mercredi 22 mai 2024

Utopie-Dystopie : La Zone du dehors (Alain Damasio)

 Une proposition pour travailler en cours d'HLP à partir du livre de Alain Damasio, La zone du dehors



Faites attention aux changements de narrateurs et de points de vue, indiqués par > pour les Voltés et par  - pour les Cercloniens.

 

Le monde de Cerclon : une utopie mais une prison.

Utopie : Pages 99 à 104 ; 106 ; 123 à 126 ; 151 ; 384/385 ; p. 417

Prison : Pages 15 ; 46/47 ; 85/87 ; 116/117. => la vidéosurveillance généralisée cf article école ENS Lyo, L3 Géo

Ce que représente le Dehors (d’où le titre) : pp 41 à 43

Répression contre la Volte : pp 207 à 217 ; p. 297 ; pp. 300/301

A partir de ces passages, présentez Cerclon


Pourquoi et contre quoi se révolter ?

Cerclon, c’est un système social totalitaire. Prouvez-le en développant un exemple pour chacun des arguments ci-dessous :

L’individu est surveillé en permanence : pp 53/54 ;  pp 108/109 ; pp 306 à 308 ; p. 343

Ses déplacements sont contrôlés : pp 67 à 70 ; pp 180/181

Son comportement social est normé : p. 98 ; pp 374/375 ;  pp 387/388 ; pp 480/481

Son corps est transformé par les infratechnologies : pp 128 à 130 ; pp 280 à 284 ; p 486

Ses valeurs et ses idées sont dictées par la propagande : pp 140 à 145 ; pp 420/421 ; pp 461 à 463

Son identité est réduite et fractionnée par le Clastre : p. 55 ; p. 176 à 197

Ses désirs sont exploités par la publicité et pour la consommation : p. 240 ; p. 246 ; p. 251 ; pp 549 à 552

Son énergie est détournée par la Virtue : pp. 104/105 ; pp 412 à 415 et pp 422 à 441

 

La Volte

Histoire de la Volte : p. 57 ; pp. 61 à 65

Des leaders : pp.120/121

Des valeurs : pp 164/165 ; p.249 ; p.471

Quel monde veulent-ils ? : pp 475/476 ; p. 576 ; pp 578 à 581

Qu’est-ce que l’anarchie ? http://epheman.perso.neuf.fr/anarchet.html#archet

Montrez que la Volte est anarchiste ( caractérisez le monde d’Anarkia et ses valeurs et montrez en quoi ces caractéristiques illustrent certains éléments de définition de l’anarchie)

Comment se révolter ?

L’objectif de la Volte, c’est une autre société pour des hommes qui réapprennent à vivre. Pour cela, il faut d’abord réveiller les consciences.

Par des actions terroristes : pp 90/91 ; pp 166/167 ; pp 204 à 209 ; pp 284/285 ; pp. 309 à 339 ; pp 476/477

Par la contrepropagande : pp 240 à 242 ; p. 247 ; p. 265 ; pp 293/294

Résumez pour raconter (sélectionnez, reformulez, organisez le récit)


Les questions que pose le livre :

Le droit, l’utilité, l’efficacité de la révolte : pp 258/259 ; p. 263 ; pp 266 à 268 ; pp 275/276 ; pp  290/291 ; pp 295/296 ; p. 369 ; pp 591 à 602 ; pp 632 à 640.

La légitimité de l’utilisation de la violence dans les actes de révolte : p. 73 ; p. 75 ; p. 77 ; p. 93 ; p. 155 ; pp 124/215

Notre démocratie est-elle le stade ultime du totalitarisme  ou est-elle le seul régime possible pour vivre en paix ? : Dialogue de A. et de Capt à partir de la page 353  (et surtout p. 365 et 369) + La peur, l’arme de tous les pouvoirs : p. 575

La frontière comme horizon nécessaire pour la liberté : cf excellent article de Aurélien Menard en lien


La langue de Damasio :

Relevez quelques « jeux de mots » ou création de nouveaux mots (cf. p. 586). Quelle est la fonction de ces détournements du langage ordinaire ?

 

 

L’Histoire :

Pp. 11 à 14 ; 14 à 24 ; 35 à 40 ; 44 à 55 ; 70 à 75 ; 88 à 92 ; 114 à 124 ; p. 136 ; pp. 161 à 163 ; 182 à 185 ; 203 à 212 ; 221 à 238 ; 270 à 280 ; 284 à 339 (attaque de la tour télé, à ne pas manquer) ; 348 à 354 ; 357-358 ; 391 à 393 ; 399 à 409 ; 417 à 419 ; 443 à 445 ; 461 à 493 ; 500 à 505 ; 508 à 516 ; p.528 ; pp. 535 à 542 ; 588 à 585 ; 591 à la fin.

