dimanche 12 janvier 2020

Synthèse sur la transition démocratique espagnole


TRANSITION DEMOCRATIQUE ESPAGNOLE
Intro :
A servi de modèle pour élaborer la notion de « transition démocratique ». Ce modèle sera appliqué ensuite à d’autres expériences de passage d’un régime dictatorial à un régime démocratique, comme la révolution de velours en Tchécoslovaquie par exemple après la chute du mur de Berlin.
ð  L’Europe achève sa démocratisation et son unification puisque tous ces pays vont adhérer à la CEE (1986 Espagne+ Portugal) ou l’UE (anciennes démocraties populaires d’Europe de l’est)
ð  La Transition démocratique a été invoquée par tous ceux qui ont voulu y voir le signe de la supériorité de ce régime sur tous les autres et la marche inévitable de la démocratisation du monde
R) Péninsule ibérique = les plus longues dictatures d’Europe
* Portugal de Salazar (puis M. Caetano, son successeur) : 1933-1975. Régime nommé Estado Novo
* Espagne de Franco 1936/39-dec 1976, date de l’autodissolution des Cortes franquistes.  TRANSITION de 1975 à nov 1982, date de l’arrivée au pouvoir en Espagne du parti socialiste et de son chef, Felipe Gonzales.

1-      Une transition voulue par les élites qui avaient soutenu le régime de Franco
R) Le régime franquiste reposait sur l’alliance et le soutien des pouvoirs économiques, de l’armée et de l’Eglise catholique : valeurs = tradition et ordre + anticommunisme.
Car Franco n’a pas désigné de successeur. Dans un texte « testament », il se contente de recommander d’obéir au roi d’Espagne, censé être le garant de la continuité. La mort de Franco ouvre un moment d’incertitude politique, d’autant plus qu’il n’y avait aucune constitution.
Car le contexte économique est mauvais. Le recul de la croissance, la crise économique touche l’Espagne comme les autres pays européens dans les années 1970, mais plus fortement encore qu’ailleurs. La courbe de la croissance du PIB (cf pwpt) montre l’ampleur de la récession dont l’Espagne ne sortira qu’à la fin des années 1980, essentiellement grâce à la CEE/UE et à ses transferts financiers. Les milieux économiques en ont bien conscience, mais il était inconcevable que l’Espagne adhère à la CEE sans se démocratiser. Les EUA (diplomatie secrète) poussent à la démocratisation.
Car le contexte social est également mauvais. Multiplication des manifestations et des grèves dans les usines + tensions séparatistes (surtout montée du terrorisme basque de l’ETA qui se convertit à cette époque aux idées de l’ultra-gauche cf les années 70 sont surnommées « les années de plomb ». C’est un phénomène général Italie « Brigade rosse »/ Allemagne « RAF-Fraction armée rouge »/ France « Action directe »). La mort de Franco (nov 75) redonne espoir aux aspirations républicaines, voire révolutionnaires.
2-      Une transition pilotée par la monarchie qui est en mesure d’organiser le compromis politique.
Le jeune roi Juan Carlos 1er, tout juste intronisé en 1975, adopte très vite l’idée de la transition démocratique. Eté 1976, il nomme comme chef du gouvernement Adolfo Suarez, ancien franquiste. Après la dissolution des Cortès, il organise les premières élections législatives démocratiques pour une assemblée constituante (la nouvelle constitution qui instaure la monarchie parlementaire date de dec 1978. Elle est adoptée par referendum à une majorité de 88%). De nouveaux partis émergent, et le principal est l’UCD, parti d’A. Suarez. (cf pwpt).
Ensemble, Suarez et Juan Carlos vont négocier avec les partis de gauche un compromis. En échange de leur légalisation, PSOE et PCE abandonnent leur revendication de 3e République (avril 77) et modèrent les revendications sociales. En oct 1977, le pacte de la Moncloa, signé par l’ensemble des forces politiques et syndicales signe cette alliance consensuelle. En oct 77, la loi d’amnistie (cf pwpt) permet aux anciens franquistes de vivre tranquillement dans le nouveau régime sans être inquiété pour leurs éventuels crimes. Cette impunité, au nom d’une « responsabilité collective » (tous les espagnols seraient responsables des horreurs commises, notamment durant les 3 ans de guerre civile entre 36 et 39) permet de renvoyer dos à dos les bourreaux et leurs victimes. Il y a donc un « pacte d’oubli » (l’expression est de Santos Julia, historien sur l’Espagne franquiste) qui à l’époque rassure une opinion publique encore traumatisée par la guerre civile.
Autre explication de la modération des forces de gauche : la menace, toujours présente, d’un putsch militaire (l’armée restant majoritairement fidèle au franquisme). Sophie Baby (autre historienne) rappelle que cette menace fut « fortement inhibitrice » pour ceux qui négociaient la transition.

