Il existe des modernités non occidentales. L'Empire ottoman qui naît au XVe siècle, à l'aube de la période moderne, est moderne par essence et puisque l'Etat est avant tout fiscal, militaire et administratif : il y a une machine étatique qui se met en branle qui a tous les attributs d'une modernité, pourtant avec des formes non occidentales.
Ceci dit, l'objet du cours est de montrer la transformations de cet Etat par ses dynamiques internes, certes, mais sous l'impact d'une influence de plus en plus forte de l'Occident sur un très long 19e siècle qui commencera au 18e et se terminera au 20e. Acmé = 19e où l'empire ottoman se "soumet" aux normes occidentales jugées plus modernes.
Trois temps :
- 18e et début 19e : le "flirt"
- milieu 19e : la modernité européenne est recherché
- fin 19e-début 20e : l'empire cherche à se détacher du modèle européen en affirmant ses identités fortes (islam + turcité) et de la part de l'Europe, même si l'empire est au cœur de la géopolitique ("la question d'Orient"), les pays européens se désolidarisent du système politique, tout en conservant dans l'empire leurs intérêts économiques et leur présence.
Leçon 1
Une volonté d'ensemble : "sauver l'histoire ottomane des Turcs". = contre le fait dominant en Turquie où l'histoire est utilisé de façon patrimoniale et identitaire pour affirmer la turquité de l'empire ottoman et que donc les peuples de l'ancien empire n'était pas ottomans puisque non-turcs, par exemple les Arméniens. Ceci est un non sens pour l'histoire d'un empire, qui est toujours multiethnique. Un empire ne peut pas être réduit à une seule dimension ethnique, religieuse et politique. L'empire ottoman n'était pas un empire homogène : c'était un empire à l'ancienne, non homogène, tenu par des structures étatiques ténues et complexes.
=> l'empire ottoman était-il vraiment territorial ? les limites de l'empire étaient floues. Certains territoires s'autogéraient par exemple. Selon les espaces, des liens plus ou moins distants à Constantinople. L' "empire ottoman" est un terme que les Ottomans eux-mêmes n'utilisaient pas. Ils parlaient d'Etat, mais pas d'empire.
=> les historiens turcs qui n'ont accès qu'au cœur de la documentation impériale à Istanbul, qui l'utilise principalement, n'ont accès qu'à une partie de l'histoire, stamboulio-centrée et turco-centrée, une perception de l'histoire ottomane donc fort partielle et déformée, myope avec un "strabisme convergent" sur Istanbul, capitale de l'empire ottoman, avec le mythe d'un empire ottoman centralisé. Certes, les archives de l'empire ottoman sont extrêmement riches (fiscalité, "chose militaire", papiers administratifs). Mais elles masquent la faiblesse du contrôle des territoires de l'empire par sa capitale : l'empire ottoman ne survivant que par la négociation constante entre le centre et les périphéries. Il y a illusion du contrôle et de la centralité, mais la documentation de l'Etat sur ce point est trompeuse et doit être critiquée, contextualisée, croisée si possible avec d'autres sources.
remarque 1 : c'est un pb majeur car dans les territoires de l'ex empire qui se sont "libérés de la domination ottomane", les Etats successeurs de l'empire ottoman se sont tous délestés et désolidarisés du passé ottoman. Par ex la Grèce (du XVe s aux années 1830) juge que les 4 siècles de son histoire ottomane ne sont pas son histoire, la réduisant à une histoire d'occupation et de domination... avec une historiographie quasi téléologique, qui scrute la moindre aspiration à la libération et minimise les accommodements et la négociation constante avec le centre stambouliote. On ne fait pas l'histoire de la culture gréco-ottomane. Du coup, cela laisse aux turcs la possibilité de s'accaparer de ce trou noir de 4 siècles. Cependant, la réappropriation de leur part de l'héritage ottoman, le récit flexible et réaliste, alternatif et concurrentiel au récit moniste des historiens turcs, a commencé depuis une dizaine d'année. Ce qui au passage permet une meilleur compréhension du fonctionnement et de la complexité de l'empire.
remarque 2: Le pb majeur de l'historiographie turque, c'est la faiblesse de l'approche critique des documents. Les débats d'historiens portent essentiellement sur les interprétations, les déchiffrements "paléographiques" du document. E. E. parle de "fétichisme documentaire". Manque de contextualisation et de confrontation des interprétations.
