dimanche 16 juin 2019

Histoire et mémoires


LE ROLE SOCIAL DE L’HISTORIEN :
Un cours de Patrick Garcia aux élèves de Terminales ES du lycée Galilée (oct 2014)


Qui est P. Garcia ? : Professeur à l’université de Cergy-Pontoise et à l’IUFM de Versailles. Il occupe depuis la rentrée 2010-2011 le poste de directeur du master enseignement Histoire-Géographie 2nd degré à l’université de Cergy. Il enseigne depuis 1997 à l’Institut des sciences politiques de Paris. Chercheur associé permanent à l’Institut d’Histoire du temps présent, il co-anime le séminaire consacré à l’épistémologie de l’Histoire. Ses domaines de recherche privilégiés sont : 
  •  Le phénomène commémoratif
  •  L’historiographie et l’épistémologie de l’Histoire
  • Les politiques symboliques, les rituels politiques et les usages publics du passé dans la France contemporaine et en Europe.



En guise d’introduction, P. Garcia définit son sujet et particulièrement le rôle de l’Historien comme producteur de connaissances, par le travail de recherche, sur des sujets circonscrits par un moment donné et un lieu donné. Il rappelle que les questions posées au passé par l’historien dépendent du temps présent, en faisant une allusion au développement actuel des gender studies qui réinterrogent dans le passé le rôle des minorités ou des groupes marginalisés. Ainsi, la société présente attribue à l’historien un rôle de producteur de savoir, ce rôle pouvant être revendiqué ou rejeté par l’historien. Le sujet du rôle social de l’historien prend aussi toute sa pertinence à partir de la fin du 19e siècle, quand l’Histoire devint matière scolaire. Il est particulièrement prégnant de nos jours, où des groupes toujours plus nombreux et plus divers réclament des historiens un discours de vérité sur des « mémoires » particulières.



I/ Parcours chronologique : comment les historiens se sont-ils posé la question de leur rôle social.

A) Un héritage (début 19e siècle)

Pensée commune = l’Histoire apporte des enseignements visant à mieux gérer l’avenir. Exemple de Chateaubriand qui, dans son Essai sur les révolutions (Londres, 1797), a pour projet de mobiliser le savoir sur les révolutions passées pour anticiper le destin de la révolution française en cours. Chateaubriand en commence la rédaction en 1794, en exil à Londres. Ainsi, l’Histoire est vue comme un outil prédictif dont on peut résumer l’utilité ainsi : ‘comprendre le passé pour prévoir l’avenir’. 

L’historien est aussi le « magistrat des Enfers ». Etudiant après coup les actes des hommes publics, il distribue les récompenses, les blâmes, les louanges. Il établit pour la postérité le jugement qu’il faut retenir sur les acteurs de l’Histoire : « C’est en vain de Neron triomphe, Tacite est déjà dans l’empire. » (article de Chateaubriand dans le Mercure de France, en 1807, faisant allusion à la toute puissance de Napoléon Bonaparte) 



B) Le « roman national » se développe en même temps que les Etats-Nation.

Dès le début du 19e siècle, déjà du temps des Romantiques, les historiens revendiquent un magistère = dire aux Français ce qu’est la France, donner les grandes caractéristiques de l’identité nationale du peuple français. 

Idem quand l’Histoire se professionnalise : cf Gabriel Monod (1844-1912) qui se voit « un devoir de réveiller dans l’âme de la Nation la conscience d’elle-même par la connaissance approfondie de son histoire », l’objectif étant alors de réconcilier des Français divisés depuis la révolution française en mettant en avant une histoire unifiée et séculaire. L’Historien se met ici au service de la démocratie. Cf Ernest Lavisse (1842-1922) , auteur des manuels Lavisse racontant aux écoliers de France l’histoire de leur pays : « Si l’écolier n’emporte pas avec lui le vivant souvenir de nos gloires nationales, s’il ne sait pas que ses ancêtres ont combattu sur mille champs de batailles pour de nobles causes, s’il n’a point appris ce qu’il a couté de sang et d’efforts pour faire l’unité de notre patrie […]s’il ne devient pas un citoyen pénétré de ses devoirs et un soldat qui aime son drapeau, l’instituteur aura perdu son temps. ». Comme d’autres, Lavisse assigne à l’Histoire un rôle primordial dans la construction patriotique de la nation française. Il s’agit à l’époque de créer des citoyens en combattant les « mémoires » traditionnelles de certains groupes qui s’opposaient à la République, catholiques par exemple, monarchistes … 