3) Le mythe de la transition pacifique
Le compromis n’arrête pas la violence. Du côté de l’extrême droite franquiste, l’éclatement en de nombreux micro-mouvements, l’affaiblissement électoral (cf pwpt), le sentiment d’avoir été trahis, le soutien d’encore de nombreuses personnalités importantes dans l’appareil d’Etat et dans l’armée => espoir de reprendre le contrôle du pouvoir => rumeurs incessantes de coup d’Etat + violences dans la rue, terreur. Le 23-2- 1981, un putsch longuement préparé, mené par le général Tejero échoue de peu parce que les putschistes avaient compté sur le soutien de Juan Carlos et ils ne l’auront pas (discours télévisé du roi voir manuel p.51). Le contexte était pourtant favorable puisque leur autre ennemi, A. Suarez était tellement affaibli qu’il perd sa place au gouvernement.
Les années de transition sont aussi les pires années de la violence séparatiste, et notamment des attentats terroristes. (cf pwpt). Historiquement, l’Espagne a été formée de la réunion de royaumes indépendants. La nouvelle constitution maintient l’unité de l’Etat (acquis franquiste), mais concède de larges autonomies à des régions puissantes face à l’Etat central. Les deux principaux séparatismes sont le catalan (renforcé par le souvenir de la guerre civile quand la Catalogne fut le dernier bastion de résistance à Franco) et le basque. Autant les Catalans décident de rejeter la lutte armée, autant l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna, « pays Basque et Liberté ») organise des attentats visant, à Madrid et ailleurs, fonctionnaires et police + enlèvement et exécution d’industriels.

CCL
(cf résumé Espagne, et maintenant la République ? + pwpt) Avec l’arrivée d’une nouvelle génération, après 25 ans d’oubli, les ratés de la transition démocratique ressurgissent :
·          il n’y a pas eu de « dé-franquisation » => fin 2010’s, les socialistes reprennent ce thème contre la classe politique de droite, héritière du régime dictatorial. CF affaire du transfert de la dépouille de Franco (Valle de Los Caidos)
·         La monarchie, lgtps considérée comme garante de la démocratie, est désormais attaquée. Le roi a beaucoup de pouvoirs pol et surtout accusations de corruption. => abdication de Juan Carlos en 2014 + résurgence des revendications républicaines
R) Cette transition incomplète, basée sur compromis, oubli et maintien des anciennes élites donc plaies mal pansées, c’est aussi ce qui s’est passé au Chili après Pinochet (écarté du pouvoir en 1988 après qu’il a perdu un referendum). Or, on voit actuellement explosion sociale et politique de la jeunesse au Chili. Il n’est pas étonnant que tout de suite ait émergé la revendication d’une nouvelle constitution plus démocratique.


le pwpt

jeudi 9 janvier 2020

F.X. Fauvelle à la recherche du sauvage idéal

Excellente conférence pour découvrir le livre de François Xavier Fauvelle, auteur aussi du Rhinoceros d'or et nommé depuis au collège de France.


En complément, un coup de gueule sur une page d'un de mes blog préférés


Révolution industrielle ex de Krupp



Un géant industriel : l’usine Krupp à Essen en 1912.


