dimanche 4 août 2019

La christianisation de l 'empire romain

Le premier thème du programme d'Histoire de Seconde est particulièrement mal fichu et singulièrement le premier chapitre sur les "empreintes gréco-romaines en Méditerranée antique" où en 4-5 H, nous sommes censés brasser les thèmes de la naissance de la démocratie en Grèce (PPO Périclès), le passage de la République au principat (PPO Auguste), l'Empire romain et la romanisation, la christianisation et le brassage culturel au sein de cet empire (PPO Constantin). Autant dire mission impossible !
La fausse bonne solution de la classe inversée n'est pas possible, il me semble, en début d'année, a fortiori pour les 2nde. Je n'ai pas encore creusé le problème et mes élèves de cette année vont me servir de cobayes.


En attendant, j'ai relu cet été, en ayant un peu en tête la gageure qui nous attend, Le royaume d'Emmanuel Carrère, qui sans être un spécialiste autorisé de la question des premiers temps de l'Eglise, peut néanmoins être reconnu comme ayant une très solide culture sur ces thématiques. Il propose une lecture-analyse de l'évangile de Luc et des lettres de Paul qui permet de dresser un tableau très vivant de l'empire romain hellénisé, inquiet et avide des nouvelles croyances orientales, du milieu jérusalémitain, cette pétaudière atypique parmi les provinces romaines, où les juifs "orthodoxes" côtoient les juifs nationalistes et les juifs acculturés, souvent au service de la puissance romaine ; il explique de façon sensible et à mon avis fort juste ce qui constitue l’énormité du message de Jésus et de la croyance en sa résurrection. Je le crois donc fort utile pour entrer dans cette partie du cours et ce d'autant plus que les textes et documents prêts à l'emploi en classe manquent sur ce point de l'Eglise primitive et la question de comprendre pourquoi et comment elle se répandit somme toute si vite et si facilement dans l'empire.

Je pense donc à saucissonner de façon sacrilège cet excellent livre, en espérant ne pas trop dénaturer et surtout donner à quelques-uns l'envie de lire in extenso les quelques 600 pages du Royaume. 


Le repas d'Emmaüs, Rembrandt, 1648


soit le découpage suivant (édition P.O.L. 2014)

  • Présentation Paul, Luc, empire romain hellénisé, communautés juives de l'empire pp.146-174
  • La communauté juive de Philippe devient chrétienne sous l'effet de la parole de Paul pp 183-187
  • Les premières églises pp 194-202
  • Imminence de la fin des temps et espérance de la résurrection pp 231-243



Éventuellement :

  • Tensions au sein des églises chrétiennes groupe de Jérusalem (juifs) contre convertis /église de Paul pp 243-257
  • Le temple de Jérusalem puis la guerre des Juifs pp. 304-309 ; pp. 312-317; pp.495-503
  • L'écriture des évangiles  pp.523-545 + pp.557-560 + pp. 604-611


MAJ
Au final, cette année, je me suis contentée de la lecture en classe, à voix haute, des pages 160 à 166, de "La scène se passe à Troas" à "sa vie à lui, Luc, ne sera plus la même". C'est le moment où Luc découvre Paul, dans une reconstitution vive et drôle d'E Carrère. Ce passage permet de comprendre la pourquoi la parole de Paul frappait et où se logeait son efficacité. Les élèves, pourtant pas des anges, étaient très attentifs.










mercredi 24 juillet 2019

PPO : L'ordonnance de Villers Cotterêt

Ce jeune homme nous prépare bien le terrain !




Le texte complet, disponible ici


Les Français et la République, quelques éléments pour introduire la question


Parallèlement à l'extension du capitalisme au XIXe, extension de la démocratie partout en Europe. Qu’en fut-il pour la France ?