 


lundi 20 mai 2024

JO : Londres 2012

 En lien, un dossier sur les JO : aspects généraux


Londres 2012 : les JO vitrine de la mondialisation ?

 (trouvé sur le site Géoconfluences)

Le slogan des jeux olympiques de Londres 2012 est : "the world in one city" (le monde dans une seule ville). Ce slogan, forgé pour la candidature au début des années 2000, fait référence au cosmopolitisme londonien : Londres est une "ville globale" (Saskia Sassen), c'est-à-dire l'une des quelques capitales de la mondialisation. A l'échelle locale, elle se caractérise par son multiculturalisme. Elle attire des populations venues du monde entier et de tout le Royaume-Uni. Et ce depuis longtemps, notamment du temps où elle était un poumon industriel de l'économie mondiale.

Le choix du site de Stratford et les aménagements qui y sont effectués témoignent de l'envers du slogan "the world in one city". Comme vous pouvez le voir sur la carte de Manuel Appert et sur les vues satellitaires, la voie ferrée sépare strictement le site olympique (anciennes friches industrielles) du Stratford habité. Ses habitants, issus des classes populaires ou moyennes, jouxteront le nouveau Stratford avec ses immeubles de standing, son centre commercial le plus grand du grand Londres, ses prouesses architecturales réalisés par des investisseurs du monde anciennement dominé par l'impériale Angleterre, comme Mittal (la tour enferrée de rouge, telle une post-tour Eiffel post-coloniale) ou la famille régnante du Qatar. Cette dernière finance la nouvelle tour Shard ("tesson"). Dessiné par Renzo Piano, d'usage mixte (résidentiel, professionnel, commerçant, de loisirs), elle vient d'être livrée : avec 310 mètres, c'est la plus haute tour d'Europe. Le monde du slogan est autant celui des richesses que des inégalités de la mondialisation. En ce sens, l'organisation des JO est le révélateur des formes contemporaines prises par la mondialisation de l'économie dont Londres était, au XVII° siècle déjà, l'un des coeurs battants.

 


Londres, métropole multiculturelle

Les cartes sont tirées de l' Atlas de Londres. Une métropole en perpétuelle mutation coécrit par Manuel Appert, Mark Bailoni, Delphine Papin, et publié aux éditions Autrement, en avril 2012.

 






Le paysage urbain en débat

Depuis 2001 plus d’une centaine de projets de tours ont été proposés. Ces projets entendent répondre à deux exigences : densifier la ville dans un contexte de développement durable et imprimer la marque de la mondialisation dans le paysage urbain. Ces projets ont déclenché de vives polémiques que la Greater London Authority n’a pas sues apaiser. Derrière ces polémiques, on retrouve un conflit entre une conception de la ville globale et une conception de la ville patrimoniale.

Manuel Appert explique en détail le débat à partir le cas de la tour Shard dans son article "Politique du skyline. Shard et le débat sur les tours à Londres", Métropolitique, 2011


 Les JO, vitrine et levier d'une capitale de la mondialisation

Le texte cité est de Manuel Appert, "Les JO 2012 à Londres : un grand événement alibi du renouvellement urbain à l'est de la capitale", Géoconfluence

À l’occasion des jeux olympiques, les édiles locaux veulent approfondir une vaste opération de renouvellement urbain. Cette opération « permet à l’État et à la municipalité de Londres de substituer à Stratford, banlieue industrielle en déclin de l’est londonien, un territoire plus compétitif dans le contexte de mondialisation et de métropolisation »

Il s’agit de « transformer physiquement un espace vaste et faiblement peuplé pour lui permettre de se conformer économiquement et socialement à celui d’une ville globale. Plus concrètement, est entendue la planification d’un ensemble de quartiers, dense, attractif et résolument tourné vers les acteurs internationaux de l’immobilier dans le contexte d’un désengagement financier des pouvoirs publics. »

