thème 1ere Tronc commun :
L’enracinement de la République en France
Célébrer ou attaquer la République
Exercice 1 : une analyse d'image
AFFICHE CÉLÉBRANT LE CENTENAIRE DE LA RÉPUBLIQUE
Proposition de corrigé
1) Présentation du document : rédigez une introduction qui présente le document, en dégage les centres d’intérêt et propose une problématique.
Éléments devant impérativement apparaître :
* Nature du document : c'est une affiche de propagande, émanant du gouvernement de la III République en 1892, pour commémorer le centenaire de la République (1792-1892)
* Intérêt du document : l'affiche illustre les bienfaits de la République. Mise en place des symboles républicains, c'est-à-dire des valeurs que défend et propage le régime républicain.
* Problématique : Quels sont ces bienfaits et symboles républicains mis en avant ? Quels liens le régime souhaite-t-il établir entre la III République et la Ière, en 1792 ?
2) Dans quel contexte historique fut diffusée cette affiche ?
1892 est une période difficile dans l'histoire de la III République.
Il faut rappeler ici, même brièvement, quelles ont été les difficultés de l'instauration d'un régime républicain (cf. l'Assemblée conservatrice élue en 1871, Mac Mahon, la République qualifiée de République in extremis par l'amendement Wallon).
A partir des années 1880 : la République s'enracine solidement: les Républicains les plus modérés ont été au pouvoir pendant les 20 premières années et ont mis en place un régime parlementaire dans le cadre d'une évolution démocratique et libérale. Mais en 1892, la République vient de traverser une grave crise qui l'a tout de même sérieusement ébranlée : l'affaire Boulanger (entre 1885 et 1890, à expliquer en quelques mots). Alors que les valeurs républicaines ont été remises en cause par cette vague antiparlementariste, il convient pour le régime de réaffirmer que les bienfaits apportés par la République sont innombrables, contrairement à ce que dénoncent ses adversaires
3) Quels sont les symboles républicains mis ici en avant ? (les expliciter)
Dans ses premières années, celles de son enracinement, la République a été exaltée par une série de symboles (cf. par exemple la Marseillaise, devenue l'hymne national en 1879). Nous en retrouvons ici deux :
- La Marianne au bonnet phrygien : c'est l'incarnation de la République française, coiffée du bonnet des affranchis. Ses premières représentations apparaissent sous la Révolution française, mais c'est sous la III République que les bustes de Marianne commencent à fleurir dans les mairies
- Le drapeau tricolore de 1789, devenu pavillon national en 1794, "oublié" pendant la Restauration et la Monarchie de Juillet a été adopté à nouveau en 1848, puis peu à peu accepté par les Français et jamais plus remis en cause depuis.
4) Que cherche-t-on à démontrer par le biais de cette affiche ? En quoi est-ce révélateur de l'époque ?
En réaction à la vague antiparlementariste soulevée par l'affaire Boulanger, il s'agit donc de réaffirmer les bienfaits qu'apporte la République à la Nation (on apprendra d'ailleurs aux écoliers de la III République que les deux sont indissociables)
La République apporte :
* la paix : le rameau d'olivier, symbole pacifique depuis l'Antiquité, et le calme bucolique qui règne.
* la prospérité : la corne d'abondance, autre symbole antique, le chemin de fer (le progrès, la modernité et la croissance économique), les travaux des champs (les campagnes prospères où les paysans mangent à leur faim, cultivent une terre saine et fertile et nourrissent la population française)… Mais aussi la poitrine opulente de Marianne, mère nourricière.
* plus anecdotique : sont aussi représentés les arts (la palette) Marianne veille sur ses enfants, gages d'avenir (la France), telle une mère attentive et attentionnée.
Mais cette affiche est aussi intéressante par le lien qu'elle établit entre la IIIe République et la I , celle de 1792, issue de la Révolution de 89. C'est la continuité qui est saluée ici, la revendication de l'héritage révolutionnaire de 89 qui est mis en avant, en passant par dessus le I Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet, la II République
Suffrage universel Un bureau de vote en 1891. Peinture d'Alfred Bramtot (1852-1894) 1891 les Lilas, Hôtel de Ville
Exercice 2 : commentaire d'image avec question d'ensemble
(remettre en page les images )
Comment l’art
contribue-t-il à l’élaboration de la culture républicaine à la fin du 19e
siècle ?