Enfin, l'étude de l'histoire ottomane doit se démêler avec l'orientalisme, au sens ici de l'idéologie dix-neuvièmiste qui a fondé les relations entre l'occident et l'empire = une perception essentialiste par laquelle l'orient est réduit à une forme d'apathie et d'incapacité surtout de se rénover, de se transformer, sans un stimulus extérieur = l'insémination par la modernité et la civilisation occidentale. L'empire ottoman, dans les cabinets diplomatiques européens du XIXe, était sans cesse stigmatisé, parce qu'oriental, parce que musulman, comme étant incapable de se régénérer, à moins de se soumettre à la volonté et aux normes de l'occident. Cette conception a été reprise par les Ottomans eux-mêmes dans certains milieux dirigeants de l'empire.
L'orientalisme a vicié notre conception de l'histoire ottomane.
=> par effet de miroir, l'anti-orientalisme qui constate que l'orient a été lésé de sa dignité et que par conséquent on lui avait ôté les moyens de parler pour lui, a cherché les moyens de redonner la parole à l'orient, mais cela s'est fait malheureusement souvent au prix d'envolées spéculatives qui allaient à l'encontre de la raison historique.
Leçon 2 : Curiosité et hésitations
Leçon 3 : Les premiers signes d'engagement
XVIIe-XVIIIe
Il s'agit d'analyser la nature des premiers contacts entre les Ottomans et l’Europe, tout en soulignant qu’il ne s’agit pas à proprement dire d’une véritable découverte puisque les Ottomans ont, depuis le début, été en contact avec un monde occidental d’abord italien, puis de plus en plus français. La véritable différence, au XVIIIe siècle, tient à un changement sensible du rapport de forces entre les deux parties : tandis que les Ottomans, depuis la fin du XVIIe siècle, commencent à perdre prise (face aux Russes, aux Autrichiens...), leurs interlocuteurs occidentaux, eux, se font de plus en plus puissants et, souvent, arrogants. Il s’agit donc d’une situation nouvelle qui force les Ottomans à revoir leur politique envers un Occident de plus en plus envahissant et menaçant.
Un empire ottoman qui se voit comme un centre du monde (entre la Perse et l'Egypte...) et ne conçoit de relations à l'Europe que comme unilatérales : pas d'ambassade permanente alors qu'à l'inverse il y a des ambassadeurs permanents dans la Sublime Porte depuis le XVIe siècle (appointés d'ailleurs par le sultan), une étiquette qui marque la supériorité de l'empire sur ses hôtes par des mesures vexatoires plus ou moins discrètes. Cf la pratique du bagalgîr lors des audiences impériales : deux gardes empoignent l'ambassadeur par les aisselles et le forcent à se prosterner devant le sultan.
Cependant, au XVIIIe s, dans certains cercles, il y a une curiosité pour le goût européen : on le voit dans les collections d'objets (textiles, faïences), dans certaines réalisations urbanistiques ou palatiales (jardins, architecture). De même en France, c'est le début de la mode des "turqueries".
Ambassade de Yirmisekiz Mehmed Çelebi (1720-1721) et celle de son fils Said Efendi (1741) sont deux cas particuliers. Loin d'être des ambassades diplomatiques, il s'agit de sortes de "voyages d'étude". Son livre d'ambassade au "pays des infidèles" semble avoir eu une petite influence à Istanbul. Mais il ne s'agit pas pour autant d'occidentalisation. Pourtant, quelques traces timides d'innovation, par exemple la première presse en caractères arabes fonctionne de 1727 à 1742 dans la capitale, malgré l'opposition de certains cercles conservateurs. Mais peu de livres sont parus, 17, jamais tirés à plus de 500 exemplaires. L'innovation est quelque chose qui fait peur, généralement critiquée car considérée comme allant à l'encontre de l'équilibre de la société.
Mais pas de traces, pas de sources pour comprendre comment ces quelques timides nouveautés étaient reçues par le public général.
