vendredi 13 septembre 2019

L'empereur à Rome : focus sur Auguste et Ara pacis


LA DEMOCRATIE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC L’EXISTENCE DE L’EMPEREUR ?


Doc 1 : Les pouvoirs de l’empereur
Du fait de l’attachement à la République des Romains, Rome est restée officiellement une République mais elle est dirigée par un princeps imperator (= prince qui veut dire « le premier » + imperator qui veut dire « victorieux »). On devrait parler de Principat plutôt que d’Empire.


doc d'accompagnement1

doc d'accompagnement 2


a)       En utilisant la titulature impériale (titres attribués à l’empereur inscrits tout autour de la pièce de monnaie), justifier qu’on puisse dire que l’empereur concentrait tous les pouvoirs.
b)       Montrer qu’il dirigeait directement l’empire (40 provinces-60 millions d’habitants environ) en utilisant le doc d’accompagnement 1
c)       Quelles sont donc les différences par rapport au système de la République ? Utilisez le doc d’accompagnement 2 pour comparer



 Doc 2 : Un texte qui raconte comment la République est devenue l’Empire
« En fait, César*, puisqu’il était le maître des finances […] et qu’il avait l’autorité militaire, pouvait exercer en tout et toujours un pouvoir souverain […]. Le nom d’Auguste lui fut donné par le Sénat  et par le peuple car il avait été décidé de lui donner un titre spécial. […] César se fit appeler Auguste, ce qui signifiait qu’il avait quelque chose de plus que les hommes [ordinaires]. […] Ce fut ainsi que la puissance du peuple et du Sénat passa toute entière à Auguste et qu’à partir de cette époque, fut établie une monarchie pure. »
Dion Cassius, Histoire Romaine.
*Auguste, 1er empereur, avait comme nom César puisqu’il avait été adopté par César

a)       D’où vient la puissance d’Auguste ? (1ère ligne)
b)       Montrez qu’Auguste n’a même pas besoin d’utiliser la force pour s’emparer du pouvoir (phrases 2 et 3)
c)       Pour Dion Cassius, Rome est donc une monarchie. Derrière l’apparente neutralité du récit, peut-on deviner l’opinion de l’auteur sur l’empereur.


Cette situation de coexistence des institutions héritées de la République et d’un empereur ayant tous les pouvoirs a duré de -27 (Octavien, fils adoptif de César devient l’empereur Auguste) jusque +476 (déposition du dernier empereur romain de Rome, Romulus Augustule : fin de l’empire romain). Cette longévité témoigne de la stabilité du système impérial. Comment les empereurs gagnaient-ils la sympathie des foules ?

Doc 3 : La propagande impériale : Comment l’empereur « se met en scène » pour assurer sa domination

a-  Ovide, Fastes, traduction de Nisard, 1, 589-616 : anniversaire du nom d'Auguste donné à Octave par le Sénat (13 janvier)
C'est à ces Ides que toutes les provinces de l'empire ont été rendues au peuple romain, et que le nom d'Auguste, ô Germanicus, a été donné à votre aïeul. Jetez un coup d'oeil sur toutes les images de cire qui ornent les palais de la noblesse, et voyez si jamais titre plus glorieux a été décerné comme récompense. [...] Pourtant, ces distinctions sont purement humaines; c'est avec le souverain des dieux, c'est avec Jupiter, que César* partage son nom. Les mystères religieux étaient dits augustes par nos pères;  Auguste aussi a un temple que la main des prêtres a solennellement consacré. De ce mot aussi est dérivé celui d'augure; il désigne enfin tout ce qui doit son accroissement à la faveur de Jupiter. Qu'il accroisse donc l'empire de notre maître, et qu'il prolonge ses années. Puisse la couronne de chêne protéger la porte de nos demeures; et que sous les auspices des dieux, l'héritier d'un tel titre soutienne aussi heureusement que son père le sceptre pesant du monde !
*Le nom de Cesar renvoie à Octave-Auguste comme dans le texte qui précède





a) Comment Auguste a t-il été divinisé ?



