Montrer en organisant vos
connaissances de cours au service de l’analyse des documents que le cas de
Rockefeller et de sa compagnie est exemplaire de l’économie capitaliste
libérale qui se met en place à la fin du 19e siècle.
Doc 1 : Eléments de biographie
Ce
fils de colporteur américain (1839- 1937) se lance dans les affaires à 16 ans.
Il investit à partir de 1863 dans une branche industrielle naissante, les
raffineries de pétrole. En 1870, il dirige la Standard Oil company, un cartel
puis un trust qui assure plus de 80% des activités pétrolières des EUA. Cette
firme est au début du XXe siècle (avant les lois anti-trust américaines
1911-1914) la plus puissante au monde. Il fut l'homme le plus riche de tous les
temps, avec une fortune estimée à environ 200 milliards de dollars américains
de 2012. Sa famille a été à la tête d'un empire durant près de deux
siècles : la Standard
Oil deviend Esso (des initiales SO), puis ExxonMobil.
Rockefeller voyait volontiers dans son succès un signe d’élection : « L'argent me vient de Dieu », disait-il.
Doc 2 : La Standard
Oil , de la naissance à l’empire mondial
« Nous
avons progressivement étendu notre marché au monde […] La production pour
l’exportation était plus économique si elle était effectuée dans les villes
côtières. Des raffineries furent donc installées à Brooklyn, Bayonne,
Philadelphie et Baltimore.[…] Nous avons aussi découvert que le transport en
barils coûtait plus cher parfois que le contenu.[…]Nous avons donc opté pour le
système de l’oléoduc.[…] En 1867, toutes les firmes Rockefeller se sont unies.
En 1870, nous avons organisé la Standard Oil
Company (en rachetant des concurrents) avec un capital d’un million de
dollar.[…] Nous avons trouvé des investisseurs : le capital a atteint 2,5
puis 3 millions de dollars.[…] Nous n’avons pas hésité à investir des millions
de dollars dans les méthodes de baisse des coûts en multipliant les oléoducs,
les tankers et les wagons-citernes. Nous avons construit des stations-essence
dans les centres ferroviaires de chaque partie des Etats-Unis.
Pendant
des années, la SOC
s’est développée pas à pas […] La compagnie a aujourd’hui 3000 wagons-citernes
qui approvisionnent en essence les villes et les plus petits hameaux d’Europe,
du Japon, de Chine, d’Inde et des principaux pays du monde.[…] Depuis de
nombreuses années, elle rapporte chaque semaine aux Etats-Unis plus d’un
million de dollars-or.[ …] La compagnie paie bien ses 100 000employés,
elle les prend en charge lorsqu’ils sont malades et les pensionne lorsqu’ils
sont vieux.[…] Elle lutte contre la concurrence du pétrole extrait des vastes
gisements de Russie… »
J.D.Rockefeller, Random Reminiscences of Men and Events,
1909.
Doc 3 : L'université Rockefeller
Prestigieuse
université privée américaine, spécialisée dans la recherche médicale. Elle fut
fondée en 1901 grâce à des capitaux donnés par J.D. Rockefeller.
Doc 4 : Caricature américaine contre la Standard Oil (1884)
Doc 5 : Une publicité
pour l’essence de la Standard Oil
(1913)
La correction :
Objectif : Un destin d’homme et une entreprise exemplaires de
l’économie libérale de la fin du 19e s.
= Le sujet nous invite à reconstruire à partir de
l’exemple une def du libéralisme et du capitalisme,
à la fois dans son aspect économique :
économie de marché, du libre-échange et de la liberté laissée aux entreprises +
économie financiarisée (circulation de l’argent, investissements/profits/
banques)
et dans son aspect « social » : rôle
des chefs d’entreprises qui prennent des risques et sont récompensés (ou non)
de ses risques car ils possèdent leurs entreprises.
