samedi 28 décembre 2019

Analyse extrait discours Che Guevara

Cuba si, Yankee no (10 juillet 1960)


Camarades,
Nous sommes […] réunis dans ce lieu […] qui, de toutes les tribunes révolutionnaires de Cuba, symbolise le mieux la dignité et l’ardeur militante de son peuple.[…] Le peuple réuni ici a dit NON à l’intrusion étrangère […]jusqu’à faire de Cuba l’avant-garde de l’Amérique. Et à ce moment-là, l’Amérique lâcha ses fauves qui étaient, malheureusement les fils de ce même peuple et qui, de Floride, se jetèrent sur une Havane sans défense.[…][Alors] nous nous sommes trouvés en présence de l’avertissement du Premier Ministre de l’URSS (Applaudissements) qui bouleverse le caractère de notre propre avertissement. Envahir Cuba maintenant ne signifierait nullement la destruction de tous ses édifices par les bombes ennemies, cela ne signifierait pas seulement le massacre sans pitié de nos fils, de nos femmes, de tout notre peuple par les forces aériennes et par l’énorme supériorité de l’ennemi, cela signifierait quelque chose de plus qui doit faire réfléchir les hiérarques du Nord : l’invasion signifierait que les missiles atomiques peuvent effacer une fois pour toutes la nation qui incarne aujourd’hui la misère du colonialisme.(Applaudissements)
Ces fils du Pentagone et des monopoles nord-américains qui ont promené jusqu’à présent, sur les champs d’Amérique, leur arrogance, doivent prendre garde et bien penser à cela : Cuba n’est plus l’île solitaire au milieu de l’océan, ayant pour seule défense les poitrines de ses fils et les poitrines généreuses de tous les déshérités du monde. Cuba est aujourd’hui une île glorieuse au centre des Caraïbes, défendue par les missiles de la plus grande puissance militaire de l’Histoire.[…] Aujourd’hui, [les Etats-Unis] se trouvent face à une situation mondiale extrêmement neuve. La balance du pouvoir s’est inclinée définitivement dans le monde et les forces partisanes de la paix et de la coexistence pacifique ont triomphé et ces forces augmentent de jour en jour, et leur pouvoir de représailles devient de plus en plus redoutable.[…] Comme message à notre chef suprême qui n’est pas parmi nous en cette occasion, comme expression globale de la volonté d’un peuple, je vous demande de faire vibrer dans l’appareil récepteur de Fidel un seul cri lancé par toutes les bouches cubaines : « Cuba si, Yankee no ! » (La foule reprend le cri)

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Éléments d'analyse

Che Guevara = archétype du révolutionnaire moderne, symbole de la lutte des pays d’Amérique latine pour leur indépendance vis-à-vis de la domination américaine. Médecin argentin, marxiste, il abandonne tout pour soutenir le gouvernement du Guatemala en pleine réforme agraire en 1953, mais celui-ci est renversé par la CIA. Puis il s’associe à la révolution cubaine contre Batista, dictateur corrompu  soutenu par les EUA. Ancienne colonie espagnole, Cuba est libre depuis 1901, mais les Américains y contrôlent le pouvoir politique et exploitent les principales ressources économiques (plantations de tabac, de canne à sucre + tourisme). Cuba est aussi l’arrière-cour des opérations mafieuses qui ont pour débouché le marché US.
La révolution aboutit au début de l’année 1959. Castro devint le 1er ministre du nouveau régime, reconnu par les EUA. Mais la rupture entre les deux pays a lieu très vite et se voit dans le doc qui date de juillet 1960. 
En quoi celui-ci est typique d’un discours de guerre froide tout en comportant des spécificités propres aux préoccupations de l’Amérique latine ?

I/ « L’avant-garde de l’Amérique » : la lutte contre la nation qui incarne « la misère du colonialisme »
1- La rupture progressive entre la Havane et Washington
La réforme agraire lancée par Castro en mai 1959 se heurte aux intérêts US à Cuba. Les latifundiaires amer sont expropriés. + nationalisation d’entreprises appartenant à des compagnies amer (sucreries et raffineries de pétrole).
En rétorsion, les EUA menacent de revenir sur l’accord de quotas sucrier qui permet à Cuba de vendre son sucre aux EUA au-dessus des prix du marché en échange de l’ouverture de Cuba aux produits américains. C’est chose faite en juin 1960.
Cuba se rapproche de l’URSS dès le départ pour compenser la dégradation des relations économiques avec les EUA.

