Manuel Belin
Cette leçon se fait plus ou moins sur le principe du cours inversé car elle est (bien trop) riche en informations précises. Les élèves ont le cours entièrement rédigé, distribué en deux temps qui correspondent aux deux parties. Pour la partie 1 je reprends avec eux les éléments institutionnels (à partir des organigrammes ) et pour la partie 2, on corrige les exercices et on analyse les doc du manuel, puis ils ont la trace écrite qui synthétise le travail fait en classe.
POUR TRAVAILLER CETTE LECON :
Faire les exercices du manuel
Réviser autrement p. 295
Analyse caricature p. 297
La QP p. 298
Sujet dur de commentaire de doc p. 300
TH : La construction européenne, pour faire de l’UE une puissance mondiale ?
Introduction
• En août 1849, lors du Congrès international de la paix, Victor Hugo prononce un discours – resté célèbre – intitulé « Un jour viendra ». Il déclare : « Un jour viendra où la France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne ». Après la 1ère guerre mondiale, l’idée européenne prend corps :
en 1929, Aristide Briand propose d’unir les Etats européens par une « sorte de lien fédéral », mais la
crise des années 1930 et la montée des totalitarismes mettent un terme à ce projet.(caricature 1 p. 330)
L’idée d’un rapprochement entre les Etats européens, des « Etats-Unis d’Europe » (W. Churchill, 1946
photo p. 328) et donc d’une unité politique de l'Europe est donc ancienne.
• Après 1945, marqués par le traumatisme de la guerre, un certain nombre d'États choisissent de faire
avancer ce projet. Les débuts de la Guerre froide renforcent cette volonté.
A partir de 1945, une nouvelle échelle de gouvernement apparaît par le rapprochement entre États européens ayant des objectifs communs : L’objectif politique de l’Europe a été défini dès 1948. Dans les années 1940-1960, l'ambition est d'éviter les conflits entre États voisins et de développer les échanges économiques entre eux. Dans les années 1990, l'intégration vise à s'insérer davantage dans l'économie mondiale et à devenir un acteur majeur des relations internationales.
L’UE apparaît comme le 3e pôle de puissance. C’est un ensemble original. Plus de soixante ans après le Congrès de la Haye, si les Européens ont réussi à construire une union économique, ils ont pour l’instant échoué à édifier une Europe politique qui reste encore en partie au stade du projet. De plus, la construction européenne ne parvient pas à unifier le territoire de l’UE, malgré les politiques mises en oeuvre.
HIST : Comment le projet d’Europe politique a-t-il évolué ? A quels obstacles s’est-il confronté ? Peut-il servir de modèle ?
ARTICULATION AVEC LA GEO : Comment l’UE s’intègre-t-elle dans la mondialisation ? Quels sont les atouts et les faiblesses de son territoire ? Les politiques menées par l’UE permettent-elles d’assurer sa compétitivité ?
I/ Les grandes étapes de la construction européenne depuis les années 1960 : élargissement et approfondissement
A- La CEE (1957-1992)
1-Quelles institutions ?
coexistence d’organismes supranationaux et pouvoir renforcé des Etats dans la prise de décision Les traités de Rome ont mis en place des institutions, chargées de coordonner la mise en place de 2 l’union douanière. Elles sont le résultat de compromis entre pouvoir fédéral et pouvoir étatique :
Commission européenne (membres nommés par les gouvernements nationaux) est un organe supranational. Elle a l’initiative des lois (directives, règlements) et veille à leur application tout comme à l’application des décisions du conseil européen et à l’application des traités (= la « gardienne des traités »).
Conseil des ministres incarne les intérêts des Etats. Il prend les décisions, qui doivent l’être à l’unanimité pour les questions les plus importantes (droit de veto à partir de 1965) ce qui garantit la souveraineté de chaque Etat. Il s’agit d’un organe intergouvernemental qui statue soit à la majorité qualifiée soit à l’unanimité.
Parlement européen est essentiellement consultatif au début. Il n’a pas l’initiative des lois réservé à la Commission, il vote le budget et les textes, mais il ne contrôle pas les recettes du budget. Les élus se regroupent en groupes parlementaires selon les affinités politiques et non pas selon les critères de nationalité.
