son origine noble, J. César mène une politique en faveur du peuple.
  • Retrouver les origines de la puissance et de la popularité de César.
  • En quoi peut-on le considérer comme le plus habile homme politique de sa génération ?
  • Pourquoi peut-on penser qu’il vise à exercer un pouvoir absolu et solitaire ?



Doc 2 : Plutarque, La vie de Brutus, extrait de La vie des hommes illustres.

Cependant Brutus était sans cesse excité par les discours de ses amis, par les bruits qui couraient dans la ville, et par des écrits qui l'appelaient, qui le poussaient vivement à exécuter son dessein. Au pied de la statue de Brutus, son premier ancêtre, celui qui avait aboli la royauté, on trouva deux écriteaux, dont l'un portait : « Plût à Dieu, Brutus, que tu fusses encore en vie! » Et l'autre : "Pourquoi, Brutus, n'es-tu pas vivant!" Le tribunal même où Brutus rendait la justice était, tous les matins, semé de billets sur lesquels on avait écrit : « Tu dors, Brutus. Non, tu n'es pas véritablement Brutus. » Toutes ces provocations étaient occasionnées par les flatteurs de César, qui, non contents de lui prodiguer des honneurs odieux, mettaient la nuit des diadèmes sur ses statues, dans l'espérance qu'ils engageraient par là le peuple à changer son titre de dictateur en celui de roi.
Lorsque Cassius sonda ses amis sur la conspiration contre César, ils lui promirent tous d'y entrer, pourvu que Brutus en fût le chef. Une pareille entreprise, disaient-ils, demande moins du courage et de l'audace, que la réputation d'un homme tel que lui, qui commence le sacrifice, et dont la présence seule en garantisse la justice …
Quand le sénat fut entré dans la salle, les conjurés environnèrent le siège de César, feignant d'avoir à lui parler de quelque affaire; et Cassius portant, dit-on, ses regards sur la statue de Pompée, l'invoqua, comme si elle eût été capable de l'entendre. Trébonius tira Antoine vers la porte; et en lui parlant, il le retint hors de la salle. Quand César entra, tous les sénateurs se levèrent pour lui faire honneur; et dès qu'il fut assis, les conjurés, se pressant autour de lui (…) et Casca, qui était derrière le dictateur, tire son poignard, et lui porte le premier, le long de l'épaule, un coup dont la blessure ne fut pas profonde. César, saisissant la poignée de l'arme dont il venait d'être frappé, s'écrie dans sa langue : "Scélérat de Casca, que fais-tu ?" Casca appelle son frère à son secours en langue grecque. César, atteint de plusieurs coups à la fois, porte ses regards autour de lui pour repousser les meurtriers : mais dès qu'il voit Brutus lever le poignard sur lui, il quitte la main de Casca qu'il tenait encore, et se couvrant la tête de sa robe, il livre son corps au fer des conjurés. Comme ils le  frappaient tous à la fois sans aucune précaution, et qu'ils étaient serrés autour de lui, ils se blessèrent les uns les autres. Brutus, qui voulut avoir part au meurtre, reçut une blessure à la main, et tous les autres furent couverts de sang.
Brutus et les autres conjurés se retirèrent au Capitole, les mains teintes de sang; et montrant aux Romains leurs poignards nus, ils les appelaient à la liberté. Au premier bruit de cet événement, ce ne fut dans toutes les rues que courses et cris confus de gens qui augmentaient ainsi le trouble et l'effroi; mais quand ils virent qu'il ne se commettait point d'autre meurtre, et qu'on ne pillait rien de ce qui était exposé en public, alors les sénateurs et un grand nombre d'autres citoyens, reprenant courage, se rendirent au Capitole auprès des conjurés. Le peuple s'étant assemblé, Brutus lui fit un discours analogue aux circonstances, et propre à gagner ses bonnes grâces : aussi fut-il approuvé et loué par le peuple même, qui cria aux conjurés de descendre du Capitole. Encouragés par cette invitation, ils se rendirent sur la place, où ils furent suivis par la multitude. (…). Quand Brutus s'avança pour leur parler, ils l'écoutèrent paisiblement; mais ils firent voir combien ce meurtre leur déplaisait, lorsque Cinna, dans le discours qu'il leur fit, ayant commencé par accuser César, ils entrèrent en fureur, et vomirent contre lui tant d'injures, que les conjurés se retirèrent une seconde fois dans le Capitole.

