Ainsi, nous avons montré dans la partie 2 du cours qu'aucune frontière n'est hermétiquement fermée. L'exemple des pandémies en est une autre démonstration liée à l'actualité.
La mondialisation des échanges renforcée à partir du 19e siècle sous l'effet de l'industrialisation et de la colonisation provoque l'extension spatiale des grandes épidémies.
Comme le montre cet exemple, celui de la grippe espagnole :
Relevez les explications apportées quant à la diffusion du virus de la grippe espagnole.
Retournons légèrement en arrière dans le temps : Pourquoi les Etats ont-ils été débordés par la grippe espagnole ?
D'après les explications de l'historienne Anne Asmussen (dans une tribune du Monde, 6 mars 2020. En gris les passages copiés/collés de son article) c'est précisément à cette époque, la 2e moitié du 19e s, que les autorités sanitaires européennes tombent d'accord pour arrêter d'appliquer les méthodes jusque là antiquement utilisées contre les épidémies : la quarantaine dans les lazarets (faites une recherche sur le sens de ce mot).Ponctuant les crises cholériques, les conférences sanitaires internationales qui voient le jour en 1851 à Paris et dont une douzaine se tient jusqu’à la Grande Guerre, oeuvrent pour réguler, avec des moyens limités, le contrôle de la triade épidémique alors dominante : choléra, peste, fièvre jaune. Si elles sont qualifiées d’internationales, ces instances réunissant médecins et diplomates sont en fait dominées par les puissances européennes, alors préoccupées de leur expansion coloniale
Comme la peste et le choléra étaient endémique en Méditerranée, les vagues successives d'épidémies multipliant le blocage des ports, on dénonce alors ce système de protection comme étant inefficace (puisque les virus reviennent sans cesse), coercitif (puisqu'on forçait les gens à rester dans les lazarets qui étaient des mouroirs) et anti-économique (puisqu'on bloquait les ports).
Tandis que les nations européennes renoncent aux quarantaines en les remplaçant par l’« English System » – l’inspection à bord des bateaux, le dépistage individuel rendu possible à la fin du siècle par l’outillage sanitaire issu de la théorie microbienne, l’hospitalisation et le suivi de l’itinéraire des malades –, elles repoussent leur frontière sanitaire à l’extérieur. Alexandrie et Constantinople sont le siège des « Conseils sanitaires », incluant les Etats de la région qui s’imposent progressivement comme des acteurs de la sécurité sanitaire. Dans cet espace méditerranéen se forgent des pratiques de coopération internationale en matière de santé. De plus, il s'agit désormais d'aller lutter contre les maladies "à la source", c'est-à-dire dans les lieux d'origine des virus : par exemple pour lutter contre le choléra, les médecins européens recréent des lazarets où ils enferment les malades , non plus en Europe où ce n'est plus accepté, mais à La Mecque, lieu du pèlerinage international musulman et plaque tournante de la propagation Asie/Mediterranée des fièvres en tout genre. Autre exemple qui nous est plus connu : Au-delà du bassin méditerranéen, les immigrants européens qui, en masse, font le voyage transatlantique vers les Etats-Unis, doivent, à partir des années 1890, satisfaire à l’examen médical du port new-yorkais d’Ellis Island. A l’arrivée, ils subissent le triage sanitaire de l’« Inspection Line » en quête des maladies contagieuses, comme le trachome, qui leur vaudront exclusion du territoire, et des handicaps « susceptibles de rendre une personne incapable de gagner sa vie ». En fait, les autorités
sanitaires américaines ont de fait très peu pratiqué l’exclusion pour raison médicale, mais c’est parce qu’elles ont aussi externalisé leur frontière sanitaire en assignant aux compagnies maritimes le soin de contrôler au départ la bonne santé des passagers.
Enfin, au l’émergence de la notion de « porteur de germes », mise en valeur par le bactériologiste allemand Robert Koch en travaillant à la protection des militaires contre la fièvre typhoïde contribue cependant à remodeler en profondeur la définition de la frontière sanitaire. Cette nouvelle catégorie épidémiologique, qui désigne « les individus sains, capables de propager une maladie dont ils ne présentent pas de symptômes », éclaire des phénomènes de contagion jusque-là inexpliqués. Dans le cas de la typhoïde, elle réoriente les moyens de lutte anti-épidémique vers le dépistage des individus suspects, mis à l’isolement. Il n’est plus besoin de protection aux frontières puisqu'on comprend que les virus ne sont pas un danger extérieur, mais un danger déjà potentiellement présent dans la population nationale. Au moment de la grippe espagnole, les institutions internationales avaient renoncé à gendarmer l'espace de circulation des microbes.
=> est-ce que la fermeture des frontières (l'interdiction des entrées de voyageurs européens) comme vient de le décider Donald Trump sera efficace ?
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Quelle est l'erreur dans le raisonnement de Trump quand il explique pourquoi il ferme les frontières etats-uniennes aux ressortissants européens ?