Introduction
Groupe statuaire monumental, intitulé Triomphe de la République inauguré en 1899 place de la Nation, dans
un quartier alors populaire de la capitale.
L’auteur Dalou est un ancien communard rêve d’un monument à
la gloire des ouvriers. C’est pourtant un monument républicain qu’on lui
commande, qu’il crée et pour lequel il reçoit la légion d’honneur des mains du
psdt de la Rép le jour de l’inauguration.
Ce jour là, la foule porte les drapeaux rouges des ouvriers
et bleu-blanc -rouge de la nation française. A l’époque, les statues publiques,
en général des grands hommes ou commémoratifs d’événements importants de
l’histoire républicaine, sont inaugurées en grande pompe. Elles témoignent de
l’unité et de la vigueur de la nation française. Elles sont le point de
ralliement lors des grandes fêtes civiques. Elles témoignent de la vigueur des
rituels républicains de l’époque.
I/ Héritage de la Révolution française
C’est ma révolution française qui institue des rituels
civiques pour ancrer dans les esprits et les cœurs l’amour de la République. Il
faut remplacer dans les imaginaires et les sensibilités les codes et référents
culturels de la monarchie. Les révolutionnaires plantent des arbres de la
liberté, organisent des défilés républicains, panthéonisent leurs grands
hommes. Le peuple n’est plus seulement spectateur des rituels politiques, il en
devient l’acteur. Il en est aussi l’objet. Ici, les personnes représentées sont
des allégories, mais ce sont aussi, physiquement, des corps de gens du peuple.
Le groupe statuaire reprend des symboles qui rappelle
l’origine révolutionnaire de la République française. Un symbole (trad
« ce qui rassemble ») est un signe de reconnaissance, décrypté
aisément par toute personne éduquée aux valeurs républicaines. Les références à
l’antiquité romaine (période républicaine) existent dans l’art révolutionnaire
comme chez Dalou : le faisceau que tient la République est un symbole
d’autorité. Les magistrats romains étaient entourés de licteurs qui portaient
les mêmes faisceaux. Le génie tenant la flamme conduit le char. La flamme est
une référence et un jeu de mot. Elle renvoie à la philosophie des lumières, qui
est la 2e source d’inspiration des révolutionnaires républicains.
Elle est aussi symbole du progrès. C’est le génie de la liberté. Il tient de
son autre main les chaines brisées du despotisme.
L’œil avisé reconnaît enfin dans la femme, coiffée de son
bonnet phrygien, marchant debout sur un char, une allégorie de la République.
Elle est reprise par Delacroix dans son célèbre tableau, la Liberté guidant le peuple. Dalou y fait
une référence directe, par le sein découvert. Plus tard, avec la 2nde
République (1848-1851), cette femme deviendra Marianne. Sous la 3e
République, des bustes de Marianne sont dans toutes les mairies.
II/ Idéologie proprement républicaine
Donc Marianne est la Liberté, elle est aussi la République.
La République est le régime qui permet, qui crée la liberté nous dit la statue.
Elle est le guide vers la libération du peuple. Cette Marianne-là a une portée
universelle. Comme la DDHC, elle est un modèle pour les peuples du monde
entier, ce que suggère le globe sur lequel elle avance.
Son char est tiré par deux lions, anciens animaux royaux,
désormais symboles de la force du peuple. Mais c’est un peuple domestiqué, sous
le joug qui tire le char. Ce joug qui permet de ne pas craindre la fureur et la
force du peuple, c’est le suffrage universel. C’est lui qui transforme le
peuple en nation. La République n’est donc pas le peuple, elle est l’émanation
du peuple par le biais du suffrage universel, elle est régime représentatif.
Les révolutionnaires déjà s’inspiraient de la Rome républicaine, et non pas de
la démocratie directe d’Athènes. Symptomatiquement, si les lions sont à l’avant
du char, la paix marche derrière le char. Elle porte les instruments de
l’abondance et sème derrière elle fleurs et fruits.
Liberté, égalité, fraternité : devise de la République
française. Un couple d’un homme et d’une femme, accompagné d’enfants entoure le
char. Ils sont aussi le peuple, le peuple réel (l’ouvrier) et des allégories.
La femme représente la Justice : elle en porte les signes (main de
justice). L’homme est le travail. Les deux sont l’égalité car à égalité. Où est
la fraternité ?