Les expériences politiques en France au XIXème siècle


Publié parFlavie Patel


constater la fréquence des mouvements révolutionnaires et l’alternance des régimes => Les hésitations politiques françaises à la fin du XIXe siècle

La Rep est devenue pour les Français synonyme de démocratie. Pourtant, il a fallu près d’un siècle aux Français pour définitivement adopter ce régime et ce système pol 


Portée de la révolution française
= Pourquoi la France n’adopte t’elle pas définitivement la République après 1793 -21 janvier : procès et décapitation du roi de France par la Convention ?

1- Les acquis de la révolution ?
a) libéralisme politique
DDHC est un acquis de la révolution => un retour en arrière semble difficile. L'esprit de liberté s'est répandu (cf d'après Marc Belissa, on apprenait par coeur les articles de la DDHC dans les campagnes dès la période révolutionnaire, et cette connaissance des articles était utilisée dans les revendications avec les notables)
Mais =  un libéralisme porté par la Bourgeoisie 

cf. DDHC art 17 sur le droit de propriété, seul droit naturel "inviolable et sacré". Le mouvement populaire jusqu'à la Terreur en donne un sens général : propriété de soi, de la vie et des biens qui permettent de vivre, ainsi que le contrôle du gouvernement qui est, comme disait Robespierre son bien ("Le peuple est souverain : le gouvernement est son ouvrage et sa propriété"). En ce sens, la propriété est la condition de la liberté. Avec l'écrasement du mouvement populaire par les thermidoriens et le Directoire, la propriété est maintenue comme droit essentiel, mais dans l'acceptation restreinte de la propriété "bourgeoise", celle de la possession. D'instrument de souveraineté personnelle, individuelle, elle peut être utilisée dès lors comme l'instrument au contraire de l'oppression de la populace par les possédants, qui en tant qu'ils sont contributeurs par leurs impôts, sont comme "propriétaires" de l'Etat.

La question sociale n’est pas résolue => 2nde et  3e Rép, le mouvement social est contre la "République bourgeoise" et pour la République sociale, appelée "la Sociale", qui est démocratique et auto-organisée. Les classes populaires, et singulièrement les prolétaires qui émergent sur la scène sociale au 19e siècle, veulent l'application réelle et effective des droits de l'homme dans toutes ses composantes, y compris économiques (cf mot d'ordre des canuts 1830's "vivre libre en travaillant ou mourir en combattant") = le "droit à l'existence" de la constitution de 1793.
La question politique ne  l'est pas fondamentalement plus (voir la question de la souveraineté)

b) Le libéralisme politique est-il nécessairement républicain ?
NON
C’est l’exemple anglais : monarchie parlementaire. Plus ancienne révolution (1642-1649 avec exécution de Charles Ier et la république de Cromwell mais retour de la monarchie en 1660 : à cette occasion, bases du libéralisme sont jetées = bill of right , institution d’une monarchie parlementaire avec chambre double – lords et communes et 1er ministre issu de la majorité parlementaire) => soutien bourgeois car pouvoir aux communes.
Cf. 1ère partie de la révolution fra = monarchie parlementaire / exécution de Louis XVI car il « ne joue pas le jeu » et menace d’un retour à la monarchie absolue)

De la même manière, le mouvement libéral n'est pas forcément démocrate : pour des représentants, appartenant aux "meilleurs" (éduqués, possédants...) avec tous les pbs liés à la démocratie représentative (voir la question de la souveraineté)

c) Des potentialités non advenues
La question des femmes, des esclaves => acceptation de limites à l'égalité universelle.

d)      L’ombre portée de la Terreur
Rappel terreur = massacres de sept + loi de suspects + démocratie sociale + démocratie politique (fonctionnement du comité de salut public, séparation stricte des pvs, contrôle omniprésent du peuple par la Convention et par les sans-culotte), guerre gagnée et qui sauve la révolution.