Une source en revanche très intéressante, le Tableau des nouveaux réglements de l'Empire ottoman, publié en 1798 de Mahmud Raif Efendi. C'est un texte écrit et pensé en français par cet homme, nommé secrétaire de la première ambassade permanente à Londres et qui cherche à apprendre des Européens, dit-il dans sa préface, pour participer au relèvement de l'empire. Les termes qu'il utilise pour justifier son entreprise, "lumières de la raison", "Etre suprême", "constitution politique" n'ont pas d'équivalent à l'époque en turc. Le vocabulaire équivalent en turc n'apparaît qu'un demi-siècle plus tard. Tout le vocabulaire consacré du XVIIIe siècle européen est utilisé : ce texte se dissocie de la rhétorique ottomane du XVIIIe et il est écrit pour un public éclairé, autour de Sélim III.
Attention, quand on se penche sur la table des matières, on n'y trouve pas de proposition de réformes politiques ; toutes les réformes envisagées sont fiscales ou militaires...ce qui est typiquement ottoman. L'empire en effet, a toujours été très attentif aux innovations militaires de l'occident.
De quand dater le basculement ? Un événement majeur = l'expédition d'Egypte menée par Bonaparte. L'incapacité dans laquelle les Ottomans se sont trouvés de même pouvoir répondre à l'agression, à la perte de la province la plus riche de l'empire, les a profondément marqués.
1798 : L'expédition d'Egypte, à la source de l'orientalisme, càd un mélange de clichés et d'érudition.
+ rend évidente la faiblesse de l'empire ottoman.
A partir de là, la première moitié du XVIIIe correspond pour l'empire à des efforts de modernisation sur le modèle occidental, mais de façon formelle, et pas du tout effective dans la réalité, ni efficace dans ses effets. Par exemple, publication par Mahmud Raif en 1803 d'un magnifique atlas qui va jusqu'à donner tous les détails toponymiques des côtes des Etats-Unis et du Canada (en traduction littérale turque, puisque, en fait, il s'agit de la traduction de l'ouvrage de William Faden de 1793). Mais il n'y a pas de navigateurs ottomans en Atlantique => "un exercice stérile".
Pour cette période aussi, on peine à mesurer la réception et la diffusion de ces témoignages d'ouverture de l'empire ottoman au reste du monde. Certes, des documents existent, mais il semble qu'ils restent isolés et peu diffusés.
Remarque : par exemple, cf le magistral texte d
'Evliya Çelebi = 10 volumes de récit de voyage très précisément documenté. Or ce texte du XVIIe est retrouvé au 19e siècle par un orientaliste allemand. On n'a retrouvé que 5 ou 6 exemplaires de ce manuscrit. On n'en retrouve pas mention dans les inventaires après décès. De plus, Çelebi est un cas quasi unique (alors que multitude de textes de voyageurs à la même époque en occident)
Une preuve du nouveau regard sur l'Europe et la modernité, ex. du portrait du sultan de Selim III envoyé à "son ami l'empereur", Napoléon (après 1804)
remarque : l'échange de portrait n'est pas du tout une tradition ottomane.
Certes, c'est un portrait en majesté selon les codes ottomans, mais on remarque dans la niche à droite les symboles l'ouverture intellectuelle, signes de la modernité à l'occidentale = livres de l'imprimerie impériale de Constantinople, globe terrestre, longue-vue, horloge européenne et le matériel pour écrire.
Image qui témoigne d'un désir de délivrer un message à l'occident qui signifie qu'on appartient à cette modernité, devenue valorisée/valorisante.
Leçon 5 : Vers de nouveaux savoirs
(ce résumé est celui de E.E., disponible sur le site du collège de France)
"L'historien et chroniqueur Şanizade Ataullah Efendi, dont l’Histoire (Tarih) a souvent et longtemps été vantée pour la « modernité » de son introduction (mukaddime), s’était « librement » inspiré de
l’article « Histoire » de Voltaire dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. L’aspect le plus surprenant de la question était que Şanizade avait réussi à obtenir l’approbation et les éloges du sultan Mahmud II (r. 1808-1839) pour un texte émanant d’un auteur considéré, avec Rousseau, comme un mécréant et un blasphémateur. Évidemment, il n’y a pas vraiment de mystère : Şanizade s’était contenté d’adapter le texte de Voltaire afin de le rendre compatible avec l’idéologie conservatrice de l’establishment ottoman.
