lundi 13 octobre 2025

Le Komintern dans les années 1930 : un tournant stratégique

 

 Les tensions politiques européennes dans les années 1930

Doc  : extraits du discours prononcé par Palmiro Togliatti en juillet 1935 lors du VIIe congrès du KOMINTERN à Moscou

« Au nom de l’union des combattants de la révolution prolétarienne mondiale, au nom des travailleurs de tous les pays, nous nous adressons à toi, camarade Staline, notre chef, continuateur de l’œuvre de Marx, Engels et Lenine. Sous ta direction, l’Union Soviétique est devenue le puissant rempart de la révolution socialiste, un rempart contre le fascisme et la réaction, un rempart contre la guerre. […]

Mais si le bourgeois essaie aujourd’hui de demander aux peuples du monde s’ils veulent la paix ou la guerre, le fascisme ou le socialisme, les peuples du monde ne veulent pas la guerre et ne veulent pas du fascisme. […] Nous revenons ainsi une fois de plus à la nécessité d'une action unie, d'un front uni à l'échelle internationale. Cette question est incontournable et nous y reviendrons sans cesse jusqu'à ce que nous puissions la résoudre. Le sort de la lutte pour la paix en dépend.

[…] De toute évidence, nous considérions comme essentiel, et ne pouvions faire autrement, que notre lutte pour une action unie avec l'Internationale ouvrière et socialiste s'accompagne d'une action anti-guerre indépendante de la part de l'avant-garde communiste, et que cette action soit suffisamment énergique pour gagner le soutien de larges masses de travailleurs de tous les courants politiques et pour influencer fortement la situation […] Nous devons nous mettre au travail avec toute notre énergie, dans tous les pays et sur tous les fronts – et en premier lieu parmi les travailleurs syndiqués – afin d'isoler l'agresseur fasciste en arrêtant tous les chargements destinés à l'Italie fasciste et à ses voisins, et en mobilisant la classe ouvrière et l'opinion publique en général, à la plus grande échelle et sous toutes les formes possibles, contre le fascisme italien, contre les intrigues de guerre du national-socialisme et contre l'agression japonaise en Chine.»

 

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Questions


1- Présenter le document en insistant sur le contexte.

2- A quoi voit-on dans le texte que Togliatti était un communiste ? (Relever et commenter)

3- Quels pays et régimes sont désignés comme agresseurs dans ce discours ? (Relever et expliquer) Pourquoi Togliatti fait-il un lien avec la « bourgeoisie » ? (Expliquer)

4- Comment Togliatti envisage-t-il la mobilisation de la classe ouvrière contre la guerre ? (Relever)

5- En quoi le discours de Togliatti illustre-t-il la stratégie du Komintern face à la montée du fascisme en Europe dans les années 1930 ? (C’est la question du front uni : qui doit s’unir avec qui ? Pourquoi est-ce une nouveauté stratégique ?)

dimanche 14 septembre 2025

Rencontre au sommet

 Petite activité d'introduction au thème de la puissance en 1ere HGGSP, qui a bien fonctionné et permet de replacer/ rappeler le vocabulaire de l'analyse de doc.


En vous aidant de la grille ci-dessus, repérer dans le texte de Pierre Haski les différents moments de l'analyse de l'image opérée par le chroniqueur.

Texte de la chronique de Pierre Haski, France Inter, 2 sept 2025, 8H17 :
On dit parfois qu’une image vaut mille mots. Voilà une photo qui en vaut beaucoup plus… C’était hier à Tianjin, le port chinois situé à l’Est de Pékin. On y voit Xi Jinping, Vladimir Poutine et Narendra Modi, les dirigeants de la Chine, de la Russie et de l’Inde, se tenant par la main et d’excellente humeur.
Il faut s’arrêter sur cette photo qui nous dit beaucoup sur la transformation du monde, mais aussi la mise en scène des relations internationales. Ces trois hommes dirigent trois puissances nucléaires, représentent plus du tiers de la population mondiale, des cultures et des histoires très différentes ; leurs pays se sont même fait la guerre par le passé.
Mais hier, ils ont choisi de se mettre en scène cette bonne humeur partagée, quelles que soient leurs arrière- pensées. La photo n’a pas besoin de légende, elle dit tout sur l’absent du cliché : Donald Trump évidemment. La scène lui est dédicacée : bons baisers de Tianjin.
Pourquoi ce besoin de mise en scène ? Souvenez de la rencontre Trump-Zelensky dans le bureau ovale, le 28 février dernier , qui a tourné à l’humiliation du président ukrainien. A la fin, Donald Trump lance « ça fait de la bonne télévision ». Les images de Tianjin, c’est pareil, ça fait de la bonne télévision, mieux que de longs discours.
Ce « front du refus » qui s’affiche à Tianjin présente une image opposée à la brutalité du bureau ovale. Trump s’emploie à humilier ses interlocuteurs ; les dirigeants réunis à Tianjin revendiquent un ordre mondial alternatif, respectueux des souverainetés. C’est un leurre, mais Trump est tellement caricatural qu’il en légitime d’office ses adversaires.
Avec le premier ministre indien, son « grand ami » Narendra Modi, Trump s’était affiché lors de son premier mandat dans un stade rassemblant des milliers d’indiens vivant aux États-Unis. Les droits de douane à 50% imposés à l’Inde ont brisé cette image idyllique d’amitié, qui constituait un atout politique pour Modi en Inde.
A Tianjin, les trois hommes sont tout sourire, on en oublierait presque que l’un a envahi son voisin, le second a un régime totalitaire, et le troisième est sur la voie d’un « illibéralisme » certain. Ce n’est qu’une photo, le message est simple mais efficace.
Mais ce n’est pas qu’une bataille de communication : ce qui est en jeu, ce sont les nouveaux rapports de force entre les empires du XXI° siècle. Donald Trump a voulu frapper un grand coup pour réimposer l’hégémonie américaine contestée, et il utilise les armes dont il dispose, les droits de douane, la puissance technologique de la Silicon Valley, la première armée mondiale. Mais il a dressé contre lui un « front du refus » hétéroclite, au centre duquel la Chine et sa puissance économique voient la possibilité d’émerger en leader du monde non-occidental. C’est l’erreur commise par Donald Trump : il a poussé dans les bras de la Chine tous ceux qu’il veut soumettre en les humiliant.
Reste l’Europe, qui est prisonnière de son alliance avec les États-Unis à cause de la guerre à ses portes : elle n’a pas encore fait la démonstration de sa capacité à incarner une « troisième voie », susceptible de s’opposer à la fois au monde de Trump, et à celui qui émerge la photo de Tianjin.

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