Le pouvoir appartient surtout au Conseil des ministres et à la Commission, le Parlement n'ayant aucun pouvoir réel à l’époque.
Des évolutions ponctuelles des institutions :
1974 : création d'un Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement (4 réunions par an) chargé de définir les priorités de la construction européenne et de faire entendre la « voix de l'Europe. Il devient l'instance majeure de la CEE
1976 : en contrepartie de cette concession faite à l’Europe des Etat et pour améliorer l’expression démocratique des peuples, est instaurée l’élection au suffrage universel direct du Parlement européen (mais ses pouvoirs restent limités), dont la première présidente est la française Simone Veil.
2-La mise en place de coopérations communes limitées
Reprise CECA + Euratom en janvier 1958 (coopération nucléaire civil). Son exécutif fusionne avec celui de la CECA et de la CEE en 1967.
Par ordre chronologique :
La CEE (Communauté économique européenne) vise la réalisation d’un marché commun (l’Europe des marchands) où circuleraient librement les biens, les services et les capitaux. La première étape est l’union douanière avec la suppression des barrières douanières entre les 6 pays et l’adoption du tarif extérieur commun à l’égard des pays tiers est achevée dès la fin des années 1960.
: http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu00061/le-marche-commun-160-millions-declients.
html
Dans le but d’atteindre l’autonomie alimentaire de l’Europe, la 1ère politique commune, la PAC (politique agricole commune) est instaurée en 1962 (elle repose sur la préférence communautaire – principe selon lequel un Etat membre doit préférer s’approvisionner à l’intérieur de la CEE plutôt qu’à l’extérieur – en matière agricole et sur la garantie des prix pour assurer un revenu minimal aux agriculteurs) FEOGA. Partout, l’agriculture se modernise en se mécanisant PAC => productivité multipliée par 5.
2ème priorité = électricité et acier
+ Des entreprises communes à plusieurs États se développent, comme Airbus-EADS créée en 1970 : direction franco-allemande + production dans plusieurs pays y compris RU
1978 politique spatiale: 1° tir d’Ariane : un acte de coopération technologique et financière d'investissement.
créer une zone de stabilité monétaire : en 1971, crise monétaire avec la dévaluation du dollar des États-Unis et la fin de sa convertibilité en or => création en 1979 du Système monétaire européen (SME) pour réduire les fluctuations entre les monnaies des pays membres et stabiliser les taux de change en créant une unité monétaire européenne appelée ECU (European Currency Unit ou unité de compte européenne = idée de Valéry Giscard d’Estaing, président de la République française de 1974 à 1981).
Mécanisme d’aides aux régions plus pauvres pour harmoniser les niveaux de compétitivité économiques = création du FEDER le Fonds européen de développement régional (FEDER, 1975).
R) Rejoint des préoccupations sociales et territoriales: aides aux catégories sociales défavorisées et aux régions comme le Fonds social européen (FSE, 1957),
Des réussites : 1955- 1978 : Miracle à l’européenne : Les douze représentent, en 1989, 15 % du commerce mondial et 30 % de la production industrielle de la planète.
Dans les années 1980, la construction européenne piétine à cause de la crise économique, de la volonté de Margaret Thatcher de limiter le pouvoir de la CEE (n’en faire qu’une zone de libre-échange dont profiterait le RU)
Pourtant des réalisations sont à porter au crédit de la période, même si les pro-européens les trouvent trop timides
- créer un espace de circulation : en 1985, l'accord de Schengen supprime les contrôles aux frontières des pays signataires ; en 1987, le programme « Erasmus » favorise la circulation des étudiants des pays membres.
1986, Jacques Delors, président de la Commission, relance la construction européenne avec l'Acte unique européen : ce dernier prévoit la mise en place d’un marché unique1 pour 1993 et retient le principe d’une union économique et monétaire, d’une harmonisation des normes (services, environnement …) . Pour améliorer le processus décisionnel, il envisage l’extension du vote majoritaire et un accroissement des compétences de la Commission et du Parlement. C’est le point de départ de la négociation qui conduit à Maastricht et à la transformation de la CEE en UE.