Une lecture plus détaillée du
texte de Şanizade permet de comprendre mieux le modus operandi de cette « adaptation ». D’une manière générale, il apparaît que celui-ci a procédé par omission, par rajouts et par distorsions. Les « statistiques » montrent bien les dimensions de cette manipulation : le texte de Voltaire faisait environ 8 500 mots ; celui de Şanizade n’en compte que la moitié (4 300), dont moins des deux-tiers sont du philosophe (2 600). Voltaire cite près d’une vingtaine d’historiens ; Şanizade ne retient qu’Hérodote, dont il écorche le nom en « Heredod ». Bien des omissions sont dues à l’ignorance : Şanizade choisit de sauter et d’omettre bien des passages qui lui sont culturellement et intellectuellement inaccessibles. Ces lacunes et omissions sont évidentes lorsqu’il parle de l’histoire romaine, révélant son incapacité à distinguer les Grecs des Romains. De même, son traitement de l’histoire de l’Asie dévoile son ignorance de personnages comme Cyrus ou Oghuz Kagan qui devraient pourtant lui être familiers. Les rajouts, au contraire, lui permettent de « corriger » Voltaire lorsque celui-ci ignore ou raille le fait religieux. C’est ainsi qu’il infuse une bonne dose de
doctrine islamique dans son texte, renversant complètement la logique fondamentale du texte plagié. Enfin, des transpositions extrêmement brouillonnes et souvent déplacées visent à rendre les exemples « exotiques » de Voltaire compréhensibles par des lecteurs ottomans. Ainsi, les expéditions portugaises en Asie sont comparées à la reconquête du Hedjaz par les Ottomans à peine dix ans plus tôt, tandis que la découverte intellectuelle de la Chine par l’Europe est « traduite » par une longue digression sur la victoire de Murad Ier à Kossovo en 1389. Dans un cas comme dans l’autre, ces exercices d’adaptation se font l’occasion de chanter les louanges du sultan régnant et de ses ancêtres, contribuant à la « réussite » de Şanizade auprès de son maître.
Ce cas très particulier met à nu certaines questions fondamentales, à commencer par la faiblesse de l’historiographie ottomane et turque qui a tout ignoré de cette généalogie textuelle pendant près de deux siècles. Plus encore, la « méthode » de Şanizade illustre certaines faiblesses intrinsèques de l’occidentalisation ottomane, notamment le désir de s’inspirer de l’Occident sans avoir à en assumer les implications intellectuelles et idéologiques. De toute évidence fasciné par le texte de Voltaire mais ne pouvant ni ne voulant le plagier tel quel, Şanizade avait opté pour une demi-mesure qui en gardait la forme tout en le dénaturant dans le sens. Cet opportunisme utilitaire restera une des caractéristiques principales de l’occidentalisation ottomane et turque pendant les deux siècles à venir.
2e remarque : l'occidentalisation commence à devenir tellement prégnante que même les sources proprement ottomanes peuvent à l'occasion être lues par la médiation européenne : ex d'une édition de 1860 de la Muqaddima d'Ibn Khaldun où le propriétaire (un intellectuel et historien du début du XXe s) indique de façon manuscrite une référence "lire l'ouvrage de Gumplowicz, Aperçus sociologiques".
Leçon 6 (fin année 1) Les défis du nouvel ordre
En 1815, les Ottomans ne sont pas conviés au Congrès de Vienne qui entend refonder l'ordre en Europe. Ce n'est qu'en 1856, après la guerre de Crimée que l'Empire ottoman est partie prenante d'une conférence internationale de paix, ce dont ils sont très fiers car ils le considèrent comme la reconnaissance de leur intégration à la modernité occidentale.