Doc 1
nous apprend :
Un self-made-man qui a su “investir
(ses économies de 8 ans de travail comme ?) dans une branche industrielle
naissante” : raffinage de pétrole
Une industrie qui se développe
rapidement, permettant la naissance de fortunes rapides (R = « homme le
plus riche de tous les temps »)
Possession privée des moyens de production puisque la SOC
appartient à la famille de Rockefeller.
Croyance dans des capacités particulières (« l’argent
me vient de Dieu ») : la réussite vient récompenser le mérite.
La croissance économique de la fin du 19e siècle est tirée
par des trusts (groupes industriels = cartel, concentration horizontale. La
S.O.C. contrôle « 80% des activités pétrolières US ». cf doc2
« en rachetant les concurrents »)
Doc 2 nous apprend :
Développement mondial quasiment
dès l’origine de la compagnie vers Europe, Asie… Bénéfices rapatriés dans le
pays d’origine (EUA)
Implantation des usines (raffineries) en fonction des
objectifs commerciaux => sur les ports.
Innovation technologique (oléoduc etc) née de considérations
de réduction des coûts de production.
Nécessité de l’investissement. L’argent se trouve auprès des
banques.
Production de masse + méthodes
pour développer une consommation de masse (pub, stations essence)
Paternalisme et pol salariale généreuse.
Grande entreprise (100 000 employés)
Doc 3 nous apprend :
La société se préoccupe de son image de marque. Nouvelle
forme de marketing : le mécénat caritatif.
Doc 4 nous apprend :
Critique contre les trusts (« la pieuvre ») =>
action de l’Etat pour distorsion de la concurrence => (doc 1) lois
anti-trust.
Doc 5 nous apprend :
Pol de franchise pour des agents qui commercialisent
l’essence de la compagnie (« special agent SOC »)
Correction rédigée (à partir de la copie de Sabrina)
Au 19e siècle, la
révolution industrielle s’accompagne d’un long cycle de développement
économique qui touche les EUA dans le dernier tiers du siècle. C’est également
au 19e siècle qu’une pensée libérale naît pour accompagner le
capitalisme qui soutient la circulation généralisée des biens, des personnes et
de l’argent. En quoi le cas de R. et de sa compagnie sont exemplaires de cette
économie capitaliste libérale qui se met en place. Pour répondre à cette
question, nous allons tout d’abord
constater que R. a utilisé des méthodes capitalistes pour développer la
Standard Oil Company puis qu’il répond de façon libérale à la question posée
par son enrichissement « excessif ».
En quelques décennies, Rockefeller
a bâti un empire industriel basé sur les activités de raffinage pétrolier. La
S.O. emploie en 1909 100 000 employés et a déployé ses activités sur tous
les continents (Europe, Asie et pas seulement en Amérique du nord où elle
contrôle absolument tout le marché). La recherche de nouveaux marchés, tout comme
la sécurisation de ses parts de marchés est une caractéristique de l’économie
capitaliste basée sur la concurrence (ici le pétrole russe). C’est pourquoi, en
plus de la mondialisation, il a progressivement racheté tous ses concurrents
sur son marché domestique (constitution d’un cartel) puis a opéré une
concentration verticale en se positionnant sur toutes les activités
pétrolières, jusqu’à constituer un trust. Par ailleurs, comme tout chef
d’entreprise capitaliste, R. a constamment cherché à augmenter les profits de
son entreprise en réduisant les coûts de production. Il a localisé ses
raffineries sur les ports des littoraux américains ; Il a investi d’énormes
sommes d’argent dans le développement de nouvelles technologies de transport du
pétrole (oléoduc, tankers, barils). Il a aussi cherché à augmenter ses ventes
en comprenant très tôt l’intérêt de la publicité qui vante le produit, en
créant un logo pour sa marque, en franchisant ses distributeurs. Comme beaucoup
de grands patrons de son époque, il pratiqua aussi le mécénat caritatif :
l’université Rockefeller, spécialisée dans la recherche médicale, fonctionnait
grâce à ses dons. Celui-ci, outre l’aspect moral, présentait comme autre
avantage de servir à améliorer l’image de marque de l’entreprise et donc ses
ventes.