b- Dédicace de l'Ara Pacis, prière à la Paix.(Ovide, Fastes, 1, 709-724)Nous voici amenés par la muse elle-même à l'autel de la Paix; nous sommes au second jour avant la fin de ce mois. Viens, ô déesse*, le front paré des lauriers d'Actium, et puissions-nous, avec tout l'univers, rester longtemps sous ton paisible empire! Rome n'a plus d'ennemis; rien n'alimente plus ses triomphes; la gloire militaire pâlit devant celle que te devront nos chefs; que le soldat ne soit armé que pour faire mettre bas les armes; que les sons belliqueux de la trompette n'annoncent plus que le retour de nos fêtes; que, d'un bout du monde à l'autre, on tremble devant les descendants d'Énée, et qu'à défaut de la terreur, l'amour nous soumette les nations. Prêtres, jetez l'encens sur les feux de l'autel,  frappez au front la victime blanche; demandez aux dieux, qui entendent les pieuses prières , que nous conservions longtemps la paix , et aussi longtemps que la paix, la maison qui nous la donne. Mais déjà j'ai rempli une première partie de ma tâche, et ce livre finit avec le mois qu'il a chanté.
* Il s'agit de la déesse de la Paix

C'est le Sénat qui a décidé la construction d'un autel dédié à la Pax Augusta (ou pax romana), en l'honneur du retour d'Auguste après la pacification de la Gaule et de l'Espagne. La dédicace, c'est à dire la cérémonie de consécration solennelle aux dieux a lieu le 30 Janvier de l'an 9. On peut supposer que le programme décoratif de l'autel a été supervisé par Auguste, tant l'ensemble monumental, situé en bordure du champ de Mars soutient sa propagande. Le message en est bien connu (il sera gravé sur des plaques de bronze affichée sur le mausolée d'Auguste,  ce sont les Res gestae). Une des façades du mur d'enclos de l'autel présente la déesse Rome assise sur un bouclier, ce qui renforce visuellement le sens du bâtiment. Auguste a mis fin aux guerres civiles, il a renforcé la puissance de Rome et agrandi l'Empire : les Romains peuvent grâce à lui profiter d'un âge d'or pacifique, ce qui est constamment évoqué dans le programme décoratif intérieur de l'ara Pacis par des grappes de raisin, des guirlandes de fruits évoquant l'abondance. L'Ara pacis était donc autant un lieu de cérémonie religieuse (ara = autel) qu'une reconnaissance officielle du rôle prééminent de Auguste.

 Restes d’une statue monumentale de Constantin




b-  Listez les autres  moyens par lesquels l’empereur maintient ou renforce sa domination (idée, exemple)



------------------------------------- (en complément pour éventuellement compléter à l'oral)
Lien vers une très bonne présentation du monument par un ou une collègue de collège (fiche HDA)


Un dernier point :
D'après Diana E. Kleiner, The great friezes of the Ara Pacis Augustae dans Mélanges de l'Ecole française de Rome -Antiquité, 1978

Dans cet article, l'auteur rappelle le lien que l'on peut faire entre les frises de l'ara Pacis et la frise des Panathénées du Parthénon, autant stylistiquement que dans sa fonction. 
Le dernier point de son article a plus particulièrement retenu mon attention.



La présence d'enfants et de femmes sur l'ara pacis (procession de l'aile sud) est une nouveauté artistique : on trouve peu de femmes et encore moins d'enfants dans l'art romain républicain. C'est donc une rupture qui s'explique par les buts politiques d' Auguste.
Les textes disent qu'Auguste s'est occupé personnellement de l'éducation de ses deux petits-fils (Gaïus et Lucius, fils de Marcus Agrippa et de sa fille, Julia) auxquels il était très attaché et qui devaient sans doute lui succéder. Dès 13 BC, sur des deniers, on peut voir le portait d'Auguste sur l'avers et Julia et ses deux enfants sur le revers. En 2 BC, on porte à Lugdunum, aussi bien sur des pièces d'or que des deniers, les portraits des deux enfants, la tête couverte de la toge, entourés de  boucliers et d'objets religieux. Enfin des groupes statuaire représentant les deux enfants ont été disséminés un peu partout dans l'empire. Selon F. Chamoux, seul Auguste lui-même était davantage représenté. Sur ces représentations officielles, Lucius était représenté comme  Octave (sur la pièce célébrant sa victoire à Actium)



 et Gaïus était coiffé comme le Auguste  de Prima porta.



