lundi 13 avril 2020

Chicago, schéma d'analyse de paysage

Dans le droit fil des travaux initiés en 2nde, je propose un exercice qui consiste à passer d'une photo de paysage à un schéma d'interprétation.

L'image :

Les documents d'accompagnement pour identifier et nommer les différentes unités paysagères :


+ Utiliser Google map pour identifier les bâtiments visibles sur l'image.

Le résultat se trouve ici : le schéma est ancien et je ne maîtrise pas bien l'outil. Il vaut surtout pour sa légende et l'idée générale, mais il faut le refaire et ne peut pas être distribué tel quel en correction.

dimanche 12 avril 2020

"Les raisins de la colère" en classe de Terminale

Dans le cadre du 1er thème d'Histoire du programme de Terminale (chap 1 : l'impact de la crise de 1929) et pour compléter/approfondir/réactualiser le thème de la question sociale et du mouvement ouvrier au 19e siècle vu en classe de 1ere, je propose d'utiliser des extraits du film de John Ford, les Raisins de la colère d'après le chef d'oeuvre de Steinbeck. Comptez deux heures.

Les objectifs sont multiples : 
  • fournir aux élèves des images concrètes, passer par les ressentis pour leur faire comprendre l'importance du traumatisme causé par les conséquences sociales de la plus grave crise économique du XXe siècle,
  • réactualiser avec eux les fondements de l'analyse marxiste de l'économie capitaliste,
  • poser, si nécessaire, les bases de l'analyse filmique,
  • leur faire comprendre que tout peut être source pour l'historien.


On commencera par présenter l'oeuvre de Steinbeck et le film de J. Ford. S'appuyer éventuellement pour cette présentation sur les supports proposés par le dossier 187 de "Collège au cinéma".

En version courte, il faut insister sur le fait que le livre comme le film sont contemporains des années de crise (film de Ford date de 1940) et que Ford fut considéré comme un cinéaste du New Deal.

Puis rapide présentation de l'argument : Après avoir purgé une peine de prison, Tom Joad (Henri Fonda) revient dans la ferme familiale alors que la crise de 29 ruine tout le pays et qu'une grave sécheresse achève d'expulser les paysans de "leurs" terres. Avec les siens, il décide de partir en Californie dans l'espoir de trouver du travail comme ouvriers agricoles.

Analyse de plusieurs séquences du film

1° Une crise économique absurde aggravant la violence sociale.

Extrait scène 5 dans le découpage du DVD (de 12 min à 18 min : le flash back du voisin)

Que se passe-t-il ? Quelle est la condition sociale de cette famille paysanne ?

En quoi cette scène est une critique du système ? 
=> assez facilement (et le prof structurera) les élèves en disent que c'est une critique du droit de propriété (propriété d'usage "les tombes des ancêtres" contre "papiers avec des écritures"), que la mécanisation dévalorise le travail de l'homme, que la toute puissance de l'argent/manque d'argent déshumanise les rapports humains + la question de la responsabilité individuelle dans ce système économique (qui est responsable ?)
Bilan : c'est la fin d'un monde

Dernière question sur les procédés proprement visuels, filmiques qui indiquent et renforcent cette idée de fin du monde (jeu sur les ombres, bande son...)

apport extérieur (du prof) pour compléter les relevés d''analyse de la scène : explication du système du fermage + Dust Bowl

synthèse rédigée à distribuer aux élèves

On complètera avec l'extrait du livre ci dessous

Doc  : L’absurdité de la crise

« Des hommes capables de réussir des greffes, d’améliorer les produits, sont incapables de trouver le moyen pour que les affamés puissent en manger (…) 
Le travail des hommes et de la nature doit être détruit pour que se maintiennent les cours, et c’est là une abomination qui dépasse toutes les autres. Des chargements d’oranges jetés n’importe où. Les gens viennent de loin pour en prendre, mais cela ne se peut pas. Pourquoi achèteraient-ils des oranges à 20 cents la douzaine, s’il leur suffit de prendre leur voiture et d’aller ramasser pour rien ? Alors les hommes armés de lances d’arrosage aspergent de pétrole les tas d’oranges, et ces hommes sont furieux d’avoir à commettre ce crime et leur colère se retourne contre les gens venus ramasser les oranges. Un million d’affamés ont besoin de fruits, et on arrose de pétrole les montagnes dorées. Et l’odeur de pourriture envahit toute la vallée (…)
Il y a là un crime si monstrueux que cela dépasse l’entendement. Les enfants atteints de pellagre doivent mourir –de sous nutrition- parce que chaque orange doit rapporter un bénéfice. »
John Steinbeck, Les raisins de la colère, 1939, 1947 pour l'édition et la traduction française.

