Notes sur l’émission « Concordance des temps » (samedi 20/01/2024)
Le sport entre
deux blocs
1921-1931 : Internationale rouge du sport =>
spartakiade (1927, Moscou)
1936 : JO de Berlin. Utilisés comme la vitrine du
régime nazi
Après
1945, on voit renaître l’olympisme. Il y a une tension entre une défense d’un
internationalisme pacifique et en même temps, une promotion de la compétition
entre Etats, à travers le décompte des médailles. Les soviétiques entrent dans
le circuit international du sport : l’URSS y voit la possibilité de s’engager
dans une « diplomatie populaire » et de s’adresser à des opinions
publiques qu’ils ne touchaient pas avant. L’URSS entre au CIO en 1951. Le pays
investit dans le sport en créant le statut d’ « amateur d’Etat » càd
des athlètes payés par l’Etat pour pouvoir s’entraîner (Rq/ dans le camp d’en
face, on a le même style de torsion du principe de l’amateurisme avec la
participation des militaires américain dans les compétitions sportives).
Les JO ont constitué entre 1945 et 1990 le champ de
bataille d’une guerre d’influence entre les deux blocs, sans compter que les
nations du Tiers-Monde tentaient de jouer leur partie.
1952 : JO de Helsinki (pays neutre)
2 villages olympiques. Les athlètes
du bloc de l’est ont leur propre village olympique séparé. Espace clos, mais à
mesure que les compétiteurs soviétiques font preuve, sur les stades, de
fraternisation avec les autres compétiteurs, le village du bloc de l’est s’ouvre
=> repas organisé par les soviétiques entre rameurs de tous pays, avec
toasts portés à l’amitié entre les peuples.
Le bloc soviétique utilise les
athlètes pour mettre en avant son modèle cf Zatopek, le tchécoslovaque, qui a remporté
successivement le 10 000 mètres, le 5 000 mètres et le marathon
fait des conférences publiques où il vante le modèle communiste.
1956 : JO de Melbourne
Village olympique commun
Insurrection en Hongrie et sa répression par les soviétiques => plusieurs pays boycottent les JO. (ex. Pays-Bas. Un match de Water-Polo entre équipe soviétique et équipe hongroise donne lieu à une photo d’un nageur hongrois le visage couvert de sang à la suite d’un coup de crosse hongrois. Cette photo est titrée dans la presse « le bain de sang » avec une référence explicite à la répression.
https://www.dailymotion.com/video/x7r2bnp
A l’issue de ces jeux, 38 membres
de la délégation du bloc de l’est décident de ne pas rentrer dans leur pays :
ils « font le choix de la liberté » (référence au transfuge
soviétique Kravtchenko et au titre de son livre publié en 1946 à New York). Une
opération est montée par les dirigeants de Sports Ilustrated (magazine de
sport, très populaire aux EUA, fondé par Henri Luce – Fortune, Time
…- en 1954) pour les aider à émigrer aux Etats-Unis. En Janvier 1957, Freedom
tour : ces transfuges font une série de réunions publiques pour lever
des fonds pour aider les exilés hongrois.
Cf “Sports Illustrated and the Melbourne
Defection”, Toby C. Rider, in Cold War Games: Propaganda, the
Olympics, and U.S. Foreign Policy , 2016, Pages 103–121.
https://doi.org/10.5406/illinois/9780252040238.003.0007
A partir du milieu des années
1950, de plus en plus de compétitions internationales s’organisent, qui constituent
autant d’occasions de rencontre entre les
athlètes des deux blocs. Pas seulement les JO cf aussi les « mondiaux »
de tel ou tel sport.
1960 : Rome + 1964 :Tokyo
1968 : JO de Mexico
1ere fois qu’ils sont retransmis
en Mondivision et en direct.
1er contrôles
antidopages
Pour la 1ere fois, pas d’équipe
allde (faussement) unifiée -> 2 délégations RFA/RDA
Dans le contexte de la lutte pour
les droits civiques aux EUA, des athlètes mettent en scène leur dénonciation de
la discrimination raciale et son soutien à la cause afro-américaine ccf la
photo célèbre de Tommie Smith et John Carlos, poings levés et gantés (comme les
Black panthers) sur le podium du 200 m
= mise en scène des tensions internes au sein du pays, largement reprise par la propagande soviétique.
Mais de la même manière, la
gymnaste tchécoslovaque Vera Čáslavská (4 médailles d’or) baisse ostensiblement la
tête sur le podium au moment où retentit l’hymne soviétique : contexte =
la répression du printemps de Prague.
