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dimanche 31 mai 2020

La révolution russe


Photo de Henri Cartier-Bresson


Des portraits de révolutionnaires et de contre-révolutionnaires :
En 2017, à l'occasion du la commémoration du centenaire de la révolution russe, Mediapart a consacré une série de portraits de personnalités internationales plus ou moins célèbres qui ont traversé l'histoire de la révolution russe et de l'URSS naissante.
Isaac Babel, Raïssa Bloch, Evguenia Iaroslaskaïa-Markon (blog "En attendant Nadeau"), Alexandra Kollontaï, Jeanne Labourbe,Victor Makno,  Larissa Reisner, Jacques Sadoul, Maria Spiridonova, Roman Von Ungern-Stenberg, David Zavlaski


Mon cours dans Pearltree :

La révolution russe, par phelippev

vendredi 1 mai 2020

Activités autour du cours sur la 1ere guerre mondiale

Proposition de série : The village. 1ere guerre mondiale et après guerre dans un village anglais


Fiche de lecture : l'engagement dans la guerre








Fiche d'activité dans le cadre du cours : une génération sacrifiée

Doc 1 : L’assaut
«  Personne ne croirait que dans ce désert tout déchiqueté, il puisse y avoir encore des êtres humains ; Mais maintenant des casques d’acier surgissent partout dans la tranchées et à cinquante mètres de nous, il y a déjà une mitrailleuse qui , aussitôt, se met à crépiter.
Les défenses de fil de fer sont hachées. Notre artillerie fulgure. Les mitrailleuses ronflent, les fusils grésillent. Nous voyons les assaillants venir. Les gens d’en-face font tous leurs efforts pour avancer […]. Nous reconnaissons les visages crispés et les casques : ce sont des Français. Ils atteignent les débris de barbelés et ont déjà des pertes visibles. Toute une file est fauchée par la mitrailleuse qui est à coté de nous ; Puis nous avons une série d’enrayages et les ennemis se rapprochent. Je vois l’un d’eux tomber sur un cheval de frise, la figure haute. Le corps s’affaisse sur lui-même comme un sac, les mains restent croisées comme s’il voulait prier. Puis le corps se détache tout entier et il n’y a plus que les mains coupées par le coup de feu, avec des tronçons de bras qui restent accrochés dans les barbelés [..] Nous sommes devenus des animaux dangereux. Nous ne nous combattons pas, nous nous défendons contre la destruction. Ce ne sont pas contre des humains que nous lançons nos grenades, car à ce moment-là, nous ne sentons qu’une chose : c’est que a mort est là qui nous traque, sous ces mains et sous ce casque. La fureur qui nous anime est insensée : nous ne pouvons plus que détruire et tuer, pour nous sauver…pour nous sauver et nous venger.»
E.M. Remarque A l’Ouest, rien de nouveau

Doc 2 : Un martyre absurde
« […] Deuxième journée ici, après dix jours de première ligne dont trois de combat. Les pertes n’approchent pas celle du dernier mois. Et pourtant …
Je devrais me taire, refouler ça au fond de moi ; je ne peux pas : ça monte…Il va bien falloir que ça crève. J’ai vu trop de choses dégoûtantes pour être dupe encore des mots. Pourquoi nous battons-nous, maintenant, et de cette façon ? Pour défendre quoi ? Gagner quoi ? Ces « gens-là se leurrent volontairement, j’en suis sûr ! Il ne peut pas en être autrement.
Des milliers de morts pour ce lambeau de colline dont le sommet nous échappe toujours ! L’affaire de Noël, en cent fois plus coûteux : charretée par charretée, mais beaucoup de charretées à la file J’aurais tant, tant à vous dire ! Mais je ne peux pas : c’est trop tumultueux, trop loin de vous, si loin que vous ne pourriez pas comprendre…Ce n’était pas la peine ; J’aurais mieux fait, réellement, de me taire.
Tuer des Allemands ? Les user ? On ne peut tuer ainsi des hommes qu’en en faisant tuer d’autres, autant d’autres ou davantage. Alors ?... Déloger les Allemands d’une crête stratégique importante ? D’un bastion avancé sur la Woëvre ? Mais les Hures, qu’est-ce qu’elles sont ? Et le Montgirmont ? Derrière la colline des Eparges, la montagne de Combres se dressera fac à nous. Et derrière Combres, d’autres collines…Dix mille morts par colline, est-ce cela que l’on veut ? Alors ?
Le pire, le terrible, c’est la clairvoyance des hommes. Lente à s’éveiller mais qui s’éveille…Est-ce qu’on s’aperçoit qu’elle s’éveille ? »
Lettre de Maurice Genevoix à sa famille, depuis Verdun

«  Ma chère mère,
Par quel miracle me suis-je sorti de cet enfer ?[…] pense donc, nous sommes montés 1200 et nous sommes redescendus 300 ; pourquoi suis-je de ces 300 qui ont eu la chance de s’en tirer […] Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup souffert. A la souffrance morale de croire chaque instant la mort nous surprendre s’ajoutent les souffrances physiques de longues nuits sans dormir : huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours au milieu d’un chantier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille. […] nous porton dans notre cœur le deuil de tous nos camarades tombés à Verdun… »
Lette de Gaston B., citée dans Paroles de poilus, librio, 1998.


Doc 3 = La propagande de guerre dans la presse
Les blessures causées par balles ne sont pas dangereuses […] Les balles traversent les chairs de part en part sans faire de déchirure ( L’intransigeant, 7 Août 1914)

Doc 4 = Le traumatisme
« Je ne peux oublier la guerre…Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L’horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marque. »

J. Giono, Refus d’obéissance.

Chiffres utiles :
600 000 morts français d’Août 1914 à février 1917. 1/3 des soldats mobilisés en Août 14 étaient morts en Août 15. Offensive de la Somme (1916)= tentative de percée échouée = 40 000 blessés français en 3 jours.1,2 millions de morts entre juin et novembre 1916. 500 000 morts à Verdun (Français et Allemands) entre Février et Juillet 1916. L’armée française envoie une division nouvelle (10 000 hommes) tous les deux jours pour la relève. 60% des mobilisés français pdt la 1ère GM a été soit tué, soit blessé. 

