Chapitre:
L’enracinement de la République en France
L’idéal Républicain face aux contestations
Doc 1 : Une défense des débats parlementaires, discours du 4
juin 1888
Général et ancien
ministre de la guerre, Boulanger réunit momentanément sur son nom tous les
mécontents, grâce à sa critique des institutions de la 3e
République. Au faîte de sa popularité, il fait campagne pour une révision de la
Constitution, dans un sens plus bonapartiste. Georges Clémenceau lui
répond :
« Vous avez raillé le Parlement.
Il est étrange pour vous que 580 hommes se permettent de discuter des plus
hautes idées qui ont cours dans l’humanité et ne résolvent pas d’un coup tous
les problèmes économiques et sociaux qui sont posés devant les hommes.
Comment !? Les plus grands esprits […] ont médité sur ces choses. Ils se
sont divisés, parce que la recherche est longue, parce que la vérité se dérobe.
Et voici que, par un phénomène qui vous surprend, ces 580 hommes qui sont ici
ne s’accordent pas sans discussion. Eh bien, puisqu’il faut vous le dire, ces
discussions sont notre honneur à tous. Elles prouvent surtout notre ardeur à
défendre les idées que nous croyons justes et fécondes. Ces discussions ont
leurs inconvénients, le silence en a bien davantage. Oui ! Gloire aux pays
où l’on parle, honte aux pays où l’on se tait. Si c’est ce régime de discussion
que vous croyez flétrir sous le nom de parlementarisme, sachez que c’est le
régime représentatif même, c’est la République sur qui vous osez porter la
main. »
Doc
2 : Des lois indignes de la République
« Alors que la loi sur la liberté de la presse
ne punit que la provocation directe aux faits qualifiés de crimes, le nouveau
texte frappe la provocation indirecte, c’est-à-dire l’apologie […] La loi
française pose en principe que « le fait coupable ne peut être punie que
quand il s’est manifesté par un acte précis d’exécution ». Aux termes de
ce nouveau texte *, la simple résolution, l’entente même prend un caractère de
criminalité. […] Après avoir organisé par le nouvel article 266 une véritable
« prime à la délation », la loi punit des mêmes peines que l’entente,
la participation à cette entente, c’est-à-dire le hasard d’une conversation, le
logement donné à un inconnu, un service rendu sans comprendre, une commission faite
sans savoir.[…]
Tous le monde avoue que de telles lois n’auraient
jamais dû être nos lois, les lois d’une nation républicaine, d’une nation
civilisée, d’une nation probe. Elles suent la tyrannie, la barbarie et le
mensonge.
Extrait de « comment ont été faites les lois
scélérates », article publié le 1er juillet 1898 par Léon Blum,
alors conseiller d’Etat et jeune intellectuel de gauche.
*il s’agit de 3 lois distinctes
entre 1893 et 1894, modifiant les loi de 1881 sur la liberté de la presse, de
1884 sur le droit d’association. Dirigées contre les anarchistes, elles visent
à lutter contre la menace terroriste réelle (rappel : dec 1893 bombe à la
chambre des députés)
Vous
ferez une courte introduction pour présenter les auteurs (Clémenceau et Blum)
et formuler l’objectif de l’analyse.
Dans
une première partie, vous montrerez et expliquerez, à partir des documents,
pourquoi la République fait face à des critiques politiques (boulangisme,
anarchisme)
Dans
une deuxième partie, vous expliquerez, avec le doc 1, la position de
Clémenceau : « les débats politiques sont la base de la République
démocratique ». Pensez à intégrer dans votre argumentation une
présentation des institutions de la République.
Enfin,
dans la dernière partie, vous mettrez en évidence, comme le fait Blum, en quoi
la réponse à la menace terroriste anarchiste fait justement l’objet d’un débat
entre la droite républicaine et la gauche républicaine. (remarque : à vous
d’apporter les arguments de la droite car, dans le texte, il n’y a que ceux de
la gauche)
En ccl,
élargir sur un autre sujet de tension entre droite et gauche à la même époque.