3- Ces succès => multiplication des demandes d’adhésion (voir chrono des élargissements dans le PWPT)
L'élargissement à d'autres États a été prévu dès le départ. Pendant longtemps, le Royaume-Uni a refusé la construction européenne : en 1959, il crée l’Association européenne de libre-échange ou AELE (avec le Danemark, la Suède, la Norvège, le Portugal, la Suisse, l’Autriche). Mais devant le succès de la CEE, le Royaume-Uni demande en 1961 son adhésion : De Gaulle refuse car il veut éloigner l’Europe de l’influence américaine (refus de l’atlantisme intégral qu’est censé représenter le RU ).
C'est son successeur à la présidence de la République française, Georges Pompidou qui accepte en 1973, l’entrée du RU, de l’Irlande et du Danemark. La disparition des régimes autoritaires dans les pays méditerranéens permet l’adhésion de la Grèce (1981), de l’Espagne et du Portugal en 1986, afin de les ancrer dans la démocratie libérale.
B- L’UE des 1990’s à nos jours
Après la fin de la guerre froide, la construction européenne peut désormais se réaliser à l’échelle du continent, mais comment concilier approfondissement et élargissement et les mener de front ?
1- De plus en plus de pays
Carte élargissement (manuel hist p.283)
But : accueillir les Etats de l’est sortis du communisme
Même si ceux-ci n’étaient pas prêts = fort différentiel de développement éco + faiblesse de la démocratie
Un élargissement de l’Europe sans précédent…
• La fin des démocraties populaires en 1989 et la disparition de l’URSS modifient profondément la donne géopolitique en Europe. La construction européenne peut désormais s’étendre à l’ensemble du continent. Plusieurs élargissements successifs font passer de 12 (en 1992) à 28 (aujourd'hui) le nombre des États membres. + En 1990, avec 1 Marché unique : nom donné à un espace économique encore plus unifié que le marché commun, impliquant non seulement la libre circulation des marchandises, ces capitaux, des services et des hommes, mais aussi l’harmonisation des législations entre Etats membres.
la réunification allemande, la CEE absorbe le territoire de l’ancienne RDA. Devant l’afflux de candidatures, le sommet de Copenhague fixe des critères d’adhésion.
En 1995, l’Union européenne créée par la traité de Maastricht accueille l’Autriche, la Suède et la Finlande = Europe des 15. Puis, en 2004, après plusieurs années de négociations, l’UE accueille 10 nouveaux Etats dont 8 anciennes démocraties populaires (l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, Malte, Chypre.) L'Union passe alors de 15 à 25 membres et gagne 75 millions d'habitants.
L'élargissement de 2007, marquant l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l'UE, puis celui de 2013 avec l’adhésion de la Croatie
• Aucune date d'entrée n'a encore été donnée aux cinq candidats actuels (Serbie, Monténégro, Macédoine, Islande, Turquie). Trois autres pays sont considérés par le Conseil européen comme des candidats potentiels : Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo. La candidature de la Turquie, déposée en 1987 et acceptée par Bruxelles en 1999, est l'objet d'intenses débats sur la délimitation de l'Europe et le respect par la Turquie des critères d'adhésion et sur l'identité culturelle de l'Union.
=> la crainte « d'une fuite en avant » au sein des opinions publiques européennes.
• Cet élargissement entraîne de nouveaux équilibres géopolitiques. L'Union bascule vers l'Est et replace l'Allemagne en son centre géographique. Les différences de richesse entre anciens et nouveaux membres entraînent des débats sur l'ampleur et la répartition des aides européennes, qui bénéficiaient jusqu’alors essentiellement à l’Europe du Sud (Espagne, Portugal, Grèce).
Ces élargissements posent ainsi la question des limites de l'Europe (jamais définies : cf. question de l'adhésion de la Turquie) et de la définition d'une identité européenne. Pour certains, les élargissements nuisent à la cohésion et au fonctionnement institutionnel de l'Union.
Brexit (voir doc manuel Hist 3 p.293) et la synthèse spécifique dans pearltree
2- Avec Maastricht, c’est un passage progressif au fédéralisme qui s’opère.