III/ Une spécificité de la statue de Dalou, la préoccupation sociale
Si les deux marchent de conserve, ils permettent l’abondance
(le char est couvert de cornes d’abondance). Il y a là un message social clair.
Pas d’abondance et pas de République sans justice face au travail, sans équité
(symbole de la balance tenue par l’enfant devant la justice). La justice doit
être la même pour tous, la République doit traiter tous les citoyens comme ses
enfants. Or, à l’époque, la classe ouvrière n’adhère pas complétement à la
République : la 3e Rép est pour elle « une république
bourgeoise ».
Dalou lui veut croire en la valeur d’une loi républicaine de
première importance. Les lois Ferry créant l’école primaire publique, gratuite,
laïque et obligatoire constituent l’espoir pour l’ouvrier que ses enfants
pourront sortir de la condition ouvrière (briser la reproduction sociale =
émancipation par l’école). C’est pourquoi il place le jeune enfant avec ses
livres dans les jambes de l’ouvrier portant sa masse.
Conclusion
Dalou a
choisi de montrer une image de la République en mouvement, une promesse.
Remarque :
à l’origine, le char de la République, placé dans un bassin d’eau était
entourés de crocodiles en bronze crachant de l’eau vers la statue centrale. Ils
faisaient partie du groupe monumental. Ils symbolisaient les dangers et les
ennemis de l’idée républicaine.
Le programme de
L'Action Française (1908)
" L'Action
française est le journal des bons citoyens désabusés de la République,
ralliés à la Monarchie. (...) Seuls les intéressés, les nigauds et les pauvres
primaires ignorants peuvent se soustraire à cette évidence : LA RÉPUBLIQUE
C'EST LE MAL.
La République est le
gouvernement des Juifs, des Juifs traîtres (...), des Juifs voleurs (...), des
Juifs corrupteurs du peuple et persécuteurs de la religion catholique (...).
La République est le
gouvernement des pédagogues protestants qui importent d'Allemagne, d'Angleterre
et de Suisse un système d'éducation qui abrutit et dépayse le cerveau des
jeunes Français.
La République est le
gouvernement des francs-maçons qui n'ont qu'une haine : l'Église, qu'un
amour : les sinécures et le trésor public ; fabricants de guerre
civile, de guerre religieuse, de guerre sociale, parasites de nos finances, ils
nous mèneront à une banqueroute matérielle et morale (...).
La République est le gouvernement de ces
étrangers plus ou moins naturalisés ou métèques, qui (...) accaparent le sol de
la France, ils disputent aux travailleurs de sang français leur juste salaire,
ils font voter des lois qui ruinent l'industrie (...).
Régime abominable
(...), la République est décidément condamnée, et la seule inquiétude de la
raison française tient à ce qu'on ignore qui l'on mettra à la place de ce qui
est. NOUS Y METTRONS LE ROI.
Le Roi :
c'est-à-dire la France personnifiée par le descendant et l'héritier des
quarante chefs qui l'ont faite, agrandie, maintenue et développée (...). Il est
trop ridicule de vouloir être un peuple fort, un peuple puissant en Europe,
sans un chef héréditaire pour veiller à notre destinée historique.
Mais le gouvernement du
Roi est aussi le seul qui, en maintenant l'ordre, puisse effectuer parmi nous
les mêmes progrès sociaux qu'ont accomplis les monarchies voisines, et ajouter
à ces progrès tout ce que la richesse et le génie de notre race permettent de
prévoir et de réaliser (...).
Patriotes français,
nationalistes, antidreyfusards,
catholiques - hommes d'ordre, hommes de progrès - riches, pauvres, de toute
classe, de tout métier, de tout parti, vous qui en avez assez, qui êtes las de
gémir, qui voulez en finir : vous lirez tous l'Action Française qui
dira chaque jour, non seulement les maux publics, mais le moyen, le moyen sûr,
le moyen radical, l'unique moyen de terminer les misères de la Patrie, JETER À
BAS LA RÉPUBLIQUE ! PROCLAMER LE DUC D'ORLÉANS."
Après avoir présenté le document et le contexte, faites
l'analyse du document pour montrer et expliquer en quoi l'Action Française est
un mouvement d'extrême droite : nationaliste et xénophobe, monarchiste et
anti-républicain.
En conclusion, vous vous demanderez si la violence des
propos a entraîné une violence dans les actes entre 1898 et 1940 et quel fut le
poids de l'AF dans l'histoire de France (recherches personnelles obligatoires)