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Doc 5 : Périclès jugé par Thucydide
Le gouvernement d’Athènes par Périclès
« -Les Athéniens-
s’affligeaient de leurs souffrances : le peuple se voyait privé des
maigres ressources qu’il possédait ; les riches avaient perdu leurs beaux
domaines de la campagne (…).
On se plaignait surtout
d’avoir la guerre au lieu de la paix. Leur colère à tous ne cessa que
lorsqu’ils eurent infligé une amende à Périclès. Pourtant, peu de temps après,
par un revirement dont le peuple est coutumier, ils le réélurent stratège en
lui confiant la mission suprême des affaires ; (…) on l’estimait le plus
capable de remédier à la situation critique de l’Etat. Tout le temps que,
pendant la paix, il fut à la tête des affaires, il avait fait preuve de
modération et de fermeté dans la conduite de l’Etat, qui sous lui parvint au
comble de sa puissance : la guerre une fois déclarée, on constata
qu’il avait évalué exactement la puissance d’Athènes. Après sa mort, on vit
mieux encore l’exactitude de ses prévisions. Il avait prédit le succès aux
Athéniens s’ils donnaient tous les moyens à la marine, s’ils renonçaient à
augmenter encore leur empire (…). Mais sur tous ces points, on fit juste le
contraire. D’autres entreprises (…) furent menées avec la seule préoccupation
de la gloire et de l’intérêt personnels ; elles furent désastreuses pour
les Athéniens et leurs alliés. (…)
Voici la cause de ce
changement : Périclès avait de l’influence en raison de la considération
qui l’entourait et de la profondeur de son intelligence ; il était d’un
désintéressement absolu ; il contenait la multitude qu’il menait, beaucoup
plus qu’elle ne le menait. (…) il n’avait pas à flatter la foule (…), il
pouvait lui tenir tête et même lui montrer son irritation. (…) Mais ses
successeurs, dont aucun n’avait sa supériorité et qui voulaient tous se hisser
au premier rang étaient portés, pour flatter le peuple, à lui abandonner les
affaires. De là tant de fautes, explicables dans un Etat puissant et
possesseur d’un empire étendu. »
Thucydide, historien athénien (vers 460-vers 395 av.
J.-C.), Guerre du Péloponnèse, II, 65,
trad. Jean Voilqui, 1966, Garnier-Flammarion
Doc 6 : Extrait de Plutarque, Vie
des hommes illustres, 100-110 après JC
"César,
pour reconnaître la bonne volonté des Grecs, plaida contre Antoine, qu'ils
accusaient de malversations, devant Marcus Lucullus, préteur de la Macédoine. Il parla avec tant d'éloquence qu'Antoine, qui craignit d'être condamné, en appela aux tribuns du
peuple, sous prétexte qu'il ne pourrait obtenir justice contre les Grecs dans
la Grèce même. À Rome, les grâces de son éloquence brillèrent au barreau,
et lui acquirent une grande faveur. En même temps que son affabilité, sa
politesse, l'accueil gracieux qu'il faisait à tout le monde, qualités qu'il
possédait à un degré au-dessus de son âge, lui méritaient l'affection du peuple ;
(5) d'un autre côté, la somptuosité de sa table, et sa magnificence dans toute
sa manière de vivre, accrurent peu à peu son influence et son pouvoir dans le
gouvernement. D'abord ses envieux, persuadés que, faute de pouvoir suffire
à cette dépense excessive, il verrait bientôt sa puissance s'éclipser, firent
peu d'attention aux progrès qu'elle faisait parmi le peuple. Mais, quand
elle se fut tellement fortifiée qu'il n'était plus possible de la renverser, et
qu'elle tendait visiblement à ruiner la république, ils sentirent, mais trop
tard, qu'il n'est pas de commencement si faible qui ne s'accroisse promptement
par la persévérance, lorsqu'en méprisant ses premiers efforts on n'a pas mis
obstacle à ses progrès. Cicéron paraît avoir été le premier à soupçonner et
à craindre la douceur de sa conduite politique, qu'il comparait à la bonace de
la mer, et à reconnaître la méchanceté de son caractère sous ces dehors de
politesse et de grâce dont il la couvrait. (9) « J'aperçois, disait cet
orateur, dans tous ses projets et dans toutes ses actions des vues
tyranniques ; mais quand je regarde ses cheveux si artistement arrangés,
quand je le vois se gratter la tête du bout des doigts, je ne puis croire qu'un
tel homme puisse concevoir le dessein si noir de renverser la
république. » Mais cela ne fut dit que longtemps après."
Démarche et déroulement de l'activité pour les élèves
·
Parmi
ces 6 documents, quels sont ceux qui sont favorables à la démocratie ?
Soulignez le passage de chaque texte qui exprime le mieux cette opinion.
·
Quel
sont les textes hostiles ou critiques envers la démocratie ? ? Soulignez les
passages qui expriment le mieux cette opinion.
·
Quel
est le texte le plus impartial ? Pourquoi ?
·
Deux
doc. sont des extraits de pièces de théâtre. Lesquels ?
· Quel(s) auteur n'est/ne sont pas contemporain(s) des faits qu'il(s) relate(nt).
·
Repérez les auteurs grecs sur la frise
chronologique.
Les
documents nous renseignent sur le fonctionnement de la démocratie athénienne et
sur ses limites.
·
Dans
le texte 4, Thésée définit les fondements de la démocratie. Reformulez les 2 principes (un concerne la loi, l'autre
concerne la citoyenneté)
·
Tribunal,
Conseil et assemblée sont évoqués par Aristote. Donnez leurs autres noms et
indiquez quelles sont leurs fonctions.
·
A
quoi sert le misthos ? Quel est l'inconvénient de ce système pour Aristophane ?
·
Dans
le texte 4, l'envoyé de Thèbes parle d" orateur qui flatte la foule et
l'entraîne en tout sens pour son propre intérêt". Expliquez cette phrase.
·
Polybe
dit que le problème de la démocratie athénienne fut qu'il n'y avait personne
pour diriger la foule. En reprenant l'exemple de Périclès (doc 5), expliquez les
qualités de Périclès comme homme d'Etat puis la situation d'Athènes à sa mort.
- Plutarque raconte la crise de la République Romaine au 1er siècle avant JC. Il présente César comme un ambitieux qui, pour son ambition personnelle, a sacrifié la République et voulait se faire tyran. Comment analyse-t-il les causes de l'ascension politique de César ? En quoi est-ce une critique de la démocratie ?
Grâce aux
idées recueillies dans le travail préparatoire, vous pouvez maintenant
compléter le tableau de recensement des idées.
Puis,
compléter le plan thématique qui regroupe les idées et explications, non par documents,
mais par arguments. L’intérêt ici est de montrer qu’ils se répondent
I/ L’intelligence
collective ou la stupidité de la foule ?
II/ Des hommes politiques
capables ou des démagogues ?
III/ Les mécanismes
régulateurs de la démocratie pour éviter précisément les dangers pointés