A partir des thématiques et des informations contenues dans le dossier documentaire et vos connaissances sur le déroulement de la 1ere guerre mondiale, établir pour quelles raisons cette guerre apparue aux gens de l'époque différente des guerres précédentes, plus terrible et comme devant être "la der der der".



Correction analyse de document : affiche "destroy this mad brute"

Introduction :
-          (Présentation doc) : affiche de propagande de l'américain datée de 1917, année de l’entrée en guerre des EUA, dont l’objectif est de recruter des hommes dans l’armée américaine (« enlist »), car il n’y a pas de conscription aux EUA. Une autre affiche célèbre de cette époque montre l’oncle Sam pointant son doigt sur le « spectateur »
-          (Contextualisation) : A l’encontre de l’opinion publique américaine qui est traditionnellement isolationniste, le psdt américain G. Wilson était favorable à l’entrée en guerre des EUA et il l’annonce en avril 1917. Son discours au congrès témoigne de sa volonté de justifier la nécessité de la guerre, au nom d’arguments qui ne peuvent que flatter les américains, convaincus de leur « destinée manifeste » : défense du droit, de la liberté, de la paix. Il faut toutefois réussir à retourner l’opinion publique et à recruter des volontaires pour aller se battre dans la lointaine Europe.
-          (idée directrice et problématisation) : l’affiche représente l’ennemi allemand sous la forme d’un singe énorme, bavant (de rage ?) tenant dans un bras une femme à moitié dévêtue et évanouie, sur fond de ville en ruine. Ce monstre a réussi à passer l’océan pour arriver sur le sol américain, au premier plan. La propagande américaine utilise donc le ressort de la diabolisation de l’ennemi. Pourquoi est-ce si efficace à cette époque ?.

Analyse :
1- Les allemands, des barbares qui ne respectent pas les lois de la guerre
a) « this mad brute »
Partir de la description de la bête => rage (bave qui dégouline), force brutale => sauvagerie et barbarie allemande.

b) Qui sème la destruction
Partir de l’arrière plan => ville en ruine => bombardements de l’artillerie allemande (la puissance industrielle au service de la guerre) et les exactions contre les civils (ville + femme enlevée par la bête) Rappeler la campagne de dénonciation des crimes de l’armée allemande contre les civils belges (viols, tueries d’enfants = déjà un thème de propagande avant l’entrée en guerre US) => aucun respect des conventions de Genève, protégeant la population civile + pas de déclaration de guerre à la Belgique, pourtant neutre, quand l’armée allemande l’a envahie.

c) Personne n’est à l’abri
Partir du mot america sur le terre en 1er plan => rappeler la guerre sous-marine et Lusitania = des civils américains ont déjà eu à souffrir de la guerre. La guerre peut-elle se propager aux EUA ? (propagande = jouer sur la peur, mais en réalité, c’est peu probable. Efficace toutefois 2 millions d’américains vont s’engager). + Rappeler le discours de Wilson sur l’entrée en guerre des EUA en avril 1917 => les EUA entrent en guerre pour sauver la paix mondiale, la liberté de circulation sur les mers et au nom du droit international.

2- Un objectif est fixé : l’anéantissement total de la menace
a) Une attaque en règle contre le militarisme allemand
Repartir du texte de Wilson : « libérer les allemands » est un des buts de guerre. L’ennemi qui est désigné est le militarisme allemand (inscrit sur le casque de la bête), incarné par l’empereur Guillaume II (d’où les moustaches) => l’ennemi désigné n’est pas le peuple allemand mais un système qui prône la guerre et la force comme valeur suprême (d’où Kultur sur la massue) et un régime antidémocratique : l’empire.

b) Une affiche qui fait partie d’un « plan –média » plus large
Comité Creel => cf les films de Hollywood mettent l’accent sur la menace « boche », sur la barbarie du « Hun » (rappeler les Huns/empire romain) => Les subtilités de la propagande officielle sont dépassées par cette propagande de masse : naît le thème de l’ennemi intérieur. Les immigrés et descendants germaniques sont inquiétés, parfois violentés. On s’achemine doucement vers des phénomènes qui s’épanouiront tout au long du XXe siècle = guerre d’anéantissement.

Conclusion :
(Bilan) Déshumanisation/diabolisation en lien avec la guerre totale

(Ouverture) on a l’embarras du choix pour ouvrir sur guerre d’anéantissement ou traité de Versailles avec responsabilité allemande du déclenchement de la guerre ou postérité de cette image (King Kong)


Correction Question problématisée : le Front et l'arrière


La 1GM, de 1914 à 1918 est souvent considérée comme la première guerre moderne ou la première guerre totale selon la définition suivante du philosophe Clausewitz « une guerre qui ne se cantonne pas au domaine militaire mais s’étend au domaine économique, politique, scientifique et culturel ». C’est sans doute car pour la première fois, la guerre est longue, intense et statique sur le front. Ce dernier, soit la ligne imaginaire de confrontation séparant les armées ennemies, ou par extension les soldats ; devient associé à l’idée de tranchées, ces longs fossés creusés de part et d’autre du no man’s land dans lequel vivent les soldats. Mais, surtout, c’est l’arrière çàd les différents acteurs qui ne combattent pas directement l’ennemi, qui participe pleinement à la guerre, ce qui n’est jamais arrivé auparavant. En effet, bien que les combats aient lieu au front, celui-ci n’aurait pu tenir sans l’apport considérable de l’arrière. D’un autre côté, si l’arrière est tellement occupé, c’est bien parce qu’il y a la guerre au front. 

Ainsi, dans quelle mesure le front et l’arrière participent-ils autant à la guerre et en quoi dépendent-ils l’un de l’autre pendant la grande guerre ? Nous étudierons dans une première partie, comment le front et l’arrière ont été acteurs de cette guerre puis comment ils ont été victimes de celle-ci avant de nous concentrer sur les liens précis de dépendance entre le front et l’arrière.