2- Le soutien US aux anticastristes
Des raids contre Cuba sont organisés depuis la Floride avec la complaisance des autorités amer à partir de l’automne 1959. (ce qui explique les lignes 4 et 5)
Parallèlement, les médias US mettent l’accent sur ce qu’ils considèrent comme des dérives communistes graves (procès politiques, exécutions publiques d’opposants)
Enfin, les EUA ont refusé de fournir l’aide économique qui est demandée par Castro dans un 1er temps, sur le modèle du plan Marshall. Après la radicalisation du régime de la Havane, les EUA suspendent les importations de sucre puis décrètent un embargo total de l’île sauf les produits alimentaires et les médicaments. Dans la foulée, les EUA promettent 500 millions de dollars d’aide aux pays d’Amérique latine pour les empêcher de basculer dans le camps castriste.

3- La rhétorique anti américaine dans la droite ligne du tiers-mondisme
A Bandoung (1955)est né le concept de Tiers-Monde. Ses leaders sont la Chine, l’Inde, l’Egypte, la Yougoslavie de Tito. Aucun de ces pays n’est véritablement neutre, ni totalement « non aligné ». Ils sont proches de l’URSS sans pour autant lui obéir. Che Guevara fait le tour de ces pays pour « vendre » la révolution cubaine entre 1959 et 1960. Il prône une voie cubaine vers le socialisme, comme il y a une voie chinoise … Il devient le leader du tiers-mondisme qui se développe dans les années 1960 autour et grâce des conférences de la CNUCED (conf des nations unies pour la croissance et le développement) qui sont autant de tribune pour condamner les anciennes puissances coloniales, responsables selon les leaders du TM, de l’état catastrophique des économies des pays nouvellement indépendants donc de leur sous-développement. Ces anciens pays colonialistes sont soupçonnés de mener toujours une politique impérialiste, mais en sous-main, par le biais des agents économiques.

Dans le discours, les EUA sont assimilés à ces anciennes puissances coloniales. L’objectif de Guevara est de diffuser en Amérique latine le mouvement initié à Cuba de libération des peuples de la tutelle américaine (voir le cri « cuba si, yankee no) et c’est pour cela qu’à la fin des années 1960, il se rend en Bolivie où il sera assassiné.

II/ Le soutien soviétique
1- Un régime rapidement communiste
Au départ, mise en place d’un gouvernement de coalition dont les plus modérés sont rapidement exclus au gré des rumeurs de complot contre Castro.
Le 13 février 1960, un accord commercial et financier est signé entre Cuba et Moscou. L’île, progressivement, passe sous aide économique soviétique.

2- La protection militaire soviétique
Période de la guerre froide = coexistence pacifique, lancée par Khrouchtchev. Il s’agit d’éviter les affrontements directs entre URSS et EUA, qui se déportent sur la recherche d’alliances nouvelles. Dans ce cadre, Cuba représente un atout de poids dans le bloc contrôlé par l’URSS du fait de sa proximité des côtes des EUA. C’est ce qui expliquera la « crise des fusées » entre juillet 1961 (installation des rampes de missiles soviétiques à Cuba) et octobre 1962.
La nouvelle alliance soviétique de Cuba place donc l’île dans une position nouvelle vis-à-vis des EUA : « Cuba est aujourd’hui une île glorieuse au centre des Caraïbes, défendue par les missiles de la plus grande puissance militaire de l’Histoire », ce qui équilibre le rapport de force entre la petite île et l’ »énorme supériorité de l’ennemi ».

3- Une rhétorique classique de guerre froide 
L’URSS et son allié cubain sont présentés comme le camp de la paix qui ne font la guerre qu’en « représailles » ou pour se défendre. A l’inverse les EUA sont présentés comme des fauteurs de guerre, sans retenue et sans « honneur » : « L’Amérique lâcha ses fauves » + « massacre sans pitié de nos femmes et de nos fils ».