Les aménagements prévus dans le cadres des jeux olympiques s’inscrivent dans un projet plus large entamé dans les années 2000 : le Grand Londres « Le programme de rénovation urbaine et d’équipement est ainsi relativement conforme aux autres opérations d’aménagement menées dans le Grand Londres depuis 2000. Depuis la publication du premier London Plan en 2004, la municipalité du Grand Londres a identifié des zones à réaménager en priorité : les opportunity areas. Ces espaces qui ont en commun un niveau élevé de précarité et/ou un niveau d’accessibilité important, doivent assurer (et/ou absorber) l’essentiel de la croissance de la ville durant les vingt prochaines années. Contrainte spatialement par une ceinture verte, Londres mise sur une croissance urbaine compacte, faiblement consommatrice d’espace et d’énergie. Le principe est alors de densifier ponctuellement les nœuds de réseaux de transports collectifs pour minimiser les déplacements motorisés (Appert, 2005 et 2009). »

Les jeux ont pour principal effet d’accélérer le processus de renouvellement notamment à Stratford, au prix parfois d’une gouvernance locale sacrifiée « Pour accélérer le processus de décision et structurer le renouvellement d’un vaste espace qui dépasse largement le seul district de Stratford, la mairie de Londres va devoir compter avec un État très présent, et tous deux dessaisiront partiellement les collectivités locales de leurs compétences d’aménagement. » 

 


site olympique 2003

site olympique 2010


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Le temps, Laurent Favre, août 2017, Edition électronique

Les JO de Londres, cinq ans après : du rêve à la dure réalité

Construit pour les Jeux olympiques de 2012, le stade olympique de Stratford accueille les Championnats du monde d’athlétisme, du 5 au 13 août prochains. L’occasion d’un bilan des JO, avec cinq ans de recul

Deux ans après Pékin et le retour au nid (d’oiseau), les Championnats du monde d’athlétisme vont se dérouler (du 5 au 13 août) dans le stade de Stratford, bâti pour les Jeux olympiques de Londres en 2012. N’y voyez aucun sentimentalisme, il s’agit simplement de rentabiliser les coûteuses infrastructures désormais en place. Paris (2003) et Berlin (2009) en avaient fait de même avec les stades construits ou rénovés pour la Coupe du monde de football.

Le 12 août 2012, lors de la cérémonie de clôture, le président du CIO d’alors, le Belge Jacques Rogge, avait qualifié les JO de Londres de «fabuleux», «extraordinaires», et n’avait pas craint de reprendre la formule préférée de son prédécesseur Juan Antonio Samaranch: «Les meilleurs Jeux jamais organisés». Qu’en reste-t-il avec cinq ans de recul?

■ Le bilan économique

L’organisation des Jeux a coûté 9 milliards de livres (12 milliards de francs avant la dévaluation de la livre sterling) aux contribuables britanniques. C’est plus du double de ce qui avait été annoncé. Très vite, le gouvernement a donc communiqué sur l’impact positif de l’opération et annoncé des recettes pour 9,9 milliards de livres. A moyen terme, le premier ministre David Cameron avait promis un objectif de 13 milliards de livres de retombées. Un rapport élaboré par un cabinet comptable parle même de 28 à 41 milliards de livres d’ici à 2020. Ces calculs sont contestés et difficilement vérifiables.

Mêmes avérées, ces retombées ne sont pas également réparties. Ainsi, la manne touristique (600 millions de livres supplémentaires enregistrées en 2012) a échappé aux commerçants locaux. Les trois millions de touristes attendus spécialement furent moins nombreux qu’espéré et se sont concentrés près des sites olympiques, dans des zones commerciales contrôlées par le CIO et ses partenaires. Les autres touristes ont préféré éviter Londres durant la période. Dans les commerces du centre et les traditionnelles attractions touristiques, les statistiques montrent des chiffres en baisse de 30%.

■ Le bilan social

«Inspirer une génération.» Plus qu’un slogan, c’était le vœu des organisateurs. Remettre la population au sport. Notamment les jeunes, de plus en plus touchés par l’obésité, un phénomène préoccupant en Grande-Bretagne. Malgré les exploits à répétition des athlètes britanniques (29 médailles d’or), aucun effet d’entraînement n’a été constaté. Le nombre de personnes de plus de 16 ans qui pratiquent une activité sportive au moins une fois par semaine a d’abord très légèrement augmenté puis est retombé à un niveau inférieur à celui de 2012. Les catégories socioprofessionnelles les plus défavorisées sont les moins enclines à faire du sport. Elles sont aussi les plus touchées par les coupes budgétaires dans les activités sportives locales.