I)Etre acteur de la guerre 

a)quelles armes utilisées (gaz, mitrailleuses) par els combattants et par qui sont-elles fabriquées ?
b)conditions de vie (à l’arrière mais surtout au front)
c)refuser la guerre (surtout au front par els mutineries, les fraternisations, mais aussi à l’arrière par les grèves, le pacifisme)


II)Etre victime de la guerre

a)victime au front (nb de soldats tués + blessés)
b)victimes à l’arrière (bombardements civils + génocide)
c)front et arrière rassemblés par la douleur (orphelins, veuves de guerre, chocs psychologiques des soldats et répercussions sur les familles, sur l’art…)

III) le front et l’arrière en lien

a)le soutien de l’arrière (lettres, petits colis avec denrées à l’intérieur, permissions)
b)L’arrière qui vit à l’heure du front grâce à l’Etat (demande s’engager aux USA, UK, emprunts pour financer la guerre, manuels modifiés…)
c)La déconnexion entre le front et l’arrière (car censure, permission où les soldats se rendent compte que l’arrière ne sait rien des horreurs du front : cf A l’ouest rien de nouveau d’Eric Maria Remarque)



Correction Question problématisée :  participer à la 1GM ? 


Intro : Selon l’historien George Mosse, les personnes –soldats ou civils- ayant participé à la 1GM de 1914 à 1918, s’accoutumeraient à la violence physique et psychologique des combats. Ils deviendraient alors eux-mêmes plus violents et adopteraient un nouveau comportement jusqu’à parfois dans les 1930’s. Il parle de « brutalisation » pour évoquer ce processus. La 1GM mondiale   semble avoir été particulièrement choquante et donc complètement différentes des précédentes guerres pour les  civils ou les soldats.  Mais tous les acteurs n’ont pas eu le même rôle dans cette guerre. Dans quelle mesure l’ensemble de la société a-t-elle pris part de manière différente à la 1GM ? Nous verrons dans un premier temps la participation des soldats puis la participation des civils. Dans une dernière partie, nous verrons que certaines personnes ont aussi refusé de plusieurs de participer à cette guerre.

I)Participer à la guerre en tant que soldat

a)Engagement de masse (qui participe ?)
b)conditions de vie du soldat (comment on participe ?)
c)le bilan (physique, psychologique) (quelles sont les marques de la participation ?

II)Participer en tant que civil à l’arrière
a) mobilisation dans les usines (femmes…)
b)soutenir l’effort de guerre (demande d’envoyer colis, prêts…)
c)participer contre son gré (en être victime: bombardements + génocide)

III)Refuser de participer à la guerre
a)refuser avant qu’elle en commence (pacifistes de Jaurès à Rosa Luxembourg)
b)refuser lorsqu’on est soldat (mutineries + fraternisations)
c)Refuser lorsqu’on est civil (grève, révolution russe, ne pas s’engager lorsqu’on a le choix)

CCL :
Ainsi, prendre part à la 1GM revêt des aspects très différents selon qu’on soit soldat ou civil, qu’on subisse cette guerre ou qu’on l’ait choisi. On peut participer directement en se battant, ou indirectement en finançant, fabriquant des armes ou encore en étant victime. La guerre ne fait d’ailleurs pas consensus car beaucoup sous différentes formes refusent de prendre part à la guerre. On observe également une participation multiscalaire à ce conflit : continents, états et être humains. Il serait intéressant de comparer cette participation très diverse avec celle encore plus complexe et hétéroclite de la seconde guerre mondiale


 Autre proposition de plan détaillé

I)Participer en tant que soldat

a)les conditions de vie dans les tranchées
b)se battre (armes, blessures, victimes)
c)une culture combattante (soldats tenaient grâce à la cohésion, le patriotisme, l’alcool)

II) Participer en tant que civil

a)mobilisation de l’arrière (ds les usines : munitionettes, vêtements, femmes, vieillards : entraîne inversion des rôles
b)mobilisation des esprits
c)malgré soi (en être victime). Ex : génocide

III)Refuse de participer

a)refuser la guerre avant qu’elle ne commence
b)refuser de se battre une fois la guerre commencée (mutineries et fraternisation)
c) refuser de participer à l’effort de guerre (grève, exaspération)



lundi 13 avril 2020

Chicago, schéma d'analyse de paysage

Dans le droit fil des travaux initiés en 2nde, je propose un exercice qui consiste à passer d'une photo de paysage à un schéma d'interprétation.

L'image :

Les documents d'accompagnement pour identifier et nommer les différentes unités paysagères :


+ Utiliser Google map pour identifier les bâtiments visibles sur l'image.

Le résultat se trouve ici : le schéma est ancien et je ne maîtrise pas bien l'outil. Il vaut surtout pour sa légende et l'idée générale, mais il faut le refaire et ne peut pas être distribué tel quel en correction.

jeudi 9 janvier 2020

Révolution industrielle ex de Krupp



Un géant industriel : l’usine Krupp à Essen en 1912.