Aux lendemains de la 1ère guerre mondiale, ce magistère moral est critiqué au nom de la science historique elle-même. Lucien Febvre (1878-1956) rappelle aux historiens de faire de l’Histoire et pas de l’idéologie dans une formulation retentissante incluse dans sa leçon d’ouverture à la faculté de Lettres de Strasbourg en 1919 : « Une Histoire qui sert est une histoire serve ». À sa suite, l’école des Annales impose une éthique du désengagement dans le travail de l’historien : ne pas s’engager mais au contraire mettre à distance, objectiver les faits pour ne pas être pris dans la logique du nationalisme, dont les dérives durant la 1ère guerre mondiale (les Allemands nommés Huns et barbares) n’ont pas épargné les milieux universitaires. 



C) Le tournant des années 1980

À la fin des années 1970 émerge avec force un discours négationniste ("À Auschwitz, on n’a gazé que des poux », titre d’un entretien avec l’ancien Commissaire général aux Questions juives, Louis Darquier, paru dans L’Express en 1978). C’est peu de temps après que Robert Faurisson, maître de conférence en Littérature à l’université de Lyon II, fait paraître un article dans Le Monde intitulé "Le problème des chambres à gaz". Les négationnistes remettant en cause une « vérité officielle » de l’Histoire en critiquant les sources et la partialité des historiens. On parle de révisionnisme. La communauté des historiens se mobilise alors pour prouver, par le recours aux archives, que tout discours sur l’Histoire n’est pas possible et que celui-ci doit s’inscrire dans le respect des preuves laissées par les archives. Les traces laissées par l’Histoire délimitent un cadre dont l’historien ne peut sortir. 



C’est à la même époque que de nouvelles demandes sont faites aux historiens :

- Montée des préoccupations liées au Patrimoine, dans le contexte d’une France transformée par l’urbanisation et la modernité technique. Les collectivités locales accompagnent une demande du public d’une histoire à la recherche des racines, flirtant avec le fantasme d’un monde perdu et que l’histoire aurait pour vocation de remettre au jour => mode des histoires locales => l’Etat-Nation n’est plus le seul demandeur d’Histoire. 

- Emergence des « mémoires » et de groupes qu’on peut qualifier de « porteurs de mémoire » qui ont des revendications mémorielles. Ex. Pieds-noirs, enfants de Harkis, enfants du FLN, arméniens, juifs…Ces groupes exposent leur histoire sur la place publique et attendent de l’historien une validation. 

Cette attente mémorielle pose problème aux historiens car elle repose sur l’affect. Ces groupes mettent en avant leurs souffrances et les injustices qu’ils ont subi dans l’histoire. Ils attendent réparation et désignation des responsabilités. L’historien est placé en position de juge.

Mais, cela pose plusieurs pbs :

1) L’historien ne peut pas juger de la validité et de la valeur des mémoires, en tant qu’elles expriment une identité et une souffrance. Son objet est une matière « objective » laissées par les traces matérielles.

2) En conséquence, c’est le statut de l’Histoire comme discipline scientifique qui est questionné. L’Histoire est une « science humaine » qui, contrairement aux « sciences naturelles », repose sur l’interprétation des traces du passé, lesquelles ne disent pas le tout de l’expérience humaine. Le travail de l’historien conduit donc à une construction, relative à son époque, aux traces dont il dispose, et à sa relation affective à l’objet étudié (il n’y a pas d’objectivité totale de l’historien). Son discours est donc susceptible d’être amendé, nuancé voire remis en cause par les travaux ultérieurs. L’historien n’est pas un expert « parfait ». 

ð Des tensions par rapport aux groupes porteurs de mémoires. Ex. l’historien Bernard Lewis attaqué en justice en 1995 par les porteurs de mémoires arméniens qui revendiquent le classement en génocide du massacre que les Arméniens ont subi en Turquie en 1915, ce que lui-même déniait. Il est accusé d’avoir minimisé certaines preuves et d’avoir « manqué à ses devoirs d'objectivité et de prudence, en s'exprimant sans nuance, sur un sujet aussi sensible » (décision du tribunal d’instance de Paris). Pourtant, la dénomination de génocide est encore discutée au sein des historiens, même si ceux-ci reconnaissent l’existence de nombreux crimes contre l’humanité. 