1/1/93 - traité de l'Union Européenne dit de Maastricht: Décidé par le Conseil Européen.
ratification dans tous les Etats membres Sa ratification, parfois difficile, a provoqué un certain malaise contre l’Union Européenne. France: référendum : 51,4 % de OUI, 48,6 % de NON. (doc 1 p.290 manuel Hist)
2 Critères de Copenhague (1993) : « Tout Etat européen peut se porter candidat. L’adhésion requiert du pays candidat :
- qu’il ait des institutions stables garantissant la démocratie, la primauté du droit, les droits de l’homme, le respect des minorités et leur protection ;
- l’existence d’une économie de marché viable capable de faire face à la libre concurrence
- la capacité du pays candidat à souscrire aux objectifs de l’Union politique, économique et monétaire et accepter l’acquis communautaire (accepter de transposer dans la législation nationale l’ensemble des traités) »
L’UE est un cas unique au monde. Elle est une construction originale où les États ont abandonné une partie de leur souveraineté, mais où ils conservent encore des prérogatives importantes. Pour répondre à ce mode de fonctionnement, les institutions tentent d'assurer un équilibre entre supranationalité (existence de pouvoirs supérieurs à ceux d’un Etat détenus par une autorité indépendante) et intergouvernementalité (c’est-à-dire une simple coopération entre États impliquant des prises de décisions à l'unanimité). La gouvernance (recherche d’un mode de gestion efficace d’un territoire par plusieurs acteurs, à différentes échelles) est donc assurée par des institutions intergouvernementales (Conseil européen et conseil de l’Union européenne) qui garantissent les intérêts des Etats égaux entre eux, et supranationales (Commission européenne et Parlement) qui assurent les intérêts de l’UE. Mais rien ne se fait sans les Etats qui contrôlent les pouvoirs les plus importants (+ vote à l’unanimité pour les questions relevant de la souveraineté nationale )
Plus de démocratie et plus de complexité (lire absolument le doc 3 p. 291 manuel Hist):
élargissement progressif du périmètre des compétences du Parlement et notamment le traité de Lisbonne -2009- qui instaure le principe de la co-décision dans beaucoup de domaines (=> droit de véto): le budget de l’UE doit être validé, les accords avec les pays extérieurs. Après 2009, la composition de la commission européenne (personnalités nommées par les Etats) doit être approuvée par le Parlement…
En 2007, Traité de Lisbonne (entré en vigueur en 2009), innovations institutionnelles
- pour doter l’UE d’une meilleure visibilité mondiale, deux fonctions sont créées :
o un président du Conseil européen (élu à la majorité qualifiée par les vingt-huit chefs d’Etats et de gouvernements, pour une durée de deux ans et demi, renouvelable une fois. Elu en 2014 le polonais Donald Tusk). A actualiser
o un Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (depuis 2014 l’italienne Federica Mogherini) Idem
La prise de décision au sein des conseils (Voir PWPT)
• Le problème de la gouvernance européenne tient dans la nécessaire prise en compte de deux réalités très différentes qui ont chacune leur légitimité : la légitimité de chaque Etat (28 Etats > 28 voix) et la légitimité du poids démographique (1 hab. > 1 voix). Or, l’UE rassemble à la fois des petits Etats (Malte : 400 000 hab.) et des grands Etats (Allemagne : 82 M d’hab.). La prise de décision doit toujours reposer sur un compromis entre la reconnaissance de chaque Etat et leur poids démographique. Cependant, avec des États membres de plus en plus nombreux, l'Europe a dû repenser son fonctionnement : le vote à l’unanimité (imposé par De Gaulle en 1965) qui ne posait pas de problèmes à 6, 12 ou 15 devient difficile à tenir à 28.
- Pour faciliter la prise de décisions, le vote à la majorité qualifiée (vote des Etats pondéré en fonction de leur nombre d’habitants) au sein du Conseil est adopté pour les décisions ordinaires (il reste à l’unanimité pour les sujets importants.) Le tout devait être harmonisé dans une constitution européenne qu’une commission ad hoc élabora sous la direction de VGE. Lors de leur session plénière du 24 septembre 2003, les parlementaires européens approuvent le projet de traité constitutionnel de la Convention européenne, par 355 voix pour. Le texte est alors soumis aux peuples des pays membres soit vote parlementaire soit référendum.