L'exemple le plus grandiose peut-être d'une concentration embrassant de multiples objets est offert par l'usine Krupp qui, en 1845 occupait 122 ouvriers; en 1887, 45 000 ouvriers et employés; en 1912, 70 000 ouvriers en chiffres ronds. Le charbon est extrait des fosses qui sont la propriété de l'établissement, et sa consommation annuelle s'élève à plus de 2 millions et demi de tonnes, dont 900 000 pour la seule aciérie d'Essen. Cela correspond par jour de travail à une arrivée d'environ sept trains de chemins de fer complets et à pleine charge. Plus de 7 500 machines-outils, 18 laminoirs, 80 presses hydrauliques, 430 générateurs, 550 machines à vapeur et presque 1 000 grues sont mis en marche à Essen. À la place du marteau-pilon, autrefois célèbre sous le nom de Fritz, qui possédait un poids de chute de 50 tonnes et contribua, pendant plus de 50 ans, à la renommée de la maison, se trouvent aujourd'hui de puissantes presses à forger hydrauliques, dont la monstrueuse puissance de 5000 tonnes peut être à peine conçue par notre imagination. [...] En fait de machines-outils et de machines de travail, l'aciérie en renferme 7 200 qui produisent les objets pacifiques les plus variés, mais aussi le matériel de guerre. Un chemin de fer étreint l'ensemble de l'usine de ses 150 kilomètres de voies, relie les ateliers séparés et assure les transports au moyen de 50 locomotives et de 2 400 wagons. [...1 Dans le laboratoire chimico-physique, où chaque coulée de l'usine est éprouvée dans sa composition et ses qualités, il est annuellement accompli environ 60 000 essais, dont l'exécution finale nécessite plus de 500 000 opérations séparées. [...] Les forges Frédéric-Alfred sont ainsi les plus importantes de leur espèce en Europe. Un port long de plus de 500 mètres forme la voie nécessaire à leurs arrivages. Les bateaux du Rhin leur amènent les minerais des armateurs de Rotterdam, aussi bien que ceux des mines de l'Allemagne occidentale. Le long du quai vertical, de puissants ponts roulants assurent le transport du minerai vers les places de déchargement et les réservoirs. Des ascenseurs l'élèvent de là jusqu'aux gueulards des hauts-fourneaux pour y subir la fusion après mélange avec le coke. Toutes les quatre ou six heures environ a lieu la coulée. Fort heureusement avec les progrès techniques marche de pair le développement grandiose des institutions de prévoyance ouvrière. La caisse auxiliaire de maladie, fondée en 1853, s'est développée par l'adjonction d'une caisse de retraite pour les veuves et les orphelins qui dispose, aujourd'hui, d'un avoir de plus de 22 millions de marks. En outre, il existe une société d'assurances sur la vie, qui facilite aux employés les contrats de cette nature; une fondation pour les ouvriers et invalides, destinée à compléter les versements des différentes caisses et possédant un capital supérieur à 7 millions de marks; une assurance contre les accidents des employés et une caisse d'épargne. Comme autres institutions prospères en faveur des ouvriers, il faut citer l'économat d'Essen, le casino des employés, le casino des maîtres ouvriers, une école ménagère, quatre écoles industrielles, une salle de lecture de plus de soixante mille volumes, une bibliothèque scientifique professionnelle de cinquante mille volumes, une société d'éducation, une clinique dentaire, un hôpital, etc.; enfin, un asile de vieillards, où les ouvriers infirmes ou retraités peuvent, près de leurs femmes, terminer leurs jours.

                                            Wilhelm Roscher, Économie industrielle, Paris, Giard et Brière, 1918, p. 185-187. Traduit de la 8e édition allemande, 1913. La première édition avait été publiée en 1881.

Doc d’accompagnement :  une biographie de Krupp . Alfred Krupp, 1812-1887, né à Essen. Il reprend l’entreprise familiale fondée par son père qui ne comptait alors que 7 personnes. Il mit au point un procédé de production de l’acier (1847), fabriqua les 1ers canons lourds en acier, dont le tube était coulé d’une seule pièce et importa de Grande Bretagne, le procédé Bessemer (1862). Il développa considérablement le site de Essen en concentrant différentes activités depuis les mines de charbon et de fer, jusqu’aux chantiers navals et à l’armement.


Questions
  • Présenter le document
  • En quoi l’usine Krupp est elle à la fois le reflet de la 1ère révolution industrielle et de la modernité technologique de la 2e révolution industrielle ?
  • Quels sont les différents facteurs de développement qui ont permis la naissance de ce géant industriel ? 
  • Expliquer en quoi la politique sociale de Krupp est une avancée, un modèle dans l’ Europe de l’époque et met à mal l’idéologie marxiste ?
  • Concluez en évoquant l’intérêt et la portée générale d’un tel document



Proposition de correction.


Présenter le document :

Le texte présenté ici est extrait d’un livre intitulé l’Economie industrielle s’attachant à décrire les aspects de l’industrie et de son développement. L’auteur W. Roscher, probablement un économiste allemand, a réédité et mis à jour son travail depuis 1881. L’édition présentée ici est celle de 1913 qui a été traduite en français en 1918 ce qui est un signe du succès de son ouvrage. La date de 1913 est importante. En effet, l’Allemagne qui s’est industrialisée tardivement est, à cette date, la 1ère puissance industrielle d’Europe devant les Britanniques et les Français. Par ailleurs la situation internationale est tendue du fait d’une compétition internationale entre les puissances européennes.  L’auteur présente dans cet extrait l’usine sidérurgique Krupp à Essen en 1912. Il s’attache à montrer la puissance industrielle de cette usine par une description flatteuse de ses dimensions. Mais il évoque également les progrès sociaux que cette industrie permet. La fierté nationale apparaît derrière cet « exemple le plus grandiose » d’industrie.

En quoi l’usine Krupp est elle à la fois le reflet de la 1ère révolution industrielle et de la modernité technologique de la 2e révolution industrielle ?

L’entreprise Krupp est d’abord une entreprise familiale fondée au début du XIXe siècle et elle reste d’une taille modeste encore en 1845 puisqu’elle emploie « 122 ouvriers ». Cette entreprise s’appuie sur les ressources de la 1ère révolution industrielle qui est d’abord le charbon, lequel est « propriété de l’établissement » (l3) La spécialité de l’entreprise est d’abord la métallurgie, autre secteur de la 1ère révolution industrielle avec un marteau pilon « d’un poids de chute de 50 tonnes » mais également des « forges Frederic Alfred » et des hauts fourneaux. L’entreprise a ainsi pu se développer avec la demande croissante de charbon et de fer permettant de développer les machines à vapeur, mises au point par James Watt en 1769 et qui sont au nombre de 550 dans l’usine (L6), mais également les chemins de fers et les rails qui se développe dans toute l’Europe depuis l’Angleterre mais également en Allemagne puisque autour de l’usine Krupp existent « 150 kilomètres de voies, relaint les ateliers séparés (…) au moyen de 50 locomotives et de 2400 wagons. »
Mais l’entreprise s’est surtout développée à la fin du XIXe siècle puisqu’en 1887, « 45000 ouvriers et employés « travaillent à Essen.  Alfred Krupp a mis au point un procédé de production de l’acier et importé le procédé Bessemer (1862) permettant une production massive d’acier « puisque une coulée à lieu toutes les quatre ou six heures ».(L21) et que la production nécessite 900000 tonnes de charbon à elle seule (L4). L’acier, nouveau produit beaucoup plus résistant bénéficie des recherches en physique-chimie puisque un laboratoire réalise environ 60000 essais. La chimie est effectivement une branche industrielle développée en Allemagne. La production bénéficie également d’une nouvelle source d’énergie à travers les « 430 générateurs » fournissant l’électricité permettant un travail plus sûr et plus rapide avec un gain de place pour remplacer certaines machines à vapeur. Enfin, les nouvelles machines pour la production et le travail de l’acier sont légions chez Krupp « 7500 machines outils, 18 laminoirs, 1000 grues » et de puissantes presses à forger hydrauliques » d’ ‘une « monstrueuse puissance de 5000 tonnes » (L8-10)
 Quels sont les différents facteurs de développement qui ont permis la naissance de ce géant industriel ? 