L'exemple le plus grandiose peut-être d'une concentration embrassant de multiples objets est offert par l'usine Krupp qui, en 1845 occupait 122 ouvriers; en 1887, 45 000 ouvriers et employés; en 1912, 70 000 ouvriers en chiffres ronds. Le charbon est extrait des fosses qui sont la propriété de l'établissement, et sa consommation annuelle s'élève à plus de 2 millions et demi de tonnes, dont 900 000 pour la seule aciérie d'Essen. Cela correspond par jour de travail à une arrivée d'environ sept trains de chemins de fer complets et à pleine charge. Plus de 7 500 machines-outils, 18 laminoirs, 80 presses hydrauliques, 430 générateurs, 550 machines à vapeur et presque 1 000 grues sont mis en marche à Essen. À la place du marteau-pilon, autrefois célèbre sous le nom de Fritz, qui possédait un poids de chute de 50 tonnes et contribua, pendant plus de 50 ans, à la renommée de la maison, se trouvent aujourd'hui de puissantes presses à forger hydrauliques, dont la monstrueuse puissance de 5000 tonnes peut être à peine conçue par notre imagination. [...] En fait de machines-outils et de machines de travail, l'aciérie en renferme 7 200 qui produisent les objets pacifiques les plus variés, mais aussi le matériel de guerre. Un chemin de fer étreint l'ensemble de l'usine de ses 150 kilomètres de voies, relie les ateliers séparés et assure les transports au moyen de 50 locomotives et de 2 400 wagons. [...1 Dans le laboratoire chimico-physique, où chaque coulée de l'usine est éprouvée dans sa composition et ses qualités, il est annuellement accompli environ 60 000 essais, dont l'exécution finale nécessite plus de 500 000 opérations séparées. [...] Les forges Frédéric-Alfred sont ainsi les plus importantes de leur espèce en Europe. Un port long de plus de 500 mètres forme la voie nécessaire à leurs arrivages. Les bateaux du Rhin leur amènent les minerais des armateurs de Rotterdam, aussi bien que ceux des mines de l'Allemagne occidentale. Le long du quai vertical, de puissants ponts roulants assurent le transport du minerai vers les places de déchargement et les réservoirs. Des ascenseurs l'élèvent de là jusqu'aux gueulards des hauts-fourneaux pour y subir la fusion après mélange avec le coke. Toutes les quatre ou six heures environ a lieu la coulée. Fort heureusement avec les progrès techniques marche de pair le développement grandiose des institutions de prévoyance ouvrière. La caisse auxiliaire de maladie, fondée en 1853, s'est développée par l'adjonction d'une caisse de retraite pour les veuves et les orphelins qui dispose, aujourd'hui, d'un avoir de plus de 22 millions de marks. En outre, il existe une société d'assurances sur la vie, qui facilite aux employés les contrats de cette nature; une fondation pour les ouvriers et invalides, destinée à compléter les versements des différentes caisses et possédant un capital supérieur à 7 millions de marks; une assurance contre les accidents des employés et une caisse d'épargne. Comme autres institutions prospères en faveur des ouvriers, il faut citer l'économat d'Essen, le casino des employés, le casino des maîtres ouvriers, une école ménagère, quatre écoles industrielles, une salle de lecture de plus de soixante mille volumes, une bibliothèque scientifique professionnelle de cinquante mille volumes, une société d'éducation, une clinique dentaire, un hôpital, etc.; enfin, un asile de vieillards, où les ouvriers infirmes ou retraités peuvent, près de leurs femmes, terminer leurs jours.

                                            Wilhelm Roscher, Économie industrielle, Paris, Giard et Brière, 1918, p. 185-187. Traduit de la 8e édition allemande, 1913. La première édition avait été publiée en 1881.

Doc d’accompagnement :  une biographie de Krupp . Alfred Krupp, 1812-1887, né à Essen. Il reprend l’entreprise familiale fondée par son père qui ne comptait alors que 7 personnes. Il mit au point un procédé de production de l’acier (1847), fabriqua les 1ers canons lourds en acier, dont le tube était coulé d’une seule pièce et importa de Grande Bretagne, le procédé Bessemer (1862). Il développa considérablement le site de Essen en concentrant différentes activités depuis les mines de charbon et de fer, jusqu’aux chantiers navals et à l’armement.


Questions
  • Présenter le document
  • En quoi l’usine Krupp est elle à la fois le reflet de la 1ère révolution industrielle et de la modernité technologique de la 2e révolution industrielle ?
  • Quels sont les différents facteurs de développement qui ont permis la naissance de ce géant industriel ? 
  • Expliquer en quoi la politique sociale de Krupp est une avancée, un modèle dans l’ Europe de l’époque et met à mal l’idéologie marxiste ?
  • Concluez en évoquant l’intérêt et la portée générale d’un tel document



Proposition de correction.