Conclusion
Remise en cause doctrine Monroe. Le continent américain n’est plus la chasse gardée des EUA ? cf Cuba et les autres pays d'Amérique latine => néobolivarisme.



vendredi 27 décembre 2019

Le monde en 1945

(très vieux cours de Terminale)




Bien plus que la 1ère GM, ce conflit a affecté et transformé pdt 5 ans toute la planète (théâtres de guerre en Europe, Asie, Pacifique et Afrique)(nations et colonies mises à contribution dans l’effort de guerre). => Nvx rapports de puissance + les anciennes colonies ont vu la domination européenne s’effondrer => les empires coloniaux pourront-ils se reconstruire ?
Il fut le conflit de l’affrontement à mort de deux coalitions hétéroclites basées sur des oppositions idéologiques (et non plus simple conflit d’intérêt et de puissance comme les guerres précédentes) = les adversaires du fascisme et du nazisme (les Alliés) contre les adversaires du communisme (Axe). => que va devenir la Grande Alliance ? Ces clivages ont d’ailleurs traversé les pays eux-mêmes (cf . la France) créant des tensions qui peuvent survivre à la guerre ( = Croates fascistes – Oustachis- contre Serbes résistants !) => les identités nationales pourront-elles survivre à ces tensions ?
2ème GM = véritable rupture créant de nouvelles conditions économiques et politiques. Un monde nouveau est en train de naître.

I/ Les conséquences économiques et territoriales
Photos all année 0
A) L’Europe, un immense champ de ruines.
·         Déjà affaiblie par la 1ère GM, l’Europe sort de la seconde GM totalement détruite. 5 pays seulement ont pu conserver leur neutralité et sortir indemnes du conflit = Suède, Suisse, Espagne, Portugal et Turquie. Les autres ont subi d’énormes destructions :
En URSS, 1700 villes furent entièrement détruites ainsi que 70% des usines et 65 000 km des voies ferrées.
En Allemagne, les grandes villes furent toutes bombardées de façon intensive => 75% de Berlin est détruit/ 90% pour Dresde. 3 000 ponts de chemin de fer sont à reconstruire. En revanche, le potentiel industriel de l’All n’a subi que 20 à 30% de pertes grâce à l’enterrement des usines protégées par une défense anti-aérienne puissante.
Le Royaume-Uni a perdu près de la moitié de sa flotte de commerce. Des quartiers entiers de Londres ont été rasés.
En Italie et en France, la circulation est difficile de régions à régions : 25% des lignes ferroviaires et 35% des routes endommagées en Italie. 55% des voies ferrées en France. Dans ses Mémoires de guerre, paru en 1954, le général Charles de Gaulle dressait le tableau suivant de la France à la libération : « aucun train partant de Paris ne peut atteindre Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille ou Nancy. Aucun ne traverse la Loire entre Nevers et l’Atlantique, ni la Seine entre Mantes et la Manche, ni le Rhône entre Lyon et la Méditerranée. »
Tout est à reconstruire ! L’économie entière du continent européen est désorganisée. La partie orientale de l’Europe fut la plus affectée.
R/ Des destructions similaires affectent certains pays asiatiques et notamment la Chine et le Japon (bombardement us)

·         Or, la 2de GM a englouti des sommes énormes et les pays européens n’ont plus aucune réserve. De plus, ils sont couverts de dettes :
ainsi le RU se retrouve en 1945 avec la dette la plus élevée du monde (3,5 milliards de £ essentiellement envers les EU et le Commonwealth.
L’Europe est ruinée. L’inflation est galopante.
En All, la cigarette us remplace un moment le mark comme moyen de paiement !


B) Le déclin de l’Europe
·         L’enrichissement de certains pays éloignés des zones de combat et donc surtt des EU contraste avec la ruine de l’Europe.
Grâce à un effort de guerre sans précédent, le PNB us en 1945 a augmenté de 82% par rapport à 1939. Il représente 40% du PNB mondial. Les EU détiennent 80% du stock d’or mondial. Leur production industrielle a été multipliée par 2. Ils sont les principaux bénéficiaires du conflit.
Le dollar avec la Conférence de Bretton Woods (juillet 44) devient la monnaie internationale d’échanges et de réserve.

