vendredi 27 décembre 2019

La République face aux contestations


Chapitre: L’enracinement de la République en France

L’idéal Républicain face aux contestations

Doc 1 : Une défense des débats parlementaires, discours du 4 juin 1888
Général et ancien ministre de la guerre, Boulanger réunit momentanément sur son nom tous les mécontents, grâce à sa critique des institutions de la 3e République. Au faîte de sa popularité, il fait campagne pour une révision de la Constitution, dans un sens plus bonapartiste. Georges Clémenceau lui répond :

« Vous avez raillé le Parlement. Il est étrange pour vous que 580 hommes se permettent de discuter des plus hautes idées qui ont cours dans l’humanité et ne résolvent pas d’un coup tous les problèmes économiques et sociaux qui sont posés devant les hommes. Comment !? Les plus grands esprits […] ont médité sur ces choses. Ils se sont divisés, parce que la recherche est longue, parce que la vérité se dérobe. Et voici que, par un phénomène qui vous surprend, ces 580 hommes qui sont ici ne s’accordent pas sans discussion. Eh bien, puisqu’il faut vous le dire, ces discussions sont notre honneur à tous. Elles prouvent surtout notre ardeur à défendre les idées que nous croyons justes et fécondes. Ces discussions ont leurs inconvénients, le silence en a bien davantage. Oui ! Gloire aux pays où l’on parle, honte aux pays où l’on se tait. Si c’est ce régime de discussion que vous croyez flétrir sous le nom de parlementarisme, sachez que c’est le régime représentatif même, c’est la République sur qui vous osez porter la main. »

Doc 2 : Des lois indignes de la République

« Alors que la loi sur la liberté de la presse ne punit que la provocation directe aux faits qualifiés de crimes, le nouveau texte frappe la provocation indirecte, c’est-à-dire l’apologie […] La loi française pose en principe que « le fait coupable ne peut être punie que quand il s’est manifesté par un acte précis d’exécution ». Aux termes de ce nouveau texte *, la simple résolution, l’entente même prend un caractère de criminalité. […] Après avoir organisé par le nouvel article 266 une véritable « prime à la délation », la loi punit des mêmes peines que l’entente, la participation à cette entente, c’est-à-dire le hasard d’une conversation, le logement donné à un inconnu, un service rendu sans comprendre, une commission faite sans savoir.[…]
Tous le monde avoue que de telles lois n’auraient jamais dû être nos lois, les lois d’une nation républicaine, d’une nation civilisée, d’une nation probe. Elles suent la tyrannie, la barbarie et le mensonge.
Extrait de « comment ont été faites les lois scélérates », article publié le 1er juillet 1898 par Léon Blum, alors conseiller d’Etat et jeune intellectuel de gauche.

*il s’agit de 3 lois distinctes entre 1893 et 1894, modifiant les loi de 1881 sur la liberté de la presse, de 1884 sur le droit d’association. Dirigées contre les anarchistes, elles visent à lutter contre la menace terroriste réelle (rappel : dec 1893 bombe à la chambre des députés)


Consigne guidée
Vous ferez une courte introduction pour présenter les auteurs (Clémenceau et Blum) et formuler l’objectif de l’analyse.


Dans une première partie, vous montrerez et expliquerez, à partir des documents, pourquoi la République fait face à des critiques politiques (boulangisme, anarchisme)

Dans une deuxième partie, vous expliquerez, avec le doc 1, la position de Clémenceau : « les débats politiques sont la base de la République démocratique ». Pensez à intégrer dans votre argumentation une présentation des institutions de la République.

Enfin, dans la dernière partie, vous mettrez en évidence, comme le fait Blum, en quoi la réponse à la menace terroriste anarchiste fait justement l’objet d’un débat entre la droite républicaine et la gauche républicaine. (remarque : à vous d’apporter les arguments de la droite car, dans le texte, il n’y a que ceux de la gauche)

En ccl, élargir sur un autre sujet de tension entre droite et gauche à la même époque.

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