Sur Auguste, on peut aussi utiliser la vidéo de la série Points de repères "Auguste empereur de Rome" qui est assez complète, plutôt bien faite sur le contenu même si il s'agit d'images d'animation.

mercredi 11 septembre 2019

Questionnaire pour l'expo virtuelle de la BNF sur l'histoire de la presse


 le site de la BNF : « la presse à la une »

Axe 1 : l'Histoire de la presse

La navigation dans ce site est assez complexe. Commencez par vous faire une première idée en visitant l’exposition (rubrique « en images » colonne 1). Puis vous approfondirez et irez rechercher des réponses plus précises dans les mêmes thèmes développés par écrit (colonnes 2 et 3 sur la page d’accueil)





Naissance de la Presse (de la gazette à Internet + la fabrique de l’info)
·     Nom, auteur et date de création du premier journal français. Zoomez sur l’image : décrivez la mise en page.
  •  Date et nom du 1er quotidien d’information. Observez la mise en page. Quelles différences par rapport au modèle précédent ?
  •  Quelle période est considérée comme « l’âge d’or de la presse » ? Justifiez l’expression et expliquez la périodisation (= pourquoi à cette période ?). Quelles sont les évolutions en termes de mise en page et de contenu ?

Axe 2 : La presse et les pouvoirs (de la gazette à l’internet + la mise en scène)
  • A quelles occasions et sous quels régimes, la presse est-elle censurée, contrôlée ? De quelles manières peut-elle être manipulée ?
  • Depuis quand la presse française est-elle indépendante du pouvoir politique ? Expliquez la périodisation.
  •  Dans pistes pédagogiques Daumier, lire « la caricature ».


Tache finale : préparez tous les arguments et exemples pour rédiger un paragraphe argumenté sur le sujet suivant  "l'Etat et le contrôle de la presse du XVIIe  au XIXe siècles : une intervention limitée ?"


Axe 3 : comment informer ?

  • Qu'est-ce que l'information ?
Quels sont les différents types d’informations ? (on parle aussi de rubriques) => lister/caractériser
Le fait-divers est-il de l’information ? => Dans la page consacrée au fait divers, relever ses principales caractéristiques. Expliquer l'expression "information-spectacle". Quel peut être l'intérêt social du fait divers ?
Le journaliste témoin (rubrique "fait social") : informer, c'est d'abord "rendre compte". Quelles sont les règles qui s'imposent au journaliste dès la fin du 19e siècle ? Quelles difficultés peut rencontrer le journaliste pour bien "rendre compte" (dernier paragraphe) ? Le journaliste, spécialement le journaliste-reporter, peut aussi être un "témoin" : à travers la présentation des premiers grands reporters du 20e s, comment caractériser leur démarche ?
Sur la page "le journaliste acteur", repérer les formes d'utilisation de la photo de presse et les critiques que l'on peut éventuellement lui porter.
Dessin et photo de presse (vous renvoie sur expo AFPSi vous avez le temps…
Dans pistes pédagogiques AFP, lire l’analyse de l’image du milicien de la guerre d’Espagne, photographié par R. Capa. A compléter avec  « les photos icônes » dans Dossier pédagogique de l’expo Presse à la Une.

Bilan : comment comprenez-vous l'obligation d'objectivité du journaliste ?

  • Informer, est-ce seulement rendre compte ?
Qu’est-ce que la presse d’opinion ? 
Quel est le travail d'un journaliste d'investigation ?
Qu’est-ce que la presse militante ? Prenez l'exemple du Bondy Blog : pour quelle(s) raison(s) s'est-il constitué ?

  • La charte de déontologie du journalisme
Dite aussi "charte de Munich" (voir les pages wikipedia sur la charte et sur la déontologie du journalisme) : que veut dire "déontologie" ? Quelles menaces pèsent sur le respect de ces règles déontologiques ?

Bilan : rédiger une synthèse sur les missions et les modalités du travail journalistique


dimanche 8 septembre 2019

La laïcité en questions

Proposition 1 : Laïcité dans les structures qui exercent une délégation de service public

Question posée : Jusqu’où doit aller la neutralité religieuse ? 