II/ Procès et lois mémorielles

A) Les procès de Vichy

1987 : procès contre Klaus Barbie (responsable de la Gestapo de Lyon) = même si pour la 1er fois en France, un homme était jugé par un tribunal pour « crime contre l’humanité », même si ce procès fut le 1er télévisé (conséquence de l’adoption d’une loi ad hoc), pas de problème dans l’opinion publique. On est encore dans la logique des procès de l’après-guerre de dénazification. 



Mais les passions s’exaspèrent avec les procès suivant qui mettent en cause la France de Vichy.

1994 : procès Touvier, responsable de la milice à Lyon, condamné à mort par contumace à la Libération, caché pendant 30 ans par l’ « ecclesiastic connection » selon le bon mot du Canard Enchaîné. Les grands prélats de l’Eglise de France avaient demandé sa grâce et le président Pompidou l’avait accordé en 1971. Il ne pouvait donc plus être poursuivi sauf pour « crime contre l’humanité » puisque seul imprescriptible. 

Le 1er procès débouche sur un non-lieu basé sur l'interprétation de la définition du crime contre l'humanité donnée par la Cour de Cassation en 1988, à propos du procès Barbie. Celle-ci précisait que le crime devait avoir été commis « au nom d'un État pratiquant une politique d'hégémonie idéologique ». Le tribunal considéra que, Vichy n’ayant pas pratiqué une telle politique, ses fonctionnaires ne peuvent être jugés comme ceux du Troisième Reich. De plus, Vichy ne définissait pas les Juifs comme des ennemis de l’État. 

Une vive émotion s'ensuit qui aboutit à un pourvoi contre cette décision auprès de la cour de cassation. => 2e procès se basant sur le fait que Touvier était de fait complice de la Gestapo. Les débats provoquèrent de la gêne : en effet, l’arrêt de la cour de Cassation supposait qu’on pouvait poursuivre un Français qui avait commis un crime pour le compte de l’Allemagne ; mais que si ce Français n’avait fait qu’obéir à Vichy, il était absous. Il fallait aussi prouver l’intention de génocide dans l’exécution des otages de Rilleux-la-pape (7 juifs + des otages communistes en représailles de la mort du chef de la milice dans un attentat de la Résistance). Au final, la condamnation de Touvier ne fut possible qu’en déformant la vérité historique. Enfin, la gêne venait aussi du fait que la définition du crime contre l'humanité retenue exonérait les fonctionnaires de Vichy, et escamotait le débat sur la nature du Régime de Vichy. 

1997 : procès Papon, secrétaire général de la préfecture régionale de la Gironde. Parmi ses attributions figurait le service préfectoral des « questions juives » : à ce titre, il a supervisé l’arrestation puis la déportation d’environ 1 600 Juifs vivant dans la région, dont la plupart ont été assassinés en Pologne dans le cadre de la solution finale. Papon avait pourtant continué sa carrière dans l’administration de la IVe puis de la Ve République. Il est par exemple préfet de police à Paris au début des années 1960 et même ministre de la République de 1978 à 1981. 

Ce procès suscita un débat dans la communauté des historiens sur l’opportunité d’aller ou non au procès et sous quelle casquette ? Témoin pour remplacer les protagonistes décédés ? Expert ? 

La majorité des historiens était d’avis que, dans un souci de pédagogie, il fallait être présent au procès. L’historien Henri Rousso développa un point de vue différent qu’il exposa publiquement. Ses arguments : 

1) L’Historien n’est pas un vrai expert car il n’a pas accès aux dossiers d’archives françaises. Il ne peut donc pas faire jouer la seule expertise qui soit la sienne, à savoir lcritique de la validité des documents produits lors du procès. 

2) L’historien n’est qu’un « témoin de contexte » puisqu’il n’a pas vécu au cœur des événements fondant la procédure. Il ne peut pas être pertinent sur l’individu incriminé mais uniquement sur la contextualisation. Or, en justice, on juge un homme, pas un groupe ni une époque. 




B) Les lois mémorielles

But = commémorer, inscrire dans la mémoire officielle = un des rôles non discutables de l’Etat.

Mais, inflation des lois mémorielles depuis les années 1990 témoigne d’un changement de paradigme. 