Le soufflé est également vite retombé concernant l’ambiance. «Durant les Jeux, les gens commentaient les compétitions, se racontaient la cérémonie d’ouverture. Ils se parlaient même dans le métro, se souvient Lynne Grant, une habitante. Mais très vite, chacun a replongé la tête dans son journal.» Les étrangers, et notamment les Français, avaient été surpris de voir des musulmans à longue barbe ou des femmes portant le foulard œuvrer parmi les bénévoles, y compris à des postes clé ou exposés comme le contrôle de sécurité ou la remise de médailles. Ils participaient, dans le respect de leur identité. Le multiculturalisme à la britannique semblait donner de meilleurs résultats que le modèle d’intégration à la française. Les attentats terroristes à Londres en 2013, 2015 et surtout 2017 sont depuis venus réfuter cette chimère.

■ Le bilan urbanistique

Les coûts élevés avaient pour cause la volonté de réhabiliter l’East End de Londres. Lorsque l’on quitte la ville pour rejoindre l’aéroport de London City, on traverse aujourd’hui une zone qui n’est plus une friche industrielle contaminée mais pas encore un quartier à la mode. Beaucoup d’immeubles en construction, des plastiques à la place des vitres, attendent. Près de 6000 personnes habitent désormais dans l’ancien village olympique et 24 300 nouveaux logements sont attendus d’ici à 2031. Sont également prévus des antennes de l’University College London et du London College of Fashion, une salle de danse contemporaine, une annexe du Victoria & Albert Museum. Cette montée en grade programmée attise déjà les convoitises et fait grimper les prix de l’immobilier, un problème dans ce quartier populaire.

Les installations sportives avaient été conçues pour être très vite adaptables et utilisables à un coût raisonnable. Le parc de 150 hectares a été transformé en un lieu de promenade, la piscine et le vélodrome sont accessibles au public. Bien desservi par les transports publics, l’immense centre commercial de Westfield trouve gentiment son public.

En 2016, le club de football de West Ham a quitté Boleyn Ground et cent douze ans d’histoire pour s’installer au stade olympique. Le bail, signé en 2013 pour nonante-neuf ans, a été âprement négocié. Pour éviter le camouflet d’un stade sans club résident (comme le Maracaña de Rio, le Stade de France à Paris ou le Nid d’oiseau de Pékin), l’Etat a encore payé 257 des 272 millions de livres de travaux pour les frais d’aménagement (suppression d’un étage, couverture des gradins, déplacement des tribunes plus près de la pelouse).

■ Le bilan sportif

Au dernier jour des Jeux, le tableau des médailles sacrait les Etats-Unis (103 médailles, dont 46 en or), devant la Chine (88, 38), la Grande-Bretagne (65, 29) et la Russie (82, 24). Mais le bilan ne cesse d’évoluer au gré des révélations sur le dopage. A ce jour, 29 athlètes ont dû rendre leur médaille. Les échantillons prélevés durant les JO «parlent» a posteriori, tout comme les lanceurs d’alerte dénonçant le dopage d’Etat en Russie. Treize athlètes russes ont ainsi été déclassés. «Les JO d’été de Londres en 2012 ont été sabotés par le dopage russe», a écrit Owen Gibson, le chef du service sport du Guardian.

Et les autres? Pour le moment, excepté le sprinter américain Tyson Gay, aucun sportif «de l’Ouest» n’a été destitué. Des doutes planent sur l’athlétisme kényan et éthiopien, sur le sprint jamaïcain, sur l’haltérophilie dans son ensemble (déjà quatre médailles d’or retirées à l’équipe féminine du Kazakhstan). Et les Britanniques, qui ont battu tous leurs records? Les cyclistes et le coureur de fond Mo Farrah ont été cités depuis 2012 dans des affaires de dopage, sans accusation directe ni preuve pour le moment.

■ Le bilan olympique

Londres a marqué l’histoire olympique de trois manières. D’abord en faisant exploser les codes des cérémonies d’ouverture et de clôture, confiées au réalisateur Danny Boyle, qui y a introduit de l’humour (la Reine en duo avec James Bond) et beaucoup de musique (la cérémonie de clôture ressemblait davantage à un vaste concert). Ensuite en portant à un degré de perfection jamais atteint jusque-là l’utilisation des sites historiques de la ville. Les triathlètes ont couru dans Hyde Park, les nageurs longue distance ont plongé dans The Serpentine. Le contre-la-montre cycliste s’est achevé au pied de Hampton Court, le 50 km marche devant les grilles de Buckingham. Ne cherchez pas où Paris 2024 a trouvé l’idée du beach-volley sous la Tour Eiffel.

