Proposition de série : The village. 1ere guerre mondiale et après guerre dans un village anglais
Fiche de lecture : l'engagement dans la guerre
Fiche d'activité dans le cadre du cours : une génération sacrifiée
Doc 1 : L’assaut
« Personne ne croirait que
dans ce désert tout déchiqueté, il puisse y avoir encore des êtres
humains ; Mais maintenant des casques d’acier surgissent partout dans la
tranchées et à cinquante mètres de nous, il y a déjà une mitrailleuse qui ,
aussitôt, se met à crépiter.
Les défenses de fil de fer sont
hachées. Notre artillerie fulgure. Les mitrailleuses ronflent, les fusils
grésillent. Nous voyons les assaillants venir. Les gens d’en-face font tous
leurs efforts pour avancer […]. Nous reconnaissons les visages crispés et les
casques : ce sont des Français. Ils atteignent les débris de barbelés et
ont déjà des pertes visibles. Toute une file est fauchée par la mitrailleuse qui
est à coté de nous ; Puis nous avons une série d’enrayages et les ennemis
se rapprochent. Je vois l’un d’eux tomber sur un cheval de frise, la figure
haute. Le corps s’affaisse sur lui-même comme un sac, les mains restent
croisées comme s’il voulait prier. Puis le corps se détache tout entier et il
n’y a plus que les mains coupées par le coup de feu, avec des tronçons de bras
qui restent accrochés dans les barbelés [..] Nous sommes devenus des
animaux dangereux. Nous ne nous combattons pas, nous nous défendons contre la
destruction. Ce ne sont pas contre des humains que nous lançons nos grenades,
car à ce moment-là, nous ne sentons qu’une chose : c’est que a mort est là
qui nous traque, sous ces mains et sous ce casque. La fureur qui nous anime est
insensée : nous ne pouvons plus que détruire et tuer, pour nous
sauver…pour nous sauver et nous venger.»
E.M. Remarque
A l’Ouest, rien de nouveau
Doc 2 : Un martyre absurde
« […] Deuxième journée ici,
après dix jours de première ligne dont trois de combat. Les pertes n’approchent
pas celle du dernier mois. Et pourtant …
Je devrais me taire, refouler ça
au fond de moi ; je ne peux pas : ça monte…Il va bien falloir que ça
crève. J’ai vu trop de choses dégoûtantes pour être dupe encore des mots.
Pourquoi nous battons-nous, maintenant, et de cette façon ? Pour défendre
quoi ? Gagner quoi ? Ces « gens-là se leurrent volontairement,
j’en suis sûr ! Il ne peut pas en être autrement.
Des milliers de morts pour ce
lambeau de colline dont le sommet nous échappe toujours ! L’affaire de
Noël, en cent fois plus coûteux : charretée par charretée, mais beaucoup
de charretées à la file J’aurais tant, tant à vous dire ! Mais je ne peux
pas : c’est trop tumultueux, trop loin de vous, si loin que vous ne
pourriez pas comprendre…Ce n’était pas la peine ; J’aurais mieux fait,
réellement, de me taire.
Tuer des Allemands ? Les
user ? On ne peut tuer ainsi des hommes qu’en en faisant tuer d’autres,
autant d’autres ou davantage. Alors ?... Déloger les Allemands d’une crête
stratégique importante ? D’un bastion avancé sur la Woëvre ? Mais les
Hures, qu’est-ce qu’elles sont ? Et le Montgirmont ? Derrière la
colline des Eparges, la montagne de Combres se dressera fac à nous. Et derrière
Combres, d’autres collines…Dix mille morts par colline, est-ce cela que l’on
veut ? Alors ?