ð Lien entre loi mémorielle et justice : ex. loi condamnant l’expression publique de thèses négationniste remettant en cause la réalité du génocide juif de la 2nde guerre mondiale. (loi Gayssot de 1990) 

ð Lien entre loi mémorielle et pression des « porteurs de mémoire » : ex. en 2001, une loi reconnaît l’existence d’un génocide arménien

Un débat s'est ouvert en France, qui oppose deux conceptions différentes de ce type de loi :

1) Le collectif "Liberté pour l'histoire" milite contre toutes les lois mémorielles. Il estime que ces lois sont une intrusion du législateur dans le travail des historiens et dénonce une restriction dans la liberté des historiens. 

2) En réaction, 31 personnalités ont signé une lettre ouverte « Ne mélangeons pas tout » dans laquelle elles estiment que ces lois, loin de dicter des opinions, s'appuient au contraire sur les travaux des historiens pour nommer et combattre les délits. Les auteurs de la lettre affirment que « la loi du 29 janvier 2001 ne dit pas l’Histoire. Elle prend acte d’un fait établi par les historiens – le génocide des Arméniens – et s’oppose publiquement à un négationnisme d’État puissant, pervers et sophistiqué » (celui de la Turquie). 

Néanmoins, il existe bien une tentation d’écrire l’histoire : loi Mekachera de 2005 dont l’article 4 pointe le rôle positif de la colonisation et la prescription faite aux programmes scolaires d’intégrer cette dimension. Les universitaires se mobilisent par voie de pétition. Le CVUH (comité de vigilance face aux usages publics de l’Histoire) se constitue. « Il y a donc un rapport étroit entre la recherche historique et la mémoire collective, mais ces deux façons d’appréhender le passé ne peuvent pas être confondues. S’il est normal que les acteurs de la vie publique soient enclins à puiser dans l’histoire des arguments pour justifier leurs causes ou leurs intérêts, en tant qu’enseignants-chercheurs nous ne pouvons pas admettre l’instrumentalisation du passé. » (extrait du manifeste du cvuh). A travers cette loi, la question qui est à nouveau posée est celle d’une histoire officielle, même si J. Chirac désamorce le conflit en enterrant la loi de 2005. 

Remarque : Cette loi intervient dans le contexte de l’exaspération d’une partie de la droite sur les lois mémorielles suscitant les attentes de certains porteurs de mémoire sur une repentance officielle de l’Etat français 

cf. Vichy et les juifs –rafle vel d’Hiv-

cf loi Taubira 2001 => Article 1 : la reconnaissance des traites et des esclavages comme crime contre l'humanité + Article 2 : l'insertion de ces faits historiques dans les programmes scolaires et le développement des recherches scientifiques s'y rapportant. L'article ne donne pas de directive sur l'orientation du traitement de ce fait historique








samedi 15 juin 2019

Ressources pour le thème de la question ouvrière

Les inégalités sociales

Fiche d'activité : budgets ouvrier et bourgeois





La consigne
Comparer les deux tableaux : niveaux de revenus, type de dépenses, inégalités de patrimoine. Expliquer en quoi on peut aussi parler d'une inégalité des chances pour les enfants ouvriers/bourgeois

Remarques
  • Evidemment sur l'image 1, la partie droite correspond à des éléments de correction qu'on ne donne pas aux élèves
  • Au vu du programme, le doc 2 n'est pas à étudier pour lui-même (alors qu'il y a des fils très intéressants à tirer, notamment les 3 formes de "capital") mais sert de contrepoint au doc 1


La captation de la valeur ajoutée

Mouvement ouvrier et répression

Fourmies avant/après




Histoire du 1er mai


Deux possibilités pour une courte analyse  HDA



Valloton, La charge, 1893

André Devambez, La charge, 1902 

Socialisme utopique et conquêtes sociales



palais social familistère de guise 1896


Un travail de synthèse réalisé par un collègue pour une chronologie des conquêtes sociales françaises dans leur contexte.