  • Rechercher qui est l’ancêtre célèbre de Brutus, « celui qui avait aboli la royauté » et ce qu’il a fait.
  • Pourquoi évoque-t-on à Rome l’exemple de cet ancêtre auprès de Brutus ? Pourquoi Brutus doit-il prendre la tête de la conjuration ?
  • Pourquoi les conjurés veulent-ils tuer César ? Au nom de quelle valeur ?
  • Comment réagit le peuple à l’annonce du meurtre de César ?
  • Rechercher ce qui se passe après la mort de César (la guerre civile)
  • Rechercher des informations sur le temple de Jules César divinisé, édifié sur le forum, à l’endroit de son bûcher funéraire. Qui l’a construit ? Rappelez ce qu'était le culte de l’empereur ?

2 : COMPOSITION. En vous aidant de l’analyse des documents et de vos connaissances, répondez à la question suivante sur la base d’une argumentation historique.

Fallait-il tuer Jules César pour sauver les institutions républicaines ?

Si cela peut aider, vous pouvez passer, au brouillon, par une étape intermédiaire : organisez un dialogue entre les partisans de deux camps opposés. Cela vous permettra de bâtir ensuite votre plan détaillé.
« Tu es le fils d’un plébéien.
Ton père, à l’origine un petit commerçant, s’est engagé dans l’armée et a accompagné et admiré César pendant ses différentes campagnes militaires. Aujourd’hui, il est désespéré.
Partout dans Rome on ne parle que d’une chose : César vient d’être assassiné. Vous rejoignez la foule de plus en plus nombreuse sur le forum. La discussion s’engage avec vos voisins. Certains justifient l’assassinat de César en disant qu’il fallait éliminer le dictateur et sauver la République pour le bien du peuple. Ton père leur répond en affirmant que les citoyens modestes ne jouent aucun rôle dans cette République aristocratique mais que César avait tout fait pour le bonheur du peuple.
Pourquoi peuvent-ils dire cela ? »

2 documents complémentaires : Dans sa pièce Jules César, le dramaturge anglais William Shakespeare (16e siècle) imagine les discours de Brutus et de Antoine, l’un justifiant et l’autre accusant les conjurés. Vous y trouverez des arguments dont vous pouvez vous inspirer pour la composition.

Le discours de Brutus après la mort de César :

«Romains, compatriotes et amis, entendez-moi dans ma cause, et faites silence afin de pouvoir m'entendre. [...]. Censurez-moi dans votre sagesse, et faites appel à votre raison, afin de pouvoir mieux me juger. S'il est dans cette assemblée quelque ami cher de César, à lui je dirai que Brutus n'avait pas pour César moins d'amour que lui. Si alors cet ami demande pourquoi Brutus s'est levé contre César;-voici ma réponse : Ce n'est pas que j'aimasse moins César, mais' j'aimais Rome davantage. Eussiez-vous préfère voir César vivant et mourir tous esclaves, plutôt que de voir César mort et de vivre, tous libres? César m'aimait, et je le pleure; il fut fortuné, et je m'en réjouis; il fut vaillant, et je l'en admire; mais il fut ambitieux, et je l'ai tué ! Ainsi, pour son amitié, des larmes; pour sa fortune, de la joie; pour sa vaillance, de l'admiration ; et pour son ambition, la mort! Quel est ici l'homme assez bas pour vouloir être esclave! S'il en est un, qu'il parle, car c'est lui que j'ai offensé. Quel est ici l'homme assez grossier pour ne vouloir pas être Romain? S'il en est un, qu'il parle ; car c'est lui que j'ai offensé. Quel est l'homme assez vil pour ne pas vouloir aimer sa patrie? S'il en est un, qu'il parle; car c'est lui que j'ai offensé... J'attends une réponse.»

Le discours d’Antoine après la mort de César :
« Amis, Romains, compatriotes, prêtez-moi l’oreille. Je viens pour ensevelir César, non pour le louer. […] Le noble Brutus vous a dit que César était ambitieux : si cela était, c’était un tort grave, et César l’a gravement expié. Ici, avec la permission de Brutus et des autres (car Brutus est un homme honorable, et ils sont tous des hommes honorables), je suis venu pour parler aux funérailles de César. Il était mon ami fidèle et juste ; mais Brutus dit qu’il était ambitieux, et Brutus est un homme honorable. Il a ramené à Rome nombre de captifs, dont les rançons ont rempli les coffres publics : est-ce là ce qui a paru ambitieux dans César ? Quand le pauvre a gémi, César a pleuré : l’ambition devrait être de plus rude étoffe. Pourtant Brutus dit qu’il était ambitieux ; et Brutus est un homme honorable. Vous avez tous vu qu’aux Lupercales je lui ai trois fois présenté une couronne royale, qu’il a refusée trois fois : était-ce là de l’ambition ? Pourtant Brutus dit qu’il était ambitieux ; et assurément c’est un homme honorable. Je ne parle pas pour contester ce qu’a déclaré Brutus, mais je suis ici pour dire ce que je sais. […] »