Le pire, le terrible, c’est la
clairvoyance des hommes. Lente à s’éveiller mais qui s’éveille…Est-ce qu’on
s’aperçoit qu’elle s’éveille ? »
Lettre de
Maurice Genevoix à sa famille, depuis Verdun
«
Ma chère mère,
Par
quel miracle me suis-je sorti de cet enfer ?[…] pense donc, nous sommes
montés 1200 et nous sommes redescendus 300 ; pourquoi suis-je de ces 300
qui ont eu la chance de s’en tirer […] Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup
souffert. A la souffrance morale de croire chaque instant la mort nous
surprendre s’ajoutent les souffrances physiques de longues nuits sans
dormir : huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours au
milieu d’un chantier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos
camarades tombés la veille. […] nous porton dans notre cœur le deuil de tous nos
camarades tombés à Verdun… »
Lette de Gaston B., citée dans Paroles
de poilus, librio, 1998.
Doc 3 = La propagande de guerre dans la presse
Les blessures causées par balles ne sont pas dangereuses […] Les
balles traversent les chairs de part en part sans faire de déchirure ( L’intransigeant,
7 Août 1914)
Doc 4 = Le traumatisme
« Je
ne peux oublier la guerre…Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la
vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre.
L’horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les
survivants portent la marque. »
J. Giono, Refus d’obéissance.
Chiffres utiles :
600 000 morts français d’Août 1914 à février 1917. 1/3 des soldats mobilisés en Août 14 étaient morts en Août 15. Offensive de la Somme (1916)= tentative de percée échouée = 40 000 blessés français en 3 jours.1,2 millions de morts entre juin et novembre 1916. 500 000 morts à Verdun (Français et Allemands) entre Février et Juillet 1916. L’armée française envoie une division nouvelle (10 000 hommes) tous les deux jours pour la relève. 60% des mobilisés français pdt la 1ère GM a été soit tué, soit blessé.
A partir des thématiques et des informations contenues dans le dossier documentaire et vos connaissances sur le déroulement de la 1ere guerre mondiale, établir pour quelles raisons cette guerre apparue aux gens de l'époque différente des guerres précédentes, plus terrible et comme devant être "la der der der".
Correction analyse de document : affiche "destroy this mad brute"
Introduction :
-
(Présentation
doc) : affiche de propagande de l'américain datée de 1917, année de
l’entrée en guerre des EUA, dont l’objectif est de recruter des hommes dans
l’armée américaine (« enlist »), car il n’y a pas de conscription aux
EUA. Une autre affiche célèbre de cette époque montre l’oncle Sam pointant son
doigt sur le « spectateur »
-
(Contextualisation) :
A l’encontre de l’opinion publique américaine qui est traditionnellement
isolationniste, le psdt américain G. Wilson était favorable à l’entrée en
guerre des EUA et il l’annonce en avril 1917. Son discours au congrès témoigne
de sa volonté de justifier la nécessité de la guerre, au nom d’arguments qui ne
peuvent que flatter les américains, convaincus de leur « destinée
manifeste » : défense du droit, de la liberté, de la paix. Il faut
toutefois réussir à retourner l’opinion publique et à recruter des volontaires
pour aller se battre dans la lointaine Europe.
-
(idée
directrice et problématisation) : l’affiche représente l’ennemi
allemand sous la forme d’un singe énorme, bavant (de rage ?) tenant dans
un bras une femme à moitié dévêtue et évanouie, sur fond de ville en ruine. Ce
monstre a réussi à passer l’océan pour arriver sur le sol américain, au premier
plan. La propagande américaine utilise donc le ressort de la diabolisation de
l’ennemi. Pourquoi est-ce si efficace à cette époque ?.
Analyse :
1- Les allemands, des barbares qui ne respectent pas les lois de la guerre
a) « this mad brute »
Partir
de la description de la bête => rage (bave qui dégouline), force brutale
=> sauvagerie et barbarie allemande.
b) Qui sème la destruction
Partir
de l’arrière plan => ville en ruine => bombardements de l’artillerie
allemande (la puissance industrielle au service de la guerre) et les exactions
contre les civils (ville + femme enlevée par la bête) Rappeler la campagne de
dénonciation des crimes de l’armée allemande contre les civils belges (viols,
tueries d’enfants = déjà un thème de propagande avant l’entrée en guerre US)
=> aucun respect des conventions de Genève, protégeant la population civile
+ pas de déclaration de guerre à la Belgique, pourtant neutre, quand l’armée
allemande l’a envahie.
c) Personne n’est à l’abri
Partir
du mot america sur le terre en 1er
plan => rappeler la guerre sous-marine et Lusitania = des civils américains
ont déjà eu à souffrir de la guerre. La guerre peut-elle se propager aux
EUA ? (propagande = jouer sur la peur, mais en réalité, c’est peu probable.