L'empire ottoman, depuis les Lumières, était présenté comme typique de l'immobilisme et du despotisme oriental. Pourtant, avec Selim III à la fin du XVIIIe siècle, il y a des efforts de modernisation interne. Sélim III, sous le nom de "nouvel ordre", fait une série de réformes fiscales et militaires, mais il tombe en 1807 quand il essaie de compléter sa réforme en s'attaquant au corps des janissaires. Il est assassiné par les partisans de son cousin et successeur, Mahmud II, qui mène une contre révolution de palais. Ce dernier est le dernier de la lignée ottomane. Il n'est pas assez puissant pour assurer l'autonomie du pouvoir face aux pouvoirs périphériques : dans les provinces (les Ayan = notables provinciaux qui ne doivent rien à l'empire. ce sont de gros propriétaires terriens et ils contrôlent l'affermage local) et à Constantinople, les janissaires, qui sont bien plus qu'un corps d'armée, mais qui ont aussi des activités économiques qui rapprochent leurs intérêts de la moyenne bourgeoisie stambouliote. Il attend avant de poursuivre la modernisation de l'empire. Mahmud II signera donc en 1808 le « pacte d’alliance » (Sened-i İttifak) avec les principaux ayan, reconnaissant par là leur statut en échange de leur soutien. Néanmoins, quelques années plus tard, il s’engagera dans une politique visant à réduire l’autorité et l’autonomie de ces magnats des provinces. Ce n’est que bien plus tard qu’il osera enfin à s’attaquer aux janissaires, cette fois-ci de manière décisive. L’« heureux événement » du 16 juin 1826 anéantira manu militari des janissaires, bannissant jusqu’à la mémoire de ce corps et de ceux qui lui étaient affiliés. C'est l'insurrection grecque qui précipite le mouvement.
Ce qui se passe en Grèce n'est pas une de ces insurrections banales de l'empire.
* Jusque là, les puissances européennes ne s'impliquaient pas dans la défense des minorités chrétiennes de l'empire et même elles considèrent les mouvements sécessionistes de l'empire ottoman dans les Balkans comme des phénomènes dangereux pour l'ordre global de l'Europe. Mais sous le poids de l'opinion publique et des volontaires européens qui rejoignent les rangs grecs (cf Lord Byron), elles finissent par intervenir (bataille de Navarin) et cette intervention est décisive pour la naissance de la Grèce (1830).
* C'est une rébellion qui a une nouvelle rhétorique (nationalisme) ce qui rend quasi impossible la négociation entre Constantinople et la Grèce. Les anciennes méthodes pour amener une province à composition ne peuvent plus fonctionner avec la Grèce. + un phénomène assez large.
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Rouge îles insurgées en mer Egée / Jaune insurrection matée par l'armée ottomane / Vert îles paisibles |
* Incapacité de l'armée à obtenir des résultats = fin de la rébellion. De plus, le recours aux troupes irrégulières (bachibouzouks) entraîne des débordements contre les civils qui sont préjudiciables à l'image de l'empire et dont il doit "s'excuser" auprès des diplomates européens (cf massacre de Scio en 1822). On voit l'insistance dans les lettres des diplomates européens sur la "barbarie" de la repression (les têtes et les oreilles coupées) Enfin, la comparaison avec l'armée égyptienne, qui elle s'est réformée sur le modèle occidental, rend éclatant le retard ottoman. Manque de moyen, désorganisation...
* La Grèce du fait du philhellénisme n'est pas un territoire "neutre" pour les occidentaux. Les arguments occidentaux, par exemple ceux de la défense du patrimoine artistique,
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Lettre de Stratford Canning à Reçip Pacha |
La réponse de Reçip Pacha :
... finissent par infuser dans les discours ottomans :
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Lettre de Reçip Pacha au sultan
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Les ottomans commencent à comprendre que l'Europe fonctionne sur des symboles extrêmement puissants : Athènes au centre des préoccupations/obsessions identitaires de l'Europe alors que pour les Ottomans, Athènes était un petit village reculé.
=> prise de conscience de la difficulté à gérer une diplomatie nouvelle, qui n'est pas juste la délimitation des rapports de force, mais qui se nourrit d'une réelle connaissance de l'autre, de ce qui lui importe, de son histoire et de ses valeurs.
To be continued ? saison 2 = 2019