mercredi 11 octobre 2023

Un sujet d'analyse d'image sur l'URSS de Staline

  

Sujet  : Analyse critique de document

En quoi ce tableau du « réalisme soviétique » est-il une œuvre de propagande ?





Staline et les membres du Politburo au parc Gorki de Moscou (« le central park russe »). 

Ce tableau a été réalisé pour l’exposition internationale de New York par l’artiste soviétique Svarog (1939). Parmi les éléments identifiables sur le tableau, on voit en arrière-plan le pont de Crimée – pont suspendu en acier inauguré sur la Moskova en 1938- et à droite la tour des parachutes, la principale attraction du parc dans les années 1930. Notons que l’artiste a retouché son oeuvre pour faire disparaître Piotr Smirnov, commissaire du peuple à la marine de guerre, fusillé peu après la réalisation du tableau.

 

Faire l’analyse détaillée de ce tableau pour mettre en évidence à la fois les procédés et les thèmes de propagande soviétique visibles sur le tableau. N’oubliez pas d’identifier les destinataires de l’œuvre et de présenter ce qu’est le « réalisme soviétique » en introduction, et de « critiquer » le document en conclusion.

  

samedi 30 septembre 2023

Compo puissance -1


Sujet : Depuis la fin de la guerre froide, assiste-t-on à un chaos mondial lié à des affrontements entre les grandes puissances ?


Comme il s'agit de la première composition de l'année avec les 1ere HGGSP, le travail préparatoire a été mené en classe et avec mon aide, puis les élèves se sont répartis par groupes de travail pour élaborer collectivement le plan détaillé des trois grandes parties. Ils ont ensuite divisé leur groupes en unités de travail pour rédiger les paragraphes. 

Cet exercice fait suite à une série d'exposés (avec de grosses reprises) qui ont permis de dresser un tableau assez complet, sans être exhaustif, de l'état des relations internationales depuis les années 1980. Le vocabulaire, les grandes notions et les principaux repères étant acquis, il s'agit dans un 2e temps d'organiser la masse d'informations et de connaissances. C'est l'objet de cette composition.


La liste des exposés est disponible ici

Les grandes idées élaborées en classe :

1) la vidéo de P Bulher (les experts du Dessous des cartes) sur les nouveaux visages de la puissance

    la carte mentale de synthèse élaborée en classe

    la vidéo du dessous des cartes sur l'ONU, un  système à bout de souffle

2) le bilan des exposés


Grands axes de l'intro

  • Historiquement, les Etats ont mené des politiques d'affirmation de leur puissance, ce qui les conduisait éventuellement à des affrontements (def puissance)
  • Il est courant de dire que la Guerre froide, par le contrôle que les deux super-Grands exerçaient sur leur bloc et par l'équilibre de la terreur, a eu un effet de stabilisation (def super-grands)
  • Sur quelles bases de régulations s'organise le monde actuel et comment expliquer la multiplication, en apparence chaotique, des conflits ces 30 dernières années ?

Grands axes du plan
  • L'effondrement du bloc communiste et la disparition de l'URSS fin 1991 a laissé les Etats-Unis seuls à pouvoir prétendre réguler la scène internationale. Ils sont de plus en plus isolés, contestés et donc affaiblis. 
  • De nouveaux Etats s'affirment soit en tant que grande puissance, soit en tant qu'ils ont une capacité de nuisance. Les tensions et conflits sont nombreux et l'Occident se trouve souvent seul et contesté.
  • Le droit international et les règles élaborées par l'ONU sont certes toujours valables et elles ont le mérite d'exister, mais elles peinent à encadrer les nouvelles formes de conflit et de tensions.

Conclusion
 - basculement du monde
- réinventer le multilatéralisme en sortant des logiques de puissance, mais comment ? peut-on tabler sur de nouveaux acteurs, les peuples / les opinions publiques ?


dimanche 30 juillet 2023

Frontières, les cours de Didier Fassin au Collège de France

 la vidéo de la leçon introductive est accessible ici

Leçon 1

les 50 premières minutes sont consacrées à trois récits, récits fictifs mais inspirés par l'expérience de Didier Fassin résultant de 5 années d'enquête de terrain auprès des migrants/exilés/réfugiés. Ces récits sont simplifiés pour être exemplaires : une famille de migrants/exilés/réfugiés afghans qui traversent les Alpes depuis l'Italie, un groupe de maraudeurs qui cherche à venir en aide aux migrants et une patrouille de policiers surveillant la frontière. Dans ces récits, dit-il il est une protagoniste omniprésente et invisible : c'est la frontière "car elle n'est pas une simple ligne tracée sur une carte elle a une vie propre elle se meut et qu'elle soit montagneuse comme ici, ou maritime ou désertique comme ailleurs, elle violente, elle blesse, elle tue. C'est pourquoi c'est par ces géographies que je débuterai la prochaine séance".