L’auteur nous livre dès la 1ère ligne son admiration devant « l’exemple le plus grandiose (…) d’une concentration embrassant de multiples objets. » Le mot est lâché. La concentration financière et verticale des Konzern allemands permettent de prendre le contrôle d’une filière à tous les stades de production puisque Krupp est propriétaire des mines de charbon (L3) et produits « des objets pacifiques les plus variés mais aussi le matériel de guerre » (L 12 ) Ce contrôle permet de réaliser des économies sur les stades de production en limitant les intermédiaires et d’être en situation de contrôle des prix afin d’être compétitif face à la concurrence. 
Le rôle de l’entrepreneur est ensuite évoqué par le document d’accompagnement puisque Alfred Krupp met au point un procédé de production de l’acier et se dote des meilleures techniques par l’achat outre-manche du procédé des fours Bessemer en 1862. C’est l’essor des progrès techniques (L21).
Les transports jouent également un rôle clé dans le développement de l’usine Krupp qui est doté « d’un port long de 500 mètres » permettant les importations de minerais de Rotterdam  et d’Allemagne occidentale. (L 17) Les chemins de fer permettent également la circulation des matières 1ères et des produits. Les échanges peuvent donc se développer et les ports permettent l’essor du commerce qui tire la croissance et la production industrielle.
Le rôle de l’Etat est évoqué dans le texte à travers ses commandes de « matériel de guerre » (L12) ce qui témoigne du contexte tendu de l’époque et de la réussite d’une entreprise à s’adapter à des demandes militaires.
La main d’œuvre abondante fournit ensuite une explication au développement de Krupp qui emploie « 70000 ouvriers en 1912 ». L’industrie bénéficie d’un exode rural massif et d’une population abondante, vivant près du site, permettant d’augmenter la production. Cette productivité est d’ailleurs accentuée par les nouvelles méthodes de travail évoquées dans le texte. L’exécution finale de l’acier nécessite « plus de 500 000 opérations séparées » (L15) C’est un référence à l’OST organisation scientifique du travail qui est divisé, simplifié, chronométré  selon les méthodes de F.Taylor. La productivité s’en trouve accrue et les coûts de production réduits.

Expliquer en quoi la politique sociale de Krupp est une avancée, un modèle dans l’ Europe de l’époque et met à mal l’idéologie marxiste ?

L’auteur évoque le « développement grandiose des institutions de prévoyance ouvrière » allant de pair avec les progrès techniques (L21). Visiblement, l’entrepreneur Krupp mène une politique sociale avant gardiste pour l’époque puisqu’il fonde une caisse auxiliaire de maladie dès 1853 (L 23) qu’il y adjoint une caisse de retraite pour les veuves et les orphelins, des sociétés d’assurance, un économat, des casions, des écoles, bibliothèques, cliniques etc. (L27 à 32). C’est une avancée pour les ouvriers d’Essen car en Europe,  les caisses de retraite, les allocations diverses, les assurances maladies sont encore rares. En France, il faut attendre l’intervention de l’Etat et des lois au début du XXe siècle pour voir une amélioration des conditions de vie des ouvriers (1910 : loi sur les retraites ouvrières ; 1930 assurances sociales ». dans la majorité des cas, les ouvriers sont mal lotis et ont des conditions de vie et de travail déplorables.
Krupp semble faire exception et mène une politique sociale favorable aux ouvriers, empêchant ainsi les conflits et les luttes de classes développées par Marx. Mais cette politique paternaliste  d’aide « aux veuves, aux orphelins, aux vieillards »(l 27-32) a des objectifs. Elle peut attirer la main d’œuvre vers l’entreprise mais elle la garde également.  Les « quatre écoles industrielles, les société d’éducation » permettent de former une main d’œuvre pour l’avenir tandis que les hôpitaux permettent de soigner et de recueillir les naissances qui feront de futurs ouvriers. Derrière cette politique sociale se cache une politique de recrutement.

Concluez en évoquant l’intérêt et la portée générale d’un tel document

L’auteur de ce texte nous montre à travers sa description emphatique de l’usine Krupp toute sa fierté du développement industriel de l’Allemagne qui est venue tardivement à l’industrialisation. L’auteur est fier de la réussite industrielle de son pays qui est passé rapidement en tête des pays industrialisés européens. Sa description précise, détaillée de l’usine et de son développement permettent de mieux cerner le processus de développement industriel d’une entreprise et d’un pays. Mais l’optimisme, la joie des progrès sociaux permis par les progrès techniques ne doivent pas cacher certains aspects moins joyeux. Les conditions de travail restent pénibles, même avec le fordisme et le taylorisme qui se mettront en place. De plus, la pratique paternaliste de Krupp a pour effet de garder l’ouvrier sur place, disponible en permanence et de permettre un renouvellement facilité de la main d’œuvre.

J.D. Rockfeller et la Standard Oil Compagny


Montrer en organisant vos connaissances de cours au service de l’analyse des documents que le cas de Rockefeller et de sa compagnie est exemplaire de l’économie capitaliste libérale qui se met en place à la fin du 19e siècle.