lundi 17 juin 2019

Anatomie d'un instant (...espagnol)





Un roman intéressant à plus d'un titre.

Mes collègues de HLP seront sans doute intéressés par le prologue où Javier Cercas répond à la question qu'il se pose à lui-même : "Comment ai-je eu l'idée d'écrire une fiction sur le 23 février ?" . Il y répond sur 13 pages, mais les trois premières sont lumineuses et seraient, je le crois, d'une étude fructueuse avec des élèves. Quelques citations pour vous appâter :

"J'ai lu mi-mars 2008 que d'après une enquête publiée au Royaume-Uni, un quart des Anglais pensaient que Winston Churchill était un personnage de fiction". "...la télévision [...]le principal fabricant de réalité en même temps que le principal fabricant d'irréalité de la planète, [or] l'un des caractéristiques du coup d'Etat du 23 février est justement d'avoir été enregistré par la télévision et retransmis dans le monde entier." "...la vie publique du lieutenant-colonel putschiste se résume aux quelques secondes retransmises tous les ans lors desquelles, coiffé de son tricorne et brandissant son pistolet réglementaire 9 millimètres court, il fait irruption dans l'hémicycle du Congrès et humilie à coups de feu les députés présents. Nous savons certes qu'il s'agit d'un personnage réel, mais en fait il est irréel ; nous savons certes qu'il s'agit d'une image réelle, mais en fait elle est irréelle..." "...s'agissant du coup d'Etat du 23 février, il est difficile de distinguer le réel du fictif."

Au final, l'auteur fait le constat de l’échec de son projet initial : "étant incapable d'inventer ce que je sais de l'événement pour tenter d'en illuminer la réalité par la fiction, je me suis résigné à la raconter. [...] ainsi, même s'il n'est pas un roman, il ne renonce pas entièrement à être lu comme tel, voire même comme une singulière version expérimentale des Trois Mousquetaires."

Les professeurs en charge de la spécialité HGGSP qui ont à traiter du passage de la dictature à la démocratie et inversement, dans le thème consacré à la Démocratie (afin que nos élèves soient bien conscients que la démocratie n'est pas une donnée de nature, mais un acquis historique)  doivent justement "passer" (référence aux Points de Passage et d'Ouverture du programme de tronc commun) par l'Espagne et le Portugal entre  1974 et 1982. Un des rares espaces de liberté pédagogique qui nous reste concerne les modalités de traitement de ces jalons. Je propose ici de faire réaliser une fiche de lecture à un groupe d'élèves, sur la base d'un sélection de passages du roman...qui fait tout de même environ 400 pages.

  • Les incipit des cinq parties qui décrivent la scène de l'hémicycle, celle-là même qui fut diffusée le lendemain des faits, quand l'affaire était réglée et le risque d'un retour au franquisme définitivement écarté.

  • Les chapitres I 2; I 4 jusqu'à  "champ de pierres désolé"; I 6 jusqu'à "c'est alors qu'ils deviennent un instrument utile aux putschistes" ; I 8 ; I 11 à partir de "rien ne semblait non plus laisser prévoir au Pardo, à quelques kilomètres seulement de Madrid..." ; II 1 de "le général n'aurait pas accepté cette interprétation" à "en ajoutant un opprobre à celui qui existait déjà"  ; II 5 ;    III 4; III 5 jusqu'à "une époque que le pays entier semblait impatient de clore" ;  IV8 ; V2 à partir de "La mort de Franco"; V3 à partir de "Au début de son mandat"    
  • L'épilogue



L'objectif des élèves serait donc de dégager du récit les éléments de connaissance qui doivent permettre de rendre compte de l'événement, de ses causes et du contexte, des rapports de forces en présence et d'expliquer son dénouement.