Un prolongement possible (qui pourrait par exemple intéresser des collègues de SES, ou pour une étude en Histoire sur le temps long) sur la moyennisation des sociétés et l'accès des ouvriers pendant les 30 Glorieuses à ce qu'on pourrait appeler la "classe moyenne"



Remarque : ici encore, la partie de droite correspond à des éléments de correction, qui ne sont pas à distribuer aux élèves


Synthèse de la séquence :


Les expositions universelles, témoins de leur temps

" Qu’avec la bénédiction du Dieu, cette réalisation contribue au bien-être de mon peuple et serve l’intérêt de la race humaine, en encourageant les arts de l’industrie et de la paix, en renforçant les liens qui unissent les nations de la terre et en établissant une rivalité amicale et honorable par laquelle pourront s’exercer les facultés qui nous ont été données par la bienveillante Providence. »

C'est en ces termes que la reine Victoria en 1951 inaugure la première exposition universelle de l'histoire, dans le premier bâtiment de fer et de verre jamais construit, le Crystal Palace. Ce faisant, elle consacre le rôle de leader du Royaume-Uni dans la nouvelle économie qui se met en place et le monde qui en découle.




Pour le Suisse Beat Wyss, auteur de Images de la mondialisation, exposition universelle de Paris en 1889, l’Exposition universelle de 1889, la quatrième, marque une étape décisive dans l’histoire de la mondialisation. Les trois premières avaient été conçues comme des foires pour les producteurs et les commerçants. Mais « elles se transformèrent vite en gigantesques spectacles sur la scène desquels des artisans et des artistes de tous les coins du monde venaient présenter leur culture », note Peter Geimer dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung. 

L’exposition de 1889 est l’acmé de ce processus : elle battit tous les records : 32 millions de visiteurs, 62 000 exposants venus de 54 pays. « Elle marque le début du tourisme de masse. Elle est aussi la première exposition universelle à attirer à ce point l’attention des médias du monde entier. » Pour la première fois, on voit apparaître, au pied de la tour Eiffel, un véritable « village planétaire ». Les échoppes proposant de la nourriture des quatre coins du monde rencontrèrent un immense succès et "à  travers l’acte de manger, la distance avec les mondes lointains est abolie ». "Cette entreprise fut une tentative de faire du monde un lieu homogène d’expérience, lisible pour le public de masse ».


A noter que la BnF propose sur son site une exposition virtuelle consacrée aux expositions universelles parisiennes
Consulter aussi  le site de Sylvain Ageorges : http://www.expositions-universelles.fr/index.html


L'exposition universelle de 1900



doc 1

La Tour Eiffel illuminée par l’électricité pour l’exposition universelle de Paris en 1900.


doc 2
Publicité pour le chocolat Suchard présentant l’intérieur du Grand Palais, construit pour l’occasion. Le Grand Palais abritait les expositions de peinture française, y compris les nouveaux courants (impressionnisme …)

doc 3

Les infrastructures de l’exposition pour accueillir les 50 millions de visiteurs



doc 4

Les pavillons d'exposition sur le champ de Mars

doc 5 :







Possibilité à partir de ces documents de proposer un exercice de réponse argumentée. Etant donné les thèmes abordés, je pense qu'il faut proposer cet exercice en fin de séquence


En quoi l'exposition universelle de Paris est le témoin de la société de son époque ?


Définition du sujet : Construire l’introduction
Les questions à se poser : 
Qu’est-ce qu’une exposition universelle ? Comment nommer et définir la société de la France de 1900 ?

Tenues régulièrement depuis 1851 (date de l’exposition universelle de Londres dans le Crystal Palace), ces expositions internationales sont l’occasion pour chaque Etat de présenter au monde le meilleur de ses réalisations techniques et culturelles. En 1900, Paris accueille pour la 2e fois l’exposition universelle. C’est alors en France ce qu’on appelle la « Belle Epoque ». La société française est traversée par un courant puissant d’optimisme et d’intérêt pour les progrès scientifiques et techniques. Ceux-ci apportent d’importantes transformations et de vraies améliorations dans leurs modes de vie. L’exposition universelle lui sert de vitrine. Elle est aussi le témoin assez fidèle de la société de son temps. En très grand nombre (50 millions de visiteurs) les Français viennent y découvrir non seulement les nouveautés industrielles et technologiques mais aussi, comme au spectacle, les joies de cette nouvelle société de loisirs que les progrès du temps rendent enfin possible. Ils enorgueillissent enfin. des splendeurs de l’exposition coloniale. 



Travail préparatoire : Faire le lien entre les documents et le cours.

Quels thèmes les documents abordent-ils sur lesquels on a des éléments de connaissance tirés du cours ?