Les pays nouvellement
indépendants issus de la décolonisation sont l’objet de la propagande sportive
des deux Grands : accueil d’athlètes du Tiers-Monde dans les universités,
US comme sov, et distribution de bourses, construction d’infrastructures (ex.
stade de Jakartà construit en 1962 sur des fonds soviétiques), organisation d’événements
sportifs…
1972 : JO de Munich
La prise d’otages des lutteurs israéliens
par le groupe « Septembre noir » palestinien qui a tourné au carnage
lors de l’assaut final. Le tout est suivi en direct par 690 millions de
téléspectateurs. Les preneurs d’otages réclamaient la libération de 200
prisonniers palestiniens, mais la 1ere ministre israélienne Golda Meir est
intransigeante et refuse de négocier avec les terroristes. Malgré tout, c’est l’occasion
de mettre au 1er plan de la scène internationale la question
palestinienne.
Le village olympique était ouvert
à la circulation et c’est la mise au premier plan de la question de la sécurité
des athlètes et des installations (ce qui alourdira considérablement la facture
des JO suivants cf le fiasco budgétaire des JO de 1976 à Montréal.)
L’ère des boycotts
1976 : JO de Montréal
En 1976, de nombreux pays d’Afrique boycottent les Jeux
olympiques organisés à Montréal. Ce boycott n’est pas le premier du genre,
l’olympisme est coutumier des scandales sportifs ou politiques. À Melbourne
en 1956, six pays boycottent les JO. L’Égypte, l’Irak et le Liban
protestent contre l’occupation franco-anglaise du canal de Suez, tandis que
l’Espagne, les Pays-Bas et la Suisse manifestent leur désaccord avec
l’intervention soviétique en Hongrie. Cette fois à Montréal, le boycott est
massif et sans précédent, soulignent les chercheurs Catherine et Éric Monnin,
auteurs du Boycott politique des Jeux
olympiques de Montréal, aux Presses Universitaires de
France. C’est presque tout un continent qui refuse de participer aux
épreuves olympiques. Les pays africains dénoncent l‘apartheid en Afrique du sud.
La question du dopage des
nageuses est-allemandes est l’occasion de remettre en cause les pratiques
anti-sportives au sein du bloc de l’est. https://youtu.be/mYuzMtoOOOs
1980 : JO de Moscou
Dès 1956, les dirigeants sportifs
soviétiques évoquent la possibilité d’accueillir les JO. Ils investissent dans
les infrastructures pour être en mesure de les accueillir. Ces Jeux ont permis
la modernisation des services et lieux d’accueil des JO. La cérémonie d’ouverture
est une réussite de la propagande soviétique : grands tableaux extrêmement
réussis mettant en avant l’histoire et la culture russe et les valeurs de l’olympisme,
la paix dans le monde … Mise en scène grandiloquente qui va servir de modèle
pour les cérémonies suivantes.
Boycott des Etats-Unis, dont le
prétexte est l’invasion de l’Afghanistan par l’armée rouge en 1979, mais le
principe du boycott est évoqué bien avant, dès la connaissance du choix de
Moscou comme ville d’accueil des JO. La dénonciation du non-respect des droits
de l’Homme sert la propagande US. Mais le boycott n’est pas généralisé, même au
sein du bloc des nations dites libres et les JO ont tt de même lieu sans trop
de perturbation. En Europe, seule l’Allemagne de l’Ouest et la Norvège
boycotteront ces Jeux. La France, l’Italie et la Grande-Bretagne maintiennent
leur participation mais à des conditions différentes. Certains pays
participeront mais sous bannière olympique. D’autres, comme la France
notamment, refuseront de participer à la cérémonie d’ouverture.
Boycott cette fois-ci des pays du
bloc de l’est, encore que les occidentaux aident les athlètes de la Roumanie et
de la Yougoslavie à participer à ces jeux. Et grand retour des sportifs chinois
sur la scène olympique.
Ce sont des jeux qui ont été
accusés d’être vendus au privé. MacDonald finance le stade nautique et Fuji le
pas de tir. Le droit de porter de la flamme olympique est monnayé 3000$ du km.
Pour la 1ere fois, présence des sponsors officiels qui achètent le droit d’utiliser
l’image et le logo des JO => cf Fidel Castro qui dénonce cette marchandisation
du sport (en 1988 à Séoul, la délégation cubaine boycottera les JO)
Lien vers une trace écrite d'un ancien sujet d'étude JO pour les STI
Lien vers émission : sport et diplomatie