Enfin, Londres 2012 a définitivement installé les paralympiques dans le programme olympique. Programmés quelques semaines plus tard, ces Jeux pour personnes handicapées ont battu des records: 2,42 millions de tickets vendus (sur 2,5 millions disponibles), des retransmissions quotidiennes (500 heures de direct en Grande Bretagne) et des piques d’audience historiques (11,2 millions de personnes au Royaume-Uni pour la cérémonie d’ouverture). Rio 2016, tenté pour raisons financières de brader l’événement, a été obligé de suivre.

■ Le bilan politique

Quatre ans après avoir accueilli le monde, le Royaume-Uni s’est renfermé sur lui-même en votant la sortie de l’Union européenne en juin 2016. Le Brexit a coûté son poste au premier ministre David Cameron, qui n’aura donc pas profité longtemps de l’effet JO. Devenu même l’une des personnalités les plus détestées du Royaume-Uni, il s’est retiré de la vie politique en septembre 2016. Quant à Boris Johnson - l’ancien maire de Londres omniprésent au moment des Jeux -, il s’est abstenu de briguer le 10, Downing Street après avoir ardemment soutenu le Brexit. Il a toutefois été nommé Ministre des affaires étrangères du gouvernement de Theresa May. 

Le président du Comité d’organisation des Jeux, Sebastian Coe a, lui, très vite rebondi. Le double champion olympique du 1500 mètres (1980, 1984) a été élu le 19 août 2015 président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), avec 115 voix contre 92 à Sergueï Bubka. Il dut rapidement faire face à divers scandales (athlétisme russe, corruption de l’ancien président Lamine Diack) et tente toujours de redonner une crédibilité à l’athlétisme mondial. De retour à Stratford pour les Championnats du monde d’athlétisme, il a déjà prévenu qu’il ne pouvait «pas garantir des compétitions sans dopage».

 

 


















Le site olympique vu du ciel en 2003


 


 

détail de la construction du site olympique 2010 ©G

 

 

 Légende de la galerie-diaporama ci dessous

Photo 3 : Tour d'observation Arcelor Mittal Orbit dans le site olympique de Stratford, été 2011.

Photo 4 : Nouvelles tours de logements de standing sur la grand rue de Stratford, hiver 2012

 


dimanche 19 mai 2024

Discours d'entrée en campagne de Biden contre Trump

 Dans la série des thématiques des cours consacrés à la Démocratie en Première SPé HGGSP, il y a le danger de l'illibéralisme et les dérives internes aux régimes considérés comme démocratiques. J'ai cette année effectué avec les élèves une analyse de texte d'un discours de Joe Biden, pour approfondir la méthode de l'analyse critique de texte.

Voici le discours, largement caviardé pour permettre une analyse linéaire (mettre en évidence les thématiques, la structure interne du texte et sa logique, expliquer les allusions et les présupposés) dans une durée raisonnable (une séance de 2 H)


                         7 JANVIER 2024 • L’ENTRÉE EN CAMPAGNE DE JOE BIDEN

L’élection américaine de 2024 a déjà commencé. Au centre de la campagne, il y aura une question vertigineuse : de quel côté se situe la démocratie ? Dans son premier discours fleuve, Joe Biden expose ce qui sera le cœur de sa stratégie : face à Trump, il est le vrai défenseur de l’Amérique et de la démocratie.. source : LE GRAND CONTINENT


Présentation : Trois ans après l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, Joe Biden a prononcé hier un discours fleuve marquant l’ouverture de sa campagne de réélection non loin de Valley Forge, en Pennsylvanie, haut-lieu de la guerre d’indépendance. C’est à cet endroit précis que George Washington, au cours de l’hiver 1777-1778, décida de stationner ses troupes, épuisées par la campagne, rongées par le froid, la faim, la maladie. Quelques mois plus tôt, le Congrès fuyait Philadelphie, à quelques dizaines de kilomètres, où fut signée la Déclaration d’Indépendance en 1776.

Cet exercice n’est pas anodin. Alors que le mandat de Joe Biden présente un bilan économique globalement favorable — ce qui, d’ordinaire, pourrait suffire à rallier la majorité des électeurs —, les sondages semblent majoritairement indiquer, à dix mois des élections, que Trump a le plus de chances de l’emporter. La majorité républicaine de la Chambre contribue quant à elle à faire de l’immigration l’un des principaux sujets qui détermineront la campagne, alors que la position de Biden sur le sujet est largement critiquée par les électeurs républicains — et de plus en plus dans les rangs des Démocrates. Les réussites du mandat de Biden en matière d’infrastructures, de création d’emplois ou de transition énergétique devraient quant à elles occuper une place secondaire pour une grande partie d’électeurs.