Efficace toutefois 2 millions d’américains vont s’engager). + Rappeler le
discours de Wilson sur l’entrée en guerre des EUA en avril 1917 => les EUA
entrent en guerre pour sauver la paix mondiale, la liberté de circulation sur
les mers et au nom du droit international.
2- Un objectif est fixé : l’anéantissement total de la menace
a) Une attaque en règle contre le militarisme allemand
Repartir
du texte de Wilson : « libérer les allemands » est un des buts
de guerre. L’ennemi qui est désigné est le militarisme allemand (inscrit sur le
casque de la bête), incarné par l’empereur Guillaume II (d’où les moustaches)
=> l’ennemi désigné n’est pas le peuple allemand mais un système qui prône
la guerre et la force comme valeur suprême (d’où Kultur sur la massue) et un
régime antidémocratique : l’empire.
b) Une affiche qui fait partie d’un « plan –média » plus large
Comité
Creel => cf les films de Hollywood mettent l’accent sur la menace
« boche », sur la barbarie du « Hun » (rappeler les
Huns/empire romain) => Les subtilités de la propagande officielle sont
dépassées par cette propagande de masse : naît le thème de l’ennemi
intérieur. Les immigrés et descendants germaniques sont inquiétés, parfois
violentés. On s’achemine doucement vers des phénomènes qui s’épanouiront tout
au long du XXe siècle = guerre d’anéantissement.
Conclusion :
(Bilan) Déshumanisation/diabolisation
en lien avec la guerre totale
(Ouverture) on a l’embarras du choix
pour ouvrir sur guerre d’anéantissement ou traité de Versailles avec
responsabilité allemande du déclenchement de la guerre ou postérité de cette
image (King Kong)
Correction Question problématisée : le Front et l'arrière
La 1GM, de 1914 à 1918 est souvent considérée comme la première guerre moderne ou la première guerre totale selon la définition suivante du philosophe Clausewitz « une guerre qui ne se cantonne pas au domaine militaire mais s’étend au domaine économique, politique, scientifique et culturel ». C’est sans doute car pour la première fois, la guerre est longue, intense et statique sur le front. Ce dernier, soit la ligne imaginaire de confrontation séparant les armées ennemies, ou par extension les soldats ; devient associé à l’idée de tranchées, ces longs fossés creusés de part et d’autre du no man’s land dans lequel vivent les soldats. Mais, surtout, c’est l’arrière çàd les différents acteurs qui ne combattent pas directement l’ennemi, qui participe pleinement à la guerre, ce qui n’est jamais arrivé auparavant. En effet, bien que les combats aient lieu au front, celui-ci n’aurait pu tenir sans l’apport considérable de l’arrière. D’un autre côté, si l’arrière est tellement occupé, c’est bien parce qu’il y a la guerre au front.
Ainsi, dans quelle mesure le front et l’arrière participent-ils autant à la guerre et en quoi dépendent-ils l’un de l’autre pendant la grande guerre ? Nous étudierons dans une première partie, comment le front et l’arrière ont été acteurs de cette guerre puis comment ils ont été victimes de celle-ci avant de nous concentrer sur les liens précis de dépendance entre le front et l’arrière.