·         Entre 1945 et 1947, Les EU accordent des prêts importants aux pays européens pour qu’ils se reconstruisent
(3,7 MM de $ pour le RU ; 2MM de $ pour la Fra)
mais cette aide s’avère insuffisante. Etant donné que le redressement de l’Europe est crucial pour l’économie us (à qui exporter sinon ?) le gvt us propose alors le 5 juin 1947 une aide économique de grande ampleur à tous les pays européens qui l’accepteront.
Doc
C’est le plan Marshall qui bénéficie à l’Europe de l’Ouest : RU, Fra, Ita, All de l’Ouest reçoivent 6 MM de $. Cette aide contribuera toutefois à faire entrer durablement l’Europe de l’O dans une dépendance économique vis-à-vis des EU

Bilan = La guerre a modifié les rapports de force internationaux : déclin de l’Europe, émergence de l’URSS, confirmation de la puissance des EU qui ne peuvent plus retourner à une politique isolationniste. La guerre laisse les 2 « grands » face à face.

C) La nouvelle carte de l’Europe
doc

·         Pour l’essentiel, on reprit les frontières de 1937 = avant les premières agressions nazies. Toutefois, les frontières de l’Europe orientale connurent des modifications importantes.
L’URSS obtient :       
o   Au détriment de la Finlande = la Carélie
o   Les 3 Etats Baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie)
o   Au détriment de l’All = une partie de la Prusse orientale avec Koenigsberg, rebaptisée Kaliningrad
o   Au détriment de la Pologne = tous les territoires situés à l’est de la ligne Curzon (nom d’un diplomate anglais qui avait été chargé après la 1ère GM de fixer les frontières polonaises)
o   Au détriment de la Tchécoslovaquie = la Ruthénie
o   Au détriment de la Roumanie = la Moldavie
L’ensemble forme un « glacis protecteur » pour le territoire soviétique.

La Pologne reçut l’autre partie de la Prusse orientale ainsi que les régions allemandes de Poméranie et de Silésie jusqu’aux fleuves Oder et Neisse.

R/ L’Italie perd toutes ses colonies qui sont placées sous l’administration de l’ONU (Conseil de tutelle) = Libye, Somalie, Erythrée.
Le Japon perd toutes ses dominations sur la Chine et les îles au S de son archipel.
R/ Les changements territoriaux furent moins importants que ceux décidés après la 1ère GM, mais ils s’accompagnèrent d’énormes transferts de population.
Allemands quittant les territoires annexés par l’URSS et la Pologne = environ 10 millions. Japonais quittant la Chine et la Corée = 6 millions

·         L’All et l’Autriche furent divisés par les Alliés en 4 zones d’occupation. Soumis à une politique de dénazification ( criminels de guerre jugés, sympathisants nazis actifs chassés de l’administration) + démilitarisés + les soviétiques démantèlent les usines dans leurs zones d’occupation pour les transférer en URSS.
R/ Japon idem, sous administration militaire us

II/ Les conséquences politiques du conflit
A) « La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie » (A. Camus)
·         Plus encore que la 1ère GM, cette guerre fut une guerre totale*. On n’avait encore jamais vu une telle puissance de destruction, une telle mobilisation économique, scientifique et technologique au service de la guerre. Les affrontements, d’une ampleur inégalée, ont dévasté des zones considérables et provoqué la mort de 50 millions d’êtres humains.
Doc
La guerre a tué plus de civils que de militaires sous l’effet des bombardements, des déportations, du génocide, des famines …
Exception = l’All. La pop all a été relativement épargnée durant la majeure partie de la guerre et cela se retrouve dans les chiffres = 6 millions de morts, 8% de la pop mais 2/3 = des militaires (R/ Ces militaires toutefois n’étaient pas des militaires de carrière !!)
Les civils devinrent un enjeu de guerre, soit qu’on les bombarda pour les terroriser et saper leur résistance ou leur soutien à leur gvt comme les Alliés le firent pour les Allemands, soit qu’ils s’organisèrent pour résister à l’occupation ennemie comme les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur), soit qu’on les mobilisa pour soutenir l’effort de guerre (STO …).
La population sov est celle qui a le plus souffert de l‘horreur de la guerre (18 M de morts civiles soit près de 70% du total des pertes soviétiques, lesquelles représentent 14% du total = également la plus forte proportion –juifs exceptés-)