La révolution qui « dérape » ° ? = peur du peuple. => cf réaction qui suit avec suffrage censitaire…
Au XIXe siècle, les Libéraux sont des bourgeois qui s’arrangent généralement de la confiscation par une minorité du pouvoir politique. La démocratie est vue comme un système politique trop radical, assimilé à l'anarchie. Dissociation République/démocratie.

2-      La question de l’Etat
a)      Terreur = étatolatrie* = croire que tous les pbs peuvent et doivent être réglés par une action volontariste et centralisée donc uniforme de l’Etat) qui de façon paradoxale poursuit l’œuvre centralisatrice de la monarchie absolue. => cf. jacobins ≠ girondins (fédéralistes)
Il est clair aussi que la révolution française, et en particulier les Jacobins (Danton, Robespierre) ont servi de modèle aux bolcheviks en 1917. R) Attention , il y a des divisions au sein du mvt socialiste sur la place que doit tenir l’Etat. Certains accusent les partisans d’un Etat fort et centralisateur de nouvelle oppression « monarchiste »

b) La question de la souveraineté nationale = qui représente la Nation ? est-il légitime d’assimiler la souveraineté nationale avec la volonté générale ? (= principe majoritaire et représentatif est celui qui émerge des choix de la Révolution)
R) A supposer aussi que cette volonté générale existe ! A l’époque de la Terreur, la pays est si divisé qu’elle n’existe pas.=> décisions autoritaires dictées par des considérations abstraites, philosophiques de ce qu’il est bon de faire pour créer une société idéale (= Robespierre)
L’Etat doit-il prendre en charge la volonté générale ou doit-il être en avance sur la volonté générale (créer la volonté générale ?) au nom de l’idée qu’il se fait du Bien Commun

Le gros problème à partir de la Révolution, c'est que faire des représentants quand ceux-ci ne représentent plus "la volonté du peuple" ? Or, rétrospectivement, on peut dire que c'est ce qui se passe dès la Révolution. Globalement, pas de solution viable. Cependant, les révolutionnaires ont mis en place des processus pour permettre le contrôle de la délégation du pouvoir souverain à des représentants élus (qui n'ont pas de mandat impératif et sont libres de décider) = le principe révocatoire par le rapport de force. Tel politique a "perdu la confiance du peuple", celui-ci exige son départ en se rendant à l'assemblée (d'autant plus que jusqu'au Directoire, les comités de citoyens (sections parisiennes par ex) sont armés ...+ des élections à un rythme rapide (1 an max) et pour tous les postes + l'organisation des citoyens de façon massive dans les clubs où on discute de politique (au moins durant la période de la Convention)

Au 19e siècle, les élus ne représentent pas le peuple, ne sont pas des gens du peuple.

=> c) La question de la violence en politique
L’Etat a-t-il le droit d’user de la violence contre les citoyens ? Quelle est la violence légitime ?
Et à l'inverse, le droit à l'insurrection, reconnu par la convention montagnarde, fut très vite abandonné par la réaction thermidorienne. => Désarmement des sections sans-culotte (Germinal/Prairial An III) et la garde nationale passe sous le contrôle d'une autre autorité que celle de la mairie de Paris.


=> d) La question de l'éducation du peuple
Tous les Républicains en conviennent, le peuple souverain doit avoir un minimum d'éducation politique, ne serait-ce que pour "bien" voter et pour contrôler l'action de ses représentants. Mais les classes populaires travaillent => manque de temps + il y a un déni, une absence de volonté de prendre en compte de la part des élites bourgeoises libérales, la capacité d'auto-organisation et d'éducation populaire propre aux classes laborieuses.
=> Education minimale cf Ecoles primaires (Guizot, Monarchie de Juillet). Cette école est coercitive et normative : elle vise à faire admettre aux classes populaires qui rêvent de la Sociale la naturalité de la domination des élites, seules à même de représenter l'intérêt général.



La révolution fit peur, y compris aux Français. + la révolution posa un certain nombre de questions politiques qui conditionnèrent les débats tout au long du 19e siècle.

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