Doc 1 avec la Tour Eiffel = fonction de vitrine + fonction symbolique : rappel de la grandeur de la France qui a produit les droits de l’Homme => la lumière électrique = le génie français qui éclaire le monde.

Doc 2 = 3 éléments :

· le support = doc est une publicité => possibilité de développer des éléments de connaissance sur la nouvelle économie = production de masse donc essor de la consommation, compétition entre les entreprises de tous pays pour vendre tjs plus, amélioration du niveau de vie et du confort. + D’où vient le chocolat = d’Afrique ou d’Amérique du sud càd des colonies => possibilité de dvlpper des éléments sur l’économie coloniale.

· Le contenu : Grand palais est encore actuellement un lieu dévolu aux grandes expositions culturelles à Paris. Il est construit pour l’occasion. On retrouve la fonction de vitrine. L’architecture est importante : comme pour le crystal palace = ampleur + verrière.

· Le Gd Palais servait à présenter les expositions de peinture, y compris dans les nouveautés = l’impressionnisme. C’est en effet à paris que s’invente la nouvelle peinture de l’époque, rompant avec les codes académiques (réalisme du traitement, sujets mythologiques ou historiques) pour adapter le regard de la peinture à la modernité du temps. Cf. la Gare St Lazare de Chaude Monnet.

Doc 3 = les transformations de Paris pour accueillir l’exposition universelle = le métro, une nouvelle gare, autant d’infrastructures qui resteront et qui ont, au-delà de l’aspect pratique d’acheminement des visiteurs, aussi une fonction de prestige = doter la capitale de moyens de transport modernes et efficaces => rivaliser avec Londres

Doc 4 = chaque pavillon présente un secteur industriel : il y a les secteurs déjà un peu anciens comme le textile, les mines et la métallurgie, mais aussi les pavillons présentant les dernières nouveautés de l’industrie chimique (base de l’industrie pharmaceutique) ou le palais de l’électricité qui permettait de découvrir le fonctionnement et les applications de cette nouvelle source d’énergie, la « fée électricité » comme on disait à l’époque. Ces pavillons sont appelés « palais » : la technique est la nouvelle reine de l’époque. Elle est la source du développement économique, de l’amélioration des conditions de vie. Elle promet le bonheur à tous.

Doc 5 = les richesses coloniales =>

· Deux empires en compétition

· L’économie coloniale

· La découverte d’autres cultures (cf. pagode …) mais colonialisme fort à cette époque = mission civilisatrice de l’Europe, racisme …



Plan détaillé rédigé

Rappels et conseils :
· toute argumentation se construit toujours de la même manière. Enonciation de la thèse, puis du premier argument, justification de l’argument par l’exemple, puis éventuellement explication, nuance, approfondissement… On passe ensuite au 2e argument relié au précédent par une transition et à nouveau justification …On part toujours du général pour préciser au fur et à mesure sa pensée. 


· Rédigez des phrases simples, syntaxiquement correctes. Reliez vos phrases entre elles par des connecteurs. Précisez toujours vos sujets. Chacune de vos phrases doit apporter une information nouvelle, qui fait progresser le raisonnement. 



I/ L’exposition universelle de 1900 est une vitrine du génie français

A) Paris, une capitale moderne

Les travaux dans Paris pour accueillir l’exposition universelle = les transports (gare, métro, trottoir roulant), les espaces d’exposition (Grand Palais et sa grande verrière)…autant d’occasions de rendre manifeste la maîtrise technique des innovations les plus récentes et les plus modernes. 

B) Paris, un haut lieu de la civilisation

L’illumination de la tour Eiffel le soir est en soi tout un symbole de ce que l’image que la France veut donner d’elle-même au reste du monde : modernité technique, audace artistique (impressionnisme), génie politique précurseur puisque cette tour, construite pour l’exposition universelle de 1889, rappelle la révolution française. Or, la rev fra, comme celle des EUA sert de modèle pour tous les peuples épris de liberté (DDHC) 

II/ L’exposition universelle rend hommage au progrès.