·         La 2nde GM provoqua un immense traumatisme car elle porta à son comble l’horreur des crimes de guerre : massacres de civils (Japonais, Allemands) , camps de concentration et surtout extermination systématique des juifs et des tziganes européens par les nazis. Dossier doc
Ce génocide si particulier porte un nom à part = holocauste/ Shoah (« catastrophe »)

Comment comprendre que des hommes ordinaires aient atteint un tel degré de barbarie ? => Invention d’un nouveau concept juridique = crime contre l’humanité, utilisé contre les dignitaires nazis lors du procès de Nuremberg (nov. 1945- oct 1946)


·         Le largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 Août 1945 prouva que la barbarie était également partagée entre les deux camps. (la phrase d’A. Camus qui sert de titre fait référence à la BA d’Hiroshima). Peu de voix s’élevèrent pour protester contre cet acte américain injustifié (le Japon était à genoux !) et les politiques us ne furent pas jugés pour crimes de guerre.
En revanche, tout le monde se rendait compte que l’humanité était rentrée dans une nouvelle ère, celle de l’atome, où quelques pays posséderaient les moyens techniques d’en rayer d’autres de la carte du monde.


B) Les bases d’une coopération future
·         Avant même la fin de la guerre, les 3 « grands » se rencontrent pour organiser le monde d’après la victoire. C’est l’objet des conférences de Téhéran (dec 43), Moscou (oct 44), mais surtt Yalta (fev 45) et Posdam (juillet août 45)
= Délimitation des futures frontières de l’Europe, décision sur le sort de l’Allemagne après la guerre, et surtt, partage des zones d’influence respectives entre les occidentaux et les soviétiques. Les pays libérés ne seront pas laissés à eux-mêmes. Les Alliés assumeront la charge de maintenir la paix intérieure. Pour ce faire = maintien le temps nécessaires d’une présence armée + aides humanitaires d’urgence + installation de gouvernements provisoires multipartites chargés d’organiser des élections libres.
MAIS En oct 44, conférence de Moscou entre les Russes et les Britanniques. Les Anglais acceptent de laisser la Pologne sous l’influence soviétique mais les Balkans font l’objet d’un étrange marchandage, relaté par Churchill dans les Mémoires :
« Réglons nos affaires des Balkans. Vos armées se trouvent en Roumanie et en Bulgarie. Nous avons des intérêts dans ces pays. Evitons de nous heurter pour es questions qui n’en valent pas la peine. En ce qui concerne la Grande –Bretagne et la Russie, que diriez-vous d’une prédominance à 90% en Roumanie pour vous, d’une prédominance de 90% en Grèce pour nous, et de l’égalité 50/50 en Yougoslavie ? (…) Staline prit son crayon bleu , y traça un gros trait en matière d’approbation et nous le rendit. »
Quelle que soit la véracité de cet extrait, il rend manifeste le fait que déjà à cette époque, les relations entre les membres de la Grande Alliance ne sont pas cordiales mais empreintes de suspicion et de marchandages. Cette alliance est de circonstances et ne peut qu’éclater après la guerre.

= Décisions de mise en place d’institutions mondiales qui organiseront et réglementeront le monde d’après guerre.
                        Le FMI (Fonds monétaire international) doit organiser le système monétaire mondial, faciliter l’expansion du commerce international, prêter des fonds aux Etats membres.
                        La BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) doit financer la reconstruction et aider les pays pauvres.
                        L’ONU (organisation des nations unies), créée à la Conférence de San Francisco le 25 avril 1945, avec l’adhésion de 51 pays.
Dossier doc
La charte des Nations-Unies, à laquelle doit adhérer tous les Etats membres, reprend les généreux principes de la charte de l’Atlantique (août 1941) = coopération internationale au niveau politique, économique, humanitaire, création et respect d’un droit international, droits de l’Homme, égalité des nations …
Mais
Le fonctionnement de l’ONU, s’il est rendu possible par l’existence du conseil de sécurité, est vicié dès l’origine car il n’est pas démocratique. Par leur présence de droit au sein du conseil de sécurité et par leur droit de veto, 5 nations dirigent en réalité l’ONU = EU, URSS, RU + Chine (à l’époque = Taiwan) et Fra.