  1. Présenter le document et expliquer le qualificatif "roman social".
  2. Relever, nommer et expliquer les aspects économiques de la crise 
  3. Relever, nommer et expliquer les aspects sociaux de la crise 
  4. Justifier le titre en reformulant l’idée principale du texte. 
  5. Montrer que la crise et le système économique en général délite les rapports sociaux.

2° Libéralisme versus socialisme : face à la crise des choix moraux et des choix de société

Plusieurs scènes qui se répondent et se complètent :

Extrait scène de l'arrivée dans le camps Hooverville (scène 13 à 1H04 jusqu'à la fusillade)
Identifiez les habitants de ce camps (qui sont-ils ? pourquoi sont-ils là ? comment survivent-ils ?)
Pourquoi le début de la scène n'a aucun dialogue ? Quel est l'effet recherché ?
Qu'auriez-vous fait à la place de Ma Joad ? (scène du repas)

Comment est construite (image et son) l'opposition habitants du camps/sheriff ?
Pourquoi l'homme qui proteste est qualifié d'agitateur ?


Extrait 3 l'arrivée au Ranch jusqu'au dialogue Casey/Tom Joad (scènes 15 et 16 : de 1H16 à 1H26)

En général, les élèves ne comprennent pas ce qu'il se passe devant le Ranch (lock-out) car ils ne font pas le lien entre la fin de la séquence et son début. Ne pas hésiter à leur apporter cet élément de réponse

Quelles sont les conditions de travail au Ranch ? Pourquoi peut-on affirmer que les ouvriers agricoles se font exploiter ?
=>Au prof de faire le lien avec les explications économistes et notamment marxistes : salaire/temps de travail ; appropriation de la valeur ajoutée / salaire versé ne permet que de reconstituer sa force de travail / prolétariat

Quand Tom Joad retrouve Casey, on comprend que le Ranch recrute car les ouvriers précédents se sont mis en grève. Quelle est la conséquence directe de cette grève sur les salaires ? Pourquoi ?
=>Fonctionnement du marché du travail, les prolétaires mis en concurrence. Prolonger sur les conditions de succès de ce mouvement et discuter autour de la réponse de Tom Joad ("tout ce qu'ils voient, c'est 5$ aujourd'hui")

3° L'Etat social ou la révolte ?

Extrait 4 : L'arrivée au camps fédéral (scène 18 )
5 minutes pour opposer ce camps et celui vu précédemment. Quel est le message ?

Extrait 5 : la scène finale
Expliquer aux élèves pourquoi Tom Joad doit partir.
Les deux fins / En quoi la 2e fin imposée par le studio rend le ton plus optimiste, mais désamorce la portée révolutionnaire de la première fin ?

Conclure sur les récompenses obtenues par le livre comme le film et ouvrir sur le titre de Bruce Springsteen, the ghost of Tom Joad, qui témoigne de l'actualité des thèmes abordés par le film.

vendredi 10 avril 2020

Un exemple d'agriculture durable : cacao en Cote d'Ivoire (video + questionnaire)

Petite activité vidéo pour les élèves de seconde sur le commerce équitable

L'exemple est la culture du cacao : la vidéo est disponible ici

Le questionnaire est le suivant :


Le commerce équitable (« fairtrade » en anglais), un outil du développement durable
Analyse de la video : cacao équitable en Côte d’Ivoire