A) Le progrès technique est source d’enrichissement

Sur le champ de Mars, la présence des palais de l’industrie rappellent le rôle essentiel des progrès techniques dans l’économie. En effet, la révolution industrielle, qui permet au 19e siècle l’enrichissement considérable des nations européennes, a été possible grâce à la mécanisation (cf. textile), à la domestication de nouvelles sources d’énergie (cf. mines) et à la mise au point de nouveaux matériaux (cf. constructions mécaniques et sidérurgie). Le RU, berceau de la révolution industrielle est à cet égard le pays le plus riche d’Europe encore en 1900, même si de nvx concurrents sont apparus, comme l’Allemagne, appuyée entre autres sur la tte récente industrie chimique et dans une moindre mesure la France. Les visiteurs ébaudis découvrent donc dans ces palais les nouvelles machines : Ils s’émerveillent de leurs prouesses techniques qui permettront aux industries de produire en masse les nouveaux produits qu’ils consommeront bientôt, à des prix sans cesse plus accessibles. La publicité qui se développe et dont nous voyons la trace avec le document 2 les incite à entrer dans la nouvelle ère de la prospérité : celle de la consommation de masse. 

B) Le progrès technique transforme la vie

L’exposition universelle est un spectacle, une féérie qui a attiré 50 millions de visiteurs, venus de toute la France et du reste de l’Europe. On y montre les nouveautés qui changent la vie quotidienne et ouvrent de nouveaux horizons. En 1900, les visiteurs découvrent l’électricité qui illumine la tour Eiffel. Bientôt « la fée électricité » permettra d’éclairer la rue et entrera dans les foyers. Plus tard, elle actionnera les machines, toujours plus petites et plus pratiques. Le cinématographe est aussi une des grandes attractions de l’exposition. Le président de conseil de la République française viendra même assister à une des premières représentations de cette merveille, inventée par les frères Lumière, des Français. Le trottoir roulant à deux vitesses ravit la population qui fait le rêve d’un monde où le progrès fera disparaître les travaux pénibles. 

III/ L’exposition universelle témoigne de l’idée répandue de la supériorité de l’Homme Blanc

A) La mission civilisatrice de l’Homme blanc

Chaque puissance coloniale expose dans différents pavillons les éléments caractéristiques et exotiques des peuples conquis (architectures, modes de vie, produits agricoles). Il ne faut pas y voir pour autant autre chose qu’un attrait pour le dépaysement. Les Européens ne rendent pas hommage à d’autres cultures et encore moins à d’autres civilisations : ils sont persuadés que seule l’Europe est civilisée et qu’elle apporte en outre-mer les bienfaits de cette civilisation. L’exposition coloniale a donc plutôt pour objet de permettre de mesurer l’écart entre les modes de vie indigènes et l’excellence du modèle européen, cet écart justifiant a posteriori la colonisation elle-même. L’exposition coloniale est donc un moyen de renforcer sa bonne conscience. 

B) Les colonies, facteurs de puissance

Pour continuer à justifier la colonisation, les avantages de la possession de colonies sont mis en avant : les produits agricoles et les matières premières, importés à bas prix des colonies, sont devenus indispensables aux industries européennes (cf. le coton d’Inde à la base du succès de l’industrie textile britannique). Plus généralement, la possession de colonies est un des signes extérieurs de la puissance. Malgré la conférence de Berlin, les pays européens sont d’ailleurs toujours en 1900 en lutte pour délimiter précisément les contours de leurs empires, ce qui n’est pas sans provoquer des tensions. En 1900 néanmoins, l’affaire est entendue : les deux plus grands empires sont britannique et français. 



Conclusion : elle doit permettre un bilan càd une synthèse de ce qui a été dit mais qui approfondit et cloture la reflexion

L’exposition universelle est donc le lieu de la compétition pacifique des plus grandes nations industrielles. Chacune d’entre elle s’y présente sous son meilleur jour et tente d’y prouver sa supériorité technique, économique, culturelle. A l’occasion des expositions universelles sont d’ailleurs organisés des concours. Le point central de cette confrontation est la modernité : chacun doit montrer qu’il est plus avancé, plus développé que l’autre. Pour autant cette compétition bon enfant, qui ravit les visiteurs à qui, somme toute, on offre un grand spectacle, ne doit pas nous cacher la face sombre de la « Belle époque » : les inégalités sociales et la misère qui excluent de l’optimisme ambiant les catégories populaires mais aussi les rivalités commerciales, territoriales et parfois militaires de pays qui, en 1914, s’engageront dans le conflit le plus meurtrier de l’histoire mondiale.

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