Présenter le document :

Le texte présenté ici est extrait d’un livre intitulé l’Economie industrielle s’attachant à décrire les aspects de l’industrie et de son développement. L’auteur W. Roscher, probablement un économiste allemand, a réédité et mis à jour son travail depuis 1881. L’édition présentée ici est celle de 1913 qui a été traduite en français en 1918 ce qui est un signe du succès de son ouvrage. La date de 1913 est importante. En effet, l’Allemagne qui s’est industrialisée tardivement est, à cette date, la 1ère puissance industrielle d’Europe devant les Britanniques et les Français. Par ailleurs la situation internationale est tendue du fait d’une compétition internationale entre les puissances européennes.  L’auteur présente dans cet extrait l’usine sidérurgique Krupp à Essen en 1912. Il s’attache à montrer la puissance industrielle de cette usine par une description flatteuse de ses dimensions. Mais il évoque également les progrès sociaux que cette industrie permet. La fierté nationale apparaît derrière cet « exemple le plus grandiose » d’industrie.

En quoi l’usine Krupp est elle à la fois le reflet de la 1ère révolution industrielle et de la modernité technologique de la 2e révolution industrielle ?

L’entreprise Krupp est d’abord une entreprise familiale fondée au début du XIXe siècle et elle reste d’une taille modeste encore en 1845 puisqu’elle emploie « 122 ouvriers ». Cette entreprise s’appuie sur les ressources de la 1ère révolution industrielle qui est d’abord le charbon, lequel est « propriété de l’établissement » (l3) La spécialité de l’entreprise est d’abord la métallurgie, autre secteur de la 1ère révolution industrielle avec un marteau pilon « d’un poids de chute de 50 tonnes » mais également des « forges Frederic Alfred » et des hauts fourneaux. L’entreprise a ainsi pu se développer avec la demande croissante de charbon et de fer permettant de développer les machines à vapeur, mises au point par James Watt en 1769 et qui sont au nombre de 550 dans l’usine (L6), mais également les chemins de fers et les rails qui se développe dans toute l’Europe depuis l’Angleterre mais également en Allemagne puisque autour de l’usine Krupp existent « 150 kilomètres de voies, relaint les ateliers séparés (…) au moyen de 50 locomotives et de 2400 wagons. »
Mais l’entreprise s’est surtout développée à la fin du XIXe siècle puisqu’en 1887, « 45000 ouvriers et employés « travaillent à Essen.  Alfred Krupp a mis au point un procédé de production de l’acier et importé le procédé Bessemer (1862) permettant une production massive d’acier « puisque une coulée à lieu toutes les quatre ou six heures ».(L21) et que la production nécessite 900000 tonnes de charbon à elle seule (L4). L’acier, nouveau produit beaucoup plus résistant bénéficie des recherches en physique-chimie puisque un laboratoire réalise environ 60000 essais. La chimie est effectivement une branche industrielle développée en Allemagne. La production bénéficie également d’une nouvelle source d’énergie à travers les « 430 générateurs » fournissant l’électricité permettant un travail plus sûr et plus rapide avec un gain de place pour remplacer certaines machines à vapeur. Enfin, les nouvelles machines pour la production et le travail de l’acier sont légions chez Krupp « 7500 machines outils, 18 laminoirs, 1000 grues » et de puissantes presses à forger hydrauliques » d’ ‘une « monstrueuse puissance de 5000 tonnes » (L8-10)
 Quels sont les différents facteurs de développement qui ont permis la naissance de ce géant industriel ? 