Doc 1 : Eléments de biographie
Ce fils de colporteur américain (1839- 1937) se lance dans les affaires à 16 ans. Il investit à partir de 1863 dans une branche industrielle naissante, les raffineries de pétrole. En 1870, il dirige la Standard Oil company, un cartel puis un trust qui assure plus de 80% des activités pétrolières des EUA. Cette firme est au début du XXe siècle (avant les lois anti-trust américaines 1911-1914) la plus puissante au monde. Il fut l'homme le plus riche de tous les temps, avec une fortune estimée à environ 200 milliards de dollars américains de 2012. Sa famille a été à la tête d'un empire durant près de deux siècles : la Standard Oil deviend Esso (des initiales SO), puis ExxonMobil. Rockefeller voyait volontiers dans son succès un signe d’élection : « L'argent me vient de Dieu », disait-il.


Doc 2 : La Standard Oil, de la naissance à l’empire mondial
« Nous avons progressivement étendu notre marché au monde […] La production pour l’exportation était plus économique si elle était effectuée dans les villes côtières. Des raffineries furent donc installées à Brooklyn, Bayonne, Philadelphie et Baltimore.[…] Nous avons aussi découvert que le transport en barils coûtait plus cher parfois que le contenu.[…]Nous avons donc opté pour le système de l’oléoduc.[…] En 1867, toutes les firmes Rockefeller se sont unies. En 1870, nous avons organisé la Standard Oil Company (en rachetant des concurrents) avec un capital d’un million de dollar.[…] Nous avons trouvé des investisseurs : le capital a atteint 2,5 puis 3 millions de dollars.[…] Nous n’avons pas hésité à investir des millions de dollars dans les méthodes de baisse des coûts en multipliant les oléoducs, les tankers et les wagons-citernes. Nous avons construit des stations-essence dans les centres ferroviaires de chaque partie des Etats-Unis.
Pendant des années, la SOC s’est développée pas à pas […] La compagnie a aujourd’hui 3000 wagons-citernes qui approvisionnent en essence les villes et les plus petits hameaux d’Europe, du Japon, de Chine, d’Inde et des principaux pays du monde.[…] Depuis de nombreuses années, elle rapporte chaque semaine aux Etats-Unis plus d’un million de dollars-or.[ …] La compagnie paie bien ses 100 000employés, elle les prend en charge lorsqu’ils sont malades et les pensionne lorsqu’ils sont vieux.[…] Elle lutte contre la concurrence du pétrole extrait des vastes gisements de Russie… »
J.D.Rockefeller, Random Reminiscences of Men and Events, 1909.

Doc 3 : L'université Rockefeller

Prestigieuse université privée américaine, spécialisée dans la recherche médicale. Elle fut fondée en 1901 grâce à des capitaux donnés par J.D. Rockefeller.




Doc 4 : Caricature américaine contre la Standard Oil(1884)





















Doc 5 : Une publicité pour l’essence de la Standard Oil (1913)








La correction :

Objectif : Un destin d’homme et une entreprise exemplaires de l’économie libérale de la fin du 19e s.
= Le sujet nous invite à reconstruire à partir de l’exemple une def du libéralisme et du capitalisme,
à la fois dans son aspect économique : économie de marché, du libre-échange et de la liberté laissée aux entreprises + économie financiarisée (circulation de l’argent, investissements/profits/ banques)
et dans son aspect « social » : rôle des chefs d’entreprises qui prennent des risques et sont récompensés (ou non) de ses risques car ils possèdent leurs entreprises.

Doc 1 nous apprend :
Un self-made-man qui a su “investir (ses économies de 8 ans de travail comme ?) dans une branche industrielle naissante” : raffinage de pétrole
Une industrie qui se développe rapidement, permettant la naissance de fortunes rapides (R = « homme le plus riche de tous les temps »)
Possession privée des moyens de production puisque la SOC appartient à la famille de Rockefeller.
Croyance dans des capacités particulières (« l’argent me vient de Dieu ») : la réussite vient récompenser le mérite.
La croissance économique  de la fin du 19e siècle est tirée par des trusts (groupes industriels = cartel, concentration horizontale. La S.O.C. contrôle « 80% des activités pétrolières US ». cf doc2 « en rachetant les concurrents »)
Doc 2 nous apprend :
Développement mondial quasiment dès l’origine de la compagnie vers Europe, Asie… Bénéfices rapatriés dans le pays d’origine (EUA)
Implantation des usines (raffineries) en fonction des objectifs commerciaux => sur les ports.
Innovation technologique (oléoduc etc) née de considérations de réduction des coûts de production.
Nécessité de l’investissement. L’argent se trouve auprès des banques.
Production de masse + méthodes pour développer une consommation de masse (pub, stations essence)
Paternalisme et pol salariale généreuse.
Grande entreprise (100 000 employés)
Doc 3 nous apprend :
La société se préoccupe de son image de marque. Nouvelle forme de marketing : le mécénat caritatif.
Doc 4 nous apprend :
Critique contre les trusts (« la pieuvre ») => action de l’Etat pour distorsion de la concurrence => (doc 1) lois anti-trust.
Doc 5 nous apprend :
Pol de franchise pour des agents qui commercialisent l’essence de la compagnie (« special agent SOC »)