En 2005, les français et les hollandais votent non, ce qui met fin au processus. (p. 292 du manuel Hist)
3- De plus en plus de rôles (HIST ET GEO)
L’Union européenne formule trois objectifs majeurs : (voir PWPT)
- Un objectif économique avec :
O le renforcement de la cohésion économique entre les Etats membres par une abolition des frontières dans le cadre de l’accord de Schengen (Luxembourg, 1985) : il s’agit de favoriser la libre-circulation des hommes, des biens, de des capitaux et des informations entre les Etats signataires ; La libre concurrence est élevée au rang de principe supérieur de référence. L’UE est donc libérale.
O la création d’une Union économique et monétaire (UEM) afin de mettre en place une monnaie commune (au début appelée ecu, puis euro mis en circulation au 1er janvier 2002.
C’est une réussite même si le RU, le Danemark et la Suède restent réfractaires à la monnaie unique, s’en tiennent à l’écart et conservent leur monnaie nationale.) Dans la foulée, est instaurée la Banque Centrale Européenne en 1997 (siège à Francfort). Le Conseil européen d'Amsterdam adopte en juin 1997 le Pacte de stabilité et de croissance pour assurer la gestion saine des finances publiques dans la zone euro en mettant en place des critères de convergence
- Un objectif politique et démocratique avec l’instauration de la citoyenneté européenne pour les ressortissants des Etats membres (libre-circulation, vote et éligibilité, protection, pétition).
- Un objectif diplomatique et militaire avec la mise en place d’une Politique étrangère et de 8 sécurité commune (PESC), qui ouvre la voie à une défense commune et à une coopération en matière policière et judiciaire afin de s’affirmer comme puissance mondiale.
Définitions de « 3 piliers » de l’UE : Communauté européenne + PESC + coopération policière et judiciaire.
En 1995, les accords de Schengen, signés en 1985, entrent en application, supprimant les contrôles aux frontières entre les États membres.
1998 Établissement de la Banque centrale européenne. Cette banque est indépendante des institutions de l'Union, c'est à dire qu'elle n'est pas responsable devant l'Union, et l'Union ne peut pas utiliser la politique monétaire comme outil de politique économique. Le but de cette banque se révèle être celui de préserver la valeur de l'Euro, monnaie "forte", au prix des pactes de stabilité, des restrictions des moyens à la disposition des gouvernements pour influer sur leur économie : endettement limité, assez large cependant, inflation limitée, crédit cher. L'Euro devient monnaie de réserve et de paiement, bien sûr au sein de l'Union. En 2002, l'euro est mis en circulation. Le Danemark, la Suède, le RU refusent de l’adopter. Voir dossier p. 288-289 manuel Hist
1998 instauration d'Europol, organe de coopération policière en Europe
2000 : le Conseil européen définit "une nouvelle stratégie de l'Union visant à renforcer l'emploi, la réforme économique et la cohésion sociale dans une économie fondée sur la connaissance." Les objectifs se déclinent ainsi : "adapter l’économie européenne aux nouvelles conditions de l’économie mondiale. Il faut faire face ensemble à la concurrence des États-Unis et des pays nouvellement industrialisés. Il faut libéraliser les secteurs encore protégés, favoriser l’innovation et les investissements dans les entreprises, adapter les systèmes éducatifs à la société de l’information." il discute « de l'innovation et de la connaissance en Europe, de la coordination des politiques économiques, de la santé et de la sécurité des consommateurs, de la sécurité maritime, de l'environnement, des services d'intérêt général, de la sécurité d'approvisionnement de certains produits, de la liberté, de la sécurité et de la justice, de la culture, des régions ultrapériphériques et des relations extérieures."
Il s'agit là d'une extension considérable des compétences de l'Union. Par problèmes sociaux, le conseil européen entend le chômage, source de dépenses publiques, les retraites, le coût de la santé et des protections sociales. Il introduit les services d'intérêt général, qui ne sont pas les services publics et qui peuvent bien sûr être dans l'économie de marché.