Au début du 20e siècle,
la SO faisait donc des chiffres d’affaire faramineux : un million de $-or
par semaine, pour un capital investi de 3 millions de $. Rockefeller a fait
appel à des investisseurs privés (banques t/ou actionnaires) qui ont fait de
bonnes affaires en lui prêtant de l’argent. Ils étaient intéressés aux
résultats de l’entreprise. Pour autant, la SO appartenait à Rockefeller, puis à
ses descendants. C’est lui qui en 1863 a investi ses économies dans la société
d’origine et a donc pris le risque financier initial. Sa bonne gestion, le pari
qu’il a fait, au bon moment, de miser sur une industrie naissante et pleine
d’avenir, lui ont permis de devenir l’homme le plus riche de tous les temps. Sa
fortune est estimée à 200 milliards de dollars actuels. Il avait donc bien fait
fructifier son capital de départ et retiré la majeure partie des bénéfices de
son entreprise. R. est le parfait exemple du patron libéral. Il possède son
entreprise et les personnes qui y travaillent sont ses employés. Il les paye
bien, dit-il. Il est paternaliste : la SO « les prend en charge
lorsqu’ils sont malades et les pensionne lorsqu’ils sont vieux ». Mais ils
ne partagent pas les bénéfices. Pour R., ils ne sont pas responsables du succès
de la SO. Ce sont sa chance, sa vision claire, ses bons choix, bref ses
capacités particulières, dont il pense qu’elles sont un don de Dieu, qui lui
valent sa fortune.
En conclusion, l’histoire de R. et
de la SO sont un bon exemple des réussites industrielles et personnelles permises
au tournant du XXe siècle par l’économie capitaliste. Cependant
l’exceptionnelle domination économique du trust fondé par R. est aussi sa
faiblesse. On lui reproche son gigantisme tentaculaire et entre 1911 et 1914,
l’Etat américain démantèle l’entreprise avec ses lois anti-trust établies pour
restaurer une concurrence libre et non faussée.
Un autre sujet possible : la version courte
John D Rockefeller et la Standard Oil
Compagny
« Nous avons
progressivement étendu notre marché au monde […] La production pour
l’exportation était plus économique si elle était effectuée dans les villes
côtières. Des raffineries furent donc installées à Brooklyn, Bayonne,
Philadelphie et Baltimore.[…] Nous avons aussi découvert que le transport en
barils coûtait plus cher parfois que le contenu.[…]Nous avons donc opté pour le
système de l’oléoduc.[…] En 1867, toutes les firmes Rockefeller se sont unies.
En 1870, nous avons organisé la Standard Oil Company (en rachetant des
concurrents) avec un capital d’un million de dollars.[…] Nous avons trouvé des
investisseurs : le capital a atteint 2,5 puis 3 millions de dollars.[…]
Nous n’avons pas hésité à investir des millions de dollars dans les méthodes de
baisse des coûts en multipliant les oléoducs, les tankers et les
wagons-citernes. Nous avons construit des stations-essence dans les centres
ferroviaires de chaque partie des Etats-Unis.
Pendant des années, la SOC
s’est développée pas à pas […] La compagnie a aujourd’hui 3000 wagons-citernes
qui approvisionnent en essence les villes et les plus petits hameaux d’Europe,
du Japon, de Chine, d’Inde et des principaux pays du monde.[…] Depuis de
nombreuses années, elle rapporte chaque semaine aux Etats-Unis plus d’un
million de dollars-or.[ …] La compagnie paie bien ses 100 000 employés,
elle les prend en charge lorsqu’ils sont malades et les pensionne lorsqu’ils
sont vieux.[…] Elle lutte contre la concurrence du pétrole extrait des vastes
gisements de Russie… »
J.D.Rockefeller, Random Reminiscences of Men and Events,
1909.
En organisant vos connaissances de cours au service de
l’analyse de ce texte, montrez que le cas de Rockefeller et de sa compagnie est
exemplaire de l’économie capitaliste, industrielle et commerciale,
paternaliste, qui se met en place à la fin du 19e siècle