Correction rédigée (à partir de la copie de Sabrina)
Au 19e siècle, la révolution industrielle s’accompagne d’un long cycle de développement économique qui touche les EUA dans le dernier tiers du siècle. C’est également au 19e siècle qu’une pensée libérale naît pour accompagner le capitalisme qui soutient la circulation généralisée des biens, des personnes et de l’argent. En quoi le cas de R. et de sa compagnie sont exemplaires de cette économie capitaliste libérale qui se met en place. Pour répondre à cette question, nous allons  tout d’abord constater que R. a utilisé des méthodes capitalistes pour développer la Standard Oil Company puis qu’il répond de façon libérale à la question posée par son enrichissement « excessif ».
En quelques décennies, Rockefeller a bâti un empire industriel basé sur les activités de raffinage pétrolier. La S.O. emploie en 1909 100 000 employés et a déployé ses activités sur tous les continents (Europe, Asie et pas seulement en Amérique du nord où elle contrôle absolument tout le marché). La recherche de nouveaux marchés, tout comme la sécurisation de ses parts de marchés est une caractéristique de l’économie capitaliste basée sur la concurrence (ici le pétrole russe). C’est pourquoi, en plus de la mondialisation, il a progressivement racheté tous ses concurrents sur son marché domestique (constitution d’un cartel) puis a opéré une concentration verticale en se positionnant sur toutes les activités pétrolières, jusqu’à constituer un trust. Par ailleurs, comme tout chef d’entreprise capitaliste, R. a constamment cherché à augmenter les profits de son entreprise en réduisant les coûts de production. Il a localisé ses raffineries sur les ports des littoraux américains ; Il a investi d’énormes sommes d’argent dans le développement de nouvelles technologies de transport du pétrole (oléoduc, tankers, barils). Il a aussi cherché à augmenter ses ventes en comprenant très tôt l’intérêt de la publicité qui vante le produit, en créant un logo pour sa marque, en franchisant ses distributeurs. Comme beaucoup de grands patrons de son époque, il pratiqua aussi le mécénat caritatif : l’université Rockefeller, spécialisée dans la recherche médicale, fonctionnait grâce à ses dons. Celui-ci, outre l’aspect moral, présentait comme autre avantage de servir à améliorer l’image de marque de l’entreprise et donc ses ventes.
Au début du 20e siècle, la SO faisait donc des chiffres d’affaire faramineux : un million de $-or par semaine, pour un capital investi de 3 millions de $. Rockefeller a fait appel à des investisseurs privés (banques t/ou actionnaires) qui ont fait de bonnes affaires en lui prêtant de l’argent. Ils étaient intéressés aux résultats de l’entreprise. Pour autant, la SO appartenait à Rockefeller, puis à ses descendants. C’est lui qui en 1863 a investi ses économies dans la société d’origine et a donc pris le risque financier initial. Sa bonne gestion, le pari qu’il a fait, au bon moment, de miser sur une industrie naissante et pleine d’avenir, lui ont permis de devenir l’homme le plus riche de tous les temps. Sa fortune est estimée à 200 milliards de dollars actuels. Il avait donc bien fait fructifier son capital de départ et retiré la majeure partie des bénéfices de son entreprise. R. est le parfait exemple du patron libéral. Il possède son entreprise et les personnes qui y travaillent sont ses employés. Il les paye bien, dit-il. Il est paternaliste : la SO « les prend en charge lorsqu’ils sont malades et les pensionne lorsqu’ils sont vieux ». Mais ils ne partagent pas les bénéfices. Pour R., ils ne sont pas responsables du succès de la SO. Ce sont sa chance, sa vision claire, ses bons choix, bref ses capacités particulières, dont il pense qu’elles sont un don de Dieu, qui lui valent sa fortune.

En conclusion, l’histoire de R. et de la SO sont un bon exemple des réussites industrielles et personnelles permises au tournant du XXe siècle par l’économie capitaliste. Cependant l’exceptionnelle domination économique du trust fondé par R. est aussi sa faiblesse. On lui reproche son gigantisme tentaculaire et entre 1911 et 1914, l’Etat américain démantèle l’entreprise avec ses lois anti-trust établies pour restaurer une concurrence libre et non faussée.


Un autre sujet possible : la version courte

John D Rockefeller et la Standard Oil Compagny 
 « Nous avons progressivement étendu notre marché au monde […] La production pour l’exportation était plus économique si elle était effectuée dans les villes côtières. Des raffineries furent donc installées à Brooklyn, Bayonne, Philadelphie et Baltimore.[…] Nous avons aussi découvert que le transport en barils coûtait plus cher parfois que le contenu.[…]Nous avons donc opté pour le système de l’oléoduc.[…] En 1867, toutes les firmes Rockefeller se sont unies. En 1870, nous avons organisé la Standard Oil Company (en rachetant des concurrents) avec un capital d’un million de dollars.[…] Nous avons trouvé des investisseurs : le capital a atteint 2,5 puis 3 millions de dollars.[…] Nous n’avons pas hésité à investir des millions de dollars dans les méthodes de baisse des coûts en multipliant les oléoducs, les tankers et les wagons-citernes. Nous avons construit des stations-essence dans les centres ferroviaires de chaque partie des Etats-Unis.
Pendant des années, la SOC s’est développée pas à pas […] La compagnie a aujourd’hui 3000 wagons-citernes qui approvisionnent en essence les villes et les plus petits hameaux d’Europe, du Japon, de Chine, d’Inde et des principaux pays du monde.[…] Depuis de nombreuses années, elle rapporte chaque semaine aux Etats-Unis plus d’un million de dollars-or.[ …] La compagnie paie bien ses 100 000 employés, elle les prend en charge lorsqu’ils sont malades et les pensionne lorsqu’ils sont vieux.[…] Elle lutte contre la concurrence du pétrole extrait des vastes gisements de Russie… »
J.D.Rockefeller, Random Reminiscences of Men and Events, 1909.

En organisant vos connaissances de cours au service de l’analyse de ce texte, montrez que le cas de Rockefeller et de sa compagnie est exemplaire de l’économie capitaliste, industrielle et commerciale, paternaliste, qui se met en place à la fin du 19e siècle


Revolution Industrielle - Exemple de question problématisée : l'analyse du sujet


                                        
En quoi la révolution industrielle a-t-elle changé les structures de production économique et les modes de vie des Européens au 19e siècle ? Etablissez une liste organisée d’exemples.

Analyse de la question

Un thème, une période, un lieu. Fixe les bornes de la question à ne pas dépasser (sinon = Hors-sujet) => colonisation, commerce, cycles de croissance et de crise,  ou transformations économiques au XXe siècle, tout cela est HS => au pire, ça vous coûte des points, au mieux, c’est du temps passé pour rien.

Des mots clefs = de quoi il va falloir parler => vous permet de sélectionner plus finement dans les connaissances de cours. => Structure de production = où (=> usine + pays), comment ? (mécanisation, grands ateliers, innovations), qui ? (développement du prolétariat) ////Modes de vie (= consommation, lieux de vie, loisirs, confort…

Le groupe verbal est le plus souvent l’élément le plus important à prendre en compte, car il désigne quasiment toujours  l’objectif de la question : ici, il faut montrer des changements structurels donc définitifs => démarche avant/après = comparaison. Il faudra utiliser du vocab qui montre le chgt (ex. urbanisation).