Un tel saucissonnage n'empêchera pas, je l'espère, les élève de reconnaître qu'il y a du style et, qui sait, peut-être liront-ils le livre en entier.











lundi 10 juin 2019

République ou démocratie


Démocratie directe ou démocratie représentative ?





Un extrait d'une ancienne (les années 1990 !) émission de feu la 5 : Démocratie/Democracy. L'image et le son sont mauvais, mais c'est une bonne introduction à la question.

A comparer avec :
Un autre point de vue sur les mêmes questions et une mise au point sur les mots de la Révolution (avec des raccourcis !)




Voir aussi La République sans la démocratie : le Directoire

vendredi 7 juin 2019

Athènes et Rome, naissance de la démocratie






Questions

1) Stabiloter sur la chronologie la succession des systèmes politiques à Athènes et à Rome. Comparer
2) Repérer quels événements précèdent la mise en place du système politique démocratique.
3) Réfléchir autour de la notion de crise sociale : quels groupes sociaux s’opposent à Athènes comme à Rome ?
4) A Rome, la démocratie fait-elle disparaître les crises ?

Synthèse en une phrase : A quel problème la démocratie doit-elle répondre ?

mercredi 5 juin 2019

Périclès

Un grand classique et l'occasion de travailler, en début de Seconde, sur le vocabulaire des consignes.


Etude d’un document -source


Répondez aux questions sur le texte, en effectuant des relevés dans le document et en complétant par vos connaissances de cours.


Le gouvernement d’Athènes par Périclès

« -Les Athéniens- s’affligeaient de leurs souffrances : le peuple se voyait privé des maigres ressources qu’il possédait ; les riches avaient perdu leurs beaux domaines de la campagne (…).
On se plaignait surtout d’avoir la guerre au lieu de la paix. Leur colère à tous ne cessa que lorsqu’ils eurent infligé une amende à Périclès. Pourtant, peu de temps après, par un revirement dont le peuple est coutumier, ils le réélurent stratège en lui confiant la mission suprême des affaires ; (…) on l’estimait le plus capable de remédier à la situation critique de l’Etat. Tout le temps que, pendant la paix, il fut à la tête des affaires, il avait fait preuve de modération et de fermeté dans la conduite de l’Etat, qui sous lui parvint au comble de sa puissance : la guerre une fois déclarée, on constata qu’il avait évalué exactement la puissance d’Athènes. Après sa mort, on vit mieux encore l’exactitude de ses prévisions. Il avait prédit le succès aux Athéniens s’ils donnaient tous les moyens à la marine, s’ils renonçaient à augmenter encore leur empire (…). Mais sur tous ces points, on fit juste le contraire. D’autres entreprises (…) furent menées avec la seule préoccupation de la gloire et de l’intérêt personnels ; elles furent désastreuses pour les Athéniens et leurs alliés. (…)
Voici la cause de ce changement : Périclès avait de l’influence en raison de la considération qui l’entourait et de la profondeur de son intelligence ; il était d’un désintéressement absolu ; il contenait la multitude qu’il menait, beaucoup plus qu’elle ne le menait. (…) il n’avait pas à flatter la foule (…), il pouvait lui tenir tête et même lui montrer son irritation. (…) Mais ses successeurs, dont aucun n’avait sa supériorité et qui voulaient tous se hisser au premier rang étaient portés, pour flatter le peuple, à lui abandonner les affaires. De là tant de fautes, explicables dans un Etat puissant et possesseur d’un empire étendu. »

Thucydide, historien athénien (vers 460-vers 395 av. J.-C.), Guerre du Péloponnèse, II, 65, trad. Jean Voilqui, 1966, Garnier-Flammarion


1)     Présenter le document : nature, auteur, source, date et contexte ainsi que l’intérêt historique de ce texte.
2)    Montrer que Périclès fut un grand homme d’Etat. Pour cela, expliquer le fonctionnement des institutions athéniennes ainsi que le rôle du peuple. Relever les fonctions de Périclès dans la cité et ses qualités d’homme d’Etat. Qualifier la manière dont Périclès gouvernait Athènes.
3)     Illustrer par des connaissances de cours les phrases soulignées dans le texte.
4)    Reformuler les critiques contre le peuple athénien et les hommes politiques qui succédèrent à Périclès.
5)    En bilan, justifier l’une ou l’autre des deux affirmations suivantes :
-          l’auteur est pour la démocratie
-          l’auteur est contre la démocratie



Pour une approche et une compréhension plus  fine de ce texte à partir de 45 min :

Printfriendly