Dans la cadre du chapitre de Seconde sur l'affirmation de l'Etat et les contestations de la monarchie absolue
Partie 1 : la progressive construction de la monarchie absolue en France
B) Les révoltes contre le roi de France et sa noblesse.
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(Grandes Chroniques de France, BnF, ms. français 2813 fº409v, vers 1375-1380). |
(Temps long) L’année 1358
C’est une période difficile
pour la monarchie française. Déjà affaiblie par le choc de la peste noire (1348),
le royaume de France est dans une mauvaise phase de la guerre qui l’oppose aux Anglais
(guerre de cent ans). L’armée française connaît
une série de défaites et à Poitiers en septembre 1356, le roi français Jean II
dit le Bon est prisonnier des Anglais. C’est son fils, le dauphin Charles
(futur Charles V), duc de Normandie, qui tente de rétablir l’ordre dans le
pays, menacé de surcroît de guerre civile par Charles le mauvais, roi de Navarre
qui revendique le trône de France. Dans le mois qui suivirent l’événement rapporté
par ce texte, les paysans du Beauvaisis se soulèvent contre les seigneurs
féodaux qui échouent à les protéger des bandes armées anglaises : c’est la
Grande Jacquerie qui est réprimée par les nobles avec une extrême violence.
« Le jeudi 22 février de l’an
1357* au matin, second jeudi de Carême, le prévôt des marchands** fit assembler
à St-Eloi près du palais tous les métiers de Paris, en armes, si bien qu’on
estime qu’ils étaient près de 3000.[…] Le prévôt et quelques autres montèrent
dans la chambre de monseigneur le duc, au palais, au-dessus de la galerie des
Merciers et là, ils trouvèrent le duc et le prévôt lui dit en substance : « Sire,
ne vous étonnez pas de ce que vous voyez car [ces choses] ont été ordonnées et qu’il
convient que ce soit fait. ». A peine avait-il dit ceci que certains de sa
compagnie se précipitèrent sur monseigneur Jean de Conflans, maréchal de
Champagne et le tuèrent quasi sur le lit de monseigneur le duc et en sa présence.
D’autres coururent sur le maréchal du duc, monseigneur Robert de Clermont,
lequel se réfugia dans une autre pièce, mais ils le suivirent et là le tuèrent.
[Au dauphin resté seul, le prévôt dit] « Sire, vous ne risquez rien ».
Il lui donna son chaperon, celui de la ville, partie rouge et partie bleu. Le
duc prit le chaperon et le porta tout le jour. Ceux de la compagnie du prévôt
traînèrent fort inhumainement les corps des deux chevaliers devant le duc
jusque dans la cour du Palais, devant le perron de marbre où ils demeurèrent étendus
et découverts à la vue de tous ceux qui le voulaient jusque tard après l’heure
du dîner, et personne n’osa les enlever.
Le prévôt des marchands et sa
compagnie se rendirent dans leur maison de Grève, que l’on appelait la maison
de la ville. A sa fenêtre, le prévôt parla à la foule assemblée et armée, leur
dit que ce qui avait été fait l’avait été pour le bien du royaume et que ceux
qui avaient été tués étaient faux, mauvais et traîtres. […] Le lendemain […] le
prévôt [dénonce ceux] qui empêchent tous les bons conseils auprès de
monseigneur le duc, [disant] qu’à cause d’eux la délivrance du roi de France avait été
empêchée. [Sur le sujet de] la délivrance*** du roi avaient été assemblés l’Université,
le clergé et la ville de Paris et tous ils s’étaient mis d’accord, [rejoints
sur cette opinion par] les 44 membres du Conseil, mais les [traitres] avaient
tout empêché. […] Le samedi, monseigneur le duc se rendit en la chambre du Parlement
avec ceux de son conseil qui restaient. Le prévôt et d’autres, armés ou non, y
réclamèrent que le duc valide et garde sans les modifier toutes les
ordonnances qui avaient été faites par les trois Etats l’année précédente, et
qu’il les laisse gouverner, comme autrefois ils faisaient. »
*L’année commençait en mars
** Il s’agit d’Etienne Marcel.
*** Les Etats généraux avaient été
rassemblés pour discuter des modalités de collecte de l’énorme rançon due au
roi anglais pour libérer Jean II et son fils Philippe. Ils profitent de la
situation pour proposer un vaste plan de réformes visant à contrôler l’administration
et les décisions royales.
Source : Chronique de Jean II le Bon et Charles
V, ed Delachanal, SHF, t.1. Français modernisé.
Montrer qu’il s’agit d’une
révolte politique :
1)
Relever les indices de l’aspect politique du
soulèvement.
2)
Montrer en utilisant la présentation du contexte
que le pouvoir royal est affaibli.
3)
Quelles sont les revendications des parisiens ?
4)
Comment et pourquoi obtiennent-ils satisfaction ?