- Le principe de subsidiarité est affirmé. C’est le fondement du fonctionnement de l’Europe : les décisions sont prises selon ce principe, qui réserve les compétences communautaires aux domaines dans lesquels l’UE est incontestablement plus efficace que chacun des membres.
Dans ces domaines, en revanche, les décisions prises par l’UE s’imposent aux Etats. (règlements européens) ou doivent être adaptées par les Etats (directives européennes)
II- Un projet en panne ? (critiques contre l’UE)
A) L’euroscepticisme
Doc 5 p. 291 manuel hist
L’absence de sentiment d’appartenance de la part des citoyens. Alors que les citoyens sont de plus en plus concernés par les décisions européennes, que le Parlement est la seule institution élue directement par les peuples et que son pouvoir ne cesse de se renforcer, la participation électorale est de plus en plus faible : seuls 43% des électeurs de l’Union se sont rendus aux urnes pour les élections européennes de 2014 contre 62% en 1979. Ces élections se perdent souvent dans des débats de politique intérieure, les scrutins européens étant alors perçus comme une occasion d’évaluer le rapport de force politique entre deux élections nationales. À l’exception des débats sur la ratification des traités, l’Europe est souvent perçue comme un sujet lointain et ennuyeux.
L'euroscepticisme (terme apparu dans les années 80 signifiant une attitude de méfiance envers l'efficacité de la construction) semble croissant, notamment en raison de la crise économique et des discours de nombreux représentants politiques nationaux ou locaux qui font de l'UE la responsable de tous les problèmes que connaissent les populations (comme avec le Front National qui ne cesse de critiquer et d'accuser l'UE). Ce manque de sentiment d'appartenance est renforcé par les défauts et les pbs de la gouvernance de l’UE
L’euroscepticisme grandit dans les opinions publiques européenne, à droite comme à gauche. Des partis nationalistes et souverainistes (UKIP - UK Independence Party – en Grande Bretagne ; FN en France, etc.) ou régionalistes craignent la perte de l’identité ou de la souveraineté nationale.
B) Une difficulté à s’affirmer comme grande puissance : l’échec du volet PESC ( doc 2 p.285 )
L’Union européenne a atteint le statut de grande puissance mondiale sur les plans économique, commercial et monétaire. L’Union européenne pèse de tout son poids dans les enceintes internationales, telles que l’OMC, les organismes spécialisés de l’Organisation des Nations unies (ONU), les sommets mondiaux sur l’environnement et le développement. Cependant, il reste aux États membres de l’Union à faire encore de nombreux progrès aux niveaux diplomatique et politique pour s’exprimer d’une seule voix sur les enjeux décisifs de la planète. Plus encore, les systèmes de défense militaire — le coeur des souverainetés nationales — restent aux mains des dirigeants nationaux liés entre eux seulement par les engagements contractés dans le cadre des alliances telles que le pacte atlantique.
Les divisions entre la « jeune Europe » et la « vieille Europe » (D. Rumsfeld) au moment du déclenchement de la guerre en Irak en 2003 (doc 5 p. 285 manuel hist) a montré toutes les difficultés européennes en matière de politique étrangère et de défense, malgré une unité de façade souvent affichée..