I)Etre acteur de la guerre
a)quelles armes utilisées (gaz, mitrailleuses) par els combattants et par qui sont-elles fabriquées ?
b)conditions de vie (à l’arrière mais surtout au front)
c)refuser la guerre (surtout au front par els mutineries, les fraternisations, mais aussi à l’arrière par les grèves, le pacifisme)
II)Etre victime de la guerre
a)victime au front (nb de soldats tués + blessés)
b)victimes à l’arrière (bombardements civils + génocide)
c)front et arrière rassemblés par la douleur (orphelins, veuves de guerre, chocs psychologiques des soldats et répercussions sur les familles, sur l’art…)
III) le front et l’arrière en lien
a)le soutien de l’arrière (lettres, petits colis avec denrées à l’intérieur, permissions)
b)L’arrière qui vit à l’heure du front grâce à l’Etat (demande s’engager aux USA, UK, emprunts pour financer la guerre, manuels modifiés…)
c)La déconnexion entre le front et l’arrière (car censure, permission où les soldats se rendent compte que l’arrière ne sait rien des horreurs du front : cf
A l’ouest rien de nouveau d’Eric Maria Remarque)
Correction Question problématisée : participer à la 1GM ?
Intro : Selon l’historien
George Mosse, les personnes –soldats ou civils- ayant participé à la 1GM de
1914 à 1918, s’accoutumeraient à la violence physique et psychologique des
combats. Ils deviendraient alors eux-mêmes plus violents et adopteraient un
nouveau comportement jusqu’à parfois dans les 1930’s. Il parle de
« brutalisation » pour évoquer ce processus. La 1GM mondiale semble avoir été particulièrement choquante
et donc complètement différentes des précédentes guerres pour les civils ou les soldats. Mais tous les acteurs n’ont pas eu le même
rôle dans cette guerre. Dans quelle mesure l’ensemble de la société a-t-elle
pris part de manière différente à la 1GM ? Nous verrons dans un premier
temps la participation des soldats puis la participation des civils. Dans une
dernière partie, nous verrons que certaines personnes ont aussi refusé de
plusieurs de participer à cette guerre.
I)Participer à la guerre en tant que soldat
a)Engagement de masse (qui participe ?)
b)conditions de vie du soldat (comment on participe ?)
c)le bilan (physique, psychologique) (quelles sont les marques de la
participation ?
II)Participer en tant que civil à l’arrière
a) mobilisation dans les usines (femmes…)
b)soutenir l’effort de guerre (demande d’envoyer colis, prêts…)
c)participer contre son gré (en être victime: bombardements + génocide)
III)Refuser de participer à la guerre
a)refuser avant qu’elle en commence (pacifistes de Jaurès à Rosa
Luxembourg)
b)refuser lorsqu’on est soldat (mutineries + fraternisations)
c)Refuser lorsqu’on est civil (grève, révolution russe, ne pas s’engager
lorsqu’on a le choix)
CCL :
Ainsi, prendre part à la 1GM revêt des aspects très différents selon qu’on soit
soldat ou civil, qu’on subisse cette guerre ou qu’on l’ait choisi. On peut
participer directement en se battant, ou indirectement en finançant, fabriquant
des armes ou encore en étant victime. La guerre ne fait d’ailleurs pas
consensus car beaucoup sous différentes formes refusent de prendre part à la
guerre. On observe également une participation multiscalaire à ce
conflit : continents, états et être humains. Il serait intéressant de
comparer cette participation très diverse avec celle encore plus complexe et
hétéroclite de la seconde guerre mondiale
Autre proposition de plan détaillé
I)Participer en tant que soldat
a)les conditions de vie dans les tranchées
b)se battre (armes, blessures, victimes)
c)une culture combattante (soldats tenaient grâce à la cohésion, le
patriotisme, l’alcool)
II) Participer en tant que civil
a)mobilisation de l’arrière (ds les usines : munitionettes,
vêtements, femmes, vieillards : entraîne inversion des rôles
b)mobilisation des esprits
c)malgré soi (en être victime). Ex : génocide
III)Refuse de participer
a)refuser la guerre avant qu’elle ne commence
b)refuser de se battre une fois la guerre commencée (mutineries et
fraternisation)
c) refuser de participer à l’effort de guerre (grève, exaspération)