Contrairement à ses précédents discours des 6 janvier 2022 et 2023, Joe Biden a décidé cette année d’adopter une posture beaucoup plus agressive vis-à-vis de Donald Trump. Ce dernier, qui devrait certainement être investi par le Parti républicain, est présenté comme le plus grand danger qui pèse sur l’essence même des États-Unis : la démocratie, mentionnée à 27 reprises dans le discours. « Le choix est clair. La campagne de Donald Trump est centrée sur lui, pas sur l’Amérique, pas sur vous. La campagne de Donald Trump est obsédée par le passé, pas par l’avenir. Il est prêt à sacrifier notre démocratie pour prendre le pouvoir. » 

Après avoir auparavant mobilisé Abraham Lincoln ou Franklin Delano Roosevelt, Biden a choisi de se rattacher à la figure de George Washington pour lancer sa campagne présidentielle. Bien que peu apprécié par les Démocrates, raviver la mémoire du premier président américain offre un argument de choix pour s’attaquer à la candidature de Donald Trump. Tandis que Washington annonça dans sa Farewell Address du 19 septembre 1796 ne pas briguer un troisième mandat, Donald Trump encouragea la foule à entraver le transfert pacifique du pouvoir le 6 janvier 2021, accomplissant ainsi ce contre quoi George Washington mettait en garde lui-même 225 ans auparavant.

 

 

Biden à la tribune, janvier 2023

Le sujet de mon discours aujourd’hui est extrêmement sérieux, et c’est pour cela qu’il doit être prononcé dès le début de cette campagne. Durant l’hiver 1777, l’armée continentale marchait vers Valley Forge dans un froid intense. Le général George Washington savait qu’il était confronté à la tâche la plus ardue qui soit : mener et gagner une guerre contre l’empire le plus puissant du monde à l’époque. Sa mission était claire. La liberté, pas la conquête. La liberté, pas la domination. L’indépendance nationale, pas la gloire individuelle. L’Amérique a fait un vœu. Plus jamais nous ne nous inclinerions devant un roi. 

(…) Aujourd’hui, nous sommes ici pour répondre à la plus importante des questions. La démocratie est-elle toujours la cause sacrée de l’Amérique ? Je ne plaisante pas. Ce n’est pas une question rhétorique, académique ou hypothétique. La question de savoir si la démocratie est toujours la cause sacrée de l’Amérique est la question la plus urgente de notre époque, et c’est l’enjeu de l’élection de 2024.

Le choix est clair. La campagne de Donald Trump est centrée sur lui, pas sur l’Amérique, pas sur vous. La campagne de Donald Trump est obsédée par le passé, pas par l’avenir. Il est prêt à sacrifier notre démocratie pour prendre le pouvoir. (…) Il y a trois ans demain, nous avons vu de nos propres yeux la foule violente prendre d’assaut le Capitole des États-Unis. Lorsque vous avez allumé votre télévision et découvert ces images, vous avez eu du mal à y croire. Pour la première fois de notre histoire, des insurgés étaient venus empêcher le transfert pacifique du pouvoir en Amérique en brisant des vitres, en fracassant des portes, en attaquant la police. (…) Plus de 140 policiers ont été blessés. Jill et moi avons assisté aux funérailles des policiers décédés à la suite des événements de ce jour-là. C’est à cause des mensonges de Donald Trump qu’ils sont morts ; parce que ces mensonges ont poussé la foule vers Washington. Il avait promis que ce serait « sauvage », et ça l’a été. Il a dit à la foule de « se battre comme l’enfer », et l’enfer s’est déchaîné. 

(…) La nation entière a regardé avec horreur. Le monde entier a regardé avec incrédulité. Et Trump n’a rien fait. Les membres de son équipe, les membres de sa famille, les dirigeants républicains qui étaient attaqués — à ce moment précis — ont plaidé en sa faveur : « Agissez. Rappelez la foule ». Imaginez s’il était sorti et avait dit « Arrêtez ». Et pourtant, Trump n’a rien fait. C’est l’un des pires manquements au devoir de la part d’un président dans l’histoire des États-Unis : une tentative de renverser une élection libre et équitable par la force et la violence.