Depuis 2003, l’Union dispose d’une «capacité opérationnelle» lui permettant de conduire des opérations de gestion de crise = la mise en place d’Eurocorps, une force européenne de réaction rapide de 60 000 hommes, issus de 5 pays membres de l’UE (France, Allemagne, Belgique, Espagne, Luxembourg),
Depuis 2003, l’Union européenne a ainsi lancé 22 opérations militaires et missions civiles, dont la première, en Bosnie-et-Herzégovine, a remplacé les forces de l’OTAN sans pour autant avoir beaucoup de succès. Ces différentes missions et opérations sont ou ont été déployées sur trois continents, sous drapeau européen. En voici quelques exemples: l’opération EUFOR Tchad/ République centrafricaine; l’opération Eunavfor Atalanta dans le golfe d’Aden pour lutter contre la piraterie somalienne; la mission EULEX Kosovo (2011) pour aider ce récent État à établir durablement l’État de droit; la mission EUPOL Afghanistan pour aider à la formation de la police afghane. La PESC a pris des sanctions contre la Libye en 2011
En matière de politique étrangère, la difficulté reste importante pour que des pays aux traditions diplomatiques très différentes et très inégales s’entendent : d’une part, il y a des pays de tradition interventionniste (France + GB : intervention en Libye en mars 2011) et des pays neutres et isolationnistes ; d’autre part, certains pays défendent l’idée d’indépendance de l’Europe (France, Allemagne) quand d’autres affichent clairement leur atlantisme (alliance avec les Etats-Unis). L’absence de position commune de la part de l’UE lors des guerres de Yougoslavie (1991-1995) ou de l’intervention américaine en Irak (2003) a montré que l’UE était incapable de « parler d’une seule voix » à l’échelle mondiale. Dans les années 1970, pour signifier l’absence de politique étrangère commune, le conseiller américain Henry Kissinger posait une question qui garde encore aujourd’hui toute sa pertinence : « L’Europe ? Quel numéro de téléphone ? »
Il n’existe toujours pas d’ « Europe de la Défense » ou d’armée commune européenne : 22 Etats sur 28 n’ont pas de force militaire capable d’être projetée sur un théâtre d’opération. Seuls la France et le RU disposent de l’arme nucléaire, de moyens de renseignement efficaces et possèdent des forces de projections relativement compétentes. Il semble bien que ce soit quelques pays (cf. intervention française au Mali en 2013) et l’OTAN qui assure la défense de l’Europe tant l’Europe de la défense est au point mort (intervention dans la guerre des Balkans en 1995 et celle du Kosovo en 1999).
CONCLUSION : vers une Europe à plusieurs vitesses ?
• Plusieurs conceptions s’opposent à propos de l’avenir de l’UE. Les fédéralistes souhaitent créer une Europe organisée en un Etat supérieur aux Etats membres, sur le modèle des Etats-Unis (A). Les souverainistes sont favorables à une confédération qui garantit au maximum l’indépendance des Etats membres (B). Enfin, les fonctionnalistes misent sur une coopération économique et plus d’intégration politique. Les débats sont vifs entre ces trois conceptions, à l’échelle de l’UE mais aussi à l’échelle des Etats membres. La « crise de l’euro » en 2010 qui a découlé de la crise de la dette grecque a révélé les fractures entre Européens : l’Allemagne et la France ont défendu un renforcement du fédéralisme budgétaire (surveillance accrue des budgets nationaux par l’UE) alors que le Royaume-Uni et la République tchèque s’y sont opposés. Le débat semble néanmoins tranché par le Brexit (juin 2016) et les effets dévastateurs de la crise grecque depuis 2010 (dette => intervention troika =Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) et de l’afflux de réfugiés et migrants sur les OP eur.
Vers une Europe à plusieurs vitesses ? Berlin et Paris sont à la manoeuvre pour imposer le scénario 3 du livre Blanc de Jean-Claude Juncker: celui d’une Europe qui avance à des rythmes différents. Les Etats membres sont libres de choisir les structures européennes auxquelles ils souhaitent adhérer : la mesure d’opting out créée par le traité de Lisbonne permet à un Etat membre de ne pas participer à certaines politiques communautaires. C’est ainsi que le Royaume- Uni, ex-membre de l’UE, n’était membre ni de la zone euro, ni de l’espace Schengen. D’autres Etats, non membres de l’UE, peuvent adhérer à certaines structures européennes : la Norvège et la Suisse sont dans l’espace Schengen ; Monaco ou l’Andorre utilisent l’euro avec l’accord de l’UE…
Il n’empêche que l’Europe est une réalité historique, le produit d’une construction qui a débuté après la Seconde guerre mondiale. L’UE est devenue une puissance commerciale de premier plan grâce à une politique commune menée depuis le début. L’Union européenne dispose, grâce à son poids commercial, d’un instrument d’influence internationale considérable. Elle n’est pourtant pas en mesure d’utiliser à plein cette puissance potentielle du fait de ses divisions.