1)      Présentez le marché du commerce équitable ? (type de produits, taille du marché, évolution du marché, pays leaders)
2)      En Côte d’Ivoire, on cultive principalement les fèves de cacao pour produire le chocolat. Dans quel type de pays se déroule la transformation des fèves en chocolat ? Quel type d’entreprise la réalise ? Un ivoirien trouve t-il facilement du chocolat ? Pourquoi ?
3)      Pourquoi ne trouve-t-on des cacaoyers que dans les régions tropicales ?
4)      Qu’est-ce qu’une plantation agricole (recherchez la définition dans un dictionnaire) ? Pourquoi le système de production des plantations n’est-il pas adapté à la production des fèves de cacao ?
5)      Pourquoi les petits producteurs de fèves de cacao se détournent-ils de cette activité ? Avec quelles conséquences ?
6)      Combien d’étapes (et de temps) faut-il pour produire cette matière première ?
7)      Quel est l’importance de la culture du cacao pour la Côte d’Ivoire ?
8)      Quels sont les avantages de produire du cacao pour une coopérative du commerce équitable plutôt que de vendre directement sa production à un grossiste d’Abidjan ?
9)      Qui travaille sur les petites exploitations familiales ?
10)  Proposez une définition de « commerce équitable »

BILAN ORGANISE
Expliquez pourquoi et comment la production de cacao en système de commerce équitable permet d’appliquer chacun des trois piliers du développement durable. Rédigez une petite introduction, un développement organisé en 3 paragraphes et une petite conclusion.


La correction :

Correction : Le commerce équitable (« fairtrade » en anglais), un outil du développement durable
 1)      Présentez le marché du commerce équitable ? (type de produits, taille du marché, évolution du marché, pays leaders)
Un marché qui augmente. Plus de 30 000 produits référencés « commerce équitable », la plupart du temps vendus en supermarché. La plupart de ces produits sont des produits agricoles. Les principaux marchés se trouvent au RU, en All, en France et en Suisse.
2)      En Côte d’Ivoire, on cultive principalement les fèves de cacao pour produire le chocolat. Dans quel type de pays se déroule la transformation des fèves en chocolat ? Quel type d’entreprise la réalise ? Un ivoirien trouve t-il facilement du chocolat ? Pourquoi ?
Le cacao est commercialisé par quelques grandes entreprises exportatrices car les principaux marchés sont en Occident (par ex, 11 kg /habitant et par an en Allemagne). Le cacao est produit localement et subit une première transformation (pâte et beurre de cacao), mais la fabrication du chocolat ne se fait pas sur place. Elle se fait en usine en Europe ou dans d'autres pays du « Nord ». C'est ce qui explique qu'il est difficile de trouver du chocolat en Côte d'Ivoire, pourtant premier pays producteur de fèves de cacao. 
3)      Pourquoi ne trouve-t-on des cacaoyers que dans les régions tropicales ?
Il faut des températures chaudes et constantes toute l'année et des pluies bien réparties.
4)      Qu’est-ce qu’une plantation agricole (recherchez la définition dans un dictionnaire) ? Pourquoi le système de production des plantations n’est-il pas adapté à la production des fèves de cacao ?
D'ordinaire, les produits tropicaux sont cultivés dans de grandes exploitations agricoles qui pratiquent la monoculture qu'on appelle des plantations. Le système des plantations a été introduit par les Français et les Britanniques dans leurs colonies au 19e siècle. Aujourd'hui, le cacao est cultivé à 90 % par de petits producteurs. Le cacaoyer nécessite des soins constants toute l'année sinon, l'arbre tombe malade. Ces soins nécessitent l'oeil humain et aucune machine n'est capable de le remplacer. La production n'est donc pas très bonne sur une plantation. Pour une productivité maximale, il faut que le cacaoyer soit sur un terrain où d'autres arbres le protège des rayons du soleil, des caféiers et des palmiers.
5)      Pourquoi les petits producteurs de fèves de cacao se détournent-ils de cette activité ? Avec quelles conséquences ?
La production de fèves de cacao pour les petits agriculteurs ne permet pas de gagner suffisamment pour vivre convenablement. Dans le village pris en exemple dans la vidéo, un habitant sur deux vit avec moins de 20€ par mois. Le travail du cacao est dur, dangereux et n'offre pas de répit. De plus, les prix sont faibles et fluctuent sans arrêt.En 1980, une T de fèves rapportait 5000$. En 2000, le prix avait chuté à 1200$, puis a remonté jusqu'à 3000 en 2014-2015. C'est la conséquence de la spéculation internationale. Beaucoup , surtout les jeunes, arrêtent donc d'entretenir les terres et partent à la ville (exode rural).