Etude de cas : L’affaire Baby-Loup
 
Baby Loup est une petite structure associative et solidaire, ouverte 24h sur 24 et 7 jours sur 7, dans un quartier défavorisé (30% des familles sont sous le seuil de pauvreté). Elle accueilledes enfants de plus de 50 origines différentes. Elle forme des femmes éloignées du monde du travail aux métiers de la petite enfance. Pendant les épisodes judiciaires, la vie de la crèche s'est dégradée, au point d'être en conflit avec son environnement. Afin d'échapper à des pressions, la crèche a dû déménager, quitter Chanteloup-les-vignes et s'installer à Conflans-Sainte-Honorine en mars 2014. 
Fatima Afif, après un congé parental, avait refusé d'enlever son voile alors que le règlement intérieur avait été modifié durant son absence. Après avoir eu des mots avec la direction de la crèche, elle fut licenciée. Les prud'hommes avaient confirmé le licenciement en décembre 2008, confirmé par la cour d'appel de Versailles à la fin de l'année 2011. Mais la Cour de cassation avait annulé l'arrêt de la cour de Versailles, et avait fait rejuger l'affaire à Paris. L’association avait aussi été condamnée par la Haldela Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, pour discrimination. 


Document : Le Monde.fr | 26.06.2014 à 10h41 | Par Franck Johannès 
La salariée qui portait un voile islamique à la crèche Baby Loup de Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, a définitivement perdu son combat devant les tribunaux français : l'assemblée plénière de la Cour de cassation a mis, mercredi 25 juin, un point final à quatre ans de procédure, et déjugé un arrêt de sa propre chambre sociale de 2013. Le licenciement de Fatima Afif, directrice adjointe de la crèche, était bel et bien justifié, pour avoir refusé d'enlever son voile. 
La cour rappelle que selon le code du travail une entreprise privée, ou une association dans le cas de la crèche, peut restreindre la liberté du salarié de manifester ses convictions religieuses, si cela est justifié par « la nature de la tâche à accomplir » et si la mesure est « proportionnée au but recherché ». Or, Baby Loup avait adopté un règlement intérieur, qui précisait que « le principe de la liberté de conscience et de religion de chacun des membres du personnel ne peut faire obstacle au respect des principes de laïcité et de neutralité qui s'appliquent dans l'exercice de l'ensemble des activités ». La Cour de cassation, comme la cour d'appel de Paris le 27 novembre 2013, estime que cette restriction à la liberté de manifester sa religion ne présentait pas « un caractère général mais était suffisamment précise, justifiée par la nature des tâches accomplies, et proportionnée au but recherché »« Il n'en résulte pas pour autant, insiste la Cour, que le principe de laïcité est applicable aux salariés des employeurs de droit privé qui ne gèrent pas un service public ». En revanche, et suivant en cela le procureur général de la Cour de cassation, Jean-Claude Marin, l'assemblée plénière ne pense pas que la crèche puisse être une « entreprise de conviction » : son objet n'était pas de défendre des convictions religieuses ou philosophiques, mais d'accompagner la petite enfance en milieu défavorisé, sans distinction d'opinion. 
Questions : 
En quoi Baby Loup est une structure originale, qui offre un service indispensable  ? 
Pourquoi la Halde estime-telle que le licenciement de Fatima Afif est « discriminatoire » ? 
Pourquoi les tribunaux en première instance ont-ils au contraire, considéré que la plaignante était en tort ?  
Pourquoi l’arrêt de l’assemblée plénière de la Cour de Cassation assimile-t-il le port du voile à du prosélytisme religieux, incompatible avec la nature de la tâche à accomplir dans le cadre de l’accueil des enfants ?

L'arrêt de la Cour de cassation est disponible sur Legifrance : https://www.legifrance.gouv.fr/juri/id/JURITEXT000029153791/


  • Proposition 2 : Les crèches de Noël : quel périmètre pour la laïcité ?
voir la page des Surligneurs  (site de juristes) dont voici le lien : 
https://www.lessurligneurs.eu/un-depute-peut-il-installer-une-creche-de-noel-dans-sa-permanence/


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