Approfondissement = fiche ONU à distribuer et à lire

Bilan = contradictoire. Un nouveau monde se reconstruit sur les bases d’une vision généreuse de la coopération entre les nations mais, comme pour la carte de l’Europe qui fut redessinée au profit de l’URSS, les nouvelles institutions fonctionnent selon les vues américaines et au profit des vainqueurs.


C) Les germes des conflits futurs
Voir leçons suivantes
·         L’alliance de guerre américano-soviétique laisse place à la concurrence dès 1946. La situation de l’Europe de l’Est est l’occasion de la rupture.
Dans tous les territoires libérés par l’arme rouge en Europe de l’est, les partis communistes, forts du prestige de l’URSS, pays vainqueur du nazisme (Stalingrad), connaissent un essor considérable. Progressivement, les communistes éliminent toutes les autres composantes des gouvernements provisoires et s’emparent pacifiquement du pouvoir. Le principe négocié entre les alliés de créer les conditions de la démocratie en Europe n’a pas été respecté par les soviétiques.
Le 5 mars 1945, lors d’un discours à Fulton, Churchill dénonce l’expansion du communisme en Europe et déclare qu’un « rideau de fer » est descendu entre l’Europe orientale et occidentale. Début de la coupure de l’Europe en 2 parties antagonistes.
Tous ces Etats deviennent des «dDémocraties populaires » organisés sur le modèle soviétique. Pologne, Roumanie, Yougoslavie, Albanie => transition « en douceur ». Hongrie et Tchécoslovaquie = passage à la démocratie populaire nécessita une sorte de coup d’Etat = « coup de Prague » 1948.


·         Dans le reste du monde = colonies. La 2nde GM a accéléré la montée des sentiments nationalistes et indépendantistes. Pourquoi ?
<= les défaites rapides et brutales des pays européens ont achevé de prouver  qu’ils n’étaient pas invincibles. De plus, le contexte est favorable car les deux Grands, non européens, ne sont pas des puissances coloniales et prônent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Par l’intermédaire de l’ONU ou directement, ils poussent les pays européens à décoloniser.
<= la barbarie dont ont fait preuve les occidentaux, les mêmes qui, dans les colonies, justifient leur domination par leur prétention à apporter la civilisation, a fortement contribué à la ruine du prestige de l’occident. Les élites qui réclamaient l’assimilation et l’égalité des droits avant guerre veulent après guerre l’indépendance.
<= mais les pays européens veulent retrouver leur puissance et leur intransigeance, surtout française, va radicaliser les mouvements nationalistes. Malgré d’importants efforts éco. et humains consentis par les colonies pour aider leur métropole
                        2 millions d’Indiens mobilisés
les gvts anglais et fra ne consentent à aucune évolution ni au moindre assouplissement.
Le 8 mai 45, les troupes fra répriment dans le sang des manifestations nationalistes en Algérie = émeutes de Sétif
Dans les pays d’Asie, d’où ils avaient été chassés par leurs défaites devant les Japonais, les Français tentent de revenir comme si de rien n’était.

Fiche synthèse sur le conspirationnisme


Intérêt du thème : avec Internet, diffusion massive des théories du complot et des idéologies conspirationistes ce qui pose un problème à nos systèmes démocratiques => pop qui se rend ingouvernable ? Fractionnement de l’OP ?

Mise au point sur le vocabulaire :
Complot (entente secrète entre plusieurs individus pour nuire au pouvoir/ à une personne au pouvoir) ont toujours existé, donc sont attestés : ex. conspiration contre Jules César en ~ 44 ou conspiration des poudres par les catholiques anglais pour faire exploser le parlement en 1605 (=> masque de Guy Fawkes, un des conspirateurs, repris par V pour Vendetta -BD Alan Moore et David Lloyd- qui est devenu un des objets des manifestants anti-système) etc
L’existence de vrais complots rend vraisemblables les théories du complot.