L’auteur nous livre dès la 1ère ligne son admiration devant « l’exemple le plus grandiose (…) d’une concentration embrassant de multiples objets. » Le mot est lâché. La concentration financière et verticale des Konzern allemands permettent de prendre le contrôle d’une filière à tous les stades de production puisque Krupp est propriétaire des mines de charbon (L3) et produits « des objets pacifiques les plus variés mais aussi le matériel de guerre » (L 12 ) Ce contrôle permet de réaliser des économies sur les stades de production en limitant les intermédiaires et d’être en situation de contrôle des prix afin d’être compétitif face à la concurrence. 
Le rôle de l’entrepreneur est ensuite évoqué par le document d’accompagnement puisque Alfred Krupp met au point un procédé de production de l’acier et se dote des meilleures techniques par l’achat outre-manche du procédé des fours Bessemer en 1862. C’est l’essor des progrès techniques (L21).
Les transports jouent également un rôle clé dans le développement de l’usine Krupp qui est doté « d’un port long de 500 mètres » permettant les importations de minerais de Rotterdam  et d’Allemagne occidentale. (L 17) Les chemins de fer permettent également la circulation des matières 1ères et des produits. Les échanges peuvent donc se développer et les ports permettent l’essor du commerce qui tire la croissance et la production industrielle.
Le rôle de l’Etat est évoqué dans le texte à travers ses commandes de « matériel de guerre » (L12) ce qui témoigne du contexte tendu de l’époque et de la réussite d’une entreprise à s’adapter à des demandes militaires.
La main d’œuvre abondante fournit ensuite une explication au développement de Krupp qui emploie « 70000 ouvriers en 1912 ». L’industrie bénéficie d’un exode rural massif et d’une population abondante, vivant près du site, permettant d’augmenter la production. Cette productivité est d’ailleurs accentuée par les nouvelles méthodes de travail évoquées dans le texte. L’exécution finale de l’acier nécessite « plus de 500 000 opérations séparées » (L15) C’est un référence à l’OST organisation scientifique du travail qui est divisé, simplifié, chronométré  selon les méthodes de F.Taylor. La productivité s’en trouve accrue et les coûts de production réduits.

Expliquer en quoi la politique sociale de Krupp est une avancée, un modèle dans l’ Europe de l’époque et met à mal l’idéologie marxiste ?

L’auteur évoque le « développement grandiose des institutions de prévoyance ouvrière » allant de pair avec les progrès techniques (L21). Visiblement, l’entrepreneur Krupp mène une politique sociale avant gardiste pour l’époque puisqu’il fonde une caisse auxiliaire de maladie dès 1853 (L 23) qu’il y adjoint une caisse de retraite pour les veuves et les orphelins, des sociétés d’assurance, un économat, des casions, des écoles, bibliothèques, cliniques etc. (L27 à 32). C’est une avancée pour les ouvriers d’Essen car en Europe,  les caisses de retraite, les allocations diverses, les assurances maladies sont encore rares. En France, il faut attendre l’intervention de l’Etat et des lois au début du XXe siècle pour voir une amélioration des conditions de vie des ouvriers (1910 : loi sur les retraites ouvrières ; 1930 assurances sociales ». dans la majorité des cas, les ouvriers sont mal lotis et ont des conditions de vie et de travail déplorables.
Krupp semble faire exception et mène une politique sociale favorable aux ouvriers, empêchant ainsi les conflits et les luttes de classes développées par Marx. Mais cette politique paternaliste  d’aide « aux veuves, aux orphelins, aux vieillards »(l 27-32) a des objectifs. Elle peut attirer la main d’œuvre vers l’entreprise mais elle la garde également.  Les « quatre écoles industrielles, les société d’éducation » permettent de former une main d’œuvre pour l’avenir tandis que les hôpitaux permettent de soigner et de recueillir les naissances qui feront de futurs ouvriers. Derrière cette politique sociale se cache une politique de recrutement.

Concluez en évoquant l’intérêt et la portée générale d’un tel document

L’auteur de ce texte nous montre à travers sa description emphatique de l’usine Krupp toute sa fierté du développement industriel de l’Allemagne qui est venue tardivement à l’industrialisation. L’auteur est fier de la réussite industrielle de son pays qui est passé rapidement en tête des pays industrialisés européens. Sa description précise, détaillée de l’usine et de son développement permettent de mieux cerner le processus de développement industriel d’une entreprise et d’un pays. Mais l’optimisme, la joie des progrès sociaux permis par les progrès techniques ne doivent pas cacher certains aspects moins joyeux. Les conditions de travail restent pénibles, même avec le fordisme et le taylorisme qui se mettront en place. De plus, la pratique paternaliste de Krupp a pour effet de garder l’ouvrier sur place, disponible en permanence et de permettre un renouvellement facilité de la main d’œuvre.

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