R) le vocabulaire utilisé pour désigné le groupe des migrants change selon le point de vue. Le gouvernement français parle de migrants, eux-mêmes se nomment réfugiés et les humanitaires insistent sur le vocable d'exilés pour insister sur le caractère subi de la migration.

Sur ce sujet, une parfaite neutralité est illusoire et même pas souhaitable car la question de la frontière, en ce moment, pose des questions morales avec des enjeux politiques. Dans cette première leçon, Didier Fassin fait le point sur "d'où il parle".

 

Leçon 2

Etienne Balibar, Qu'est-ce qu'une frontière ?, 1997 (publication  et notes ) : il n'est pas possible de donner une def univoque de la frontière. C'est une notion complexe.

Les 5 dimensions de la frontière :

- une ligne déterminant la souveraineté sur un territoire. On ne peut donc la franchir qu'avec une autorisation. Il y a donc contrôle à la frontière.

Pourtant, dans le cas de la France, du fait de Schengen, il ne devrait plus y avoir de contrôle à la frontière : le traité créant l'espace Schengen, signé et par la France et l'Italie, ne prévoit que des dérogations temporaires (c'est la clause de sauvegarde) pour une durée allant de 10 jours à 6 mois si  accord des autres Etats membres, et ce en cas de menace grave pour la sécurité intérieure. Cette clause de sauvegarde a néanmoins été utilisée par la France à de nombreuses reprises, en 1995 ( éventualité de la circulation de stupéfiants depuis les Pays-Bas), en 1999 (pour s'opposer à la venue d'Italiens désireux de venir manifester à Paris dans un mouvement de soutien aux sans-papiers), en 2011 (pour empêcher des Tunisiens migrants d'entrer sur le sol français). Depuis 2015, arguant du danger terroriste, la France renouvelle tous les 6 mois cette dérogation. A la frontière italienne, particulièrement étudiée par Didier Fassin, la frontière intérieure est rétablie de facto et militarisée : actuellement 230 membres des forces de l'ordre gardent cette frontière alpine. A se demander si Schengen, contrairement à sa promesse d'un monde ouvert, ne sert pas uniquement à supprimer les contrôle sur les échanges de marchandises qui ralentissent le marché unique européen. Si bcp peuvent continuer à franchir cette frontière sans qu'on ne vérifie leur identité, sur la bonne foi de leur visage, de leur voiture, de la présomption qu'ils sont touristes, d'autres ne peuvent le faire qu'en s'aventurant dans la montagne à leurs risques et périls => la frontière est raciale : elle discrimine en fonction de l'origine. R) "Frontières raciales", c'est l'intitulé du colloque qui a accompagné cette première saison de cours.

- la frontière est aussi une zone = celle dans laquelle les contrôles peuvent être effectués. La loi fixe l'épaisseur de cette zone à 20 km au-delà et en-deçà de la ligne frontalière. Ce fut ajouté au code de procédure pénale dès 1993 donc "au moment où la vérification fixe et systématique devait être supprimée sur la ligne-frontière, le gouvernement instaurait un contrôle mobile et aléatoire dans la zone-frontière"  (Sara Casella Colombeau), ce pour quoi le gouvernement français fut par deux fois condamné par la Cour de Justice de l'Union Européenne qui considéra par deux arrêts en 2010 que la nouvelle procédure de contrôle  ne changeait pas fondamentalement la nature du contrôle aux frontières ce qui contrevenait donc aux dispositions de Schengen.

L'exemple de la surveillance des frontières française montre donc que paradoxalement, Schengen a renforcé les contrôles des frontières françaises avec deux dispositifs, l'un fixe, par dérogation, sur la ligne-frontière et l'autre mobile, par extension, dans la zone-frontière.

R) les frontières-point aux aéroports (et autour avec une auréole de 10 km) ont essaimé la frontière sur tout le territoire.


- la frontière est aussi une présence incorporée pour les exilés qui vivent constamment sous la menace d'un contrôle d'identité. "La frontière est cette chose que les exilés portent en eux", même quand ils ne sont pas dans les zones où les contrôles d'identité sont possibles. Pour eux, la probabilité du contrôle de police est constante et élevée. En plus du contrôle policier qui rappelle toujours la frontière (par la procédure de l'expulsion), les institutions mêmes du pays d'accueil opèrent ce rappel incessant de la frontière.


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