Un nombre record de 81 millions de personnes ont voté pour ma candidature et pour mettre fin à sa présidence. Trump a perdu le vote populaire de 7 millions de voix. Les affirmations de Trump concernant l’élection de 2020 n’ont jamais pu être défendues devant un tribunal. Trump a perdu 60 affaires judiciaires — 60. Trump a perdu les États contrôlés par les républicains. Trump a perdu devant un juge nommé par Trump — puis devant d’autres juges. Et Trump a perdu devant la Cour suprême des États-Unis. Il a perdu sur toute la ligne.

(…) M. Trump a épuisé toutes les voies légales à sa disposition pour renverser l’élection. Mais la voie juridique n’a fait que ramener Trump à la vérité, à savoir que j’avais gagné l’élection et qu’il était un perdant. Eh bien, sachant comment son esprit fonctionne maintenant, il ne lui restait qu’un acte — un acte désespéré — à sa disposition : la violence du 6 janvier.  Depuis ce jour, plus de 1 200 personnes ont été inculpées pour avoir attaqué le Capitole. Près de 900 d’entre elles ont été condamnées ou ont plaidé coupable. Collectivement, à ce jour, elles ont été condamnées à plus de 840 ans de prison. Et qu’a fait Trump ? Au lieu de les appeler « criminels », il a appelé ces insurgés « patriotes ». Ce sont des « patriotes ». Et il a promis de les gracier s’il revenait au pouvoir.  (…) En essayant de réécrire les faits du 6 janvier, M. Trump tente de voler l’histoire de la même manière qu’il a essayé de voler l’élection.

Le 28 octobre 2022, le mari de l’ancienne speaker démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a été attaqué à son domicile par David DePape, un extrémiste armé d’un marteau adepte de théories conspirationnistes qui cherchait ce jour-là à enlever Nancy Pelosi. Cette attaque d’une violence rare dirigée contre un homme âgé de 82 ans qui n’était alors qu’une « victime collatérale » de DePape a fait l’objet de moqueries par Donald Trump lors d’un meeting fin septembre. Après avoir demandé sur un ton sarcastique « comment se portait le mari de Nancy Pelosi » devant un public hilare, l’ancien président ajoutait : « elle s’oppose à la construction d’un mur à notre frontière, alors qu’elle a un mur autour de sa maison — qui n’a manifestement pas fait du très bon travail ». 

L’attaque de Trump contre la démocratie ne fait pas seulement partie de son passé. C’est ce qu’il promet pour l’avenir. Il est direct. Il ne cache pas son jeu. (…) Il a ajouté qu’il serait un dictateur dès le premier jour. Il a appelé cela, et je cite, la « suppression de toutes les règles, de tous les règlements et de tous les articles, même ceux qui se trouvent dans la Constitution des États-Unis », si c’est sa volonté. (…) Avec d’anciens collaborateurs, Trump prévoit d’invoquer l’Insurrectionist Act — ce qu’il n’est pas autorisé à faire dans des circonstances ordinaires —, qui lui permettrait de déployer des forces militaires américaines dans les rues de l’Amérique. Il l’a dit.

Il qualifie de « vermine » ceux qui s’opposent à lui. Il parle du sang des Américains comme étant empoisonné, reprenant le même langage que celui utilisé dans l’Allemagne nazie. Les propos tenus par Trump le 11 novembre dernier lors du Veterans Day, un jour férié commémorant les sacrifices des anciens combattants américains, ont fait couler beaucoup d’encre dans les journaux et diverses publications en raison de leur proximité avec les discours tenus par Adolf Hitler ou Benito Mussolini. Devant des militants tenant des affiches sur lesquelles était inscrit « la paix à travers la force », Donald Trump a comparé « les communistes, les marxistes, les fascistes et les voyous de la gauche radicale » à des « vermines », avant d’accuser les immigrants « d’empoisonner le sang de notre pays ». (…)

[…]. Lorsque l’attentat du 6 janvier s’est produit, la vérité n’a fait aucun doute. À l’époque, même les membres républicains du Congrès et les commentateurs de Fox News ont condamné publiquement et en privé l’attentat. Comme l’a dit un sénateur républicain, « le comportement de Trump était embarrassant et humiliant pour le pays ». Mais aujourd’hui, ce même sénateur et ces mêmes personnes ont changé de discours. Au fil du temps, la politique, la peur, l’argent sont intervenus. Et maintenant, ces voix de partisans MAGA (make America great again) qui connaissent la vérité sur Trump le 6 janvier ont abandonné la vérité et la démocratie.

