mercredi 15 mars 2023

Proposition pour une introduction générale au thème de 1ere HGGSP "Etats et Religions"

 Le thème se propose d'étudier les rapports entre Etat et Religion.

Ces rapports peuvent être théoriquement et logiquement de plusieurs sortes :

  • deux pouvoirs distincts et qui s'ignorent. Ils agissent dans des sphères différentes de la vie.  Classiquement, on parle du pouvoir temporel (ou séculier) pour le pouvoir politique et du pouvoir spirituel pour le pouvoir religieux. Le pouvoir temporel s'exerce dans le cadre de notre vie quotidienne par des prescriptions organisant notre vie sociale (la loi, le droit). Il a une autorité qu'on lui a conféré (du moins en démocratie). Le pouvoir spirituel s'intéresse quant à lui au Salut de nos âmes* et cela a plusieurs conséquences

- le pouvoir spirituel définit une morale ("Bien vivre") qui implique des prescriptions organisant elle-aussi notre vie sociale. Pour cette raison, *dans l'Histoire et dans les territoires que l'on va étudier (monde occidental et méditerranée essentiellement), le pouvoir spirituel est rarement complétement séparé du pouvoir politique puisque les deux pouvoirs ont la même prétention = diriger, gouverner les Hommes.

- Les sociétés laïques sont donc historiquement les seules à avoir tenté (réussi ?) la séparation des pouvoirs temporels et spirituels.

- Le pouvoir spirituel dispose d'un autre type d'autorité que le pouvoir temporel. Le pouvoir temporel a une autorité qui dépend de nous puisqu'il est politique, alors que l'autorité spirituelle est généralement transcendant : elle revendique pour elle-même venir de Dieu et s'exprimer à travers ses représentants sur terre. On peut par simplicité parler d'une autorité horizontale (interne à la société humaine) pour le pouvoir politique et d'une autorité verticale (descendant de Dieu vers la société humaine) pour le pouvoir spirituel.

  • deux pouvoirs distincts et qui coopèrent, essentiellement pour se renforcer (et il faut se poser la question de quel pouvoir en profite le plus = qui influence qui et comment ?, qui "manipule" qui ?)
  • deux pouvoirs distincts et qui s'affrontent (et il faut se poser la question de qui l'emporte sur l'autre et pourquoi)
  • deux autorités qui sont fusionnées au sein du même pouvoir

rappel : "pouvoir" et "autorité" 

L'autorité est la faculté d'être  obéi. Il s'agit alors de reconnaître à quelqu'un ou à une institution une légitimité à imposer ses décisions. Le pouvoir a un rapport à la puissance : il s'agit de la capacité, légitime ou pas, d'imposer ses décisions.

Définir l'Etat = l'État peut être considéré comme l'ensemble des pouvoirs d'autorité et de contrainte collective que la nation (communauté organisée sur un territoire) possède sur les individus en vue de faire prévaloir ce qu'on appelle l'intérêt général (ce qui est bon pour le plus grand nombre). Il est dirigé par une autorité politique (= élue ou non, qui légifère). Il dispose d'instruments (la "puissance publique") qui imposent les contraintes = justice, police, administrations diverses et variées.

Définir Religion

C'est là que ça devient plus compliqué (par ex, la différence entre spiritualité et religion). Les exposés nous ont montré plusieurs choses. Par delà les différences :

  • Une religion est un sytème organisé de croyances. Ces croyances s'articulent autour de l'existence d'une (ou plusieurs) divinité.s, doté.es d'une capacité d'intervention dans notre monde physique (créateur du monde etc.)
  • Une religion répond, grâce à ces croyances à des questions existentielles : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Que devenons-nous après notre mort ? ...
  • Toutes les religions sont prescriptives, c'est-à-dire qu'elles proposent/imposent au croyant des règles de conduite, plus ou moins contraignantes et plus ou moins codifiées.
  • De la religion découle donc des institutions plus ou moins structurées (on parlera par simplification d'"Eglise") qui visent à encadrer les pratiques et les conduites des fidèles par des rituels, des normes, un discours sur la morale (le Bien, le Mal ...)

Ainsi, il y a une prédisposition, que l'on vérifie historiquement, à la supériorité de l'autorité spirituelle sur l'autorité temporelle. Cependant, récemment" et initié par l' Occident , on a assisté à un processus de sécularisation qui tend à réduire l'autorité spirituelle des Eglises en les cantonnant à une sphère "privée" (Leçon 1). Par ailleurs, les Eglises ont souvent eu moins de pouvoir que les Etats et les rapports entre les deux ont pu être conflictuels (Leçon 2). Pour autant, le potentiel d'influence et d'autorité des Eglises reste fort et nous verrons (Leçon 3) que les Etats ou des groupes politiques instrumentalisent de nos jours les religions au service de la politique.

Printfriendly