Théorie du complot = expression utilisée pour discréditer les personnes qui doutent d’une explication officielle ou communément admise (qui font l’hypothèse a priori d’un complot pour expliquer tel ou tel événement). Les théories du complot sont donc liées à des événements particuliers et ont une audience plus ou moins grande selon l’événement et surtout selon leur reprise ou pas par des leaders d’opinion ou des ouvrages de fiction: ex. 80% des américains sont persuadés d’un complot non révélé derrière l’assassinat de JF Kennedy (1963) car de nombreux films, livres…en ont fait l’écho. L’opus Dei, les templiers etc « reprennent du service » avec le Da Vinci Code (2003) de Dan Brown (86 millions d’exemplaires vendus en 2010 + un film …).
Le conspirationnisme n’est pas seulement l’explication complotiste des événements, mais aussi une accusation portée contre un groupe/société secrète (les ultra-riche, les juifs, les bolchéviks, les judeo-maçonniques, les illuminati, les extra-terrestres …), présenté comme malveillant et agissant dans le monde de façon concertée.

Le conspirationnisme est une idéologie (façon de voir le monde) :
La pensée conspi procède d’une caractéristique majeure, l’hypercriticisme (méthode hypercritique). C’est une forme excessive de la critique des témoignages, une mise en doute irraisonnée et systématique, en dépit du bon sens et des preuves => le contraire d’une démarche « scientifique ». L’hypercritique est un croyant : « on nous ment, il faut trouver les preuves qu’on nous ment ». Ces personnes (autodésignées truthters, « chercheurs de vérité », s’engagent dans une « enquête » à charge, postulant que la vérité est ailleurs que dans les médias officiels et dans les affirmations des sachants qu’ils soient scientifiques, profs, journalistes ou hommes politiques (C’est ce qu’on appelle du populisme : le peuple contre les élites), ce qui leur permet d’affirmer tout et n’importe quoi sans contradiction. Ils sont confortés dans leur croyance par leur mise en réseau grâce au web dont la structure conforte les bulles de filtre, qui enferme les gens dans un cercle restreint de personnes qui pensent de la même manière. Leur système de pensée est autoréferent : « on n’arrive pas à apporter des preuves puisque les preuves sont systématiquement cachées et remplacées par des fausses preuves accréditant le mensonge officiel. Donc c’est la preuve qu’on nous ment. »

Les événements déclencheurs du phénomène conspirationniste sont :
Comme pour les rumeurs, le point de départ est un événement ou un ensemble d’événements perçus à la fois comme important et ambigus, insuffisamment expliqués. Il faut la rencontre avec un/des leaders d’opinion qui mettent leur charisme au service de la pensée conspi et agrègent autour d’eux des adeptes. Leur rhétorique est populiste : anti -étatisme, anti-intellectualisme, lutte du peuple contre les élites. Certains complots accèdent au rang de mythes, dont on peut faire l’histoire : Le plus ancien est le mythe du complot templier, lancé par le roi de France Philippe le Bel (fin XIIIe s) qui voulait récupérer les biens de ce puissant ordre militaire. Au XVIIe siècle, un autre ordre religieux, les Jésuites, est accusé des mêmes accusations que les Templiers. Pendant et depuis la Révolution française, c’est le tour des Francs-Maçons, société secrète inspirées de la philosophie des Lumières et qui lutte contre l’obscurantisme chrétien. Puis à la fin du 19e, dans le contexte de montée de l’antisémitisme, les services secrets russes inventent le complot juif des « Sages de Sion », les régimes fascistes mobilisent le complot judeo-bolchévique pour assurer leur domination… D’une manière générale, les théories conspirationnistes sont nées dans les milieux de l’extrême-droite.
Le deuxième facteur qui explique la montée des idées conspirationnistes depuis les années 1990, c’est à la fois l’hyperpuissance américaine depuis cette période (Bush, le « nouvel ordre mondial ») + l’utilisation de plus en plus massive du WEB comme mode d’information et de circulation des idées + perte de confiance dans les médias traditionnels

Qui sont les conspirationnistes ?
Les enquêtes d’opinion montrent que,
·         plus on est jeune plus on est sensible aux idées conspi (et à l’inverse, plus on est vieux, moins on y est sensible)
·         un faible niveau d’instruction rend indifférent aux idées conspi, un niveau lycée au contraire es favorise, un fort niveau d’instruction (BAC + 5ans) immunise contre les idées conspi
·         Forte corrélation entre les idées conspi et les pensées politiques radicales, extrême-droite surtout, mais aussi extrême gauche par exemple dans les milieux blacks muslims US…
·         Une faible culture politique ou appétence pour la politique : l’adhésion au conspirationniste est proportionnellement plus forte chez les abstentionnistes que chez les électeurs.

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