Une réflexion plus approfondie sur l’objectif de la question doit vous permettre d’aboutir au sens à donner à votre argumentation. Ici, il faut lier les deux thématiques ensemble. Structures de production et modes de vie ont été transformées. Sont-ce deux phénomènes distincts ? Non, c’est parce que les structures de production changent que les modes de vie changent.


Une consigne. = Comment organiser la réponse. La consigne ici insiste sur le fait qu’il faut apporter des exemples et les organiser (chronologiquement ou thématiquement ou dialectiquement 
ici = cause/csq tout en faisant attention à la chrono et à classer par type de csq) + en quoi = dans quelle mesure ? De quelle ampleur ? => changements radicaux ou pas ? choisir donc les exemples qui marquent le plus la nouveauté.


Plan possible pour la réponse argumentée

Commencer par situer la « révolution industrielle » = fin XVIIIe s, Angleterre, machine à vapeur et charbon, passage de l’atelier à l’usine. Puis généralisation dans le courant du 19e siècle.

Csq1 CHANGEMENT DE CADRE: 
augmentation md’o industrielle venue des campagnes, urbanisation (Ex. mi 19s, la pop. urb. du RU = 50% pop. tot.) et croissance du PIB (Ex. chiffre pour le RU), enrichissement mais au prix des inégalités sociales

Csq2 DE NOUVEAUX HORIZONS: 
création de nvx secteurs d’activités qui permettent un élargissement des cadres de vie des pop : Ex1 nvx moyens de transport (1830 chemin de fer Manchester-Liverpool , steamers puis fin 19e siècle, voitures individuelles). Ex2 Idem pour les medias, le transport et la conservation du son et de l’image (photographie, cinéma, téléphone, télégraphe => donner les dates)

Csq3 VERS LA FIN DE LA SURVIE ?: 
le passage à l’industrialisation s’accompagne d’un dvlppt inoui des sciences et des techniques débouchant sur des innovations qui améliorent le mode de vie des pop. Ex1 : chimie + médecine => hygiénisme, médicaments => baisse de la mortalité. Ex2 : énergie => éclairage au gaz puis à l’électricité dans les villes puis les logements. + chauffage => confort …

vendredi 27 décembre 2019

La République face aux contestations


Chapitre: L’enracinement de la République en France

L’idéal Républicain face aux contestations

Doc 1 : Une défense des débats parlementaires, discours du 4 juin 1888
Général et ancien ministre de la guerre, Boulanger réunit momentanément sur son nom tous les mécontents, grâce à sa critique des institutions de la 3e République. Au faîte de sa popularité, il fait campagne pour une révision de la Constitution, dans un sens plus bonapartiste. Georges Clémenceau lui répond :

« Vous avez raillé le Parlement. Il est étrange pour vous que 580 hommes se permettent de discuter des plus hautes idées qui ont cours dans l’humanité et ne résolvent pas d’un coup tous les problèmes économiques et sociaux qui sont posés devant les hommes. Comment !? Les plus grands esprits […] ont médité sur ces choses. Ils se sont divisés, parce que la recherche est longue, parce que la vérité se dérobe. Et voici que, par un phénomène qui vous surprend, ces 580 hommes qui sont ici ne s’accordent pas sans discussion. Eh bien, puisqu’il faut vous le dire, ces discussions sont notre honneur à tous. Elles prouvent surtout notre ardeur à défendre les idées que nous croyons justes et fécondes. Ces discussions ont leurs inconvénients, le silence en a bien davantage. Oui ! Gloire aux pays où l’on parle, honte aux pays où l’on se tait. Si c’est ce régime de discussion que vous croyez flétrir sous le nom de parlementarisme, sachez que c’est le régime représentatif même, c’est la République sur qui vous osez porter la main. »

Doc 2 : Des lois indignes de la République

« Alors que la loi sur la liberté de la presse ne punit que la provocation directe aux faits qualifiés de crimes, le nouveau texte frappe la provocation indirecte, c’est-à-dire l’apologie […] La loi française pose en principe que « le fait coupable ne peut être punie que quand il s’est manifesté par un acte précis d’exécution ». Aux termes de ce nouveau texte *, la simple résolution, l’entente même prend un caractère de criminalité. […] Après avoir organisé par le nouvel article 266 une véritable « prime à la délation », la loi punit des mêmes peines que l’entente, la participation à cette entente, c’est-à-dire le hasard d’une conversation, le logement donné à un inconnu, un service rendu sans comprendre, une commission faite sans savoir.[…]
Tous le monde avoue que de telles lois n’auraient jamais dû être nos lois, les lois d’une nation républicaine, d’une nation civilisée, d’une nation probe. Elles suent la tyrannie, la barbarie et le mensonge.
Extrait de « comment ont été faites les lois scélérates », article publié le 1er juillet 1898 par Léon Blum, alors conseiller d’Etat et jeune intellectuel de gauche.

*il s’agit de 3 lois distinctes entre 1893 et 1894, modifiant les loi de 1881 sur la liberté de la presse, de 1884 sur le droit d’association. Dirigées contre les anarchistes, elles visent à lutter contre la menace terroriste réelle (rappel : dec 1893 bombe à la chambre des députés)


Consigne guidée
Vous ferez une courte introduction pour présenter les auteurs (Clémenceau et Blum) et formuler l’objectif de l’analyse.


Dans une première partie, vous montrerez et expliquerez, à partir des documents, pourquoi la République fait face à des critiques politiques (boulangisme, anarchisme)

Dans une deuxième partie, vous expliquerez, avec le doc 1, la position de Clémenceau : « les débats politiques sont la base de la République démocratique ». Pensez à intégrer dans votre argumentation une présentation des institutions de la République.

Enfin, dans la dernière partie, vous mettrez en évidence, comme le fait Blum, en quoi la réponse à la menace terroriste anarchiste fait justement l’objet d’un débat entre la droite républicaine et la gauche républicaine. (remarque : à vous d’apporter les arguments de la droite car, dans le texte, il n’y a que ceux de la gauche)

En ccl, élargir sur un autre sujet de tension entre droite et gauche à la même époque.

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