Le 6 janvier 2021 a longtemps conduit à penser qu’une partie importante des dirigeants et des électeurs du Parti républicain allaient se détourner de Donald Trump en raison du rôle joué par celui-ci lors de l’insurrection. Trois ans jour pour jour après les faits, il apparaît que seule une minorité du GOP (Grand old party = le parti républicain) a emprunté ce chemin. Selon la recension du site FiveThirtyEight, 162 élus et responsables républicains ont à ce jour publiquement annoncé leur soutien à Donald Trump, contre seulement 18 pour Ron DeSantis (son adversaire au sein du parti républicain). Mercredi 3 janvier 2024, le chef de la majorité républicaine à la Chambre, Tom Emmer, a annoncé qu’il voterait pour Donald Trump en 2024, tandis que ce dernier le qualifiait quelques mois plus tôt de « Globalist RINO [Republican In Name Only] » : un Républicain considéré déloyal envers le Parti. Ils ont fait leur choix. Maintenant, le reste d’entre nous — Démocrates, indépendants, Républicains traditionnels — doit faire son choix.

(…) Sans démocratie, aucun progrès n’est possible. Pensez-y. L’alternative à la démocratie est la dictature — la règle d’un seul, pas la règle de « Nous, le peuple ». C’est ce qu’avaient compris les soldats de Valley Forge, c’est ce que nous devons également comprendre. Nous avons eu la chance de bénéficier pendant si longtemps d’une démocratie forte et stable. Il est facile d’oublier pourquoi tant de personnes avant nous ont risqué leur vie pour renforcer la démocratie, et ce que serait notre vie sans elle.

La démocratie, c’est la liberté de dire ce que l’on pense, d’être qui l’on est, d’être qui l’on veut être. La démocratie, c’est la possibilité d’apporter des changements pacifiques. La démocratie, c’est la façon dont nous avons ouvert les portes de l’opportunité de plus en plus largement à chaque génération successive, et ce malgré nos erreurs. Mais si la démocratie disparaît, nous perdrons cette liberté. Nous perdrons le pouvoir de « nous, le peuple » de façonner notre destin.

Si vous doutez de moi, regardez autour de vous. Voyagez avec moi lors de mes rencontres avec d’autres chefs d’État dans le monde entier. Regardez les dirigeants autoritaires et les dictateurs que Trump dit admirer — il dit tout haut qu’il les admire. Je ne vais pas tous les citer. Ce serait trop long. (…) Et regardez ce que ces autocrates font pour limiter la liberté dans leurs pays. Ils limitent la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté de réunion, les droits des femmes, les droits des personnes LGBTQ, les gens vont en prison…

(…) Il ne peut y avoir de compétition si l’on considère la politique comme une guerre totale plutôt que comme un moyen pacifique de résoudre nos différends. La guerre totale, c’est ce que veut Trump.

C’est pourquoi il ne comprend pas la vérité la plus fondamentale sur ce pays. Contrairement à d’autres nations sur Terre, l’Amérique n’est pas fondée sur l’ethnicité, la religion ou la géographie. Nous sommes la seule nation dans l’histoire du monde construite sur une idée : « Nous tenons ces vérités pour évidentes, que tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux ». C’est une idée énoncée dans la Déclaration, créée de manière à ce que nous considérions que tout le monde est égal et doit être traité de la même manière tout au long de sa vie.

Nous n’avons jamais été à la hauteur de cette idée. Nous avons encore un long chemin à parcourir. Mais nous n’avons jamais renoncé à cette idée. Nous ne l’avons jamais abandonnée auparavant. Je vous promets que je ne laisserai pas Donald Trump et les Républicains MAGA nous forcer à nous éloigner maintenant.

(…) Permettez-moi de conclure par ceci. […] En Amérique, les vrais dirigeants — les dirigeants démocratiques — ne s’accrochent pas au pouvoir sans relâche. Nos dirigeants rendent le pouvoir au peuple. Et ils le font de leur plein gré, car c’est ainsi que les choses se passent. (…) je refuse de croire qu’en 2024, les Américains choisiront de renoncer à ce qui a fait d’eux la plus grande nation de l’histoire du monde : la liberté. La démocratie est toujours une cause sacrée. Et aucun pays au monde n’est mieux placé que l’Amérique pour mener le monde.  (…) Que Dieu vous bénisse tous. Et que Dieu protège nos troupes.

Je vous remercie.


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