6)      Combien d’étapes (et de temps) faut-il pour produire cette matière première ?
Cueillette qui dure plusieurs mois car les fruits ne mûrissent pas au même rythme. Puis il y a le cabossage = les fèves sont détachées des cabosses. Puis elles sont mises à fermenter à la chaleur pendant plusieurs jours. Pendant cette étape, la chair se détache des fèves en libérant leur jus. La qualité de la fermentation donne la qualité du chocolat. Les fèves sont ensuite séchées au soleil, puis triées.
7)      Quelle  est l’importance de la culture du cacao pour la Côte d’Ivoire ?
Pour ce pays, c''est le 2e produit d'exportation après le pétrole. 2/3 des Ivoiriens travaillent dans l'agriculture et la culture du cacao fait vivre 6 millions de personnes en Côte d'Ivoire.
8)      Quels sont les avantages de produire du cacao pour une coopérative du commerce équitable plutôt que de vendre directement sa production à un grossiste d’Abidjan ?
Dans l'exemple donné par la vidéo, la dame qui cultive le cacao sur une toute petite exploitation familiale (3,5 ha) gagne 115€ par mois, ce qui est un bon revenu pour les agriculteurs de Côte d'Ivoire. Avec ce revenu, elle fait vivre toute sa famille (6 enfants et 10 petits-enfants). Elle produit pour la coopérative équitable qui lui donne des formations pour apprendre les bons soins, ainsi que des jeunes plants pour remplacer les vieux arbres (20 ans environ, c'est la durée de vie d'une cacaoyer). Gràce à la coopérative, la production a quasiment triplé de 500 kg à près de 1,5 tonne. Au moment des récoltes, les producteurs de la coopérative s'entraident. Il n'y a donc pas à engager des travailleurs saisonniers.
Au lieu de vendre à un grossiste peu cher, Emma livre ses fèves à la coopérative pour 1/3 de plus que le prix du marché libre. De plus, elle n'a pas à livrer ses sacs (de presque 70 kg chaque). La coopérative revend ces fèves à des chocolatiers en Europe.
  9)      Qui travaille sur les petites exploitations familiales ?
Les familles. Les enfants sont au travail de façon occasionnelle (le mercredi, le samedi, les vacances) quand ils ne sont pas à l'école. En Côte d'Ivoire, l'école est obligatoire et gratuite. Mais, même si tous les parents préfèrent voir leurs enfants à l'école, chez les plus pauvres, les enfants doivent travailler au champs. Les spécialistes estiment que des dizaines de milliers d'enfants sont dans ce cas. C'est une main d'oeuvre non payée, indispensable.
10)   Proposez une définition de « commerce équitable »
En supprimant certains intermédiaires et en vendant plus cher sur les marchés consommateurs grâce au label « commerce équitable », le commerce équitable permet de faire  vivre les petits producteurs. En plus d'être avantageux économiquement, c'est aussi intéressant socialement car les conditions de travail sont meilleures. Enfin, le travail des producteurs équitables est plus respectueux de l'environnement. Les coopératives de commerce équitable s'engage aussi dans des actions de sensibilisation des populations sur d'autres sujets que la production agricole : comme le respect des femmes, la scolarisation ….= soutien aux projets communautaires.
Mais les coopératives sont limitées par un marché de produits équitables qui n'augmente pas très vite. En Allemagne, le chocolat équitable représente 0,15% de marché.

BILAN ORGANISE
Expliquez pourquoi et comment la production de cacao en système de commerce équitable permet d’appliquer chacun des trois piliers du développement durable. Rédigez une petite introduction, un développement organisé en 3 paragraphes et une petite conclusion.

Organisé sur la base des 3 piliers du DD = croissance économique, limitation des inégalités sociales, protection de l'environnement.
Idées principales : 
Le commerce équitable en permettant aux petits producteurs de vivre décemment limite l'exode rural. L'aide technique permet d'augmenter les productions. Il soutient donc la croissance économique des zones rurales. De plus, l'augmentation des revenus permet aux enfants d'aller à l'école , ce qui profitera économiquement au pays quand ces enfants devenus grands seront une main d'oeuvre mieux formée.
En soutenant des projets communautaires, il contribue au développement social. Il développe l'entraide et la vie communautaire. Les coopératives ont un rôle d'éducation populaire.
Enfin, grâce au revenus garantis, les petits paysans ne délaissent pas leurs terres, pas plus qu'ils ne se lancent dans l'aventure des pesticides ou des OGM.

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